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Le retour des ténèbres...

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Le retour des ténèbres...  Empty Le retour des ténèbres...

Message par Alix Blackstorm Mer Oct 29 2014, 22:17

Très consciente de ses faits et gestes comme toujours, Aylinna Wallace croyait sincèrement savoir où elle mettait les pieds dans les démarches qu’elle s’était imposées par amour.
D’abord, elle devait faire la paix avec l’unique enfant qui lui restait. D’un côté, Michael avait toujours été son unique enfant… Favori dès sa naissance, elle l’adorait. Jamais, elle ne lui voudrait du mal, au contraire.
Sa rencontre avec Lord John Cavendish la bouleversa à plus d’un titre. Était-ce ceci qui motiva cela ? Il l’avait aimée jadis, et ce sentiment ne l’avait pas quitté. Pas comme elle qui, évaporée, lui avait préféré le jeune autant que beau Démetrius De Brent. John avait de la prestance, Démetrius le prestige, ainsi que la fortune…
Lorsqu’il apprit tout de son douloureux passé, John lui intima – presque - d’arrondir les angles, d’aplanir les tensions si elle désirait une réelle union de cœur avec lui.  Sorcier droit, juste, impartial, Lord Cavendish l’aimait toujours mais voulait qu’aucun fantôme lointain n’entache leur grand projet de mariage si longtemps convoité.

Dire qu’elle n’avait aucune appréhension en se présentant chez son fil était au trente-sixième dessous de la vérité. Une épreuve ? Non ! Plutôt un souhait amplement refoulé.  Puis, l’occasion était trop belle pour enfin connaître sa bru et ses premiers petits-enfants.  
Au moins, Michael ne lui ferma pas la porte au nez et, si des reproches immanquables fusèrent, elle justifia chacun de ses actes de façon désarmante.  Bien évidemment, elle omit certaines révélations qui auraient pu gâcher les retrouvailles. Entre autres qu’elle observait à la loupe les faits et gestes de ces De Brent depuis des années… chaque fois que possible, car pour s’envoler, ceux-là étaient champions !  Néanmoins, d’assertions en déductions, Aylinna connaissait quasi tout de la vie de son fils chéri.
Maintenant, il lui fallait se dévoiler elle-même, ou presque...

La vie était belle ? En un sens oui. Alix aurait été la dernière à se plaindre de la tournure des événements.  La fuite du labo comblée, l’hémoglobine pompée, pas le boulot qui manquait d’autant que chez elle ça chahutait amplement. Michael aidait… à sa façon. C’est-à-dire qu’il gâtait outrageusement ses rejetons. Bon, on n’allait pas fustiger des bambins d’à peine un an, quand même !

…je donnerais n’importe quoi pour que notre vie ressemble toujours à ça…c’est notre droit mais ça commence, de plus en plus à ressembler à un privilège…


Que Merlin entende ce souhait partagé !  
Vœu non exhaussé, hélas. Belle-maman débarqua. Alix – pas plus que son époux – ne s’attendait à cette visite impromptue.  
Elle cherchait ses marmots dans tous les coins. Où diable s’étaient-ils encore évaporés ?

BIKITA, LORMAR, ICI !

Roulant leurs gros yeux assez anxieux, les elfes se matérialisèrent instantanément. À la simple question « où ? » ils se confondirent en plates excuses :

Vorondil très joueur, avoua penaud son domestique personnel.

Très avancé ! renchérit une Bikita pas peu fière.

Ça, pas besoin de le dire à Alix. De ses yeux, elle avait vu le filleul de Michael se développer six fois plus vite que leurs propres gosses. Il se comportait plus comme un grand frère qu’en soumis. Bien, mal ? On verrait.

Qu’a-t-il inventé cette fois ?

Et zut ! Il avait juché Lucas sur le dos d’Apache et cavalait de concert avec lui. Folle d’angoisse maternelle, Alix partit à la rescousse pour tomber sur le dernier tableau auquel elle se serait attendue : maman De Brent !        

Je dois supposer que cette charmante personne est ton épouse…impossible d’en douter, la petite vous ressemble trop, ma très chère…et puisque Michael semble avoir perdu le don de la parole je me présenterai toute seule, je suis Aylinna Wallace, la mère de ce jeune homme…


Braquage immédiat. Toute suspicion dehors, Alix sembla accepter flatteries et compliments en murant son esprit ainsi qu’appris par un maître hors pairs.

*Pauvre Michael chéri…*

Il ne valait pas une chique le cher homme.  Ces retrouvailles le dépassaient littéralement, elle aussi.  
Rarement, son époux s’était ouvert à ce sujet. Elle-même n’avait pas effectué de recherches poussées, mais voir Aylinna débarquer de la sorte, sucre et miel, forçait curiosité et méfiance. Si Michael en voulait à sa mère, alors Alix aussi.  
Les petits créaient une heureuse diversion tant la nouvelle venue leur fit de l’effet.  Il est vrai que Mrs. De Brent avait de l’allure. Soignée des pieds à la tête, sans chichis extravagants, c’était une Lady-née. D’ailleurs, selon ses propres aveux, elle en serait bientôt une officiellement. N’allait-elle pas épouser Lord rectitude ?  Les appréhensions d’Alix se calmèrent un peu à cette annonce particulière. La hache de guerre était-elle enterrée ? Avant tout, Alix désira soutenir son Michael qui lui sembla encore hésiter quant à l’attitude à adopter.

Soyons patients ! Elle t’offre l’opportunité de faire table rase du passé, laisse-la lui ! lui murmura-t-elle au creux de ses bras qui l’enserraient très fort.  

Plus facile à dire qu’à faire, sans doute. Il est des blessures qui ne cicatrisent jamais.  
Plusieurs contacts prénuptiaux s’effectuèrent et, à chacun d’eux, Aylinna se montra sous son meilleur jour. En compagnie de Lord Cavendish, elle resplendissait même.  Lui, majestueux et plein d’humour, correspondait à ce qu’ils pensaient de l’individu : un grand homme.  Mais Michael émettait tant de doutes qu’Alix ne put s’empêcher d’intervenir.
Une légère pression du poignet lors de l’accolade de bienvenue, pas de quoi fouetter un chat, non ?  
Avec un sourire aussi radieux que soulagé, à la fin de cette ultime rencontre avant noces, Alix eut le bonheur d’annoncer :

Ta mère est parfaitement loyale et sincère ; elle ne souhaite que la paix… oui, j’ai fait ça, et alors ? C’est concluant, mon amour !  


Ainsi, la majorité des craintes s’évaporèrent et tous réunis partagèrent le bonheur des nouveaux mariés.

Rarement dans sa vie, Aylinna n’avait goûté à la joie sauf – peut-être – à la naissance de son petit dernier. Dans le fond, John avait amplement raison. Une fois le passé rayé, les cases en ordres, on pouvait avancer, espérer.  Oui, elle osait se l’avouer : un jour elle avait été d’une lâcheté sans nom en préférant préserver sa vie que celle de son enfant préféré. En défense, elle ne pouvait qu’émettre sa foi en Démétrius qui, malgré tous ses défauts, n’aurait pas pu attenter directement aux jours de la chair de sa chair. Preuve en était que Michael avait survécu.  Son Michael…

*Il n’imagine pas le courage qu’il m’a fallu pour quitter son démon de père ! Cet horrible monstre cruel et infidèle !*


Son époux n’était pas chaste, loin de là ! Ses maîtresses couraient les rues, se moquaient parfois ouvertement devant elle.  Aylinna lui avait clos sa porte en ayant eu vent d’une liaison avec une suédoise enceinte de ses œuvres. L’enfant été né, avait vivoté puis avait eu le « bonheur » ( ?) de croiser Michael.  

*Quand le destin s’en mêle…*

Que dire, que faire sinon amen ? John avait beaucoup insisté sur la présence obligatoire de cet Erik Nielsen qu’aimait tant Michael. Par amour, Aylinna aurait accordé n’importe quoi. Et il vint…
Choc !
Aucune possibilité d’erreur sur la filiation reliant Michael à Nielsen. Même taille, blondeur, assurance… arrogance. Le cœur qu’Aylinna voulait blindé se déchira devant la preuve vivante de l’adultère de son ex-mari. La haine est quelque chose de sournois qui vous saisit quand on s’y attend le moins, même en étant préparé au pire. Aylinna n’y échappa pas.
Elle fit pourtant bonne figure à ses noces, paraissant accepter cette pourriture à son banquet.  John la surveillait, sa bru aussi. Elle en connaissait long sur la compagne choisie par son chouchou mais pas tout.

*Occlumens, légilimens, fortement douée en potions… bizarre, étrange… sûrement sournoise… Mon chéri ne pouvait tomber sur mieux, ni… redoutable…*

Elle était néanmoins ravie de celle belle-fille aux origines insondables.  Leurs enfants étaient… parfaits. Ceux des Nielsen aussi, du reste. Quelle surprenante épouse la honte avait-elle épousée !

*Australienne, gargotière… Décidément, il tient plus de sa mère que de…*

Allant d’un invité à l’autre, enchantée, souriante, Aylinna offrit à tous le visage de l’épousée magnifiée.  Arrêt sur image :

*Justin…*

Au moins celui-là avait choisi une fameuse paire de chaussures avec sa Samantha !
Il éclusait sans forcer cet homme à qui Michael devait tant. N’était-il pas temps de s’excuser auprès de lui ?  Elle l’enserra avec joie, déversant sur lui des sentiments inavoués :

Merci, merci Justin d’avoir toujours été présent pour MON fils ! Ma gratitude sera éternelle et, si tu as besoin de quoique ce soit, n’importe quand, je serai là moi aussi !  

Il lui sembla surpris, dépassé mais sa nature bon enfant trouva le moyen de surmonter ce stade. Il se montra très ouvert, engageant de son chef une longue conversation très… enrichissante.
Il ne tarit pas d’éloges sur Michael, son Alix, sur sa propre épouse et leur merveilleuse fille, etc.
Avec un petit verre dans le nez, mis en confiance, Justin se révéla une puissante source d’informations inédites.

… Mangemorts tous les deux ?... et tu les as réunis par…


La barbe de Merlin ! L’union de Michael et Alix ne tenait qu’à un serment inviolable entre eux ?  Que se passerait-il, si… ?

*Pas question que mon chéri meure d’infidélité ! Vu ses ascendances… ou les siennes… *


Noël, Noël ! On se régalait à ces noces, tout le monde semblait en harmonie. Pendant le banquet, Alix discuta avec tous et certains en particulier.
Opal, sa chère belle-sœur, était un peu fatiguée. Entre resto et mômes de deux ans, c’était compréhensible.

Comment te sens-tu ma chérie… oui, on se voit moins, je m’en excuse… Lui ? Il encaisse. Ses maux d’estomac sont sous contrôle malgré son refus de consulter. Tu crois qu’Erik le convaincrait ?...  Ouais, savent être têtus les De Brent… Aylinna ? Je la crois… pour le moment… Sais pas, une sensation bizarre quand elle a vu Erik. Un petit conseil : méfiez-vous !


Opal, mine de rien observatrice, conservait son opinion.
Regarder sa belle-mère en grande conversation avec Davenport lui causa un malaise indéfinissable.  Que lui voulait-elle ? Pourquoi allait-elle lui chercher un verre ?

Sam, s’accrocha Alix aussi:

Sam j’ai peur… je ne sais pas. Appelle ça une intuition. Va empêcher Justin de boire ce qu’Aylinna lui apporte, je t’en prie.

Le regard de Mrs. Davenport prouvait bien ses pensées : Alix était folle à nouveau. Néanmoins, plutôt que d’éviter un mauvais sort à la mère de Michael, elle obéit enfin à l’injonction sauf que…

*Trop tard ! Il a bu…*

Quand Sam rejoignit son mari, il conversait encore avec Aylinna. Elle sembla vouloir l’entraîner danser mais la mariée l’avait devancée. L’air penaud de Sam en disait long sur sa déconfiture, Alix soupira :

Ça ne fait rien, tant pis… non, pas du poison, sûrement pas. Sors-le de ses bras dès que tu pourras, tu sauras.  

Aylinna était enchantée, Justin ne s’était méfié de rien.  Maintenant, elle savait tout ce qui lui importait. Maintenant, au tour de son fiston de la faire valser.

Il était marrant son époux en kilt, beau comme un dieu même si Alix le préférait sans.
Lors de rares fois qu’elle eut l’occasion d’être dans ses bras, elle demanda :

Tu es sûr que ça va ? Tu as pris ta potion, je te trouve pâlot… moi ? Ça va, merci… On s’amuse bien finalement, non ? Et, figure-toi que je vais finir par apprécier ta mère…  


Ils en rirent avant de reprendre leurs explorations diplomatiques dans l’assemblée.  
Samantha lui barra soudain le passage et l’entraîna à l’écart avec des mines de chat paniqué.

Que se passe-t-il ? Justin est malade ? …  

Oh non, il ne l’était pas, loin de là. Seulement…

… Ce n’est pas possible ! Du véritasérum ? Mais pourquoi Aylinna lui en aurait-elle donné ?

Sam l’ignorait. Cependant, quand elle avait pigé ce qui arrivait à son époux en aveux autant divers que personnels, elle avait jugé bon de l’endormir pour une paire d’heures avant qu’il ne se mette à chanter des vérités tout azimut.
Très intriguée, Alix hésita à mettre Michael au parfum. Puisque rien de fâcheux ne se déclenchait peut-être valait mieux la fermer.  
On festoya assez tardivement et rentra passablement fatigué d’avoir tant dansé, papoté, bu,  mangé quoique pour ces dernier points, les De Brent avaient été très raisonnables, surtout Michael qui, contrairement à l’habitude, avait à peine touché verres et assiettes. Il tirait décidément une drôle de tête :

Ton estomac, encore ?

La suite le prouva. Elle accourut à la salle de bains dès qu’elle perçut les prémisses de nausées.
L’aidant de son mieux, elle le ramena pantelant jusqu’à leur couche sur laquelle il s’abattit, vidé.  

Demain, on ira voir Erik ! décréta-t-elle sans possibilité de réplique.  

Nuit affreuse. À croire que les potions prises de gré ou de force ne servaient à rien. Tordu de douleurs, Michael ne tenait plus, elle non plus. Ni une, ni deux, direction : aux urgences de la Stillworth s’clinical.
Pendant que l’on s’occupait de son mari, Alix fila au laboratoire avec des échantillons de la dernière cuvette remplie par Michael.

Il y a du sang… mais pas de toxiques, ou alors un inconnu, s’épouvanta-t-elle au Dr. Nielsen fébrile... ah ? Ulcère perforé ? Mais…  

Grâce à Dieu, pris à temps, le mal ne laisserait aucune séquelle après l’intervention à laquelle Alix donna son plein accord.
Elle ne prévint personne, préférant la solitude de la chambre préparée pour ressasser et décider de l’avenir.
Enfin, on le ramena de la salle d’op. Vaguement conscient, il balbutia des trucs sans quasi queue ni tête. Elle sourit tendrement en lui peignant les cheveux de ses doigts :

Chut, mon amour. Dors, tout va aller bien. On va faire nos valises une bonne fois. J’ai envoyé Bikita aménager la maison des Bermudes. Tu y passes ta convalescence et on y restera après ou on ira où tu voudras.  

Alors qu’elle serrait sa main avec ferveur, il se produisit quelque chose d’étrange, inédit. Un filin relia leurs poignets noués. Ça brûlait vachement fort. D’un coup, le filament torturant s’enflamma puis s’évapora sans laisser de traces…
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Le retour des ténèbres...  Empty Re: Le retour des ténèbres...

Message par Michael De Brent Mer Oct 29 2014, 23:15

Heureux ? Non, pas exactement. Il souriait certes, offrant son meilleur jour, celui du fils prodigue retrouvant sa mère aimante. Alix l’avait rassuré quant aux intentions de la flambante Lady Cavendish, elle œuvrait en toute bonne foi et ses sentiments envers lui étaient d’éclatante sincérité. Mais on ne se refait pas, Michael était de nature suspicieuse et pas prêt à changer
Il ne rata rien, ou très peu du manège maternel avec Justin ni fut dupe de son faux sourire en rencontrant Erik. Pendant 17 ans, il avait évité de penser à elle, répudiant de toutes ses forces le souvenir de la voir détourner les yeux sans avoir fait le moindre effort pour le sauver alors que son père le battait à mort. Et maintenant elle était là, débordante d’amour, de sincère repentir, ne demandant qu’à faire table rase avec ce passé douloureux et avoir une seconde chance pour démontrer être une bonne mère.
 
Es-tu heureux, Michael ? Vraiment heureux ?, voulut-elle savoir  alors qu’ils valsaient dans le somptueux salon nuptial.
 
Oui, je le suis…, il aurait pu en rester là, lui laissant l’illusion d’être part de ce bonheur mais ajouta, un brin perfide, je suis marié avec Alix que j’adore et ai deux enfants merveilleux, que vouloir de plus ?
 
En toute évidence pas ce qu’elle voulait entendre mais Aylinna sourit gracieusement et ne posa plus de questions.
 
Tu es sûr que ça va ? Tu as pris ta potion, je te trouve pâlot, voulait savoir Alix alors qu’enfin il pouvait danser avec elle.
 
Oui, ça va…t’en fais pas…et toi ? Tu n’as pas encore envie de partir ?
 
D’habitude, c’était elle qui posait cette question mais là sa tendre moitié avoua être en train de s’amuser et le comble, d’être en passe de vraiment apprécier sa belle-mère.
 
Ah bon ?...Tant mieux alors !, se limita à dire Michael en se demandant ce que ça pourrait donner.
 
Michael était loin de se sentir aussi bien qu’il ne le disait. Le banquet de noces fut un véritable calvaire ponctué de toasts divers et mets appétissants, lui qui avait toujours eu un solide appétit et ne dédaignait jamais de boire un bon vin, se trouva en train de piocher distraitement dans son assiette et de ne presque pas toucher son verre.
La fête dura. Trop à l’avis du fils de la mariée qui, entre brûlures de plus en plus douloureuses et méfiance de mise, avait de plus en plus de mal à suivre sans perdre contenance. Enfin de retour chez eux, Alix ne le rata pas et il dut reconnaître que cela allait de mal en pire.
Si mal en fait, qu’il finit aux Urgences de Stillworth’s Clinical le lendemain de bonne heure après une nuit cauchemardesque. Son frère qui l’examina ne douta pas un instant à l’envoyer au bloc opératoire, pour alors Michael, perclus de douleur et nausées avait perdu le fil de la réalité.
Il reprit, très moyennement, ses esprits pour découvrir Alix penchée sur lui, un sourire attendri aux lèvres.
 
On fout le camp…faut se tailler…
 
Que ça faisait du bien sa main dans ses cheveux, la sentir si proche.
 
T’es tout…me lâche pas…peux pas, sans toi…
 
Elle le calmait, assurant que tout irait bien, que Bikita s’occupait de leur maison aux Bermudes où ils iraient après. Cette idée lui plaisait, oh oui ! Partir, s’éloigner, oublier. Ce serait merveilleux. Rasséréné, il se perdait à nouveau dans son petit limbe cotonneux quand quelque chose d’étrange se produisit, sans qu’il soit tout à fait conscient de ce qui se passait. Un lien de feu relia leurs poignets, la douleur subite le tira de sa semi-conscience mais disparut presque aussitôt. Soudain plus éveillé, Michael regarda sa femme aussi abasourdie que lui.
 
Tu sais…ce que c’était ?...Mais…c’est pas possible…ou oui ?
 
Ses idées étaient encore trop de travers comme pour s’aventurer à chercher une explication logique au phénomène. Bercé par les doux mots d’Alix, il finit par sombrer dans un lourd sommeil peuplé de rêves absurdes.
Abruti de médicaments et restes d’anesthésie, Michael allait et venait entre conscience et sommeil, et à chaque fois, elle était là, douce, amoureuse, caressant ses cheveux, parlant de tout et rien, entretenant l’idée d’une conversation qu’il ne finissait pas de capter. Le. Dr. Asimov apparaissait souvent, rassurant, soulagé.
Ce fut la sensation brutale d’être marqué au feu rouge qui le fit se réveiller en hurlant au milieu de la nuit. En un instant on accourait à son chevet, et un vent de panique semblait secouer les présents. Asimov agit avec promptitude, et lui appliqua une dose de calmants à endormir un cheval. Il ne le sut que beaucoup plus tard, mais on le tint dans cet état pendant trois jours, au bout desquels il émergea péniblement de cette espèce de coma assisté pour trouver sa mère à ses côtés, lui tenant la main, l’air affreusement bouleversé. Pendant un instant, il la regarda avant de réaliser qu’il n’y avait personne d’autre qu’eux dans la chambre.
 
Alix ?...Où…
 
Calme toi, mon ange…tout va aller bien !
 
Pourtant, il avait la vilaine certitude que c’était exactement du contraire qu’il s’agissait, sensation qui se vit vite confirmée par la cuisante douleur de son avant-bras gauche.
 
La Marque…elle me brûle !...Qu’est ce qui…

 
Chut, mon chéri…Ce n’est rien…Tu es encore malade !, assura Maman en caressant ses cheveux, on va vite te donner quelque chose qui te fera sentir mieux !
 
Là, il se rebiffa carrément et voulut se redresser mais la douleur le cloua sur place. Le Dr. Asimov entrant en coup de vent, jaugea la situation d’un coup d’œil exercé et avant que le patient ne puisse dire un mot de plus, il lui avait injecté une nouvelle dose de calmants qui ne tardèrent pas à faire leur effet mais lui laissèrent le sursis de demander encore sa femme.
 
Mon pauvre enfant…quelle injustice !, sanglota Aylinna en passant sa main sur le front moite de l’endormi,…comment lui annoncer tant de misères ? Ça va le tuer !
 
*Le tuer ? Non ! Le rendre fou de rage, oui…et alors, voudrais pas être sur son chemin …mal moment pour que Nielsen s’absente!*
 

À force d’être dopé chaque fois qu’il ouvrait l’œil, Michael commença à soupçonner que quelque chose de très mauvais se passait, si à cela on ajoutait l’air consterné de tous ceux qu’il parvenait  à entrevoir avant d’être expédié aux limbes. Il y avait toujours du monde autour de lui. Sa mère, lord Cavendish, John Smith, Megan, J.O…mais pas Alix. Enfin, après ce qui lui sembla une éternité à voguer dans des limbes incertains, il parvint à s’éveiller convenablement et découvrir Samantha et Ysaline à son chevet. Même  si pas parfaitement alerte, il ne fut pas dupe de leur sourires mitigés.
 
Vous tirez vraiment des drôles de têtes…c’est quoi ?...J’y passe ?
 
Il aurait valu peut-être mieux.  S’y prenant avec toute la délicatesse possible, avec la voix enrouée de chagrin, Samantha Davenport le mit au courant des faits épouvantables ayant eu lieu pendant son inconscience. Apprendre que sa femme, son Alix avait disparu, le rendit carrément fou.  Il hurla et se débattit comme un damné malgré les efforts conjugués de Justin et Max venus à la rescousse.
 
Du calme Michael ! On va la retrouver mais sache d’abord que cet incident est lié à de nombreux  autres !, tout à fait Justin, pallier un mal par un autre en lui laissant deviner de quoi il s’agissait.
 
Ça va, lâchez-moi…Ça suffit !...C’est pour ça que la Marque brule…ILS sont de retour ! C’est ça, non ?
 
Oui, cette fois on y est plein : guerre totale !
 
Il se laissa retomber sur ses oreillers, éreinté de douleur et de rage. Pendant un instant un silence de mort plana dans la chambre, rompu par l’entrée de l’éminence de service venant mettre fin à la crise selon les méthodes déjà connues, sauf que cette fois, Michael, en pleine possession de ses facultés le menaça de la pire des morts s’il osait l’approcher.
 
Depuis quand ?
, voulut-il savoir, QUOI !? TROIS JOURS !?...Mais vous êtes complètement cinglés…trois jours à me faire dormir comme le dernier des crétins alors qu’Alix est aux mains de ces salauds !?...Je devrais vous tuer tous et chacun…Ça va, Justin, suis calmé !
 
Ce qui résultait un peu difficile à croire mais moyennant un effort, il se ressaisit assez comme pour faire un bilan sommaire de la situation.
 
Et ben, cette fois ils s’y sont mis à fond…ce qui était à prévoir, mais bien sûr, personne ne voulait y penser…Bon sang, ils ont eu un bon bout de temps pour s’organiser…déjà du vivant de Voldemort, la rumeur courait qu’on en voulait, à son poste…Oui, Alix  reste un symbole assez emblématique…la nièce du Lord des Ténèbres…pas peu de chose…Non, ils ne lui feront pas de mal…c’est-à-dire, ils ne vont pas la tuer…même si qui sait si ce n’était pas mieux…Non, je ne suis pas devenu plus fou encore…Je les connais à fond…j’étais l’un d’eux…ils ont une étrange manière de faire les choses…
 
L’assistance s’élargit avec l’arrivée des Smith, suivis d’Erik et Opal, l’air hagard.
 
Rester là à nous plaindre ne sert à rien, il faut agir mais pour ça…il faut s’organiser, et encore pour cela il faut savoir à quoi s’en tenir…du moins à peu près. Cette Marque me signale comme un des Leurs…À moins d’avoir une arme sécrète, je suis la seule option…Ils demandent ma présence, alors je vais y aller…Non, je vais bien, Erik, tes collègues ont bien su me faire prendre tout le repos dont j’avais besoin…Tu as quelque chose pour moi, Colonel Davenport ?
 

Et comment qu’il en avait ! Le cher homme avait tout prévu. Comme toujours, ils s’entendaient au doigt et à l’œil, sachant anticiper le besoin de chaque situation. Justin présenta la parfaite panoplie de l’infiltré. Tout y était de l’arme de poing au transmetteur quasi invisible plus autres gadgets d’utilité prouvée.
 
Je n’ai aucune envie de t’envoyer au casse-pipe, mais… on pourra communiquer sans risque et te localiser à tous les coups. Tant que ce voyant est au vert, ça baigne. Si tu pousses le rouge, on débarque !
 

Merci, Justin…je sais comment ça marche !...Merci à tous…faites attention, vous êtes leurs proies de prédilection…enfin, personne n’est sûr…ne cherchez pas à être héroïques, pas encore… le moment viendra.

Le vent glacial de Janvier le fit presque frissonner malgré sa lourde cape doublée de fourrure. Le lieu de réunion, était un vieux manoir délabré perdu dans un bled couvert d’un demi-mètre de neige. Il trouva ses futurs compagnons groupés dans un salon croulant et poussiéreux plein de courants d’air qui rendaient impossible de se réchauffer malgré le feu crépitant dans l’énorme âtre de pierre.
 
Tiens qui voilà !, ricana un des présents se détachant du groupe, tu te laisses attendre, toi !
 
Ça ne te pose pas de problème, j’espère !, riposta Michael en s’approchant du feu, vous ne pouvez pas trouver un endroit décent pour les réunions ?...Soit, il est des habitudes que les rats ne perdent pas facilement !
 
L’autre tiqua fortement mais le regard mauvais du nouvel arrivant lui ôta tout envie de répondre à la flagrante offense. La réputation de De Brent le précédait et tous ceux qui l’avaient connu savaient qu’il n’avait jamais été un facile à vivre.
 
Tu ne vas pas me présenter, Reeves ? Pas tous de têtes connues à ce que je vois…des nouvelles recrues. Bien ça, dit-il d’un ton faussement détaché en passant revue à la troupe d’un œil de souverain ennui, ils savent se battre, au moins ?
 
Reeves s’acquitta, gêné par tant de morgue. Ils étaient une quinzaine, dont seulement deux, en dehors de lui, à avoir combattu, et survécu à la défaite de Voldemort, après quoi, ils s’étaient tapis dans le trou le plus paumé qu’ils avaient pu trouver. Les nouveaux, pour la plupart, étaient des évadés d’Azkaban, plus quelques autres recrues de dernière minute. Il finissait les présentations quand une apparition surgie de l’ombre, dans un envol de cape, avança vers les réunis. Michael fronça les sourcils en le reconnaissant mais ne dit rien, attendant plutôt de savoir ce qui allait suivre.
 
Bientôt nous pourrons choisir des lieux plus confortables pour nos réunions, commença à dire le nouvel arrivant avec emphase, par exemple le manoir de notre cher ami De Brent…
 
Et pourquoi pas le vôtre, Lord Theewey ?, répliqua Michael avec un sourire en coin, on le dit somptueux...je n’ai pas le plaisir de le connaitre !
 
À bas avec votre maudite arrogance, De Brent, ici régit un nouvel ordre !
 
Ce qui veut dire, en court ? On fait table rase du passé et on recommence à zéro ?
 
Apparemment c’était l’idée générale. Lord Theewey était, cela va de soi, une des têtes de ce nouvel ordre si bien prôné et attendait en conséquence être obéi au doigt et à l’œil par ceux qui serviraient l’extraordinaire Cause pour laquelle tous luttaient. Après ce sonore discours, Michael se contenta de jeter un regard blasé autour de lui avant de soupirer bruyamment.
 
Si la Cause demeure la même, il faut admettre que nos rangs ont perdu splendeur…Les Sang-pur…euh, vous n’allez pas me dire qu’on se la joue à la démocratique…Remarquez, milord, que je peux comprendre cela…On est si peu ! Les meilleurs sont partis…sens propre ou figuré, bien entendu…Des nouvelles de ce cher Lucius ?...Non, pas besoin de le dire, aux abonnés absents, ça lui ressemble…
 

Cessez avec vos pitreries, De Brent…On n’est pas ici pour nous amuser mais pour parvenir, en fin, à nos fins, et croyez-moi, nous y parviendrons…Nos Alliés nous soutiendront  et cette fois, rien ni personne ne pourra nous arrêter.
 

*Ben justement, mon bonhomme, c’est ça que je veux savoir !*…Intéressant !
 
N’en doutez pas un instant, mais pour le moment vous devrez vous contenter de cela. Vos faits, lors de la dernière guerre ont été…disons, un peu étranges, il faudra refaire vos preuves, De Brent…et cette fois, il n’y aura pas de favorite jouant en votre faveur.
 

Cette simple allusion suffit pour presque l’étouffer de rage mais au prix d’un énorme effort parvint à se contenir, alors que Theewey souriait, amusé.
 
Voilà où le bât blesse. Vous vous en remettrez…Oubliez cette lubie, d’autres tâches plus importantes vous attendent !...À partir de ce moment considérez  le manoir De Brent  réquisitionné pour la Cause !
 

Il avait toujours haï cet endroit, pourri de souvenirs sinistres.
 
Mon père *Que le Diable ait son âme* se sentirait grandement honoré par cette demande, considérez-le comme vôtre, Milord…Je vous en remettrai la clé dès que je saurai la trouver !
 

L’auriez-vous perdue ? Votre foyer…
 
Il y a très longtemps que je n’y habite plus…il faudra faire sans doute quelques réparations…je crains qu’il ne soit un peu en ruine ! Mais il est à vous…À la Cause !
 

Nous saurons vous être reconnaissants de cet apport, dit mécaniquement le lord, pas trop sûr d’avoir fait une trop bonne affaire, vous pouvez disposer, De Brent…nous aviserons bientôt pour une prochaine réunion…essayez de vous présenter ponctuellement !
 
Libéré de l’absurde situation, Michael trasplana dès que possible au manoir Blackstorm et ne fut nullement surpris d’y trouver sa mère s’occupant de Lucas et Cécile.
 
Mon Dieu, Michael…mon enfant…j’étais morte de …
 
Pas le temps de mourir de quoi que ce soit, Maman. La situation est mauvaise, très mauvaise…Je vais te demander un service : emmène mes enfants le plus loin possible de cet enfer, prends soin d’eux et de toi…C’est la seule chose qui doit t’occuper…si tu m’aimes vraiment, prouve-le en protégeant mes petits…Je me doute bien que ton mari ne manquera pas de prendre part à cette nouvelle guerre…Oui, Maman, s’en est une, pire encore que tout ce que tu as jamais vu…
 
Mais et toi, mon chéri…que…
 
Je vais faire ce qu’on attend de moi…Je vais me battre, sauf que pour les effets, je le ferai dans le mauvais camp…Je ne veux rien entendre…C’est nécessaire…vital ! Je dois retrouver Alix…par-dessus tout…la retrouver et la ramener avec moi…et après, remettre le monde à l’endroit *Si possible !*
 

Dire adieu à ses enfants lui brisa le cœur. Bikita rechigna mais ne pouvait désobéir à ses ordres. Elle, son mari et leur enfant suivraient les jumeaux où qu’ils aillent. Par contre Apache et Bagheera refusèrent de suivre Lady Cavendish qui prit cette négative avec soulagement, vu qu’elle n’a appréciait pas du tout ces chats démesurés. Michael ferma le manoir et le rendit incartable. L’âme en miettes il ne lui restait que La Tanière comme refuge mais avant de s’y terrer pour faire face à son chagrin, se rendit chez Justin.
 
C’est fait. Ironiquement, ils ont réquisitionné le manoir de mon père comme centre de réunion…Je ne sais rien encore à part qu’ils sont très sûrs de leur victoire…Theewey est l’un des chefs apparemment, oui…le même  qu’on croyait…presque probe…selon lui…il y a des Alliés, très efficaces…et je ne pense pas aux Géants ni aux Loups garous…les seuls qui me viennent à l’esprit…sont les Moldus…Justin, il y a des pourris partout, suffit de mettre le bon prix…ça, nous le savons très bien et si c’est vrai…alors que Dieu et Merlin aient pitié de nous!
 

Cette nuit-là, seul entre ses quatre murs, Michael De Brent pleura, comme jamais avant, d’amour, de peine, de rage, d’impuissance. Quand les larmes se tarirent, il était prêt à entamer une longue descente en Enfer…


Dernière édition par Michael De Brent le Dim Nov 02 2014, 16:37, édité 1 fois
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Le retour des ténèbres...  Empty Re: Le retour des ténèbres...

Message par Alix Blackstorm Jeu Oct 30 2014, 07:37

La trouille du siècle ! C’est extrêmement soulagée qu’Alix vit son amour reprendre ses sens sous ses yeux. Elle répondit à quelques questions, mais ne lui parla pas de l’étrange phénomène auquel elle avait assisté. Plus tard, assez rapidement du reste, Michael repartit dans les vapes. Elle put alors réfléchir à l’aise.

*Quelqu’un a réussi à briser le serment inviolable… Déconne pas, qui aurait intérêt à faire ça, pourquoi faire ça ? *

Les questions s’enchaînèrent et, peu à peu, la lumière se fit.  

*Aylinna…*

Ça ne pouvait être qu’elle. D’une façon ou d’une autre, elle avait fait répéter à Justin les mots employés quand il avait uni Blackstorm et De Brent.

*C’est pour cette raison qu’elle était si attentive au pote de son fils !*

Comment sa belle-mère avait-elle appris que le serment existait ? Pourquoi le briser ?

*Parce qu’elle croit que l’on s’est marié uniquement à cause de lui...*

Oh, Alix pouvait comprendre la mère de Michael. Elle l’avait libéré de ce qu’elle pensait un joug involontaire. Elle-même n’avait-elle pas proposé de le faire à un moment donné, lors de cet épisode affreux avec Manon, sa sœur ?  

*Bah, peu importe ! Elle finira par piger que Michael et moi, c’est plus solide que ça…*  

Forte de cette conviction, Alix s’assura du repos de son chéri puis, avisant l’heure pour la première fois depuis d’autres, elle s’effara :

*Misère ! Faut absolument que je retourne au manoir…*

Avait-elle seulement prévenu quelqu’un de l’état de Michael ? Peut-être oui, peut-être non.  Dans la précipitation, il était fort possible qu’elle ait tout omis.
Là-dessus, elle informa une infirmière qu’elle s’absentait une paire d’heures pour passer chez elle. Michael était entre d’excellentes mains, elle pouvait bien le quitter des yeux un instant.  
Jamais, elle n’imagina que cette absence durerait… des mois.  
À peine débarquée, quelque chose la frappa.

Elle est hors combat. Ficelez-la, on l’embarque. Ne lui faites aucun mal ou il vous en cuira.

Tiens, on sonnait des cloches ? Bizarre…
Un mal de crâne affreux lui vrillait les tempes. Nausée au bord des lèvres, Alix récupéra un peu de conscience, juste le temps qu’on lui enfourne une mixture infâme en bouche.
Combien de temps durèrent ces vapes ? Aucune idée précise. En tout cas, elle fit très attention à ne rien manifester cette fois. Paupières apparemment closes, oreilles grands ouvertes, elle observa. On l’avait garrottée sur un lit relativement douillet. Un feu brûlait dans une vaste cheminée de cette chambre au mobilier antique pour le peu qu’elle pût juger :

*Au moins, je ne suis pas dans le passé… ou si ? Pas en Orient cette fois, c’est clair*


Sans remuer un poil, elle détailla encore l’environnement limité de la vision filtrée par ses cils.
Près de l’âtre, une femme âgée en longue robe lisait :

*Ma gardienne, sans doute…*

Cette dame n’avait pas l’air bien dangereux. C’est ce qu’Alix cru jusqu’à ce qu’une manche du maton ne se relève un peu, révélant…

*La marque !! Dieu, Merlin, NON !*

Sans qu’elle le veuille, sa respiration s’accéléra, alertant immédiatement la surveillante :

On s’éveille ? On va être gentille et boire sa potion, n’est-ce pas ?

Deux options : accepter ou refuser. Alix se laissa faire, tel le beau patin que ces gens – quels qu’ils soient – pensaient détenir captive.
Trois potions et autant de simulations plus tard, Alix put bénir sa réaction. Un individu en cape et maque inoubliable bavardait avec la pionne :

Combien de temps encore avant qu’elle ne soit prête ?

Demain soir, je crois.  

Le Maître est assez pressé ! clama l’autre. Il nous la faut entièrement soumise et dévote à notre cause ! Agissez, augmentez les doses au besoin.  

Je ne peux pas la tuer, c’est strictement interdit. Or, j’utilise les plus puissantes drogues…  

L’autre s’évapora.
Du coin de l’œil, Alix vit la gardienne mélanger des fioles qu’elle tenta d’identifier de loin.

*Si c’est ce que je pense, à part me donner sommeil, ce truc est inefficace sur moi, sourit-elle intérieurement.*

Immunisée de longue date contre toutes sortes de mixtures, Alix n’en gambergea que de plus belles, allant même jusqu’à réussir à contrer l’effet somnifère.  
Elle ne fut pas longue à capter diverses choses. Probablement enlevée par des anciens fidèles de son oncle, ils escomptaient s’assurer son bon concours.

*Cours toujours !*

Mais que devaient Michael, leurs enfants ?
Elle préféra taire ses inquiétudes car un enjeu très gros se jouait à présent.  
Le lendemain, le masqué revint. Alix simula son réveil à l’heure supposée la bonne vu les séances d’administrations forcées.  

Elle est prête ?

Si elle ne l’est pas, je rends mon tablier ! s’exclama la vieille.  Interrogez-la, vous verrez bien !  

Aussitôt, l’autre s’approcha de la couche où, poignets sensibilisés par une longue immobilité, Alix reposait :

Milady est-elle dispose ? demanda l’homme masqué.

Le rideau de la farce se leva.
Traits éteints, quasi amorphe, Alix osa :

De l’eau… de l’eau…

L’autre aboya :

Donne- lui en ! Vite ! Elle ne sait pas parler après tant de cette amertume.

Alix but goulûment. On lui ôta le gobelet vidé au trois quarts.

Nous allons te détacher, te rendre présentable et te conduire à ton nouveau maître.  

Gardant l’attitude de la soumission totale, Alix subit.  
Récurée, étrillée comme une jument de concours, elle prit la main présentée et se laissa conduire à travers plusieurs couloirs sombres ou éclairés.  
La salle où elle fut menée était comble de porteurs de capes aussi bien que de marques. L’hôte principal se leva de son « trône » à son entrée :

Bienvenue à la nièce de notre regrettée  Maître ! Bienvenue à son héritière : Alix Blackstorm !

Un chœur parfait répondit :

Bienvenue Alix Blackstorm.  

Assieds-toi, chère enfant ! Tu dois te poser une foule de questions, non ?

Alix inclina la tête dans un ni-oui ni-non très convaincant, en tout cas suffisamment pour que l’hôte soulève son masque :

Tu es parfaite, absolument parfaite, telle décrite.


Il était grand, bien bâti, un âge entre deux âges avec des traits burinés à moitié mangés par une barbiche soignée poivre et sel, lèvres minces, yeux de braises sombres.

*M***e ! *

Il essayait de la sonder mentalement. Résister aurait immédiatement démenti sa résignation ; le laisser faire…

*Rira bien qui rira le dernier…*

Elle le laissa entrer comme une lame chauffée dans du beurre, jusqu’à un certain mur qu’il pouvait toujours tenter de briser. La sauce prit :

Je vois… contrainte, forcée de renier tes convictions, ton hérédité. Tu es des nôtres, Alix !  

Elle opina lentement sous les ovations délirantes. Mais, le maître de céans coupa court en levant une main :

SILENCE ! Tous ici, nous désirons que tu la portes avec autant de fierté que nous !

De sa baguette maintenant brandie, il toucha sa marque puis, aussitôt l’avant-bras nu d’Alix.
Elle ne cilla pas, murant son esprit de plus belle. Lorsque l’application s’acheva, pas de tatouage ne transparaissait. L’hôte accusa le coup. Elle dit calmement :

Tu l’as dit, toi qui n’as pas eu le cran de te nommer : je suis SON héritière ! Jamais, il n’a désiré me marquer. Sa protection me couvre pour toujours !  

Coup de poker réussi, tout juste s’ils ne se prosternèrent pas à ses pieds.

Je… je suis Beid, 1er disciple de notre grand Maître Eridan  Toi et lui, sont destinés à être unis… Tu ne dis rien ? As-tu oublié être mariée, avoir des enfants ?

J’étais mariée contre mon gré, à la moldue de surcroit. Si des enfants sont nés, je l’ignore. *Pardon Michael, Cécile, Lucas, je vous aime…*

Une fois de plus Beid se cassa les dents sur la cuirasse érigée.
On festoya ? Alix retomba dans sa quasi anorexie d’antan. Les dés étaient jetés. Où avait-elle été fourrée sans le vouloir, qu’en était-il advenu des siens ? Jouer le « jeu » devint vital…
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Le retour des ténèbres...  Empty Re: Le retour des ténèbres...

Message par Michael De Brent Lun Nov 10 2014, 21:12

Nouvel Ordre ! Cause sublime !? À l’avis de Michael, après deux réunions : grand casse-pipe grandiloquent, alimenté de beaux discours, saucé de convoitise illimitée, comptant avec des grands moyens mais souffrant, comme toute croisade plus ou moins improvisée, de carences notoires…et un manque de bon sens élémentaire.
Soit, l’idée était bonne, mais réunir dans un seul sac des chats sauvages et des mangoustes ne donnait pas toujours le résultat voulu. Loin de là. Il en eut un large aperçu lorsque Theewey, grand seigneur, avait dévoilé l’as dans la manche : les mercenaires moldus. Des gars prêts à tout moyennant une somme conséquente et primes idem, armés jusqu’aux dents, rodées à tout combat mais pas pour autant préparés à frayer avec des sorciers qui arrangeaient tout d’un coup de baguette. Pas dupes pour un sou, ils ne furent pas longs à reconnaître leur supériorité à l’heure de la riposte. Leur armement moderne laissait loin derrière la meilleure prestation d’un maître duelliste.
 
Ils sont un peu têtus !, avait reconnu Theewey, plutôt fiers et farouches mais…
 

À votre place je n’irais pas chercher le « mais », il me semble que vous n’êtes pas du tout conscient d’avoir invité le diable à notre petite fête, dès qu’ils en auront l’opportunité, ceux-là n’hésiteront pas à faire une bouchée de notre belle Cause  et de nous tous en passant !
 
Lord Theewey, comme tout bon Mangemort respectable, croyait ferme à la supériorité sorcière, à celle du sang et autres balivernes qui alimentent si bien la légende. Sans mot dire, Michael l’avait suivi alors qu’il passait en revue la troupe hétéroclite. D’un œil exercé, il reconnut aisément faction et provenance de la plupart des nouvelles recrues. Des sud-africains altiers, des allemands et des français imbus de soi, sans doute ex-Légion Étrangère, divers asiatiques, quelques-uns provenant indéniablement de pays du Moyen-Orient.
 
Fini le tour d’inspection, que les inspectés avaient subi sans effacer une moue goguenarde en voyant les deux sorciers attifés comme tels, sans plus d’armes que leur bout de bois et leur petit air de supériorité, Milord crut bon s’octroyer une pause. Toujours avec un De Brent fermé et muet, à sa suite, il avait regagné ses appartements, dont apparemment il était follement fier. Le Nouvel Ordre était généreux, les chefs de faction disposaient de logements de choix alors que les autres devaient se contenter de dortoirs et réfectoires communs. Theewey savourait ces instants de doux triomphe, il était haut placé alors que l’arrogant de service était réduit à être traité comme tous et chacun.
 
*Tu ne perds rien pour attendre !*
 
Du thé, mon ami ? Du plus fort, peut-être ?, s’enquit Theewey, grand-seigneur, vous semblez en avoir besoin…pas nerveux, j’espère ?
 

Il eut droit à un regard  insondable qui le mit décidément mal à l’aise.
 
Vous ne devez pas m’en vouloir, dit-il, doucereux, je vous avais prévenu. Faut faire ses preuves, ce sur quoi j’ai une bonne longueur d’avance sur vous mais avec le temps et un peu d’effort vous prendrez du galon…Maintenez un profil bas, matez votre maudite arrogance, obéissez…Ça ira !
 

Sans prendre garde au regard féroce que lui décochait son interlocuteur, il se lança, joyeusement, dans l’énumération de ses diverses qualités qui lui avait valu la reconnaissance des Maîtres.
 
Combien en avons-nous à la date ?
, s’enquit finalement Michael en montrant un certain intérêt, parce qu’avant nous ne devions loyauté et obéissance qu’à un Seul et Unique !
 

Notre Grand et Supérieur Lord Eridan et les sept Élus !, annonça le bonhomme, bouffi de révérence et orgueil, le monde sera nôtre, De Brent…le monde entier sera à nos pieds…Ils nous mèneront au sommet…
 
Sans départir de son apparente nonchalance, Michael prêta ouïe attentive au discours enflammé de son supérieur qui, emporté par l’enthousiasme, livra plus d’information qu’il n’aurait certainement dû, mais c’était irrésistible de pouvoir enfin, à son avis obnubilé, insuffler la passion de la victoire dans cet esprit d’obtuse indifférence. Et puis, mêlé à tout ce bla-bla narcissique et tapageur, une allusion  au destin encouru par Alix. Attention au qui-vive.
 
Une grande destinée lui est dévolue…
 
Bien pour elle !
, laissa tomber Michael alors qu’il brûlait d’envie de sauter à la gorge de Theewey et lui arracher tous les détails la concernant.
 
Sourire matois, petit air entendu. Fin observateur le lord n’avait pas raté le soudain éclat dans les yeux du jeune homme.
 
ELLE est désormais hors de toute atteinte…mais cela ne vous intéresse pas…vous n’êtes pas dans le cercle d’initiés et encore moins dans la confiance de nos Maîtres…comme moi !
 
*Ça reste à voir!*
 
Lord Zhidal rejeta le dossier parcouru d’un geste agacé. Les résultats obtenus par Theewey ne concrétaient pas la promesse faite par ce dernier. L’intégration battait de l’aile entre sorciers et moldus. Il devrait, et cela n’entrait pas dans ses projets, s’en charger personnellement, à moins, bien sûr de trouver quelqu’un qui soit capable de mettre en ceinture la situation.
 
Annoncez à ce gros lard inutile que demain il aura droit à la visite dont je l’honorerai.
 
Le gros lard en question en eut des sueurs, à cette annonce impromptue. Il voulait se donner de l’éclat, gravir des échelons, parvenir à ce sommet lointain et lumineux promis aux meilleurs mais pour le moment, rien n’allait comme prévu.
Michael vaquait, comme chaque jour, depuis son assignation aux quartiers de Theewey, aux occupations auxquelles on l’avait destiné : s’entraîner avec ses collègues sorciers. Devoir lassant s’il en est. Il n’était qu’une recrue parmi les autres et personne n’avait besoin de son avis. Les mercenaires, livrés à eux-mêmes s’en donnaient à cœur joie en prenant pour cible de leurs moqueries et exercices le premier idiot leur tombant sous la main.
 
Assisté d’un Theewey très humble et craintif, Lord Zhidal écumait face au navrant spectacle d’un sorcier mis en échec par un quidam moldu, sans autre arme que ses mains, dont les congénères surexcités applaudissaient à tout rompre.
 
Cela doit cesser !
,tonna l’Élu, qu’on mette de l’ordre…qu’on montre à ces gens qui est la Maître !
 
Faisant fi des cents conseils donnés par son supérieur, Michael se démarqua des rangs.
 
Je concorde avec votre avis, Milord, mais pour ça…il faut savoir comment s’y prendre. Pour démontrer qui est le Maître il faut pouvoir démontrer supériorité…or là…
 
Qui est ce, celui-là ?
 
De Brent, Milord…une forte tête qui se croit au détour de tout…un de ceux qui ont fui après la chute de notre bienaimé Lord Voldemort.
 
Au moins aura t’il démontré avoir quelque jugeote ai lieu de se faire planquer à Azkaban, il fit un signe à  Michael, approche…Si tu sais si bien dire, démontre si tu es capable de le faire ! *C’est donc lui…le fameux protecteur de l’Héritière !*
 
Hochement de tête, demi-tour. D’un geste indolent, il fit tomber la cape et avança résolument vers les étrangers goguenards.
 
FORMEZ RANGS ! GARDE À VOUS !, gueula t’il en se plantant face à la troupe qui comme par enchantement obéit, maintenant, nous allons laisser une chose au clair, celle-ci n’est pas une partie de plaisir, vous êtes payés pour obéir et c’est ce que vous allez faire. Vous formez partie d’une coalition mixte et comme telle nous allons travailler ensemble.
 
Ouais, tu vas nous mener à la baguette !, rigola un gars bâti comme gladiateur.
 
Pas nécessairement, grande gueule, amène toi un peu qu’on voit !
 

Pas lieutenant-colonel des Forces Spéciales pour rien, Michael se fit un plaisir inouï en faisant mordre la poussière à son adversaire qui perdit vite le sourire.
 
Pas tous n’avons que notre baguette, informa t’il avant de s’enquérir, Executive Outcomes, je présume ? Tu sais te battre…mais c’est pas contre nous qu’il faut le faire, c’est nous qui payons, compris !?
 
T’es aussi un chien de guerre ?, voulut savoir l’autre.
 
Pas exactement ! À ta place…Maintenant, vos armes !, il passa rigoureuse inspection, fit des remarques pertinentes, ferma le clapet aux insolents et ficha son poing au nez du plus hargneux, puisque vous avez tout compris, un petit tour de 10 km au trot dans la lande avec votre barda, pour vous mettre à l’aise ! Rompez !!!, il désigna le sud-africain affronté, tu mènes la ronde !
 
Il s’appelait Daniel Brink, afrikaneer. Autorité et discipline ne lui posaient pas de problème. Le sorcier blond connaissait bien son affaire et savait commet s’y prendre. Il méritait tout son respect.
 
Pas un ne dérogea. Michael se tourna vers les sorciers qui rigolaient de cette mise au point.
 
S’il n’en tenait qu’à moi, vous vous y mettriez aussi !, dit-il, sûr de ne pas se gagner des sympathies. Il avança vers Lord Zhidal et Theewey qui faisait la moue, voilà !
 
Je dois m’avouer impressionné, vous avez de l’expérience avec ces…gens, dirait-on,admit l’Élu, alors que Theewey lui soufflait à toute vitesse tout ce qu’il savait sur le singulier curriculum de cette recrue, comme ça…des guerres moldues…intéressant…quel genre de sorcier êtes-vous ?
 
Un qui cherche toujours des alternatives, Milord !
 
Réponse ambiguë mais satisfaisante. Au grand dam de Lord Theewey, il fut désigné illico comme chef instructeur des sorciers et commandant des forces moldues. Il restait néanmoins sous les ordres du « Gros Lard » mais on lui assigna rapidement un logement en concordance avec son nouveau rang et le droit à donner son avis, ce dont il ne se priva pas. Dès le lendemain, un nouvel ordre dans celui déjà établi, régit. Sorciers et moldus, casés à la même enseigne n’eurent d’autre recours qu’essayer de s’entendre et tirer le meilleur parti de la situation. Michael avait exigé, avec succès, que les sorciers abandonnent leur traditionnelle robe et s’adaptent au treillis de combat, ce qui ne manqua pas de susciter un beau tollé, mais après avoir démontré sciemment les avantages de ne pas s’empêtrer dans des mètres de tissu pour pouvoir combattre, tout le monde adopta le changement.
Empressé de ne pas perdre son poste, Theewey était tout sucre et miel, y allant de la confidence comme s’ils étaient les meilleurs amis du monde, ce qui n’était pas près d’arriver. Les Maîtres avaient des visées très hautes, dont d’immédiates. Il avait tu les détails, par égard au secret auquel il était tenu, expliquant, comme si Michael n’avait rien compris, qu’il faisait partie de ce fameux cercle des élus des Élus.
 
Si je n’étais pas là…c’est vous qui auriez ma place !, confia t’il en riant, mais je suis là, bien sûr…et je sais être un bon maître  qui laisse partager son aubaine, n’est-ce pas, mon cher ami ?
 
Ai-je l’air de penser le contraire ?, s’enquit Michael avec un de ses sourires désabusés qui crispaient les nerfs de son prochain. *T’auras tort d’y croire, bonhomme !*
 
Michael bénissait la routine des entraînements. On devait s’y mettre en bouchées doubles, on s’y mettait. De jour, de nuit. Peu importait. La fatigue extrême était la bienvenue, cela l’empêchait de penser. Si les hommes sous ses ordres le tenaient pour le diable en personne, ils ne le respectaient pas moins. Lui, il ne voulait qu’en finir au plus vite, libérer Alix et retrouver ses enfants. Peu importaient les moyens à employer, les obstacles à vaincre. Il était conscient de l’admiration que suscitait tant de zèle, mais aussi de l’étroite surveillance dont il était objet.
On devait reconnaître que les Maîtres marquaient un bon point quant à l’organisation des troupes. Selon ce que voulut bien cafter Theewey, ils étaient plusieurs contingents, en Grande-Bretagne, séparés les uns des autres, logés dans des propriétés, plus ou moins vastes, mises, de gré ou de force, on pouvait s’en douter, au service du Nouvel Ordre. Celle où avait échu Michael devait, selon ses appréciations, se trouver quelque part entre le Cumberland et le Westmorland, vu le paysage quasi montagneux et le climat plus que misérable.  Confinés dans les installations, toute communication avec l’extérieur était impossible.
Le 18 Janvier, Lord Dhalim se présenta sans préavis pour passer revue des troupes. Theewey était un sac à nerfs, abattu et dépassé par les exigences incessantes et le train d’enfer imposé par l’instructeur de service. Il s’en plaignit en long et en large au Maître surpris des changements opérés en si peu de temps.
 
Il a osé éliminer la moitié du contingent sorcier en assurant que c’étaient des bons à rien !, pleurait-il presque, ceux qui restent s’y prennent assez bien, faut dire…les mercenaires lui obéissent au doigt et à l’œil…Il…il ne me plait pas, je ne lui fais pas trop confiance, vous savez…les rumeurs qui couraient…
 

Zhidal les connaissait toutes, les rumeurs qu’on endossait à De Brent mais vraisemblablement, il était celui dont ILS avaient besoin. Un meneur d’hommes, strict, discipliné, impitoyable, sans froid aux yeux. L’équipe conformée, après allègement, constituait un ensemble ordonné, au lieu de la pitoyable pagaille perçue au début. Ces sorciers-là tenaient leurs armes presque avec autant d’aisance que leur contrepartie moldue et comme il put lui-même le constater, savaient aussi s’en servir. Que le Maître  décide inviter Michael à se joindre aux agapes prévues pour la soirée signifia, sans mots, à Theewey que la faveur accordée ne lui était plus exclusive, ce qui, on peut s’en douter, le mit de fort mauvaise humeur. Se défaire d’un tiers gênant ne l’avait jamais gêné mais très malgré lui, il dut reconnaître que Michael n’était pas un adversaire facile.
Au cours de cette soirée mémorable, plus pour d’uns que pour d’autres, Lord Theewey fut informé qu’il était muté aux Hébrides et fit une apoplexie qui l’envoya au-delà du Voile en moins de 24 heures.  Sans démontrer la moindre émotion suite à l’évènement, Michael fut appelé à prendre sa place et reçut l’ordre de tenir les hommes prêts pour une attaque imminente.
Le 20, arriva l’ordre d’investir le Ministère. Brink et les autres mercenaires se réjouirent de pouvoir entrer en action mais le nouveau boss se chargea de les déchanter en assurant que celle-là était une affaire nettement sorcière.
Au premier coup d’œil, on aurait pu croire que tout se passait comme prévu mais la résistance rencontrée fut beaucoup moins féroce et efficace qu’envisagée. Les employés du Ministère ne cherchèrent presque pas à se défendre et les Aurors sur place se repliaient trop facilement. Trop imbus de cette victoire acquise sans peine, les Attaquants investissaient étage après étage. Au milieu d’une de ces échauffourées, Michael croisa un autre Mangemort, aussi de noir vêtu et masqué que lui mais qui eut un geste surprenant en lui présentant sa baguette sans mot dire. Un regard, un hochement de tête avaient suffi.
 
*Bon sang…il est dingue, le petit !*
 
Sans autre signe de reconnaissance chacun avait suivi son chemin, celui de Michael le mena à l’étage du bureau du Ministre. Suivi de trois fidèles, il arriva pile pour couper la retraite à Shakebolt et à l’Auror qui l’escortait, le colonel Davenport en personne. Avant que ses hommes puissent réagir, il les mit hors-combat avant de lever sa baguette en guise de salut. Justin comprit au quart de tour, son clin d’œil le confirma, cueillant le Ministre du coude, il vida les lieux avant arrivée de renforts ennemis.
 
*Au moins, il est vivant et sait que moi aussi…faut que je trouve Erik !*
 
Lord Zhidal était content, déplorant à peine la fuite du Ministre.
 
Vous ferez du chemin, De Brent, digne fils de Demetrius, il serait orgueilleux de vous ! Ce soir, vous serez des nôtres !
 
Un autre aurait été ravi, Michael se contenta d’un hochement de tête et un sourire désabusé, comme s’il ne s’attendait pas à moins que cela. Que Milord croit bon ajouter que ce soir de célébration il rencontrerait les autres Maîtres, resta sans trop d’effet sur lui.
 
*Maudits De Brent, plus arrogants que le diable !*
 
Assistance triée sur le volet. Sept Maîtres, rivalisant de majesté condescendante. Zhidal, se chargea des présentations :
 
Michael De Brent, fidèle lieutenant de notre bienaimé Lord Voldemort. Il remplace très efficacement feu Theewey, ce qui sembla complaire aux présents que Zhidal nomma en attendant sans doute que son « protégé » fasse une révérence en signe de respect, ce qui ne fut pas le cas. Lord Zaurak, un phénomène théâtral vêtu d’écarlate, Lord Theemin, plus discret mais non moins coloré, Lord Angenatar, philosophe posé au regard perçant, le petit Lord Azha, semblable à une fouine et le clou de la soirée: Lady Sadira, extraordinaire et inattendue, Lord Beid ne tarde pas, souffla Zhidal à l’attention de Michael, d’entre nous, le plus proche du Grand des Grands, notre Lord Eridan.
 
Toute une constellation, si je ne me trompe pas…ça remonte, les classes d’Astronomie…et notre Grand des Grands…brillera t’il un jour en notre humble présence ?
 
Changez de ton, gardez vos commentaires et essayez de ne pas trop vous faire remarquer…entre nous, je dirai que la soudaine mort de Theewey a bien servi à votre ascension…vous savez saisir l’opportunité quand elle se présente !
 
Nullement gêné par le sous-entendu, Michael dévisagea le lord.
 
Pas vous, Milord ?
 
Petit sourire entendu, aucun besoin de s’étendre sur le thème, Lady Sadira avançait lentement mais sûrement en leur direction.
 
Pas que je veuille vous mettre en garde, mais la Dame est exigeante…quoique…vous êtes cœur à prendre, non ?...Dans ce cas, mon cher, vous feriez mieux de l’ôter, cette alliance !...Et puisque nous parlions d’opportunités à saisir…Je vous laisse en bonne compagnie…Lady Sadira, vous êtes particulièrement en beauté, ce soir !
 

Rire de gorge, geste charmant avant de dévisager Michael avec la même intensité d’un faucon avant de foncer sur sa proie. Il soutint son regard, avec un sourire en coin, puis avec une lenteur délibérée la jaugea des pieds à la tête, sans lui trouver grand défaut. Petite quarantaine très bien agencée, blondeur platinée qui eut l’heur de lui rappeler Lucius Malfoy, même si la dame avait mille fois plus de charme. Ses yeux d’azur infini au regard voulu velouté en étant perçant soutinrent l’examen audacieux et un sourire élargit sa belle bouche pulpeuse.
 
Ainsi, c’est toi…J’étais amie de Narcissa et connaissais aussi l’Héritière, celle qui, dit-on, tu as sauvée après la Défaite…ce qui, bien entendu, mérite toute Notre reconnaissance.
 
*Merci, je passe !*
 
Mais politesse oblige…


Dernière édition par Michael De Brent le Ven Nov 21 2014, 19:36, édité 2 fois
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Le retour des ténèbres...  Empty Re: Le retour des ténèbres...

Message par Alix Blackstorm Dim Nov 16 2014, 08:06

Au départ, s’accrocher ne fut pas difficile à Alix. Elle possédait à présent quelque chose de très profond ancré en elle pour lui permettre de résister à tout. Avant, peut-être aurait-elle viré de bord comme tant d’autres mais Michael De Brent lui avait apporté un don ineffable, quelque chose d’inédit à cette jeune femme en quête perpétuelle : la joie de l’amour partagé. Lui, leurs enfants, seraient son phare, rien d’autre !  Mentir, ruser ? Elle n’était pas à cela près pour préserver ce sentiment grandiose.
 
Se plaindre ? De quoi se serait-elle plainte ? Hormis la liberté et les siens, il ne lui manquait rien.  
Elle ne fut pas longue à penser que, décidément, ces adeptes de son oncle agissaient comme leur maître. Lui aussi ne l’avait-il pas kidnappée ? Au moins cette fois, à moins d’un subterfuge énorme, il n’était pas question d’une évasion temporelle. Les regards à l’extérieur prouvaient l’unité de temps, des saisons. Ils la confinaient dans un château au Nord de l’Angleterre, impossible autrement. Pas question d’entraves, elle était en semi-liberté. Rarement seule, elle disposait de deux surveillantes attentives à ses besoins, et Lord Beid la visitait fréquemment. Déférent, à la limite de l’obséquieux, ce gars gardait hélas toujours des gants de cuir montant, rendant impossible le sondage auquel elle aspirait. Alix ne tenta pas de les lui faire ôter se contentant d’afficher l’attitude altière dont tous les mangemorts se souvenaient. En attendant, le but réel de son rapt restait hermétiquement clos.
Les jours devinrent des semaines. Aucune information ne filtrait ouvertement. Par veine, sa ruse concernant le sommeil forcé tenait toujours.  Par cette unique voie, Alix put capter certaines conversations autrement tues.  
 
Elle ne mange rien de plus ? s’énervait Lord Beid. Il me semble qu’elle a minci…
 
En effet ! Pourtant pas faute de saucer ses plats, ses boissons, se défendait la gardienne.  
 
*Comme si je pouvais l’ignorer !*
 
Demandez-lui ce qu’elle veut ! Accordez-lui, tout. Du rhinocéros, du tigre s’il le faut ! Et si ça ne marche pas, on la gavera. Mon honneur est en jeu ! Je ne peux pas présenter un squelette au Seigneur Eridan !
 
Tiens, tiens… on cherchait donc à l’engraisser ? Étrange… Un peu inquiétant aussi. Ce grand manitou était-il un ogre ? Voulait-il se repaître de sa chair ?  
 
*Je m’empoisonnerai, et il en crèvera !*
 
Encore fallait-il obtenir les moyens de fabriquer un poison. Or là… Les occasions étaient rarissimes.
Qu’à cela ne tienne. Lorsque sa garde était relâchée, Alix fouillait. Des mini trucs se volèrent. Entretemps, Alix gagna du temps.  Selon les « sauces » que sa langue infaillible goûtait, elle mangeait ou pas, assez bien ou peu. Ses journées, elle les passait calmement à lire au coin du feu, subissant parfois les exhortations de ses suivantes quant à nourriture ou soins corporels.  Très discrètement, Alix avait sciemment échangé le contenu de certaines fioles ; on n’y vit que du feu. Ainsi, il n’y eut plus de stimulants d’appétit et les massages la détendaient un peu, eux.            
Le 20 janvier, elle eut des échos d’une grande victoire mangemorte ; elle avait alors maigri d’au moins 5 kg à ce moment mais sa ténacité était intacte, ses faux-semblants aussi.
Curieusement, le repas fut pris bien plus tôt que d’ordinaire. Le poivre était censé dissimuler le somnifère. En « gentille » fille, Alix en ajouta à ses plats, puis feignit de nouveau l’endormissement profond.
 
Surveillez-la doublement ce soir ! Nul ne doit connaître sa présence en ces murs ! recommanda Beid à la nounou de la captive.
 
Avec l’épice absorbée, elle ronflera comme un ours. Puis-je solliciter l’honneur de…
 
Lady Pearce vous n’avez qu’un seul rôle à tenir ici. En raison de vos talents, on vous tolère à peine. Rêvez, si cela vous chante !
 
La vieille mordit ses lèves chiffonnées. Déçue, elle baissa la tête et ne bougea plus, comme pétrifiée par une foule de sombres réflexions. Tel un souffle de vent, Alix se glissa hors de son lit, sauça le plat encore intact de sa nounou puis se remit au lit.  Lady Pearce soupira profondément et, ses regrets internes achevés, elle mangea avec la tête ailleurs.
Moins de dix minutes plus tard, elle avait le nez dans son assiette, aux anges.
Alix n’allait pas risquer de déambuler en chemise de nuit dans les couloirs glaciaux. Elle piqua la cape de sa gardienne, vola encore quelques trucs avant de se couler hors de sa chambre.
Lors de ses courtes explorations nocturnes, elle avait repéré plusieurs emplacements intéressants, genre de ceux permettant de voir et entendre sans être vu.  
Sa cachette en hauteur se montra efficace. Bien dissimulée derrière des piliers des voûtes, elle put englober la grande salle dans tout son déploiement festif. Elle suivit alors l’arrivée de singuliers personnages dans des tenues parfois… éblouissantes. Hommes et femmes se réjouissaient de célébrer leur grande victoire.
 
*Rien de neuf sous la neige… les Mangemorts restent des Mangemorts sauf que mon oncle n’aurait pas agréé les dépenses somptuaires  engendrées… *
 
Le décours de ses pensées fut interrompu par l’entrée de nouveaux venus. Là, son cœur faillit s’arrêter dans un élan gigantesque de bonheur. Le choc de l’émotion céda le pas à la raison. Selon ce qu’elle voyait et entendait, Michael était reçu en tant que gradé dans la nouvelle hiérarchie en place et non en ennemi juré.
 
*Infiltré… sûrement…*     
 
Forte de cette assurance, elle se domina, évitant de foutre en l’air sa propre couverture de soumission. Cependant, elle ne put s’empêcher de grincer des dents en remarquant le manège très explicite d’une des « assistantes » qui paraissait fascinée par le Mangemort blond.  Œillades, roucoulades, Alix sentit la nausée lui monter à la gorge. C’était plus qu’elle ne pouvait tolérer, d’autant que son mari entrait bien, trop bien dans le « jeu » proposé. Prête à détaler, un détail la retint. Là, Erik venait d’arriver. L’air vanné, il avait pourtant fière allure.
 
*Qu’est-ce qu’il fait là ?* s’ébahit-elle.
 
Elle avait toujours été persuadée qu’Erik saurait résister à ses mauvais penchants, à l’ascendance héritée par Démétrius. Jouer les infiltrés était dangereux pour lui. Pas qu’il soit plus faible que Michael mais il n’était pas né là-dedans comme son aîné.  
Le personnage grandiloquent vêtu à la Méphisto ne résista pas à proclamer publiquement le nouveau statut conféré à Nielsen :
 
En vérité, je vous le dis : ce jeune homme est un rubis ! Sans lui, notre expédition aurait tourné au désastre !
 
Ah ? releva à peine Zhalil. Qu’a-t-il donc fait de si extraordinaire ?
 
De son poste d’observation, Alix se permit de sourire en entendant les exploits de Nielsen :
 
Il s’est faufilé au ministère y voler les plans que nous n’avions pas, sans doute par omission « involontaire » mon cher frère…
 
Une légère crispation flotta dans l’atmosphère mais, déjà, le diablotin écarlate reprenait :
 
Et, non content de s’être fait quasi raplati pendant l’assaut, sitôt réveillé que croyez-vous qu’il ait fait ? Je vous le donne en mille : il a soigné tous nos blessés. C’est une perle rare, ce garçon, mon nouveau bras droit !
 
 Je te félicite de ce choix Zaurak, cher frère, déclara Zhalil dont le rictus démentait la jovialité des paroles.
 
Ben, pour une fois, frangin, nous avons un point commun !
 
Ah bon ? ricana l’autre.
 
N’avons-nous pas, toi comme moi, choisis des De Brent pour bras droits ?  
 
Si beaucoup rirent, il n’en allait pas de même pour tous, notamment des directement concernés.  
On se figea à nouveau crispé. Pourquoi les De Brent louangés se foudroyaient-ils ainsi ?
Alix, pas plus que les autres, ne pigeait rien. Elle connaissait son époux sur le bout des doigts et savait reconnaître la lueur meurtrière qui pouvait receler son regard. Erik possédait la même…
Là, pas de doute : combat à mort ! D’une main, elle étouffa son cri quand la rixe débuta.
Intolérable ! Elle ne pouvait pas assister à cela.  Volant plus que courant, elle se réfugia sous ses couvertures où elle étouffa maints pleurs. Lorsqu’elle se calma, elle alla se rafraîchir copieusement sans déranger personne. Un peu de vrai poivre l’aida ensuite à trouver un peu de repos à ses tortures mentales.  
 
Le lendemain, mine de rien, elle risqua à Lord Beid :
 
Je m’ennuie à mourir ici… Pourquoi ne puis-je plus assister à aucune fête ? Vous en donnez, non ? J’entends parfois de la musique dans mes songes…
 
Troublé, son maître hésitait manifestement :
 
Donnant donnant ! Si je te laisse te divertir, mangeras-tu enfin correctement ?
 
Et si vous me disiez plutôt pourquoi vous voulez absolument que je m’engraisse ?  Mon fiancé n’aime pas les maigres, je sais. Va… veux-t-il me… manger ?
 
Jamais elle n’avait vu quelqu’un rire ainsi, enfin quelqu’un comme Beid, s’entend. Teint rouge, yeux larmoyants, il se tenait le ventre à deux mains, secoués d’une hilarité monstrueuse.  
 
Où… Où vas-tu pêcher des idées pareilles, toi ? (rires) quand mes frères sauront ça, peut-être que l’un deux mourra enfin ! (rires)  Tu es impayable, qui l’eut cru !
 
Et il l’abandonna, ses éclats résonnant longuement à sa suite.
Néanmoins, aucun des deux camps n’ayant cédé un accord, Alix resta confinée lors des soirées.  
 
Elle pestait et rageait car jamais elle ne parvenait à approcher des cuisines y chauffer ce qu’elle devait impérativement cuire pour réussir sa mixture. Ses objectifs avaient un peu varié. Si Eridan ne voulait pas la manger elle, c’est lui qui mangerait sa sauce à elle !  
 
Long février, Mars encore plus long. Beid en avait ras-le-bol des simagrées de sa captive qu’il soupçonnait de dégueuler les plats avalés en sa présence. Il ne se trompait pas beaucoup.  
Ces longs mois permirent néanmoins à Alix de compléter sa pharmacopée personnelle et d’apprendre certaines choses lors de ses virées fortuites.  D’abord la meilleure nouvelle fut que les De Brent ne s’étaient finalement pas entretués. Il s’en était fallu de peu… D’autre part, certains commerçants londoniens sorciers désiraient collaborer avec les gagnants actuels.  
 
*L’homme reste fidèle à son Histoire… *
 
Ce qu’elle apprit inopinément un soir la glaça de prime abord.
 
*Hein ??? Opal collabo ??? Jamais ! Que…*

La femme d’Erik avait sollicité ses permis pour rouvrir son restaurant. Si la chose pouvait paraître purement lucrative, Alix se persuada que d’autres motivations habitaient Opal McLane.  
 
Innocemment, jouant avec une aile de poulet à peine rongée puis rejetée, la recluse soupira à son maître :
 
Je me souviens d’une époque où ça avait meilleur goût que cette pâtée à faire  hurler un chien. Vous n’en avez pas marre de manger des trucs pareils ?
 
Un mot ici, un autre lâché là… Ce fut elle qui rigola en apprenant peu après quelle claque monumentale les Mangemorts avaient subie, comme par hasard le jour de la réouverture du chez McLane.
Ruse, perfidies, mensonges. Alix usait de tous les moyens à disposition. Seulement, excédé, Beid avait ordonné :
 
Cette fois, de gré ou de force, je te fais gaver !
 
Comment ? Je te propre mieux que ça. Je connaissais deux restaurants prisés, l’un chez les Moldus, l’autre chez nous. Le « sense » et le McLane… Merlin, que l’on y mangeait bien !!!  
 
Beid haussa les épaules :
 
La propriétaire-cuisinière de ton « Sense » est un Auror reconnue ! Ta Mclane a distrait beaucoup de nos hommes, il y a peu. On a failli y perdre certaines de nos avancées !
 
Ah… ( soupir rêveur) si je pouvais manger du « chez McLane » tous les jours…
 
Tu… Tu reprendrais du poids ? Ne te ferais plus vomir ?
 
Je vomis parce que la bouffe est infecte ici !  Mais oui, je crois que oui, je reprendrais sûrement du poids…
 
Avec -8 kg, elle pâlissait beaucoup. Il était grand temps de céder du mou.
Gagné ! Opal fut engagée mais rien qu’elle et une assistante répondant au nom de Flora Cook.  Aussitôt, les convives de Beid apprécièrent la différence, et Alix aussi. Ravi, Beid s’enchantait de son changement de teint. Il sembla mûr pour l’étape suivante qu’elle amorça, en douce, après avoir vidé une copieuse assiette d’osso bucco :
 
Encore ! C’est fantastique ! J’en veux la recette !
 
Elle ne te servira jamais, cette recette…
 
Ah ? Le Seigneur Eridan n’aime pas les pâtes, le veau non plus ?
 
Il rit, elle pleura. Pris au dépourvu dans la fontaine inédite présentée, il se plia en huit pour que ça cesse. Bon, dans le fond, elle voulait cuisiner… pourquoi pas ? Du moment qu’elle change d’humeur…  
 
Plus surveillée que ça, tu meurs. Alix savait parfaitement que Lady Pearce détaillait tout, des aides-cuistots à la tambouille elle-même.  Fidèle à son rôle, Alix ne démontra aucune reconnaissance vis-à-vis d’Opal qui, elle, accusa le coup mais brièvement. Flora Cook, par contre, flamba son cognac brutalement. Mrs. Nielsen la remit à l’ordre et exécuta ceux de leur visiteuse :
 
J’aimerais apprendre à faire l’Osso bucco comme vous… Puis aussi le ragout d’avant-hier, quel délice…
 
 Un peu de poivre, un peu de sel, Lady Pearce et les marmitons roupillèrent bientôt d’avoir été désignés testeurs des essais de la « protégée ».
Longue, longue étreinte avec sa belle-sœur et son assistante Angel Grisham sous polynectar permanent.  
 
On a peu de temps ! Je suis ici depuis des lustres. Savez-vous où c’est ?... Ouais, fichu secret… Non, on ne m’a rien fait du tout, seulement voulu m’engraisser… ben, non, pas marché... aucune idée du pourquoi mais le temps presse. J’ai préparé ceci ( paquet tendu) Angel, tu l’identifieras. Ça doit mijoter au moins deux nuits. Mais dites-moi surtout… Michael, Erik, J ;O, les autres… ?
 
Tous étaient de mèche, évidemment.  
Histoire de ne pas alerter Mrs. Nielsen, Alix tut la rixe débutée sous ses yeux.  
 
Beid, fiévreux, consulta une nouvelle fois sa montre. Le temps requis pour préparer la fiancée était bientôt révolu. Certes, Alix reprenait du poids doucement… trop doucement.  S’il était bien une chose honnie par Beid, c’était de se faire taper sur les doigts. On n’échoue pas avec Eridan : on crève.
Au moins sa captive semblait sereine, heureuse, repue.  Il osa contacter son aîné :
 
Le contrat sera respecté : préparez les noces.  
 
Opal et Angel avaient bien œuvré. La mixture fut échangée par un abyssin discret.
 
Merci Opal… C’est mon ultime recours, ma seule arme… Je l’ignore toujours… Aurais-tu une bagu…
 
Hélas non. Dans cet antre, seuls les élus disposaient d’un bois enchanté.  
 
Vu les traitements spéciaux auxquels elle eut droit, Alix comprit que la confrontation était imminente.  Un portoloin, nausées.
Ce ciel, complètement différent de l’hémisphère nord, n’était pas inconnu d’Alix fervente adepte d’astronomie.
 
Tiens, remarqua-t-elle le nez en l’air, on dirait qu’Eridan entre dans sa phase lumineuse…   
 
Réjouis-toi, Alix ! Nous célébrons tes noces ce soir-même !
 
La robe de la mariée n’était pas commune. D’un tissu arachnéen bleu sombre s’y incrustaient des milliers de points scintillants formant un schéma complémentaire de celui arboré par l’époux destiné.
Le puissant magnétisme d’Eridan joua. Attirée, Alix s’approcha d’un autel dressé sous la voûte céleste. Les cheveux neigeux du futur tranchaient avec sa tenue sombre et l’éclat des multiples flambeaux portés par l’assistance s’y reflétaient fortement.  
 
Tu es parfaite, Alix, ma femme ! Sois bénie devant nous tous.  
 
Incapable de résister, des doigts doux lui relevant le menton, un baiser chaste s’appliqua tandis qu’une grande clameur rugit de partout.  
Charme rompu, elle en resta paf.
 
*En voilà une cérémonie !... C’est tout ?*
 
 Va ! dit son frais époux.
 
Que faire d’autre que de suivre ?
Les choses se gâtèrent très vite. Point de réception joyeuse, du moins pour elle.  Entraînée dans des souterrains sordides, Alix se retrouva bientôt dans une sorte de caverne n’ayant qu’une ouverture sur le ciel étoilé. On lui offrit du vin, des fruits à profusion, la salua et s’en alla.
 
*Pas de couverts, rien de tranchants… pas étonnant…*
 
Sa fiole secrète, Alix la portait en elle, dans l’endroit le plus intime de l'anatomie d’une femme.  Pas commode, mais efficace comme cachette. L’utiliser contre elle la tenta énormément. L’unique chose qui la retint fut qu’en agissant de la sorte, jamais elle ne saurait le pourquoi du sacrifice.  

De la patience, elle en avait à revendre. Il ne s’écoula cependant pas une heure avant que le Seigneur la rejoigne, flanqué d’un très jeune garçon.
 
Ma chère, très chère Alix ! Ce soir, tu accompliras ta destinée.

 Si Eridan essaya son magnétisme, il ne réussit pas. Dans la parfaite attitude de soumission, elle murmura :
 
J’attends…  
 
On te disait marrante, rigola Eridan. Ce cher Beid aura sa récompense : il n’a pas menti. Qu’attends-tu, exactement ?
 
*LA VÉRITÉ !* Le bon vouloir de mon seigneur et maître.  
 
Oh, rassure-toi, ça ne tardera pas.  Mais si tu crains pour ta virginité, rassure-toi, je ne te toucherai pas. J’ai d’autres passions, vois-tu ?
 
Et de caresser affectueusement les cheveux soyeux du gamin accompagnant.  
Fermer son esprit, claquemurer le dégoût qui montait, fut dur.  
 
OHOHOHOH ! Pas si soumise que cela, n’est-il pas ? Magnifique, j’adore quand ça se corse ! Vais-je devoir te forcer ? Dis oui, s’il te plait ?  
 
Il faudrait d’abord que je sache me forcer à quoi, non ?
 
Rebelle et consciente, j’adore ! applaudit son mari qui claqua des doigts vers le garçon.
 
Aussitôt, celui-ci brandit un poignard dont il déchira la tunique couleur nuit d’Alix.
Des entraves apparurent magiquement sur poignets et chevilles écartées.  Quel était ce délire ? Allait-il la violer sans la toucher ? Le gamin le ferait à sa place. Mais il n’était pas du tout question de cela.  D’un geste, Eridan fit apparaître un globe couvert de tissu vert. Il le souleva, les entrailles d’Alix subirent pareil.
C’était quoi ce truc informe, infâme ??
 
Voici ce qu’il reste de ton cher Oncle, notre Seigneur et Maître. Il se meurt.  Inutile de te raconter comment nous avons sortis des limbes ce reliquat de ses fragments d’âme.  Il ne peut revivre que par toi, ton sang, ta chair, tes os.  Tu seras sa mère et sa grand-tante, amusant, n’est-il pas ?  
 
Pas du tout selon Alix qui faillit céder à la panique totale. Cette monstruosité en elle ? Autant briser la fiole secrète de suite !! Mais…
Le cerveau de cette femme était étrange. La raison primait toujours. Si elle désapprouvait ouvertement, ruait, se révoltait, lourdes seraient les conséquences. Se donner la mort immédiatement ? Et s’ils avaient un as dans la manche, une autre mère porteuse sous le coude, quelqu’un de  moins déterminé qu’elle ?
 
*Au pire, Michael me tuera, et ce monstre avec !*
 
 Elle crâna :
 
Que ce pourquoi je suis destinée s’accomplisse !...  
 
                
 

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Le retour des ténèbres...  Empty Re: Le retour des ténèbres...

Message par Michael De Brent Dim Nov 23 2014, 19:11

Tout compte fait, il fallait quand même reconnaître que comme descente en enfer on avait vu pire ! Le nouveaux Maîtres avaient le sens du somptueux qui faisait défaut chez le défunt Voldemort, décidément plus austère et lugubre. L’assistance, haute en couleur, célébrait joyeusement la victoire et bien entendu on attendait de lui qu’il fasse de même, surtout la belle plante pendue à son bras.
 
*On te tient pour un arrogant imbuvable, autant entretenir l’image !*
 

Ce qui lui convenait parfaitement. Écoutant  d’une oreille distraite les propos de Lady Sadira, il promenait son regard sur les présents. Des nouveaux arrivants faisaient une entrée remarquable, celui que Zhadil avait nommé Zaurak s’élança au-devant de l’un d’eux en clamant :
 
En vérité, je vous le dis : ce jeune homme est un rubis ! Sans lui, notre expédition aurait tourné au désastre !
 

*Tiens, le voici donc, mon petit frère !*
 
Zhadil qui vraisemblablement détestait qu’on lui vole la vedette riposta, morne, ce à quoi l’autre rajouta une couche, comme quoi sans l’intervention d’Erik, la prise du Ministère aurait été un échec, bien entendu la remarque ne manqua pas de fiel ce qui fit son petit effet que le facétieux en écarlate ignora gracieusement pour poursuivre avec le panégyrique de l’être admirable et non content de cela déclara, ravi :
 
C’est une perle rare, ce garçon, mon nouveau bras droit !
 
*Chapeau, frangin !*
 
Comme on pouvait presque le prévoir, Zhadil ne voulut pas être en reste, des félicitations pincées s’échangèrent avant que le rouge Zaurak découvre, en plus,  un point en commun qui en apparence échappait à ce cher Zhadil qui se décomposait de rage :
 
N’avons-nous pas, toi comme moi, choisi des De Brent pour bras droits ?
 
Ce détail sembla amuser quelques-uns, mais certainement pas Zhadil qui se tourna pour chercher son De Brent, à lui, du regard,  quêtant une explication, qui ne vint pas de sitôt.
 
*On va leur donner de quoi penser…allez, Erik…pige !*
 
Pigeait ? Pigeait pas ? Tant pis. Michael fonça, le regard haineux et Erik fit de même. Empoignade épique, sans merci.  Tous deux savaient se battre même si Michael en vint à se demander où son frère avait appris certaines techniques de combat. Il était fort, le bougre, et tapait en conséquence. Il ne se priva pas non plus de riposter hargneusement. Ce fut une superbe démonstration de désaffection fraternelle, au cours de laquelle entre coup et étranglement, ils parvinrent à échanger deux, trois choses. Comme quoi Erik avait saisi au quart de tour et on faisait fort avec le réalisme. Le tout animé par les encouragements de leurs « parrains » qui le regardaient se démolir en veillant, Merlin merci, qu’ils ne s’entretuent pas pour de bon, mais laissant durer le plaisir jusqu’au premier sang. On les sépara, les entraînant loin l’un de l’autre, sans doute de crainte qu’ils ne se sautent dessus à nouveau.
La belle Sadira s’empressa de venir éponger le sang de son visage tout en lui coulant un regard caressant. Il la laissa faire alors qu’une cour improvisée l’entourait se défaisant en attentions et commentaires flatteurs ou feints l’être.  Michael n’était pas dupe, là, c’était la loi du plus rusé et intrigant qui primait. Se démarquer, gravir un échelon ou deux était le but de tous et chacun et pour cela, tout moyen était bon. Ce soir, il jouissait de la faveur des puissants, ce qui ne saurait durer s’il faisait le moindre faux pas. Zhadil s’approcha, majestueux, visiblement ravi de la prestation de son bras droit.
 
Quel combat ! Quelle fureur !, exclama t’il en lui tapotant l’épaule, on ne peut pas dire qu’il te soit sympathique, rire sardonique, mais qui est-ce ? Un cousin, peut-être ?
 
Michael le dévisagea avec un sourire désabusé.
 
Mon demi-frère…un bâtard !
, il avait craché ce dernier mot avant de se tourner vers Sadira et lui accorder toute son attention.
 
Cette attitude frayant le grossier signifiait clairement une fin de non-recevoir. Zhadil foudroya du regard le couple qui l’ignorait si vertement mais le moment était malvenu pour rappeler au goujat de service où était sa place. Il s’en chargerait plus tard, après tout, il était toujours le maître.
 
Amusez-vous !, dit-il, magnanime avant de s’éloigner.
 
Lord Zhadil a une fierté sensible, assura Sadira, tu dois faire attention ne pas attirer ses foudres…il peut être très méchant.
 
Moi aussi, riposta t’il calmement en arrêtant un serveur et prenant une coupe de champagne, sans en offrir à sa compagne.
 
C’est un des Maîtres !, ajouta t’elle doucement en se servant toute seule, tu ne dois pas l’oublier, il suffirait qu’il le veuille pour que tu…
 

Je connais les règles
, dit-il, sec, avant de demander, impératif, parle-moi de toi…que fais-tu ici ? Quelles sont tes fonctions ?
 
Je suis loyale et dévouée au Nouvel Ordre…je sers et obéis mes Maîtres et suis aussi leur cousine d’où que je sois ici, à la Cour et en ce moment, je me demander pourquoi un homme comme toi se borne à sembler si désagréable et rustre.
 
Sourire en coin.
 
Peut-être parce que c’est ce que je suis, tout simplement !
 
Sadira hocha la tête, amusée. Elle n’avait pas menti quant à son amitié avec Narcissa Malfoy, et ce que celle-ci lui avait confié au respect de Michael De Brent était loin de décrire un rustre mal luné, très loin en fait. On lui avait aussi raconté d’autres choses sur lui et l’Héritière, on parlait d’un mariage, d’enfants… mais le moment n’était pas encore venu de se servir de ces informations.
Michael se doutait bien que sa belle compagne du moment savait plus long sur lui qu’elle ne l’avouait et qu’elle était là avec une mission précise : le tenir à l’œil. Sa réputation d’amateur de belles femmes le précédant, rien d’étonnant qu’on veuille lui adjuger un si charmant garde du corps, une garde très rapprochée si on en croyait à ses œillades langoureuses.
Mû par un espoir absurde, il devait l’admettre, Michael chercha un moment Alix parmi cette foule bruyante, mais il savait que jamais ses capteurs ne l’exposeraient ainsi. Quelques qu’elles soient, leurs intentions semblaient être un secret bien gardé. Cela faisait près de vingt jours qu’il frayait avec le Nouvel Ordre et pas une seule fois, à part quelques commentaires indirects sur la haute destinée qu’on lui réservait, personne n’avait vraiment nommé Alix.
Une rencontre rapide avec Erik, dans les toilettes, lui fournit certaines informations qui loin de le rassurer, étaient sur le point de le rendre malade. Penser qu’Alix pouvait se trouver dans cette demeure, faillit le faire disjoncter pour de bon.
 
Hey, oh ! Je sais, je comprends mais il ne suffit pas QUE de récupérer Alix. On la préserve, elle est sauve. Nous, nous devons anéantir… le reste!  
 
ET QU’EST-CE QUE TU CROIS  QUE JE FAIS !?...Je deviens fou mais c’est ça que je fais…suis un soldat, Erik…pas un idiot…mais si ce que tu dis est vrai…*va falloir que tu me tues pour l’empêcher*…lâche-moi…Ça va, oui…je suis calme…on reste en contact…même si je dois t’en coller une à chaque fois !
 
On s’inquiétait de l’autre côté de la porte. Pour mieux faire, ils se tapèrent un peu plus dessus avant de sortir, furieux  et s’en aller, chacun de son côté. Sans vouloir rien savoir des attentions de Sadira ni de ce qu’aurait à dire Zhadil, il quitta les lieux sans explications.
De retour à ses quartiers, Michael fut incapable de trouver du repos. La mort de Theewey lui avait rendu un énorme service. À présent il jouissait de plus de liberté de mouvement mais pas pour autant de manque de surveillance. Zhadil avait besoin de lui pour tenir les mercenaires en laisse mais n’en demeurait pas moins suspicieux à son égard. Contrairement à Erik, il n’avait pas un interlocuteur loquace, connaissant à la perfection les entrelacs de l’intrigue en cours.

Angus McGaven avait vécu et survécu les guerres de Voldemort avec plus d’astuce que conviction. Sa loyauté pouvait se prêter à controverse suite à la rumeur (exacte !) qui voulait qu’il ait déserté les rangs du Seigneur des Ténèbres, en prévoyant la débâcle finale. Qui lui ne voudrait ? Pas les nouveaux Maîtres, qui accueillaient tout serviteur à leur Cause. Angus servait un maître aussi bien qu’un autre, sans sursauts de conscience. Il avait toujours été discret et savait écouter, même si ce qu’on disait n’était pas destiné à ses oreilles. Qui est plus insignifiant qu’un laquais ? Un vieux laquais, assurait Angus en riant.
La rapide ascension de Michael De Brent n’avait pas étonné McGaven, qui admirait sa sagacité. Il s’était défait de Theewey sans lever le petit doigt et occupé, en toute morgue,  sa place comme si elle lui revenait de droit. Juste et rigoureux, il avait réussi en peu de temps à faire régner l’ordre et même, tout autant que possible, l’entente entre sorciers et moldus.
 
Si je puis me permettre, mais j’ai remarqué que le Maître mange peu et mal ! Un souci ?
 
Michael accorda un regard las au vieux serviteur.
 
Pas plus que d’habitude…Il me semble vous avoir déjà vu…ailleurs, il ne rata pas la réaction de l’homme, chez notre défunt Maître, il me semble !
 
Je le servais avec autant de dévouement qu’aux présents, se hâta de dire Angus en baissant les yeux, comme je vous sers…
 

Bien sûr…et vous les connaissez aussi bien, nos présents Maîtres…j’avoue être un peu perdu !, admit Michael avec un soupir.
 
Il n’en fallut pas plus. Fort de ses connaissances et ravi de se faire remarquer Angus dégoisa en long et en large, encouragé par l’attention prêtée et du vin que Michael insista de lui servir. Il avait bien sais les nuances de ce pouvoir partagé, en apparence. En vérité, selon McGaven, un seul détenait LE pouvoir et les autres orbitaient autour de lui ou restaient à la traîne dans son sillage resplendissant.
 
J’ai entendu dire que Maitre Eridan ne supporte pas les idiots, les faibles…C’est vrai que ce sont ses frères…mais il en a déjà éliminé au profit de ceux qui ont démontré avoir plus de mérites…Voyez-vous, je sers parfois à leurs tables… entre vin et amertume, ça parle beaucoup…, clin d’œil à son verre vide, j’apprends beaucoup…je peux en apprendre plus…bien sûr…
 
Cela ne signifiait qu’une chose et Michael la capta au quart de tour et si le vieil homme était cupide, il saurait se montrer généreux.
Zhadil prenait vite ombrage quand il se sentait lésé.  L’attitude de Michael au cours de la fameuse soirée lui coinçait en travers la gorge.  Au lieu de se montrer humble et reconnaissant de l’honneur qui lui était faite, il avait commencé par se battre comme chiffonnier avec un demi-frère dont lui, le grand Zhadil méconnaissait l’existence pour après se comporter comme un de ses égaux, le laisser avec le mot à la bouche et finalement s’en aller comme s’il avait le droit d’agir à sa guise.
Que son « cher » frère Zaurak, qui ne perdait jamais miette de ce qui se tramait autour de lui, vienne en rajouter une couche, le fit voir rouge.
 
Oui, sans doute une forte tête…mais rudement utile, reconnais-le ! Il t’a sauvé la mise en mettant en ceinture tes mercenaires…sans ça, va savoir où tu en serais !, assura Zaurak avec un petit sourire entendu.
 
Je les aurais matés…tués tous au besoin !, mais il savait bien que les choses n’étaient pas exactement comme il aurait voulu qu’elles soient,…c’est l’idée de notre grand frère que de mêler des moldus…
 

Tut…tut, mon frère…c’est de notre bien aimé Eridan que tu parles…si c’est son idée, c’est qu’elle est bonne !
 
Lèche-bottes !
 
Zaurak eut un geste charmant de sa main constellée de bagues  et sourit, largement, cette fois.

J’aime la vie, c’est tout !
 
Zhadil aussi l’aimait, la vie. La vie à sa façon, avec pouvoir et fortune, sans devoir se soumettre aux caprices obnubilés d’un aîné puissant et affirmé. Oui, de très mauvais gré, il devait reconnaître que De Brent lui était nécessaire pour s’assurer la coopération des mercenaires qu’il comptait employer pour la réalisation de son propre idéal.
Une rencontre casuelle avec son frère Beid, le mit au courant de peu de choses mais une seule suffit pour le satisfaire. La confirmation du futur mariage de leur aîné avec l’Héritière, le pourquoi du comment de cette union ne le regardait pas mais s’il ne se méprenait pas sur le lien existant entre sa future belle-sœur et sa bête noire, il aurait au moins de quoi lui pourrir un peu la vie, à cet arrogant !
Encore une journée d’enfer. Michael était harassé de fatigue mais satisfait. Voulu ou pas les recrues sorcières ne donneraient jamais rien de bon avec une arme moldue en main, même si Zhadil qui n’y comprenait trois fois rien, se gaussait, à qui voulait l’entendre, de leur talent.
 
*Qu’il y croit, l’imbécile…tant mieux pour tous !*
 
Daniel Brink fumait tranquillement, à l’abri de la pluie, l’air rêveur, pensant sans doute à d’endroits au climat moins disgracieux. Après leur première rencontre, assez fracassante, ils étaient devenus bons camarades d’armes, bien que Daniel eut du mal à comprendre comment un sorcier comme Michael pouvait savoir autant sur l’art de la guerre moldue. Il lui avait raconté une histoire assez vraisemblable mais Daniel se doutait bien qu’il devrait s’en  contenter.
Michael le rejoignit et alluma une cigarette.
 
C’est pour bientôt, si je ne me trompe, dit-il en lâchant une bouffée de fumée.
 
Encore des secrets ?, ironisa Daniel.
 
Encore et toujours…Tiens, voilà le GPS, j’ai ce dont j’avais besoin.
 
Tu sais…voudrais pas t’incommoder mais…depuis un moment les gars et moi on en a un peu marre de ce guêpier…on nous tient au silence, nous traite comme des lépreux…Tes potes sont pas commodes et se donnent des airs…quand on a signé le contrat…
 
On vous a dupés et vous voilà ! C’est la bonne vieille méthode…mais pas de souci, vous serez bien payés…je m’en chargerai personnellement.
 

Regard inquisitif, froncement de sourcils. Daniel se demanda s’il avait bien compris.
 
T’es qui, à la fin…un d’eux ? Un de nous ?

 
Une espèce de paradoxe, si on veut le voir ainsi…je t’ai déjà parlé de mon monde…et tu sais que je me sens plus à l’aise dans le tien…Ici rien n’est facile ou logique…mais tu as bien compris, je pense pouvoir te faire confiance et suis disposé à financer l’opération avec profit pour toi et tes gars, si vous ne faites que ce que je vous dis.
 
Daniel Brink avait un sens poussé pour les affaires. Il était sans parti pris, son boulot était d’obéir à qui payait mieux. Il demanda logiquement des garanties.
 
Tu les auras, mais pour le moment, ma parole devra te suffire et je suis un homme d’honneur, même si pour le moment on pourrait avoir des sévères doutes à ce sujet mais j’ai une très puissante raison pour agir ainsi : ILS ont ma femme !
 

Une solide poignée de main scella l’accord. Daniel aussi avait aimé une femme et sa mort, brutale et absurde l’avait poussé à devenir ce qu’il était. L’amour, pour lui, engage à plus de luttes que tout autre idéal, tout élevé qu’il soit.
Zhadil jaugea l’homme debout face à lui. Semblant fermé, contrôle parfait des émotions. Un vrai roc impénétrable.
 
J’ai décidé que toi et mes meilleurs hommes, des sorciers bien entendu, alliez prendre faction au Ministère. Les mesures de sécurité sont renforcées !...Et je ne veux pas de ta racaille moldue, ça ne servirait à rien là-bas !

 
*Quel fin stratège !*
 
Pas question de contredire les ordres  de l’étoile au firmament ! Une fois sur place, il ne fallait rien faire d’autre que rester plantés là où leur Maître l’indiquait alors qu’il planifiait soigneusement sa soirée alors que ses sorciers d’élite jouaient au piquet de surveillance. Zhadil s’était enfumé depuis un bon moment quand l’enfer se déclencha. En question de secondes le hall monumental grouillait d’Aurors déterminés, de membres de l’Ordre disciplinés, de Résistants parfaitement organisés qui s’était manifestement penchés sur le choix du jour : armes modernes, des belles automatiques face auxquelles les baguettes de la défense auraient été risibles si la situation n’avait été si grave !
Michael avait des fameuses raisons pour en vouloir à tout assidu au Nouvel Ordre mais humainement ne pouvait pas permettre un massacre. Il ordonna un repli stratégique, mais tout à fait inutile vu que tous les fronts étaient couverts. Quantité se rendirent au lieu de se laisser abattre comme des lapins mais il parvint à gagner l’étage du bureau ministériel avec une poignée de sorciers très éprouvés et quelques Aurors hargneux aux trousses. Comme on pouvait le supposer le Ministre fantoche mis en place par les nouveaux Maîtres avait depuis longtemps déserté les lieux.
 
Trasplanez !!!, ordonna t’il tout en surveillant l’entrée, qu’est-ce que vous attendez !!!?
 

Le dernier s’évaporait quand un Auror qui ne lui était que trop connu déboula face à la porte. Instant de flottement, Michael enleva son masque et  fit une révérence en souriant avant d’entamer à son tour un trasplanage qui le mena non loin du Ministère investi dont on faisait sauter les accès, juste pour assister à l’acte final : un Noir de Hébrides arrosant de feu ce qui restait de l’endroit. Pas le temps de temporiser, un second trasplanage le ramena au domaine de Zhadil, où régnait une pagaille de tous les diables.
Les retombées de cette défaite ne se firent pas attendre. Le lendemain de bonne heure Zhadil fut convoquée chez le Grand des Grands. Il se fit escorter de sa bête noire par excellence sûr de lui endosser l’échec et s’en tirer haut de main. Il n’avait pas compté avec les rouages des intrigues tissées à l’ombre du pouvoir. Son frère Zaurak avait bien fourbi ses armes et avait à l’appui maints témoins qui sans la moindre hésitation enfoncèrent brillamment le clou. Reconnu coupable de négligence, inaptitude et mauvais usage du pouvoir octroyé, Zhadil fut descendu en flammes de l’Olympe étoilé, avec une seule opportunité de sauver la mise : se battre en duel avec celui qu’il accusait.
Michael fut investi nouveau Lord et Maître avec jouissance immédiate de tous les privilèges conséquents. On lui octroya en outre un domaine de son choix, c’est ainsi que le Manoir De Brent revint à son légitime possesseur, qui même en haïssant les lieux, savait leur trouver quelques avantages ignorés des autres.
Libéré de son carcan de servitude Michael ne perdit pas de temps à mettre en mouvement les rouages de son pouvoir tout nouvellement acquis et saper avec grande science et dissimulation les efforts de la Constellation. En peu de temps et avec des moyens restreints, il avait su réunir une petite cour de fidèles, espions et informateurs de tout poil et plume mais s’il était au courant de tous les mouvements présents ou futurs,  percer le secret qui entourait Alix demeurait un impossible désespérant.
Les apparitions du nouveau Lord provoquaient des remous à la Cour, comme appelait Lord Zaurak le domaine de leur Aîné, où se réunissaient ses cadets, lieutenants et préposés plus la clinquante noblesse du Nouvel Ordre. Tous voulaient en savoir plus sur ce Mangemort qui s’était hissé si rapidement au sommet. Mais arrogant, hautain et imperméable à toute flatterie, il préférait écouter les autres que parler de lui-même.
 
Vous les fascinez, assura Zaurak qui sans qu’on l’y encourage s’était érigé en guide-conseiller, un aura de mystère vous entoure…On associe votre nom à celui de l’Héritière mais tout se résume à des simples ouï-dire…à moins bien entendu, qu’il y ait un fond de vérité…vous me comprenez!
 
Et vous, Zaurak, quelle est votre opinion ?
 
Soupir, hochement de tête.
 
Que les rumeurs se fondent le plus souvent sur la vérité. C’est vous le mari de cette jeune femme, n’est-ce pas ?
 
C’est de l’histoire ancienne !,  s’efforça t’il de dire le plus calmement possible.
 
Zaurak sourit, compatissant et ne se gêna pas pour lui tapoter le bras, paternaliste.
 
Erik vous ressemble, toujours suspicieux, sur ses gardes, demies-vérités ou mensonges voilés, vous êtes forts tous les deux…coupés de la même étoffe mais enfin, cela vous le savez très bien…mais pour revenir à votre histoire ancienne…si cela l’était, pourquoi encore porter cette alliance ?
 

Michael s’arrêta net et dévisagea le personnage tout de rouge vêtu qui souriait, bonhomme.
 
Je crains, milord, que cela ne vous incombe pas !
 
Là vous vous trompez, mon jeune ami…cela m’incombe, cela vous incombe, cela nous incombe tous…Tous ceux dont l’intérêt est le même.
 
Nous en sommes déjà aux devinettes ?
 
Zaurak éclata de rire.
 
Vous avez parfaitement saisi…et maintenant acceptez un conseil, frayez un peu avec cette belle société, souriez aux jolies femmes, surtout  accordez votre attention à Lady Sadira…endormez les suspicions et flattez un peu ces esprits assoiffés de reconnaissance…vous apprendrez vite que le Grand des Grands est plutôt avare en louanges, pourtant si lénitives mais on dit que feu Voldemort l’était plus encore.
 

Il était…différent !, que dire d’autre sans se compromettre au cas où ?
 
Faisant demi-tour dans un envol écarlate, il laissa Michael à ses réflexions qui, il faut le dire allaient à un train de diable. L’opportune, ou inopportune (au choix !) apparition de la belle Sadira coupa court ces cogitations.
 
Que vous racontait ce vieux grigou de Zaurak ?
 
Rien d’important…Vous êtes magnifique ce soir, Milady…*C’est ça, fais ce qu’on te dit de faire…et vois ce que ça donne !*
 
La belle avait rosi de plaisir et souriait aux anges en accrochant son bras, qu’elle ne lâcha plus du reste de la soirée.
Mine de rien, les savants conseils de Zaurak donnaient le résultat voulu, le Cercle des Élus s’ouvrait, les conversations ne s’interrompaient pas en sa présence et du jour au lendemain on s’intéressa à son opinion. Et puis, on le convia à se joindre au Conseil. L’aperçu de la situation générale le fit presque chanceler d’horreur.
 
Ça va, De Brent ?, s’enquit Azha en le couvant de son regard perçant,  surpris ?
 
Un peu…J’ai été un peu coupé du monde, on dirait que ça avance !, parvint-il à dire en lisant un compte rendu posé sur la table, intéressant…incroyablement intéressant…pourriez-vous, cher Azha, me mettre plus au courant…la minutie de ce travail me…fascine.
 

Claquemuré dans ses appartements, Lord De Brent enregistra un long et détaillé message avec toutes les informations réunies jusque-là. Le petit Lord Azha s’était montré en extrême loquace ravi de son attention et commentaires pertinents.
Le lendemain, il s’arrangea pour tomber sur Megan Smith qui quittait le 13 square Grimmaud passablement furieuse. Rencontre rapide, échange effectué, il rentra tranquillement chez lui en employant un des vieux passages secrets qui donnaient au vieux manoir familial, de si triste souvenir, son utile et unique charme.
Il lui semblait que des siècles s’étaient écoulés depuis le début du cauchemar. Plus de trois mois qu’Alix avait disparu, qu’il n’avait vu ses enfants, ni ses amis, qu’il vivait au fil des jours en essayant de ne pas perdre la raison, jonglant au hasard d’une intrigue insidieuse.
Et vint ce soir fatidique, quand, en répondant à une invitation, ressemblant à s’y méprendre à un ordre, Michael dut se rendre à la Cour. Lady Sadira, splendide en violet, vint à sa rencontre, mains tendues, sourire enjôleur aux lèvres.
 
Quel sombre mystérieux vous faites, Milord…tout de noir vêtu, ne vous a-t-on pas dit que ce soir nous assistons à un mariage ? À moins bien sûr, et sa voix se fit murmure confident, que ce ne soit le deuil, que vous portez.
 
Il encaissa ces mots comme qui encaisse un coup de poignard mais se trouva l’esprit de grommeler, rogue :
 
Je suis un Mangemort, ma chère, pas un personnage de vaudeville.
 
Ainsi soit-il donc, mais souriez…ne serait-ce que pour me faire plaisir !
 
La suite se passa comme un cauchemar au ralenti. Il se trouvait sous un ciel au firmament improbable sous ces latitudes mais dont il comprit vite la signification. Magnifiée, alors qu’invisible à l’œil nu, Eridan brillait…
Voir Alix. La regarder à s’en emplir les yeux, si proche et si inaccessible pourtant lui causa un mal quasi intolérable. Sa tête sourdait cruellement, son cœur cognait follement. Torture démente. Elle était si mince, éthérée presque, si pâle, vêtue de ce bleu profond si ressemblant à ses yeux…
 
N’est-il pas magnifique, notre Maître ?, susurra Sadira.
 
Michael qui n’avait même pas fait attention à lui, détourna son attention d’Alix pour le regarder et une bouffée de haine meurtrière le fit presque trembler.
 
T’énerve pas, elle ne risque rien. Ni toi, ni elle ne mourrez ce soir : il n’aime que les mâles pré-pubères !
 
On l’accrochait du coude, c’était la voix d’Erik. Il se tourna à peine mais ne trouva que le vide. Son frère l’approchait sous Désillusion pour le rassurer ce qui ne fit que la moitié de l’effet désiré. L’ovation finale fut plus qu’il n’en pouvait supporter, faisant demi-tour, il se fraya passage entre les invités surpris et ne s’arrêta pas jusqu’à trouver un coin solitaire où marteler le mur de ses poings jusqu’à les avoir en sang, inconscient des larmes qui coulaient sur ses joues. Il ne sut pas combien de temps s’était écoulé quand une main se posant sur son épaule le fit revenir à la réalité.
 
Du calme, mon ami…On ne doit pas vous voir ainsi…, dit doucement Zaurak, plein de commisération, nous dirons que c’était un petit malaise…venez !
 
Il aurait voulu se rebiffer, lui gueuler dessus mais se laissa docilement guider jusqu’à une espèce de cellule meublée austèrement, éclairée par une simple lampe à pétrole.  En psalmodiant, Zaurak s’empara de ses mains meurtries et y passa sa baguette. Toute trace de son exutoire sanglant effacée, il hocha la tête satisfait.
 
Maintenant, retournons à la réception…Vous ne les verrez plus ce soir mais sans doute dans quelque temps Eridan présentera son épouse à la Cour alors vous devrez être là et fermer votre esprit…Rien ne serait plus dangereux que montrer une quelconque faiblesse, comme tout tyran, mon frère se complait à exploiter celles de son prochain ! Affichez-vous avec Sadira, cela taira tout soupçon, et rassurez-vous…elle en veut à mon frère autant que vous, soupir las, autant que la plupart d’entre nous !
 
Lady Sadira Scrampton remplissait bien sa part de l’accord. Aux yeux de tous, elle était devenue sa favorite et s’était installée au manoir. La belle savait se montrer discrète et ne l’accablait pas d’attentions, surtout qu’Apache, rapatriée auprès de son maître, lui disputait âcrement ses faveurs.
Ne pas se faire descendre par les uns et rester crédible aux yeux des autres n’était pas pratique aisée, ni exemptée de douleur. Sa favorite finissait de poser le bandage sur sa blessure de la veille quand le vieux McGaven se présenta pour lui annoncer un visiteur.
 
Il ramène du gibier, crut bon ajouter le laquais éveillant son attention.
 
Il le reconnut malgré sa mine grise et sa mise peu brillante. George Strang avait laissé derrière lui sa vie de luxe et confort suite à ses manigances diverses pour atteindre le tant convoité titre ducal. À son entrée, Strang s’était prosterné dans une attitude si servile que Michael eut envie de ‘écarter d’un coup de pied.
 
Un duc et un Auror, Milord…des prises de choix…ces deux-là sont cousins…des traîtres à leur sang…mon fils et mon neveu, je les livre à votre justice omnisciente !
 
Masqué, ils ne pouvaient pas le reconnaître, mais ce n’était pas pour autant que James Oliver Westwood montrait la moindre soumission, par contre son cousin le Duc était blême de terreur.
 
Dehors !, ordonna t’il aux autres avec un claquement de doigts. Obéi à l’instant, il se défit du masque, la surprise des deux prisonniers fut éloquente mais d’un geste il leur signifia de se taire et appela Brink qu’il savait dans les parages, escorte nos « invités » au bureau !
 
Pour tous ceux qui écoutaient aux portes cela scellait le destin des détenus. Personne, à part Brink devenu la main droite du maître, n’entrait en ce lieu que la plupart prétendait être une salle de torture, antichambre de l’enfer. Ce qui n’était pas du tout le cas, mais alimenter la crainte est parfois très utile.
À peine fermée la porte, Michael lança un Grosdodo fulminant sur Henry Strang que Brink accommoda confortablement dans un divan avant de sortir.
 
Désolé, mais la méfiance est de mise, dit-il en guise d’excuse à un J.O stupéfait, je ne le connais pas assez et après la prestation de son père, j’ai mes doutes sur les qualités familiales…Suis content de te revoir, J.O…même en ces circonstances…mais raconte…comment va tout le monde ? Comment vous en sortez-vous tous ?
 

L’Auror brossa un rapide tableau, parla de son fils né et exilé presque aussitôt  en lieu sûr. Il donna peu de détails mais ne fournit aucune information vitale. En bon soldat, il se méfiait aussi.
 
Tu n’as pas tort, mon vieux…c’est bien ainsi, on est en guerre, je suis l’ennemi et cela doit rester ainsi…Oui, je l’ai retrouvée sauf que la donne a changé et Alix est à présent l’épouse de celui qui dirige tout ceci…Lâcher ? Voyons…me suis donné un mal de chien pour en arriver là, je suis un des Maîtres…tu vois bien, je vis ici, le glorieux manoir familial, je suis membre du Conseil et ai même une favorite…Je survis, James…et essaye de ne pas devenir fou, c’est tout ce que je peux dire…Rassure toi, suis comme la mauvaise herbe, coriace !
 

La nouvelle des attentats à Londres le mit dans une rage folle et le fit se pointer, sans être invité, face au Conseil. Il attaqua le thème sans aucun préambule ni fioriture, laissant clairement entendre ce qu’il pensait de leur stratégie.
 
Les Moldus encaissent et semblent se défendre peu, ils matent les soulèvements au fur et à mesure mais croyez-moi, viendra le jour où ce sera trop et alors, messieurs, nous aurons droit à une riposte massive…et je suppose que vous savez à quoi cela ressemble, vu les mines interdites apparemment pas trop,  élimination systématique et croyez-moi…ils en ont les moyens !
 
Défendriez-vous par hasard la cause de notre Ennemi ?, s’enquit  Azha, vexé, d’une voix haut- perchée.
 
Tout au contraire, Azha…je défends la nôtre mais il semblerait que je connais l’ennemi mieux que vous ! Que voulons-nous soumettre ? Un monde ou un tas de décombres?...Ces attentats signifient qu’on est en train de perdre le contrôle sur ceux que vous appelez alliés…cette racaille ne s’allie à personne…vous pensez vous servir d’elle… elle finira par se servir de vous et alors, ce sera trop tard pour revenir en arrière…Mettez y frein !!!
 
Bien entendu, cet avis si éclairé contrevenait les leurs mais quand deux jours plus tard la nouvelle d’une énorme razzia planétaire et l’emprisonnement de grand nombre de séditieux atteignit le Conseil, ils commencèrent à prêter foi aux paroles de cet arrogant de De Brent, mais pour alors d’autres plans les occupaient, en grand secret.
L’évasion de J.O et son cousin peaufinée avec grand soin, avec la complicité d’Erik,  Michael fit parvenir, entre autres, un message à Samantha donnant coordonnées et date pour retrouver les deux hommes. Une escorte réduite serait censée de convoyer les prisonniers à un autre lieu de détention. La veille, il prit congé de son ami dont le cousin dormait, opportunément.
 
Il ne se souviendra de rien, tu peux raconter ce qui te semblera bon. Prends soin de toi et de ta famille, James…et si on se croise par-là, n’oublie pas que je suis ton pire ennemi !... Semper fi, comme vous dites, vous autres, les Marines !

Il sentit le regard du Grand Maître posé sur lui, le jaugeant. Sûr qu’Eridan cherchait à sonder son esprit, lui offrit un mur impénétrable, sans que rien dans son expression de marbre ne trahisse le tumulte de sentiments qui l’agitaient. Alix était là, sereine et lointaine, suivant cette cérémonie de présentation dissimulant à peine l’ennui ressenti, se distrayant à caresser le pelage du magnifique jaguar allongé à ses pieds.
 
Ma douce chérie, permets moi de te présenter Lord De Brent, qui a pris la place de Zhidal…
 
Sadira s’était donnée le mal de lui expliquer en détail le protocole de la soirée en l’exhortant de le suivre rigoureusement. Il avança de deux pas et mit genou à terre face à Lady Eridan qui tendit distraitement sa main à baiser.
 
Ma loyauté vous est acquise, Milady…À la vie, à la mort !
 
Il lui sembla que ses doigts fins restaient une seconde de trop entre les siens  et que ses yeux avaient eu un certain éclat, mais déjà la mascotte de Milady s’en mêlait en quêtant une caresse de lui, qui lui en prodiguait souvent dans leur vie d’avant.
 
Cette fichue bestiole semble avoir une prédilection pour vous, De Brent, remarqua Eridan, étonnant, à peine si elle permet que je l’approche.
 
Elle sent peut-être votre manque d’affection, Milord, alors que personnellement j’ai un penchant reconnu pour les gros chats !, il gratta l’oreille de Bagheera et se redressa prêt à se retirer.
 
Je veux que ce soir vous soyez des nôtres…j’ai ordonné qu’on apprête une suite pour vous et votre charmante compagne…Nous fêterons longuement et continuerons demain…pour célébrer une importante victoire !, il se leva de son trône et promena un regard d’illuminé sur l’assistance en extase, demain…Poudlard sera en notre pouvoir et une nouvelle ère d’apprentissage commencera…nous instruirons les futures générations sur la vérité de notre Cause ! C’est MA Volonté !
 
Ainsi soit fait !, ânonna la Cour en une seule voix.
 
Sauf celle de Michael qui était resté muet de stupéfaction. Eridan avait bien mesuré son coup. Tous étaient là et y resteraient, sous surveillance, jusqu’à nouvel ordre. Impossible de transmettre un avis quel qu’il soit.
 
Puis-je avoir l’honneur de participer à cette mission ?, se trouva t’il en train de demander, contrevenant vertement le protocole qui voulait que personne n’adresse la parole au Maître sans autorisation explicite.
 
NON !, tonna celui-ci, vous y avez été élève et cela peut affecter votre objectivité…ne vous plairiez vous pas en Notre compagnie, que vous désirez déjà nous priver de la vôtre ?, s’enquit-il, perfide en caressant d’un doigt la joue veloutée de sa femme, n’est-ce pas, ma très chère, que ce serait bien dommage ?

Une gracieuse mais plutôt vague réponse plus tard, Michael rejoignait Lady Sadira à bout de nerfs.
 
Tu veux ta mort ou quoi !?, susurra t’elle en serrant sa main, on ne badine pas avec…et arrête de LA regarder ! Donne le change, bon sang…
 
Étrange soirée. Une fois présentée à la Cour, Eridan s’exhiba avec son épouse, comme qui parade avec un trophée longuement convoité. Michael endura chaque instant comme une torture mais cédant aux injonctions de Sadira finit par faire ce que tous : boire jusqu’à l’oubli, mais pour son malheur il n’oublia rien et la seule chose inoubliable récoltée fut la cuite monstre du lendemain, empirée au centième en découvrant sa belle « favorite » dormant à ses côtés. Et Sadira apprit, à ses dépens, que Michael pouvait être franchement désagréable quand l’envie lui en prenait.
Erik, rencontré au détour d’un couloir, put fournir des nouvelles. L’attaque de Poudlard avait été un succès qu’on le devait à la traitrise d’un fantôme. Le Baron Sanglant, esprit attitré de Serpentard avait ouvert un passage secret permettant l’infiltration ennemie. Pris au piège, élèves, professeurs et toute personne se trouvant dans l’enceinte de l’école, devenaient monnaie de change. Le marché était simple : allégeance=liberté, et au cas de s’y refuser, esclavage ou mort.
Au deuxième jour après la chute de Poudlard, Michael enfin libéré de ses obligations à la Cour, s’y rendit et faisant valoir titre et  privilèges put parcourir les lieux à son aise. Les élèves étaient enfermés dans la Grande Salle sous étroite surveillance, ils avaient peur, certains pleuraient surtout les petits de 1ere année, mais les plus grands demeuraient calmes, crâneurs.
Il découvrit Justin, entravé dans un coin, passablement amoché.
 
Mais que diables fous tu ici ?...Tu as le sens de l’opportunité…donner des cours ? Fichu Serdaigle…Où est McGo ?...Je me ferai tuer mais vais te sortir de là…promets-moi de ne jurer aucune allégeance, ok ?...Tiens bon, Justin…, il connaissait cette lueur féroce dans le regard de son ami, fais pas de bêtises…pardon, mais c’est pour ton bien !, et de lui appliquer un uppercut qui l’assomma, endormant toute suspicion du garde qui l’observait.
 
La Directrice avait été entraînée à son propre bureau, désormais occupé par un des lieutenants d’Azha. Michael connaissait bien le chemin, parcouru tant de fois pour recevoir semonce et punition suite à quelque frasque.
Le spectacle qui s’offrit à ses yeux, le révulsa. Minerva McGonagall ligotée à une chaise, subissait un interrogatoire musclé. Cheveux défaits, sans lunettes, lèvre éclatée, un œil poché, la vieille dame se trouvait encore l’esprit de tenir tête à la brute qui la fustigeait.
 
SUFFIT !, hurla Michael, suffit ! Laisse cette femme en paix !
 
Il s’agissait de  O’Bean, main droite d’Azha, connu pour sa bestialité. L’homme, bâti en armoire à glace se redressa lentement et le dévisagea.
 
On m’a ordonné de faire parler la vieille, coûte que coûte…je le fais ! C’est une dure à cuire…mais dans un moment, ça chantera mieux qu’un canari !
 
J’ai dit SUFFIT !
 
Mon maitre Azha m’a dit de n’obéir qu’à lui !, gronda le bonhomme, et je le ferai ! N’Intervenez pas, milord…ou sans ça…il risque de vous en cuire !, il brandissait sa baguette, suivant sans doute un ordre très explicite.
 
Je n’en serais pas si sûr !, le pistolet au poing ne sembla pas impressionner la brute qui éclata de rire avant d’énoncer le début du sortilège fatal, il était mort avant de toucher le sol.
 
*Pas à dire…je me sentais en dette !*
 
Les soins d’urgence appliqués, la vielle dame parvint même à sourire en disant :

Je pense que nous sommes dans des sales draps…
 
Impossible à contredire. McGo avait toujours raison…
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Le retour des ténèbres...  Empty Re: Le retour des ténèbres...

Message par Alix Blackstorm Dim Déc 14 2014, 18:24

Certains naissent sous une bonne étoile, d’autres sont condamnés à subir de perpétuels tourments. Pas de doute pour Alix, elle appartenait à la seconde catégorie pour avoir eu le malheur de posséder du sang Jedusor dans les veines. Preuve en était le nouveau calvaire à endurer en cet instant crucial. Elle aurait pu préférer mourir de suite mais l’espoir insensé d’encore étreindre Michael, au moins une fois, la dissuada. Il serait toujours temps de s’éliminer une fois l’abomination implantée en elle.
Satisfait de sa réponse, Eridan donna ses ordres et Alix fut plongée dans un profond sommeil.
Aucun rêve ne la hanta durant l’intervention répugnante. À son chevet, Eridan fronçait les sourcils :
 
L’embryon s’est fixé ? Le réveil tarde, il me semble.  
 
La magicienne noire se montra rassurante :
 
Mon Seigneur, il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Tout s’est bien déroulé. Grâce aux hormones prises chez Lord Beid, votre épouse est fécondée sans difficultés.
 
Possibilités de rejets ?
 
Infime, mon Seigneur. Lady Alix est en bonne santé. Le seul risque de fausse couche proviendrait d’elle-même, et…
 
Surveillez-la encore plus étroitement. Il est hors de question de le perdre !
 
On ne discutait jamais les ordres d’Eridan, Karaba le sachant, elle respecterait les instructions à la lettre. Son assistante, la jeune Vénusia se décolla su mur contre lequel elle s’était réfugiée à l’entrée du Maître qui la terrorisait, dès que la formatrice fut seule avec la couveuse de chair :
 
Puis-je vous faire remarquer, noble Karaba, s’avança-t-elle timidement, que vous-même m’aviez dit que…
 
Je SAIS ce que j’ai dit. Je t’ai aussi recommandé le silence absolu sur ce qui se passe ici ! Ce que nous disons entre nous, reste entre nous, pigé ?  
 
Vénusia baissa la tête et recula d’un pas, contrite, tandis que sa formatrice effectuait de nouvelles vérifications auprès de l’inconsciente. Le Seigneur n’avait pas tort. Au bout de trois jours, cette femelle aurait dû s’éveiller. Qu’est-ce qui clochait avec cette femme ? En général, il en allait différemment. Ici, les potions instillées ne stimulaient pas suffisamment cet organisme léthargique.
 
*C’est volontaire ! Incroyable mais… réel.* conclut pour elle Karaba.  
 
La routine des soins se poursuivit en silence.
Depuis les quelques soixante années qu’elle pratiquait, la grande sorcière noire en avait fait des choses plus ou moins sales. Techniquement parlant, ce cas n’était pas plus complexe que les autres. Pourtant…
 
*Si elle persiste à refuser de revenir, on les perdra tous les deux. L’embryon est vorace, il la pompe de l’intérieur…*
 
Seul remède : le gavage.  
Le 5ème jour, la réaction se déclencha mais pas exactement comme souhaité par les soignantes. Les signes vitaux d’Alix déclinèrent brusquement, du sang s’échappa du nez, bouche, oreilles. Ensuite vinrent des nausées hyper violentes, inattendues.
 
Qu’est-ce qui se passe ? s’affola Venusia incapable d’agir.
 
Rejet massif ! Soutiens-la qu’elle ne s’étouffe pas !  
 
Vite, l’aînée dosa diverses mixtures déjà prêtes au cas où. Cinq minutes après administration, Alix retomba dans les limbes. Le 8ème jour, Eridan vint voir son épouse qu’il trouva enfin assise sur ses oreillers :
 
Tout rentre enfin dans l’ordre, voilà une excellente chose. Si vous tenez sur vos jambes, ma chérie, nous donnerons une réception en votre honneur.
 
Au moins, il ne l’ennuya pas d’avantage, Alix avait assez de souci ainsi.      
Malade, elle l’était, tant au physique qu’au moral. La voyant si fermée, Eridan eut un geste envers elle à son lever titubant:
 
J’aimerais vous monter les présents de nos sympathisants pour nos noces. Venez !
 
Les magnifiques parures de bijoux, objets rares de tous bords auraient émerveillé n’importe quelle oiselle ordinaire. Alix était peu commune, Eridan s’en convainquit lorsqu’il la vit fixer avec attention une large cage où un félin farouche feulait à chaque tentative d’approche.
 
Méfiez-vous, ma chère ! Cette panthère est un démon incarné !
 
Alix se garda de sourire. Un immense bonheur la réchauffait pourtant en reconnaissant son amie Bagheera. Cela ne pouvait émaner que d’un seul :
 
*Michael ! Il pense encore à moi… Mon amour, mon amour… *
 
Rarement le nouveau maître avait peur. Là, il s’effraya du geste de sa femme qui, d’un brusque geste, ôta le verrou de la prison du fauve. Il était prêt à abattre l’animal illico quand, à son immense surprise, celui-ci ne manifesta aucune hostilité envers Alix, que du contraire !
 
*Bizarre…*
 
Il laissa faire mais glissa au creux de l’oreille d’un gardien proche :
 
Tâchez d’obtenir la provenance de cette bestiole !
 
Il est de Lord De Brent, répondit aussitôt le sbire.
 
*Tiens, tiens…*
 
Des idées germèrent, notamment une suspicion envers Lord Beid qui lui avait assuré qu’Alix ne conservait aucun souvenir d’une union antérieure. Le « chat » collé à son mollet, Alix poursuivi l’inventaire des présents.  
 
Mon frère Zaurak a tenu à nous offrir ceci. J’avoue qu’il a des goûts étranges. Ce bidule est un vrai casse-tête dans lequel je ne vois aucune utilité, on ne sait même pas l’ouvrir !
 
*Parce que vous êtes aveuglé par votre égo, idiot !*
 
Elle, elle connaissait l’objet. Le meuble ouvragé était une réduction modifiée d’un coffre à sept serrures…
 
*Erik, ça ne vient que de lui, cette idée…*
 
Lors d’une visite chez les De Brent, son beau-frère s’était intéressé à cette pièce d’exception qui garnissait le vestibule. En apparence, autant de clés que de verrous étaient nécessaires pour déclencher le mécanisme des tiroirs, sauf pour celui qui en connaissait le code secret. Pas besoin de baguette en ce cas. Histoire de ne pas éveiller davantage les soupçons d’Eridan, la jeune femme se contenta d’un regard désabusé comme ceux qui accompagnèrent le reste de l’exposition des cadeaux de mariage. Si, le soir-même, elle réclama près d’elle chat et boîte, nul n’y vit malice.
Dormir avec Bagghie était un peu serrer contre elle le seul homme de sa vie. Pour une fois paisible,  Alix sourit dans son sommeil.
Elle dormait peu la nuit. Normal puisqu’elle se reposait à longueur de temps. Nul ne verrait d’un mauvais œil la lueur de sa lampe derrière sa porte mieux gardée que celle des enfers.
Béni soit le jour où elle avait démontré à Erik le fonctionnement des tiroirs après s’être fichue gentiment de sa poire face au défi lancé d’y parvenir. Pour un anniversaire de son jeune parent par alliance, une copie conforme avait été réalisée qui dut suer des mois dessus avant d’enfin pouvoir déverrouiller la 1ère cache. Ces objets enchantés ne répondaient qu’à la pression des doigts du légitime propriétaire. Alix pianota le panneau frontal du haut avec cœur accéléré. L’haleine suspendue, elle perçut le déclic et tira le tiroir. Sa main trembla en visualisant le contenu : un parchemin et… une baguette !  Sorte d’armoire à disparaître miniaturisée, ce tiroir lui offrait une occasion en or : la communication. Où ce diable de Nielsen avait-il trouvé la baguette d’Alix ? Peu importait, elle savoura ces retrouvailles presque autant que celle avec Bagherra puis démarra une lecture express du document. Dans sa nerveuse écriture, Erik lui exposait les derniers événements, l’assurait de l’avancée de la résistance et, surtout, lui donnait des nouvelles des êtres qu’elle aimait. Elle lut, relut afin de s’imprégner totalement de ces mots lénifiants. Lucas et Cécile étaient saufs, Michael montait en grade. Après vérification des autres tiroirs, un billet rapide se rédigea :
 
Cher Erik, merci infiniment de ce présent. Il va nous permettre de communiquer facilement. Zaurak t’a à la bonne ? Tant mieux ! Je viens de regarder la pharmacie et le laboratoire portable. J’aurai besoin de…  ( liste de noms barbares), ensuite tu transmettras, s’il te plait, la lettre jointe pour Michael. Je vais bien, ne subis aucun sévisse du vicieux Eridan.  Portez-vous tous bien. À bientôt !
 
La missive suivante prit plus de temps à rédiger.  Elle voulait que chaque mot soit édifiant, précis. Elle écrivit, un peu fébrile :
 
Mon amour, j’ignore combien de temps durera ma réclusion. Pour l’instant, on ne me fait aucun mal. Je tremble sans cesse pour toi et nos enfants mais je tiens Michael, je tiens pour nous. Eridan ne se laisse pas approcher facilement : il a horreur des femmes. Je finirai par lire en lui et, via Erik, tu sauras. Prends soin de toi, sois très prudent. Mon cœur est à toi à jamais : Alix.
 
Sereine en refermant le tiroir, elle s’accorda un peu de repos supplémentaire. C’est vrai que ce qui s’accrochait à son utérus était pire qu’un vampire.  Grâce à sa baguette, elle détermina l’avancée de sa gestation, sans trop s’étonner de la rapidité d’évolution. Le fœtus se développait vite…  
Le lendemain, Eridan lui fit transmettre l’obligation de se parer pour la réception envisagée.
Encore prétendre des malaises ? Ils étaient toujours présents mais moins grâce aux gouttes absorbées en douce. D’ailleurs, écouter et déduire n’étaient-ils pas requis ? Elle se laissa oindre, pomponner, farder sans résistance. Karaba se félicita de ses soins sans savoir que sa patiente usait de ses propres traitements revigorants.  
 
Vous devriez vous alimenter d’avantage, Maîtresse. Vos nausées sont plus rares mais…
 
Désolée, j’ai toujours été difficile sur la nourriture. Demandez-donc à Lord Beid… il sait ce qui me convient, lui !
 
Qui ne risque rien n’a rien. En attendant l’heure du banquet prévu en son honneur, Alix se plongea dans la lecture des ouvrages rares dissimulés dans le 3ème tiroir du meuble aux secrets.
Si plusieurs traitaient l’avortement sans risque, aucun ne mentionnait exactement le procédé.  Elle étudierait la question plus tard.
 
La cérémonie de présentation débuta dans la salle des festivités. À la gauche d’Eridan, légèrement en retrait, Alix – en iceberg – reçut les hommages et vœux de la cour du Seigneur astral.  Tiens, il y avait eu des défections parmi les frères ennemis. Eridan faisait le ménage ou…  
 On peut rester froide dans bien des circonstances mais découvrir Michael, droit, arrogant, imbibé de fausse humilité, la choqua plus que ce que l’extérieur de sa physionomie ne montra.  
Un baisemain banal…

Ma loyauté vous est acquise, Milady…À la vie, à la mort !
 
Pas question de faire un faux pas. Alors qu’elle brûlait de serrer bien plus que les doigts de son mari, Alix afficha, comme avec les autres courtisans, un parfait dédain las.
Bagheera, elle, souhaitait démontrer son affection à son maître ce qui agaça Eridan. Michael s’en tira avec une belle pirouette à peine ironique. Plusieurs mots d’Eridan la choquèrent :
 
J’ai ordonné qu’on apprête une suite pour vous et votre charmante compagne…Nous fêterons longuement et continuerons demain…pour célébrer une importante victoire !... Poudlard sera en notre pouvoir et une nouvelle ère d’apprentissage commencera…
 
*Charmante compagne ? Michael, non !  Poudlard pris, non ! *
 
Elle dut se retenir de foudroyer publiquement Michael mais se calma rapidement en songeant :
 
*Ce qui doit être fait le sera !...*
 
Dans une guerre, on se doit de faire passer le bien de tous avant le sien propre.  Meurtrie, elle accepta cependant de parader aux côtés de son frais mari non sans avoir reconnu une blonde accrochée aux basques de son aimé.
 
*T’as aucune chance, pétasse ! Michael n’aime pas les blondes !*
 
Ça papota allègrement durant les libations. Transformée en enregistreur analytique, Alix déduisit plein de choses.
De son côté, Eridan s’amusa beaucoup. Comment ne pas être réjoui ? Ses plans fonctionnaient à la perfection et, cerise sur le gâteau, constater de ses yeux les effacements de sentiments chez des ex-époux, était franchement marrant. Loin d’être idiot, il savait lire entre les lignes soumises à son jugement implacable. Les De Brent… Longtemps, ils demeureraient sous surveillance, ceux-là ! N’empêche que s’ils jouaient la comédie, ils méritaient un oscar moldu ! Seul le « chat » paraissait avoir conservé une certaine mémoire.  Jusqu’où devrait-il les pousser pour obtenir des certitudes à leur égard ?  Croyaient-ils sincèrement qu’il ignorât tout d’eux ? Il les connaissait entièrement, enfin… presque. Suffisamment en tout cas pour se méfier hautement des apparences. Zahdil, Azah, Sceptrum, trois ennemis de moins… Qui serait le suivant ?  Au fond de lui, il souhaita que Nielsen, le fils de la main gauche de Démétrius De Brent, ait assez de couilles pour éliminer Zaurak, le gênant.  
La réussite du raid de Poudlard le transporta de joie. Hélas, elle ne dura pas. Déchaîné de rage en apprenant la reprise de l’école, il tempêta à en faire trembler les murs de son palais.  N’ayant point d’autres oreilles en qui se défouler, il choisit les plus proches : celles d’Alix. Après tout, elle ne se rebiffait plus, elle se soignait, faisait quelques efforts d’amabilité envers lui aux rares rencontres partagées. Il ne pouvait pas compter sur ses mignons enragés qui gobaient tout et n’importe quoi en l’espoir d’une caresse, donc…  
Une tornade déboula dans ses appartements. Si Bagheera ne l’avait alertée, Alix aurait était prise la main dans le tiroir aux potions.
 
Encore devant ce meuble ? beugla-t-il de très vilaine humeur. Il n’a rien d’un autel aux dévotions !
 
J’en admire sans cesse les moulures si délicates. Posez-vous et racontez-moi l’objet de vos tourments. Puis-je vous servir une boisson, un fruit, une pâtisserie ?
 
Il s’affala dans le fauteuil proposé, refusant néanmoins d’avaler n’importe quoi.
 
*Zut !*
 
J’escomptais énormément sur le symbole de la reddition de votre stupide école.
 
Dois-je en conclure que votre plan a été déjoué ? *Chic !!*
 
Mes hommes se sont fait piéger à leur tour. J’aurais dû écouter Zaurak qui voulait placer des armes moldues dans Poudlard. Elles ont eu le dessus ! Bien une idée à lui de s’en remettre à Nielsen.
 
*Tiens, tiens…*
 
Vous devriez peut-être engager également des troupes aguerries à ce type de combat.
 
Non, Ma Dame ! Je prône la magie, uniquement la magie. D’ailleurs, l’opposition va très rapidement baisser ses armes, on y travaille.  
 
Que manigançait cet homme ? Alix freina ses envies d’interrogatoire qui pouvaient s’avérer suspectes si trop exposées. Elle se contenta de soupirer :
 
Une fois l’enfant né, tous vous reconnaîtront en maître absolu.  
 
Ainsi sera-t-il et la suite ne sera pas triste. J’accepterais bien une boisson, finalement. Vous en boirez également, n’est-ce pas ? J’ignore quelle magie vous dégagez, très chère, mais vous êtes très apaisantes.
 
L’occasion était trop belle pour la rater. Elle sourit, se leva lui verser un vin velouté absolument sain mais accompagna son présent d’une très légère pression sur le poignet récepteur. Malgré l’horreur ressentie, elle continua à sourire, comme si rien ne la troublait, but la première et flatta l’égo de son vis-à-vis qui, rasséréné, la quitta ensuite.
Écrire à Erik, vite !  Sa missive développa le plan monstrueux envisagé par Eridan à court terme. Rien de moins que la dissémination d’un virus prolifique qui soumettrait tous et chacun.  
 
Erik, transmets l’info à l’Ordre. Je me renseigne de mon côté. Demande à Ysaline des précisions sur les mutants de la grippe des oiseaux, celle décrite en 1999. Cette souche-ci n’est mortelle qu’à long terme mais influence gravement le comportement humain. Cherchez un vaccin, je fais pareil. Fournis-moi…  ( encore une liste d’ingrédients et de livres à consulter). Faudra augmenter la production des vaccins connus contre peste, choléra et autres miasmes aussi.

 
Après des mots d’affection, elle ferma le tiroir à malice…
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Message par Michael De Brent Ven Jan 02 2015, 23:17

Jouer les héros ? Rien de plus loin dans ses intentions ! Celui-là était un boulot comme n’importe quel autre, enfin façon de dire ! Il y a bien des gens qui vendent des assurances ou des aspirateurs, lui il devait remettre le monde en ordre, assurer que tout irait bien et se défaire de la pourriture…comme quoi !
Son aller-retour à Poudlard passa inaperçu. McGo se remettrait et sans doute Justin aurait trouvé la parade pour s’en sortir. Il n’était pas resté pour voir les résultats de la reconquête imminente mais vu la raclée que se prenaient les hommes d’Azha, ça ne pouvait que finir en retentissante défaite.
 
*Piètre stratégie, minable défense…encore une tête qui va rouler !*
 
Et elle roula. Impitoyable et furieux, le Grand Maître des Étoiles ne douta pas à en effacer une de plus de son firmament.
 
*À ce train-là…ça va être une triste constellation, la sienne !*
 
On dit que le chemin de l’Enfer est pavé de bonnes intentions, celui de la gloire, l’est de cadavres. Guerre sans merci, extérieure ou intérieure. Tous et chacun vivaient la paranoïa en degrés divers. Le plus atteint, bien entendu, n’était autre que le grand manitou de l’histoire. Staline aurait pâli face à l’envergure des purges d’Eridan qui faisait le ménage sans gêne.
Pour le moment, Michael n’avait rien à craindre, si des étoiles tombaient, la sienne filait vers le haut à des allures vertigineuses, ce qui ne lui faisait que gagner des détracteurs mais pour ce qu’il en avait à faire !  Des alliés sûrs, des bons complices et des informateurs zélés,  il les avait et cela suffisait, pour le moment, à le combler.
La nouvelle marotte  de l’étoilé de service n’était autre qu’une espèce de guerre biologique. Michael ayant eu vent de ses plans, avait réussi à les retransmettre à Westwood de façon détournée avec l’espoir que ses amis sauraient que faire avec cette information. On manquait encore de précisions mais ça ne devrait pas tarder, ses espions y travaillaient ardument. L’idée d’un virus lâché en pleine nature, capable de soumettre la volonté des masses, dépassait l’imagination tout en horrifiant. Décidément la démence grandiloquente d’Eridan surpassait celle de son prédécesseur de triste mémoire.
Faute de mieux, sa relation avec Sadira avait tourné en association complice. Elle voulait venger la mort de son époux, lui voulait retrouver sa femme. Donner le change face aux autres était devenu une comédie, sans plus, convenant parfaitement à leurs plans.
Entre intrigues, magouilles et art de survivance, le temps s’écoulait, sans qu’on ne voie encore une lumière au bout du tunnel. Jusqu’au jour où la nouvelle la plus invraisemblable lui parvint : Lord Justin Davenport venait d’être élu Ministre or il ne fut pas le seul à l’apprendre. La convocation ne le surprit pas, si les espions d’Eridan avaient bien fait leur travail, son amitié avec Justin n’avait pu lui échapper.
 
Ainsi ton bon ami est à présent ministre !
 
Michael lui avait opposé son expression la plus sinistre  en  ricanant.
 
Vous n’y croyez rien, je suppose !...Davenport est le plus acharné de nos détracteurs !
 
Eridan avait eu un geste ample de la main, plus un sourire élargi, allez savoir pourquoi et passa à exposer son petit plan, à son docte avis, d’une simplicité enfantine. Il suffirait, selon lui, d’invoquer les bons vieux temps pour atteindre le bon cœur du nouveau ministre, amadouer sa suspicion pour, mine de rien, lui verser quelque composé diabolique dans sa boisson, ce qui, assurerait de totale dévotion au Nouvel Ordre.
Michael suivit le décours de ces idées obnubilées en sentant un mauvais frisson lui courir le dos.  Un virus abrutissant lâché sur la population était une chose, un procédé ponctuel visant des personnes très spécifiques pour les soumettre à la volonté du Maître, toute une autre affaire.
 
Une petite chose fort intéressante, ne trouves-tu pas ?, se vantait le Brillant Éclat de la Constellation en se frottant les mains, qui même si découvert…ne répond à aucun antidote, traitement ou quoique ce soit, m’a t’on assuré, j’ai les meilleurs chercheurs à mon service !
 
*Ça reste à voir…espérons que les nôtres seront meilleurs !*…Et, si je puis me permettre la question, cette stupéfiante trouvaille a déjà été…testée ?
 
Énorme éclat de rire, geste théâtral.
 
Parfaitement testée et les résultants sont, pour reprendre tes mots, stupéfiants !, nouveau rire qui finit abruptement pour le fixer d’un regard perçant, mais bien entendu, je ne t’en dirai pas plus…qui sait si, d’aventure, on voulait t’obliger à en parler ! Va, maintenant…tiens moi au courant de ton entretien, au cas d’en avoir un !
 
Congédié sans plus Michael regagna ses pénates pour gamberger à souhait. Éridan ne lâcherait pas ce morceau, à lui de découvrir ce qui se cuisinait en si grand secret. Accéder à ce genre d’information tenait pratiquement de l’impossible, il faudrait déployer des trésors de rouerie ou, avec une chance improbable, avoir droit à un miracle.
Entre temps, les missions foiraient allègrement.  Suivant les directives du Maitre en service, la magie devait primer.  La défaite de Poudlard semblait ne lui avoir rien appris. Ses sorciers étaient battus de plate couture par une Résistance armée jusqu’aux dents…à la moldue. Au manoir De Brent, loin de ronger son frein en attente d’initiatives d’éclat, on se la coulait plus ou moins en douce, en apparence, vouant les temps morts, à prospecter de ci de là toute information susceptible de changer la donne. Michael aurait aimé discuter avec son frère, mais le jeune homme s’avérait difficile à joindre. Prenant son mal en patience, il préféra s’occuper à peaufiner sa visite au Ministre.
Les risques à prendre n’étaient pas des moindres. Mangemort connu et reconnu, être pincé au Ministère équivalait à une sentence de mort mais qui ne risque rien n’a rien, c’est su. La sécurité sur place avait été redoublée et serait, sans aucun doute, bien plus performante que dans le passé, mais bien sûr, tout système a sa faille. Celle trouvée tenait de l’absurde : une zone réduite de trasplanage, non loin du bureau ministériel, connue d’un nombre en extrême réduit de mortels. Encore heureux que Justin en ait parlé un jour et qu’il ait retenu l’information.
Les gardes postés à la porte voulurent s’interposer mais il ne leur en laissa pas le temps, dûment mis hors combat, il ouvrit grand le double battant et entra dans le saint des saints.
 
Monsieur le Ministre, je tenais à vous féliciter personnellement !
 
Il rigola presque du sursaut effaré de son pote éternel et l’air abasourdi des autres présents dont plus d’un brandit sa baguette…après tout, le « sait-on jamais » restait de mise ! Justin le traita de tous les noms d’oiseau possibles avant de l’octroyer d’une accolade d’ours.
 
Ravi de te voir aussi…pas à dire, mon pote, tu en as fait, du chemin !..., il se tourna vers les autres présents qui montraient divers degrés de surprise, je vous assure tous, que je suis toujours de votre côté !
 
On rigola un peu avant de passer au sérieux de l’affaire.  J.O avait bien remis son message et on travaillait en conséquence. Ysaline, aux dires de son Max présent, ne tarderait pas à trouver le vaccin pour pallier au virus connu, avec l’aide d’Angel. Sam fut clair et précise dans son compte rendu des derniers faits et John ne manqua pas d’apporter détail. Megan, elle, suivait la conversation avec l’attention de tout bon journaliste sur le scoop du siècle.
 
*Elle fera un malheur, un de ces jours…d’où tient-elle tant d’information !?*

En attendant de trouver le temps de s’entretenir avec Mrs. Smith sur ses sources, il fit un exposé rapide des dernières nouvelles.
 
Tout mène à croire qu’il y a le feu à bord…On ne compte plus les disparus, Eridan est une machine à élimination, le dernier en cause est Theemin, il a failli à Salem et les USA échappent rapidement à la soumission, bien pour toi John…mais bien entendu il a été remplacé…un tel Torcularis, que personne, à part le Boss ne semble connaître…Ce qui cloche, pour le N.O, vous devez le savoir aussi bien que moi puisque c’est de vos faits qu’il en va…Mais ce qui doit nous préoccuper par-dessus tout est un nouveau virus…Non, Max, pas celui qu’a analysé ta femme…celui-là, il est destiné aux masses…magnifique qu’on ait développé le vaccin…mais la dernière trouvaille de Mister N.O est destinée à ceux qui d’un mot, on le pouvoir de faire bouger le monde…Si ce qu’il a dit est vrai, Eridan a entre ses mains l’outil parfait pour marquer la déchéance de notre monde…, il sortit de sa poche une fiole d’aspect inoffensif pleine d’un liquide incolore, voilà…échantillon gratuit gracieusement cédé par Sa Grandeur Étoilée et destiné à aromatiser ta boisson, Ministre…Bien  entendu, je n‘aurai pas trouvé l’occasion de te le refiler et devrai me balader avec la fiole jusqu’à nouvel ordre…suis de l’idée d’envoyer celle-ci au labo et de me trouver une autre identique…

On agréait l’idée quand l’arrivée intempestive d’Erik fit diversion. Cela faisait du bien retrouver son frère, sans avoir à lui taper dessus, sauf qu’il faillit disjoncter en l’entendant déclarer être en contact avec Alix et ce qui est plus, avoir une lettre d’elle à lui remettre.
 
Et qu’est-ce que tu attendais !?...Qu’on se croise par-là !?
 
Et l’autre de se défendre vertueusement :
 
J’ai manqué d’opportunités, Zaurak se méfiait encore. Là, il compte sur moi, sur nous, pour lui sauver la peau.

Et de lui donner, enfin, la lettre d’Alix. Brûlant d’envie d’en dévorer mots, s’en repaitre, s’en délecter…et se briser encore plus le cœur, il la rangea dans sa poche en attendant un moment en solitaire pour la lire et écouta les explications que donnait son frère sur l’armoire de sept serrures, son tiroir magique et la communication assurée.
 
On doit parler, Erik !
 
Mais celui-ci discourait de ce, de cela, s’intéressant aux nouvelles, à la prochaine rencontre de Justin avec le Premier Ministre, etc, pour finir en beauté en disant :
 
Bon, désolé mais je dois rejoindre mon poste. On reste en contact, ciao !
 
Non mais…attends bon sang !, et de courir après lui pour le coincer au détour du couloir, tu ne vas pas filer comme si rien…tu me dois une explication…plein d’explications !
 
Pense ce que tu veux, je n’ai vraiment pas eu le temps de te donner ces plis !
 
J’ai jamais pensé le contraire, mais il commence à être temps d’accorder nos violons…On fera en sorte pour se voir plus souvent…Zaurak te donne carte blanche, profites en…je veux te voir demain soir, chez moi !, il le laissa aller même en ayant envie de le secouer un peu.
 
Eridan hurla tout son soûl, ce soir-là, face à un Michael imperturbable. Il passa en revue toutes les misères survenues à son règne et finit par déverser son fiel sur lui, qui, penaud, en apparence, reconnaissait son incapacité pour mener à bien la mission auprès du Ministre.
 
INUTILE…et encore c’est peu dire !!! Toi, le futé, le grand et rusé Mangemort…incapable de…verser le contenu d’une petite fiole…, il était cramoisi de rage et s’agitait de plus en plus.
 
Michael recula prudemment d’un pas.
 
Ben, le Ministre ne boit pas pendant qu’il travaille…s’il faut agir subtilement, je pense que lui enfoncer la fiole dans le gosier n’aurait pas été trop discret…Il ne m’a pas envoyé un Avada, déjà ça de gagné…mais ne vous en faites pas, il est aussi énervé que vous par la situation…s’il se trouve, il n’y aura pas besoin de lui donner quoique ce soit pour qu’il change sa façon de voir les choses…*Il me tuerait rien que d’entendre ce tas d’inepties !*
 
L’idée sembla rasséréner le personnage qui changeant brusquement d’attitude esquissa un sourire ravi en se laissant aller dans son fauteuil-trône et caressant sa barbe d’un air rêveur.
 
Il y aura solution à tout problème…tout ira bien et je suis le plus heureux des hommes, il arrêta un instant ce soliloque et fixa Michael d’un regard pénétrant, savais tu que ma merveilleuse épouse attend un heureux événement !?

Peut-on rester debout après que la foudre vous soit tombée dessus ? Michael n’eut idée de comment s’y être pris, en un instant son cœur ratait des battements pour après se lancer dans une sarabande douloureuse, comparable à la cavale sauvage de son esprit qui refusait d’accepter la nouvelle.
 
Surpris !?, s’enquit l’autre, doucereux arborant un petit sourire triomphant de cruauté,  la belle et douce Alix va être la mère de NOTRE futur !!!
 
Impossible d’articuler un traitre mot, tout son lui restait en travers la gorge et il aurait préféré en cette seconde fatidique être frappé par un sort mortel. Le rire dément d’Eridan le secoua.
 
On peut dire que cela t’a tiré de ton impassibilité…Bah ! Tu ne seras pas le dernier surpris…Ils en auront tous pour leur compte…maintenant va, et que la prochaine chose que j’apprenne de toi soit positive, VA !
 
Rentré chez lui, Michael n’eut que la force de se trainer dans son bureau et s’y enfermer à double tour, en se sentant secoué de nausée, accablé d’une douleur indicible qui menaçait de l’étouffer. La lettre que lui avait remis Erik était toujours dans sa poche, il la sortit, la dépliant lentement.
 
Mon amour, j’ignore combien de temps durera ma réclusion. Pour l’instant, on ne me fait aucun mal. Je tremble sans cesse pour toi et nos enfants mais je tiens Michael, je tiens pour nous. Eridan ne se laisse pas approcher facilement : il a horreur des femmes. Je finirai par lire en lui et, via Erik, tu sauras. Prends soin de toi, sois très prudent. Mon cœur est à toi à jamais : Alix.

Tu me mens, Alix…tu me mens aussi…Pourquoi !?...
 
Il lut et relut ces lignes à s’en fatiguer, alors que les larmes l’aveuglaient, essayant de trouver un sens à l’horreur vécue, sans y parvenir. Apache feula doucement en posant sa grosse patte sur sa jambe mais devinant son désarroi alla se coucher plus loin.
Lady Cavendish avait toujours aimé le jardinage, occupation un peu terre à terre pour une dame de sa classe mais rien n’y faisait, cela lui apaisait l’âme, et Dieu sait si elle en avait besoin par les temps qui couraient. Ses petits enfants jouaient un peu plus loin profitant pour se rouler dans l’herbe et elle s’occupait des dahlias quand le bruit caractéristique d’un trasplanage la fit sursauter et se relever baguette brandie. Un cri mourut sur ses lèvres en reconnaissant le nouvel arrivant.
 
Grand Dieu du Ciel…Michael ! Mon petit !...Mais…que fais-tu ici ? Est-ce sûr ?…est ce que…
 
Je ne passe qu’un instant, Maman…n’ai crainte…je voulais juste…voir mes enfants…un petit moment, rien que ça !

Elle lui trouva un air trop abattu pour s’y méprendre mais ne sut rien tirer de lui. Michael joua un moment avec ses enfants qui ne se souvenaient plus de lui, les couvrit de baisers désespérés et s’en alla sans avoir pratiquement pipé mot.
Erik se présenta en début de soirée et d’entrée en matière s’effraya de son air de déterré.
 
Non…pas malade, pas blessé…Assieds-toi…sers toi à boire si tu veux…, il y avait un verre de Pur-Feu face à lui, qu’il avait regardé pendant des heures sans se décider à le vider, alors…ça va chez toi ?...Non, tout baigne…on est mauvais…on fout du chambard, on nous déteste…parfait, non ?
 
Plutôt démoralisant  et cela alerta son jeune frère qui ne tourna pas autour du pot pour lui tirer les vers du nez.
 
Ouais…t’as raison…suis fichu…au 36ème dessous…en pleine misère…je veux mourir mais suis trop lâche pour me suicider…Non…ÇA SUFFIT ! Arrête de me harceler, t’ai dit que ça va mal…ça te suffit pas ?...Suis allé voir mes enfants…tu sais…ils savent plus qui je suis…, se décidant enfin, il prit le verre et le vida sans respirer, ils vont…grandir et je ne serai qu’un inconnu…
 
Erik pouvait être franchement agaçant quand ça lui prenait, il discourut sans arrête, vrai moulin à paroles, racontant n’importe quoi, les misères de Zaurak  faisant la une de son récit, entre autres détails que Michael ne réussit pas à suivre, pour finalement se planter devant lui et lui exiger presque de vider son sac. Faisant un effort pour ne pas se remettre à pleurer comme un dingue, il avoua son malheur :
 
Tu…m’as dit qu’il al toucherait pas…et pourtant…ALIX EST ENCEINTE !!! Tu piges ! Ma femme est enceinte de ce…pervers misérable…à qui je devrais faire la peau…mais au lieu de ça…je reste là, comme un con, à pleurer…c’est normal, ça !?...Dis…c’est normal, à ton avis !?

Apparemment pas trop. Erik se montra énergique et lui fila une paire de claques pour le ramener de son limbe de misère, le tout en lui larguant un discours digne d’être tenu en compte où il était question d’autres valeurs que l’égoïsme et l’auto-compassion.  Il avoua comprendre son désarroi mais le moment était vraiment mal venu pour pleurnicher sur son triste sort alors que le monde entier partait en miettes. Et pour parfaire la sérieuse teneur de ses déclarations, frangin déclara avoir trucidé son mentor Zaurak, peu avant de venir le trouver, lui.
Décidément de quoi le rendre à une réalité plus concluante, même si pas plus heureuse pour autant.
 
Tu as…ah bon ? Juste pour les effets…je comprends…oui, valait mieux…Eridan sera plus tranquille comme ça…Non, comprends toujours pas pour Alix…si pas de lui…alors de qui ?

Et l’Inviolable qui les liait envers et contre tout ? Pourquoi ceci, pourquoi cela ! Il y perdait son latin sans savoir à quel saint se vouer. Erik avait été clair le soir du fameux mariage, ni Alix ni lui ne mourraient de quelque faute…En toute évidence ils étaient tous deux bien vivants mais Alix attendait un enfant qui n’était pas de lui…ce qui ne voulait dire que ce que cela voulait dire !
Les explications d’Erik, plutôt obscures et embrouillées n’apportèrent aucune lumière à son désarroi, Michael se sentait balloté comme naufragé dans la tempête. Entre doutes et ignorance sa vision des choses s’avérait restreinte et cela faisait un mal terrible,  mais bien sûr la situation telle qu’elle se montrait n’admettait ni vacillation ni recul, alors que la seule chose qu’il parvenait à désirer était de se tapir dans un trou et y crever. Bien entendu, il ne le fit pas , au lieu de quoi il soumit son frère à un interrogatoire serré d’où il en ressortit quelques vérités inédites qu’il aurait préféré ne pas entendre comme quoi son adorable mère s’était mêlée de ce qui ne la regardait pas et, à son maternel avis, avait arrangé les choses à sa façon en défaisant, Merlin sait comment, un sortilège extraordinairement difficile à défaire…
 
*Il n’y avait pas que ça pour nous unir…pas que ça !!!*
 
Elle était son amour, sa vie, son présent et futur et il ferait tout ce qui devrait être fait pour récupérer ce qui lui appartenait !
Zaurak mort, vive Erik ! Eridan était trop heureux de s’être défait de ce tiers gênant comme pour s’arrêter à élucubrer sur des possibles retombées. Il voyait en Nielsen un candidat précieux pour ses plans. Si jeune, si prometteur, si ambitieux ! Peut-être même plus que son aîné qui, passé son moment de faiblesse, s’était remis à la tâche avec entrain.
Tromper, mentir, intriguer, tuer. Peu importait pour parvenir à la fin fixée. Le monde entier convulsait, souffrait, craignait. Une nouvelle ère de ténèbres s’étendait, tentaculaire, insidieuse, abattant des remparts, gagnant terrain. Eridan jubilait. De leur côté Erik, Michael, Zaurak et Sadira complotaient allègrement  profitant des faiblesses d’autrui.
Comme tout tyran imbu de gloire, il omettait de voir la réalité en face. Seul son rêve comptait. Son délire si magnifique, si énorme, que le pouvoir d’un seul homme ne pouvait contrôler.
 
Compte rendu au ministre, fin Juin 2001.
 
Torcularis a du mal avec les Amériques, il a nommé un sous-chef pour s’occuper du Centre et du Sud, parce qu’avec un Canada en rébellion et des USA frayant l’indifférence, ça fait lourd…Dhalim, c’est le nom qu’il a choisi…, Michael fit une pause et regarda Justin qui semblait profondément réfléchi, tu as bien compris…ces noms d’étoiles cachent leur véritable identité…IL m’a demandé d’en choisir un mais quand j’ai avoué n’avoir que le désir d’être nommé Cygnus, il a fait la grimace…ça lui semblait de mauvais augure avoir un trou noir dans sa fichue constellation, je suppose, on ne rigola pas, le moment n’était pas à l’humour,…en tout cas, mon vieux, je pense être en pouvoir de te livrer les identités de la Constellation…tu vas tomber de haut !, le tout en glissant vers le Ministre un petit CD, fais ce qui bon te semblera…mais il y a aussi une paire de choses que tu devras mettre au clair…sur une certaine conversation que tu aurais eu avec ma mère, par exemple ! 
 
Sourcil en accent circonflexe, air perdu un instant puis…révélation et aveu. Mine de rien, Aylinna avait mené la ronde à sa façon et tout fichu en l’air, sans le vouloir. On passa outre l’affaire pour poursuivre avec la mise à jour.
À partir du lendemain, ça bougeait autour du monde avec des arrestations impromptues des personnes les plus inattendues.
Juillet était bien entamé, et loin de s’améliorer la situation atteignait des pics tragiques de violence et misère. Eridan s’était résigné ne pas voir le Ministre sorcier acquis à sa Cause mais acceptait cette défaite, temporaire selon lui, parce que Davenport avait réussi à raisonner Blair, sa contrepartie moldue, de ne pas envoyer ses forces armées contre le monde sorcier.
Parfois Michael avait envie de disjoncter pour de bon, de prendre ses mercenaires di bien entrainés et d’investir le fief d’Eridan pour le mettre à feu et à sang, prendre Alix et l’emmener quelque fut son état et fuir se perdre dans le dernier coin perdu de la planète et ensemble essayer de remettre en place leur vies…mais bien sûr, ce cas de figure échouait toujours cruellement face à l’absurde réalité.
L’armoire magique d’Erik délivrait ses mystères à point nommé. Précieuses informations de témoin de première ligne, précises, logiques, claires, incontournables. Alix était le parfait agent d’infiltration. Parfois des lettres, succinctes, trop…sans jamais livrer un mot sur son état. Son amour pour lui restait intact. Il s’accrochait à cette vérité pour vivre.
 
*Suis égoïste…tant pis, suis égoïste, c’est vrai…me fous du monde, je veux Alix !*
 
C’était chacun sa petite guerre ! On essayait de partout de la partager avec les autres et d’en faire état général mais mine de rien, on ne regardait que sa misère à soi…Il n’y avait pas de gagnant dans cette tragédie planétaire… Tous perdaient ! Point commun, enfants mis en sécurité, loin…ailleurs…familles amputées. Encore là, Michael tendait à personnaliser…lui, il avait en plus perdu sa femme…mais bien sûr, au  milieu de cet affreux chaos, on essayait de minimiser l’affaire en assurant qu’il y avait plus grave…sauver l’humanité, par exemple ! Il râlait, devenait insomniaque, souffrait mais faisait avec.
La résistance  faisait de son mieux, avec des résultats de bel éclat, sauf quand, enfin vaincu dans son orgueil de sorcier bien-né, le grand Maître des Étoiles demanderait l’intervention des mercenaires de Michael, qui partaient en mission avec des instructions ponctuelles. Ils savaient comment s’y prendre et simuler un massacre ne leur posait pas de problème. Le Maître se déclarait satisfait, les « victimes » étaient transférées en  lieu sûr et tout le monde content !
Depuis la « mort » de Zaurak, l’entente entre les frères ennemis en avait surpris plus d’un mais cela semblant donner des résultats satisfaisants personne ne songea à chercher plus loin. Michael recevait aussi souvent que possible des nouvelles d’Alix l’enjoignant  de tenir bon et ne pas céder à sa colère et assurait toujours son indéfectible amour pour lui. Elle le connaissait bien et n’avait pas de tort à craindre un éclat de sa part.
Erik et lui, seigneurs de guerre patentés, n’avaient plus à se servir de subterfuges pour se réunir. C’est ainsi que Michael avait rencontré Miko, la précieuse alliée de son frère et appris à apprécier en juste titre ses opinions pleines de logique bon sens.  S’il n’y avait pas eu Opal, qu’il aimait sincèrement, Michael aurait vu de très bon cœur, la jeune asiatique en belle-sœur !
Le « petit virus » d’Eridan faisait son petit bout de chemin. Discret, posé, sans esclandre, prenant place, et du coup, sans qu’on l’ait vu venir siégeant là où on s’y attendait le moins. La liste que Michael avait fourni au Ministre n’était pas complète, mais comment s’y prendre quand on dépende des informations d’un autrui incertain ?
D’attaque ou résistance ouverte, la « Guerre » était passée à situation de crise passive où envahisseur et envahi se côtoyaient en s’ignorant, où on essayait de vivre chacun sa vie en essayant d’oublier la véritable situation. Le Chemin de Traverse reprenait activité et couleurs et on s’y aventurait volontiers.
Erik, qui ne faisait plus aucun secret quant à la relation maritale avec son australienne l’emmena vivre au manoir de feu Zaurak. Michael maudit sa misère et rêva de mettre le feu à son manoir…il rêvait des Bermudes lointaines, de sa femme et enfants.
Patienter sagement n’avait jamais été son fort…
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Le retour des ténèbres...  Empty Re: Le retour des ténèbres...

Message par Alix Blackstorm Sam Jan 17 2015, 07:06

Elle ! Était-elle encore « elle » ou… autre chose ? Parfois Alix s’interrogeait cruellement. De toutes ses forces alliées à l’amour des seuls êtres qui lui importaient, elle luttait. Ses échanges avec Erik la maintenaient en vie, sans eux…  Les plis échangés via le tiroir lui apportaient espoir et, parfois aussi,  désespoir. Comment ne pas devenir complètement dingue tandis qu’un être honni bouffe vos tripes et que des avis contradictoires valsent alentours ? Où étaient vrai, faux ? Ainsi Michael avait une favorite ? Le coup fut rude. Sans une lettre d’Erik affirmant l’inverse, la mort aurait été au rendez-vous immédiat.
 
*À l’heure actuelle, il doit savoir qu’aucun serment ne nous lie plus. Il est libre, m’oublie…*
 
Néanmoins, elle voulut se battre encore. N’avait-elle pas des enfants, deux, si ses souvenirs étaient bons ? Où étaient-ils, que devenaient-ils ? Personne ne lui en parlait, jamais.  
 
La première fois qu’elle fut « contactée » Alix fut très malade. Venue d’ailleurs, une voix nasillarde l’avait appelée :
 
AAaaa lix, mam…. Maman…
 
 Remise, elle crut à une hallucination due au stress intense. Puis, régulièrement, le contact récidiva, plus accrocheur, révélateur, destructeur.
 
Maman ! Oui, tu seras ma mère chère nièce...
 
Il avait quoi, ce truc en elle, trois, quatre mois ? En tout cas, il s’agitait beaucoup et réclamait son attention.  Se murer, ignorer tout, afin de se préserver, combat ruineux, minant s’il en est.  
Travailler dans ces conditions s’avéra terrible.  Pourtant, elle le devait car son époux Eridan escomptait bien dominer tous les humains, quelle que soit leur nature.
Son mini laboratoire, inconnu des proches, prospéra grâce aux apports de Nielsen. À quoi aurait-elle passé son temps autrement ? Aux yeux officiels, elle lisait quantité de livres sauf qu’ils en ignoraient la réelle teneur. Des romans ? À d’autres ! Physique, chimie, un zeste d’astrologie, tout y passa. Il lui fallait connaître la formule complète d’une saloperie de manipulation mi-génétique mi- magique peaufinée par Eridan. D’ailleurs, comment s’y était-il pris pour fabriquer un truc pareil, celui-là ?
Au fil de ses contacts, rares mais tangibles, avec ce barbare Alix avait déduit plusieurs choses. Jamais, Eridan seul, aussi malin soit-il – n’aurait pu concocter un tel venin.  En épluchant soigneusement la chronologie avouée par une séduction fallacieuse, elle était parvenue à réduire ses pistes. Lentement, trop à son goût, le mystère s’éclaircit. L’abomination croissante augmentait malheureusement la pression :
 
Pourquoi chercher quelque chose qui ne mènera à rien ? Je suis ta voie… maman…  
 
Comme lors de chaque intervention du bébé, Alix cria :
 
TA GUEULE !!!
 
Ses suivantes qui la considéraient de plus en plus folle se turent, redoublant d’attentions envers elle, bonne chose.  Alix obtenait tout sauf l’essentiel : sa liberté.
 
La formule fut prête. Donc, un moine renégat en avait été l’instigateur ? Sans s’y attarder, Alix s’attela à l’étape suivante : la transmission. Mais les événements la prirent de court.
 
Ma douce, tu as une mine épouvantable, je m’en réjouis.
 
Merci, mon Seigneur.
 
Tu vas peut-être enfin sourire, un imbécile de tes anciens amis est dans nos murs : Smith. Ça te dit quelque chose ?
 
Vaguement… admit-elle, prudente.
 
*Dis-lui que tu sais, couillonne ! Allez, ma nièce, maman…*
 
En fait oui, je sais qui est John Smith, si c’est bien du même que nous causons, mon Seigneur.
 
 Eridan ne fut pas sans remarquer une sorte de lueur de défi dans les eaux sombres du regard d’Alix.
 
Tu reprends enfin du tonus ? Il était temps ! Alors, que sais-tu de lui ?
 
C’est *Bon Dieu qu’est-ce que j’invente…* C’est une sorte de mercenaire qui se vend au plus offrant.
 
Magnifique, merveilleux, s’égailla Eridan. Figure-toi que je n’ai pas su lire en lui quand il m’a été présenté tout à l’heure. Il prétendait venir discuter de paix, mon œil ! J’ai donc bien fait de l’envoyer pourrir au cachot, histoire de ne pas perdre la face devant ma cour. Sais-tu que De Brent et Nielsen s’y sont opposés ? Qu’as-tu, tu es toute pâle ?
 
C’est le bébé, ne mentit-elle qu’à moitié. Il remue énormément.
 
Très réjoui, cette fois, Eridan la laissa, non sans lui recommander un repos maximum avec le terme très proche.  
 
*Tu parles !*
 
Dès qu’elle fut seule – ou presque – Alix réfléchit beaucoup. John était là mais sûrement pas pour se vendre à l’ennemi commun. Que pouvait-il venir chercher ici ? Elle ? Impossible ! Tout le monde s’en fichait de ce qu’elle devenait.  De l’une à l’autre de ses réflexions, elle conclut :
 
*Il est là pour Ysaline. Quelque chose a dû lui arriver…*
 
*Qu’as-tu à t’en mêler maman ? Tu ne dois penser qu’à moi…*
 
*Suis pas prête de t’oublier, crois-moi ! Mais tant que tu es au chaud en moi, fous-moi la paix !*
 
Eh merde, bébé était récalcitrant. Ses courtes visites à John furent très douloureuses, tant au physique qu’au moral. Elle lui apprit la formule, la lui insuffla, la lui répéta jusqu’à la graver dans son crâne, mais il n’y eut pas que ça.  Michael était si proche… Impossible de résister à tenter d’au moins l’entrevoir un instant. Se montrer, non ! Il avait une autre femme dans sa vie, gravissait les étages vers le sommet, à quoi bon l’ennuyer avec elle ?  Elle se tapit dans un coin en retenant sa respiration tandis qu’avec son frère, son vrai mari ourdissait un plan de sauvetage pour John.
 
*Tu entends, maman ? Ils ne parlent pas de toi. Je veux que ton amour pour cet homme devienne haine, que cette haine s’amplifie, me grandisse encore, MOI !*
 
*Je veux que tu la fermes !*
 
Courir se cacher, pleurer un bon coup, penser, penser.
 
*Tu penses trop. Je déteste Lucas et Cécile, encore plus que Michael. Tu ne dois penser qu’à moi, maman !*
 
*J’y pense, tu m’y obliges !*
 

*Oui mais, maman, je n’aime pas tes idées, pas du tout. Tu n’es pas sans savoir les risques de me perdre, n’est-ce pas… ?*
 
Le rejeton était plus qu’incrusté à présent : il était omniprésent, ne lui laissant quasi que 5 misérables minutes de répit par heure. Il blablatait continuellement, revenant sans cesse sur l’imminence de sa naissance.
Peu après la fuite de John qui créa un ramdam de tous les diables, Voldy JR se montra encore plus insistant :
 
*Arrange-toi pour toucher Eridan. JE dois savoir ce qu’il manigance au juste à mon sujet, maman. Tu peux le faire ! Surmonte ton dégoût. Je suis en toi, avec toi, je t‘aime Maman.*
 
Elle non, il le savait, le ressentait. Cependant, le contrer à longueur de temps usait meilleure résolution d’autant que bébé en rajoutait une couche avant d’en porter, la rendant malade pire qu’un chien.
Affolé, Eridan surgit à son chevet. En quelques jours, Alix avait réellement fondu, ne mangeant quasi rien, remettant tripes et boyaux sans arrêt.  
 
C’est donc vrai ? Tu le fais exprès, n’est-pas ? Salope !
 
Il la frappa à volée ne s’attendant pas au réflexe de protection qui lui agrippa le poignet avant la seconde baffe.
 
*JE SAIS !!! hurla de plaisir dément la voix en elle. Maintenant, lâche-le, remettons-nous d’attaque, maman chérie !*
 
Elle connut également tous les plans infâmes conçus par « son » Seigneur.  Bébé avait raison de se méfier : sitôt né, Eridan voulait le sucer, lui pomper l’âme ou ce qu’il en resterait. Il avait aussi un impérieux besoin de Michael et d’Erik qu’il vouait prochainement à un destin aussi funeste.
 
*IL NE GAGNERA PAS !!!! beugla bébé*  
 
Alix récupéra rapidement des forces. L’ennui pour l’implanté fut qu’elle put, enfin, occulter convenablement son esprit propre et entier, sans parasite. Mentir à tonton, elle l’avait si souvent fait. Le bluffer devint plaisir…   
 
Quelques jours d’accalmies se produisirent. Alix avait appris, par bruit de couloir, qu’Erik avait supprimé Zaurak, mais elle savait par l’écriture même de son beau-frère qu’il n’en était rien.
Avec Michael, elle communiquait extrêmement rarement, hélas. Lui en voulait-il ? Certes, il était si occupé… Elle commençait enfin à s’arrondir, au grand plaisir d’Eridan lorsque les rumeurs d’une grande colère du maître lui parvinrent. Apparemment, ses espions travaillaient bien, le renseignant sur certains faits et gestes gênants. Que des dirigeants infectés se réveillent l’horripilait. Sauf qu’il y eut pire : il avait Erik dans le collimateur.
 
*Pourquoi a-t-il attiré l’attention en ramenant ouvertement Opal ?*
 
Inutile d’interférer avec le Seigneur des lieux qui, grandiloquent, déclara à sa cour :
 
Demain soir, tous, sans exception, nous assisterons à la présentation d’une nouvelle courtisane. Des choix doivent être faits !  
 
Impossible de contacter quiconque, de toucher Eridan afin de connaître ses intentions. Grands atours, apparats, tout y fut.  
Le « ciel » complet fut au rendez-vous pour voir s’avancer… Opal.  
 
*Quelle crâneuse… elle ignore les risques…* Tais-toi, mais tais-toi !*
 
Car, elle tenait tête à l’astre principal dont l’énervement croissait par l’affrontement verbal inattendu. De loin, voir Michael flanqué de Lady Sadira la désolait plus encore que d’imaginer les suites de cette joute. Puis, brusquement, la discussion s’envenimant, Eridan fit entrer en scène Miko, l’alliée d’Erik, le prenant à parti :
 
CHOISIS !!! Deux femmes t’aiment…choisis celle qui te sied !!!
 
*C’EST IMMONDE !!*
 
Elle aurait voulu hurler, s’insurger clairement car seule une issue fatale était possible.
 
*Il va tuer la délaissée !!*
 
Contre toute attente, alors qu’Erik et Michael tentaient de s’opposer, Opal opéra une manœuvre inoubliable en invoquant ses dieux ancestraux. Agirent-ils, d’autres ? Le fait demeura que les deux femmes agenouillées face au maître s’enfumèrent bellement.  
Dans le chaos régnant, Eridan demeura glacé. Il se tourna vers Erik :
 
Tu viens de perdre définitivement ta place au firmament de MON étoile, toi que je m’apprêtais ce soir à nommer Angetenar. Tu es décevant, incapable d’un choix simple. Ta légitime a fui, preuve de sa félonie, donc de la tienne.
 
Déjà, des gardes s’emparaient d’Erik. Du coin de l’œil, elle lut la résolution de Michael d’arrêter l’exécution. Oui, il fallait empêcher ça mais pas comme ça, pas maintenant, c’était trop tôt !!
 
*C’EST TROP TÔT ! * cria-t-elle les mains crispées sur son ventre rebondi.
 
Déclencher l’accouchement, et alors ? Elle aurait fait n’importe quoi pour éviter des morts inutiles.  
 
ELLE PERD LES EAUX ! s’affola sa suivante l’accrochant, protectrice.
 
IL allait naître ce soir-là. Le silence régna…
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Le retour des ténèbres...  Empty Re: Le retour des ténèbres...

Message par Michael De Brent Sam Jan 17 2015, 19:40

Intrigue. Conspiration. Rébellion. Sédition. Trahison. Il y avait assez comme pour occuper jours et nuits. Les rumeurs couraient les couloirs, croissaient dans les salles, se ramifiaient, diversifiaient, s’emmêlaient, déformaient, transformaient le secret en ouï-dire proche au pire ragot, ôtant tout intérêt vérace à l’information initiale. Impossible de s’y fier sans vérification intense. Travail ardu pour les comploteurs de l’ombre, les vrais.
On tirait des conclusions savantes, mais l’unique à retenir était que l’insatisfaction et la crainte campaient à tout niveau. Du seigneur le plus haut placé au plus insignifiant marmiton, tout le monde savait qu’il suffirait d’un mot, d’un simple caprice du Tout Puissant Maître des Étoiles pour décider une destinée.  Compte tenu de l’habitude en vogue de descendre quiconque en flammes sans préavis, l’ambiance régnant frayait la paranoïa la plus flagrante.
Daniel Brink n’était pas dupe des états d’âme du Chef. La morosité était à l’ordre du jour unie à une rage sourde qui le rendait presque mauvais. Comme pratiquement tout le monde, l’afrikaneer avait eu vent de la prochaine paternité de leur Seigneur et Maître, et sachant ce qu’il savait sur l’épouse de ce dernier, impossible ne pas comprendre ce qui agitait Michael.
                                          
*Ça va faire un pétard de fin de monde !*
 
Il ne le savait pas, mais il y avait déjà foule à l’avoir tirée, cette conclusion-là !
 
Les gars sont prêts, n’attendent qu’un signal de ta part,  assura t’il, ce soir-là quand réunis pour le rapport du jour, Michael semblait broyer plus de noir que d’habitude.
 
Pas encore…qu’il mette tous ses pions en place, ce sera plus facile à démanteler alors ! IL semble pressé, ces derniers temps.
 
Daniel hocha la tête, remua mal à l’aise à sa place en cherchant ses mots avant de risquer une question directe :
 
Tu penses que cela est lié à la future naissance ?
 
Michael lâcha les papiers qu’il semblait examiner avec tant d’attention et le fustigea d’un regard noir.
 
Qu’est-ce que tu sais sur ça !?
 
Ce que tout le monde sait…et tu le sais aussi, sinon pourquoi cette humeur de chien enragé ?, pause prudente en guettant une réaction furieuse qui ne vint pas, désolé, mon vieux…pas facile, l’affaire mais, à ton avis qu’y a-t-il de vrai dans ces rumeurs extravagantes ?

Geste agacé, ennuyé, las.
 
Toute rumeur a un fond de vérité, mais le seul qui a le fin mot de cette histoire est …LUI…Passons à autre chose, veux-tu…
 
Mais ça le taraudait, jour et nuit. Inlassablement. Il savait ses mercenaires fidèles et avait pour eux une mission capitale mais il faudrait encore attendre. Alix l’exprimait clairement dans ses messages à Erik. Attendre. Elle lui avait adressé quelques mots mais il avait laissé la rancœur prendre le dessus et n’y avait pas répondu, s’en voulant affreusement sans pourtant y remédier.
 
*Vaillant imbécile…qu’y peut-elle ?...Ouais…qu’y peut-elle !? Si seulement elle donnait une explication…une simple, courte explication…*
 
Mais le moment n’était pas aux mises à jour qui lui conviendraient. Les nouvelles de l’autre côté n’étaient pas toujours réjouissantes. Si un de virus, la version populaire, avait facile, façon de dire, remède, l’autre, Hydra, donnait bien du mal aux investigateurs. Eridan jubilait. Michael multipliait les insomnies. Il savait qu’outre manipuler l’humanité entière, le Grand Maître gardait encore une carte de triomphe sous la manche, et comme l’avait bien vu Daniel, c’était en rapport avec la naissance de cet héritier tant attendu. Eridan en parlait à s’en emplir la bouche, rayonnant, pas d’orgueil mais d’une folie sans mesure. Il y avait bien autre chose qui lui échappait et dont personne, même le Seigneur Beid, habilement cuisiné pour livrer sa version, n’avait su éclairer, simplement, et il fallut l’accepter, parce qu’il méconnaissait les noirs desseins  de son Aîné.
 
Elle n’est point coupable, crois le moi…elle a résisté autant que possible en feignant, en mentant…, jura Beid vaincu, et triste, je l’ai lâchement abandonnée à la volonté du Maître…Qui étais-je pour la contrer ?
 
Que faire d’autre que le laisser aller ? Rapporter sa mésaventure ? Il avait certainement autant peur de la réaction d’Éridan que de la vindicte de Michael., son silence était assuré. Cela le fut.
Éridan comme tout tyran qui se respecte, subissait les éclats de sa propre gloire. Son ambition démesurée donnait souvent lieu à des méprises et conséquentes déceptions.
 
Je pensais le Ministre prêt à régler l’affaire entre nous…À adhérer à notre Ordre !
 
Et pas à dire, il avait l’air d’y avoir cru ferme.
 
C’est pas tellement ça, Maître, riposta Michael agacé, il veut surtout éviter la mort de centaines de civils innocents de part et autre…je vous assure que Lord Davenport n’a aucun souci de vous faire ou pas plaisir !

Mais tu avais dit que possiblement…
 
Je me suis trompé, voilà tout !...Les Moldus interviennent et il en reste pas un seul d’entre nous pour raconter l’histoire…on a beau assurer le contraire, leur pouvoir nous surpasse!
 
Il est des vérités qu’on encaisse mal. La vision d’une possible défaite mettait Eridan dans tous ses états et Michael préféra aller voir ailleurs que subir les foudres de son Maitre en pleine crise. Mais cela ne fut pas de longue durée. Deux jours plus tard, il fut convoqué à la cour et dut prendre sur lui pour ne pas se trahir en reconnaissant l’homme qu’on amenait face au Maître. John Smith.
 
MENTEUR ! hurla aussitôt Eridan, à l'adresse de Smith, tu es ici avec un but tout autre ! J’ignore encore lequel mais je saurai te faire cracher le morceau après tes dents !  

C’était décidément mal parti pour l’entreprise de médiation.
 
Mon Seigneur, ce n’est pas manière de traiter un ambassadeur, quels soient vos soupçons, intervint Michael, sûr que ça ne donnerait rien mais insistant tout de même, on ne peut courir le risque d’une attaque moldue…nous en avons parlé ! *Tiens bon, John…*
 
Erik y mettait du sien mais le Boss s’en donnait à cœur joie avec les Doloris.
 
Il est résistant ! grinça Eridan. Au cachot ! Nous poursuivrons l’interrogatoire au matin.
 
Michael se dépêcha d’ordonner qu’on emmène le malheureux ambassadeur au cachot, là au moins il aurait relativement la paix.
 
Tu défends bellement notre ennemi, remarqua Eridan, l’œil mauvais.
 
Je ne défends rien d’autre que la survie de la Cause, Mon Seigneur…une ambassade est signe de bonne volonté, or vous venez de ficher en l’air tout espoir de pourparlers !, assura t’il imbu d’arrogance, vous êtes le Maître mais désolé de vous dire, n’avez pas la moindre idée de relations publiques !

Bien entendu, il s’en fallut de peu pour qu’il rejoigne John aux cachots mais Erik, décidément plus habile à la négociation, arrondit l’affaire et on s’en tira avec une tirade survoltée de Sa Grâce Étoilée.
Magouilles et magie, conjuguées donnent des résultats étonnants. Déjouer Éridan était mot d’ordre. Invisibilité et autres artifices s’utilisèrent pour visiter le prisonnier, lui apporter du réconfort, partager des informations et préparer son évasion. La mort d’Ysaline à moins de connaître la formule correcte en un laps de temps très distinct, le remua profondément. Cette lutte les unissait tous, ils en souffraient tous sans distinction. Michael se doutait bien qu’Alix aussi jouait dans l’ombre et quand John assura avoir la formule, on se joua le tout pour le tout.
 
Je l’ai éjecté hors du réduit avec sa baguette…ce qu’il a pu faire après, pas idée…mais ça va nous tomber dessus, petit frère…prends garde…Oui, Alix est aussi venue…je le sais…je le sens…*Je la sens…si proche…et si loin !*

Curieusement les foudres ne se déchaînèrent pas, en apparence d’autres soucis occupaient le Maître de la Constellation.
 
*Le plouc a des soupçons …il nous en prépare une à sa façon, ma main à couper !*
 
Sadira essayait de le calmer, Zaurak, visité au fond de son cachot doré, restait pragmatique dans son dramatisme théâtral et prévoyait des retombées.
 
Il jouera de tous les registres, sois en sûr…du plus vil au plus inespéré…Sois prêt, ça peut tomber n’importe quand…la surprise, c’est son fort !

C’est fou ce que je me sens rassuré. Tiens bon toi aussi, Zaurak…je pressens que la fin ne tarde pas !
 
Tu pressens bien, mon ami…faut encore savoir de quelle fin on parle, si de la sienne ou de la nôtre ?
 
Michael lui tapota le bras, en souriant de travers.
 
Toi, t’es déjà mort, pour les effets…pas de souci, on essayera de tourner le vent à notre faveur !
 
Mais  le vent tourna, tout simplement, à sa guise.
 
Demain soir, tous, sans exception, nous assisterons à la présentation d’une nouvelle courtisane. Des choix doivent être faits !, proclama le Grand des Grands,  question de mettre son petit monde en ambiance.  
 
Échange de regards plus ou moins affolés, ce genre de mises à jour mettait tout le monde mal à l’aise, mais cette fois Michael devina sans mal qui cela visait. Erik brillait par son absence et curieusement il fut impossible de le contacter.
 
*Triple vieux salaud…il prendra mon frère de court…Erik n’aurait jamais dû amener Opal ici !*
 
De retour au manoir, Sadira qui ne se doutait de rien se montra pleine d’appréhensions.
 
Y a-t-il une autre qui suscite ton intérêt ?...Aurais tu un choix à faire ?
 
S’il en était ainsi, ma chère, je pense que tu aurais été la première à le savoir…Je n’ai pas de temps pour ça…Non, c’est de ma belle-sœur qu’il s’agit…Erik n’a su résister au désir de l’avoir près de lui, au moins il a eu cette liberté !

Soulagée, elle se montra douce et conciliante, un peu trop peut-être, se voulant rassurante, outrepassant certaines limites établies mais après un baiser d’inoubliable douceur, il l’écarta. Elle n’insista pas,  résignée à n’être que ce qu’elle était : une bonne camarade de combat.
 
Alors, tu crains pour lui…pour elle, pauvre femme…
 
Je ne décrirais pas ma belle-sœur comme une pauvre femme…Opal est très spéciale…tu le verras sûrement demain ! Maintenant va dormir, j’ai encore à faire…
 
La laissant à se faire les idées qu’elle voudrait, il alla chercher Daniel Brink et le trouva en train de fumer au sommet de la tour.
 
C’est pour demain, mon vieux…Suis convoqué chez LUI…vous serez de la partie, comme convenu…on se la joue le tout pour le tout…demain à cette heure on saura à quoi s’en tenir, sois en sûr !
 
Pas le temps de se risquer à joindre Justin. Le moment était venu de mettre à l’épreuve le plan conçu depuis longtemps. Son copain lui en voudrait de tant de cachotteries mais devrait faire avec.
Nuit blanche, surtout avec la visite de Zaurak aussi insomniaque que lui.
 
Tu as tout bon…la petite est le point de discorde…juste un prétexte de Sa Grandeur pour précipiter les choses, ce qui me dit qu’IL a un as dans la manche, le vieux salaud…Il a sa façon à lui de faire le ménage, Zaurak…Ne me dis pas que tu as cru dur comme fer qu’IL m’a ouvert le chemin vers la gloire pour rien…IL m’a utilisé, tout comme il l’a fait avec toi et le reste…IL croit que je lui ai acquis l’appui des mercenaires…qu’Erik lui a donné celui de sa troupe …On n’est que des pions…
 
Mais et la petite ? J’ai tellement envie de connaître la femme qui règne dans le coeur d’Erik…tu sais, je l’aime comme à un fils, ce gamin…

Je t’en suis gré, Zaurak…il aurait aimé avoir un bon père…si tu veux, fais une de tes apparitions…tu seras surpris, Opal est une sacrée fille…elle va te plaire ! Si tu as le temps…mets la au courant…elle saura à quoi s’en tenir !...Non, Erik était curieusement absent ce soir, lors de l’annonce, envoyé ailleurs…tu vois le genre !

Il voyait. Ce  qui se passa le lendemain soir, nul ne le sut, mais le fait est que les événements s’enchaînèrent avec la précision d’horlogerie suisse.
C’était un soir inhabituel, on sentait la tension régnante et comme s’en faut, pour parachever le détail sinistre, un orage de fin de monde se déchaîna. Michael n’avait d’yeux que pour Alix, présente, si bellement arrondie. Il connaissait sin bien l’effet que lui faisaient foudre et éclairs, mais là, elle demeura d’un calme olympien, alors qu’une voix de stentor annonçait l’entrée en scène de la proie du jour.
Parée comme une princesse, Opal avançait vers le Grand Maître la tête haute, sans crainte et fidèle à  soi-même ne mâcha pas ses mots pour faire remarquer que la Légilimencie appliquée lui déplaisait grandement. Comme on pouvait s’y attendre, Éridan écuma de rage et Opaline chérie, riposta comme si rien.
 
*Elle est folle mais merveilleuse !*
 
Mais bien sûr, on n’en resta pas là.
 
TOI !, rugit le grand sire en signalant Erik, tu as osé faire venir cette créature…

Ce qui sembla beaucoup vexer la belle qui riposta, gracieusement.
 
Pardon… je suis sa femme…humaine jusqu’aux bout des ongles, créature, c’est bon pour…euh…les licornes ?

La suite ne donna pas lieu à interprétation. Tant d’audace c’était de trop pour le Maître, qui opta pour le grand jeu. Miko fut traînée à ses pieds et il imposa à Erik de faire son choix. Ou sa femme ou sa maitresse ? Sans laisser à personne le temps de se faire une opinion sur l’échéance, Opal joua le numéro des dieux anciens et disparut avec la japonaise laissant tout le monde le souffle coupé.
La sentence ne tarda pas, fou furieux, Eridan débita son laïus de la déception en signalant Erik, assez abasourdi. Les derniers mots tombèrent comme couperet :
 
Ta légitime a fui, preuve de sa félonie, donc de la tienne.
 
Des gardes accouraient. On jouait le dernier acte et le moment était venu de passer  à l’action finale. On saisissait Erik, Michael allait donner l’ordre d’attaque lorsqu’un cri, étranger à tout, retentit :
 
ELLE PERD LES EAUX !
 
Arrêt sur image. Un silence énorme plana sur l’assistance figée. La voix de la suivante retentit, plus aigüe encore, et à l’instant rien ne fut aussi important que le fait que Madame accouchait. Éridan sembla oublier les griefs contre son prochain, les gardes baissèrent leur attention et Erik en profita pour esquiver la menace.
Pendant un instant, Michael sentit que le monde s’effondrait autour de lui mais sut se reprendre assez comme pour orchestrer la suite. En un clin d’œil l’endroit fut en pouvoir des mercenaire armés jusqu’aux dents, semant la panique entre les présents, sorciers de pure souche.
 
On se calme et on se tait. Évacuez sans bousculade, la fête est finie, nouvelles consignes demain…et s’il vous plait, pas d’actes d’héroïsme inutile, mes hommes ont ordre de tirer sur tout celui qui brandira une baguette !!!

Net, propre, rapide et efficace. Un coup d’état tout comme il faut. En deux temps trois mouvements, les troupes dissidentes avaient pris le contrôle des lieux. Éridan lui, s’occupait sur un autre plan, plus astral sans doute, loin de la révolution qui mettait en échec sa vision de victoire illimitée.
 
Il est avec elle !, informa Zaurak en apparaissant là où on l’attendait le moins, c’est-à-dire auprès de Michael, pas un mot…pas un geste qui puisse dérager…il saura assez tôt qu’on a tout fichu en l’air !

On se posta à proximité des appartements de Madame et on attendit. Rien. L’orage avait cessé et on se trouvait plongé dans un silence surnaturel, face à un panneau clos qui ne laissait rien filtrer.
Combien d’heures cela dura ? Personne n’aurait su le dire sciemment. Zaurak demeura tout du long aux côtés de Michael, jouant de sortilèges informulés pour le tenir au calme, devinant qu’il se fallait de très peu pour que l’homme brise le calme,  la porte et tout ce qui se mettrait sur son chemin.
 
*Alix…mon Alix…mon amour…tiens bon…je serai là…tout finira ce soir…Alix…ne me quitte pas !*
 
Il aurait pu pleurer, d’en avoir la force. Tout son être était figé d’angoisse, de douleur, de ce mal insurmontable, de ce goût à défaite, d’horreur…Il se sentait lâche, faible, vaincu, terrassé d’amour mais aussi de haine…On lui avait volé son Alix…leur vie…Ressasser ses misères, son manque, et tout ce qui allait avec occupa son esprit Merlin seul sait combien de temps, l’abstrayant de la réalité…
 
Puis, un hurlement indescriptible de douleur, chagrin et horreur mêlés rompit l’attente…Michael fonça, sans écouter Zaurak. Panneau fracassé, entrée en force…
La scène découverte le tétanisa. Éridan, l’air plus fou que jamais, tenait le nouveau-né, rougi de sang encore uni à sa mère par le cordon ombilical, taisant son premier cri de sa bouche,  aspirant, avide, comme un Détraqueur l’essence de cette petite âme…
 
*Ce n’est pas possible…pas ÇA !*
 
J’AI SON ÂME…JE SUIS LUI !!! JE SUIS LE MAÎTRE ABSOLU !!!
 
En cet instant précis tout fut d’une irrévocable, épouvantable clarté.  La révélation finale. L’Échec et Mat absolu.
 
Surgissant à côté de Michael, baguette brandie, vengeur, Zaurak émit un grondement d’ours enragé.
 
MEURS DONC EN PLEINE GLOIRE, Ô ÉTOILE DES ÉTOILES !!!
 
La mort cueillit Éridan en plein délire, le nourrisson inanimé lui échappant des mains…D’un réflexe de père patenté, Michael cueillit le petit. Un bébé parfait. Un petit garçon. Un tout petit garçon qui ne semblait plus vivre, attaché encore à sa mère…
 
Les paroles d’Eridan lui revenaient, si révélatrices, son engouement maladif pour Voldemort, les rumeurs sur le Reliquat, les dires de Beid… C’était si répugnant, si atroce et si réel…et Alix si pâle, exsangue presque, mourante peut être…Il posa le petit être sur sa poitrine, inconscient d’être en train de hurler en pleurant comme un damné.
 
Mon amour…ma douce…reviens…ne me laisse pas !!!, il relevait sa tête, la couvrait de baisers et larmes, cherchant son pouls, le trouvant, filant, presqu’imperceptible, tout va aller bien…on va s’arranger…ALIX !!!!
 
On l’écartait, on s’occupait de la mère et l’enfant, on emmenait la dépouille du dernier Maître des Étoiles. On l’entraînait lui, ailleurs, il ne savait pas où. Zaurak avait pris l’affaire en main et donnait des ordres, impérieux. Si on s’étonna de le voir revue d’entre les morts, personne n’osa contredire cette résurrection.  Pour les soumis, un maître en valant un autre, autant se taire et suivre le mouvement. Au matin, le règne d’Eridan passait à l’histoire, on s’inclinait face au nouveau maître, Zaurak, celui qui était revenu d’entre les morts. Mine de rien, ça faisait du bien d’alimenter une légende.
 
Doigts légers courant dans ses cheveux. Douce caresse. Michael resta les yeux fermés, savourant la sensation. Encore au creux du rêve il prononça son nom mais l’illusion se brisa aussitôt.
 
Non, mon chéri…je ne suis pas elle…mais pour le moment tout comme si…Chut ! Ne dis rien…tu as besoin de repos !
 
Au diable le repos ! Démentant tout ce qu’on pouvait penser sur son état de terrassé par les  émotions, Michael repoussa la belle Sadira et bondit, malgré les efforts faits pour l’en empêcher, de son lit.
 
Je dois voir Alix !!!
 
Ni rien ni personne ne put l’empêcher de gagner les dépendances visées et arrivé là, ni gardes ni dames de compagnie  ne surent freiner son élan. Alix reposait dans son lit, presque aussi blanche que les draps, mais parfaitement éveillée tenant  contre son sein, le nouveau-né qui s’alimentait goulûment. Il resta là, sans mots, fixant la scène. Abasourdi, au début, terrorisé deux secondes plus tard mais cédant à la folle impulsion de l’embrasser à en perdre haleine, l’instant d’après.
 
Alix…mon amour... Je  t’aime…je t’aime tant…ma vie n’est rien sans toi…
 
Le bébé ne tétait plus, son attention semblait attirée  par l’intrus qui interrompait cet instant précieux. Il fronça son bout de nez et émit un gargouillis avant d’enfler ses petits poumons et se mettre à pleurer avec douloureuse désolation. Alix le serra contre elle et il se calma.
 
Tu sais, n’est-ce pas ? Tu sais CE qu’IL est, non ?... Tu sais CE qu’IL signifie…ma chérie…je t’aime par-dessus tout au monde mais JE DOIS…Alix…tu ne raisonnes pas…je comprends mais…ALIX ! Je t’en supplie…raisonne…ce n’est pas ce dont il a l’air…C’EST LUI !!!...On ne peut…

Elle exposa ses arguments sans perdre le calme, qui l’eut dit, elle qui avait l’air si faible, défendait sa position avec tant d’ardeur, alors que Bébé semblait suivre le débat en dodelinant, adorable.
 
Pense à Lucas, à Cécile…nos enfants, ma douce…nos enfants qui nous attendent… LUI il n’est que l’artifice d’un dément…Il  n’est qu’un monstre…
 
Elle parla, parla, sans élever la voix, et en dit, des choses.  Escrima des raisons, étala des évidences, rappela des faits pas plus vieux que la veille.
 
Michael hésitait, partagé entre ses convictions et son amour pour Alix.  Il avait tellement mal d’elle, chaque fibre de son corps la réclamait mais son esprit se refusait d’accepter  un raisonnement qui allait, à son avis, contre nature.
Alors, elle releva le bébé, si doux, si beau, si  innocent et avant qu’il n’ait pu l’éviter l’avait  mis dans ses bras. Coup bas, il resta là,  à bercer le petit, en le contemplant, comme le plus parfait des idiots.
Michael De Brent
Michael De Brent

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