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Un monde fou, fou, fou.

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Un monde fou, fou, fou. - Page 2 Empty Re: Un monde fou, fou, fou.

Message par J.O West Jeu Jan 09 2014, 21:19

Eh, je vous signale que je ne fais qu’exécuter ce que VOUS avez voulu. Venez pas vous plaindre si je suis emmerdeuse, mangez !
 

*Angéliquement vôtre ! *
 
Sur ces entrefaites,  Michael fit une remarquable apparition dans un triste état. On sut plus tard que sa virée à l’Allée des Embrumes avait connu une fin aussi étrange que douloureuse alors qu’il  venait de rencontrer Erik et Opal.  Chacun tira ses propres conclusions, Angel les résuma de manière éclatante quoique cryptique :
 
Tout conforte le fait qu’ON – ne me demandez pas qui – s’emploie à nous séparer de nos amis en évitant que l’on fasse à nouveau fonctionner la machine !
 
Machine qui, en plus avait disparu. J.O rafla discrètement ce qui restait du gâteau au chocolat, ces transformations à répétition pompant beaucoup d’énergie, il fallait se ressourcer. Tant pis si on le prenait pour un goinfre. La dernière miette avalée il visait une tarte aux poires mais Michael le devança. 
Ce qu’avait dit tantôt Alix, en ton de reproche, le faisait se sentir presque mal à l’aise :
 
On ne peut pas dire que vous êtes des mines d’informations, toi et Michael !
 
Qu’est-ce qu’elle croyait ? Qu’il restait tout le temps à se faire gratter l’oreille en faisant le gros dos pour mendier un câlin ? Décidemment, ces deux femmes  n’étaient pas des plus douces ! À croire qu’elles leur en voulaient, à lui et à son complice, de ne pas avoir les idées trop claires. Pas sa faute si pour commencer on l’avait lardé de plomb et si l’autre se faisait évacuer de sa mission par La Force Supérieure en service.  À son avis, à part se plaindre ou donner des ordres, les deux misses ne faisaient pas grand-chose non plus.  Lui au moins savait se servir d’un ordinateur, même si ce n’était pas de tout repos faire des recherches avec ce cher Tonton faisant des apparitions inopinées, sans doute pour vérifier que le fauve n’ait pas bouffé son adorable nièce.
La menace de visites inopportunes étant écartée pour la soirée, Michael décréta qu’ils allaient se mettre au travail.
 
Celui-ci est un équipement de base, pas technologie de pointe dont on aurait besoin pour hacker correctement certains sites bien sécurisés.  Sans être nous-même sécurisés on court le risque de se faire détecter en  moins de deux…

Michael était conscient du risque encouru  mais les alternatives ne leur laissaient pas d’autre recours. Ils repassèrent consciencieusement ses laborieuses avances et bon an, mal an progressèrent un peu plus jusqu’à tomber sur ce qu’ils cherchaient.  L’information  était assez renversante : les braqueurs si recherchés avaient réussi à fuir, et se trouvaient en Russie, bernant ainsi joliment Scotland Yard.
 
*Eh ben dites donc…qu’on me pende si je pige à quoi on joue encore !*
 
Pas qu’il fut essentiellement  abruti mais ce revirement ne signifiait en rien que leurs mésaventures touchent à leur fin. Ils demeuraient encore et toujours coincés dans cette version de leur monde qui ne leur convenait pas du tout.  Comment expliquer leur présence là, alors qu’on les supposait en Russie ? Qui étaient-ils, à la fin ? Pris dans ses réflexions il n’avait même pas remarqué le retour d’Angel qui le fixait d’un drôle d’air.
 
Je parlais seul ?...Ça m’arrive quand je veux dénouer une affaire qui me tracasse, se défendit-il, non….il est encore là mais est allé raconter notre trouvaille à Alix…Viens voir toi-même !
 
Il lui céda sa place face à l’écran et pendant qu’elle lisait, il prit son temps pour la détailler. Elle était délicieusement jolie et cela n’avait rien à voir avec sa mise de fille fortunée. C’était un fait naturel en elle, sa façon de se mouvoir, de sourire, de pencher la tête, de plisser les yeux en se montrant véhémente, même boudeuse elle était à croquer…tout comme en colère, ou en râleuse…
 
Cette placide contemplation fut brisée bruyamment par l’apparition d’un De Brent hors de lui, tenant de la peau du cou le secrétaire particulier de Lord Peventies, suivi d’une Alix assez en émoi.  En peu de mots, Michael les mit, Angel et lui, au courant des faits.
 
Oui, ça tient la route…son travail lui laisse une large marge d’action, il a accès à des infos de première main sur les déplacements des sujets visés…Lord Peventies et Miss Grisham ne mènent pas une vie de tout repos d’après ce qu’on a appris sur le NET…fêtes, réceptions, croisières…avec leurs riches amis…et leurs bijoux si prisés…
 
Déduire le pourquoi du comment tenait de la simplicité même.  Angel sembla choquée et le fut encore plus quand avec Michael, ils décidèrent d’interroger McGovern à fond.
 
Dommage pour lui que vous n’ayez pas de Veritaserum sous la main…Non, Angel, on ne va pas attendre que tu ailles en chercher Dieu sait où…Calme toi et laisse nous faire…ou va dans ta chambre !

Elle dut le fulminer d’un regard à le faire tomber mort mais J.O l’ignora vertement  s’occupant uniquement de son boulot du moment.  McGovern roulait des yeux terrorisés en se demandant de quoi seraient capables ces deux gars à l’air pas commode.  Ce revirement de situation le dépassait complètement, aux dernières et rassurantes nouvelles, ses deux sbires préférés avaient pris le large en faisant la nique aux limiers de Scotland Yard. Ses prudents et toujours efficaces contacts, en ce cas à Moscou,  avaient rondement mené l’affaire et mis les braqueurs le plus recherchés du Royaume Uni, hors d’atteinte…et voilà que, surgis de nulle part, se pointaient ces deux-là, copies conformes des deux fugitifs. Soit, identiques aurait été trop dire, ces deux-là avaient un air d’intelligence éclairée  absent chez les autres, qui sans manquer d’audace n’avaient rien d’une paire de génies.
 
Qui êtes-vous ?, se risqua t’il à demander.
 
À votre avis ?, ricana J.O, disons qu’un bout de votre pire cauchemar  mais on n’est pas là pour faire causette, plus vite vous nous dites ce qu’on veut savoir et moins de mal on vous fait, cela vous semble correct ?

Je ne sais rien ! Je ne sais rien de rien !
 
Voyons, McGovern, on se raconte pas des histoires…Vous vous êtes vendu tout seul, allez crachez moi ce morceau, sans quoi…ça va faire mal !, et tout en parlant, révisait posément le chargeur d’un pistolet, l’armait pour le poser sur la table bien en vue.
 
Le secrétaire de Lord Peventies commença à trembler. Il ne fut pas long à passer aux aveux. Précis, complets, très informatifs, sans besoin d’avoir recours  au grand numéro de la persuasion coercitive. J.O avait été tout le temps conscient du regard d’Angel fixant sa nuque, comme si elle s’attendait à le voir démolir brutalement le bonhomme, chose qu’il aurait faite d’être nécessaire, sans trop de sursauts de conscience.
Comme il en découlait des activités secrètes de McGovern,  il n’était qu’un subalterne important dans une opération bien structurée, filière, elle-même d’une organisation-mère en voie d’expansion : Les Chacals, reliquat du règne d’un  grand baron du bas monde, Voldemort.
Michael était de l’avis de remettre le secrétaire en service après le traitement conséquent pour lui faire oublier sa soirée houleuse tout en s’assurant de le tenir sous contrôle, le gardant comme appât pour pincer ses complices.
 
*Parfait. On le garde à l’œil, on découvre la filière, on pince les escrocs, trafiquants et autres…ET ? On va où après ?*
 
Après avoir remis McGovern en état, Alix disparut avec Michael.  Angel, qui était allée changer sa robe de soirée revint, surprise de le trouver à tourner en rond comme fauve en cage.
 
Ben, c’est juste comme ça que je me sens…Viens, sortons nous aussi faire un tour…j’ai besoin d’air frais !...Ah bon ? Pas envie de sortir…Je comprends !
 
Son dépit menaçait de tourner très vite à évident mécontentement. Peut-être qu’elle avait raison, finalement et il n’était qu’un pauvre imbécile gâté pourri qui ne voulait en faire qu’à sa tête ? Il n’était qu’un duc capricieux qui s’attendait à que tous et chacun lui passent ses lubies ? Il alla se servir à boire et faisant encore un effort pour se montrer civilisé s’enquit sur les désirs de la belle mais comme on pouvait s’y attendre, elle ne voulait que de l’eau. Polie et distante.
 
Tu vas la finir, oui ?…Ça suffit avec tes chichis….c’est quoi tout ça, à la fin ?...Tu as peur de moi ou quoi ?...Je me demande pour qui tu me prends vraiment ! On se farcit des trucs pas possibles ensemble et ça dure depuis un moment et toi , tu me traites toujours comme si j’étais le copain débile qu’on supporte faute de mieux…c’est ça que je suis pour toi ?...Te gêne pas pour me le dire, au moins comme ça je serai fixé…, il vida son verre et le reposa brusquement sur la table,  excuse-moi, si je te semble un peu brute sur les bords mais être enfermé ne me sied pas…je sors !...Où ?...Par-là, va savoir, on doit faire des rencontres sympas dans un coin si fréquenté ! …
 
Il alla regarder par la fenêtre  comme qui calcule le point de chute au cas de sauter. Angel dut prévoir qu’il ferait quelque chose dans le genre, car elle s’approcha et le prit du bras en voulant savoir ce qui se passait.
 
Fâché ? Moi ? Meuh non, voyons, tu vois pas que je suis plus heureux qu’un pinson ?...Ironique ? Que te fait croire ça !?...Faut pas oublier que déplacé ou pas, je suis toujours ce que tu as décidé que je sois…mais bien sûr, ma chérie, tu mets des étiquettes à tout et à tous…moi, je suis le duc chiant, je me comporte donc comme tel, question de mettre les pendules à l’heure…Oui, figure-toi que ça m’agace et pas qu’un peu…Pourquoi ? Tu en as des bonnes…que dirais tu si je te mettais aussi une gentille étiquette  et te traitais en conséquence ?, petit rire sardonique, regard légèrement mauvais, suis sûr que tu aimerais pas trop…allez, assez pour un soir…Repose toi bien, fais des beaux rêves ou va faire ce que tu voudras, moi je prends le large pour un moment…à demain !
 
Et cette fois, elle ne put pas empêcher l’once de sauter tranquillement par la fenêtre. Il atterrit sur un muret et de là sur la pelouse heureusement déserte à cette heure-là, filant bon train, il ne tarda pas à atteindre une hauteur rocheuse qui dominait le paysage paisible sous la lune.
 
*Super…maintenant elle croit avoir affaire avec un fou…Tant pis !...Cebius avait raison avec ses histoires de classes sociales, nobles à la noblesse, plébéiens à la plèbe…Surtout pas se la jouer au morganatique…c’est complètement débile…*
 
Elle avait laissé la fenêtre ouverte. L’once n’eut aucun mal à se faufiler de retour à la suite avant que les premiers promeneurs matinaux ne hantent les alentours.  Michael , allongé sur son lit, fixait le plafond très concentré au lieu de dormir tranquillement.
 
Suis allé faire un tour…ouais, ça a des avantages, on peut sauter des fenêtres sans risque de se casser la gueule…Tu retournes à l’Allée ?...Moi ? Ben, je reste ici à jouer les minets et tenir McGovern à l’œil, s’il y a du nouveau j’aviserai…
 
Angel touillait son café en faisant semblant de lire un journal. Il prit place face à elle, se  servit sans rien dire et mangea rapidement, en silence. Posant ses couverts, il dit enfin :
 
Ton café doit être froid et le journal se lit mieux à l’endroit !...Désolé pour hier soir, mais ça m’arrive de péter un câble…suis comme tout le monde, non ?, il se passa la main sur le visage d’un geste las,  suis fatigué… Non, pas trop…je me suis baladé dans les collines, chassé du lièvre…ça me remet d’aplomb…alors, c’est quoi le programme du …
 
Pas le temps de finir la question, la porte s’ouvrait sans qu’on ait toqué. Transformation instantanée pile poil pour voir apparaître Lord Peventies tout sourire.
 
Bonjour, ma chérie, bien dormi ?...Je suis venu te proposer de sortir à cheval,  ce matin…il fait si beau.

Moment de flottement. Miss Grisham pâlit. J.O aurait presque pu entendre les rouages de son cerveau lancé à toute pour trouver la parade idéale. La miss était rapide et trouva l’excuse la plus bidon des excuses du genre pour s’éviter la balade équestre.
 
Oh ! Désolant, en effet…je m’étais dit qu’un peu de grand air ne te ferait que du bien, tu es bien pâlotte…peut-être pourrions-nous marcher alors, les alentours sont magnifiques et si tu peux tenir en laisse ta bestiole…je pense que se dégourdir les pattes lui plaira certainement.
 
*Ah non…suis crevé, moi !*
 
Mais il était dit que dans cette vie, même les minimes écarts de conduite, seraient sanctionnés.  Angel n’allait pas si facilement effacer son ardoise compte tenu de son bel éclat de la veille au soir. Elle sembla prendre un malin plaisir à lui passer collier et laisse pour l’entraîner à la suite de Milord, jouir des beautés de la campagne écossaise, l’air vif et les pentes escarpées…
Et pour une balade, celle-là en fut une, dans toutes les règles de l’art. Lord Charles , très en forme, menait sa nièce bon train et  la panthère de neiges traînait la patte.
 
Il n’a pas l’air trop en forme, ton gros minet, ma chérie !
 
*Voudrais t’y voir, moi…en laisse, comme un brave toutou…c’est dénigrant ! Lâche moi un peu et tu vas voir…*
 
Vers midi, le noble monsieur les surprit avec une halte, très bienvenue, avec pique-nique inclus. Des paniers pleins de bonnes choses avaient été apportés jusqu’à ce point convenu d’avance par un McGovern plus empesé que d’habitude. Il y avait même un gentil gigot d’agneau tout cru pour le chat de la maison, qu’il grignota distraitement avant de s’endormir tranquillement à l’ombre  jusqu’à ce qu’on redonne le signal du départ.  Compatissant, Milord annonça que le retour se ferait en voiture. De nouveau à la suite,  tonton proposa café et partie de cartes à sa nièce chérie qui ne put qu’accepter. Faute de mieux, J.O s’installa dans un coin, roula sa grosse queue sur museau et oreilles et fit un semblant de siester tout en écoutant la conversation d’une oreille.
Soirée dansante !  Elle s’était vraiment mise en beauté, et partit avec la vague promesse de ne pas rentrer trop tard.  Alix avait sa soirée libre et pour autant Michael ne se pointa même pas. Livré à lui-même, James Oliver Strang-Westwood envisagea sérieusement de vider le bar mais en y pensant bien opta pour aller faire un tour dans l’espoir de trouver un bon arbre pour observer la fête.  Il trouva la place idéale et tout se serait déroulé pour le mieux si une blonde idiote ne l’avait remarqué, perché à une grosse branche. Elle fit un tapage de tous les diables et il dut détaler avant que ça ne se corse.
 
*Bienvenue, le sermon !*
 
Faute de mieux, il s’enfilait son troisième whisky  quand la porte s’ouvrit. C’était Angel mais elle n’était pas seule.
 
*Le comble, voilà qu’elle ramène un copain…*
 
Mais ce n’était pas exactement le cas.  La miss discutait, assez énervée et apparemment son chevalier servant de service insistait pour entrer. Le panneau s’ouvrit complétement, la scène ne pouvait être plus édifiante.
 
Voyons, ma toute belle, on s’est bien amusés…on peut jouer les prolongations ici…à seules !
 
Tu veux rigoler, mon pote…!*
 
Mine de rien, il se pointa en mode gros minet content. Monsieur se surprit un peu de l’apparition de ce chat surdimensionné. Pour mieux faire, J.O montra gentiment ses jolis crocs. Dommage que les onces ne puissent pas rugir, ça lui aurait vraiment fait plaisir. L’autre pas ému pour autant, continua avec son cirque mettant la miss en précaire position. Ne voulant sûrement pas vouloir ameuter l’hôtel, elle se contentait de le repousser mais cela ne suffisait pas.
 
Bon sang, triple connard, tu comprends pas quand on te dit que non !, et de lui envoyer le poing en pleine figure.
 
Au lieu de se déclarer forfait, l’entreprenant riposta. S’en suivit une mêlée digne de chats de gouttière avec le conséquent tapage. Des portes s’ouvrirent, on sortait. Entre autres, Lord Peventies en personne. Pour alors, J.O avait eu le dessus et l’autre à moitié assommé opta pour se perdre dans la petite cohue suscitée.
 
Par St. Georges! On assassine quelqu'un? Angel, quel est ce désordre?

J.O s’essuya le sang de sa lèvre fendue et essaya de reprendre une allure pleine de dignité, ce qui s’avérait un peu difficile.
 
Je pense, Milord, que le moment est venu de mettre cartes sur table !, et avant que le cher homme ne place mot, sa nièce le poussait dans la suite.
 
Mais voyons, Angel…quelles sont ces manières, qui est cet homme ?
J.O West
J.O West

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Un monde fou, fou, fou. - Page 2 Empty Re: Un monde fou, fou, fou.

Message par Angel Grisham Mer Jan 15 2014, 10:55

*Qu’est-ce que l’on fiche dans cette galère ?*
 
Cette question, Angel Grisham se la posait cent fois par jour depuis le fameux « retour » du passé. Là, elle se la formulait encore en revêtant une des magnifiques toilettes achetée en compagnie d’Alix. Elle sourit néanmoins au miroir de sa chambre qui lui renvoyait une image assez inédite de sa personne bien moulée dans un fourreau noir mettant en valeur son teint de nacre.  Peu de fards, chignon sage, pas de bijoux, elle se jugea très… passable. Hélas, ni son apparition ni son départ de la suite ne reçurent le moindre écho. Alix s’ennuyait ferme à regarder les messieurs bien trop occupés sur l’ordinateur pour remarquer quoique ce soit d’autre qu’un écran.
Un peu dépitée de ce désintérêt total de la part de celui vers qui tendaient ses rêves, Angel participa peu aux efforts de conversation de son oncle durant un dîner interminable à la fin duquel s’invitèrent soudain deux jeunes hommes :
 
Veuillez excuser cette interruption, Lord Charles, salua l’un très courtois. Puis-je espérer que vous vous souveniez de moi ? Nous nous sommes croisés chez mon père, il y a trois mois à Brighton.
 
Le visage d’abord sévère du tonton s’éclaira alors d’un sourire :
 
Luke ? Luke Hamilton ? Comment va ce cher vieux Reginald ?
 
Une politesse en entraînant une autre, on fit le tour des présentations. Le second quidam, un grand rouquin nommé Jeffrey Barnes ne cacha pas sa fascination pour Miss Grisham. Tandis que le rejeton Hamilton échangeait des potins avec Lord Peventies, Jeff entreprit immédiatement la jeune femme dans une conversation aussi débridée que rasoir. Entre deux questions auxquelles elle répondait par monosyllabes, le yankee se raconta en long, large, et travers. Qu’en avait-elle à cirer qu’il adore les greens anglais, chevaux, nature, etc. ? Proche du bâillement, Angel surprit cependant des bribes de la conversation voisine. Il lui sembla entendre le mot braqueur et, se désintéressant sans remords du moulin à parole, elle se fit plus attentive :
 
…Arrêtés à Moscou ? s’exclamait tonton. Voilà une bien bonne chose !

Qui a-t-on arrêté, mon oncle ?
 
Avisant sa nièce, il compléta :
 
Les braqueurs jolis cours, ma chérie ! Tu te souviens, non ? Ils ont opéré quasi sous notre nez à Brighton. J’espère que Réginald va récupérer sa collection d’œufs de Fabergé, le pauvre !
 
Décomposée, Angel s’excusa rapidement, prétextant un brusque coup de fatigue. On ne la retint pas vu sa mine affectée, non sans lui souhaiter prompt rétablissement et plein de gentillesses.
L’ascenseur n’avançait pas mais elle se sentait trop nerveuse pour risquer un transplanage express.
Aux quatre cents coups, elle vola jusqu’à sa suite où elle marqua un arrêt sur image en tombant sur un J.O en train de soliloquer.
 
Tu parles aux murs ? Où sont les autres ? Michael n’est pas parti, au moins ?
 
Je parlais seul ?...Ça m’arrive quand je veux dénouer une affaire qui me tracasse, se défendit-il, non….il est encore là mais est allé raconter notre trouvaille à Alix…Viens voir toi-même ! 
 
Elle qui bouillait d’envie d’annoncer une révélation s’était fait doubler par une machine électronique. À l’écran s’affichaient les détails sur l’arrestation des braqueurs. Tous ces éléments lui créèrent un fameux chambard sous le chignon un peu malmené par sa course dans les couloirs. Mais elle n’en était pas à une surprise près car Michael et Alix entrèrent en cadenassant un énergumène très connu :
 
James ? Mais que lui voulez-vous à ce brave homme ? Vous n’allez pas imaginer que… ?
 
Hélas, il y avait plus que de l’imagination dans des faits : le majordome et confident de son oncle connaissait les braqueurs ! Selon leurs fumeuses déductions, McGovern pouvait être celui qui organisait les braquages.  
 
C’est insensé ! Vous devez vous tromper... Vais aller chercher de quoi faire cette potion, et vous verrez que…
 
Elle ne put pas en placer plus car J.O, comme s’il se fichait de sa poire, intervint :
 
Calme-toi et laisse-nous faire…ou va dans ta chambre !

Ce ton aigre, cette fin de non-recevoir la peina beaucoup. Quelle mouche le piquait ? Trop estomaquée pour répliquer, elle se contenta donc d’assister à l’interrogatoire du suspect qui révéla bien des choses, dont une qu’Angel n’apprécia pas. Jamais elle n’aurait cru James Oliver capable d’être aussi froid, menaçant, voire dangereux.  
 
*Comme quoi, on en apprend de belles et… moins belles dans les situations extrêmes…*
 
Le « plan » consista à tenir McGovern sous étroite surveillance, remonter grâce à lui la filière jusqu’aux Chacals dont il n’était manifestement qu’un pion banal parmi tant d’autres. 
 
*Avec ça on sera bien avancés…*
 
Puisque nul ne lui demandait son avis – à croire qu’à part potiche décorative, elle ne servait à rien – Angel alla passer une tenue plus décontractée. Dans sa tête trois fronts distincts s’opposaient, de quoi l’agacer. Une part voulait réfléchir à leur présence dans cet univers déjanté, une autre se concentrer sur le cas McGovern, la dernière – l’affectant le plus – concernait l’attitude de J.O vis-à-vis d’elle.
 
*Je me suis fait des idées, ce gars ne s’intéresse pas du tout à moi. Quelle gourde, Merlin quelle cloche ! Dans un sens tant mieux, il a deux visages ce type et pas des plus beaux !*
 
Plus tourmentée qu’elle ne l’aurait souhaité, elle revint au séjour où – zut – elle le trouva en train d’arpenter le tapis. Vu l’humeur apparente, elle se força à afficher un profil très bas, tenant ses distances autant que possible. Elle refusa sortie, alcool, redoutant à peu près n’importe quoi mais pas un tel emportement brutal :
 
… Ça suffit avec tes chichis….c’est quoi tout ça, à la fin ?...Tu as peur de moi ou quoi ?...Je me demande pour qui tu me prends vraiment ! *Et moi, donc !*… je sors !...Où ?...Par-là, va savoir, on doit faire des rencontres sympas dans un coin si fréquenté !
 
Le voyant s’approcher de la fenêtre ouverte, elle paniqua un peu :
 
He, tu ne vas pas… sauter, hein ? Qu’est-ce que tu as ? Tu es fâché ? Qu’est-ce que j’ai encore fait ?  
 
La suite fut un poème de récriminations très injustifiées aux yeux de la jeune femme qui les reçut en pleine gueule comme autant de gifles cruelles.
L’once sauta qu’elle n’en était toujours pas revenue.  
 
VA AUX DIABLES ! cria-t-elle aux murs.  
 
Longtemps, elle fixa le plafond de sa chambre, ne pouvant empêcher des larmes amères de s’échapper de ses paupières bouffies. Même la moitié de la bouteille de scotch ne parvint pas à lui donner un soupçon de repos tant le sentiment de perte était profond et douloureux. Les mots insultants, méchants, la cinglèrent toute la nuit.
 
… je suis toujours ce que tu as décidé que je sois… moi, je suis le duc chiant, je me comporte donc comme tel, question de mettre les pendules à l’heure…
 
*Il pige que dalle. Tant pis si « sa » seigneurie est vexée. Il vient de prouver à quel point il est con, mesquin, petit… T’es qu’une idiote Angel Grisham. Fais une croix dessus et pense sérieusement à la situation plutôt qu’à cet infatué de soi !*
 
Le sommeil dut la prendre sans qu’elle s’en rende compte. Angel râla ferme devant son miroir qui lui renvoyait si bien ses états d’âmes. Vive la magie ! Elle récupéra son frais minois mais pas sa gaieté d’autant, qu’à peine dans le séjour, elle réceptionna le chariot du petit-déjeuner roulé par une Alix aussi fermée qu’elle-même. Outre les plats pour trois, elle amenait pourtant un splendide montage floral dont la vue accéléra ses battements de cœur :
 
*Au moins, il n’a pas perdu son savoir-vivre !*
 
Le mot joint la désillusionna toute. Il émanait d’un Jeffrey Barnes lyrique, s’informant de sa santé, la suppliant presque de lui accorder sa présence, etc.
Furieuse, elle exécuta un « évanesco » incendiaire, la gerbe s’évanouit, laissant place à une profonde amertume.  Perdue dans ses pensées tumultueuses, les triant, essayant de chasser J.O de son esprit, elle ne remarqua pas le refroidissement de son café, ni le journal à l’envers posé sur ses genoux. Caustique, le duc débarqué s’en chargea avant de déclarer :
 
...Désolé pour hier soir, mais ça m’arrive de péter un câble…suis comme tout le monde, non ?... Suis fatigué…
 
Elle aurait souhaité moins d’acidité dans son ton personnel mais répliqua :
 
Trop couru sans doute ?
 
Non, pas trop…je me suis baladé dans les collines, chassé du lièvre…ça me remet d’aplomb…alors, c’est quoi le programme du …

Elle allait répondre en ignorer la teneur quand tonton se pointa in petto. J.O se transforma, ouf !
 
Bonjour, ma chérie, bien dormi ?...Je suis venu te proposer de sortir à cheval,  ce matin…il fait si beau.
 
Une idée, vite ! Hors de question de se risquer d’aller au corral lieu de prédilection du yankee !
Moue souffreteuse, elle dit :
 
Suis trop barbouillée encore du repas d’hier. *Pourvu qu’il ne regarde pas le chariot…* Le cheval ? J’ai mal au cœur que d’y penser. Puis, laisser seul mon chat…
 
Tonton, quoique compatissant, tint à sa balade matinale, engageant même Angel à mettre en laisse son chat pour les accompagner.
Elle aurait dû être très heureuse de placer collier et laisse à minet, seulement Angel n’avait jamais possédé une once de méchanceté dans sa vie.
 
*Navrée… Tellement…* pensa-t-elle en posant le harnachement.
 
Oui, il faisait beau dehors. Angel régla l’allure des hommes sur celle de l’animagus, par veine docile. Tonton, adorable et prévenant, avait tout prévu pour un pique-nique, même de la viande crue pour minet qui ne tarda pas à roupiller dans son coin. Nièce et oncle bavardèrent de divers sujets et projets, rien de grandiose. Angel aurait préféré qu’il la boucle pour réfléchir à son aise mais l’heureux homme ne pouvait s’empêcher de commenter :
 
Sais-tu que je suis absolument ravi de ton attitude récente, Mon ange ?  Tu ne sais à quel point elle me comble !
 
Il n’y a que les imbéciles qui n’évoluent pas, grinça-t-elle en pensant à J.O.  
 
Alors, je suis encore plus satisfait. J’aimerais que tu me donnes tes impressions sur le jeune Barnes ? N’est-il point charmant ?  
 
Absolument ! *Tu parles !*
 
Et tonton de vanter les mille et une qualités supposées de l’Américain en goguette.
 
*Ouais, ouais ! Fils à papa, bourré de fric, oisif immodéré…* Il m’a dit tout ça, oui.  
 
On en reparlera plus tard, n’est-ce pas ? Le temps se couvre. J’ai prévu la voiture pour rentrer.  
 
Lord Peventies ne se lasserait donc pas de sa présence ce jour ? Café, parie de cartes dans la suite ! Et reblabla sur leurs loisirs et autres sujets.
 
Ce soir, il y aura soirée dansante, sorte de gala de charité. J’ai promis ta participation, ma puce. J’y tiens…  
 
J.O la bouda, donc elle fit pareil. Michael était parti où il l’avait jugé bon ; Alix – secrète- ne confia rien de ses intentions.  
Hier en noir, ce soir en rouge : pas plus d’effet sur le renfrogné de service :
 
J’escompte beaucoup m’amuser *ça me changera !* Fais-en autant. Il ne devrait pas y en avoir pour des heures.
 
À peine avait-elle posé un escarpin dans la salle qu’Angel fut happée par deux cavaliers empressés, bientôt suivis par d’autres prétendants amicaux. Lord Peventies évinça les candidats, accordant sa nièce au bras de…
 
*Jeff… Quel prénom stupide ! *
 
Au moins, il dansait bien et ne lui écrasa jamais les pieds. Par contre ses oreilles furent hautement bassinées de propos dont elle se serait bien passée.  Entre les danses, le yankee descendait allègrement les coupes de champagne et… parlait. En ayant ras-le-bol de ses compliments de plus en plus appuyés, Angel s’apprêta à le planter là sauf que, emporté par sa verve imbibée, l’autre eut le malheur de lâcher des propos inattendus.
 
*Non, non… c’est impossible !*
 
Et pourtant… En additionnant les faits… Elle devait savoir ! Tirer les vers d’un nez plein de verres se révéla un jeu d’enfant. Sidérée, Angel n’eut plus qu’une hâte : se débarrasser du pot de colle et retrouver J.O.
 
Vous m’excuserez cher Jeffrey mais je suis fatiguée ce soir, et…
 
Laissez-moi vous raccompagner, ma fleur !
 
De son coin, Tonton semblait l’encourager. Ni le lieu, ni le moment pour un scandale. L’ascenseur fut un supplice. S’il n’y avait eu le groom, Angel aurait sûrement malmené l’entreprenant cavalier qui devait s’imaginer… n’importe quoi.  
Dans le couloir, même scénario.
 
*Toi, tu ne paies rien pour attendre !*
 
Pensant qu’un bon coup de baguette assommerait le quidam, Miss Grisham à son grand dam constata qu’avec son esprit à l’envers, elle avait oublié de l’emporter. Ouvrir la porte, la refermer à son nez ! Voilà l’idée.  
 
Merci Jeff pour cette bonne soirée, veuillez me laisser maintenant.
 
Voyons, ma toute belle, on s’est bien amusés…on peut jouer les prolongations ici…à seuls !
 
Elle évita de justesse un baiser dégoutant :
 
Quoique vous pensiez, vous avez tort et risquez de le regretter. Dois-je mettre les points sur les i ? Fous-moi la paix, connard !
 
Elle n’en serait pas venue à bout sans l’intervention de minet qui, sous cette forme hélas, ne démonta pas l’ivrogne. J.O, alors, ne le rata pas.
Oh, la belle bagarre ! Angel aurait pu s’en réjouir si le boucan de la rixe n’avait ameuté les curieux dont…
 
 Par St. Georges! On assassine quelqu'un? Angel, quel est ce désordre?
 
Mince, il avait transplané ! Prise de court, la miss ne put que subir le mouvement imposé par un J.O toujours remonté qui paraissait vouloir abattre des cartes. Tonton leur emboîta le pas, fermé :
 
Mais voyons, Angel…quelles sont ces manières, qui est cet homme ?
 
Avant  que l’animagus ne l’ouvre, Angel piqua sa baguette à son oncle qu’elle stupéfixa.
Lentement, encore essoufflée par sa lutte, elle soupira :
 
Merci beaucoup de ton intervention, J.O… c’est ça, vas-y, te gêne surtout pas. Engueule-moi à nouveau, suis blindée… oui, bien sûr que je vais expliquer mais, d’abord, appelle les autres, s’il te plaît… parce que je ne tiens pas à me répéter *Andouille !*
 
Tandis qu’il expédiait son patronus - un très bel oiseau, du reste – Angel servit deux whiskies. Elle avala le sien quasi d’un trait, s’en resservant aussitôt un autre sous l’œil moqueur du duc de Gilmore :
 
… non, je n’ai rien bu de la soirée moi ! Là, j’en ai besoin…
 
Il la railla en prenant son verre ; elle se força au calme en haussant les épaules :
 
… je sais que tu imagines plein de trucs sur mon dos et je m’en fous maintenant. J’ai été assez idiote pour en imaginer aussi sur toi. C’est dommage, c’est tout… Lesquelles ? ( rire sans joie) J’ose pas les dire, ta scène d’hier m’a suffi. On a plus que nos pitoyables erreurs à affronter, là. *Bon Dieu, ils en mettent du temps pour répondre, les autres !*

La situation s’éternisant, ni l’un ni l’autre ne l’ouvrant davantage, Angel alla quérir son bois magique et invoqua son patronus personnel.
 
*Eh merde !*
 
En lieu et place de son hermine habituelle se matérialisa une splendide crécelle. L’ordre de rameuter les troupes fusa. Placide en apparence, Angel rangea sa baguette sans regarder J.O :
 
Suis perturbée.
 
Un autre verre la tenta, elle sentait les larmes se pointer or ce n’était pas le moment. Nouvel haussement d’épaules, soupir à fendre l’âme, elle releva finalement le menton :
 
Tu voulais savoir ce que je pensais de toi, « ta » seigneurie ? N’exulte pas ! Ce patronus ne prouve rien du tout. À un moment, la potiche qui ne sert à rien, celle qui colle soi-disant des étiquettes au dos du monde, a eu le malheur de s’enticher de « ta » gracieuse personne. C’est tordant, non ? Tu étais si… gentil, attentionné, prévenant. Tu as presque réussi à me faire croire à l’impossible. Heureusement c’est terminé. J’ai vu que vu à quel point tu pouvais être glacial, tordu, méchant ! … J.O, n’avance plus !... non, tais-toi, je ne t’écouterai plus... J.O arrête-toi…
 
Rien n’y fit. La baguette trembla de plus belle, hésitant à fustiger l’homme qui, mi-figue mi-raisin la prit dans ses bras. Elle se sentit perdue sous le regard triomphant qui la dardait. Vaine dérobade, elle tenta :  
 
T’as pas le droit ! T’es qu’un traitre, tu
 
Leurs lèvres à un centimètre, un crack les fit sursauter et se retourner. L’air mécontent, Michael et Alix débarquaient :
 
… euh, non. Aucun dérangement ! s’empressa Angel en totale confusion… Oui, on vous a appelés… Je voulais juste vous présenter quelqu’un…
 
Elle désigna son oncle :
 
Voici votre Chacal !  
 
Stupeur et rigolades. On commença à la railler ferme quand un rire énorme retentit :
 
Vous en avez mis du temps à piger, mes amis !
 
Tous, ébahis, regardèrent un Djinn hilare.      
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Un monde fou, fou, fou. - Page 2 Empty Re: Un monde fou, fou, fou.

Message par Alix Blackstorm Mer Jan 15 2014, 11:06

Très sincèrement, en toute innocence logique, Alix avait réellement cru que Michael venait l’informer d’une avancée marquante dans le problème où ils pataugeaient quand on avait frappé à sa porte. Sa tête face à celle qui s’encadra prouva qu’elle était à mille lieues d’y voir un McGovern chagriné.
 
Peu importe qui est Michael mais si vous tenez à le savoir, il est dans votre dos, James.  
 
L’affaire aurait pu s’avérer marrante dans un Vaudeville classique : le mari surprenant l’amant dans la chambre de la fautive. Sauf que là, rien d’hilarant, au contraire. Le majordome resta comme deux ronds de flan face à un De Brent outragé :
 
 Tu…étais…à Moscou !
 
*Ils se connaissent ?*
 
Apparemment oui… et non. Comprenant les choses comme il le voulait, Michael stupéfixa le « galant » d’Alix avant de, vert, retourner sa rogne contre elle :
 
…On est à côté…tu ne pouvais plus attendre pour le revoir !?...Et ne me dis pas que tu ne sais pas de quoi je parle ! Je sais que tu as dîné avec lui hier soir !...
 
Rire, pleurer, se vexer ? Bonne question. Puisque Michael tenait tant à poursuivre son délire en devançant ses répliques, elle le laissa vider son fiel tout son saoul. Crut-il qu’elle allait lui faire pousser des cornes lorsqu’elle tapota sa baguette contre son drap en signe d’impatience ? Le fait est qu’il s’excusa, gauche :
 
… je ne voulais pas faire de scandale…ça m’a pris de court…mais on parlera de ça plus tard…On vient de tomber sur une info étonnante…et là, je viens de faire une découverte inattendue…
 
*Que tu es stupide à tes heures perdues ?*
 
Les faits révélés s’avérèrent d’une nature vraiment surprenante, sans aucune relation avec la leur, quoique… Le tel McGovern, l’homme charmant qui lui faisait une cour empressée, avait tout d’un rouage dans la machination où J.O et De Brent étaient tombés. La menace de mauvais traitements, l’attitude déterminée de ses bourreaux potentiels firent chanter le majordome de Lord Peventies comme pas deux. Il n’était cependant qu’un élément dans l’engrenage des Chacals. On le filerait pour huiler la machine, oubliette à la clé.
Peu après l’interrogatoire, Michael insista pour l’emmener balader. Il ne désirait, soi-disant, que lui parler. Pourquoi refuser ? Alix imagina plein de chose en transplanant avec lui dans l’humidité du lac proche.
 
*Il va me parler des Chacals… à moins qu’il veuille m’engueuler pour avoir dîné avec James… Il n’a pas l’air à l’aise, en tout cas.*
 
Histoire de se donner une contenance, elle exhiba des cigarettes qu’ils fumèrent en silence.
Bien que se préparant mentalement à affronter n’importe quoi, elle ne s’attendait pas, mais alors pas du tout, à… ça !  Ça, c’était une musique céleste, un air délicieux, inouï qui démarra pourtant en à-coups maladroits comme un moteur récalcitrant manipulé par un chauffeur débutant pour s’achever en symphonie par des mots incroyables :
 
… Je t’aime, Alix.  
 
D’abord, la jeune femme fixa ses pieds, s’étonnant de les voir bien posés au sol alors qu’elle les pensait flotter dans les airs. Et puis c’était quoi ce tambour dans sa poitrine ? Elle resta là, tête basse, ne parvenant pas à expirer autre chose qu’un petit :
 
Ah…
 
Quelle que soit la tête tirée par Michael, elle n’en sut rien. Grelottant toute soudain, elle exhala :
 
J’ai froid, je rentre.
 
Tel un automate au ralenti, se refusant à analyser quoique ce soit, Alix se déshabilla. La toilette complète effectuée ne chassa en rien son abattement. Noyée sous sa couette, elle se prépara au débat intérieur qui ne la raterait pas. Le tribunal de sa conscience démarra son crescendo de questions-réponses :
 
*Avoue que tu es satisfaite je l’ignore. Toutes oies blanches se laisseraient facilement gruger, tu tombes dans le panneau ?... je ne suis pas si idiote. Mais tu aimerais l’être, n’est-ce pas ?... oui, non, peut-être. Je t’aime, Alix . Tu crois cela ?... pourquoi non ? Il avait l’air sincère ! L’air, seulement l’était-il vraiment ? Dois-je te rappeler qu’un chasseur pareil n’est heureux qu’une fois sa proie à ses pieds ? …  Tu sais, tu es la première fille avec qui ca m’arrive...ne pas trouver mes mots, je veux dire…  
Il ne mentait pas ! S’il était comme tu le prétends, il ne s’abaisserait pas à de tels aveux… Que tu crois ! Cette stratégie en vaut bien une autre, regarde où elle te mène…  Ce qui s’est passé entre nous n’était pas une passade d’une nuit…pas pour moi…je voulais que ce soit le début… Tu te montes la tête, Alix ! Une fois le doigt dans l’engrenage, on ne s’en sort pas indemne. Serait-ce si grave ? Pourquoi n’aurais-je pas le droit d’être heureuse ? Des milliards d’hommes et de femmes se rencontrent, s’unissent pour la vie… Et se séparent la moitié du temps ! Qui ne risque rien, n’a rien ! *
 
La nuit complète passa à balancer entre le pour et le contre, la matinée aussi. De Michael, point de trace. Que fabriquait-il encore et où ? L’envie de projeter son patronus la tenta mais elle résista par peur de tomber sur une scène qui la meurtrirait. Peut-être Michael se consolait-il déjà ailleurs ?
 
*À condition qu’il ait du chagrin…*  
 
Angel et J.O étant de sortie, elle avait quartier libre. N’était-il pas temps d’approfondir l’unique piste à leur disposition pour résoudre leurs problèmes immédiats ?  
Décidée à aller voir ce que devenait McGovern après la séance précédente, Alix se renseigna auprès du personnel avec qui elle demeurait copine malgré son changement de statut. Les réponses furent unanimes : James avait pris sa journée de congé. Où diable s’était-il rendu ? L’unique moyen de localisation restant le patronus, Alix l’appela s’étonnant elle-même de la facilité avec laquelle elle l’avait créé rien qu’en se rappelant… certains mots.
Maintenant qu’elle était familiarisée avec le côté moldu, la jeune femme n’eut aucun mal à se fondre dans la foule des trottoirs londoniens. Ses vêtements de ville, ordinaires, ne la mettant pas en valeur, elle n’attira pas les regards, ce qui lui convenait parfaitement.  À dix mètres devant circulait la haute silhouette du majordome et secrétaire particulier de Lord Peventies. Il ne semblait pas prendre de précautions spéciales pour se dissimuler, au contraire d’elle qui n’avait qu’une expérience sorcière en espionnage. Certes, grâce à la télévision, elle avait pu se faire une idée sur les filatures à la moldu, mais… Sue le terrain, c’était moins évident que prévu.  Dans un calepin, à chaque occasion, elle nota les lieux et l’heure où McGovern s’arrêta. Kiosque à journaux, marchand de fish and chips, miettes jetées aux écureuils d’un parc : bref que de courts contacts sans intérêts.  Le gars semblait néanmoins avoir un but et un timing précis puisque, à plusieurs reprises, elle le vit consulter sa montre bracelet.  
 
*Ah… il va entrer dans ce bâtiment…*
 
La plaque de cuivre lui indiqua la destination quand elle y lut :
 
Étude notariale Parkinson and son.
 
McGovern chez un notaire ? Pourquoi faire ?
La patience n’étant pas le fort d’Alix, elle y entra quelques minutes à sa suite.  Les installations intérieures ne reluisaient pas de modernisme dernier cri, juste une salle aux murs couverts d’affiches de propositions ventes-achats, un petit bureau avec ordinateur et secrétaire. Pas de trace de McGovern. L’employée releva la tête à son entrée :
 
Vous désirez, Miss… ?
 
Euh…
 
Mince ! Voilà ce que c’est que de foncer tête baissée sans plan préalable.  
 
Je… je n’ai pas rendez-vous… je viens pour… *Que diable fiche-t-on dans un tel endroit ?* Un…
 
Concentrée à son souci, Alix n’avait pas entendu la porte s’ouvrir derrière elle. Lorsque l’arrivant parla, elle se retourna d’une pièce, le dévisageant avec un mélange de stupeur et de soulagement. Très à son aise, Michael lui prit le coude et inventa une fable tout à fait acceptable pour la préposée à l’accueil qui s’empressa de leur fournir des formulaires en leur adressant ses sincères félicitations. Remerciements, direction le parc. Assez chamboulée, Alix ne réagit qu’une fois assise sur un banc :
 
Lâche-moi ! Ta comédie est suffisante. C’est quoi ce cirque ? Un contrat de mariage ! Tu aurais pu inventer autre chose non ?
 
Moitié hilare, moitié furieux, il s’expliqua non sans la harceler de questions :
 
… exactement la même chose que toi, il semblerait ! J’ai suivi la seule piste que nous ayons : McGovern.  
 
Eut-il l’air déçu ? Tant pis s’il avait imaginé autre chose. Il ne se gêna pas pour critiquer sa façon de procéder, ce qui la fit mousser davantage :
 
… suis pas un as de la filature d’accord, mais c’est efficace. Tu t’y es pris comment pour arriver ici, toi ?
 
Sa méthode beaucoup plus moldue avait demandé patience et doigté pour un résultat identique au sien.
 
… Nous voilà beaucoup plus avancés, ironisa-t-elle. Tu sais… j’ai beaucoup réfléchi à… tout ça et…
 
De Brent était attentif mais pas envers elle qui croisait et décroisait ses mains.
 
*Dirai, dirai pas ?* elle oscillait.
 
La suite la prit de court. L’enlaçant soudain, Michael lui imposa le mutisme de la manière la plus délicieuse qui soit. Fou, délirant, renversant, le baiser la fit fondre complètement.  Répondre, répondre, Merlin que c’était enivrant.  Enfin il la laissa respirer :
 
Michael, je… Quoi ? Qui est passé ?  
 
Un signe de tête la renseigna : McGovern traçait son chemin en sens inverse du précédent.  Pas le temps de dire ouf, la traque reprit.
 
*Ce n’était donc que pour ça ?*
 
Au fond d’elle, elle aurait juré que non d’autant qu’il n’ôta pas son bras de ses épaules.
 
*Sous prétexte de donner le change en cas de retournement du quidam ? À d’autres !*
 
Il lui fit le coup du baiser deux fois, elle joua le jeu puis, faussement sérieuse, lui rendit la pareille au débotté :
 
Si, si, il allait se retourner !  
 
Pas dupe, Michael sembla enfin beaucoup plus heureux. Il était encore plus craquant quand il souriait ainsi au point qu’Alix s’en voulut presque de les ramener à des considérations plus terre à terre :
 
J’ai eu le temps de réfléchir, Michael… Oui, bien sûr sur nous aussi mais là n’est pas la question. Il s’agit de James… Je ne pense pas qu’il nous conduira où nous voulons sauf si… Tu as tout compris.
 
Il ne parut pas ravi car cela impliquait qu’à nouveau Alix approche de près le bonhomme. 
 
Ça ne m’amuse pas non plus de jouer les femmes fatales avec lui, crois-moi ! J’ai juste à me rapprocher assez pour lui prendre le poignet, rien de plus !
 
Lors de l’interrogatoire de la veille, perturbée par l’éclat de Michael, l’implication du majordome, elle avait oublié son don particulier consistant à lire dans les autres par simple contact.
 
En peu de temps je saurai qui lui donne des ordres et nous n’aurions plus à suivre ce plouc. Qu’en dis-tu ?
 
D’accord par la force des choses, Michael approuva. Encore fallait-il trouver l’astuce pour que la « rencontre » avec James paraisse naturelle. Le gars flânait sans but précis, maintenant son rendez-vous notarial exécuté. Puisqu’il se dirigeait vers une avenue commerciale…
Un petit transplanage et des recommandations entrecoupées de bisous plus tard, Alix baguenauda sur le même trottoir que McGorvern, droit dans sa direction. Feindre la surprise joyeuse, échanger des propos amicaux fut aisé.  Il fallait flirter un peu ? Elle ne se gêna pas surtout en sachant qu’un beau blond à proximité ne la quittait pas des yeux. Quoi de plus anodin que de boire un thé à une  terrasse bondée ? Manifestement James était ravi de l’opportunité de rencontrer Alix hors service :
 
Lord Peventies est très exigent, savez-vous Alix. J’ai si peu de temps libre ! Heureusement, aujourd’hui, je n’avais qu’une seule course à faire pour lui et le reste de la journée pour moi… pour nous, si vous le souhaitez ?
 
Miss Grisham m’a également donné ma journée ! s’exclama-t-elle comme enchantée de passer des heures avec lui. Qu’aviez-vous envisagé de faire de beau ? Je connais peu Londres…  
 
Blabla, blabla, l’addition réglée par James, ils se levèrent et marchèrent côte à côte un bon moment. Elle lui prit le bras, il fut enchanté, presque rougissant.  Mais plus James parlait en s’enflammant, plus les pièces d’un certain puzzle s’emboîtaient.
 
*C’est absurde ! * pensa-t-elle choquée par ses déductions.
 
Une vérification s’imposait ! Ils traversèrent un carrefour, avancèrent un peu puis :
 
James, quelle heure est-il donc ?
 
Il releva légèrement sa manche, Alix lui attrapa le poignet et pâlit.
 
Il… il est plus tard que je ne le pensais… oui, ça va, merci. On se voit plus tard à l’hôtel… non, je rentre par mes moyens, merci ! Bye !  
 
La tête à l’envers, elle rebroussa chemin à toutes jambes. Qui aurait pu croire ça ?
 
*Michael, t’es où ?*
 
Contente de le voir sur l’autre trottoir, elle s’élança. Un affreux crissement de freins, un choc…
 
Ouïlle, ma tête ! Qu’est-ce que l’on fait-là ?
 
Un baiser lui remit plus ou moins les idées à place mais moins que les explications de Michael.
 
… je suis désolée de t’avoir effrayé. J’ai été stupide tant j’étais pressée de te dire que… mais il fait nuit ??
 
Sa perte de conscience avait duré plusieurs heures. Michael, ayant réussi à freiner le véhicule tamponneur, l’avait embarquée pour éviter les curieux. Depuis, il se rongeait les sangs dans la petite chambre où on les avait acceptés sans trop regarder.
 
Michael, il faut que je te dise que…
 
Mais le sieur de Brent avait d’autres idées en tête. Désireux de s’assurer que tout fonctionnait correctement chez Alix, il entreprit un examen très minutieux de sa personne, n’hésitant pas à embrasser chaque partie douloureuse – à tort ou raison – de son anatomie. Le léger accident n’était pour rien dans la fièvre qui s’en suivit.  Rires et délires, l’exploration allait bon train quand, soudain, un patronus intrus les dérangea. L’oreiller expédié ne pouvait lui faire de mal, ils voulaient la paix.
 
Attends, attends, haleta Alix. Je voulais te dire… pour hier-soir… Je… je t’aime aussi, Michael !
 
Ils seraient bien restés ainsi enlacés jusqu’au petit jour si un autre patronus, inconnu jusque-là, n’était apparu.
 
Très grognons, tant l’un que l’autre, ils se rhabillèrent et répondirent à la supplique de la crécelle argentée.
Dans la suite de Miss Grisham, ils trouvèrent cette dernière en compagnie de J.O et de son oncle. Rien de si urgent que ça sauf que Lord Peventies était dos au sol, stupéfixé.
 
Voici votre Chacal !  déclara la nièce du coupable.
 
Que J.O et Michael éclatent de rire n’avait rien de surprenant. Alix soupira :
 
C’est ça que je courais te dire après avoir sondé James : Angel a raison ! C’est bien lui qui dirige tout le réseau !
 
Vous en avez mis du temps à piger, mes amis !
 
Bien qu’en ayant entendu parler, rencontrer un Djinn avait de quoi surprendre Alix qui s’accrocha direct au bras de Michael.  Chez tous régna un mélange d’incrédulité et d’espoir.  
 
Désolé de cet intermède obligé dans le décours normal de vos existence, mes amis.  Il me semble que vous êtes tous très pressés de revenir en mode… courant.
 
Les messieurs n’appréciaient pas le tour joué. Leur ton monta.
 
Si vous ne vous calmez pas, je boude ! Et quand un Djinn boude, il peut vous faire macérer des siècles au fond d’une lampe à huile !  
 
Force fut d’écouter ce que l’esprit facétieux avait à chanter :
 
Voyez-vous, je suis assez curieux de nature. Votre venue dans mon temps m’en a, en quelque sorte, libéré. Un Djinn libre peut voyager dans des mondes que vous n’imaginez même pas, et tout cela très, très vite. Quelle ne fut pas ma surprise de constater que votre Terre possédait une planète jumelle par-delà le soleil. Les siècles s’y déroulent à l’identique, les gens qui la peuplent sont pareils sauf que des micros événements font que leurs existences s’avèrent parfois très différentes par rapport aux vôtres. Je me suis dit : ce n’est pas juste !
 
*Non, c’est pas juste de nous avoir plongé là-dedans !* râla intérieurement Alix.
 

J’ai donc pensé à rééquilibrer les balances. Pourquoi vos homologues devraient-ils poursuivre une existence médiocre alors que vous, privilégiés qui s’ignorent – auriez tout ?  
 
Les questions plurent mais le Djinn en fut hélas agacé.  
 
Vous me remercierez plus tard de ce que j’ai fait pour vous… tous.
 
La question unanime demeura : que faire pour que tout rentre dans l’ordre ?
Le Djinn se gratta la barbe, de quoi les alarmer.
 
Vous êtes bien ingrats, il me semble. Aussi, je me contenterai de dire que vous comprendrez lorsque vous serez confrontés à vous-mêmes. Bon amusement !
 
Sans un bruit, il disparut comme il était venu, les laissant paf, voire en colère.   
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Un monde fou, fou, fou. - Page 2 Empty Re: Un monde fou, fou, fou.

Message par Michael De Brent Ven Jan 17 2014, 19:36

L’aveu capital ! Celui jamais fait auparavant ! Il ne savait pas exactement à quoi s’attendre mais sans doute à un peu plus que ce « Ah ! » étouffé, sans même le regarder suivi d’un  « J’ai froid, je rentre. » Et de le planter là, sur cette berge solitaire, sous la lune timide, lui laissant le loisir de se poser mille questions sur une situation qui lui échappait de bout à bout. Il passa un long moment à éplucher tout genre d’hypothèses, sans arriver à une conclusion satisfaisante, avant de trasplaner de retour à la suite.
Longue nuit et idées en cavale. J.O fut de retour au petit matin, d’humeur à peine abordable, et lui décidant qu’il était grand temps de continuer son investigation, laissa le duc à broyer du noir. James McGovern méritait toute son attention. Le bonhomme semblait bien remis de sa nuit agitée, de laquelle aucun souvenir ne devait subsister, et s’apprêtait à quitter l’hôtel pour se rendre en ville. 
Entreprendre une filature était un jeu d’enfants, surtout que l’individu n’en avait aucun soupçon et se baladait tranquillement, comme qui a la conscience parfaitement tranquille.  
 
*Mais…qu’est-ce qu’elle fout là !?*
 
Alix, en détective, était tout un poème.  Sa technique pour passer inaperçue laissait beaucoup à désirer, encore heureux que McGovern n’ait rien remarqué. Elle se montrait consciencieuse, notant sans doute tout détail qui semblait relevant.  Sans savoir si rire ou se fâcher, Michael se trouva à filer majordome et détective.
McGovern disparut dans le bâtiment,  Alix attendit quelques minutes et s’y engouffra à sa suite.
 
*Elle est complètement dingue… ou a un plan…*
 
Ce qui n’était pas du tout le cas. Face à la secrétaire-réceptionniste, Miss Blackstorm  essayait de trouver une parade pour expliquer son entrée impromptue.
 
Je… je n’ai pas rendez-vous… je viens pour… Un…
 
Tu m’as devancé, ma chérie…désolé du retard !, sans lui laisser le temps de réagir, il se tourna vers la secrétaire en souriant, c’est vrai que nous n’avons pas pris rendez-vous mais nous n’avons, pour le moment, que besoin des formulaires du contrat de mariage.
 
Demande agréée, sourires, félicitations sincères. Papiers en main, ils vidèrent les lieux en vitesse pour aller se poser sur un banc de parc, un peu plus loin.
 
Lâche-moi ! Ta comédie est suffisante. C’est quoi ce cirque ? Un contrat de mariage ! Tu aurais pu inventer autre chose non ?

Il la considéra mi amusé, mi fâché.
 
On fait ce qu’on peut quand on doit improviser, ma chère…C’est plutôt à moi de poser des questions, tu ne crois pas ? Je te laisse à l’hôtel et te retrouve à filer le suspect n°1…sans trop de science, faut dire. Veux tu me dire que voulais-tu faire au juste ?
 
Elle ne manquait pas de vivacité pour la réplique, ses yeux flamboyaient dangereusement mais même si elle semblait toute prête à se fâcher pour de bon, Michael la trouva plus séduisante que jamais.
 
Exactement la même chose que toi, il semblerait ! J’ai suivi la seule piste que nous ayons : McGovern.  
 
Il aurait préféré supposer que c’était lui qu’elle filait mais le moment se prêtait mal à ce genre de considérations.
 
Très louable de ta part mais pour entreprendre ce genre de jeu faut savoir s’y prendre, mon ange, et là, tu vas m’excuser mais tu t’y prenais comme un pied…tu étais plus évidente qu’un cheveu dans la soupe et…
 
Elle coupa court ses critiques officieuses en s’enquérant sur sa méthode à lui.
 
Je l’ai suivi depuis qu’il a quitté l’hôtel, faut dire que le gars ne faisait rien pour passer inaperçu, et arrivés en ville, suffisait de ne pas le perdre de vue…C’est alors que je t’ai aperçue…tu es très marrante en détective privé, heureusement que McGovern n’avait pas le moindre soupçon d’être suivi…sans ça…quoiqu’il en soit, reste à savoir ce qu’il venait faire chez ce notaire…

Nous voilà beaucoup plus avancés, ironisa-t-elle. Tu sais… j’ai beaucoup réfléchi à… tout ça et…
 
Tiens, du coup elle avait l’air passablement énervée mais il n’eut pas le temps de se poser plus de questions, du coin de l’œil, il venait d’apercevoir McGovern traversant la rue et venant en leur direction. Manœuvre de diversion ? En principe, ça aurait pu être l’être mais le fait est qu’il en brûlait d’envie depuis l’instant où elle l’avait quitté la veille au soir. Sans lui laisser le loisir de dire un mot de plus, il la prit dans ses bras et l’octroya d’un baiser dont l’effet fut plus chavirant que prévu compte tenu de la réponse perçue.
 
Alix, ma douce…
 
Michael, je…
 
Je voudrais rester là toute la journée à t’embrasser mais là, notre suspect vient de passer.
 
Elle eut l’air passablement ahurie quand il lui signifia McGovern qui s’éloignait tranquillement. Sans doute se posait-elle des questions sur son attitude mais pas de temps pour tirer les choses au clair, lui entourant les épaules de son bras, il l’entraîna pour suivre la filature.  Le majordome flânait comme un citoyen insouciant jouissant de la douceur du climat, sans soupçonner, dirait-on, d’être suivi.  Sans pouvoir y résister, Michael répéta deux fois sa manœuvre de diversion , Alix ne sembla pas s’en fâcher le moins du monde et ce qui est plus y mit du sien en le surprenant avec un baiser délicieux tout en assurant, malicieuse :
 
Si, si, il allait se retourner !  
 
Tu es merveilleuse !
 
Elle l’était, sans aucun doute, mais demeurait femme pratique. Qu’elle avoue avoir réfléchi sur eux le transporta de bonheur mais il y avait d’autre considérations plus terre à terre à tenir en compte. Selon elle, McGovern ne les conduirait là où ils voulaient, à moins de recevoir un peu d’aide. Aide qu’elle était parfaitement capable de fournir.
 
Ça veut dire que tu dois feindre une rencontre casuelle avec le plouc, lui faire des yeux doux !, grommela t’il en imaginant un scénario qui lui déplaisait de plus en plus.
 
Ça ne m’amuse pas non plus de jouer les femmes fatales avec lui, crois-moi ! J’ai juste à me rapprocher assez pour lui prendre le poignet, rien de plus ! En peu de temps je saurai qui lui donne des ordres et nous n’aurions plus à suivre ce plouc. Qu’en dis-tu ?
 
Tu sais bien ce que j’en pense…je déteste l’idée que tu l’approches, ce baveux…mais enfin, vu le manque de recours, va pour ton idée…mais tu ne feras que ça, promets-moi !...S’il te touche, je le réduis en cendres, peu importe le reste…

Il la laissa finalement aller après quelques recommandations et autant de baisers. Le plan était très simple, rien de plus casuel qu’une rencontre en pleine artère commerciale. Il suivrait de loin la suite des évènements. Ainsi fut fait. McGovern, fut manifestement ravi de cette rencontre inespérée et se montra à la hauteur de son petit bonheur.
 
*Pour ce que ça va lui durer !*
 
Alix s’y prit de façon charmante.  Se livrant à un petit flirt joyeux avec le pauvre majordome qui buvait ses paroles et le dévorait du regard. Ils prirent le thé en bavardant de Merlin sait quoi. McGovern rayonnait et parlait, parlait. Michael aurait donné cher pour savoir ce qui se disait là mais dut se contenter de suivre le plan et de les suivre eux, quand ils quittèrent le café, bras dessus, bras dessous. Puis vint le moment crucial, Alix prenait le poignet du quidam. Deux minutes plus tard, elle repartait en direction contraire, en courant comme qui va rater son train.  L’ayant aperçu, la belle entreprit de traverser la rue sans prendre de précautions.
 
ALIX!... ATTEN...

 
Trop tard ! Il n’eut que le temps de lancer un sortilège de freinage à la voiture, ce qui n’empêcha pas la jeune femme  de faire un petit vol plané et atterrissage conséquent. Il arriva auprès d’elle en tout premier pour constater qu’elle était sonnée mais apparemment pas gravement blessée. Un Revigor la remit assez d’Aplomb comme pour convaincre les badauds qui se massaient autour du peu de gravité de son état. Il releva Alix et fila avec elle avant qu’on n’ait l’idée de mêler police et ambulance de l’affaire.  Petit hôtel discret, pas de questions. Il put déposer Miss Blackstorm, pour alors de nouveau inconsciente dans  un lit moyennement confortable et procéder à toute sorte d’examens avec sa baguette. La miss n’avait aucune blessure, à peine quelques contusions, rien qui puisse, à ses yeux, expliquer  la longue perte de conscience qui s’en suivit, le mettant  au supplice.
 
*Un mauvais coup à la tête…pas de trace mais d’effets non prévisibles… J’aurais dû l’emmener à l’hôpital…Seigneur, Alix…réveille-toi !*
 
Il lui sembla qu’une éternité s’était écoulée quand enfin un papillonnement de cils annonca un réveil imminent.
 
Enfin, ma chérie…j’étais fou de peur…
 
Ouille, ma tête ! Qu’est-ce que l’on fait-là ?
 
Consciencieux baiser avant de dire :
 
Tu t’es fait renverser par une voiture, mon amour…tu venais de laisser McGovern…tu as traversé sans regarder…et as failli me tuer de trouille…
 
Je suis désolée de t’avoir effrayé. J’ai été stupide tant j’étais pressée de te dire que… mais il fait nuit ??
 
Tiens! Ça fait des heures que tu es dans les vapes…je commençais à contempler la possibilité de t’emmener à l’hôpital…Mais là, tu sembles bien réagir…tu ne vois pas double ? As-tu mal quelque part ?...Ton crâne ? Juste une petite bosse de rien du tout…tu as eu de la chance…mais faut examiner à fond…
 
Michael, il faut que je te dise que…

 
Après ! Après tu me diras tout ce que tu voudras…là, je dois m’assurer que tout va bien…
 
Jamais praticien patenté ne serait livré à pareil examen, mais les résultats furent aussi concluants que plaisants. À part un bleu par-ci, par-là, Alix semblait se porter à merveille et ses réflexes étaient les meilleurs. Explorer chaque centimètre de cette anatomie parfaite fut la source d’un délicieux délire ponctué de rires complices,  interrompu soudain par l’apparition d’un patronus ailé qui reçut, sans plus de cérémonies un oreiller sur le bec.
 
On se fout du reste du monde…je te veux pour moi tout seul…maintenant…toujours…

Attends, attends, haleta Alix. Je voulais te dire… pour hier-soir… Je… je t’aime aussi, Michael !
 
C’était donc ça le bonheur total ? Cette sensation d’émerveillement absolu, inconnue jusque-là  le submergea, l’emporta sans qu’il résiste, rendu d’amour et totale appartenance. Alix l’aimait…
 
Un autre patronus, plus insistant que le premier, parvint à les faire revenir à la réalité, même si très à contre cœur.
 
Si c’est pas vraiment important je te jure que je leur fais la peau, au duc et à Angel !, mais au lieu de se lever il continua à l’embrasser comme si sa vie en dépendait jusqu’à ce qu’une étincelle de bon sens et solidarité les oblige à abandonner leur nid si douillet.

Au premier coup d’œil, rien ne laissait transparaître un danger bouleversant pour Sa Grace le duc de Gilmore et Miss Grisham. En fait, ils avaient l’air très pris par un débat, en rien dangereux…bien au contraire.
 
On dérange pas, j’espère !, gronda Michael de méchante humeur.
 
Euh, non. Aucun dérangement ! s’empressa Angel en totale confusion… Oui, on vous a appelés… Je voulais juste vous présenter quelqu’un… Voici votre Chacal !

Et de désigner Lord Peventies proprement stupefixé sur le tapis.
 
Vraiment ?...Tout ce grabuge pour…Franchement, ton oncle est le Chacal ?... , il ne pouvait pas s’empêcher de rire de concert avec J.O, l’idée était trop farfelue comme pour pouvoir être prise au sérieux mais à leur grande surprise, Alix confirma ces dires :
 
C’est ça que je courais te dire après avoir sondé James : Angel a raison ! C’est bien lui qui dirige tout le réseau !
 
Vous en avez mis du temps à piger, mes amis !

Grand sursaut général, l’apparition la plus inattendue des dernier temps venait d’avoir lieu et les narguait d’un œil hilare.
 
DJINN !? Mais que…que diables fais-tu ici ?
 
Suivant son habitude, l’esprit facétieux semblait beaucoup s’amuser de la situation, et ne se privait pas de faire certains aveux qui leur mirent la puce à l’oreille.
 
Désolé de cet intermède obligé dans le décours normal de vos existence, mes amis.  Il me semble que vous êtes tous très pressés de revenir en mode… courant.
 
Michael sentit la colère du juste lui monter au nez.
 
Ce qui veut dire, en court, que tu as beaucoup à voir dans tout ceci…de quel droit, voudrais-je savoir !
 
J.O n’y alla pas de main morte non plus. Il y avait de quoi offusquer le plus sensé des hommes.
 
Si vous ne vous calmez pas, je boude ! Et quand un Djinn boude, il peut vous faire macérer des siècles au fond d’une lampe à huile !  
 
Et plus tu nous menaces !...Tu nous fous la vie en l’air et tu…

Alix pressant son bras l’obligea à se taire et à écouter ce que le Djinn avait à dire, et il faut dire qu’il en dit des choses. Entre autres, que leur arrivée à son monde du passé l’avait libéré, on ne lui demanda pas de quoi, peu importait. Le fait est qu’une fois libre et livré à lui-même, il n’avait rien trouvé de mieux qu’à explorer d’autres mondes. De découverte en découverte, il était tombé sur une planète jumelle à leur Terre natale.
 
Les siècles s’y déroulent à l’identique, les gens qui la peuplent sont pareils sauf que des micros événements font que leurs existences s’avèrent parfois très différentes par rapport aux vôtres. Je me suis dit : ce n’est pas juste !
 
*Pas juste ?...Il veut rire, cet imbécile !*
 
Mais l’autre poursuivit, imperturbable.
  
J’ai donc pensé à rééquilibrer les balances. Pourquoi vos homologues devraient-ils poursuivre une existence médiocre alors que vous, privilégiés qui s’ignorent – auriez tout ?  
 
C’est pas sérieux ça ! Tu as chamboulé nos vies…parce que tu es devenu justicier à tes moments perdus !?...Qu’est-ce que tu sais de nos existences pour te permettre de nous taxer…de privilégiés ?...Je pourrais te dire une paire de trucs qui te feraient changer d’avis…en ce qui me concerne du moins…M’enfin…qu’est-ce qu’on est censés de faire pour en finir avec cette histoire ?
 
Le Djinn était agacé, un comble ! On le mitrailla de questions, ce qui n’améliora en rien sa prédisposition. Il mena l’audace jusqu’à assurer qu’ils  remercieraient plus tard ce qu’IL faisait pour eux.
 
*IL délire, le bougre… !*

Vous êtes bien ingrats, il me semble. Aussi, je me contenterai de dire que vous comprendrez lorsque vous serez confrontés à vous-mêmes. Bon amusement !
 
NON ! ATTENDS !
 
Rien n’y fit, il s’était enfumé, les laissant en pleine confusion et colère.
 
Il se prend pour qui, celui-là ? …Juste ce qui nous manquait…un autre qui se prend pour le Maître de nos destinées…Privilégiés…sais pas vous…mais moi je ne me sens en rien un privilégié !...Non, Angel, je ne joue pas les victimes …Suis pas du genre à me plaindre à tort et travers mais là…j’en ai marre, moi…

Seule la présence d’Alix à ses côtés parvint à le calmer un peu. J.O, très diplomatique, même si pas plus heureux pour ça, convint qu’ils feraient mieux de trouver que faire avec le lord stupefixé et chercher quelque solution valable à la fameuse colle posée par le Djinn justicier.
 
Lord Peventies ranimé se trouva face à quatre juges peu amènes.
 
J’exige une explication à ce comportement inqualifiable !, tempêta t’il, très imbu de soi.
 
Épargnez nous le numéro de l’outrage, on sait toute la vérité sur vos agissements !, gronda Michael, le pot aux roses est découvert, Peventies , alors pas la peine d’essayer de nous gruger…
 
J’ignore…
 
Vous feriez mieux de collaborer gentiment, on n’est pas d’humeur…Tiens, vous semblez nous reconnaître, hein ?...
 
Milord nageait dans la plus lamentable des confusions. Tout se passait très brusquement mais il avait eu le temps de reconnaître J.O rien qu’en le voyant dans le couloir et là, il ne pouvait que se sentir encore plus mal à l’aise en affrontant  un De Brent décidément très mal luné. Comment ces deux-là s’étaient arrangés pour être là alors qu’ils étaient censés d’être en Russie ? Pourquoi avoir rompu leur accord en se pointant en Angleterre et risquant de tout faire échouer ? Ne leur avait-il pas promis de veiller sur leurs familles ? Sur eux-mêmes ? Et il tenait toujours sa parole, ça ils devaient le savoir, depuis le temps. Il avait toujours démontré être un chef compréhensif, paternaliste presque et les deux jeunes hommes avaient toujours été si  dociles et charmants.  C’est vrai qu’il avait abusé de leur situation précaire mais les deux étaient talentueux et ç’ aurait été du franc gaspillage laisser filer pareille aubaine. Jeunes, beaux et charmants, il n’avait fallu que polir un peu leur vernis mondain et le tour avait été joué. Il faisait des affaires en or, avec ces deux-là, pour les récompenser, il s’était occupé d’améliorer la vie de leurs familles, les installant dans des gentils cottages à la campagne avec assez d’argent pour vivre décemment.
Il ne s’était même pas rendu compte d’avoir raconté tout cela de vive voix, celle qu’il tenait pour la camériste de sa nièce, pressait doucement son poignet et lui…parlait…parlait…sans pouvoir s’arrêter même en le voulant.
 
En résumé, vous suborniez les braqueurs avec le bienêtre de leurs familles…si c’est pas de la générosité, ça !...Pour éviter plus de confusions, on va vous dire la vérité…Angel, sois gentille, mets Milord au courant…
 
Mise à jour complète. Milord faillit tourner de l’œil.
 
Une question…pourquoi avoir tué le Duc de Gilmore ?
 
Mais, mes garçons ne l’ont pas tué…Gilmore s’est suicidé, ils sont arrivés au mauvais moment et bien sûr on le leur a endossé parce qu’en fin de comptes se faire assassiner est mieux vu que se suicider, mais vois pas en quoi cela vous intéresse…

Il se trouve que mon ami ci présent est le Duc de Gilmore, ça doit lui remuer un peu les tripes entendre dire qu’il s ‘est fait sauter la cervelle…ou que son père l’a fait…mais enfin, qu’à cela ne tienne…comme vous avez bien compris, nous on est de trop dans ce contexte mais la seule façon de revenir chez nous est redresser certains torts ici…et pour ça, mon cher monsieur, vous allez nous aider…
 
Comme première mesure de leur plan élaboré sur la marche, Lord Peventies informerait l’hôtel qu’il devait quitter l’établissement vu affaires importantes ailleurs. Retenant Alix au service de sa nièce loufoque, on déménagerait corps et biens à l’auguste demeure londonienne, sans que personne n’y trouve rien à redire.
 
Après quoi, il ne nous restera qu’à rallier nos autres « nous » et remettre les pendules à l’heure…Je pense que Milord, J.O et moi irons en Russie et ramènerons discrètement James et Michael…vous, mesdemoiselles irez dépister la vraie nièce Grisham et Miss Blackstorm…qu’en pensez-vous ?

 

 




 
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Un monde fou, fou, fou. - Page 2 Empty Re: Un monde fou, fou, fou.

Message par J.O West Sam Jan 18 2014, 17:52

Et lui qui pensait s’ennuyer ! Elle promettait bien de surprises, cette soirée. Voilà qu’Angel, énergique, poussait son oncle dans la suite, lui piquait sa baguette et avant qu’il ne place un mot de plus, le stupefixait !
 
Wow…de la pure énergie, là !, reconnut-il, amusé.
 
Et elle de se tourner vers lui avec un soupir qui lui aurait fendu l’âme s’il n’avait pas recelé tant de fureur rentrée.
 
Merci beaucoup de ton intervention, J.O… c’est ça, vas-y, te gêne surtout pas. Engueule-moi à nouveau, suis blindée…
 
Ah bon ?
, alerte maximale, explique toi !
 
Oui, bien sûr que je vais expliquer mais, d’abord, appelle les autres, s’il te plaît… parce que je ne tiens pas à me répéter !
 
Il obtempéra sans discuter pendant que sa toute belle pillait le bar avec enthousiasme et s’enfilait un whisky  presque sans ciller, pour acte suivi s’en servir un autre,  qui suivit le même chemin sans aucun sursaut de conscience.
 
Ben, dis donc !, se moqua t’il en douce.
 
D’un petit air crâne, qui ne lui ressemblait pas trop, elle assura n’avoir rien bu avant en plus d’en avoir besoin.
 
*Se donner du courage pour t’étriper ? Elle est armée, toi non !* Ouais, bien sûr…fais à ton aise, railla t’il en prenant son verre tout en se demandant s’il ne ferait pas mieux de redevenir once et sauter par la fenêtre.
 
Mais déjà elle haussait les épaules, désabusée dans ce qu’il devina un essai pour rester calme. Lui, s’attendait à n’importe quoi sauf au discours qui s’en suivit.
 
Je sais que tu imagines plein de trucs sur mon dos et je m’en fous maintenant. J’ai été assez idiote pour en imaginer aussi sur toi. C’est dommage, c’est tout…
 
Lesquelles, Angel ?, voulut-il savoir, soudain très sérieux, allez, dis-moi…
 
Petit rire dénué de la plus élémentaire joie.
 
Lesquelles ? J’ose pas les dire, ta scène d’hier m’a suffi. On a plus que nos pitoyables erreurs à affronter, là.
 
*Comme quoi, on est bien partis…ou plutôt, on n’est plus partis du tout…sais plus, moi, cette fille te tourne en bourrique et tu perds la perspective…t’es con, c’est clair !*
 
Le silence vaut de l’or, dit-on par-là, peut-être que le leur ne valait pas un sou mais pour le moment leur épargnait d’en dire trop et ruiner ce qu’il restait à ruiner.  La Miss, impatiente de ne pas avoir de réponse des autres, alla quérir son propre bout de bois, abandonnant celui de tonton sur la table. J.O n’hésita pas un instant et s’en empara, au moins comme ça, ils seraient en égalité de conditions, au cas où. La Miss, très concentrée invoqua son patronus. Aux dernières nouvelles, J.O aurait pu jurer qu’il devait s’agir d’une gracieuse hermine or voilà que celui qui jaillit ressemblait à s’y méprendre à un oiseau de proie…
 
Tiens…ça a des plumes !, rigola t’il, sans pouvoir se retenir.
 
Elle ne le regarda même pas mais pas besoin d’être fin psychologue pour la savoir en pleine confusion.
 
Suis perturbée, souffla t’elle.
 
On dirait, oui !, reconnut-il, impitoyable mais absolument ravi par ce revirement si éclatant. *Arrête de la mortifier, la pauvre est à point de faire une crise de nerfs…Fous lui la paix ! Tu veux rire ?...On arrive au fonde de cette histoire,  là ou jamais !*
 
La douce Angel semblait avoir pris son courage à deux mains. Nouveau soupir effectif qui fissura un peu son côté railleur, ce qui dura un instant en la voyant relever le menton avec défi.
  
Tu voulais savoir ce que je pensais de toi, « ta » seigneurie ?
 
Je t’en serais très gré, surtout après ce que viennent de constater mes yeux…
 
N’exulte pas ! Ce patronus ne prouve rien du tout.

 
Au contraire, ça veut dire beaucoup de choses !

 
Elle le fulmina du regard et poursuivit avec son intéressant et très informatif laïus.
 
À un moment, la potiche qui ne sert à rien, celle qui colle soi-disant des étiquettes au dos du monde, a eu le malheur de s’enticher de « ta » gracieuse personne. C’est tordant, non ? Tu étais si… gentil, attentionné, prévenant. Tu as presque réussi à me faire croire à l’impossible. Heureusement c’est terminé. J’ai vu que vu à quel point tu pouvais être glacial, tordu, méchant !
 

Diables, qu’ai-je fait pour noircir mon image de la sorte ?...Me dis pas…à cause de l’interrogatoire de McGovern ?...C’est mon boulot, ma douce…on n’y rigole pas. À cause de ma scène d’hier soir ?...Tu ne peux pas m’en vouloir à cause de ça…reconnais que tu sais me pousser à bout…
 
 J.O, n’avance plus !
 
Ne pas le faire tiendrait de la bêtise…ne me dis pas que tu as peur de moi ? Après tout ce qu’on a vécu ensemble…tu t’en souviens quand même ? On a dormi dans le même lit *qui ressemblait à un court de tennis* et je me suis comporté comme un saint…Tu sais bien que je ne suis pas bien méchant, encore moins tordu…glacial ? Pas avec toi, en tout cas…
 

Non, tais-toi, je ne t’écouterai plus...
 
Mais voyons, ma toute douce, je pense qu’au contraire tu es très curieuse de savoir quelques vérités que tu ignores sur moi…tu ne vois en moi que le Duc de Gilmore avec l’image que tu veux te créer d’un membre de la noblesse…or il y a moins de trois mois, je n’étais qu’un simple capitaine du Corps des Marines américains…un soldat…ce qui ne me transforme pas non plus en monstre…
 
J.O arrête-toi…
 
Baguette brandie, elle hésitait à l’utiliser, alors, sans lui donner le temps de se faire des idées, il la cueillit dans une étreinte triomphante.
  
T’as pas le droit ! T’es qu’un traitre, tu…
 
Il allait, enfin, l’embrasser pour tarir ce flot de récriminations quand, comme toujours quand on en a le moins besoin, ceux qui manquaient à l’appel depuis un bon moment, se pointèrent. Ils n’étaient pas contents, mais moins que lui, qui râlait ferme et rata les préliminaires polis.
 
Voici votre Chacal !, annonçait Angel  tout aplomb retrouvé.
 
C’était si stupéfiant comme déclaration que Michael et lui ne purent que rigoler de bon cœur mais Alix se dépêcha de ratifier l’information. Le temps leur manqua pour en discuter,  la très inattendue apparition du Djinn d’Aurea vint, définitivement, chambouler leur fin de soirée. Ses déclarations hilares, il avait un sens de l’humour tut à lui, celui-là, mirent le feu aux poudres. Michael réagit le premier, et il était plutôt hors de lui. S’en suivit un échange captivant dans lequel il intervint, aussi survolté que De Brent.
 
Michael a raison…de quel fichu droit te mêles tu à nos vies, les fiches en l’air et nous réduis à ça ?
 

Le facétieux de service eut le toupet de dire que s’ils ne se calmaient pas il allait bouder, en les prévenant sur les possibles conséquences de cet état.
 
Non mais, tu ne manques pas de culot, toi, Djinn ou pas, tu crois qu’on est tes joujoux !?...
 
Ulcéré, il aurait continué sur la volée si Angel, oubliant qu’elle ne voulait pas l’avoir près ne s’était accroché à son bras lui demandant de la fermer. Profitant de ce silence forcé mais pas pour autant dénué d’un courant enragé, l’esprit oriental se livra à son sport favori : raconter des histoires. Celle du moment aurait ému une âme simple, là, elle ne fit que râler plus les « pions » de ce jeu…de justice et équité, selon voulait le faire apparaitre le Djinn.
 
Génial, grommela t’il malgré les pincettes à répétition, alors parce que nos contreparties sur cette autre planète sont des ploucs nous on paye l’addition…c’est pas mignon comme tout, ça !? C’est ça, ton sens de la justice !?...C’est minable et immoral…

Michael y alla du sien, les filles se taisaient, sans doute trop dépassées ou qui sait si plus sensées ? Le Djinn, très imbu de son rôle de Dieu tout puissant, ce qui semblait bien être le cas, pour les effets, manifesta son agacement en se grattant sa barbe et leur décochant un regard aigu.  Ils eurent beau lui poser toute sorte de questions, il demeura inaccessible à leurs demandes et après quelques mots cryptiques, se transforma en ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être…un filet de fumée !
 
Misérable ! La prochaine fois…on le remet dans sa bouteille !...Qu’est-ce que je vais en savoir…il doit bien avoir un moyen !...Et en plus, on est ingrats…il y croit ferme, l’enfoiré !

Michael pestait sur tous les tons, assurant n’être aucun privilégié, ce que J.O voulut bien croire, surtout qu’il pensait la même chose de lui-même. Ces demoiselles semblaient partager assez cet avis et on aurait pu s’éperdre dans le décompte de leurs misères personnelles, si trébucher contre le lord stupefixé ne l’avait pas ramené à  des faits plus concis.
 
On peut débattre ça à un autre moment…en tout cas, faudrait s’occuper de celui-là…M’est avis que le pauvre homme, dans son état, a pigé tout ce qui se passe et doit se poser mille questions.
 
Petit tour de baguette, Milord reprit sens et couleurs…enfin, façon de dire, livide de fureur, il se dressa en exigeant, péremptoirement, des explications immédiates.
 
Si j’étais vous, je garderais un profil bas, milord…on sait tout !
 
Bien entendu, il joua le numéro de l’ignorance outrée. Michael se chargea de le mettre en confiance.
 
Tiens, vous semblez nous reconnaître, hein ?...
 
Mais bien sûr qu’il nous reconnaît, Michael…on est ses braqueurs favoris …n’est-ce pas ?
 

Un simple geste de la part d’Alix et lord Peventies se lança dans une narration bien nourrie, colorée et parfois, presque émouvante sur sa  véritable relation avec les  Jolis Cœurs. S’il fallait y croire, et il faudrait bien puisque l’homme était incapable de mentir en cet état-là, si bien il les avait menés par un chemin peu recommandable, Peventies appréciait sincèrement ses deux disciples si doués.
 
*Comme un père ses enfants…avec nuances !*

 
Angel se chargea de mettre son « oncle » en précédents, ce qui faillit tout bonnement lui provoquer une crise de Dieu sait quoi, mais on le ramena vite fait à de meilleures conditions. C’est alors que De Brent voulut savoir pourquoi les braqueurs avaient tué le Duc de Gilmore. La réponse eut de quoi le laisser songeur. Selon Peventies, le Duc se serait suicidé et on aurait imputé le crime à « ses garçons ».
 
*Si c’est vrai, le Djinn ment en disant qu’il n’y a que des micros événements qui font la différence…se faire sauter la cervelle est bien plus qu’un micro événement…en plus…Papa n’aurait jamais fait ça…ni moi non plus…*
 
En pensant à lui à cet instant, il se rendit compte de combien il lui manquait même si pendant tout ce temps qui avait suivi sa mort, il n’avait pas voulu y penser. Il revint sur terre quand Michael, homme de décisions rapides, exposait son plan d’action. Lord Peventies n’eut, bien entendu, pas le loisir de s’y refuser. Très gentiment, on le conduisit à sa chambre et après lui avoir administré un Gros Dodo magistral, on l’oublia jusqu’au lendemain.
 
Sais pas vous, mais moi, j’ai besoin de boire un bon coup…ou deux…ou ce qu’il faudra…Tu en veux, ma chérie ?
 

La douce Angel lui lança un regard noir meurtre mais il sourit en lui fourrant un verre dans la main.
 
Je t’adore, moi aussi…et ne pense pas filer si vite, on doit finir notre petite conversation !, il la prit doucement du bras et l’entraîna vers le divan, face à celui où avaient pris place Michael et Alix, bon, on dirait que nous voici à un tournant décisif…L’opération pour ramener les exilés doit être rapide et précise, on donnera des explications après, tant pis s’ils apprécient pas, mais quelque chose me fait pressentir que Milord va nous aider…il les aime bien, « ses garçons », ce n’est pas un mauvais bougre, sais pas au juste quelles circonstances l’ont mené à faire ça mais suis sûr que nous le saurons bientôt…quant à ces demoiselles, il faudra plus de doigté, les femmes sont beaucoup plus suspicieuses !
 

Commentaires variés de ces dames. Michael écoutait, se gardant bien d’intervenir. Chacune y alla du sien avec grand brio, après tout il s’agissait de leurs sosies, ce qui semblait éveiller des sentiments de solidarité même sans savoir comment étaient vraiment les demoiselles en question.
 
Ben si on croit à ce que dit Lord Peventies en remerciant le ciel du changement de sa nièce, Angel bis doit être une mijaurée de la pire espèce…pas de quoi s’étonner qu’il soit ravi avec notre Angel, si douce et adorable !
 
Il se prit un coup de coude dans les côtes.
 
Pour Alix bis, on ne sait absolument rien...on pourrait essayer de sonder ses collègues avant de partir ?...Puisque ton « oncle » pense l’embaucher à demeure, le plus normal serait que tu prennes des références sur elle, tu ne penses pas, mon ange ?
 
Son ange le trucida du regard. On échangea encore quelques avis puis au nom des émotions du jour, on songea à se retirer pour un repos bien mérité. Angel se disposait à disparaitre à son tour mais il la retint, sans brusquerie.
 
Il me semble, ma douce, que nous avons encore une paire de choses à nous dire !...Enfin, toi, tu as vidé ton cœur…concède moi encore un petit moment…Ça te dirait de sortir par la fenêtre faire une petite balade ?...Euh, non, suis pas devenu fou…c’est amusant, tu verras…Allez, sois pas trouble-fête…tu en as bien envie, je sais…et puis qui va trouver à y redire ?
 

Cinq minutes plus tard, une once et un chat siamois filaient bon train sur lande. À quel moment la course se mua en jeu ? Ils n’auraient su le dire mais le fait est qu’ils s’en donnèrent à cœur joie en jouant à « cours après moi que je t’attrape ». L’once ralentissait et mesurait sa puissance, ne voulant pas, dans l’enthousiasme, défoncer la fragile minette d’un coup de ses grosses pattes. La siamoise y mettait toute sa science,  agile, fougueuse, intrépide, elle courait, sautait sans gêne sur le dos de son poursuivant-poursuivi, le souffletait de coups de patte sur le museau, sans se soucier des grognements et des crocs de l’autre.
 
Tu abuses un peu trop, là, minette !, rigola t’il en reprenant sa forme humaine alors qu’elle demeurait encore chat, qui aplatit les oreilles et cracha, furieuse quand il la cueillit, dis donc, tu es une vraie furie, toi…allez, du calme, ma toute douce…, il lui caressa gentiment la tête et gratouilla son oreille mais au lieu de ronronner, elle préféra reprendre sa forme initiale mais comme il ne l’avait pas lâchée, elle se retrouva dans ses bras, tu es un chat peu amical…tu m’as griffé…
 
Il adora l’éclat de ses yeux, aussi bleus que celui de sa forme animale et presque aussi rétif et farouche.
 
Arrête d’avoir peur de moi, Angel…tu sais bien que je te ferais jamais le moindre mal…Écoute, si j’étais la moitié de méchant et tordu que tu le prétends,  ça fait un bail que je t’aurais fait un mauvais coup, tu ne crois pas ?... Sais pas si tu l’as remarqué mais je suis bien plus grand et fort que toi, alors si je voulais ça ne me demanderait pas le moindre effort…ou si peu !...Pas la peine de faire des gros yeux, suis pas une brute…ma mère m’a très bien élevé …ben oui, figure toi que j’ai une mère, comme tout le monde…et une tante aussi… mes parents se sont séparés quand j’étais encore mioche et suis resté avec ma mère aux USA, j’y ai grandi, loin de toute pompe et splendeur ducale, comme un gosse on ne peut plus normal…j’ai étudié à Salem…oui, j’ai été bon étudiant…avec quelques conneries à mon avoir mais qui n’en a pas…bon, toi…mais toi, tu es exemplaire…Après suis  allé au collège comme un moldu normal, puis me suis décidé pour devenir Marine…mon côté aventurier, je suppose…j’y ai fait carrière et en suis très fier…puis voilà, j’ai atterri ici…ou plutôt là-bas…et tu sais la suite…tu m’as crié dessus au resto d’Opal et moi, je n’ai trouvé rien de mieux à faire que tomber amoureux de toi…ça fait un bout de temps que je cherche à te le dire mais tu ne me laisses pas en placer une !
 

Pour alors, il l’avait lâchée mais elle ne s’était pas éloignée pour autant, alors J.O prit sa main.
 
Mon Dieu que ça a pris du temps !, souffla t’il, je pensais ne jamais arriver à te le dire… Ne me pose pas des questions idiotes, Angel ! Comment que pourquoi ?...Pourquoi je suis tombé amoureux de toi ?...Sais pas, c’est venu tout seul…j’aime les défis, ce doit être ça…tu semblais me détester, je savais ne pas le mériter et je suis très têtu…en plus que je te trouve adorable, j’aime ton fichu caractère… ta façon de rosir sur tous les tons me rend carrément fou…et puis, tout le reste…Je ne vois pas pourquoi tu t’étonnes…tu es merveilleuse et je t’aime, voilà tout !...Est-ce que je peux t’embrasser maintenant ?...si tu ne veux pas j’irai miauler sous ta fenêtre…et je miaule drôlement fort !
 

Sans doute l’idée d’avoir un gros chat hystérique faisant du boucan la nuit durant vainquit ses dernières réticences.  Retour par la fenêtre, en félins ravis.  Prendre congé leur prit encore un moment mais après un dernier baiser, ils se retirèrent chacun à ses quartiers.
 
Voir dévoilées ses manigances si peu orthodoxes ne semblait pas avoir exagérément abattu Charles Peventies, que du contraire. L’homme apparaissait plutôt soulagé d’un énorme poids. De son propre chef,  il voulut apporter sa collaboration. Tant de bonne volonté éveillait des suspicions mais au point où ils se trouvaient, toute aide était la bienvenue. Comme leur fit remarquer  ce singulier brigand, ils se trouvaient piégés dans un monde que lui connaissait à la perfection et où il jouissait de beaucoup d’influences susceptibles de leur être de grande aide.
 
C’est à prendre ou à laisser, mes enfants, et si je comprends bien, vous avez beaucoup à perdre si l’affaire s’éternise de ce côté-ci.
 

Ce en quoi, il n’avait pas du tout tort. Lord Peventies était avant tout un homme d’affaires. Sagace, pointu, brillant. Employer tant de talent à l’organisation d’une bande de malfaiteurs, n’était qu’une de tant de variantes choisies dans la large palette d’options. Une option à risques mais qui avait été une affaire en or.  Il expliqua ce choix de manière simple, brossant un tableau  très illustratif de sa vie, ses tenants et aboutissants.
 
Que proposez-vous, monsieur ?, s’enquit J.O, omettant sciemment le Milord.
 
Lord Peventies sourit, bonhomme, et commença à parler. Tous écoutèrent, très attentivement…
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Un monde fou, fou, fou. - Page 2 Empty Re: Un monde fou, fou, fou.

Message par Angel Grisham Mer Jan 29 2014, 23:30

En nuit étrange, celle-là valait le pompon. Pourtant Miss Grisham s’habituait doucement à l’étrange, mais là…
D’abord le puzzle qui la tenaillait, elle autant que ses amis, parut s’ajuster pile poil. Les révélations non sollicitées de la part  d’un Jeffrey Barnes y furent pour beaucoup. Sans lui jamais Angel n’aurait imaginé que son oncle – le très respectueux Lord Peventies, si charmant, et… tout – puisse être à la tête d’une organisation criminelle.  L’aide de J.O, son attitude avant, pendant et après  certains éclaircissements eurent de quoi la désarçonner à plus d’un titre. À son sens, le clou ne résida pas dans l’arrivée d’Alix et Michael ni de celle de celui que l’on n’attendait pas. Ce Djinn… Elle était certaine que tous les conscients assistant à ses « exploits » lui auraient volontiers tordu le cou pour les avoir impliqué là-dedans. Que le génie se vexe, les plante-là n’atteignit pas Angel, pas plus que ce que son « tonton » dégoisa ensuite. Elle, pauvrette à la dérive, ne pensa qu’à celui qui s’imposait à ses côtés : J.O. Le reste – quoique important- lui passa largement au-dessus des boucles brunes.  Pas que ce que racontât Michael n’eût pas d’intérêt, mais…
 
… vous, mesdemoiselles irez dépister la vraie nièce Grisham et Miss Blackstorm…qu’en pensez-vous ?   

Euh… on fera au mieux.
 
Papote à gauche, papote à droite, Elle était larguée. Histoire de faire bonne figure, elle posa quelques questions en acceptant néanmoins pas mal de trucs dont elle se fichait.
 
*Boire un verre ? Prends ça, idiot !*
 
Un coup de coude plus tard, chic, la réunion s’acheva ! Filer dormir lui parut la meilleure option, sauf que :
 
… Ça te dirait de sortir par la fenêtre faire une petite balade ?
 
T’es tombé sur la tête ?
 
Il jura que non, que ce serait amusant, etc. Soupir…
J.O en once était extrêmement joueur. D’un coup de ses pattes, le gros chat aurait pu écrabouiller facilement la petite siamoise qui batifola joyeusement en sa compagnie. Le duc de Gilmore avait raison en prétendant que cela la détendrait, elle riait comme une gamine en lui flanquant une légère raclée quand, son crier gare, il reprit sa forme humaine et la garda dans ses bras.
 
 Dis donc, tu es une vraie furie, toi…allez, du calme, ma toute douce… tu es un chat peu amical…tu m’as griffé…
 
Ah bon ? Désolée, je pensais peut-être que tu le méritais.
 
Arrête d’avoir peur de moi, Angel…
 
S’en suivit ensuite un assez long exposé qui résumait sa vie antérieure. Puis, le fameux clou de la soirée arriva :
 
… tu m’as crié dessus au resto d’Opal et moi, je n’ai trouvé rien de mieux à faire que tomber amoureux de toi…ça fait un bout de temps que je cherche à te le dire mais tu ne me laisses pas en placer une !
 
Ben là, il eut tout le loisir de parler car à part un « Pourquoi » atterré, elle ne savait plus quoi dire.
En tout cas, lui, il paraissait comme soulagé d’un grand poids en brossant le tableau qu’elle représentait à ses yeux. Heureusement que la lune n’éclairait pas suffisamment son visage, J.O aurait alors constaté qu’il avait au moins raison sur un point : elle rougissait facilement.  
 
… Je ne vois pas pourquoi tu t’étonnes…tu es merveilleuse et je t’aime, voilà tout !
 
Je… euh… j’en suis très flattée James et, d’une certaine façon, je t’envie d’être aussi… à l’aise avec ces choses. Moi, je…
 
...Est-ce que je peux t’embrasser maintenant ?...si tu ne veux pas j’irai miauler sous ta fenêtre…et je miaule drôlement fort ! 
 
Dans le fond, Angel devait reconnaître avoir très envie d’être embrassée par un aussi charmant jeune homme. Son cœur s’affola et, tremblante, elle répondit à l’invitation.
 
*Oh, mon Dieu !*
 
C’était beaucoup trop… tendre,… savant… pour ne pas se sentir complètement ramollie. Vite, s’échapper !
 
Chat ! lança-t-elle en riant lorsqu’il la laissa enfin respirer.
 
Nouvelle course-poursuite, ils arrivèrent sous leur fenêtre.
 
Bonne nuit J.O, et surtout… ne miaule pas, s’il te plait !
 
Deux ou trois bécots plus tard, elle put s’asseoir sur son lit. Ravie, enchantée, transportée ? Oh que non ! Elle avisa le mini bar qu’elle entreprit de vider avec une lenteur consommée. Tantôt énervée, tatôt abattue, elle tenta de dresser le bilan d’une catastrophe annoncée :
 
T’en rates pas une Grisham ! s’apostropha-t-elle dans le miroir en avalant une seconde mignonette de whisky. C’est un très chic type et tu viens de lui donner des espoirs impossibles à réaliser.  
 
Sa voix changea, ses traits aussi. Tour à tour, elle passa d’accusatrice à plaignante :
 
Où est le mal ? Il m’aime et je ne l’aime pas ! En es-tu certaine ? De quoi ? Qu’il m’aime ? Euh… non. Il n’a rien dit sur ses aventures antérieures, juste qu’il aimait les défis. Si je ne suis qu’une cible, qu’il aille s’entraîner au tir ailleurs ! Et tu ne l’aimes pas du tout, pas vrai ? Euh… Je l’aime bien, beaucoup même, mais… Mais quoi ? C’est un garçon on ne peut plus correct, normal, non ? Oui, oui mais… Quoi ? Trop bien pour toi ? Oui, c’est ça ! Beaucoup trop bien !  Suis certaine que sa mère et sa tante ne voudront pas qu’il fréquente une sorcière comme moi. Tu n’es pas si idiote, si moche que ça quand même ? Non, mais… mes parents, eux, seront soufflés, c’est sûr…  
 
Cette évocation remua Angel plus que tout le reste. Comment pouvait-elle s’apitoyer sur elle-même alors qu’elle était coincée dans un monde où sa famille n’existait plus !  
 
Décoince-toi, Angel !
 
Oui, décida-t-elle raffermie en avalant un quatrième godet. On fout le camp et… on verra après !  
 
Au matin, vive la magie pour effacer les ravages d’une beuverie solitaire. Dans ses petits souliers, en l’occurrence des pantoufles, le groupe se concerta en compagnie du « tonton ».  Pas un imbécile, ce mec ! Avant tout homme d’affaires, une fois au parfum de la réelle situation, il ne rata pas d’en viser certains avantages.  
 
Je veux bien collaborer à votre « retour » dans votre milieu mais j’exige des… garanties.
 
Que faire d’autre que de le laisser s’exprimer ?
 
Avant tout, il me faut l’immunité. Je m’engage à faire revenir les vrais braqueurs ici, en Angleterre. J’userai de toutes les ficelles disponibles à cet effet. On oubliera leurs frasques et je veillerai personnellement à ce que leurs familles soient à l’abri et leur réputation restaurée à condition, je répète, à condition qu’il en soit de même pour moi. Ok ?
 
Tope-la, affaire conclue.
 Le moment de la séparation arriva très vite. Dans leur coin, Michael et Alix se firent de tendres adieux tandis qu’elle resta à distance de son « amoureux » :
 
Prends bien soin d’eux, J.O, et de toi, bien sûr … quoi ? Ah… différente d’hier ? Je ne crois pas, non.  Écoute J.O, je… je ne peux pas répondre à ce que tu sembles attendre de moi dans les conditions actuelles.  On n’en restera pas là, sois-en sûr. Vous pensez en avoir pour longtemps ?... espérons-le, oui !   
 
Qu’il fut douloureux ce petit baiser d’adieu…  
Elles avaient l’air fin ces demoiselles à regarder disparaître leurs chéris dans l’éblouissement du portoloin. Un dernier soupir, les filles se versèrent un café.  
 
Bon, dit Angel en s’effondrant dans le divan, on fait comment nous pour retracer nos doubles ?  
 
Miss Blackstorm la rassura, elle avait sa petite idée. Ayant tâté à jouer au détective – histoire que ne pigea qu’à moitié Angel – elle en était venue à fouiller le passé de l’autre Alix. Inutile donc d’aller interroger le personnel de l’hôtel : elle savait tout. Bien sûr, Michael l’avait aidée dans cette quête pas trop ardue, comme quoi ils n’avaient pas passé la nuit qu’à roucouler. S’abstenant de commentaires sur leurs affaires privées, Angel préféra connaître les aboutissements de l’enquête qui s’avéra être une impasse :
 
Je ne vois qu’une solution : appelons le Djinn !
 
Réticente, Alix finit par admettre ce recours et les voilà en train de brayer à tue-tête dans la suite insonorisée :
 
Houhou ! Amir ! On s’excuse ! S’il vous plait, aidez-nous! Houhou ! Allez, un beau geste…
 
En paréo chatoyant, les cheveux ceints d’une couronne de fleurs, un cocktail orangé en main, le Djinn se manifesta enfin :
 
Aurait-on réfléchi ou m’interrompez-vous juste pour savoir l’heure ? Je suis fort occupé, savez-vous ?  
 
Quoique  se demandant à quoi Amir pouvait bien s’occuper dans cette tenue, Angel devança Alix en se lançant dans un vibrant plaidoyer :
 
On voudrait s’excuser de vous avoir si mal reçu hier. Nous étions sous le choc. Reconnaissez qu’il y avait de quoi. Pardonnez-nous, s’il vous plait.
 
Hum, grommela l’esprit, j’avoue vous avoir un peu malmené, peut-être plus que vous ne le méritiez. Ce n’était pourtant pas si compliqué, ce que je voulais ! Vos amis s’en sont très bien sortis, et seuls qui plus est !
 
Ils vont bien ? Ils sont rentrés ?
 
Pas encore mais ça ne saurait tarder. Qui sait ?... peut-être qu’avec un coup de pouce et de la chance vous retournez ensemble ?
 
Angel eut l’impression que tout tournoyait dans un éblouissement lumineux. Deux battements de cils plus tard, elle se retrouva dans une pièce très obscure. Muette par ce contraste, elle laissa sa vue s’habituer. Apparemment, il s’agissait d’une chambre assez banale.  S’approchant doucement du lit sur lequel une forme était allongée, elle souffla :
 
Alix, c’est toi ?
 
Mmmmm, qui est là ? Qu’est-ce que l’on me veut encore ?
 
Le son de cette voix statufia Angel :
 
*Nom d’un gnome, c’est… moi !*
 
À peine audible, elle murmura :
 
Miss Grisham ? Que fabriquez-vous ici ?
 
Comme si vous ne le saviez pas ? Et puis pourquoi vous parlez si bas ? Vos potes en avaient marre de m’entendre beugler, la pièce est insonorisée.
 
Effarée, Angel crut percevoir le mouvement d’une main vers une lampe :
 
N’allumez pas ! couina-t-elle.
 
Vais me gêner !  
 
Et la lumière fut.
Elles étaient fines les deux Grisham à s’entreregarder avec un effroi similaire. La panique tordit les traits de l’alitée :
 
Vous allez me descendre, c’est ça ? Mon oncle refuse de payer et ils vous ont envoyé pour me supprimer puis me remplacer ! Oh mon Dieu ! Tonton ne marchera pas ! Vous… vous ne me ressemblez pas tant que ça !  
 
Personne ne vous fera de mal, moi la dernière.  On a demandé une rançon ?
 
Bien sûr, voyons ! Mon oncle est Lord Peventies, il est riche à million. Si vous n’êtes pas là pour m’achever, faites-moi sortir d’ici, TOUT DE SUITE !
 
Inutile de me crier dessus ! Levez-vous et habillez-vous !
 
Aux aguets, Angel attendit que l’autre s’active mais, décidément, celle-là n’était bonne à rien :
 
Je ne vois pas mes bas ! Où sont mes chaussures ? Je déteste cette robe, vous n’en auriez pas une à me refiler ?
 
Hâtez-vous, bon Dieu. Mais où allez-vous ?
 
Prendre une douche, voyons. Je voulais un bain mais ces brutes ont refusé !
 
Angel dut prendre sur elle pour ne pas exploser :
 
On ne va pas au bal, Miss Grisham ! Grouillez-vous !
 
Oh, là, là quel caractère !
 
Malgré elle, pour accélérer les choses, Angel dut jouer à la camériste. Enfin décente, Grisham rectifia encore quelques boucles de sa coiffure avant de décréter :
 
C’est passable mais si vous cherchez du boulot comme boniche, je ne vous donnerai aucune recommandation.

Bouclez-la, on y va !
 
Transplanage… Raté !  Comme deux ronds de flan, Angel regarda sa baguette qui refusait de fonctionner.
 
Et une sorcière de bas étage, en plus ! Suis gâtée ! Donnez-moi ça, incapable !  
 
Pas touche à MON bois ! se rebiffa Angel, menaçante. Sais pas pourquoi ça foire. Encore un coup du Djinn, sûrement !
 
Parce qu’elle boit ? De mieux en mieux !
 
Trop, c’était trop. Angel vit rouge et, d’un geste fulgurant, elle stupéfixa la peste.
 
Tu vois, ça marche ! Idiote !
 
D’un sort de lévitation, elle replaça son double sur le lit sur lequel elle s’assit en tentant de dresser un bilan :
 
On est coincées ici ! Mais certains sortilèges fonctionnent quand même. Voyons ce que ça donne…
 
Ni alohomora, incendio ou autres lancés sur la pièce ne réussit.  
 
Si seulement J.O était proche…
 
Presque désespérée, Angel n’entrevit qu’une alternative : appeler Alix. La crécelle argentée porteuse d’espoir s’envola, l’émettrice croisa les doigts.  
Histoire de tuer le temps, Angel pratiqua un énervatum qui eut pour effet de beaucoup énerver sa jumelle :
 
En voilà des manières, sorcière à la noix ! Comment avez-vous pu entrer ici si vous n’êtes pas fichue d’en sortir ? À moins que ce ne soit qu’un piège ?
 
Si c’en est un, je vous jure qu’on y est toutes les deux ! J’ai envoyé un patronus à une amie, et j’espère que…
 
Un patronus ? s’émerveilla l’autre. Faites voir ? Moi, je n’y arrive jamais !
 
On verra ça plus tard, si vous le voulez bien. Dites-moi plutôt ce qui vous est arrivé, comment avez-vous atterri ici. On vous a enlevée ?
 
Ouais ! J’ai filé en douce de chez moi pour retrouver des copains mais à peine au rendez-vous, on m’a kidnappée.

Ils ne vous ont pas brutalisée, au moins ?
 
Non, ce sont des nouilles ! Je ne les crois pas quand ils disent qu’ils vont envoyer des morceaux de moi à mon oncle pour le faire cracher.
 
Angel voulut connaître les habitudes des ravisseurs envers la captive. D’après les réponses, il ressortit qu’elles avaient la paix encore quelques heures avant qu’ils se pointent pour lui donner à manger.  
 
Cela nous laisse de la marge pour… faire connaissance.
 
Je n’ai pas du tout envie de vous connaître, moi !
 
Vous auriez plutôt intérêt ! Votre oncle m’apprécie beaucoup, MOI !
 
Parce que vous l’avez rencontré et il a osé vous prendre pour MOI ?
 
Il était ravi du changement, ne vous en déplaise !
 
Mais qui êtes-vous en définitive ?
 
Je pensais que cela ne vous intéressait pas ?
 
J’ai… changé d’avis !
 
Patiemment, Angel narra son histoire. L’autre Grisham lui sembla très sceptique jusqu’au moment délicat où il fut question de Lord Peventies :
 
Me doutais que vous étiez folle mais de là à imaginer mon oncle en malfaiteur, j‘en suis sûre : vous êtes bonne pour la camisole de force !
 
Peut-être n’en serait-il pas arrivé là si vous vous étiez montrée patiente et surtout moins dispendieuse. J’ai vu votre garde-robe !
 
Vous n’avez touché à rien, j’espère ?
 
J’allais me gêner, tiens !
 
Sans ses réflexes, Angel se serait fait arracher les yeux par son double devenu furie. Un « Pax » bien appliqué, calma heureusement la belliqueuse.
 
Maintenant, vous allez m’écouter ! Votre oncle n’est pas méchant, de plus il vous adore. Sans vos extravagances, il n’aurait pas eu à recourir à des moyens malhonnêtes. Dans un an vous pourrez jouir de votre héritage mais avec vos goûts, il ne fera pas long feu. Que deviendrez-vous une fois ruinée avec tonton en taule ? Pensez-y !
 
Longtemps Miss Grisham demeura boudeuse. Néanmoins, il sembla que l’idée faisait son petit bonhomme de chemin puisque des questions sensées commencèrent à s’émettre.
Finalement, quand Angel 2 voulait se montrer gracieuse, elle pouvait s’avérer presque charmante.
L’affaire progressa gentiment, hélas le temps fila sans qu’aucune aide extérieure n’intervienne, de quoi ramener les angoisses. Qu’allaient-elles faire lorsque les geôliers se manifesteraient ? En fait, les choses se déroulèrent assez facilement. Selon ce qu’avait raconté Grisham, un malfrat entrait avec un plateau tandis qu’un second attendait dans un couloir. Dès la porte ouverte, Angel agit. Le plateau valsa par terre, et deux méchants furent stupéfixés. L’envolée vers le rez-de-chaussée se serait bien passé s’il n’y avait pas eu un os : un troisième larron.  Prise au dépourvu, Angel ne sut parer un expelliarmus.
 
Deux pour le prix d’une ? s’étonna le vainqueur qui se marra devant la mine désemparée de ses captures. Savais pas que t’avais une jumelle ! Ça va juste augmenter la rançon ! Remontez immédiatement !
 
Avec l’issue si proche, Angel espéra créer une diversion en feignant être incapable de bouger. 
 
T’espère pas que je vais te porter, non ?
 
*C’est ça, rapproche-toi !*
 
La tête du gars valait de l’or quand un siamois furieux, bientôt suivi d’un second, lui sauta dessus. Cependant, il était très baraqué, ce mec. Malgré toute sa détermination, Angel ne put éviter d’être expédiée contre un mur où elle souffla trente-six chandelles.
 
Que ce lit était douillet !
Des odeurs familières lui flattant narines, la jeune femme ouvrit les yeux sur un décor qui la fit d’abord sursauter de joie :
 
*Suis rentrée ! On a réussi !*
 
Le crâne douloureux, elle se remémora la dernière scène enregistrée consciemment.
 
L’ai échappé belle mais… où sont les autres ?
 
Se massant les tempes, elle avança tel un zombie vers la cuisine où elle se fit un café fort. Avisant, le téléphone, elle hésita. D’abord s’assurer que tout était en ordre dans son quotidien ordinaire. Sa grand-mère s’étonna de son appel : elles s’étaient parlé peu avant et, oui, les parents d’Angel allaient bien. L’appel suivant fut hésitant.
 
Résidence Gilmore ? Je désirerais parler à sa Seigneurie, s’il vous plaît.
 
Une voix impersonnelle s’enquit :
 
Qui le demande ?
 
Angel Grisham, une… une amie.  
 
Désolé Miss Grisham, Sa seigneurie est très occupée au ministère en ce moment.
 
Remerciant, elle raccrocha. Peu après, cœur battant, elle fila vers une cabine téléphonique désuète où elle mit une pièce.
Ce ministère était extraordinaire. Ici où là, Angel croisa quelques têtes connues et nul ne s’opposa à son passage vers les étages. Là, la pagaille régnait.
 
Monseigneur ne reçoit personne qui ne soit important, Miss ! Faites la file ou revenez demain.
 
Mais je dois le voir ! Pouvez-vous lui signaler qu’Angel est là ?
 
Dites-lui vous-même, le voilà derrière vous  !
 
Un sourire éclatant aux lèvres, Angel se retourna prête à sauter au cou de son bel amoureux. La stupeur totale l’envahit au dernier moment, freinant son élan. Fortement entouré de solliciteurs s’avançait un noble personnage aux cheveux… argentés.
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Message par Alix Blackstorm Mer Jan 29 2014, 23:47

J.O et Angel avaient intérêt à avoir une bonne raison de déranger ainsi les frais amants. Ni Michael ni Alix n’étaient prêts à tolérer une lubie quelconque de leur part.  Ce n’était pas le cas, heureusement. Entre les révélations de Miss Grisham suivies de celles du Djinn, pas de quoi se plaindre. Aucun des quatre concernés ne fut satisfait des dires du Djinn mais, comme il était prévisible, les messieurs en rajoutèrent. Pressions du bras, pincettes, rien ne tarit leur rancœur vis-à-vis de l’injustice - à leur encontre - dans laquelle les avait plongés un esprit facétieux. Résultat : ce dernier se vexa, et les abandonna.
Ce qu’il fulmina son beau Michael :
 
…Suis pas du genre à me plaindre à tort et travers mais là…j’en ai marre, moi…  
 
S’énerver n’arrangera rien, mon chéri ! Il nous a planté, à nous de nous débrouiller. Si tu veux te défouler, pourquoi ne pas interroger ce suppôt de Chacal ?
 
Il s’exécuta avec grand plaisir, lui laissant quand même l’occasion d’user de son don de délier les langues.
Lord Peventies leur en apprit de belles et moins belles. Restait à trouver un plan correct pour rencontrer leurs doubles, les convaincre de devenir droit puisque, apparemment, en ces faits résidait la solution. On discuta, palabra, puis :
 
Je pense que Milord, J.O et moi irons en Russie et ramènerons discrètement James et Michael…vous, mesdemoiselles irez dépister la vraie nièce Grisham et Miss Blackstorm…qu’en pensez-vous ?
 
Hein ?* il t’abandonne déjà, idiote !* Mais Michael, vous ne serez que deux contre trois ! C’est risqué !

J.O et Angel devaient en avoir assez de parlementer. Ils les laissèrent en tête-à-tête pendant qu’ils s’évadaient par la fenêtre.
 
Ça doit être chouette d’être animagus, soupira Alix. J’apprendrai ça, un jour… Tu me verrais en quoi ? Pas en mouton, j’espère ?... Oui, c’est exact, la forme ne correspondrait pas... Oh, moi, je me verrais bien comme mon patronus ( rires) mais parlons sérieusement. Tu sais, je n’ai pas du tout envie d’aller interroger mes soi-disant collègues de travail ici d’autant que d’après ce que ma « copine » de service m’a raconté, l’autre Alix venait tout juste de commencer ce job… Euh, non, je n’ai pas regardé dans les affaires de mon double, trop troublée pour ça !  
 
L’idée leur paraissant excellente, ils allèrent dans la chambre de la domestique y détailler le moindre indice.
 
Regarde ça ! s’exclama-t-elle en épluchant du courrier trouvé au fond d’une minable valise.  
 
Des lettres décryptées, une particulière les avança beaucoup. Alix lut à haute voix :
 
Miss Blackstorm, après trois mises en garde concernant votre efficacité, nous nous voyons dans l’obligation d’exiger votre démission immédiate. En cas de non-observance à cette injonction, votre radiation prendra effet dans une semaine avec les conséquences prévues. C’est signé, votre regretté Commandant F. Rogers... D’après les tampons, ce truc vient de Scotland Yard !
 
Les suggestions de Michael quant à la profession exercée antérieurement firent rigoler la Miss :
 
… Quoi ? Tu penses qu’elle était, ou est encore, flic ? Ma foi… pourquoi pas ? J’étais bien espionne pour l’Ordre du Phénix. Je me demande ce qu’elle a bien pu fabriquer pour en arriver à abandonner sa carrière et tomber si bas !
 
Deux ficelles faciles à tirer apparurent. Il leur suffisait de cuisiner celle qui avait placé Alix à l’hôtel ou d’interroger ce commandant. On exploita d’abord la 1ère solution, la plus facile car on l’avait à portée de main.
Dans le couloir du dernier étage, Michael lui fit répéter la marche à suivre. Amusée, elle le rassura :
 
… T’en fais pas, laisse-moi faire, elle ne criera pas. Si je tarde, je t’autorise à voler à mon secours.
 
Un bisou, elle tambourinait à la porte de sa « collègue » qui ne tarda pas à lui ouvrir, ronchonne :
 
Qu’est-ce que tu veux à cette heure ? Tu oublies déjà d’où tu sors, toi ! Moi, je bosse tôt demain, et…
 
Une petite torsion de poignet, l’affaire se déballa aisément.
 
Voilà, résuma-t-elle à son amoureux lorsqu’ils revinrent prendre un verre dans la suite de Miss Grisham, l’autre Alix était bien flic. Suite à une déception amoureuse, elle est devenue une flémarde de premier rang. Retard au boulot, enquêtes bâclées, résultats nuls pendant des mois. C’était pourtant un bon élément… tu peux le dire : ce biais ne nous mènera pas à elle, hélas !
 
L’heure s’avançant, Mr. De Brent se fit plus tendre. Manifestement, il pensait à autre chose qu’à leurs soucis. Raisonnable, Alix dut le repousser :
 
Il se fait tard, mon ami. Cette journée a déjà été assez rude ainsi pour la prolonger, je trouve… non, non ! Chacun de son côté. Faudrait pas réveiller James ou le Lord !
 
Elle dormit du sommeil du juste, non sans, qu’un jeune homme blond ne la pourchasse… en rêve.  
 
Peu après le petit-déjeuner, ils asticotèrent Lord Peventies qui se révéla assez culoté en exigeant l’immunité suite au « service » qu’il allait leur rendre en les aidant à rentrer dans leur monde. Il n’avait hélas pas tort en prétendant être une clé à leur réussite.  
Puisqu’il fallait en passer par là, on s’apprêta à la séparation. Beaucoup plus nerveuse qu’elle ne l’aurait voulu, Alix s’accrocha à Michael :
 
Promets-moi de revenir en un seul morceau… Fais aussi vite que tu le peux, hein ! … Oui, ne t’inquiète pas, que risquons-nous Angel et moi à simplement courir après deux filles somme toute insignifiantes ? Par contre, méfie-toi du Lord et de ses deux acolytes…  
 
Promesses, baisers, c’est le coeur lourd que Miss Blackstorm vit son bel ange s’évaporer.
La compagnie de la vraie Grisham ne lui étant plus aussi désagréable qu’au départ, Alix ne vit aucun inconvénient à lui narrer à quoi elle avait occupé sa soirée antérieure :
 
… On a découvert que celle qui me ressemble était un flic, un assez bon, avant de rater plein de trucs au point d’être poussée à démissionner. J’ai ma petite idée sur la façon de la faire bonifier… à condition de lui mettre la main dessus, or là… aucune piste de mène à elle.
 
Miss Grisham ne trouva alors rien de mieux que d’appeler le Djinn. Se répandre en plates excuses devant cet esprit farfelu ne fut pas facile pour une Miss Blackstorm plutôt habituée à régenter son monde. Ne voyant pas d’autre issue, elle s’y soumit avec des résultats… pas piqué des vers.  
 
Avec un mal de crâne sévère, Alix se redressa péniblement des mauvais pavés où elle avait atterri. De cette ruelle sombre émanaient des odeurs écœurantes et, vu les nombreuses poubelles appuyées contre des murs luisant d’humidité, la jeune femme se demanda avec effroi où elle avait pu tomber.
Force fut d’errer dans cette sorte de ruelle heureusement déserte. Ici où là, des vitres crasseuses éclairèrent sa progression hésitante. L’une d’elles laissant filtrer un brouhaha confus attira Alix. À peine se hissait-elle sur la pointe de ses souliers que la porte voisine s’ouvrit à la volée sur un baraqué en bras de chemise et tablier sale. Il se délesta des sacs plastiques portés et ne la rata pas en  relevant la tête :
 
Qu’est-ce que tu fous-là Alix ? Comment tu peux être dedans et dehors ?
 
Comprenant au quart de tour, Alix fonça :
 
Vous osez me confondre avec ma jumelle ? Elle est là ? Je veux la voir !
 
S’cusez-moi Miss ! C’est vrai qu’il y a pas photo. ALIX, beugla-t-il vers l’intérieur. Viens voir qui te demande !
 
Deux secondes plus tard, une autre Alix arrivait en se frottant les mains à un linge crasseux. L’homme lui flanqua une bourrade dans le dos :
 
T’avais pas dit que t’avais une super frangine ! Faudra m’la présenter à l’occas. Traîne pas, le boulot n’attend pas !

Pas le temps de laisser l’autre reprendre ses esprits, Alix pointa sa baguette :
 
Pose pas de questions ! Tu sauras tout mais dis-moi où tu loges.
 
Deux ruelles plus loin, elles entrèrent dans un immeuble à appartements miteux. Le meublé était détestable. Dégoûtée, Alix jeta l’autre sur une chaise et l’apostropha :
 
Pour un ex-flic, tu es très ramollie, toi ! Où est-on ?
 
Ben… chez moi !
 
Idiote ! Quelle ville ? Que fais-tu ici ? Raconte tout !
 
Et de lui saisir le poignet pour la faire chanter. L’affaire était banale à pleurer. Après avoir travaillé trois jours dans un ancien manoir devenu hôtel, Alix Bis ne savait ce qui s’était passé pour qu’elle se retrouve perdue à Londres côté moldu. Pas de baguette, pas d’argent, elle avait paré au plus  pressé en se dégottant un job de plongeuse dans une taverne.
 
Regarde-moi dans quelle fange tu te roules, Blackstorm ! T’es fière de toi ? Tout ça pour un mec ?
 
J’aimais Richard plus que tout le reste ! La vie sans lui n’avait plus d’intérêt. Mais toi, t’es qui ? Pas ma sœur, je le saurais !
 
Disons que je viens d’une autre dimension et que je suis là pour t’empêcher de foutre ta vie en l’air !  

Pourquoi ne reprendrais-tu pas du service actif ? Le délai pour ta radiation n’est pas encore écoulé, tu réalises un exploit et tu rentres dans les rangs. Qu’est-ce que tu en penses ?
 
Bof… J’aime pas trop torcher les restes des autres, mais…

C’est faisable ! Je suis sur… une grosse affaire. Tu as entendu du Chacal, non ?
 
Brodant un peu, omettant beaucoup, Alix parvint à faire miroiter une fabuleuse percée dans la carrière de sa jumelle.  Cela prit du temps pour la convaincre d’autant que notre Alix, ne supportant pas désordre et crasse, s’était mise en devoir de rendre à ces lieux et leur locataire une décence appropriée.
Elle lançait un dernier récurvite quand une crécelle argentée vint délivrer un message alarmant :
 
Mince, il s’agit de mon amie Angel… Oui, comme moi, issue… d’ailleurs. Va falloir que l’on se remue ! SPEROPATRONUM !
 
La panthère des neiges fila tracer Angel et son lieu de détention. En attendant, les filles si semblables parlèrent de choses et d’autres, notamment cœur :
 
T’as quelqu’un, toi ?
 
On… On peut dire ça, oui.
 
Il est comment ? Beau, gentil ? Tu vas l’épouser ?
 
Il est… parfait, soupira Alix. Trop tôt pour dire si ça durera mais je ne regrette rien.  
 
Des blablas plus tard, Alix bis put faire connaissance des deux versions de Michael. D’un coup la petite pièce sembla rétrécir quand s’y matérialisèrent cinq personnes supplémentaires.  
Alix n’hésita pas à se jeter dans les bons bras :
 
Ça a été ? Vous avez réussi ? Moi aussi, je crois !
 
Pas à dire mais leurs doubles ne payaient pas grande mine. Sages comme des images, ils s’assirent sans discuter en compagnie d’un Lord Peventies, qui semblait beaucoup s’amuser, sous la surveillance d’un J.O contrarié de ne pas voir son Angel. À ses questions, Alix ne put répondre que :
 
On ignore où elle est sinon qu’elle et son double sont enfermés ensemble. Mon patronus est en prospection. On devrait savoir bientôt.  
 
Alors que Michael achevait de raconter leurs propres aventures, la panthère argentée revint révéler la position des misses Grisham. Rayonnante, Alix se tourna alors vers sa jumelle :
 
Voilà l’occasion de remettre le pied dans l’étrier. On va aller délivrer la nièce de Lord Peventies, et…
 
J.O n’était pas entièrement d’accord. Il voulait en être aussi.
 
Mais c’est à elle de faire ça ! Imagine son renom après un coup pareil !
 
Il palabra et, dans le fond, pourquoi pas ? Suivant les indications du patronus, J.O transplana en compagnie d’Alix bis à qui, avec réticence, Alix confia sa baguette.  
Restés dans le meublé, les cinq occupants ne demeurèrent pas muets pour autant. Il fut bientôt très clair que Michael bis s’intéressait de près à Alix 1, ce qui, évidemment, ne plut pas à la destinataire des avances, et encore moins à son amant.
 
Laisse couler, mon chéri ! Si mon profil lui plait tant, peut-être regardera-t-il ma jumelle avec attention ? Elle a besoin de tendresse, pauvrette ! Oh, mais qu’est-ce que j’ai ?
 
La tête lui tournait, elle se sentait toute chose. Avec stupeur, elle vit sa main devenir transparente. Le visage anxieux de Michael lui sembla flou, de plus en plus flou…
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Un monde fou, fou, fou. - Page 2 Empty Re: Un monde fou, fou, fou.

Message par Michael De Brent Sam Fév 01 2014, 10:56

Un plan en valait un autre dans ces circonstances ! Force fut d’écouter ce que Milord avait à dire. Pas de doute, le bonhomme avait de la suite dans ses idées. Clair et concis, vite remis des émotions truculentes de cette soirée à rallonge, il émit une proposition avec laquelle il comptait s’en tirer blanc comme neige de ses embrouilles.
 
C’est à prendre ou à laisser, mes enfants, et si je comprends bien, vous avez beaucoup à perdre si l’affaire s’éternise de ce côté-ci.
 
Pas besoin de consulter les autres, aucune divergence dans ce sens n’étant possible à imaginer. Ils avaient tous envie d’en finir le plus vite possible avec  cette histoire.
Milord les accompagnerait donc, J.O et lui en Russie. L’idée était loin de l’enchanter, pas plus qu’à son Alix, qui protesta tendrement.
 
Je sais, ma chérie, c’est risqué mais c’est la seule solution…On les trouve, les embarque et après on s’arrange pour les rendre raisonnables…
 

Cela semblait si simple !
Lord Peventies ferait des beaux rêves jusqu’au lendemain, J.O et son Angel étaient sortis se balader sous la lune.
 
Ça doit être chouette d’être animagus, soupira Alix. J’apprendrai ça, un jour… Tu me verrais en quoi ? Pas en mouton, j’espère ?...
 
Mouton, toi ? Rien de plus éloigné de l’idée…
 
Elle s’imaginait comme son patronus, mais lui pensait à une autre sorte de panthère, élancée, sombre, élégante. Mais le moment ne se prêtait pas trop aux divagations. L’idée d’interroger ses collègues de travail ne tentait guère Alix, après tout, selon elle, son double ne travaillait que depuis peu à l’hôtel.
 
Tu as sans doute raison, ça ne donnerait pas grand-chose…Et ses affaires ? Elles doivent bien être dans sa chambre, non ?
 
Miss Blackstorm avoua ne pas y avoir pensé sur le coup. Sans perte de temps, ils allèrent fouiller chaque recoin de la petite chambre. Rien de trop fameux. Miss Blackstorm bis semblait mener une petite vie bien grise. Son maigre bagage ne recelait rien de trop relevant à part la lettre qu’Alix dénicha en épluchant le courrier.
 
Ben dis donc…la miss est un digne représentant de la loi et l’ordre…
 
Cette idée, pourtant très légitime fit rigoler Alix :
 
Quoi ? Tu penses qu’elle était, ou est encore, flic ?
 
Si on en croit à cette lettre, c’est effectivement ça, ma douce…enfin, elle serait plutôt en passe de ne plus l’être…Ils semblent avoir envie de la renvoyer, les gars de Scotland Yard…
 
Je me demande ce qu’elle a bien pu fabriquer pour en arriver à abandonner sa carrière et tomber si bas !, soupira t’elle, pensive.
 
Va savoir, mais ce ne doit être rien de trop bon… la seule façon de le savoir serait interroger le tel Rodgers mais me vois mal en train d’asticoter  un chef du Yard…on devrait mieux se concentrer sur la copine qui l’a recommandée pour ce boulot, tu ne crois pas ?
 
Elle fut d’accord et mena rondement l’affaire sans qu’il ait besoin de s’en mêler.  Les résultats étaient assez concluants. Miss Blackstorm bis était bien un policier mais suite à une déception amoureuse, elle avait tout laissé tomber, s’était laissée mollement aller, ne valait plus rien et semblait n’avoir aucune envie de reprendre la bonne voie.
 
*Comme quoi elles peuvent se ressembler au physique…ça ne va pas plus loin…c’est pas mon Alix qui  ferait les choses de la sorte…pas elle !*
 

C’était pourtant un bon élément… tu peux le dire : ce biais ne nous mènera pas à elle, hélas !, admit Alix, penaude en acceptant le verre qu’il lui tendait avant de s’installer à ses côtés.
 
Je suis sûr qu’il y aura bien un moyen…sais pas pourquoi mais je me doute que le facétieux de service a bien concocté son affaire !
 
Michael envisageait des façons plus plaisantes pour finir cette soirée surprenante et se changer les idées, mais sa belle en décida qu’il était largement temps d’aller dormir, chacun de son côté.  Il n’insista pas trop, après tout un peu de repos ne nuirait pas et il fallait être frais et dispos le lendemain  pour leur virée russe.  La perspective de cet voyage ne finissait pas de l’enchanter, pas plus que de se rencontrer « soi-même », hélas, les alternatives brillaient par leur absence !
 
Petit déjeuner morose !  Aucun d’eux n’était ravi avec la suite prévue. Lord Peventies , par contre, semblait presque de bonne humeur quand ils allèrent le trouver pour peaufiner les détails ultimes.
 
Cela ne posera aucun problème, messieurs, Michael et James me sont totalement dévoués et feront ce que je leur dirai.
 
*Des vraies  marionnettes, ces deux-là…* Il vaudra mieux que ce soit ainsi, Peventies, nous, on n’est pas d’humeur à supporter des bêtises, le moindre écart au plan stipulé et je vous promets que vous irez pourrir en prison !
 
J.O qui était carrément de mauvaise humeur, préféra stupefixer le lord, simple mesure préventive, le temps de prendre congé de leurs compagnes d’aventure.
Laissant Sa Grâce et sa belle se dire adieu comme ils voudraient, Alix et Michael s’écartèrent un peu.
 
Promets-moi de revenir en un seul morceau…
 
Je n’ai pas l’intention de me laisser mettre en pièces, ma douce, surtout en sachant que tu m’attends…Oui, je reviendrai aussi vite que possible…mais  je me fais de la bile pour toi et la petite…
 
Il adora l’éclat velouté de ses yeux de nuit et son sourire en coin.
 
Que risquons-nous Angel et moi à simplement courir après deux filles somme toute insignifiantes ? Par contre, méfie-toi du Lord et de ses deux acolytes…
 
Je t’aime, mon Alix, rien ni personne ne m’empêchera de revenir à ton côté…je le jure !
 
La serrant dans ses bras, il l’embrassa à en perdre haleine puis se séparant, alla rejoindre J.O qui avait déjà remis Lord Peventies en forme pour leur voyage. Le Portoloin virait au bleu scintillant…
 
Leur entrée en scène fut tout moins discrète.  Charles Peventies, le seul à connaitre leur destination avait choisi d’apparaître au beau milieu d’un petit salon d’aspect assez miteux, face à deux gars interloqués qui ne trouvèrent rien de mieux que brandir leurs baguettes, prêts à se défendre.
 
Du calme, les enfants, c’est mo
i, annonça le lord en époussetant la manche de sa veste d’un geste guindé, je suis venu vous chercher…on rentre à la maison !
 

Jusque-là l’explication était acceptable et ils baissaient déjà leurs bois magiques mais en découvrant les compagnons de voyage de Milord, la stupéfaction les saisit.
 
C’est qui ?, glapit Michael bis, en pointant son sosie.
 
À ton avis ?, ricana le Serpentard en le dévisageant,  disons que je suis…l’autre côté du miroir !
 

Mais…c’est pas possible !
 
Pas de souci, je pensais la même chose mais, évidemment, la question ne se pose plus puisqu’on est là, à se regarder comme des idiots…c’est vrai qu’on nous prendrait pour des jumeaux !
 
L’autre ne sembla pas plus rasséréné pour autant, surtout en voyant son copain aux prises avec son propre double. Lord Peventies avait pris place dans un fauteuil tout disposé à se régaler d’un spectacle inédit.
 
Commence par baisser ta baguette, recommanda Michael 1 à Bis, je n’ai pas sorti la mienne…On n’est pas venus vous faire du mal, au contraire, on veut régler les choses de la meilleure façon…
 
Bis demeurait suspicieux, la situation le dépassait et pas qu’un peu, surtout quand son sosie se présenta.
 
Mais c’est moi Michael De Brent !, assura t’il, énervé comme un gamin qu’on vient de traiter de menteur.
 
Il n’y avait pas une once d’arrogance dans ses mots, juste une vérité légitime à ses yeux.  Michael 1 n’avait jamais pris le temps de faire de l’auto-analyse mais devina aisément que la ressemblance avec Bis se limitait au physique. 
 
Je crois qu’on doit parler…
 
Et pour parler, ils le firent.  Se calmant au fur et à mesure de la conversation, Michael Bis se révéla être un superbe conteur, plein d’humour, qui ne prenait pas ses déboires trop au sérieux et en éternel optimiste, attendait toujours que des jours meilleurs lui sourient.  Sa vie n’avait été ni rude ni foncièrement compliquée. Issu d’une famille unie, qui se serrait les coudes face aux problèmes et fêtait chaque réussite. La mort prématurée de son père avait été le début d’un triste déclin.
 
Suis le troisième de cinq, mais pouvais pas laisser que mes sœurs prennent tout en charge…les deux petits vont encore à l’école, on pouvait pas les mêler de ça…  
 
Ils vont à Poudlard ?, s’enquit bêtement Michael.
 
Oui, sont à Poufsouffle…comme moi ! Et toi… ?
 
*Quelle saloperie…mon double est un Pouffy…* Moi…euh, disons que c’est allé autrement…*suis un Serpentard…ma famille ne vaut rien !* Mais dis-moi plutôt comment ça se fait que tu te sois associé avec cette vieille fripouille ?, il avait lancé un regard noir vers Lord Peventies qui buvait du petit lait, sagement installé à sa place.
 
Milord est le meilleur des hommes, protesta Bis, véhément, certes les moyens employés ne sont pas les plus honorables mais…
 

Tu es un voleur !
 
L’autre prit un petit air contrit en secouant la tête.
 
Oui, on peut dire ça…mais à part alléger les trop riches d’une paire de trucs qui ne leur feront pas défaut…
 
Quelle fascinante théorie…ça semble si simple !...Mais tu sais que ce n’est pas bien, au moins ?, s’énerva t’il.
 
Tu parles comme si tu n’avais jamais rien fait de travers…tu as sans doute une vie sans tâche, ce qui te donne le sursis de juger ton prochain, c’est ça ?
 

Rire sans joie.
 
Non, ce n’est pas ça ! Je t’ai dit, nos vies sont très différentes…je ne suis pas trop fier de la mienne, mais c’est pas le point…
 

Ah, je me disais bien…
 

Écoute, Michael…celle-ci est l’opportunité de remettre les choses en ordre…disons, d’effacer ton ardoise et de recommencer  un parcours sans-fautes…Tu n’est pas idiot, ton copain non plus…Milord va tout arranger mais vous deux devez revenir avec nous…
 

La Police est à nos trousses !
 
Crois moi, mon pote…tout peut s’arranger…
 

De son côté, J.O semblait  ne pas l’avoir si facile avec son « jumeau ». Le gars se montrait têtu, virulent et ne mâchait pas ses mots, ce que Sa Grâce ne prenait pas de trop bonne…grâce.
 
Il se prend pour quelqu’un celui-là, rigola Michael Bis, Jaimie est borné comme une mule, c’est pas ton ami qui sait le mettre à l’aise…
 
*Tu sais pas si bien dire…Jaimie est têtu…le Duc est hargneux !*  Parle plutôt avec lui, on veut pas avoir à se battre…Non, tu ne voudras même pas essayer…
 
Milord crut bon d’intervenir aussi et apaiser les esprits surchauffés.  Il parla comme un père à ses enfants turbulents, reconnut ses torts, les minimisant, à l’avis de Michael, très diplomatiquement et assura que le futur serait meilleur et parfaitement honnête. Sur ces mots pleins d’espoir, tous furent d’accord pour toucher le Portoloin que Michael s’était dépêché de créer.
Retour à la case départ, pour découvrir que leurs chéries avaient déserté les lieux, lancées, elles aussi aux trousses de leurs doubles.
 
Je pense que le moment est bon pour une réunion !, assura Michael au temps d’invoquer son patronus et l’envoyer à la recherche d’Alix.
 
Wow ! Super, ta bestiole…Génial…j’aimerais bien réussir le mien comme ça !
 
Question de s’entraîner, crois-moi…si tu y mets tout ton cœur, tu y arriveras…c’est quoi, ton patronus ?
 

Un chat de gouttière !

 
L’aveu resta sans commentaires.  Déjà le cougouar argenté revenait avec l’information requise.  Trasplanage de groupe qui les matérialisa dans une petite pièce. Deux femmes identiques en étant on ne peut plus différentes, s’y trouvaient. Sans l’ombre d’une hésitation, Alix se jeta dans ses bras, sans prêter attention aux autres là réunis. Tout allait bien de son côté aussi. Alix bis resta sagement assise dans son coin, risquant des coups d’œil en douce vers les nouveaux arrivants. Lord Peventies et ses garçons prirent poliment place. J.O, lui, tirait la gueule parce que son Angel n’était pas là mais, comme expliqua Alix, enfermée avec son double qui avait été, apparemment enlevée. La nouvelle fit tiquer Milord mais pour le moment, il sut bien se garder de donner son avis.
Michael raconta rapidement leurs aventures, à temps pour voir revenir le patronus d’Alix indiquant la position exacte où se trouvaient les deux Miss Grisham. L’affaire fut réglée en un temps deux mouvements et J.O put partir à la rescousse de sa miss, en compagnie d’Alix bis, qui avait l’opportunité de redorer son blason aux yeux de Scotland Yard en écrouant les kidnappeurs de la nièce de Lord Peventies.
Pour alors, Michael Bis ne faisait aucun mystère de la fascination que semblait exercer Alix sur lui.
 
Regarde ailleurs, mon pote, cette femme merveilleuse est à moi…
 
Oui, elle était là, l’aimait, le monde était en ordre…mais il ne fallut que quelques secondes pour que le monde bascule…
 
Reprendre ses esprits lui demanda un bon moment. Il avait la sensation d’être passé sous un rouleau compresseur  et se demanda si ce n’était pas bien le cas en constatant qu’il n’y avait pas une parcelle de son corps qui ne le fit pas souffrir. Nauséeux, en pleine confusion, Michael essaya de comprendre ce qui avait pu arriver.
L’endroit où il se trouvait, en si piètre état, n’était guère engageant…Sombre, étroit, murs suintants d’humidité. Une vilaine paillasse pourrie, une cruche d’eau, une petite lucarne laissait passer une lumière grise…le cri lancinant des mouettes et  le roulement incessant des vagues d’une mer démontée. Une idée épouvantable germa dans sa tête qui tournait. Idée qui se mua peu à peu en certitude, lorsqu’un froid intense le transit au temps qu’une profonde sensation de misère…
 
*Azkaban…Détraqueurs…MAUDIT DJINN !*
 

Et ce ne fut que pire, quand peu après, un personnage empesé, entouré de gardes méfiants, vint lui faire grâce d’une mise à jour. Il avait été arrêté par les Aurors à l’Allée des Embrumes, lors de sa fuite éperdue suivant la défaite de Voldemort.
 
Fin de ta maudite carrière, mangemort, le colonel Auror Davenport est très fier de t’avoir pincé, crapule !
 

Non seulement il croupissait, contre toute attente logique, dans la pire prison du monde sorcier,  privé de la femme qu’il aimait mais encore, il fallait que ce soit son meilleur et unique ami qui l’y ait enfermé…
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Un monde fou, fou, fou. - Page 2 Empty Re: Un monde fou, fou, fou.

Message par J.O West Dim Fév 02 2014, 01:59

Insomnie, quand tu nous tiens ! Il resta, les yeux ouverts, fixant le plafond sans le voir, à repasser cette soirée riche en sursauts. Découvrir le fond des agissements de l’exemplaire Lord Peventies avait de quoi surprendre. L’apparition du Djinn et ses idées biscornues avait de quoi remuer à plus d’un titre. La suite ludique au parc l’avait ravi sur le coup mais son esprit pragmatique lui disait de ne pas se fier à cette petite victoire apparente sur l’opiniâtre opposition d’Angel. Le silence de la belle avait été  assez éloquent, elle n’avait pas dit deux mots de suite, et semblait plutôt résignée à subir ses avances, faute d’autre alternative immédiate.
 
*Tu prends tes rêves pour des réalités…Elle t’aime pas. Tu ne représentes rien pour elle…rien de trop bon en tout cas !*
 
Essayer de percer les mystères de cet esprit féminin s’avérait exténuant et guère réjouissant. Incapable de rester là à se retourner le foie force d’élucubrations incertaines, J.O se leva et quitta la chambre, laissant Michael à ses rêves, sans doute très heureux, vu son expression de placide ravissement. Boire ne le tentait pas, rester coincé entre quatre murs encore moins, il avait plutôt besoin de grand-air. Le choix était facile, l’once passa ce qui restait de sa nuit,  sur une corniche à regarder les étoiles…
Retour au bercail avant réveil de la maisonnée. Deux couples au petit déjeuner, l’un heureux, l’autre emmuré dans un silence prémonitoire.  L’humeur de J.O en pâtissait mais il se garda d’en faire étal, réservant sa hargne pour la suite qui ne manquerait pas d’être mouvementée.  Un qui ne se gênait pas pour cacher sa satisfaction était Lord Peventies, à croire qu’il voyait ce changement à son plan initial comme promesse d’un brillant et tranquille avenir.
 
Je veux bien collaborer à votre « retour » dans votre milieu mais j’exige des… garanties.
 
*Manque pas de culot, le bougre !*
 
Et ce n’était pas tout. Il exigeait de l’immunité tout en s’engageant à faire rentrer « ses garçons », assurant, comme si on avait pu s’en douter, pouvoir bouger quelques utiles ficelles pour tout remettre en ordre.
 
On oubliera leurs frasques et je veillerai personnellement à ce que leurs familles soient à l’abri et leur réputation restaurée à condition, je répète, à condition qu’il en soit de même pour moi. Ok ?

Il fallait lui reconnaître un talent certain comme médiateur. L’homme aurait fait carrière en diplomatie. Coincés dans cette situation impossible, difficile d’opposer  une négative. Mitigeant son envie de secouer le noble personnage comme à un vil prunier, James Oliver Strang-Westwood accepta les conditions, comme tous et chacun.
Angel demeurait distante mais réussit, quand même, à émettre quelques mots voulus bienveillants.
 
Prends bien soin d’eux, J.O, et de toi, bien sûr !
 
Pas de souci, suis bon pour ça…jamais laissé un camarade de combat en arrière, maugréa t’il, vexé par tant de froideur alors que le soir d’avant elle avait pu lui faire presque croire à une nouvelle tournure dans leur relation, dis donc…ça te prend souvent de changer d’attitude, comme si rien ?
 
Sans doute pas la bonne question, la miss joua les surprises, assurant n’avoir changé en rien, sans pour autant se priver de livrer le fond de sa pensée :
 
Écoute J.O, je… je ne peux pas répondre à ce que tu sembles attendre de moi dans les conditions actuelles.  On n’en restera pas là, sois en sûr.

Il s’abstint d’en rajouter. À quoi bon ?
 
Vous pensez en avoir pour longtemps ?
 
Comment le savoir ?...Mais avec un peu de chance, ça ne devrait pas prendre trop de temps.
 
Elle manifesta  un espoir poli et il eut droit à un baiser frustrant de chasteté avant de rejoindre les autres pour toucher le Portoloin.
 
Matérialisés dans un séjour triste et gris, selon Peventies quelque part dans la banlieue moscovite, ils affrontèrent deux individus pris de court mais pas moins sur leurs gardes pour autant. Milord apaisa de son mieux ses protégés puis s’installa dans un fauteuil et se limita à son rôle de spectateur.
Si Michael n’avait pas eu trop de mal à vaincre la réticence de son homologue, il n’en fut pas de même pour lui. Son sosie était aussi mal luné que lui-même et d’entrée de jeu, lui ficha carrément sa baguette dans les côtes, prêt à lui envoyer, dare-dare, un mauvais sort, si les explications ne lui convenaient pas. 
 
Explications ?...Tu m’as bien regardé, plouc ? Elle te dit rien, ma tête ?
 
Ouais…on se ressemble !, admit l’autre sans baisser la garde, t’es qui ?
 
James Oliver Westwood !, il omit sciemment le Strang pour ne pas compliquer les choses.
 
T’es dingue, c’est moi, ça !
 
C’est justement ce qui rend cette situation ambiguë !, riposta t’il, arrête de me piquer les côtes avec ta baguette, suis pas armé, pour si jamais tu ne l’avais pas remarqué !
 
L’autre ne voulant pas céder d’un poil, J.O s’y prit en bon Marine et en deux temps trois mouvements, l’avait plaqué au sol, l’y maintenant, un genou sur la poitrine, ce qui définitivement ne fut pas pour plaire.
 
Ça suffit, bon sang…tu glapis comme un putois au lieu d’écouter ce que j’ai à dire…
 
Bon an, mal an, il fit entendre ses raisons à  son double remonté à bloc. Il y aurait sans doute eu bagarre dans les meilleures règles de l’art, si Milord n’avait eu l’heur d’intervenir avec son ton paternaliste.
 
Voyons, Jamie, calme-toi et écoute ce que ce brave garçon a à te dire…Je te garantis que tout ira bien ! Et vous…soyez donc moins brutal !

Je ferai semblant de ne pas avoir entendu, rasseyez-vous et fermez-là !
 
Ose pas parler comme ça à Milord !
 
Me passe de tes conseils !, il se redressa et aida Jamie à faire de même en preuve de bonne foi, mon ami et moi on est ici pour remettre les pendules à l’heure, vais pas entrer en détails tortueux parce que tu ne pigerais rien…
 
Dis-moi idiot, tant qu’à faire…
 
Tu n’as pas fait grand-chose pour démontrer le contraire…en commençant par t’associer à ce brigand de col blanc…

La mine à peine contrite l’autre reconnut ne pas en avoir vu, d’autres alternatives, ses paroles  atteignirent J.O plus que voulu.
 
Tu l’as eu facile, sans doute…Moi, ça a été de la merde depuis le début…pas de parents, pas de famille…un minable orphelin, si j’étais pas allé à l’école et y rencontré Micky…serais encore dans mon trou…Lui et sa famille m’ont accueilli, m’ont fait sentir que j’étais quelqu’un…Puis son paternel est mort tout à coup et il a fallu qu’on s’y mette tous les deux pour tenir la famille avec la tête hors de l’eau…tu piges ?...Je leur dois tout…alors pourquoi pas ça ?...C’était pas si mauvais…tout roulait…jusqu’à ce qu’on nous endosse l’assassinat de ce gros numéro de Gilmore et Dieu sait quoi d’autre…On l’a pas tué, ça je le jure…C’était pas du joli à voir…ça m’a même vachement retourné…quelqu’un d’autre s’était chargé de lui régler son compte à ce grand noble à la noix…l’aura peut-être mérité, va savoir…

Pincement au cœur, ça faisait quand même du mal, entendre tout cela !
 
Sais pas…Mais s‘il ressemblait, tant soit peu, à celui que j’ai connu…non, il ne le méritait pas…
 
Ah, parce que tu connais des gens du genre ?
 
J.O hocha la tête, tristement.
 
Oui…c’était mon père !
 
Et merde…désolé, mon vieux, c’était pas voulu…mais enfin, si ce que tu blablates depuis un moment est vrai…c’est pas vraiment ton père mais…enfin, c’est vache quand même…
 
Ouais, c’est vache…mais ce n’est pas pour cela que je suis là...On est venus vous chercher, ton copain et toi, il faut que vous rentriez en Angleterre pour reprendre votre vie…dans un autre sens.
 
T’es malade, on nous court après, on en veut à nos peaux…on nous a déjà enfermés, si on nous pince de nouveau…ce sera expéditif…
 
On peut arranger ça…Là, ton cher Milord assure pouvoir bien s’y prendre…Faudra croire qu’il a plus de moyens qu’avoués…
 
Et si ça marche pas ?
 
On lui fait la peau !
 
Ce dernier propos n’échappa pas à Milord, très soucieux de sauvegarder peau et honorabilité. Il intervint, majestueux comme Zeus et leur livra une version de ses futurs bienfaits d’un ton si vérace et convaincant  que même l’obstiné de service, James bis, céda…
 
Retour sans témoins. Le patronus de Michael repéra rapidement Miss Blackstorm et la rejoindre ne fut qu’un jeu d’enfants.  Alix avait retrouvé son double et aux dernières informations, Angel aussi  mais se trouvait pour le moment dans une impasse délicate. Miss Grisham 2 avait été kidnappée et à l’heure qu’il était  la douce Miss Grisham 1 cherchant à la libérer, avait demandé de l’aide.
 
Mais qu’est-ce qu’on attend ? Allons y et finissons-en avec  cette histoire…

Alix 1 avait sa petite idée à ce respect. Il fallait que ce soit son sosie qui s’y prenne, arrêter les ravisseurs de la riche héritière lui rendrait son bon nom. J.O ignorait les tenants et aboutissants de cette histoire-là mais refusa carrément de laisser aller la miss seule. Ainsi fut fait…Information à la clé, ils transplanèrent…
Tableau prometteur. Deux stupefixés à l’étage où ils débarquèrent, alors qu’un tintamarre de tous les diables provenait du rez de chaussée. Sans perte de temps, Miss Blackstorm 2 semblait avoir retrouvé des bons vieux réflexes, ils foncèrent.  Coup de baguette magistral de la miss pour mettre fin aux simagrées d’un baraqué  qui venait d’expédier  un chat siamois contre le mur…
 
ANGEL !!!!
 
Trop tard. Le temps que mit son cri à s’éteindre, le minet s’était évaporé. Pas le temps de s’appesantir sur cette perte qu’un tourbillon humain lui tombait dans les bras.
 
Mon chevalier à la brillante armure…venu pour me sauver !
 
*Manquait que ça…une folle !*

Il s’écarta comme il put, sans pouvoir éviter de rester soufflé face à cette copie conforme, ou pas si conforme que ça de celle qui lui ôtait si bien le sommeil. La pétulante demoiselle lui décocha un regard à attendrir un caillou, accompagné d’un battement de cils époustouflant, le tout agrémenté d’un sourire étincelant.
 
Bien que vous repreniez si vite vos esprits, Miss Grisham…mais votre sauveur c’est Miss Blackstorm…je ne fais que…

Le reste de sa phrase se perdit dans une sensation d’étrange flottement, il lui sembla entendre des exclamations surprises avant que tout ne bascule au noir…
 
Votre café, monsieur James…Comment se sent monsieur James ce matin ?...Une merveilleuse journée, monsieur James !

Un M. James de plus et il hurlait. Ramenant les couvertures sur sa tête, il essaya d’échapper à la blessante clarté du soleil s’engouffrant à flots par les fenêtres dont on venait de tirer les lourds rideaux.
 
*Draps de lin, lit de rêve…et Cébius…Bon sang, suis de retour !*
 
Écartant brusquement les draps, il fit mine de se redresser mais fut terrassé par  un malaise épouvantable qui le renvoya sur les oreillers avec une plainte lugubre.
 
Excusez-moi de le dire, M. James, mais vous ne la menez pas large, là…Il faut dire que dans l’état dans lequel vous êtes rentré, laissait prévoir encore pire…

Il se risqua à ouvrir un œil. Le fidèle domestique  le considérait, impassible en apparence, mais impossible de ne pas déceler  les reproches tus.
 
Euh…sais pas trop de quoi vous me parlez, Cebius…en fait, j’ai les idées un peu de travers ! *Un peu ? Tu veux rire…T’es paumé et s’il faut y croire…t’as une gueule de bois monumentale…*
 
Je vous ai apporté une potion qui vous éclaircira la tête, monsieur James, buvez là avec le café, puis prenez une bonne douche écossaise, c’est souverain pour pallier certains excès, on vous attend au bureau de Sa Grâce.
 
Quoi ?, coassa t’il stupidement, sans rien comprendre à ce charabia d’ordres suspects, qui m’attend…peut attendre…suis crevé…je veux…
 
Désolé de vous contredire, Monsieur James (ponctué rageusement), il faut impérativement faire ce que je vous conseille.
 
Non mais, grogna t’il, ça va plus ou quoi ? Depuis quand vous me parlez sur ce ton ?
 
Je ne fais que suivre des ordres très précis, Monsieur James !
 
Allez au diable !
 
Sans doute le fidèle serviteur se prit la liberté de lui envoyer un Imperium pour parvenir à ses fins, le fait est qu’un quart d’heure plus tard, il chaloupait en direction bureau de Sa Grâce en sentant que sa tête allait éclater d’une minute à l’autre. Il maudissait Cebius, le Djinn en passant et le reste de l’humanité pour si jamais.  Posté à la porte du bureau, un domestique s’inclina brièvement avant d’ouvrir le panneau et annoncer d’une voix de stentor :
 
M. James, Sa Grâce !
 
Sans rien comprendre pour autant, J.O passa le seuil en trombe, prêt à laisser éclater sa très mauvaise humeur  mais tout éclat tomba en point mort en découvrant celui qui occupait la place derrière le somptueux bureau ducal.
 
PAPA !
 
À peine l’ombre d’un sourire, le grand homme le jaugeait plutôt d’un œil mécontent.
 
Tu ferais mieux de t’asseoir, James, il semblerait que tu tiens à peine debout !
 
Il allait ouvrir la bouche pour réclamer quelque explication rationnelle quand une main douce le prit du bras pour le conduire à un fauteuil. Surpris, il dévisagea l’aide providentielle.
 
Maman…mais que…qu’est-ce que… ?
 
Assieds-toi, mon chéri…Howard, ne sois pas trop dur avec lui…
 
Faute de mieux, dépassé par la situation, il se laissa tomber dans le fauteuil où le poussa sa mère, censée de se trouver très loin de là, pour rester face à son père, censé d’être mort et enterré depuis pas mal de temps.
 
Ne pas être dur avec lui !?, tonna le Duc en le considérant avec un mépris enragé, comment réagir face à ce spectacle lamentable ?...Un ivrogne qu’on doit ramasser dans la rue comme un quelconque SDF ?
 
*HEIN !?* Pardon si je m’en mêle…
 
Tais-toi, tu as déjà causé assez de torts comme cela avec ton comportement indigne.  Le Dr. Macey n’a pas tort en assurant que tu as des problèmes plus graves que supposés, James…ton comportement erratique, tes sautes d’humeur…ton agressivité…
 
Le tableau brossé le laissait à deux pas de la névrose destructive la plus flagrante,  tant et si bien que sa mère était venue des USA et son cher père avait cru bon ressusciter  quoique, malgré la confusion qui l’agitait, J.O en vint à supposer que quelque raison plus puissante avait dû jouer pour ce retour glorieux.
 
Magnolia Westwood, crut bon intervenir.
 
Mon chéri, calme toi…
 
Je veux bien, admit-il de guerre lasse, mais j’ai besoin d’explications…
 
Sa Grâce le Duc ne se laissait pas amadouer facilement mais quelque chose dans le regard de son fils vint à bout de sa colère.
 
Ceux-ci ont été des temps difficiles.  Il a fallu feindre ma propre mort pour venir à bout d’une conspiration innommable destinée à détruire l’œuvre de tant d’années…
 
Face à un enjeu énorme, le besoin de mesures radicales s’était imposé. Mort le Duc, ses détracteurs, satisfaits, avaient baissé la garde et commis quelques erreurs capitales qui avaient permis de les cerner. Affaire close.
 
Comme quoi, je n’étais qu’un pion décoratif dans ce jeu... *Maudit Djinn…c’est quoi cette embrouille ? …Faut que je me taille !*
 
Le duc fronça les sourcils, sévère, en le fixant.
 
N’oublie pas que tu es mon fils, mon héritier et en aucun moment un pion quelconque…qu’on n’en reparle plus ! Et maintenant, va te reposer !
 
Suis plus fatigué…je dois sortir !
 
Je ne vais pas discuter avec toi…Tu vas te reposer, un point c’est tout, tu dois reprendre tes esprits et te montrer digne !...Au fait, tu ferais bien de mieux choisir tes amies ! Une espèce de folle m'a presque agressé au ministère !
 
Quoi ?...Qui ?...
 
Ne t'inquiète pas pour elle, elle est au frais maintenant !
 
Trop étant trop, il se redressa, furieux.
 
Bon sang, je ne vais pas per…
 
Il se réveilla beaucoup plus tard, ou peut-être était-ce le lendemain…ou qui sait si le jour d’après… une seule chose semblait claire dans son esprit embrumé…
 
*Angel…je dois retrouver Angel*
J.O West
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