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Turbulences bis

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Turbulences bis - Page 3 Empty Re: Turbulences bis

Message par Ysaline de Bettancourt Ven Déc 13 2013, 16:54

     Pas facile ni évident de se recréer après les traumatismes subis mais l’affection portée par son entourage avait permis au miracle de s’accomplir. En tête de liste de ses inconditionnels, Ysaline savait pouvoir s’appuyer sur Max. Qui aurait dit que ce grand gars puisse démontrer une telle patience à son endroit ? Et pourtant…  
Hélas, à croire qu’ils étaient maudits, un nouveau drame couvait. Tous ses signaux d’alerte en éveil, Ysaline était certaine de ne pas se tromper surtout lorsqu’enfin son Max rentra au bercail en compagnie du Dr Dexter. Ce qu’elle entendit fit rugir la lionne qui sommeillait en elle :
 
QUOI ? Quelle est cette fable ? Espèce de salaud, tu m’avais affirmé qu’elle était à nous et on veut nous la reprendre ? Tu as intérêt à t’expliquer sans rien ME CACHER cette fois ou je te promets bien des désagréments !
 
L’air penaud, Max se risqua :
 
C’est bon…arrête de me crier dessus…J’aurais dû te le dire, j’ai eu peur…
 
PEUR ? De quoi bon Dieu ?
 
… Ysaline, ça fait des mois que je jongle pour essayer de …
 
De concilier vie de famille et ma folie ?
 
Je n’ai pas dit ça !...Tu étais encore si fragile…
 
J’ignorais que tu avais besoin de lunettes ! On en demandera à Thidiane car ça fait belle lurette que je vais beaucoup mieux, … ne t’en déplaise ! … C’en est fini de l’Ysaline craintive de tout, surtout si on veut nous prendre Sophie… On est sorciers après tout, non ? Vont le regretter, crois-moi !... Et arrête d’arborer ce stupide sourire, tu as l’air d’un idiot fini !  
 
Tu m’as tellement manqué, Ysaline…Je t'aime à en mourir!  
 
Je t’aime aussi Max, tu le sais mais… qu’est-ce que tu fais ? Arrête, tu m’étouffes !
 
C’était du pur délire qui aurait pu les faire chavirer dans la passion similaire qui les animait s’il n’avait dit :
 
Taille moi en pièces si tu veux mais avant dis-moi…On se marie quand ?    
 
Un grand frisson la parcourut des pieds à la tête. Le chaos régna à nouveau sous les boucles brunes en pagaille.  Certes elle savait que leur union ne ressemblerait en rien au calvaire enduré avec Ramon, mais…  D’abord, elle voulut rassurer Max en lui octroyant un très long baiser puis s’écarta en visant le bar où elle leur versa un alcool sur glaçons. Très posément, elle lui tendit un verre, s’asseyant dans le divan, l’y invitant près d’elle avec un sourire amène. Après avoir avalé une gorgée qui la fit grimacer, elle argumenta :
 
On se mariera Max, comme nous l’avions prévu avant… avant. Mais pas de suite, pas à la va vite, pas comme si nous étions coupables de quoique ce soit. Nos adversaires n’attendent qu’un faux pas de notre part, si j’ai compris… Il est hors de question de leur mâcher la besogne. Au sujet du mariage, je… j’attendais le bon moment pour t’en parler mais j’ai, ne m’en veux pas, j’ai… pris des dispositions le mois dernier avec nos parents respectifs…
 
Sa tête valait de l’or ! Sans doute avait-il redouté un refus catégorique ? Ysaline dut s’expliquer :
 
Sauf imprévu et… si tu es d’accord ( elle croisa les doigts de sa main cachée par un pli de sa robe) les cloches de Notre Dame salueront nos épousailles dans deux mois. Qu’en dis-tu ?  
 
Elle adora son rire soulagé quand il capta le message. Restant sérieuse, la jeune femme voulut connaître à fond le dossier concernant leur pupille. Rien de réjouissant, là. La lutte serait âpre, les coups à encaisser nombreux et durs. Prête à relever tous les défis, Ysaline ne se démonta pas sauf lorsque Max lui annonça la prochaine visite d’assistants sociaux :
 
… Hein ? Dans trois jours ?
 
L’énormité de la tâche à accomplir en si peu de temps s’abattit sur elle un bref instant. Puis, elle redressa menton et épaules :
 
Je sais que tu es contre la magie mais là, elle devient indispensable !  
 
Une activité fébrile régna dans leur bungalow durant le laps de temps imparti. Ysaline se déplaça beaucoup aussi entre deux sorts ménagers. Il fallait briquer la maison, veiller aux détails de sécurité, renouveler les garde-robe des enfants, et tant d’autres choses ! Nul au camp ne leur tint rigueur de délaisser un peu leurs activités bénévoles. Personne n’en souffrant… amen.  
Ils furent trois européens à débarquer de Dar. Les dames – l’une sèche comme une trique, l’autre généreusement enrobée – étaient autant en sueur que leur compagnon à qui la jeunesse évitait les affres de la fatigue du long voyage accompli. L’air jovial et curieux, Etienne Morins présenta le comité d’examinateurs après avoir reçu les bienvenues de ses hôtes obligés :
 
Merci de votre accueil ! Mademoiselle Duvivier et Madame Poupard sont un peu pressées de s’installer et se rafraîchir... Pourriez-vous prévenir Mr. Von Falkenberg et son épouse que nous sommes arrivés et nous indiquer nos huttes ?
 
*Quels idiots !* pensa Lev en se montrant pourtant serviable.
 
C’est que cet équipage avait de quoi déclencher l’hilarité voire la moquerie. Les dames, vêtues de sahariennes, s’éventaient copieusement en jetant des coups d’œil assez inquiets à la population dont la densité crut à mesure de la propagation des informations. Lui, avec son élégance raffinée assez ravagée par les transports, s’évertuait à dépoussiérer son trois pièces- cravate.
Un cortège s’organisa vers les habitations que les examinateurs détaillèrent avec ahurissement, de même que l’ensemble entrevu du campement.  
Un gamin vêtu d’un T-shirt et short accourut pour s’adresser vivement à Lev qui traduisit aux étrangers :
 
Max… enfin, Mr. Von Falkenberg ne tardera pas ; il termine les plans d’irrigation à quelques kilomètres. Le docteur Zaline, euh… le docteur De Bettancourt est en plein accouchement…
 
Elle était encore enceinte ? Nous l’ignorions ! s’offusqua la trique.
 
Non, non ! Elle délivre Espérance par césarienne…  
 
Je veux voir ça ! lança Mademoiselle Duvivier avec la mine d’un chat à l’affut.
 
Lev eut beau tenter de l’en dissuader, rien n’y fit. Ce fut le Dr Thidiane qui la freina à la porte du petit hôpital. Dans toute sa splendeur furibonde, il apostropha la curieuse :
 
Vous ne passerez pas ! Nos mesures d’hygiène sont très strictes et vous ne me semblez pas sentir la rose ! De plus, cet endroit n’est pas une salle de spectacle, on a un cinéma pour ça !  
 
Vexée, la vieille bique tenta quand même de voir au-dessus de la tête du petit coq dressé devant elle, en vain. Néanmoins, elle ne manqua pas de sortir un calepin de son sac de tapisserie et y gribouilla furieusement avant de sortir d’un air triomphant.  
Ysaline, que nul n’avait osé interrompre, ne quitta le chevet de sa patiente qu’une fois pleinement rassurée sur les suites de la chirurgie opérée. Un Thidiane embarrassé la cueillit au sortir de la douche :
 
Ysaline, tes… invités sont là depuis deux heures. J’ai peut-être gaffé mais…
 
La narration de l’intrusion fut un excellent coup de fouet pour la jeune femme qui rassura son chef d’un sourire.  
 
*Que la fête commence !*
 
Sans presser le pas, elle récupéra Alex à l’école-garderie puis se dirigea vers son home où Sophie gazouillait en compagnie de sa nounou. Aucun « invité » ne s’était présenté ; ils écrasaient chez eux.  
Rapidement, Ysaline inspecta chaque pièce et recoin, lança les plats déjà avancés par la jeune Pascasie tout en surveillant le bain de son fils. Max suivit de près son retour. Plus nerveux qu’elle-même, il s’informa :
 
… calme plat sur le front pour le moment. Je leur ai fait porter des rafraîchissements et une invitation à dîner… Oh mais que du traditionnel, mon chéri : croco, sauterelles et serpent !
 
Ils rirent en mettant une dernière touche à leur théâtre.
21h tapantes, le trio se présenta à la moustiquaire. S’ils s’attendaient à rencontrer un couple de dégénérés, les visiteurs furent déçus. Vêtus impeccablement à l’occidentale, Max et Ysaline formaient un duo charmant. Shake-hand, sourires, rien ne démontrait hostilité ou inquiétude.
Très maîtresse de maison, Ysaline conduisit ses hôtes sous la tonnelle isolée à l’extérieur où, sur des sièges de rotin garnis d’épais coussins, ils purent se poser en tout confort alors que le ventilateur du plafonnier diffusait une brise agréable. Des politesses s’échangèrent mais les regards inquisiteurs ne rataient aucun détail.
 
Que puis-je vous servir en apéritif ? Une préférence particulière ?
 
Ma chère, je suppose que dans ce trou perdu, nous ne devons pas nous attendre à…
 
Détrompez-vous, Mademoiselle Duvivier. Même si l’approvisionnement connait parfois des ratés, nous ne manquons de rien d’essentiel et, souvent, du superflu également. J’ai mis du Champagne à rafraîchir, cela vous tente ?  
 
Max se chargea de la boisson, elle des coupes et du service.
 
Pas de domestique ? nota M Morins.
 
Pas à cette heure, voyons ! Ici, on se lève tôt pour éviter les grosses chaleurs.
 
Où sont les enfants ?
 
Où voudriez-vous qu’ils soient ? Au lit, bien sûr. Les interphones fonctionnent parfaitement, voyez !
 
Cela ne suffisait évidemment pas aux dames qui voulurent sur-le-champ examiner les chambres.  
Max fermant la marche, Ysaline mena le groupe en recommandant :
 
Pas de bruits s’il vous plait.
 
Les anges ne furent pas dérangés et l’on put savourer un repas plus ou moins détendu.
L’inspection dura quatre longues journées pendant lesquelles les fiancés connurent une surveillance aigüe de leurs faits et gestes par l’un ou l’autre inquisiteur tandis que le troisième menait une enquête de voisinage pointue. Bien sûr Max comme Ysaline se doutait que tous ne témoigneraient pas en leur faveur mais à quoi bon s’énerver à l’avance ? Si tous avaient chanté leurs louanges, cela aurait paru suspect, donc...  
 
Enfin seuls ! soupira Ysaline en se laissant aller dans le divan. Sais pas toi mais moi suis plus fourbue qu’après dix tours de garde d’affilée
 
Il partageait une sensation identique et suggéra de se détendre avec un bain à la rivière où ils passèrent de délicieux moments à l’abri des regards et des nuisibles du cru : vive la magie !   
Le verdict tomba deux semaines plus tard. Convoqué à Paris par les services de la protection à l’enfance, le couple s’organisa à la vitesse grand v.          
 
Selon les informations reçues avec la requête, il ne devait s’agir que d’une formalité administrative or, vu l’ambiance qui régnait dans le couloir du bâtiment où ils se présentèrent, Max et Ysaline commencèrent à douter. L’excitation de Karl Théodore jointe à celle d’Adémar de Bettancourt balaya leurs doutes :
 
Mes enfants, ces gens sont de véritables forbans ! dit l’Allemand en leur donnant l’accolade.
 

Mais Karl et moi avons vite appelé la cavalerie lourde ! s’empressa le Français.  
 
Max s’énerva, pas plus qu’elle il ne pigeait ce qui se passait. Ce que leurs pères racontèrent les fit frémir. Point de décision de garde temporaire ce jour mais bel et bien début du procès en garde définitive. La « distance » avait empêché Ysaline et Max d’être avertis :
 
Mon œil, clama la jeune femme, c’est un coup monté de toute pièce ! Les avocats sont là au moins ?
 
Léger embarras des pères qui avouèrent tour à tour :
 
Maximilien, tu sais que Maîtres Longsdale, Abernaties et Cook ne peuvent se libérer au pied-levé…
 
Par contre, nous avons pu joindre Maître Albermale et Lord Cavendish dont les notoriétés sont   mondialement connues !
 
Ysaline crut qu’elle allait se sentir mal.
 
*Des sorciers ! Ils ont fait appel à des sorciers !*
 
Son futur époux ne parut pas plus réjoui qu’elle. Il lui adressa quelques paroles réconfortantes que l’apparition d’un duo aussi disparate qu’étrange évapora illico.
Bel homme de haute prestance, Lord Cavendish en imposait à l’entourage surtout ainsi flanqué de l’antiquité la plus chenue – voire ridicule – que le monde magique ait compté dans ses rangs. Les yeux ronds posés sur lui par le jeune couple eurent pour effet d’allumer le regard éteint du vieillard :
 
Pas se fier aux apparences, les gosses ! John portait encore des couches que je plaidais déjà : on connait la chanson ! Parlant de couches, où sont les commodités ?  
 
Adémar se mit en devoir d’escorter le centenaire et les restants de se consulter brièvement. Un huissier en livrée ouvrit alors les doubles portes de la salle réservée à leur affaire. Aussitôt, un groupe qu’Ysaline avait à peine entrevu dans le couloir leur coupa la route pour s’engouffrer en masse sous leur nez.
 
C’est qui ? souffla-t-elle à son Max.
 
La réponse ne l’étonna guère : le clan adverse nanti d’une flopée de conseillers et partisans.  
Un autre huissier les mena à leurs places.
Jamais de sa vie, la demoiselle française n’avait pénétré dans un lieu pareil. Volontairement, elle s’était vêtue avec une élégance simple, en accord parfait avec celle de son splendide fiancé. Leur entrée fut assez remarquée, provoquant maints chuchotements du public à la fois curieux, hostile, ou… envieux( ?) Lorsque les yeux gris et froids de celle qui postulait pour le rôle de tutrice croisèrent les siens, Ysaline frissonna toute. Intérieurement elle se jura que jamais cette femme n’élèverait son petit trésor de fillette.
La salle entière se leva, l’honorable juge  de la jeunesse – l’honorable Maurice du Chênes – s’installa. Rondouillard, semblant apprécier bonnes chairs et grands crus, il paraissait agacé de siéger en cet instant.
 
Mesdames, messieurs, dit-il d’un ton las, nous sommes ici rassemblés pour apporter à la petite Sophie ( ?) le meilleur foyer possible entre les deux parties opposées. Toutes sont-elles présentes ?
 
Les avocats se levèrent en chœur :
 
Oui votre honneur !
 
Du fond de la salle, tel un épouvantail à moineau suivi par un Adémar essoufflé au teint rubicond, un vieillard fit entendre sa voix aigrelette :
 
Désolé du retard, votre honneur ! Maintenant oui, les parties sont présentes !
 
Vous êtes ?
 
Maître Albermale, avocat spécialiste du magen…
 
Ministère des affaires sociales anglaises, s’empressa Lord Cavendish qui foudroya le petit homme encombré de paperasses.  
 
Derrière ses lunettes rondes, Albermale tiqua mais se reprit :
 
Oui, en effet.
 
Bon ! soupira le juge. Nous allons donc pouvoir commencer. Asseyez-vous Maître Albermale, s’il vous plaît.  
 
C’est qu’il ne me plait pas, votre honneur ! Je dépose en vos mains, ces documents qui, selon les aliénas des codes en vigueur – section 12 b paragraphe 118 et aussi ceux de…
 
Abrégez, je vous prie, Maître ! tonna du Chêne, contrarié.
 
Euh, si vous y tenez, votre honneur ! Voici de quoi permettre à mes clients de s’élever contre ce jugement décidé à leur insu. Je réclame une suspension d’audience pour une durée minimale d’une semaine !  
 
La tonne de papier aboutit sur le bureau du juge qui en parcourut quelques-uns avant de frapper la table avec son maillet :
 
Suspension de quinze jours accordée !
 
Maurice du Chêne n’était pas reconnu comme quelqu’un de particulièrement coulant. Il avait surtout envie de se faire porter pâle et ce délai allait sûrement lui être profitable.
La salle fut évacuée dans des murmures hostiles du clan des demandeurs.  
 
Ysaline de Bettancourt
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Message par Max Von Falkenberg Sam Déc 21 2013, 15:26

Ni taillé en pièces ni envoyé au diable 
 
On se mariera Max, comme nous l’avions prévu avant… avant. Mais pas de suite, pas à la va vite, pas comme si nous étions coupables de quoique ce soit.

*Oui, avant, avant…il y a  une éternité de ça !*
 
Tout cela, cet avant,  semblaient appartenir à une autre vie, à d’autres gens.  Max avait parfois du mal à s’identifier avec ce gars heureux et désinvolte, qu’il était censé d’avoir été. Peu, très peu de personnes pouvaient s’imaginer l’horreur à laquelle il avait été confronté. Il avait survécu, soit, mais s’en être tiré indemne, c’était une autre affaire. Se rebâtir autour du peu qui restait des débris de ce passé glorieux avait demandé d’énormes efforts et une extraordinaire patience. Parfois encore, son esprit se perdait dans des méandres incertains où campaient doute et douleur.  Les paroles d’Ysaline le firent retomber dans une réalité, bien meilleure que celle envisagée.
 
Au sujet du mariage, je… j’attendais le bon moment pour t’en parler mais j’ai, ne m’en veux pas, j’ai… pris des dispositions le mois dernier avec nos parents respectifs… Sauf imprévu et… si tu es d’accord les cloches de Notre Dame salueront nos épousailles dans deux mois. Qu’en dis-tu ?

Il riait en l’enlaçant pour l’embrasser comme un fou. Comment ne pas être d’accord, il ne rêvait que de ça depuis très longtemps !  Mais le sérieux de la situation demandait de garder la tête froide.
 
Ils ne nous font pas des cadeaux, ma chérie…dans trois jours, on aura sur le dos des assistants sociaux, dépêchés tout droit de Paris, pour faire un recensement  exhaustif de nos manquements et autres !
 
Max adora son expression déterminée, son menton défiant et sa résolution sans appel :
 
Je sais que tu es contre la magie mais là, elle devient indispensable !  
 
Ainsi soit-il ! Et cela fut…
 
Son jour le jour  fut bouleversé, ses habitudes chamboulées,  Ysaline allait, venait, faisait…À la date fixée, Ils étaient prêts pour accueillir les inspecteurs curieux. Lev  les accueillit à la descente de l’avion, ils avaient dû se farcir le vieux coucou, pas question de leur faire penser qu’ils débarquaient au Club Med-Cambrousse, et leur avait fait les honneurs du bled avant de les laisser se faire leurs idées  une fois installés tout confort.
Tout y passa, pour la fameuse inspection. Quelques surprises à l’appui, en commençant par le fait de ne pas se trouver face à Tarzan et Jane.  Ils ne trouvèrent rien à redire, mais savait-on jamais quel sens ils avaient donné à leur rapport. Ils n’en eurent qu’un aperçu, en recevant, deux semaines plus tard une convocation pour se présenter aux Service de la protection à l’enfance…à Paris !
 
La folie en plein !  La fameuse convocation semblait avoir fait du chemin et arrivait en retard. Très en retard, ne leur laissant que 48 heures pour agir en fonction.  Max commençait à trouver beaucoup de bon à la magie, dernièrement. Karl Theodor Von Falkenberg et Adémar de Bettancout, mis au courant durent faire jouer leurs influences dans des délais restreints.
Tout allait de travers, Max en eut l’affreux pressentiment, rien qu’á voir l’expression mitigée de son père et celle, pas plus fringante, de M. de Bettancourt.
 
Maximilian, tu sais que Maîtres Longsdale, Abernaties et Cook ne peuvent se libérer au pied-levé…
 
*Ça commence mal…très mal, quand Papa me dit Maximilian…ça cloche de partout !*

Par contre, nous avons pu joindre Maître Albermale et Lord Cavendish dont les notoriétés sont   mondialement connues !
 
*HEIN !?*…Mais, Papa…ces deux-là sont des sorciers…que diables…
 
Rien à faire. Ysaline semblait aussi prise de court que lui. La réconforter ? Comment, d’abord, alors qu’il était aussi largué qu’elle et pour mieux faire voilà que s’amenaient, ces deux redresseurs de torts, le team le plus improbable de tous les temps !
 
*Que Dieu nous prenne en pitié… Albermale doit être contemporain de Merlin…et encore !*
 
Il se garda bien d’en piper mot. Déjà le grand écossais lui broyait la main avec entrain et un sourire voulu rassurant. Artemius Albermale se chargea du reste, avec incomparable humour, comme s’ils en avaient besoin !
 
Pas se fier aux apparences, les gosses ! John portait encore des couches que je plaidais déjà : on connait la chanson !
 
Max avait envie de hurler  mais se força à rester tranquille, l’attitude posée de son père  conforta néanmoins un peu son désarroi. Ils ne pouvaient pas se permettre de perdre Sophie. Ce serait la fin de tout. Ysaline s’effondrerait, il deviendrait fou et leur vie ne vaudrait pas un sou, sans compter avec tout le mal que cela ferait à Alex.
 
Tout va aller bien, ma chérie !, il n’en avait pas la moindre conviction mais le moment n’était pas à démontrer la moindre faiblesse.
 
Susanne Marguerite  Guelin, épouse Delahaye,  voulait se sentir assurée et tranquille, mais l’était un peu moins en découvrant le camp ennemi. Elle s’était attendue à n’importe quoi d’autre qu’à à ce couple parfait qui ne pouvait que retenir les regards de tous. Selon ses prévisions, ils auraient dû être autrement… Genre hippies idéalistes, négligés, hors contexte, or ce qu’elle voyait ne répondait en rien à ces attentes. Si le tel Von Falkenberg avait des allures de prince, sa compagne n’avait pas moins l’air moins parfait, elle était jolie à couper le souffle, digne  et composée, rien à voir avec son idée de sauvages surgis de la cambrousse.
 
*Ils jouent bien mais ne l’emporteront pas…faire croire que c’est de toute bonne foi ! À d’autres…la mioche et le pactole restent en famille !...Idée de cette idiote d’Emilie, ça ne lui vaudra rien…même morte cette créature veut semer la zizanie…*
 
Elle n’oubliait rien de ce temps-là. Emilie semblait être une gentille enfant, mais très  vite elle s’était démarquée entre ses cousins et cousines, alors que tous l’avaient si bien accueillie, pauvre orpheline, à la mort de ses parents. Elle faisait des choses bizarres. Les psychologues appelés à la rescousse avaient parlé de manifestations paranormales  et allez savoir quoi d’autre. Pour Susanne, il était clair que la « petite » n’avait rien à voir dans e contexte parfait de sa famille…si parfaite.  Jean-Jacques, son mari, avait été un peu dur à convaincre, il avait un faible pour la gosse mais elle s’était arrangée  pour parvenir à ses fins  et  Émilie avait été carrément mise à la porte. Bon vent ! …Et puis ça… Découvrir que sa bête noire avait fait son petit chemin avec grand succès, ce qui est plus, l’avait rendue presque malade, qu’elle ait pris des dispositions telles  dans son testament  avaient fini par lui retourner le foie. Emile avait pensé à tout, et dire que lors de la rédaction de ce fichu document, elle n’avait même pas d’enfants…
 
*Sans doute son imbécile de mari n’y aura vu que du feu…elle l’aura berné…comme à tous ! Mais ça ira pas loin…cette gosse est de la famille…tout comme sa petite fortune…et ces deux-là…on n’en fera qu’une bouchée, avec la vie qu’ils ont menée…*
 
C’est qui ?, s’enquit Ysaline en voyant  le groupe adverse  s’engouffrer en masse dans la salle.
 
L’ennemi à vaincre !
 
De qui rassurer n’importe qui, d’autant plus qu’un de leurs défenseurs venait de disparaitre avec Ademar.  Force fut de suivre le mouvement et s’installer  à leur place. Ce ne fut pas long à finir. Contre toute attente, au grand dam des opposants, Maître Albermale, qui avait sans doute plus d’un tour dans son sac suranné.
 
Voici de quoi permettre à mes clients de s’élever contre ce jugement décidé à leur insu. Je réclame une suspension d’audience pour une durée minimale d’une semaine !  
 
On leur accorda quinze jours.
 
Le manoir de  Bettancourt se transforma en quartier général. Maria Eli les y attendait, ravie de jouer le rôle de grand-mère parfaite. Malgré le temps écoulé depuis leur dernière rencontre, Alex lui avait sauté au cou en l’appelant Avó (grand-mère en portugais), ce qui déclencha une crise de larmes de pure joie. Sophie fut un peu plus dure à la détente et s’accrocha fermement au cou de son père en pleurnichant.
 
Elle est fatiguée et dépassée, tout es nouveau pour elle…vais la mettre au lit, après sa sieste Sophie est plus sociable !
 
Karl Theodor le regarda s’éloigner avec l’enfant dans les bras, sans pouvoir réprimer un soupir. Ysaline suivit son futur mari avec Alex.
 
Ils sont si heureux avec leurs enfants…ce serait affreux si…
 
Ne dis rien, Adémar…on va remporter cette manche et toutes celles qu’il faudra, je ne permettrai pas qu’on fasse plus de mal à mon fils ni à Ysaline…ni à nous, c’est déjà assez comme ça !
 
Le dossier de la Demande était digne d’être tenu en compte. Ils n’avaient pas lambiné en chemin et réuni tout détail susceptible de servir à leur intérêt. On ne se demanda pas comment Maître Albermale s’était arrangé pour avoir une copie, il y a des choses qu’il vaut mieux ignorer ! En tout cas, les avocats de la Défense travaillaient dessus, jour et nuit, ils avaient pris leurs quartiers dans la bibliothèque  et les réunions qui s’y tenaient duraient très tard dans la nuit.
 
Faut dire, fiston, que tu ne rends pas la chose facile…quelle vie  que la tienne !, assura Albermale après une longue lecture.
 
Je n’ai rien fait de pendable, se défendit Max, j’étais célibataire alors…
 
Pour les faits, tu l’es toujours même si on sait tous que…m’enfin…le problème consiste à faire entrer cette idée dans ces dures caboches…Il va falloir jour de toute astuce pour expliquer certains faits qu’aucun moldu ne comprendrait…

C’était bien là leur énorme problème, une fois que la magie s’en était mêlée, les explications s’embrouillaient, obligatoirement et on ne pouvait faire étal de l’existence de faits paranormaux, sans courir le risque d’être jugés comme fous et perdre tout espoir de gagner la cause.
 
Cette nuit-là, Max rêva de Marthina et de ces jours étranges dans la forêt.
 
Mauvais dieux jouent faux. Tu es fort, noble…Ils n’ont pas pu, tu es un Protégé…Chance, beaucoup de chance…Ton Dieu, les miens…et celle qui t’aime…Grandes forces…
 
Son propre cri le réveilla, tout autant qu’Ysaline qui dormait à ses côtés.
 
Ça va… ce n’était qu’un rêve…Non, c’était la vieille femme de la forêt…tout va aller bien…Il y a des grandes forces de notre côté !
 
Elle le considéra comme s’il était devenu soudain fou mais le voir se rendormir comme si rien finit par la rassurer.
 
Nous y allons avec tout…
 
Lord Cavendish sourit, Maître Albermale haussa un sourcil, Adémar de Bettancourt prit une profonde inspiration alors que Maria Eli se signait. Karl Theodor  s’approcha de son fils.
 
Max…tu ne sais plus ce que tu dis…Toi qui as toujours été si opposé à…
 
Je suis ce que je suis, Papa…comme nous tous ! Je ne demande pas qu’on fasse une démonstration publique mais il serait intéressant de rencontrer les Delahaye à huis clos…Je crois savoir comment les convaincre de laisser tomber…Non, je ne suis pas devenu fou ni perdu la perspective…je ferai n’importe quoi pour Ma famille…
 
Cela voulait tout dire ! Le couple Delahaye fut convoqué pour une réunion de conciliation, ce qui était contemplé dans le droit atteignant la cause défendue.  Ils arrivèrent accompagnés de deux de leurs avocats. Leur première réaction en découvrant la demeure ancestrale des De Bettancourt fut de hautain mépris.
 
Si vous croyez pouvoir nous impressionner avec cela, c’est peine perdue, dit Madame en jouant avec son beau collier de perles, pas plus qu’avec la mise impeccable des…accusés !
 
Suis désolé de vous causer cette impression, Madame, mais celle-ci est mon allure habituelle…sauf quand je creuse des fossés ou de puits à fin fond de l’Afrique, évidemment…mais je me limiterai à supposer que cela ne représente pas un …
 
Elle ne le laissa pas finir, le foudroyant sur place d’un regard mauvais que Max accusa avec un sourire angélique.
 
Celle-ci n’est pas votre résidence habituelle mais celle de M. De Bettancourt !
 
Ysaline se fit un plaisir de la mise à jour et informa gracieusement Mme. Delahaye sur leurs résidences officielles.
 
Ce n’est pas une vie raisonnable pour un enfant…que d’aller d’un endroit à l’autre, comme un petit nomade, sans attaches…sans racines !
 
Nos enfants ont toutes les racines nécessaires…ils ont une famille. Des grands-parents, des cousins, qui les aiment et les acceptent tels qu’ils sont…pas ainsi qu’Émilie que vous avez si bien su dénigrer en découvrant certaines particularités !...N’essayez pas de mentir, Madame, je tiens l’histoire de première main…
 
M. Delahaye remua inquiet mais sa femme semblait très décidée à aller jusqu’au fond de l’histoire.
 
J’ignore ce qu’a pu vous raconter cette folle…
 
Madame, Émilie n’avait rien d’une folle, elle n’était qu’une sorcière…pas dans le contexte odieux que vous voulez appliquer, loin de là et Martin le savait, l’acceptait et l’aimait comme telle…Je suis un sorcier, Ysaline l’est aussi, ainsi que tous ceux ici réunis…Oui, épouvantez-vous, si ça vous fait plaisir, mais je vous assure qu’on ne vous veut aucun mal…bien au contraire…

Silence figé de l’assistance. Lev, à l’écart, buvait du petit lait.
 
*Et toc, pour une fois qu’il assume bien ce qu’il est !*
 
Que...que…signifie tout ceci ?, s’enquit Jean Jacques Delahaye d’une voix soudain chevrotante.
 
Rien d’autre, mon cher monsieur,  que Sophie ne trouverait jamais sa place parmi vous…tout porte à croire qu’elle sera aussi une petite sorcière, comme sa mère…et vous n’êtes pas prêts à lui donner tout ce que demande cet état…par exemple votre entier dévouement et acceptation…enfin, vous peut-être , mais pas votre femme qui a si bien su de défaire d’Emilie…

Madame se levait outrée, mais Max tira sa baguette et d’un geste sec la fit se rasseoir d’immédiat.
 
Je pourrais vous obliger à n’agir qu’à ma volonté mais  celle-là n’est pas notre intention, nous ne désirons qu’une acceptation totale des faits, tels qu’ils sont…Sophie restera avec nous…Si ce qui vous attire est son héritage, vous pouvez en disposer, sauf le legs spécial que lui fait sa mère…cela lui revient de plein droit. Elle ne sera jamais dans le besoin, ni sera incomprise …Émilie savait bien ce qu’elle faisait…Sophie sera notre fille…elle l’est déjà !

Le manque d’arguments de la partie de la Demande commençait à être évident mais dans un sursaut de fol orgueil Susanne Delahaye se trouva l’heur de proclamer qu’ils n’étaient même pas mariés et que cet état civil ne convenait guère pour convenir à son idée d’une famille.
 
Nous aurions dû, Ysaline et moi, être mariés depuis très longtemps mais pour des raisons étrangères à nos souhaits, cela n’a pas pu être possible.
 
Madame éclata d’un rire strident, qui ressembla plus à un jappement  affolé.
 
À d’autres avec  vos histoires !
 
Les six sorciers échangèrent à peine un regard, ce qui devait être fait fut fait…Monsieur et Madame Delahaye ne furent pas trop conscients de ce qui les avait menés à prendre une telle résolution mais quand Maurice  Du Chêne dicta verdict, leur donnant pleins pouvoirs sur la fortune de Sophie Dampierre, mais pas ainsi la tutelle de la mineure, ils ne trouvèrent rien à dire, assurant être arrivés à un plein accord avec la partie contraire. Personne n’y opposa mot.
 
L’envol des cloches accueillit l’apparition des nouveaux mariés sur le parvis. Il faisait si beau, ce jour-là, comme si tout voulait coïncider avec leur bonheur. 
 
J’aurais fait n’importe quoi pour en arriver là…C’est tout ce que je voulais…Toi, les enfants…la paix…je t’aime Ysaline Von Falkenberg…à  toujours, à jamais !
Max Von Falkenberg
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