Qui cherche trouve...
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Re: Qui cherche trouve...
J’ai besoin d’un autre verre et de cigarettes…
Il n’était pas sûr d’avoir fumé avant, mais qu’à cela ne tienne, il en avait envie, ce ne serait pas elle qui trouverait à en redire. Respectant, comme presque toujours, son besoin de s’isoler, la jeune femme expédia rapidement le bouclage de bagages et occupa le reste du temps à repasser ses notes. La prochaine étape de leur errance serait sans doute la dernière, elle le pressentait. Ce serait la fin de ce jeu macabre dont l’enjeu, énorme, si mis à jour, créerait une controverse d’extraordinaires répercussions à bien de niveaux dans le monde entier. Inconsciemment, Megan Reese entama une prière.
Tes bagages sont prêts ?
Et les tiens aussi. Où allons-nous ?
Pas de réponse directe. La suite l’émerveilla, comme toujours quand il employait la magie, d’abord, John réduisit leurs bagages à une taille risible qui leur permit de trouver place dans son sac puis visant une boîte vide, la fit virer au bleu scintillant. Sans hésiter, elle prit la main de Mr. Smith et eut juste le temps de respirer un bon coup avant de se sentir accrochée au nombril.
L’usage du Portoloin, en dehors de tous ses avantages, la laissait un peu chamboulée, avec l’estomac inquiet mais tous ces inconvénients mineurs furent oubliés de sitôt en découvrant où les avait menés leur voyage-express.
Dieu tout puissant…ce n’est pas…tu penses vraiment que…j’arrête de dire des bêtises, excuse-moi, suis un peu…disons, abasourdie… Number One Observatory Circle, tu me diras…
La belle maison de style Queen Anne, construite vers la fin du 19ème n’était autre que la résidence officielle du vice-président américain. Meg serra son sac, nerveusement et prit une profonde inspiration :
Alors…on va vraiment aller LE voir ?
En toute évidence, celle-là était bien l’intention de Mr. Smith.
Mais, je suppose, qu’on ne va pas se faire annoncer ?...Excuse-moi pour la question idiote, ça me dépasse un peu, de ma vie j’en ai fait des choses, pour obtenir un interview mais celle-ci sera sans doute la plus…euh…flippante…surtout pour …Tu sais qu’on est bons pour la taule, ou l’asile, si ce n’est pire ?...Je veux dire que si les hommes de la sécurité nous farcissent de plomb…Ok, j’arrête, positivons…
John préférait attendre la nuit pour faire leur visite. En attendant, Meg accepta de très bon cœur de chercher un petit endroit discret où se reprendre de l’émoi. Un petit café paumé en banlieue sembla convenir parfaitement à leur besoin de passer inaperçus. La magie opéra de nouveau, apportant quelques changements à leur allure un peu trop européenne.
Je sais qu’il faut garder les idées claires mais là, j’ai besoin d’un sérieux remontant…Un whisky double, merci !...et si on pouvait fumer ici, je te demanderais une de tes cigarettes…c’est un bon jour pour reprendre les mauvais habitudes !
Cela resta sans commentaires, mais le sourire en coin arboré par son laconique compagnon suffisait pour la rasséréner et conclure que de rien ne servait anticiper les événements.
Quand on en aura fini avec ça…vraiment des bonnes vacances s’imposent, j’insiste…pas la peine de le dire, je sais aussi bien que toi comment ça peut finir, mais bien sûr, on va faire semblant de ne pas en avoir la moindre idée et perdre gentiment le temps à bâtir des projets…qu’est-ce que tu en dis ?...Bon, ça ne te dit rien, alors je vais déblatérer toute seule, ce n’est pas très professionnel mais ça nous donnera l’air de citoyens normaux…le pauvre homme qui subit et sa pie de femme qui ne la ferme pas…
Elle n’y pouvait rien. L’attente l’énervait, lui faisait perdre aplomb. John le prit avec grande philosophie et quand Meg glissa sa main dans la sienne, il serra doucement ses doigts.
Ça va aller…merci !
Le vice-président des USA en fonction, écarquilla les yeux, mais, ô miracle, ne cria pas. En fait, le brave homme était trop saisi de stupeur comme pour songer à l’ouvrir, puis, au bout d’un instant, il reconnut John, et même si elle ne s’y attendait pas, sut qui était Meg.
Le deuxième homme au pouvoir se reprit admirablement. Au lieu de crier au fou, il prit une profonde inspiration, sourit et s’avança vers John qui restait presque au garde à vous.
Je ne vais pas demander de quelle astuce vous vous êtes servi, agent Fletcher, pour arriver ici, sans préavis, mais je suis content de vous revoir. On m’avait dit que vous aviez disparu, on vous tenait pour mort…j’avoue que ces explications fournies sans approfondir, ne m’ont jamais semblé, disons satisfaisantes…
Petite pause pour laisser tous les pions en place. John Smith, reconnu comme l’agent spécial Warren Fletcher, un des hommes du Président enchaîna de suite, d’une voix assurée et débita, sans préambules, l’histoire la plus sidérante du siècle. L’autre encaissa en se décomposant au fur et à mesure, allant jusqu’à se rasseoir lourdement, le teint gris.
Je sais, enchaîna Megan, que tout cela peut vous sembler un roman ourdi de toutes pièces par un fou féru de conspirations. Je vous prie de croire, Monsieur, que ce n’est pas le cas, nous avons la documentation nécessaire pour le prouver !
Et de saisir au fond de son sac l’enveloppe brune qu’elle tendit au second mandataire de la nation, qui la prit sans un mot, soupesant en silence l’effroyable réalité qui était à point d’éclater si tout ce qu’on venait de lui dire s’avérait vrai.
Comme vous pouvez le supposer, on nous traque. Un mandat d’arrêt international a été lancé à notre encontre. Il va de soi, monsieur le vice-président, qu’il faut agir…et vite, je vous prie, des vies sont en jeu.
Pendant un très, très long moment on n’entendit que le bruissement des feuilles lues avec profonde componction et le tictac de l’horloge ancienne.
~~
Le spectacle saisissant des chutes Victoria succéda en un clin d’œil aux jardins enneigés de la Maison Blanche. Il faisait chaud et humide, malgré tout Megan frissonna violemment, sans se résoudre à lâcher le bras de Warren Fletcher, qu’elle verrait toujours comme John Smith.
Je me sens bien, oui…c’est que je ne finis pas de m’habituer à aller d’un bout du monde à l’autre comme ça… C’est magnifique...j’avais toujours rêvé d’y venir…est ce que tu pourrais faire quelque chose avec notre allure ?
Il sourit. Le changement fut des plus seyants et rafraîchissants. Megan ferma les yeux et s’abandonna avec délices au nuage d’eau pulvérisée provoqué par la force des cataractes.
Tu sais, c’est merveilleux, assura t’elle, sans ouvrir les yeux, mais si tu envisages aller encore quelque part, je ne voudrais pas avoir l’air d’un rat noyé !
S’en suivit une très plaisante balade, genre safari, pendant laquelle elle put apercevoir quelques éléphants et girafes. Megan se sentait délirante. Après tout ce qu’ils avaient enduré, se trouver là ressemblait à une récompense divine. Personne ne les poursuivait, aucune menace ne pesait sur eux, bien au contraire, reconnaissances, éloges, admiration, louanges avaient été la suite, à la fin du cauchemar. On s’arrachait l’histoire, mais elle se refusait à l’écrire sans l’explicite consentement du principal impliqué et comme ils ne parlaient pas de l’affaire…c’en était resté là !
Le Campement la prit au dépourvu. Elle avait, dans le passé, visité quelques camps de réfugiés mais aucun ne ressemblait à cet ensemble coquet de petites maisons rangées, de gens vaquant, heureux, d’autres travaillant dans les champs aux alentours, veillant sur des troupeaux gras ou encore à ce petit hôpital vu rapidement en passant.
Tu es sûr que ce sont des réfugiés ?, avait-elle demandé.
John avait souri, ravi en assurant qu’elle en saurait plus dans un moment. La lumière commençait à se faire dans son esprit quand ils s’arrêtèrent devant un beau bungalow. Ils descendaient à peine de la jeep quand la porte moustiquaire fut ouverte par un des plus beaux gars que Meg eut croisé. Grand, blond, souriant, avec une fillette rousse dans les bras, il personnifiait le bonheur de vivre et sembla encore plus ravi en découvrant John qui se vit, avec gosse en sandwich, pris dans une belle accolade. Présentations de rigueur.
Alors, c’est vous, le sacré Max ?
Qu’à cela ne tienne. Un instant après une belle jeune femme, en tablier, souriant aussi ravie que le blond, fit son apparition. Inutile mise à jour, la beauté brune déclarait :
Non, pour nous tu seras toujours John Smith, idiot ! Et vous êtes… Megan Reese, non ?...
Celle-ci ne put que rire de bon cœur, conquise d’avance par la chaleureuse simplicité des amis de John.
Oui, c’est bien moi, ça fait vraiment plaisir de savoir qu’on me connait…même ici…au fait, quel endroit magnifique !
La belle Mrs. Von Falkenberg eut un sourire amusé.
Bien sûr que je vous connais, on est peut-être reculé mais pas au cul du monde ! Allez, entrez ! Les enfants, tonton John est là !!
Meg suivit le mouvement en se disant qu’après tout, peut-être, les fins heureuses, ça existe…
Il n’était pas sûr d’avoir fumé avant, mais qu’à cela ne tienne, il en avait envie, ce ne serait pas elle qui trouverait à en redire. Respectant, comme presque toujours, son besoin de s’isoler, la jeune femme expédia rapidement le bouclage de bagages et occupa le reste du temps à repasser ses notes. La prochaine étape de leur errance serait sans doute la dernière, elle le pressentait. Ce serait la fin de ce jeu macabre dont l’enjeu, énorme, si mis à jour, créerait une controverse d’extraordinaires répercussions à bien de niveaux dans le monde entier. Inconsciemment, Megan Reese entama une prière.
Tes bagages sont prêts ?
Et les tiens aussi. Où allons-nous ?
Pas de réponse directe. La suite l’émerveilla, comme toujours quand il employait la magie, d’abord, John réduisit leurs bagages à une taille risible qui leur permit de trouver place dans son sac puis visant une boîte vide, la fit virer au bleu scintillant. Sans hésiter, elle prit la main de Mr. Smith et eut juste le temps de respirer un bon coup avant de se sentir accrochée au nombril.
L’usage du Portoloin, en dehors de tous ses avantages, la laissait un peu chamboulée, avec l’estomac inquiet mais tous ces inconvénients mineurs furent oubliés de sitôt en découvrant où les avait menés leur voyage-express.
Dieu tout puissant…ce n’est pas…tu penses vraiment que…j’arrête de dire des bêtises, excuse-moi, suis un peu…disons, abasourdie… Number One Observatory Circle, tu me diras…
La belle maison de style Queen Anne, construite vers la fin du 19ème n’était autre que la résidence officielle du vice-président américain. Meg serra son sac, nerveusement et prit une profonde inspiration :
Alors…on va vraiment aller LE voir ?
En toute évidence, celle-là était bien l’intention de Mr. Smith.
Mais, je suppose, qu’on ne va pas se faire annoncer ?...Excuse-moi pour la question idiote, ça me dépasse un peu, de ma vie j’en ai fait des choses, pour obtenir un interview mais celle-ci sera sans doute la plus…euh…flippante…surtout pour …Tu sais qu’on est bons pour la taule, ou l’asile, si ce n’est pire ?...Je veux dire que si les hommes de la sécurité nous farcissent de plomb…Ok, j’arrête, positivons…
John préférait attendre la nuit pour faire leur visite. En attendant, Meg accepta de très bon cœur de chercher un petit endroit discret où se reprendre de l’émoi. Un petit café paumé en banlieue sembla convenir parfaitement à leur besoin de passer inaperçus. La magie opéra de nouveau, apportant quelques changements à leur allure un peu trop européenne.
Je sais qu’il faut garder les idées claires mais là, j’ai besoin d’un sérieux remontant…Un whisky double, merci !...et si on pouvait fumer ici, je te demanderais une de tes cigarettes…c’est un bon jour pour reprendre les mauvais habitudes !
Cela resta sans commentaires, mais le sourire en coin arboré par son laconique compagnon suffisait pour la rasséréner et conclure que de rien ne servait anticiper les événements.
Quand on en aura fini avec ça…vraiment des bonnes vacances s’imposent, j’insiste…pas la peine de le dire, je sais aussi bien que toi comment ça peut finir, mais bien sûr, on va faire semblant de ne pas en avoir la moindre idée et perdre gentiment le temps à bâtir des projets…qu’est-ce que tu en dis ?...Bon, ça ne te dit rien, alors je vais déblatérer toute seule, ce n’est pas très professionnel mais ça nous donnera l’air de citoyens normaux…le pauvre homme qui subit et sa pie de femme qui ne la ferme pas…
Elle n’y pouvait rien. L’attente l’énervait, lui faisait perdre aplomb. John le prit avec grande philosophie et quand Meg glissa sa main dans la sienne, il serra doucement ses doigts.
Ça va aller…merci !
Le vice-président des USA en fonction, écarquilla les yeux, mais, ô miracle, ne cria pas. En fait, le brave homme était trop saisi de stupeur comme pour songer à l’ouvrir, puis, au bout d’un instant, il reconnut John, et même si elle ne s’y attendait pas, sut qui était Meg.
Le deuxième homme au pouvoir se reprit admirablement. Au lieu de crier au fou, il prit une profonde inspiration, sourit et s’avança vers John qui restait presque au garde à vous.
Je ne vais pas demander de quelle astuce vous vous êtes servi, agent Fletcher, pour arriver ici, sans préavis, mais je suis content de vous revoir. On m’avait dit que vous aviez disparu, on vous tenait pour mort…j’avoue que ces explications fournies sans approfondir, ne m’ont jamais semblé, disons satisfaisantes…
Petite pause pour laisser tous les pions en place. John Smith, reconnu comme l’agent spécial Warren Fletcher, un des hommes du Président enchaîna de suite, d’une voix assurée et débita, sans préambules, l’histoire la plus sidérante du siècle. L’autre encaissa en se décomposant au fur et à mesure, allant jusqu’à se rasseoir lourdement, le teint gris.
Je sais, enchaîna Megan, que tout cela peut vous sembler un roman ourdi de toutes pièces par un fou féru de conspirations. Je vous prie de croire, Monsieur, que ce n’est pas le cas, nous avons la documentation nécessaire pour le prouver !
Et de saisir au fond de son sac l’enveloppe brune qu’elle tendit au second mandataire de la nation, qui la prit sans un mot, soupesant en silence l’effroyable réalité qui était à point d’éclater si tout ce qu’on venait de lui dire s’avérait vrai.
Comme vous pouvez le supposer, on nous traque. Un mandat d’arrêt international a été lancé à notre encontre. Il va de soi, monsieur le vice-président, qu’il faut agir…et vite, je vous prie, des vies sont en jeu.
Pendant un très, très long moment on n’entendit que le bruissement des feuilles lues avec profonde componction et le tictac de l’horloge ancienne.
~~
Le spectacle saisissant des chutes Victoria succéda en un clin d’œil aux jardins enneigés de la Maison Blanche. Il faisait chaud et humide, malgré tout Megan frissonna violemment, sans se résoudre à lâcher le bras de Warren Fletcher, qu’elle verrait toujours comme John Smith.
Je me sens bien, oui…c’est que je ne finis pas de m’habituer à aller d’un bout du monde à l’autre comme ça… C’est magnifique...j’avais toujours rêvé d’y venir…est ce que tu pourrais faire quelque chose avec notre allure ?
Il sourit. Le changement fut des plus seyants et rafraîchissants. Megan ferma les yeux et s’abandonna avec délices au nuage d’eau pulvérisée provoqué par la force des cataractes.
Tu sais, c’est merveilleux, assura t’elle, sans ouvrir les yeux, mais si tu envisages aller encore quelque part, je ne voudrais pas avoir l’air d’un rat noyé !
S’en suivit une très plaisante balade, genre safari, pendant laquelle elle put apercevoir quelques éléphants et girafes. Megan se sentait délirante. Après tout ce qu’ils avaient enduré, se trouver là ressemblait à une récompense divine. Personne ne les poursuivait, aucune menace ne pesait sur eux, bien au contraire, reconnaissances, éloges, admiration, louanges avaient été la suite, à la fin du cauchemar. On s’arrachait l’histoire, mais elle se refusait à l’écrire sans l’explicite consentement du principal impliqué et comme ils ne parlaient pas de l’affaire…c’en était resté là !
Le Campement la prit au dépourvu. Elle avait, dans le passé, visité quelques camps de réfugiés mais aucun ne ressemblait à cet ensemble coquet de petites maisons rangées, de gens vaquant, heureux, d’autres travaillant dans les champs aux alentours, veillant sur des troupeaux gras ou encore à ce petit hôpital vu rapidement en passant.
Tu es sûr que ce sont des réfugiés ?, avait-elle demandé.
John avait souri, ravi en assurant qu’elle en saurait plus dans un moment. La lumière commençait à se faire dans son esprit quand ils s’arrêtèrent devant un beau bungalow. Ils descendaient à peine de la jeep quand la porte moustiquaire fut ouverte par un des plus beaux gars que Meg eut croisé. Grand, blond, souriant, avec une fillette rousse dans les bras, il personnifiait le bonheur de vivre et sembla encore plus ravi en découvrant John qui se vit, avec gosse en sandwich, pris dans une belle accolade. Présentations de rigueur.
Alors, c’est vous, le sacré Max ?
Qu’à cela ne tienne. Un instant après une belle jeune femme, en tablier, souriant aussi ravie que le blond, fit son apparition. Inutile mise à jour, la beauté brune déclarait :
Non, pour nous tu seras toujours John Smith, idiot ! Et vous êtes… Megan Reese, non ?...
Celle-ci ne put que rire de bon cœur, conquise d’avance par la chaleureuse simplicité des amis de John.
Oui, c’est bien moi, ça fait vraiment plaisir de savoir qu’on me connait…même ici…au fait, quel endroit magnifique !
La belle Mrs. Von Falkenberg eut un sourire amusé.
Bien sûr que je vous connais, on est peut-être reculé mais pas au cul du monde ! Allez, entrez ! Les enfants, tonton John est là !!
Meg suivit le mouvement en se disant qu’après tout, peut-être, les fins heureuses, ça existe…
Megan Reese- Messages : 29
Date d'inscription : 02/02/2014
Re: Qui cherche trouve...
Être reconnu immédiatement avait de quoi satisfaire John qui s’entendit dire :
Je ne vais pas demander de quelle astuce vous vous êtes servi, agent Fletcher, pour arriver ici, sans préavis, mais je suis content de vous revoir. On m’avait dit que vous aviez disparu, on vous tenait pour mort…j’avoue que ces explications fournies sans approfondir, ne m’ont jamais semblé, disons satisfaisantes…
Je puis vous assurer qu’il y avait de quoi ne pas l’être, monsieur le vice-président. Vous connaissez mon intégrité. J’ai, involontairement, découvert une énormité au sujet du président...
C’est-à-dire… ?
Monsieur le…
Vous m’appeliez Al…
Al, asseyez-vous : le président n’est pas le président !
Comme assommé, le vice encaissa la dure réalité des faits présentés de façon claire et concise :
Tout a commencé le 17 mars 1995…
Narrer tous ces événements, les anomalies relevées, les détails, peinait John.
… ils ont alors décimé les miens dans l’espoir de mon silence, puis m’ont traqué. Je suis resté amnésique… longtemps.
Megan, coite jusque-là, sortit ses preuves du fond de son sac :
…nous avons la documentation nécessaire pour le prouver !
Al prit le temps voulu pour enregistrer tenants et aboutissants. Par réflexe, prêt à détaler au moindre signe suspect, John prit la main de Miss Reese :
Nous n’inventons rien… vous seul pouvez…
Qui, comment, pourquoi ? demanda simplement le vice-président abasourdi par ces révélations titanesques.
Je dispose d’enregistrements de conversations entre Patrick et Mr. X. Vous pouvez les confondre si vous le souhaitez, Al…
Tout ceci expliquerait bien des choses, en effet… je ne vous cacherai pas que le comportement de Bill, ces dernières années, a été… étrange. Où est le vrai, une idée ?
Sauf votre respect, Al, ce n’est plus de notre ressort. Miss Reese et moi-même ne désirons qu’une chose : avoir la paix !
Après un nouveau temps de réflexion, le vice-président hocha lentement la tête.
Nous sommes à la veille de grands changements. Des têtes tomberont mais pas les vôtres, jamais ! Warren, Miss Reese, la nation vous sera très reconnaissante de… d’oublier tout ceci… Des compensations conséquentes suivront, je m’y engage.
…………………………………………………………………………………………………………………………………………..
Libres ! Était-ce possible après tant et tant de tension ? Avec leurs sauf-conduits éternels, Megan et John pouvaient espérer repartir à zéro. Pour Smith, cela signifiait surtout reprendre là où on l’avait rebaptisé. Jamais le souvenir de ses amis d’Afrique ne l’avait quitté. Il avait une dette immense envers eux et, maintenant que les choses s’étaient tassées, il escomptait l’acquitter convenablement.
J’aimerais que tu les connaisses, avait-il dit simplement en embarquant Meg dans un transplanage express.
Elle était marrante, cette moldue qui ne cessait de s’émerveiller de la magie déployée non sans en perdre son bon sens. À peine arrivés au pied des chutes Victoria, elle déclara :
… C’est magnifique...j’avais toujours rêvé d’y venir…est ce que tu pourrais faire quelque chose avec notre allure ?
Il arrangea les choses… à sa façon.
Au moment de frapper à la porte, des images folles défilèrent dans un esprit plus atteint que prévu. Un sourire, un port de tête, des rires… Ysaline… Présente à chaque étape de sa résurrection, il s’était forgé une image, quasi une icône, d’elle. Qu’en était-il maintenant ?
Embrassades, étreintes, rires… pleurs retenus :
Je suis Warren Fletcher… et voici Megan Reese sans qui je ne serais pas là aujourd’hui… pas plus que sans toi, Ysaline…
Plus rayonnante encore que dans ses souvenirs… Elle l’accueillit non moins chaleureusement que son époux flanqué d’une fillette flamboyante qui avait bien poussé. John fut sidéré par Alex, déjà si grand, le portrait craché de son père. Évidemment, Sophie détonnait un peu mais elle sembla le reconnaître aussi, sans doute effet caméléon vis-à-vis de son frère adoptif.
Passage obligé : se raconter.
Autour d’un verre à la terrasse avant dîner commença un déballage difficile :
Je n’ai pas osé vous contacter au vu des ennuis causés… Max, rassure-toi, mes quelques prélèvements sur ton compte en banque Gringotts sont renfloués… Meg a toujours été un atout précieux…. Dans un quartier des sans-logis… ouais, protecteur…
Son assombrissement fut aussitôt relayé par la verve de Miss Reese qui commenta leur rencontre très anecdotique de façon amusante.
Puis vinrent des évocations très douloureuses pour John :
J’avais une épouse et deux gosses… on me les a pris pour un truc que j’ai découvert. Ne demandez pas lequel, c’est classé top-secret… à vie…
Il ne pouvait détacher ses yeux du quintet idéal : un couple qui s’adorait entouré d’enfants parfaits.
… Enfin, nous avons droits à des vacances ! Comment ça va pour vous ? Bien, apparemment…
Les Von Falkenberg se racontèrent aussi un peu. Ils ne l’avaient pas eu très facile non plus mais, dans ce coin, les gosses et eux étaient plus à l’abri qu’avant.
La soirée ne s’éternisa pas. On se levait tôt.
Un pavillon pour deux ? Charmante attention, sauf que l’on se méprenait sûrement sur les relations Smith-Reese.
Je prends le divan, comme d’hab, soupira-t-il.
Impossible de fermer l’œil, John était tourmenté. De quel droit était-il venu troubler ses amis, pourquoi était-il si perturbé, pourquoi entraîner Meg là-dedans ?
Pas à dire, les gens du cru étaient charmants. Sous la houlette de Max, on se démena pour leur offrir de vraies vacances. Mais ce n’était pas cela qu’était venu chercher John.
Oh certes, c’était divertissant. Meg, en tout cas, en profitait ou faisait comme si avec le sourire.
Au second jour des visites organisées, il déclara forfait :
Vas-y et amuse-toi bien. Vais voir si je peux être utile.
Ysaline émit un sourire en coin en le voyant se pointer. Qu’elle lui délègue de vider des bassins ne le rebuta pas, il exécuta chaque tâche avec entrain.
Il ne dormait toujours pas après quatre jours. Était-il hyper actif comme elle ? Vu sa tête au matin, sûrement pas.
Nul ne commentait, l’orage couvait.
Vint le soir où Megan lui annonça boucler ses valises pour le lendemain matin. Il en resta comme deux ronds de flan, jeta sa cigarette depuis la rambarde du bungalow, et se contenta de hocher tristement la tête :
… sans doute mieux ainsi !
Brefs adieux à l’aéroport, il se laissa reconduire par un Max aussi fermé que lui.
Le freinage brutal le prit de court :
Qu’est-ce que tu fous ?... Comment ça, ce que je fous moi ?... Je la laisse partir, c’est son choix… Moi ? ( battements de cils perdus) je… je ne sais pas…
Max semblait furieux et, sincèrement, John en ignorait la raison. Ce qu’il entendit, par contre, le fit voir rouge :
… tu te goures, Max ! Je… non ! Je… ou peut-être que oui j’aime Ysaline mais c’est TA femme. Je ne l’aime pas comme toi tu l’aimes, c’est pas ça, pas du tout : elle m’a sauvé la vie… Je… j’aime être avec vous parce que… vous… ( étranglement) vous me rappelez ma famille, MA famille Max… Megan ? Quoi Megan ?... Non, mon vieux, tu te goures encore, t’as tout faux… je ne dis pas le contraire, elle est très chouette, mais elle ne me suit que par pur professionnalisme voyons ! … quoi ? Tu penses vraiment que… ??
Bon Dieu, et s’il avait raison…
Tout s’agença soudainement.
*Plus con que ça tu meurs…* Max, sans te commander, puis-je dire au revoir à ta famille ?
Il embrassa follement les enfants, serra fort Ysaline avec des larmes aux yeux :
Plus jamais je n’oublierai quoique ce soit. Merci mes amis !
Une peluche confiée par Sophie servit de portoloin.
Heathrow.
Présent des heures à l’avance, John s’était décarcassé pour que la « perfection » s’accomplisse. Peut-être allait-il se prendre la vanne de sa vie ? Peu importait.
La limousine attendait devant, lui était là avec un bouquet qui avait subi maintes modifications. Du simple à l’extravagant pour revenir au simple. Des voyageurs l’avaient regardé bizarrement ? Bah !
C’était sans doute idiot, ridicule. L’écrin de la bague lui brûlait la hanche. Seigneur, il tremblait !
*Ridicule ! Fous-le-camp !*
L’annonce de la voix impersonnelle augmenta son énervement : l’avion s’était posé.
Attendre, encore attendre.
Confus, effrayé par anticipation, il fut cent fois prêt à tourner les talons mais s’implanta.
*Autant savoir…*
L’air las en tractant son bagage, il la vit enfin apparaître aux arrivées. Elle ne cherchait personne, marchant, fermée.
Il l’accrocha au passage :
Meg… Megan… pardon…
Un bouquet se tendit…
Je ne vais pas demander de quelle astuce vous vous êtes servi, agent Fletcher, pour arriver ici, sans préavis, mais je suis content de vous revoir. On m’avait dit que vous aviez disparu, on vous tenait pour mort…j’avoue que ces explications fournies sans approfondir, ne m’ont jamais semblé, disons satisfaisantes…
Je puis vous assurer qu’il y avait de quoi ne pas l’être, monsieur le vice-président. Vous connaissez mon intégrité. J’ai, involontairement, découvert une énormité au sujet du président...
C’est-à-dire… ?
Monsieur le…
Vous m’appeliez Al…
Al, asseyez-vous : le président n’est pas le président !
Comme assommé, le vice encaissa la dure réalité des faits présentés de façon claire et concise :
Tout a commencé le 17 mars 1995…
Narrer tous ces événements, les anomalies relevées, les détails, peinait John.
… ils ont alors décimé les miens dans l’espoir de mon silence, puis m’ont traqué. Je suis resté amnésique… longtemps.
Megan, coite jusque-là, sortit ses preuves du fond de son sac :
…nous avons la documentation nécessaire pour le prouver !
Al prit le temps voulu pour enregistrer tenants et aboutissants. Par réflexe, prêt à détaler au moindre signe suspect, John prit la main de Miss Reese :
Nous n’inventons rien… vous seul pouvez…
Qui, comment, pourquoi ? demanda simplement le vice-président abasourdi par ces révélations titanesques.
Je dispose d’enregistrements de conversations entre Patrick et Mr. X. Vous pouvez les confondre si vous le souhaitez, Al…
Tout ceci expliquerait bien des choses, en effet… je ne vous cacherai pas que le comportement de Bill, ces dernières années, a été… étrange. Où est le vrai, une idée ?
Sauf votre respect, Al, ce n’est plus de notre ressort. Miss Reese et moi-même ne désirons qu’une chose : avoir la paix !
Après un nouveau temps de réflexion, le vice-président hocha lentement la tête.
Nous sommes à la veille de grands changements. Des têtes tomberont mais pas les vôtres, jamais ! Warren, Miss Reese, la nation vous sera très reconnaissante de… d’oublier tout ceci… Des compensations conséquentes suivront, je m’y engage.
…………………………………………………………………………………………………………………………………………..
Libres ! Était-ce possible après tant et tant de tension ? Avec leurs sauf-conduits éternels, Megan et John pouvaient espérer repartir à zéro. Pour Smith, cela signifiait surtout reprendre là où on l’avait rebaptisé. Jamais le souvenir de ses amis d’Afrique ne l’avait quitté. Il avait une dette immense envers eux et, maintenant que les choses s’étaient tassées, il escomptait l’acquitter convenablement.
J’aimerais que tu les connaisses, avait-il dit simplement en embarquant Meg dans un transplanage express.
Elle était marrante, cette moldue qui ne cessait de s’émerveiller de la magie déployée non sans en perdre son bon sens. À peine arrivés au pied des chutes Victoria, elle déclara :
… C’est magnifique...j’avais toujours rêvé d’y venir…est ce que tu pourrais faire quelque chose avec notre allure ?
Il arrangea les choses… à sa façon.
Au moment de frapper à la porte, des images folles défilèrent dans un esprit plus atteint que prévu. Un sourire, un port de tête, des rires… Ysaline… Présente à chaque étape de sa résurrection, il s’était forgé une image, quasi une icône, d’elle. Qu’en était-il maintenant ?
Embrassades, étreintes, rires… pleurs retenus :
Je suis Warren Fletcher… et voici Megan Reese sans qui je ne serais pas là aujourd’hui… pas plus que sans toi, Ysaline…
Plus rayonnante encore que dans ses souvenirs… Elle l’accueillit non moins chaleureusement que son époux flanqué d’une fillette flamboyante qui avait bien poussé. John fut sidéré par Alex, déjà si grand, le portrait craché de son père. Évidemment, Sophie détonnait un peu mais elle sembla le reconnaître aussi, sans doute effet caméléon vis-à-vis de son frère adoptif.
Passage obligé : se raconter.
Autour d’un verre à la terrasse avant dîner commença un déballage difficile :
Je n’ai pas osé vous contacter au vu des ennuis causés… Max, rassure-toi, mes quelques prélèvements sur ton compte en banque Gringotts sont renfloués… Meg a toujours été un atout précieux…. Dans un quartier des sans-logis… ouais, protecteur…
Son assombrissement fut aussitôt relayé par la verve de Miss Reese qui commenta leur rencontre très anecdotique de façon amusante.
Puis vinrent des évocations très douloureuses pour John :
J’avais une épouse et deux gosses… on me les a pris pour un truc que j’ai découvert. Ne demandez pas lequel, c’est classé top-secret… à vie…
Il ne pouvait détacher ses yeux du quintet idéal : un couple qui s’adorait entouré d’enfants parfaits.
… Enfin, nous avons droits à des vacances ! Comment ça va pour vous ? Bien, apparemment…
Les Von Falkenberg se racontèrent aussi un peu. Ils ne l’avaient pas eu très facile non plus mais, dans ce coin, les gosses et eux étaient plus à l’abri qu’avant.
La soirée ne s’éternisa pas. On se levait tôt.
Un pavillon pour deux ? Charmante attention, sauf que l’on se méprenait sûrement sur les relations Smith-Reese.
Je prends le divan, comme d’hab, soupira-t-il.
Impossible de fermer l’œil, John était tourmenté. De quel droit était-il venu troubler ses amis, pourquoi était-il si perturbé, pourquoi entraîner Meg là-dedans ?
Pas à dire, les gens du cru étaient charmants. Sous la houlette de Max, on se démena pour leur offrir de vraies vacances. Mais ce n’était pas cela qu’était venu chercher John.
Oh certes, c’était divertissant. Meg, en tout cas, en profitait ou faisait comme si avec le sourire.
Au second jour des visites organisées, il déclara forfait :
Vas-y et amuse-toi bien. Vais voir si je peux être utile.
Ysaline émit un sourire en coin en le voyant se pointer. Qu’elle lui délègue de vider des bassins ne le rebuta pas, il exécuta chaque tâche avec entrain.
Il ne dormait toujours pas après quatre jours. Était-il hyper actif comme elle ? Vu sa tête au matin, sûrement pas.
Nul ne commentait, l’orage couvait.
Vint le soir où Megan lui annonça boucler ses valises pour le lendemain matin. Il en resta comme deux ronds de flan, jeta sa cigarette depuis la rambarde du bungalow, et se contenta de hocher tristement la tête :
… sans doute mieux ainsi !
Brefs adieux à l’aéroport, il se laissa reconduire par un Max aussi fermé que lui.
Le freinage brutal le prit de court :
Qu’est-ce que tu fous ?... Comment ça, ce que je fous moi ?... Je la laisse partir, c’est son choix… Moi ? ( battements de cils perdus) je… je ne sais pas…
Max semblait furieux et, sincèrement, John en ignorait la raison. Ce qu’il entendit, par contre, le fit voir rouge :
… tu te goures, Max ! Je… non ! Je… ou peut-être que oui j’aime Ysaline mais c’est TA femme. Je ne l’aime pas comme toi tu l’aimes, c’est pas ça, pas du tout : elle m’a sauvé la vie… Je… j’aime être avec vous parce que… vous… ( étranglement) vous me rappelez ma famille, MA famille Max… Megan ? Quoi Megan ?... Non, mon vieux, tu te goures encore, t’as tout faux… je ne dis pas le contraire, elle est très chouette, mais elle ne me suit que par pur professionnalisme voyons ! … quoi ? Tu penses vraiment que… ??
Bon Dieu, et s’il avait raison…
Tout s’agença soudainement.
*Plus con que ça tu meurs…* Max, sans te commander, puis-je dire au revoir à ta famille ?
Il embrassa follement les enfants, serra fort Ysaline avec des larmes aux yeux :
Plus jamais je n’oublierai quoique ce soit. Merci mes amis !
Une peluche confiée par Sophie servit de portoloin.
Heathrow.
Présent des heures à l’avance, John s’était décarcassé pour que la « perfection » s’accomplisse. Peut-être allait-il se prendre la vanne de sa vie ? Peu importait.
La limousine attendait devant, lui était là avec un bouquet qui avait subi maintes modifications. Du simple à l’extravagant pour revenir au simple. Des voyageurs l’avaient regardé bizarrement ? Bah !
C’était sans doute idiot, ridicule. L’écrin de la bague lui brûlait la hanche. Seigneur, il tremblait !
*Ridicule ! Fous-le-camp !*
L’annonce de la voix impersonnelle augmenta son énervement : l’avion s’était posé.
Attendre, encore attendre.
Confus, effrayé par anticipation, il fut cent fois prêt à tourner les talons mais s’implanta.
*Autant savoir…*
L’air las en tractant son bagage, il la vit enfin apparaître aux arrivées. Elle ne cherchait personne, marchant, fermée.
Il l’accrocha au passage :
Meg… Megan… pardon…
Un bouquet se tendit…
John Smith- Messages : 30
Date d'inscription : 02/02/2014
Re: Qui cherche trouve...
Retrouvailles émotives. Vraiment émotives. Megan eut soudain la vilaine sensation de n’avoir rien à faire entre ces gens heureux, ravis de se retrouver. C’était comme faire tache dans un ensemble impeccable. Mais, au bout d’un petit moment, elle se rendit compte ne pas être la seule à se sentir exclue.
*Toute cette émotion, c’est pour elle…pour les petits…Seigneur, Mr. Smith, tu es en champ miné !*
Le sublime Max sembla deviner ses états d’âme, peut-être parce que assez ressemblants aux siens propres.
Ils s’entendent très bien…et il a toujours eu un faible pour les gosses…Laissons-les à la joie des retrouvailles…j’espère que le coin vous plaît, Miss Reese…
Megan, je vous en prie !
Le charmant homme s’enquit sur ses impressions des lieux qu’elle livra, sans retenue, louant surtout l’agencement exemplaire du campement et ses installations. Tout autre aurait été ravi de recevoir des compliments mais apparemment, Mr. Von Falkenberg était de naturel modeste et changea rapidement de thème, sans pour autant négliger une discrète surveillance des faits et gestes des autres. Un instant plus tard, ils parlaient d’un séjour vacances et il assurait que les alentours lui conviendraient sans doute très bien.
Je serai ravie de parcourir un peu les lieux, oui…je sais qu’ici vous êtes près de réserves animalières et parcs nationaux, très tentant !
La réunion, sans enfants, se poursuivit à la terrasse, où, boisson en main, la mise à jour s’imposa. Peu de faits amusants, pour lesquels John lui céda la parole, prenant en charge le reste. En sentant sa voix flancher, elle relevait le flambeau et poursuivait le récit. La conclusion de John, lui creva de nouveau le cœur, encore et toujours. Parler de sa famille perdue, ne serait jamais aisé.
*Ça aurait été préférable qu’il ne la retrouve jamais, sa mémoire !*
Leurs hôtes s’arrangèrent pour faire de la suite une gentille petite réunion entre amis, on parla à peu près de n’importe quoi, très anodin et relax, puis Max les conduisit au gentil bungalow proche, prévu pour eux. John n’en fit pas état, elle se tut mais n’en pensa pas moins :
*Et à quoi t’attendais-tu, ma fille ? Tu lui cours après, le monde de long en large…ça se prête à interprétation, non ?*
Le soupir de Mr. Smith la fit retomber sur terre.
Je prends le divan, comme d’hab !
Tu es libre de faire ce tu voudras…mais je vais d’abord à la salle de bains *Cette partie de l’histoire, il l’avait passée sous silence…comme ça, il en pince, pour elle… Je l’ai remarqué, le mari idem…t’es bon pour un tabac, mon vieux !*
Misérable nuit. Une chose est essayer d’en faire de l’humour, une autre, très différente, y réussir.
La balade du jour les mena assez loin du Campement, parcours de grand intérêt et diversité. John avait l’air de regarder le paysage mais Megan aurait juré qu’il ne le voyait pas, perdu dans Dieu sait quelles réflexions.
Le lendemain, Monsieur Smith, fit abstraction de ses bonnes manières et déclina carrément de participer à la virée du jour, donnant comme excuse son désir de faire labeur humanitaire.
*Ouais, donne lui le nom que tu veux…*
Autant tirer le meilleur parti de la journée au lieu de se faire bêtement du mouron, même si le cœur n’y était pas trop, ce que son charmant guide ne rata pas, d’autant qu’il n’avait pas l’air spécialement ravi, non plus.
Alors comme ça, tu as accompagné John dans tout son périple…même en sachant ne pas pouvoir en faire un papier ?
À t’entendre on croirait que je ne fais que courir après un scoop…
Gentil sourire mais l’éclat de ces yeux si bleus ne pouvait être que sérieux.
Non, je ne veux pas sembler ironique, suis curieux !
Soupir, large geste de la main.
Oui, la curiosité, je sais de quoi on parle, là, c’est mon fort, tu t’en doutes…Les agissements de John avaient de quoi attirer mon attention, le savoir sorcier m’a laissée comme deux ronds de flan…mais impossible de ne pas vouloir en savoir plus…pour alors je savais mon papier condamné…tu connais la suite…c’était censé de n’être qu’un petit coup de main…
Il en savait vraisemblablement long sur l’affaire.
Et puis un autre et encore un…je connais ça ! Et puis un jour on s’aperçoit qu’on peut plus lâcher…
Ben oui…tu as tout bon ! Mais toi tu as trouvé un sens, un but et finalement le bonheur…Oh, qu’ils sont beaux, ces éléphants !
Fin des aveux, c’était largement suffisant comme ça ! Max respecta ça et leurs virées suivantes, et sans la compagnie de Monsieur l’Humanitaire de service, se passèrent en bonne et conviviale camaraderie sans approfondir sur une quelconque situation. Fuir à toute la charge d’un rhinocéros fit variété lors de leur dernière promenade. En faire le commentaire à John fut comme parler à un mur de briques, il ne l’entendit même pas, trop pris par une quelconque déclaration de Mrs. Von Falkenberg. Ce fut, pour elle, la goutte qui combla le vase.
Tu sais, je rentre…Oui, tu as bien entendu, je m’en vais, je me défile…en d’autres mots, je fous le camp, c’était bien jusqu’à ce que…enfin…oublie ça…je prends l’avion demain !
Que pigea-t-il de sa déclaration ? Megan en resta pour ses frais avec la sienne :
Sans doute mieux ainsi !
Miss Reese prit sur elle l’envie de lui fracasser quelque chose sur le crâne et sortit, le plus calmement du monde, rejoindre leurs hôtes pour le dîner.
Vous allez m’excuser de m’être servie de votre ordinateur mais je devais réserver mon vol…je pars demain matin…
Max fut le seul à réagir, en s’étonnant vertement. Ysaline, très maitresse de soi, déplora de la voir partir si vite, John lui piochait dans son assiette et semblait à un million de kilomètres de là.
*Joué, perdu…ça t’apprendra à être si bête !*
Au revoir. Merci. Ravie de t’avoir rencontré. Ça collait pour tous les deux. Pour une raison qui lui échappait, Max semblait furieux, Mr. Smith, fidèle à lui-même, se contenta d’une brève, très brève, étreinte, une espèce d’effleurement des lèvres sur le sommet de son crâne et quelque chose de ressemblant à un…Au revoir ? Adieu ? Bonne chance ? Elle n’aurait su le définir. En tout cas pas question de : je t’appelle bientôt, on se parle…on se voit. Aucune manifestation de ce genre. Autant en finir au plus vite.
Bye, les gars !
Demi-tour, droit devant et surtout ne pas se retourner, ne pas flancher, se tenir droite, la tête haute. Bon débarras ? À d’autres ! Ça faisait plus de mal que prévu, mais Megan se voulut courageuse, comme toujours, et avança, vaillant soldat, sans céder à la tentation.
*Si tu le fais, ce sera pire…il sera parti, comme si rien…et ce sera pire…avance, gourde*
Sans trop savoir comment elle s’y était prise, Megan se retrouva dans son siège de 1ère classe, assez être malheureuse comme les pierres comme pour en plus se farcir un vol de 15 heures à l’étroit et sans égards. La gentille hôtesse lui proposa du champagne en guise de bienvenue, elle accepta.
*Pourquoi pas ? Si je me soûle, qui va s’en ficher ?...À votre santé, Mr. Smith…Sois pas conne…à la tienne, Reese !*
C’est beau l’auto-motivation mais parfois ça ne sert absolument à rien. Cela faisait si longtemps qu’elle ne pleurait pas, pas de la sorte en tout cas. Avec des longs sanglots, espacés de soupirs tenus, en sentant que le bel édifice de sa maitrise de soi s’effondrait comme un château de cartes.
Miss…vous sentez vous bien ?
Nez rougi, yeux gonflés, elle releva la tête et dévisagea l’importune capable de poser une question si stupide.
Ai-je l’air de me sentir bien ? NON ! Je me sens affreusement mal…, l’air affolée de l’autre la fit soupirer, pas de souci…je viens d’enterrer un être cher…très cher… alors, si ça ne vous dérange pas, je vais encore pleurer un coup puis ça ira mieux…en attendant, apportez moi un whisky, les bulles me donnent mal au crâne.
La miss se limita à sourire, compréhensive et s’acquitta docilement à ses demandes. Peu après, Meg découvrit qu’elle était claquée. Depuis quand ne dormait elle pas correctement ? Accommodée dans son merveilleux siège ergonomique en position lit, avec les hôtesses qui s’étaient passées le mot pour être aux petits soins, elle dormit comme une souche. Mais à son réveil, le chagrin était toujours présent, avoir envie de pleurer encore la mit en rogne, d’un geste agacé elle essuya ses larmes, redressa le dossier de son siège et tira son gros carnet de notes du fond de son sac.
*Dire que ça foutrait le monde en l’air…la meilleure enquête de ma carrière…du gaspillage ?...T’es conne, Reese, mais pas à ce point…*
Quand l’hôtesse s’approcha pour s’enquérir de ses désirs, Meg demanda du café et se mit au travail.
Heathrow. La tête lui tournait un peu, malgré les quelques heures de sommeil et le litre de café, la fatigue lui tombait dessus comme chape de plomb. Son seul désir ? Rentrer chez elle et dormir mille ans, sans soucis…sans rêves, sans souvenirs.
Perdue dans ses réflexions, elle faillit hurler quand on la retint du bras, au temps qu’un bouquet de fleurs, fort joli, il faut l’admettre, apparaissait sous son nez.
Non, mais…
Meg… Megan… pardon…
Abasourdie, elle leva la tête et dévisagea le dernier homme au monde qu’elle aurait songé trouver là.
TOI !?...Franchement…tes petits tours de passe-passe, ça fait confort, hein ?, et sans y réfléchir leva la main et lui assena une claque retentissante qui fit se retourner plus d’un, en plus de lui tourner la tête, à lui, ce qui, curieusement la fit se sentir très bien, mais cela ne dura que quelques secondes,…Bon Dieu, Smith…tu me… que diable fais-tu ici ?
Il exposa quelques raisons assez valables que Megan ne voulait, ni avait la force d’analyser, ce qui n’empêcha pas d’en être bouleversée outre façon, tant et si bien, que ses jambes en fléchirent. Il sut la retenir avant qu’elle n’ait l’idée de s’étaler là, comme la dernière des idiotes et sans demander son avis l’entraîna vers une limousine garée à deux pas.
Bon sang, Smith…tu veux me jouer le grand numéro ?
Apparemment, c’était là, toute son intention. À peine installée sur la super confortable banquette arrière, en se sentant assez vaseuse, d’émoi, surprise, colère et Dieu sait quoi d’autre, elle se vit ranimée de maîtresse façon d’un simple coup de baguette. En possession de tous ses sens et esprits, Megan se redressa dignement et dévisagea son vis- à vis qui du coup, semblait tout content.
Tiens, c’est nouveau chez toi, cet air ravi…Euh, non, je te faisais absolument satisfait de la vie en Zambie, à contempler le bonheur de tes amis… Ah bon ? Tu as pigé ?...Quoi donc ?...
Aveux remuants. Megan le regarda de biais.
Franchement…tu as besoin qu’on te passe le script complet, toi ! …Non, je ne suis plus fâchée, en fait, je n’ai jamais été fâchée…j’étais triste…ben oui, ça m’arrive, suis pas Super-Fille…je n’ai pas de pouvoir spéciaux, mon truc c’est voir et déduire, suis journaliste...moldue avec bonne intuition, si ça te dit…Arrête de dire des bêtises, John, tu sais parfaitement bien que …ah bon ? Tu sais ça aussi… Tant mieux pour toi, tu pourras dormir tranquille alors…
Jamais on ne lui avait fermé le clapet de la sorte, mais elle n’eut même pas l’idée de se plaindre. Ce baiser anthologique eut l’heur de la mettre à l’endroit et à l’envers, tout du même coup.
Megan revint à la réalité, qui de toute façon lui semblait aller tout de travers, quand la limousine s’arrêta face au Ritz.
Tu as perdu la tête…vais pas entrer là dans cette tenue et encore moins avec toi… John, je suis Megan Reese, tout le monde me connait…j’ai disparu il y a des mois…vais pas reparaître comme ça… Comment ça que personne ne saura ?...Sais plus si je l’aime ou pas, ta magie…
Revigor ou pas, Meg ne se sentait pas trop d’aplomb pour discuter avec cet entêté qui semblait très décidé à faire ce qu’il voulait, envers et contre tout. Force fut de suivre le mouvement en se scotchant un sourire voulu naturel aux lèvres. Que fit-il ? Elle n’en savait rien et n’était pas sûre de vouloir le savoir, le fait est que quelques minutes plus tard on souhaitait obséquieusement la bienvenue à Mr & Mrs. Smith.
Bonté divine….on va remporter le prix d’imagination !, ronchonna t’elle une fois dans l’ascenseur, sais pas exactement ce que tu as derrière la tête mais laisse-moi te dire que ce ne sera pas facile…alors là, pas du tout !
La suite, car s’en était une, et des plus belles de l’établissement, offrait tout le confort qu’un être humain exigeant puisse désirer. Megan ne fit pas de commentaires, se contentant de regarder les lieux d’un œil exercé avant de soupirer, théâtrale, et diriger résolument ses pas vers celle que le très stylé, et empressé, garçon d’étage désignait comme la seconde chambre.
Vous pouvez y poser mes bagages, merci !
Puisque Madame voulait, le brave gars n’y trouverait rien à dire. Certes est que Monsieur semblait rigoler en douce, mais encore là, ce n’étaient pas ses oignons. Nanti d’un généreux pourboire, le domestique se retira, silencieux, après avoir exécuté une petite courbette.
Superbe ! Magnifique ! Suis-je supposée de tomber en pâmoison devant tant de splendeur ? Les dommages intérêts versés par tu sais qui doivent être conséquents …Ah bon, moi aussi j’y ai droit ? Pas la moindre idée, ai pas révisé mon compte en banque…Tant mieux alors, si on est fourrés aux as…et tu penses que ça change quelque chose ?..., geste agacé de la main, dis-moi plutôt à quoi vient cette mise en scène avant que je ne commence à me faire des idées biscornues…quoique, je crois que je devrais déjà m’y mettre…, énervée, elle se passa la main dans les cheveux, parle, à la fin!
*Toute cette émotion, c’est pour elle…pour les petits…Seigneur, Mr. Smith, tu es en champ miné !*
Le sublime Max sembla deviner ses états d’âme, peut-être parce que assez ressemblants aux siens propres.
Ils s’entendent très bien…et il a toujours eu un faible pour les gosses…Laissons-les à la joie des retrouvailles…j’espère que le coin vous plaît, Miss Reese…
Megan, je vous en prie !
Le charmant homme s’enquit sur ses impressions des lieux qu’elle livra, sans retenue, louant surtout l’agencement exemplaire du campement et ses installations. Tout autre aurait été ravi de recevoir des compliments mais apparemment, Mr. Von Falkenberg était de naturel modeste et changea rapidement de thème, sans pour autant négliger une discrète surveillance des faits et gestes des autres. Un instant plus tard, ils parlaient d’un séjour vacances et il assurait que les alentours lui conviendraient sans doute très bien.
Je serai ravie de parcourir un peu les lieux, oui…je sais qu’ici vous êtes près de réserves animalières et parcs nationaux, très tentant !
La réunion, sans enfants, se poursuivit à la terrasse, où, boisson en main, la mise à jour s’imposa. Peu de faits amusants, pour lesquels John lui céda la parole, prenant en charge le reste. En sentant sa voix flancher, elle relevait le flambeau et poursuivait le récit. La conclusion de John, lui creva de nouveau le cœur, encore et toujours. Parler de sa famille perdue, ne serait jamais aisé.
*Ça aurait été préférable qu’il ne la retrouve jamais, sa mémoire !*
Leurs hôtes s’arrangèrent pour faire de la suite une gentille petite réunion entre amis, on parla à peu près de n’importe quoi, très anodin et relax, puis Max les conduisit au gentil bungalow proche, prévu pour eux. John n’en fit pas état, elle se tut mais n’en pensa pas moins :
*Et à quoi t’attendais-tu, ma fille ? Tu lui cours après, le monde de long en large…ça se prête à interprétation, non ?*
Le soupir de Mr. Smith la fit retomber sur terre.
Je prends le divan, comme d’hab !
Tu es libre de faire ce tu voudras…mais je vais d’abord à la salle de bains *Cette partie de l’histoire, il l’avait passée sous silence…comme ça, il en pince, pour elle… Je l’ai remarqué, le mari idem…t’es bon pour un tabac, mon vieux !*
Misérable nuit. Une chose est essayer d’en faire de l’humour, une autre, très différente, y réussir.
La balade du jour les mena assez loin du Campement, parcours de grand intérêt et diversité. John avait l’air de regarder le paysage mais Megan aurait juré qu’il ne le voyait pas, perdu dans Dieu sait quelles réflexions.
Le lendemain, Monsieur Smith, fit abstraction de ses bonnes manières et déclina carrément de participer à la virée du jour, donnant comme excuse son désir de faire labeur humanitaire.
*Ouais, donne lui le nom que tu veux…*
Autant tirer le meilleur parti de la journée au lieu de se faire bêtement du mouron, même si le cœur n’y était pas trop, ce que son charmant guide ne rata pas, d’autant qu’il n’avait pas l’air spécialement ravi, non plus.
Alors comme ça, tu as accompagné John dans tout son périple…même en sachant ne pas pouvoir en faire un papier ?
À t’entendre on croirait que je ne fais que courir après un scoop…
Gentil sourire mais l’éclat de ces yeux si bleus ne pouvait être que sérieux.
Non, je ne veux pas sembler ironique, suis curieux !
Soupir, large geste de la main.
Oui, la curiosité, je sais de quoi on parle, là, c’est mon fort, tu t’en doutes…Les agissements de John avaient de quoi attirer mon attention, le savoir sorcier m’a laissée comme deux ronds de flan…mais impossible de ne pas vouloir en savoir plus…pour alors je savais mon papier condamné…tu connais la suite…c’était censé de n’être qu’un petit coup de main…
Il en savait vraisemblablement long sur l’affaire.
Et puis un autre et encore un…je connais ça ! Et puis un jour on s’aperçoit qu’on peut plus lâcher…
Ben oui…tu as tout bon ! Mais toi tu as trouvé un sens, un but et finalement le bonheur…Oh, qu’ils sont beaux, ces éléphants !
Fin des aveux, c’était largement suffisant comme ça ! Max respecta ça et leurs virées suivantes, et sans la compagnie de Monsieur l’Humanitaire de service, se passèrent en bonne et conviviale camaraderie sans approfondir sur une quelconque situation. Fuir à toute la charge d’un rhinocéros fit variété lors de leur dernière promenade. En faire le commentaire à John fut comme parler à un mur de briques, il ne l’entendit même pas, trop pris par une quelconque déclaration de Mrs. Von Falkenberg. Ce fut, pour elle, la goutte qui combla le vase.
Tu sais, je rentre…Oui, tu as bien entendu, je m’en vais, je me défile…en d’autres mots, je fous le camp, c’était bien jusqu’à ce que…enfin…oublie ça…je prends l’avion demain !
Que pigea-t-il de sa déclaration ? Megan en resta pour ses frais avec la sienne :
Sans doute mieux ainsi !
Miss Reese prit sur elle l’envie de lui fracasser quelque chose sur le crâne et sortit, le plus calmement du monde, rejoindre leurs hôtes pour le dîner.
Vous allez m’excuser de m’être servie de votre ordinateur mais je devais réserver mon vol…je pars demain matin…
Max fut le seul à réagir, en s’étonnant vertement. Ysaline, très maitresse de soi, déplora de la voir partir si vite, John lui piochait dans son assiette et semblait à un million de kilomètres de là.
*Joué, perdu…ça t’apprendra à être si bête !*
Au revoir. Merci. Ravie de t’avoir rencontré. Ça collait pour tous les deux. Pour une raison qui lui échappait, Max semblait furieux, Mr. Smith, fidèle à lui-même, se contenta d’une brève, très brève, étreinte, une espèce d’effleurement des lèvres sur le sommet de son crâne et quelque chose de ressemblant à un…Au revoir ? Adieu ? Bonne chance ? Elle n’aurait su le définir. En tout cas pas question de : je t’appelle bientôt, on se parle…on se voit. Aucune manifestation de ce genre. Autant en finir au plus vite.
Bye, les gars !
Demi-tour, droit devant et surtout ne pas se retourner, ne pas flancher, se tenir droite, la tête haute. Bon débarras ? À d’autres ! Ça faisait plus de mal que prévu, mais Megan se voulut courageuse, comme toujours, et avança, vaillant soldat, sans céder à la tentation.
*Si tu le fais, ce sera pire…il sera parti, comme si rien…et ce sera pire…avance, gourde*
Sans trop savoir comment elle s’y était prise, Megan se retrouva dans son siège de 1ère classe, assez être malheureuse comme les pierres comme pour en plus se farcir un vol de 15 heures à l’étroit et sans égards. La gentille hôtesse lui proposa du champagne en guise de bienvenue, elle accepta.
*Pourquoi pas ? Si je me soûle, qui va s’en ficher ?...À votre santé, Mr. Smith…Sois pas conne…à la tienne, Reese !*
C’est beau l’auto-motivation mais parfois ça ne sert absolument à rien. Cela faisait si longtemps qu’elle ne pleurait pas, pas de la sorte en tout cas. Avec des longs sanglots, espacés de soupirs tenus, en sentant que le bel édifice de sa maitrise de soi s’effondrait comme un château de cartes.
Miss…vous sentez vous bien ?
Nez rougi, yeux gonflés, elle releva la tête et dévisagea l’importune capable de poser une question si stupide.
Ai-je l’air de me sentir bien ? NON ! Je me sens affreusement mal…, l’air affolée de l’autre la fit soupirer, pas de souci…je viens d’enterrer un être cher…très cher… alors, si ça ne vous dérange pas, je vais encore pleurer un coup puis ça ira mieux…en attendant, apportez moi un whisky, les bulles me donnent mal au crâne.
La miss se limita à sourire, compréhensive et s’acquitta docilement à ses demandes. Peu après, Meg découvrit qu’elle était claquée. Depuis quand ne dormait elle pas correctement ? Accommodée dans son merveilleux siège ergonomique en position lit, avec les hôtesses qui s’étaient passées le mot pour être aux petits soins, elle dormit comme une souche. Mais à son réveil, le chagrin était toujours présent, avoir envie de pleurer encore la mit en rogne, d’un geste agacé elle essuya ses larmes, redressa le dossier de son siège et tira son gros carnet de notes du fond de son sac.
*Dire que ça foutrait le monde en l’air…la meilleure enquête de ma carrière…du gaspillage ?...T’es conne, Reese, mais pas à ce point…*
Quand l’hôtesse s’approcha pour s’enquérir de ses désirs, Meg demanda du café et se mit au travail.
Heathrow. La tête lui tournait un peu, malgré les quelques heures de sommeil et le litre de café, la fatigue lui tombait dessus comme chape de plomb. Son seul désir ? Rentrer chez elle et dormir mille ans, sans soucis…sans rêves, sans souvenirs.
Perdue dans ses réflexions, elle faillit hurler quand on la retint du bras, au temps qu’un bouquet de fleurs, fort joli, il faut l’admettre, apparaissait sous son nez.
Non, mais…
Meg… Megan… pardon…
Abasourdie, elle leva la tête et dévisagea le dernier homme au monde qu’elle aurait songé trouver là.
TOI !?...Franchement…tes petits tours de passe-passe, ça fait confort, hein ?, et sans y réfléchir leva la main et lui assena une claque retentissante qui fit se retourner plus d’un, en plus de lui tourner la tête, à lui, ce qui, curieusement la fit se sentir très bien, mais cela ne dura que quelques secondes,…Bon Dieu, Smith…tu me… que diable fais-tu ici ?
Il exposa quelques raisons assez valables que Megan ne voulait, ni avait la force d’analyser, ce qui n’empêcha pas d’en être bouleversée outre façon, tant et si bien, que ses jambes en fléchirent. Il sut la retenir avant qu’elle n’ait l’idée de s’étaler là, comme la dernière des idiotes et sans demander son avis l’entraîna vers une limousine garée à deux pas.
Bon sang, Smith…tu veux me jouer le grand numéro ?
Apparemment, c’était là, toute son intention. À peine installée sur la super confortable banquette arrière, en se sentant assez vaseuse, d’émoi, surprise, colère et Dieu sait quoi d’autre, elle se vit ranimée de maîtresse façon d’un simple coup de baguette. En possession de tous ses sens et esprits, Megan se redressa dignement et dévisagea son vis- à vis qui du coup, semblait tout content.
Tiens, c’est nouveau chez toi, cet air ravi…Euh, non, je te faisais absolument satisfait de la vie en Zambie, à contempler le bonheur de tes amis… Ah bon ? Tu as pigé ?...Quoi donc ?...
Aveux remuants. Megan le regarda de biais.
Franchement…tu as besoin qu’on te passe le script complet, toi ! …Non, je ne suis plus fâchée, en fait, je n’ai jamais été fâchée…j’étais triste…ben oui, ça m’arrive, suis pas Super-Fille…je n’ai pas de pouvoir spéciaux, mon truc c’est voir et déduire, suis journaliste...moldue avec bonne intuition, si ça te dit…Arrête de dire des bêtises, John, tu sais parfaitement bien que …ah bon ? Tu sais ça aussi… Tant mieux pour toi, tu pourras dormir tranquille alors…
Jamais on ne lui avait fermé le clapet de la sorte, mais elle n’eut même pas l’idée de se plaindre. Ce baiser anthologique eut l’heur de la mettre à l’endroit et à l’envers, tout du même coup.
Megan revint à la réalité, qui de toute façon lui semblait aller tout de travers, quand la limousine s’arrêta face au Ritz.
Tu as perdu la tête…vais pas entrer là dans cette tenue et encore moins avec toi… John, je suis Megan Reese, tout le monde me connait…j’ai disparu il y a des mois…vais pas reparaître comme ça… Comment ça que personne ne saura ?...Sais plus si je l’aime ou pas, ta magie…
Revigor ou pas, Meg ne se sentait pas trop d’aplomb pour discuter avec cet entêté qui semblait très décidé à faire ce qu’il voulait, envers et contre tout. Force fut de suivre le mouvement en se scotchant un sourire voulu naturel aux lèvres. Que fit-il ? Elle n’en savait rien et n’était pas sûre de vouloir le savoir, le fait est que quelques minutes plus tard on souhaitait obséquieusement la bienvenue à Mr & Mrs. Smith.
Bonté divine….on va remporter le prix d’imagination !, ronchonna t’elle une fois dans l’ascenseur, sais pas exactement ce que tu as derrière la tête mais laisse-moi te dire que ce ne sera pas facile…alors là, pas du tout !
La suite, car s’en était une, et des plus belles de l’établissement, offrait tout le confort qu’un être humain exigeant puisse désirer. Megan ne fit pas de commentaires, se contentant de regarder les lieux d’un œil exercé avant de soupirer, théâtrale, et diriger résolument ses pas vers celle que le très stylé, et empressé, garçon d’étage désignait comme la seconde chambre.
Vous pouvez y poser mes bagages, merci !
Puisque Madame voulait, le brave gars n’y trouverait rien à dire. Certes est que Monsieur semblait rigoler en douce, mais encore là, ce n’étaient pas ses oignons. Nanti d’un généreux pourboire, le domestique se retira, silencieux, après avoir exécuté une petite courbette.
Superbe ! Magnifique ! Suis-je supposée de tomber en pâmoison devant tant de splendeur ? Les dommages intérêts versés par tu sais qui doivent être conséquents …Ah bon, moi aussi j’y ai droit ? Pas la moindre idée, ai pas révisé mon compte en banque…Tant mieux alors, si on est fourrés aux as…et tu penses que ça change quelque chose ?..., geste agacé de la main, dis-moi plutôt à quoi vient cette mise en scène avant que je ne commence à me faire des idées biscornues…quoique, je crois que je devrais déjà m’y mettre…, énervée, elle se passa la main dans les cheveux, parle, à la fin!
Megan Reese- Messages : 29
Date d'inscription : 02/02/2014
Re: Qui cherche trouve...
À quoi avait-il pensé en allant en Afrique… ? À rien de précis. Il était certain d’une chose : il voulait les revoir. Bon… elle surtout… Une façon de lui montrer que ses efforts n’avaient pas été vains, qu’il vivait encore, qu’il lui serait éternellement redevable ou Dieu sait quelle autre raison. Il n’avait absolument pas prévu… ça ! Ça, c’était une certaine retenue d’Ysaline, la quasi hostilité de Max, et – surtout – la désertion soudaine de Miss Reese qui le battait froid, voire glacial. Elle voulait partir ? Ben… c’était son choix à elle, non ? Elle avait l’air de se ficher que ça lui fasse un mal de chien mais comment lui en vouloir ? Après tout ce qu’elle s’était imposée à son contact, quoi de plus normal qu’elle ne désire que de s’éloigner de ce fauteur de trouble ?
Extrêmement malheureux d’être livré à lui-même, il fut frappé par la mise au point de Max.
CHOUETTE ? T’es plus bête que tes pieds…Elle laisse tout tomber, te suit par monts et par vaux, risque sa vie pour redresser la tienne…et tu la trouves CHOUETTE ?
Il avait dû rater des cases, pas neuf. En y pensant bien, son pote avait sans doute vu plus clair que lui. Au moins une chose était certaine : Megan était peut-être la clé de son avenir…
Elle devait dormir dans l’avion qui la ramenait à Londres. Dans quel état d’esprit serait-elle ? Bonne question !
Qui n’essaye rien n’a rien, dit le dicton. Alors…
TOI !?...Franchement…tes petits tours de passe-passe, ça fait confort, hein ?
En d’autres temps, le geste fracassant dont le gratifia Miss Reese l’aurait probablement énervé. Il aurait pu le parer en un clin d’œil mais ne s’y déroba pas. Ça faisait un bien fou d’être remis à sa place et, aussi, cela confortait certaines idées sur ce qu’éprouvait réellement Megan. Si elle lui avait fait un doigt d’honneur, là il se serait attristé. Au moins, sa « colère » déchargée, Meg l’apostropha :
…Bon Dieu, Smith…tu me… que diable fais-tu ici ?
Je m’ennuyais de toi, ça te suffit ?
Mais qu’est-ce qu’elle lui faisait, là ? Un évanouissement ?
Il la rattrapa de justesse :
J’ai comme l’impression que les mignonettes de l’avion ont été dévalisées. Viens par-là !
Elle suivit en chaloupant jusqu’à la limousine qui démarra aussitôt. Le chauffeur loué avec savait où les conduire. Un petit coup de baguette améliora l’état de Meg. Cependant, John avoua :
Je ne connais plus le sortilège dessoulant, désolé. Mais ce revigor va te remettre.
Il se marrait, et elle le remarqua, preuve qu’elle allait mieux :
Tiens, c’est nouveau chez toi, cet air ravi…
J’ai de bonnes raisons pour ça. Tu ne t’attendais pas à me revoir si tôt, n’est-ce pas ?
Euh, non, je te faisais absolument satisfait de la vie en Zambie, à contempler le bonheur de tes amis…
Oublions ce chapitre, j’ai pigé. Max m’a ouvert les yeux, et vivre à travers eux n’est pas un solution. Je me suis comporté comme le dernier des imbéciles…
ah bon ? Tu sais ça aussi…
Comme beaucoup d’autres choses aujourd’hui…
Tant mieux pour toi, tu pourras dormir tranquille alors…
Meg, tais-toi !
L’urgence de l’embrasser devint intolérable et l’occasion trop belle ! Qu’il ne reçoive pas une autre baffe, le rassura complètement, ou presque… Mais la voiture freinait déjà. Les plaintes reprirent :
… John, je suis Megan Reese, tout le monde me connait…j’ai disparu il y a des mois…vais pas reparaître comme ça…
Chut, chut, tout est prévu, ils n’y verront que du feu !
Qu’ils entrent, signent et montent comme une fleur ne sembla pas calmer la fureur de Miss Reese qui, sitôt le garçon d’étage renvoyé, continua à râler :
Superbe ! Magnifique ! Suis-je supposée de tomber en pâmoison devant tant de splendeur ? Les dommages intérêts versés par tu sais qui doivent être conséquents…
« On » s’est montré généreux c’est vrai, envers nous deux du reste…
Et blabla, blabla. La miss n’en finissait pas d’être remontée au point que la patience de John s’effilocha. Quand elle le somma de parler, il ne se gêna pas :
D’abord, je me sers un verre ! … Non, toi, tu en as assez éclusé ainsi alors que je me desséchais en te préparant une fête... ouais, c’était supposé en être une ! Tu videras la bouteille de champ quand j’aurai le dos tourné si ça te chante !
Il négligea le seau à glace à côté de la corbeille de fruits et fonça sur le bar dont trois mini-bouteilles de whisky emplirent son tumbler. Une bonne lampée ensuite, il l’affronta :
Que veux-tu que je dise, que je fasse ? Vais pas mettre un genou par terre et te supplier de croire en mon amour, Meg. C’est pas mon style, enfin crois pas… Je te suis redevable de beaucoup, de plus que le fric octroyé ne compensera jamais. Le pire est que c’est pas fini !...Laisse-moi parler si tu ne veux pas que je t’y force ! Al a été très clair : nos vies, la tienne surtout, doivent être radicalement différentes. Tu ne peux plus être la grande Megan Reese si médiatisée à moins que je ne transforme ta mémoire en la passoire qu’était la mienne. Moi, je ne peux plus mettre un pied officiel aux USA où j’ai une mère et une sœur qui me pleurent sans compter un beau-frère, des neveux, des nièces… Perso, ça m’est égal du moment que tu es à mes côtés…. CHUT, j’ai pas fini ! Je ne veux rien t’imposer Meg, juste proposer. On s’entendait bien, on se complète d’une certaine façon, non ? Je te demanderai juste de réfléchir à ce que toi tu veux : faire un bout de chemin avec moi encore, un très long si affinités ... ou que je t’octroie l’oubliette de ta vie. Elle reprendra là où tu l’as laissée avec ton papier sur les sans-abris. Bonne nuit, Megan !
Il quitta la première chambre en refermant doucement la porte de communication.
Une douche, et vite !
S’il se croyait à l’abri sous le jet, c’était sans compter sur la rogne de Miss Reese.
Il nouait une serviette sur ses reins dégoulinants quand il la trouva plantée au milieu de la pièce, une coupe de champagne en main et la langue bien pendue.
… Ah, déjà choisi ? Je peux savoir quoi ?... Tu n’arrêtes donc jamais avec tes questions ?... Chut, chut, on va s’arranger. Mais là, tout de suite…
Il s’avança vers elle, lui saisit la nuque en arrière et l’embrassa savamment :
Je t’aime ! Grododo !
Heureux ? Le mot est faible. John ne s’était pas senti aussi bien depuis longtemps. Megan assommée, il l’accommoda dans son lit personnel où il la couva tout le restant de nuit. Souvent, ils avaient partagé la même couche mais sans jamais s’approcher autant. Avec elle au creux de son bras, il se sentait invincible…
Bien, mal ? Il ne savait pas trop. N’était-il pas d’un égoïsme total en imposant tout cela à cette jeune femme ? Elle venait d’accepter un avenir incertain à ses côtés, et il se demandait s’il avait vraiment le droit de n’offrir que ce peu d’alternative. On verrait demain.
Il avait espéré quitter la couette en douce et leur commander un splendide petit-déjeuner, ce fut raté. L’œil malicieux de Megan accrocha le sien et il osa enfin des gestes tendres puis audacieux. Le repas attendit qu’une autre faim s’assouvisse …
En peignoirs blancs immaculés, ils achevèrent leurs cafés en riant encore de tous les trucs débiles qu’ils s’étaient débités. Pourtant John redevint sérieux en se dirigeant vers un attaché-case dont il sortit des passeports et des cartes magnétiques.
Voilà, dit-il en donnant les siens à Meg. Tu es maintenant officiellement Katherine Osborne, reporter free-lance.
Devant sa moue, il rigola :
Tu peux choisir ce que tu veux, j’arrangerai ça d’un coup de baguette… Ouais, faussaire patenté, un beau métier, non ? Moi ? Au choix…
Il lui fila ses exemplaires en se marrant de ses expressions en découvrant ses possibles identités. De David Clark, agent de change à Thomas Layton détective privé, une fameuse palette s’offrait.
… Bien sûr que tu vas travailler ! Je t’imagine mal en train de te tourner les pouces, pas toi ? … j’ai eu 15 heures pour mettre ça au point, bien suffisant à mon avis… Non, non je n’étais sûr de rien, je le jure !
Rires, baisers, on trouva quand même le temps de s’habiller correctement.
Main dans la main, ils arpentèrent plusieurs rues de la capitale pour se rendre au chemin de Traverse qui s’ouvrit selon le code habituel. Très mystérieux, John avait eu un mal fou à réfréner la curiosité de Megan quant à son futur emploi. Après un petit détour dans sa « planque» où ils revêtirent des atours passe-partout, il la conduisit aux bureaux de la « gazette » des sorciers. Meg était abasourdie par la façon de procéder des imprimeurs et scribouillards. L’emploi des plumes d’oie, et de rotatives manuelles avait de quoi surprendre surtout que certains instruments fonctionnaient sans mains pour les guider.
Le directeur, sorcier d’une cinquantaine d’années, ressemblait vaguement à un dr Schweitzer à lunettes. Il tendit une paluche aussi empressée que réjouie :
Bonjour Mr. Smith, voici donc notre enfant prodige ? Est-il vrai que vous êtes absolument moldue, ma chère ???... C’est merveilleux ! Je suis, comme Arthur Weasley – un grand ami – passionné par votre monde. Nous serions honorés et ravis si vous pouviez apporter à notre un monde un peu de la culture de la vôtre, si riche et si… étrange !
Le courant passait entre ceux-là, John pouvait laisser Meg se débrouiller à présent. Il promit de venir la quérir pour déjeuner et alla vaquer à ses affaires…
Des trucs à régler, souffla-t-il avec un petit bisou discret.
Des affaires, il en avait sur les bras, et pas des moindres. Il n’avait pas encore eu beaucoup de temps pour se pencher sur sa véritable identité. Fletcher était officiellement mort et devait le rester. « On » lui avait vaguement signalé qu’outre sa famille directe assassinée, quelques membres vivaient encore. Il ne pourrait jamais les contacter, hélas. De ce fait, une partie du puzzle le concernant demeurerait dans les limbes éternels. Néanmoins, « on » se chargea gentiment de lui signaler que Fletcher avait mis de l’argent de côté. Avertie, la banque de Salem avait transféré les avoirs en Angleterre. Il était temps de « voir » ce qui se trouvait à Gringotts.
*OMG !*
Comment diable Fletcher s’y était-il pris pour posséder un tel pactole ?? La branche sorcière de la famille devait être… puissante, impossible autrement.
*À moins que ce ne soient que des trafiquants de la pire envergure…*
Avec ce trésor, additionné au prix du silence… Inutile de se poser la moindre question sur quoi manger demain. Mille projets se mirent à tourner sous les cheveux bruns. Un premier lui tenant particulièrement à cœur, il regagna rapidement le côté moldu et prospecta.
À midi, il repassa au siège de la gazette. Son cœur bondit en voyant Megan à la fois excitée et paniquée par tant de nouveautés :
Tu vas te plaire ? …Tant mieux !... Oh, moi, des trucs… Allons plutôt déjeuner... Chez « McLane » c’est le meilleur du coin. Il a rouvert, tu verras !
Il avait réservé la veille, en forçant un peu le passe-droit.
Quelle activité ! John en fut réjoui pour la propriétaire qu’il avait eu l’occasion de croiser parfois quand il faisait… les poubelles… Jamais elle ou son chef n’avait hésité à remplir des sacs destinés aux démunis. Alors que Meg babillait sans interruption, il repéra Nielsen, le chef :
Attends, je reviens !
Il planta Meg pour causer avec son ancienne connaissance.
Salut Erik ! ( Battements de cils incertains en retour ) J’ai changé, je sais, et je ne fais plus la manche comme tu peux voir. On avait pour habitude de se croiser dans le passage arrière… Est-ce que tu vas bien ? … Ok, je comprends. Pas grave ! Je repasserai souvent dans le coin.
Un peu tracassé, il revint vers une Megan que se délectait de son plat.
… oui, non… il ne m’a pas remis mais je ne peux pas lui en vouloir… Il a maigri, a un air que je ne lui connaissais pas… avant. Alors, ce job te botte ?
Elle en était ravie, avoua encore devoir s’adapter mais écrire la passionnait.
… oh, moi ? J’ai visité des agences immobilières… On ne va pas s’installer à demeure au Ritz, hein ? Plusieurs propriétés sont intéressantes mais je ne voulais rien décider sans… toi…
En attendant de trouver un nid parfait, ils louèrent un très bel appartement au cœur de Londres. S’organiser n’était pas évident. Megan ne sachant utiliser de baguette magique, John la conduisait tous les jours au chemin de Traverse et venait l’y reprendre vers 17 heures ou midi, selon. La splendide cuisine du logement ne servait pas à grand-chose puisqu’aucun des deux n’était doué dans cet art, hélas. On faisait avec.
De son côté, John ne resta pas inactif. L’immeuble acheté convenait parfaitement à ses idées. Wiseman avait été surpris de recevoir une invitation à visiter les locaux en réfection. Qui était le généreux mécène ? Nul n’en savait rien. Malgré ces activités, John ressentait un vide, un manque… d’action. Il fallait se donner le temps de se retourner, de trouver de nouvelles marques.
Noël approchait à grands pas. Pour marquer le coup d’envoi de son œuvre sociale, il passa la commande la plus gigantesque à fournir par le restaurant McLane. Bien sûr, un tel festin ne se produirait qu’une fois l’an… Sinon John escomptait bien fournir logement et nourriture au plus possible de démunis. Il aurait aussi aimé recevoir l’appui d’hôpitaux pour des soins urgents ou banals. Les convaincre en douceur n’était pas son fort, malheureusement. Il venait de se faire rabrouer à Ste Mangouste quand, dans un couloir, il croisa par hasard Erik Nielsen.
Il portait une blouse blanche sans rapport avec son tablier et sa toque habituelle :
Qu’est-ce que tu fous ici ? T’es toubib… aussi ?
L’air hagard du jeune gars ne laissa aucun doute à John :
*Pas loin de péter un câble, celui-là !* Erik, Opal et toi vous m’avez dépanné plus d’une fois quand j’étais pauvre comme Job. Si je peux t’aider… Voici mon numéro…
Une histoire rapide se débita en courant presque. Mariage, bébés en route, boulot monstre... Bye, et merci ! DE quoi être quasi content de sa petite routine actuelle…
Il n’y pensa plus trop, s’occupant d’acheter les décorations pour l’immeuble restauré où, le grand soir, il amena une Megan très intriguée par ses « secrets ».
Tu devrais avoir l’habitude de mes « secrets », rigola-t-il en lui nouant… un tablier autour de la taille.
Ce n’était pas le genre de fête qu’elle aurait désiré, il le sentit mais ne pouvait pas agir autrement. Servir des repas aux autres, se dévouer avec le sourire…
Il se rattrapa – ou du moins le crut – le lendemain, devant le petit sapin de l’appart sous lequel un seul paquet attendait Meg. Intriguée, elle le déballa, lui eut envie de se transformer en souris. Le diamant scintilla :
Ma chérie, ne te crois pas obligée de dire oui de suite. Prends tout le temps que tu veux, je sais être patient, et…
Elle régla le souci à sa façon.
Les installations tournaient à plein régime de capacité, la semaine s’écoula à la vitesse du vent qui était conséquent en cette fin décembre.
Il chinait au chemin de traverse quand :
Tonton John !!
Al… Alex ? Quelle bonne surprise ! Comment vas-tu mon grand, où…
Le père suivait non loin. Poignée de main, sourire de travers :
Hey, John…si je m’y attendais…
Et moi donc ! Mais… qu’est-ce que vous faites-là ? Vous êtes… tous là ?
Ben oui, nous sommes ici aussi… Ysaline a voulu rentrer à tout prix…tu sais, la sécurité…elle sera ravie de te voir…
C'est pas croyable ! Avec Megan, on habite pas loin. Elle travaille à la gazette des sorciers et moi… je vis. Viens d’ailleurs me rendre compte que, comme un idiot, j’ai oublié le réveillon. J’ai rien de prêt, et…
Ah bon ?...alors venez ce soir à la maison…On fêtera le Nouvel An ensemble…
On ne voudrait pas déranger…
Oui, viens tonton, viens ! insista Alex.
J’en parle à Meg. Si ça colle pas, je te téléphone.
Des cartes s’échangèrent.
Fameuse baraque que ce Stillworth House. Les doigts noués à ceux de sa femme-fiancée, John fut admis au grand salon. Choc. Il la savait belle mais…
*Wow !¨*
Histoire de rassurer tout le monde, il embrassa la tempe de Megan en soufflant :
Il n’y aura jamais que toi !
Bonne soirée, en vérité. Ça faisait bizarre d’être là, tirés à quatre épingles quand on s’était connus en plus débraillé que ça t’es clodo.
… et ça te convient Max, d’être… euh… gérant… à distance…
Explications, justifications, etc. Il fut clair qu’ils devaient faire avec, exactement comme eux.
Les douze coups retentirent.
Bonne année !
Tous les verres s’entrechoquèrent, les embrassades débutèrent.
Meilleurs vœux, mon amour… Avec toi, sûr qu’elle sera magnifique cette année… ce sera quand tu voudras. Ne me fais pas trop languir quand même !
Il avait amorcé un bisou à la joue d’Ysaline quand son portable sonna :
Zut ! Excuse-moi !
Un peu à l’écart, il écouta en se décomposant peu à peu.
Erik ? Mais… Ça va, ça va, panique pas ! Tu ne pouvais pas mieux tomber. Je t’amène la meilleure au monde, panique pas !
Un peu blême néanmoins, il se tourna vers ses hôtes :
Ysaline… la femme d’un de mes amis est au plus mal… des jumeaux hâtifs… Ste Mangouste depuis une semaine… Il est médicomage mais largué…
Ysaline leva les yeux vers son Max, lui vers sa Megan. Accords muets, trousse saisie, en urgence ils transplanèrent…
Extrêmement malheureux d’être livré à lui-même, il fut frappé par la mise au point de Max.
CHOUETTE ? T’es plus bête que tes pieds…Elle laisse tout tomber, te suit par monts et par vaux, risque sa vie pour redresser la tienne…et tu la trouves CHOUETTE ?
Il avait dû rater des cases, pas neuf. En y pensant bien, son pote avait sans doute vu plus clair que lui. Au moins une chose était certaine : Megan était peut-être la clé de son avenir…
Elle devait dormir dans l’avion qui la ramenait à Londres. Dans quel état d’esprit serait-elle ? Bonne question !
Qui n’essaye rien n’a rien, dit le dicton. Alors…
TOI !?...Franchement…tes petits tours de passe-passe, ça fait confort, hein ?
En d’autres temps, le geste fracassant dont le gratifia Miss Reese l’aurait probablement énervé. Il aurait pu le parer en un clin d’œil mais ne s’y déroba pas. Ça faisait un bien fou d’être remis à sa place et, aussi, cela confortait certaines idées sur ce qu’éprouvait réellement Megan. Si elle lui avait fait un doigt d’honneur, là il se serait attristé. Au moins, sa « colère » déchargée, Meg l’apostropha :
…Bon Dieu, Smith…tu me… que diable fais-tu ici ?
Je m’ennuyais de toi, ça te suffit ?
Mais qu’est-ce qu’elle lui faisait, là ? Un évanouissement ?
Il la rattrapa de justesse :
J’ai comme l’impression que les mignonettes de l’avion ont été dévalisées. Viens par-là !
Elle suivit en chaloupant jusqu’à la limousine qui démarra aussitôt. Le chauffeur loué avec savait où les conduire. Un petit coup de baguette améliora l’état de Meg. Cependant, John avoua :
Je ne connais plus le sortilège dessoulant, désolé. Mais ce revigor va te remettre.
Il se marrait, et elle le remarqua, preuve qu’elle allait mieux :
Tiens, c’est nouveau chez toi, cet air ravi…
J’ai de bonnes raisons pour ça. Tu ne t’attendais pas à me revoir si tôt, n’est-ce pas ?
Euh, non, je te faisais absolument satisfait de la vie en Zambie, à contempler le bonheur de tes amis…
Oublions ce chapitre, j’ai pigé. Max m’a ouvert les yeux, et vivre à travers eux n’est pas un solution. Je me suis comporté comme le dernier des imbéciles…
ah bon ? Tu sais ça aussi…
Comme beaucoup d’autres choses aujourd’hui…
Tant mieux pour toi, tu pourras dormir tranquille alors…
Meg, tais-toi !
L’urgence de l’embrasser devint intolérable et l’occasion trop belle ! Qu’il ne reçoive pas une autre baffe, le rassura complètement, ou presque… Mais la voiture freinait déjà. Les plaintes reprirent :
… John, je suis Megan Reese, tout le monde me connait…j’ai disparu il y a des mois…vais pas reparaître comme ça…
Chut, chut, tout est prévu, ils n’y verront que du feu !
Qu’ils entrent, signent et montent comme une fleur ne sembla pas calmer la fureur de Miss Reese qui, sitôt le garçon d’étage renvoyé, continua à râler :
Superbe ! Magnifique ! Suis-je supposée de tomber en pâmoison devant tant de splendeur ? Les dommages intérêts versés par tu sais qui doivent être conséquents…
« On » s’est montré généreux c’est vrai, envers nous deux du reste…
Et blabla, blabla. La miss n’en finissait pas d’être remontée au point que la patience de John s’effilocha. Quand elle le somma de parler, il ne se gêna pas :
D’abord, je me sers un verre ! … Non, toi, tu en as assez éclusé ainsi alors que je me desséchais en te préparant une fête... ouais, c’était supposé en être une ! Tu videras la bouteille de champ quand j’aurai le dos tourné si ça te chante !
Il négligea le seau à glace à côté de la corbeille de fruits et fonça sur le bar dont trois mini-bouteilles de whisky emplirent son tumbler. Une bonne lampée ensuite, il l’affronta :
Que veux-tu que je dise, que je fasse ? Vais pas mettre un genou par terre et te supplier de croire en mon amour, Meg. C’est pas mon style, enfin crois pas… Je te suis redevable de beaucoup, de plus que le fric octroyé ne compensera jamais. Le pire est que c’est pas fini !...Laisse-moi parler si tu ne veux pas que je t’y force ! Al a été très clair : nos vies, la tienne surtout, doivent être radicalement différentes. Tu ne peux plus être la grande Megan Reese si médiatisée à moins que je ne transforme ta mémoire en la passoire qu’était la mienne. Moi, je ne peux plus mettre un pied officiel aux USA où j’ai une mère et une sœur qui me pleurent sans compter un beau-frère, des neveux, des nièces… Perso, ça m’est égal du moment que tu es à mes côtés…. CHUT, j’ai pas fini ! Je ne veux rien t’imposer Meg, juste proposer. On s’entendait bien, on se complète d’une certaine façon, non ? Je te demanderai juste de réfléchir à ce que toi tu veux : faire un bout de chemin avec moi encore, un très long si affinités ... ou que je t’octroie l’oubliette de ta vie. Elle reprendra là où tu l’as laissée avec ton papier sur les sans-abris. Bonne nuit, Megan !
Il quitta la première chambre en refermant doucement la porte de communication.
Une douche, et vite !
S’il se croyait à l’abri sous le jet, c’était sans compter sur la rogne de Miss Reese.
Il nouait une serviette sur ses reins dégoulinants quand il la trouva plantée au milieu de la pièce, une coupe de champagne en main et la langue bien pendue.
… Ah, déjà choisi ? Je peux savoir quoi ?... Tu n’arrêtes donc jamais avec tes questions ?... Chut, chut, on va s’arranger. Mais là, tout de suite…
Il s’avança vers elle, lui saisit la nuque en arrière et l’embrassa savamment :
Je t’aime ! Grododo !
Heureux ? Le mot est faible. John ne s’était pas senti aussi bien depuis longtemps. Megan assommée, il l’accommoda dans son lit personnel où il la couva tout le restant de nuit. Souvent, ils avaient partagé la même couche mais sans jamais s’approcher autant. Avec elle au creux de son bras, il se sentait invincible…
Bien, mal ? Il ne savait pas trop. N’était-il pas d’un égoïsme total en imposant tout cela à cette jeune femme ? Elle venait d’accepter un avenir incertain à ses côtés, et il se demandait s’il avait vraiment le droit de n’offrir que ce peu d’alternative. On verrait demain.
Il avait espéré quitter la couette en douce et leur commander un splendide petit-déjeuner, ce fut raté. L’œil malicieux de Megan accrocha le sien et il osa enfin des gestes tendres puis audacieux. Le repas attendit qu’une autre faim s’assouvisse …
En peignoirs blancs immaculés, ils achevèrent leurs cafés en riant encore de tous les trucs débiles qu’ils s’étaient débités. Pourtant John redevint sérieux en se dirigeant vers un attaché-case dont il sortit des passeports et des cartes magnétiques.
Voilà, dit-il en donnant les siens à Meg. Tu es maintenant officiellement Katherine Osborne, reporter free-lance.
Devant sa moue, il rigola :
Tu peux choisir ce que tu veux, j’arrangerai ça d’un coup de baguette… Ouais, faussaire patenté, un beau métier, non ? Moi ? Au choix…
Il lui fila ses exemplaires en se marrant de ses expressions en découvrant ses possibles identités. De David Clark, agent de change à Thomas Layton détective privé, une fameuse palette s’offrait.
… Bien sûr que tu vas travailler ! Je t’imagine mal en train de te tourner les pouces, pas toi ? … j’ai eu 15 heures pour mettre ça au point, bien suffisant à mon avis… Non, non je n’étais sûr de rien, je le jure !
Rires, baisers, on trouva quand même le temps de s’habiller correctement.
Main dans la main, ils arpentèrent plusieurs rues de la capitale pour se rendre au chemin de Traverse qui s’ouvrit selon le code habituel. Très mystérieux, John avait eu un mal fou à réfréner la curiosité de Megan quant à son futur emploi. Après un petit détour dans sa « planque» où ils revêtirent des atours passe-partout, il la conduisit aux bureaux de la « gazette » des sorciers. Meg était abasourdie par la façon de procéder des imprimeurs et scribouillards. L’emploi des plumes d’oie, et de rotatives manuelles avait de quoi surprendre surtout que certains instruments fonctionnaient sans mains pour les guider.
Le directeur, sorcier d’une cinquantaine d’années, ressemblait vaguement à un dr Schweitzer à lunettes. Il tendit une paluche aussi empressée que réjouie :
Bonjour Mr. Smith, voici donc notre enfant prodige ? Est-il vrai que vous êtes absolument moldue, ma chère ???... C’est merveilleux ! Je suis, comme Arthur Weasley – un grand ami – passionné par votre monde. Nous serions honorés et ravis si vous pouviez apporter à notre un monde un peu de la culture de la vôtre, si riche et si… étrange !
Le courant passait entre ceux-là, John pouvait laisser Meg se débrouiller à présent. Il promit de venir la quérir pour déjeuner et alla vaquer à ses affaires…
Des trucs à régler, souffla-t-il avec un petit bisou discret.
Des affaires, il en avait sur les bras, et pas des moindres. Il n’avait pas encore eu beaucoup de temps pour se pencher sur sa véritable identité. Fletcher était officiellement mort et devait le rester. « On » lui avait vaguement signalé qu’outre sa famille directe assassinée, quelques membres vivaient encore. Il ne pourrait jamais les contacter, hélas. De ce fait, une partie du puzzle le concernant demeurerait dans les limbes éternels. Néanmoins, « on » se chargea gentiment de lui signaler que Fletcher avait mis de l’argent de côté. Avertie, la banque de Salem avait transféré les avoirs en Angleterre. Il était temps de « voir » ce qui se trouvait à Gringotts.
*OMG !*
Comment diable Fletcher s’y était-il pris pour posséder un tel pactole ?? La branche sorcière de la famille devait être… puissante, impossible autrement.
*À moins que ce ne soient que des trafiquants de la pire envergure…*
Avec ce trésor, additionné au prix du silence… Inutile de se poser la moindre question sur quoi manger demain. Mille projets se mirent à tourner sous les cheveux bruns. Un premier lui tenant particulièrement à cœur, il regagna rapidement le côté moldu et prospecta.
À midi, il repassa au siège de la gazette. Son cœur bondit en voyant Megan à la fois excitée et paniquée par tant de nouveautés :
Tu vas te plaire ? …Tant mieux !... Oh, moi, des trucs… Allons plutôt déjeuner... Chez « McLane » c’est le meilleur du coin. Il a rouvert, tu verras !
Il avait réservé la veille, en forçant un peu le passe-droit.
Quelle activité ! John en fut réjoui pour la propriétaire qu’il avait eu l’occasion de croiser parfois quand il faisait… les poubelles… Jamais elle ou son chef n’avait hésité à remplir des sacs destinés aux démunis. Alors que Meg babillait sans interruption, il repéra Nielsen, le chef :
Attends, je reviens !
Il planta Meg pour causer avec son ancienne connaissance.
Salut Erik ! ( Battements de cils incertains en retour ) J’ai changé, je sais, et je ne fais plus la manche comme tu peux voir. On avait pour habitude de se croiser dans le passage arrière… Est-ce que tu vas bien ? … Ok, je comprends. Pas grave ! Je repasserai souvent dans le coin.
Un peu tracassé, il revint vers une Megan que se délectait de son plat.
… oui, non… il ne m’a pas remis mais je ne peux pas lui en vouloir… Il a maigri, a un air que je ne lui connaissais pas… avant. Alors, ce job te botte ?
Elle en était ravie, avoua encore devoir s’adapter mais écrire la passionnait.
… oh, moi ? J’ai visité des agences immobilières… On ne va pas s’installer à demeure au Ritz, hein ? Plusieurs propriétés sont intéressantes mais je ne voulais rien décider sans… toi…
En attendant de trouver un nid parfait, ils louèrent un très bel appartement au cœur de Londres. S’organiser n’était pas évident. Megan ne sachant utiliser de baguette magique, John la conduisait tous les jours au chemin de Traverse et venait l’y reprendre vers 17 heures ou midi, selon. La splendide cuisine du logement ne servait pas à grand-chose puisqu’aucun des deux n’était doué dans cet art, hélas. On faisait avec.
De son côté, John ne resta pas inactif. L’immeuble acheté convenait parfaitement à ses idées. Wiseman avait été surpris de recevoir une invitation à visiter les locaux en réfection. Qui était le généreux mécène ? Nul n’en savait rien. Malgré ces activités, John ressentait un vide, un manque… d’action. Il fallait se donner le temps de se retourner, de trouver de nouvelles marques.
Noël approchait à grands pas. Pour marquer le coup d’envoi de son œuvre sociale, il passa la commande la plus gigantesque à fournir par le restaurant McLane. Bien sûr, un tel festin ne se produirait qu’une fois l’an… Sinon John escomptait bien fournir logement et nourriture au plus possible de démunis. Il aurait aussi aimé recevoir l’appui d’hôpitaux pour des soins urgents ou banals. Les convaincre en douceur n’était pas son fort, malheureusement. Il venait de se faire rabrouer à Ste Mangouste quand, dans un couloir, il croisa par hasard Erik Nielsen.
Il portait une blouse blanche sans rapport avec son tablier et sa toque habituelle :
Qu’est-ce que tu fous ici ? T’es toubib… aussi ?
L’air hagard du jeune gars ne laissa aucun doute à John :
*Pas loin de péter un câble, celui-là !* Erik, Opal et toi vous m’avez dépanné plus d’une fois quand j’étais pauvre comme Job. Si je peux t’aider… Voici mon numéro…
Une histoire rapide se débita en courant presque. Mariage, bébés en route, boulot monstre... Bye, et merci ! DE quoi être quasi content de sa petite routine actuelle…
Il n’y pensa plus trop, s’occupant d’acheter les décorations pour l’immeuble restauré où, le grand soir, il amena une Megan très intriguée par ses « secrets ».
Tu devrais avoir l’habitude de mes « secrets », rigola-t-il en lui nouant… un tablier autour de la taille.
Ce n’était pas le genre de fête qu’elle aurait désiré, il le sentit mais ne pouvait pas agir autrement. Servir des repas aux autres, se dévouer avec le sourire…
Il se rattrapa – ou du moins le crut – le lendemain, devant le petit sapin de l’appart sous lequel un seul paquet attendait Meg. Intriguée, elle le déballa, lui eut envie de se transformer en souris. Le diamant scintilla :
Ma chérie, ne te crois pas obligée de dire oui de suite. Prends tout le temps que tu veux, je sais être patient, et…
Elle régla le souci à sa façon.
Les installations tournaient à plein régime de capacité, la semaine s’écoula à la vitesse du vent qui était conséquent en cette fin décembre.
Il chinait au chemin de traverse quand :
Tonton John !!
Al… Alex ? Quelle bonne surprise ! Comment vas-tu mon grand, où…
Le père suivait non loin. Poignée de main, sourire de travers :
Hey, John…si je m’y attendais…
Et moi donc ! Mais… qu’est-ce que vous faites-là ? Vous êtes… tous là ?
Ben oui, nous sommes ici aussi… Ysaline a voulu rentrer à tout prix…tu sais, la sécurité…elle sera ravie de te voir…
C'est pas croyable ! Avec Megan, on habite pas loin. Elle travaille à la gazette des sorciers et moi… je vis. Viens d’ailleurs me rendre compte que, comme un idiot, j’ai oublié le réveillon. J’ai rien de prêt, et…
Ah bon ?...alors venez ce soir à la maison…On fêtera le Nouvel An ensemble…
On ne voudrait pas déranger…
Oui, viens tonton, viens ! insista Alex.
J’en parle à Meg. Si ça colle pas, je te téléphone.
Des cartes s’échangèrent.
Fameuse baraque que ce Stillworth House. Les doigts noués à ceux de sa femme-fiancée, John fut admis au grand salon. Choc. Il la savait belle mais…
*Wow !¨*
Histoire de rassurer tout le monde, il embrassa la tempe de Megan en soufflant :
Il n’y aura jamais que toi !
Bonne soirée, en vérité. Ça faisait bizarre d’être là, tirés à quatre épingles quand on s’était connus en plus débraillé que ça t’es clodo.
… et ça te convient Max, d’être… euh… gérant… à distance…
Explications, justifications, etc. Il fut clair qu’ils devaient faire avec, exactement comme eux.
Les douze coups retentirent.
Bonne année !
Tous les verres s’entrechoquèrent, les embrassades débutèrent.
Meilleurs vœux, mon amour… Avec toi, sûr qu’elle sera magnifique cette année… ce sera quand tu voudras. Ne me fais pas trop languir quand même !
Il avait amorcé un bisou à la joue d’Ysaline quand son portable sonna :
Zut ! Excuse-moi !
Un peu à l’écart, il écouta en se décomposant peu à peu.
Erik ? Mais… Ça va, ça va, panique pas ! Tu ne pouvais pas mieux tomber. Je t’amène la meilleure au monde, panique pas !
Un peu blême néanmoins, il se tourna vers ses hôtes :
Ysaline… la femme d’un de mes amis est au plus mal… des jumeaux hâtifs… Ste Mangouste depuis une semaine… Il est médicomage mais largué…
Ysaline leva les yeux vers son Max, lui vers sa Megan. Accords muets, trousse saisie, en urgence ils transplanèrent…
John Smith- Messages : 30
Date d'inscription : 02/02/2014
Re: Qui cherche trouve...
Bonté divine ! Pour un laconique de son calibre, Mr. Smith battait les records, là ! Il parlait, parlait, et en dit, des choses. Qu’il aille jusqu’à l’accuser d’avoir bu comme un trou le vol durant ne gêna pas trop Megan, trop prise par les intempestives déclarations qui s’en suivirent. Une en particulier retint toute son attention, comme quoi il ne songeait mettre genou à terre pour déclarer son amour.
*Ah bon ? Parce que c’est supposé en être une…de déclaration ?*
Qu’il admette lui devoir beaucoup prouvait que l’homme ne manquait pas de discernement, mais bien sûr, il y avait plus, selon lui, l’affaire n’en finissait pas là.
Mais je…
Laisse-moi parler si tu ne veux pas que je t’y force !
Elle fronça sourcils et bouche, sans se priver d’un regard râleur. Et il poursuivit avec sa petite diatribe, sans lui épargner les détails douloureux, sur famille le pleurant , le fait de ne plus pouvoir se pointer aux USA, officiellement en tout cas, puis un peu de musique céleste :
Perso, ça m’est égal du moment que tu es à mes côtés…
John…
CHUT, j’ai pas fini ! Je ne veux rien t’imposer Meg, juste proposer. On s’entendait bien, on se complète d’une certaine façon, non ?
*Ma foi, j’oserais dire que oui…*
Je te demanderai juste de réfléchir à ce que toi tu veux : faire un bout de chemin avec moi encore, un très long si affinités ... ou que je t’octroie l’oubliette de ta vie. Elle reprendra là où tu l’as laissée avec ton papier sur les sans-abris. Bonne nuit, Megan !
À bon entendeur ! Meg resta là, à regarder la porte se fermer en se disant que Monsieur pouvait être du genre impérieux quand ça lui prenait, mais ce n’était pas exactement comme elle entendait finir cette journée de sursauts, larmes et surprises.
*Non mais, et il croit que le discours largué, je reste sagement à attendre qu’il veuille bien se donner le temps…Réfléchir !? IL déconne plein tube, ce mec…réfléchir ! À quoi veut-il que je pense ?*
La bouteille de champagne subit un bel assaut, tandis qu’elle se livrait à un soliloque enflammé, préparant sa ré-entrée en scène pour laisser quelques petits points au clair. Le cœur battant la chamade folle, elle avança résolument vers la porte fermée, l’ouvrit sans plus et se retrouva dans une chambre déserte. Monsieur se douchait. Grommelant un juron, elle but une gorgée de champagne, en révisant mentalement son script.., sauf que quand il déboula dans la pièce, une simple serviette autour des reins, Megan Reese oublia ce qu’elle voulait dire ou du moins grande partie.
Ah, déjà choisi ? Je peux savoir quoi ?...
Non, c’est moi qui dois savoir là…Je ne peux pas prendre une décision sans connaître le vrai fond…enfin, ce qui te pousse, tout à coup, à reconnaitre…à dire que tu…m’aimes ? Parce que oui, on s’entend…mais parfois il me semble que…
Tu n’arrêtes donc jamais avec tes questions ?
Ben non ! C’est plus fort que moi…je dois avoir la totalité des…même si ça m’est égal…et tu le sais…Je…
Chut, chut, on va s’arranger. Mais là, tout de suite…
AH ?, pas le temps d’en dire plus, elle se retrouva dans ses bras, prise d’une exaltation unique alors qu’il l’embrassait, savant, consciencieux, lui faisant perdre toute notion d’autre chose qui ne fut cette étreinte.
Je t’aime !
Qu’il faisait bon voguer sur ce petit nuage ! Un petit nuage chaleureux, rassurant…et pas solitaire du tout !
*HEIN !?*
Megan ouvrit les yeux, soudain convaincue qu’elle ne rêvait plus et se retrouva dans un lit, dans lequel elle n’avait souvenir de s’être couchée, et encore plus bluffant, dans les bras de Mr. Smith, qui dormait en souriant aux anges.
*Ohlala…et comment en est-on arrivés là ?...Sacré black-out…ou …magie ?*
Mais en y pensant rien qu’un petit peu, elle s’en fichait pas mal du comment, c’était être là qui l’émerveillait, le sentant si proche, se demandant depuis quand elle désirait cet instant ? Souvent, au cours de ce mois, elle s’était refusée de d’accepter ce qui avait été pourtant si évident pour d’autres. Refus conscient ? Oui. Elle avait eu peur de reconnaitre l’aimer, se sentant incapable d’essuyer un déni douloureux au cas où il aurait choisi d’aller voir ailleurs une fois ses souvenirs en place. Mais là, ses craintes s’envolaient et elle savait ne pas faire faux chemin.
Bonjour, Mr. Smith…et la réponse est oui…je veux faire ce chemin avec toi !
Que dire de plus ? À quoi bon les mots puisque les gestes suffissent ? Ensemble, en merveilleuse symbiose ils découvraient le niveau immédiat supérieur de leur parfaite entente.
Retour aux réalités de ce bas monde après les délices d’une complicité si bien partagée. Le romantisme était bien joli, mais ni l’un ni l’autre étaient du genre à se débiter des mièvreries à longueur de journée, homme pratique, John passa, sans détours, au côté sérieux de leur existence.
Voilà ! Tu es maintenant officiellement Katherine Osborne, reporter free-lance.
En arquant un sourcil, Meg prit le passeport et autre cartes d’identification qu’il lui tendait et les examina consciencieusement en laissant échapper un petit sifflement admiratif.
Eh bien dis donc…beau travail…mais Osborne…euh…
Tu peux choisir ce que tu veux, j’arrangerai ça d’un coup de baguette…
Génial, M. le faussaire…mais et toi ? Qui deviens-tu ?
Il avait toute une palette d’identités pour y faire son choix.
J’aime bien Thomas Layton, détective privé…ça te va, tu es un fameux enquêteur, on le sait bien…je pourrai vivre avec Katherine, reporter free-lance…j’aime bien ça…qui sait, je pourrai peut être dégotter un petit boulot, soupir, parce que ce sera possible, non ?
Bien sûr que tu vas travailler ! Je t’imagine mal en train de te tourner les pouces, pas toi ?
Elle le regarda, amusée.
Je détesterais ça…mais toi, tu as déjà pensé à tout… tu étais si sûr de ma réponse ?, le taquina t’elle en riant de le voir s’en défendre.
Non, non je n’étais sûr de rien, je le jure !
Elle riait toujours en l’embrassant comme la folle amoureuse qu’elle était.
Tu aurais dû l’être, pourtant ! Je t’aime, John Smith !
Tout essai de lui soutirer plus sur les projets immédiats se solda par un sourire mystérieux et un silence obstiné idem. Il se contenta de la conduire jusqu’à l’entrée de son monde magique, là, Megan ne tenait plus en place. Retrouver le Chemin de Traverse la fascina autant que la première fois.
Mais tu me diras à la fin…Où allons-nous ?
Il fallut d’abord se vêtir à la mode locale avant de connaître, après quelques détours, le fin mot de tant de mystère enjoué : la Gazette du Sorcier.
Un journal !?...Mon Dieu…c’est incroyable…Plumes d’oie ? Seigneurs, c’est pas possible, ça a besoin d’un sacré coup de neuf…
Mais toute réticence tomba dans l’oubli quand John la présenta au directeur du singulier quotidien sorcier. Jeremiah Augustus Follett était un quinquagénaire charmant, d’apparence affable, aux yeux pétillants de malice derrière ses lunettes, promu depuis peu directeur de la Gazette en remplacement de l’ancien peu ami des changements si en vogue après la guerre . Apparemment, John n’avait pas perdu son temps pour préparer le chemin.
Bonjour Mr. Smith, voici donc notre enfant prodige ? Est-il vrai que vous êtes absolument moldue, ma chère ???
Tant d’enthousiasme réjoui fit sourire Megan.
En effet, M. Le Directeur, je suppose que plus moldue que moi, difficile à trouver.
Il se déclara ravi de ce fait, admettant être un passionné de son monde à elle, qui, si elle avait bien compris, attirait beaucoup de curiosité chez certains sorciers.
Nous serions honorés et ravis si vous pouviez apporter à notre un monde un peu de la culture de la vôtre, si riche et si… étrange !
Là, elle ne put retenir un petit rire.
Pas plus étrange que le vôtre peut l’être pour nous, croyez-moi…enfin, en tout cas pour moi, qui n’ai cessé de m’en émerveiller depuis que Mr. Smith m’a permis de le découvrir…mais dites-moi plutôt…qu’attendez-vous au juste de moi?
Cette question déclencha une verve enthousiaste. Pas à dire, le cher homme avait des plans prodigieux pour ouvrir l’esprit des sorciers à des nouveaux horizons.
Le temps est venu de nous préparer, connaître…accepter, voir votre monde avec d’autres yeux…
John parti vaquer à ses affaires, elle suivit le directeur dans les méandres surprenants du journal sorcier. Il parla avec grand orgueil des installations, qu’elle trouvait dignes d’un musée d’antiquités, pour la sidérer ensuite avec ses explications sur l’usage de la magie. Évidemment cela ne pourrait jamais concurrencer avec un journal moldu comme le Times avec toute le technologie de pointe moldue, mais ce que ne pourrait jamais, du moins avant très longtemps, faire le plus prestigieux journal moldu était publier ces photographies qui bougeaient. L’édition se faisait en noir et blanc mais Megan n’allait pas, dès le début, faire des propositions inédites. Profil bas, attentive à tout, elle suivit docilement la visite guidée, avant d’avoir un long et intéressant entretien dans le bureau directorial. Jusque-là, elle n’avait rencontré aucun de ses futurs collègues.
Quand John vint la chercher, à midi, elle était aussi excitée qu’une puce mais dut reconnaître aussi une certaine trouille, pour ne pas parler de début de panique.
C’est extraordinaire, fascinant…invraisemblable à mes yeux…pourtant, je suis sûre que ce sera une fructueuse collaboration, d’autre part, le directeur a été très gentil de me prévenir que pas tout le monde ne verrait de bons yeux que je sois là…Oh, je connais les envies et autres misères qui font le jour le jour d’un journal…mais…de quoi est capable un sorcier en rogne?
Elle préféra ne plus y penser, pour le moment et suivit Mr. Smith jusqu’au restaurant où il voulut l’emmener. « Chez McLane » était un endroit très agréable et dès que jeté le premier coup d’œil à la carte, Megan en eut l’eau à la bouche. Que John se lève à moment donné pour saluer le chef ne parvint pas à la distraire dans sa dégustation du sublime filet d’antilope. À son retour, il semblait un peu mitigé. Son ancienne connaissance avait été, à ses dires, un peu paumée et ne l’avait pas trop remis.
Si la dernière fois qu’il t’a vu tu faisais la manche, mon cher, un peu difficile de te remettre, tu ne crois pas ?
Changement de thème pour revenir à celui de son nouveau boulot.
Ce ne sera pas facile…je me demande comment je vais m’en tirer, en fait, tout fonctionne avec de la magie plein régime mais le dirlo a assuré pouvoir arranger ça, va savoir comment mais enfin…tant que je peux écrire, suis sûre de me débrouiller...mais et toi ? Qu’est-ce que tu as fait de ta matinée ?
Il n’avait pas lambiné en chemin et visité des agences immobilières. Le cœur de Megan démarra en flèche. On parlait futur, là !
Les jours qui suivirent furent trépidants, magiques. Entre son nouveau travail, si prenant, déménager dans leur magnifique appartement, chez soi provisionnel avant de trouver la maison de leurs rêves, et s’adapter à sa nouvelle vie, Megan ne sentit pas le temps passer.
Peu à peu et avec grand tact, le directeur de la Gazette avait commencé à la présenter aux collègues. Comme prévu, peu se montrèrent ravis, d’autres furent poliment sceptiques et quelques-uns, avec Rita Skeeter à leur tête, franchement hostiles mais Miss Osborne, ex Reese, avait eu le temps de fourbir ses armes.
Je me demande, disait Miss Skeeter, d’un ton pédant, que peux prétendre faire une …Sang de Bourbe, cracmol en plus, parmi nous…
Sûrement mieux qu’écrire des potins mièvres et mensongers, d’autre part, Miss Skeeter, votre information est fausse, de bout à bout, je ne suis ni cracmol, ni sorcière née moldue, je suis une Moldue pure et dure, sans aucune honte de l’être, bien au contraire et sais très bien faire mon travail, je suis une journaliste sérieuse, moi !
Non mais quelle audace !
Je pourrais dire la même chose mais je ne tiens pas à m’éterniser dans des polémiques absurdes, les mots du jour sont Intégration et Globalisation, vous feriez bien de vous y mettre, au lieu de chercher noise aux autres.
Sûre de ne pas s’être fait une amie, Megan poursuivit son chemin, gagna son petit bureau et continua avec son travail. Les premiers jours s’étaient avérés un petit calvaire en essayant de s’adapter à la seule machine à écrire des bureaux, une Remington, antiquité entre les antiquités.
Je suis sûre d’aller bien plus vite si j’avais une machine plus performante, expliqua t’elle au directeur contrit, seulement que ce sont des appareils électriques et…
Ne vous en faites pas pour ça…achetez celle qui vous accommodera…on se charge du reste !
*Génial…dois pourvoir l’équipement de bureau !*
Ne voulant pas se démarquer par ses extravagances moldues, Meg s’en tint à un vieux modèle IBM, à boule et ruban correcteur. Pas le top de la modernité, mais ce ne serait pas le lendemain que l’ordinateur trouverait sa place dans ce monde.
Tous les matins, quand elle arrivait, Daisy Parks, une jeune sorcière au visage constellé de taches de rousseur, au sourire facile et curiosité insatiable, touchait la machine à écrire de sa baguette magique, la rendant parfaitement fonctionnelle.
Le premier article de Megan : « Mes voisins, ces inconnus », souleva des polémiques, comme prévu mais sut retenir l’attention des lecteurs, toujours avides de nouveauté.
Ils sont un peu tape sur le système, tes coreligionnaires, plutôt durs à la détente…mais ça viendra, j’espère.
Entre ceci et cela, on arrivait à Noël. Temps de nostalgie. Bien que très prise avec ses nouvelles occupations, Megan ne pouvait laisser de penser à sa famille et amis, restés dans l’ignorance quant à son sort. Pour tous, elle avait mystérieusement disparu, enlevée par un de tant de détracteurs ou ennemis qu’elle avait si savamment glanés avec ses vérités bien dites. À l’heure qu’il était, on la pleurait sans doute en faisant son deuil. Elle aurait voulu pouvoir juste leur faire parvenir un mot, leur dire que tout allait bien mais qu’il fallait l’oublier.
*N’y pense plus, ma fille…tu as fait ton choix, ça fait mal mais c’est bien comme ça…Un jour, qui sait…*
Mais elle savait qu’il tarderait encore longtemps, ce jour-là.
Que faisait John pendant tout ce temps ? Elle n’en avait pas grande idée, le cher homme demeurait mystérieux, comme toujours. Elle avait eu droit à des explications d’un flou exquis et n’avait eu d’autre recours que patienter en se disant que tôt ou tard, elle saurait.
Et elle sut. Et resta, bouleversée d’émoi en découvrant ce que son chéri avait mijoté si soigneusement, sans rien dire. Il se méprit peut-être de son expression au moment de lui nouer le tablier à la taille.
Tu devrais avoir l’habitude de mes « secrets », rigola-t-il.
Oui, pas à dire mais là…tu me laisses sans mots !, parvint elle, à souffler, en sentant un nœud lui comprimer la gorge *Tu es l’homme le plus merveilleux du monde, oui…*
Ce n’était pas un réveillon au Ritz mais elle n’aurait changé sa place pour rien au monde. Ce soir, elle pouvait être part de la magie de Noël, connaitre l’immense mais humble plaisir de servir ses semblables plus démunis, de les retrouver comme qui retrouve des vieux amis, de pouvoir leur donner un peu de bonheur au milieu de leur misère, de leur redonner espoir et dignité.
Le lendemain, une autre surprise, très différente cette fois l’attendait sous le sapin de leur appartement. Elle sentait ses doigts trembler en défaisant le superbe emballage du petit paquet, son seul cadeau.
Oh, mon Dieu !, le plus beau solitaire qui soit scintillait de tous ses feux sur le velours sombre de l’écrin, John…je…
Ma chérie, ne te crois pas obligée de dire oui de suite. Prends tout le temps que tu veux, je sais être patient, et…
Elle éclata de rire et lui sautant pratiquement dessus.
Que tu peux être bête parfois, John Smith…passe-moi plutôt la bague au doigt, mon adorable sorcier…je t’aime tant !
Aucun besoin de grands discours, elle fut très claire quant à sa pleine acceptation.
Cette semaine elle travailla à son reportage pour le Nouvel An. Celui de Noël avait été un franc succès. Savoir que les Moldus avaient des habitudes très similaires aux leurs pour fêter certaines dates, rassura un peu les Sorciers. Les lecteurs se déclaraient fascinés de découvrir un peu plus de ce monde si proche mais à la fois si lointain, sur lequel couraient des rumeurs invraisemblables.
Ils finiront par sentir une énorme curiosité, auront alors envie de mieux le connaître ! J’ai déjà quelques idées en tête…mais raconte-moi ta journée !...Ah bon ? Tu as rencontré Max…c’est quand même quelque chose, je le faisais en Zambie avec sa famille.
Le fait était que les Von Falkenberg avaient déménagé corps et biens à Londres et, pour mieux faire, les invitaient à fêter la St. Sylvestre chez eux.
Comme elle l’avait deviné en lisant l’adresse sur la carte fournie, Megan s’attendaient à du chic bon ton mais Stillworth House la prit tout de même un peu au dépourvu. Un valet empesé leur ouvrit la porte, prit leurs manteaux alors qu’un majordome encore plus raide, si possible, les guida vers le salon où les maîtres de maison recevaient.
*Sacré changement !*
Elle ne rata pas l’expression quais ébahie de John en découvrant Ysaline Von Falkenberg, sublime dans sa robe de soirée.
Il n’y aura jamais que toi !, souffla t’il à son oreille.
Tu as bien intérêt !, sourit-elle en avançant vers leurs hôtes, c’est merveilleux de nous retrouver ici…assez inattendu aussi !
On expliqua le besoin de ce changement, avec les difficultés que cela entraînait. Celle qui semblait avoir le plus de mal était Ysaline.
Je pressens que cela ne te rend pas folle de plaisir, je te comprends, remarque, la vie que vous meniez là-bas était…idyllique…Oh, ça c’est assez bien passé pour moi…avec John tout est facile…et j’ai même un job, comme journaliste…à la Gazette !
Max trouva cela franchement drôle. Leurs vies avaient changé, aucun doute là-dessus. Ce réveillon, en petit comité, fut une joyeuse expérience. On partagea anecdotes et conseils, tout valait pour cette vie toute neuve et différente, pour tous.
Minuit sonna ! Bonne Année à tous ! Meilleurs vœux ! On s’aimait, on serait heureux ! Et puis le portable de John sonna.
Ysaline… la femme d’un de mes amis est au plus mal… des jumeaux hâtifs… Ste Mangouste depuis une semaine… Il est médicomage mais largué…
Regards mitigés, soupir.
Vas-y, pas de souci…je t’attendrai ici, avec Max…
Parce qu’il était évident qu’il n’était pas de la partie, non plus. Leurs conjoints évaporés, sans faire de commentaire, il alla remplir leurs coupes de champagne.
*À la nouvelle année, ça commence bien !*
Faute de mieux, une fois les enfants mis au lit par leur père, qui semblait faire fi de l’existence de nannies et autre genre de domesticité, ils s’installèrent dans un salon plus petit, prêts à passer quelques heures à bavarder sur leurs vies. Selon Max, les missions de rescousse de sa femme chérie pouvaient prendre leur temps et il était sûr que John ne reviendrait pas sans elle.
Question de passer le temps, on se raconta un peu. Max n’aimait pas particulièrement parler de lui, pas par fausse modestie ni rien de semblable. Il reconnaissait, sans faux détours, ne jamais s’être senti à l’aise avec sa vie de petit prince choyé, promis à une vie dorée et sans problèmes, au lieu de quoi, il avait choisi tout autrement. Un héritage inattendu avait fait possible de mener à bien ses ambitions humanitaires. Le reste, elle pouvait l’imaginer facilement.
Bien entendu, elle aurait pu lui poser encore mille questions mais celle-ci n’était qu’une conversation entre amis pas une interview. Un petit résumé de sa propre vie s’en suivit. Certaines similarités les firent rire de bon cœur et ils riaient encore quand Ysaline et John se matérialisèrent.
Avant d’avoir pu placer mot, Mrs. Von Falkenberg résuma spectaculairement la situation après s’être jetée dans les bras de son mari :
Mon chéri, j’ai un job à Ste Mangouste ! … toi et John, vous avez une mission !
*Génial…et moi, je deviens quoi dans tout ça ?*Pardon que je m’en mêle, mais de quelle mission s’agit-il ?
La chose était un peu compliquée, mais pas impossible pour deux sorciers ne manquant pas de recours, il s’agissait de chercher, trouver, coincer et se défaire d’un gênant fantôme qui faisait des siennes en empoisonnant la vie d’un jeune couple charmant.
Un fantôme ? Vous ne parlez pas sérieusement !
Le plus sérieusement du monde au contraire. Comme tant d’autres choses qui lui échappaient encore, les fantômes faisaient intrinsèquement partie de la vie des sorciers ! Une fois de retour chez eux, elle aurait voulu faire cas omis de leur fatigue et soumettre John à un feu roulant de questions, mais son chéri en décida autrement, lui faisant oublier l’affaire pour le moment.
Ainsi tout le monde a trouvé de quoi occuper son temps, commenta t’elle le lendemain, lors du petit déjeuner, mais parle-moi un peu plus de cette histoire de fantôme.
Comme on pouvait le prévoir, c’était une histoire amère, tordue, où il était question de haines fraternelles, ambition et autres singularités du genre.
Dis donc, on ne s’ennuie pas chez vous…on devrait peut être songer, dans le futur, de faire une série TV sur le thème…ça battrait de plate couture Dallas et Dynastie !
John lui ne voyait pas l’affaire d’un œil si commercial et envisageait plutôt des problèmes d’envergure.
Oui, je comprends que cette femme n’ait qu’envie de se venger et que même morte, elle veuille atteindre son frère, par des moyens détournés…ah, de la magie noire ?...Euh, oui…si la blanche existe, obligatoirement la noire doit faire partie du lot…c’est une ambivalence nécessaire…Et comment d’autre veux-tu que je pense ? Je suis une moldue, ne t’en déplaise…Oui, je comprends, te voilà promu, avec Max en Ghostbusters…excuse-moi, je n’y peux rien, mes repères sont moldus, je m’y accroche. Vais devoir m’instruire sur la façon sorcière d’envisager le cas…Pourquoi ? Mais voyons, chéri…vais en faire une histoire, un papier et un fameux, crois-moi…Vais décoiffer les sorciers avec une histoire de leur cru à la sauce moldue…
C'est avec cette idée en tête qu'elle se présenta chez le directeur de la Gazette, deux jours plus tard. Jeremiah Augustus Follett en perdit les lunettes du coup. Il cligna des yeux pour fixer Megan dressée face à son bureau.
VOUS QUOI, chère amie ?!?
Tout comme vous l’avez entendu, jusqu’ici mes reportages ont été des gentilles mises en bouche sur le monde moldu, les lecteurs apprécient, j’en suis ravie mais ça fait quand même un peu trop mémère…cette fois il s’agira d’une véritable enquête sorcière, que je suivrai de près…le cas touche de près des membres connus de votre société…et il y en a pour tous les goûts…Mangemorts, héros de la guerre, victimes innocentes, des enfants…une histoire concoctée à la magie noire au dénouement incertain…Les gens adorent ça, je le sais…et ne me dites pas que les sorciers sont différents en ça…rien ne les appâte plus qu’un gentil drame en plusieurs actes…ce sera le papier du siècle…et maintenant je dois avoir accès à vos archives !
Merlin nous protège…faites, faites, mais souvenez-vous que…
Je suis moldue, oui, ne vous en faites pas, suis pas prête de l’oublier.
Le premier article de la série « Vengeance d’un fantôme » souleva une houle de commentaires plus ou moins indignés mais on demandait avidement la suite. Avant l'annonce de parution du second volet, les ventes filaient vers le record.
Et dire que je n’ai que planté le décor…
*Ah bon ? Parce que c’est supposé en être une…de déclaration ?*
Qu’il admette lui devoir beaucoup prouvait que l’homme ne manquait pas de discernement, mais bien sûr, il y avait plus, selon lui, l’affaire n’en finissait pas là.
Mais je…
Laisse-moi parler si tu ne veux pas que je t’y force !
Elle fronça sourcils et bouche, sans se priver d’un regard râleur. Et il poursuivit avec sa petite diatribe, sans lui épargner les détails douloureux, sur famille le pleurant , le fait de ne plus pouvoir se pointer aux USA, officiellement en tout cas, puis un peu de musique céleste :
Perso, ça m’est égal du moment que tu es à mes côtés…
John…
CHUT, j’ai pas fini ! Je ne veux rien t’imposer Meg, juste proposer. On s’entendait bien, on se complète d’une certaine façon, non ?
*Ma foi, j’oserais dire que oui…*
Je te demanderai juste de réfléchir à ce que toi tu veux : faire un bout de chemin avec moi encore, un très long si affinités ... ou que je t’octroie l’oubliette de ta vie. Elle reprendra là où tu l’as laissée avec ton papier sur les sans-abris. Bonne nuit, Megan !
À bon entendeur ! Meg resta là, à regarder la porte se fermer en se disant que Monsieur pouvait être du genre impérieux quand ça lui prenait, mais ce n’était pas exactement comme elle entendait finir cette journée de sursauts, larmes et surprises.
*Non mais, et il croit que le discours largué, je reste sagement à attendre qu’il veuille bien se donner le temps…Réfléchir !? IL déconne plein tube, ce mec…réfléchir ! À quoi veut-il que je pense ?*
La bouteille de champagne subit un bel assaut, tandis qu’elle se livrait à un soliloque enflammé, préparant sa ré-entrée en scène pour laisser quelques petits points au clair. Le cœur battant la chamade folle, elle avança résolument vers la porte fermée, l’ouvrit sans plus et se retrouva dans une chambre déserte. Monsieur se douchait. Grommelant un juron, elle but une gorgée de champagne, en révisant mentalement son script.., sauf que quand il déboula dans la pièce, une simple serviette autour des reins, Megan Reese oublia ce qu’elle voulait dire ou du moins grande partie.
Ah, déjà choisi ? Je peux savoir quoi ?...
Non, c’est moi qui dois savoir là…Je ne peux pas prendre une décision sans connaître le vrai fond…enfin, ce qui te pousse, tout à coup, à reconnaitre…à dire que tu…m’aimes ? Parce que oui, on s’entend…mais parfois il me semble que…
Tu n’arrêtes donc jamais avec tes questions ?
Ben non ! C’est plus fort que moi…je dois avoir la totalité des…même si ça m’est égal…et tu le sais…Je…
Chut, chut, on va s’arranger. Mais là, tout de suite…
AH ?, pas le temps d’en dire plus, elle se retrouva dans ses bras, prise d’une exaltation unique alors qu’il l’embrassait, savant, consciencieux, lui faisant perdre toute notion d’autre chose qui ne fut cette étreinte.
Je t’aime !
Qu’il faisait bon voguer sur ce petit nuage ! Un petit nuage chaleureux, rassurant…et pas solitaire du tout !
*HEIN !?*
Megan ouvrit les yeux, soudain convaincue qu’elle ne rêvait plus et se retrouva dans un lit, dans lequel elle n’avait souvenir de s’être couchée, et encore plus bluffant, dans les bras de Mr. Smith, qui dormait en souriant aux anges.
*Ohlala…et comment en est-on arrivés là ?...Sacré black-out…ou …magie ?*
Mais en y pensant rien qu’un petit peu, elle s’en fichait pas mal du comment, c’était être là qui l’émerveillait, le sentant si proche, se demandant depuis quand elle désirait cet instant ? Souvent, au cours de ce mois, elle s’était refusée de d’accepter ce qui avait été pourtant si évident pour d’autres. Refus conscient ? Oui. Elle avait eu peur de reconnaitre l’aimer, se sentant incapable d’essuyer un déni douloureux au cas où il aurait choisi d’aller voir ailleurs une fois ses souvenirs en place. Mais là, ses craintes s’envolaient et elle savait ne pas faire faux chemin.
Bonjour, Mr. Smith…et la réponse est oui…je veux faire ce chemin avec toi !
Que dire de plus ? À quoi bon les mots puisque les gestes suffissent ? Ensemble, en merveilleuse symbiose ils découvraient le niveau immédiat supérieur de leur parfaite entente.
Retour aux réalités de ce bas monde après les délices d’une complicité si bien partagée. Le romantisme était bien joli, mais ni l’un ni l’autre étaient du genre à se débiter des mièvreries à longueur de journée, homme pratique, John passa, sans détours, au côté sérieux de leur existence.
Voilà ! Tu es maintenant officiellement Katherine Osborne, reporter free-lance.
En arquant un sourcil, Meg prit le passeport et autre cartes d’identification qu’il lui tendait et les examina consciencieusement en laissant échapper un petit sifflement admiratif.
Eh bien dis donc…beau travail…mais Osborne…euh…
Tu peux choisir ce que tu veux, j’arrangerai ça d’un coup de baguette…
Génial, M. le faussaire…mais et toi ? Qui deviens-tu ?
Il avait toute une palette d’identités pour y faire son choix.
J’aime bien Thomas Layton, détective privé…ça te va, tu es un fameux enquêteur, on le sait bien…je pourrai vivre avec Katherine, reporter free-lance…j’aime bien ça…qui sait, je pourrai peut être dégotter un petit boulot, soupir, parce que ce sera possible, non ?
Bien sûr que tu vas travailler ! Je t’imagine mal en train de te tourner les pouces, pas toi ?
Elle le regarda, amusée.
Je détesterais ça…mais toi, tu as déjà pensé à tout… tu étais si sûr de ma réponse ?, le taquina t’elle en riant de le voir s’en défendre.
Non, non je n’étais sûr de rien, je le jure !
Elle riait toujours en l’embrassant comme la folle amoureuse qu’elle était.
Tu aurais dû l’être, pourtant ! Je t’aime, John Smith !
Tout essai de lui soutirer plus sur les projets immédiats se solda par un sourire mystérieux et un silence obstiné idem. Il se contenta de la conduire jusqu’à l’entrée de son monde magique, là, Megan ne tenait plus en place. Retrouver le Chemin de Traverse la fascina autant que la première fois.
Mais tu me diras à la fin…Où allons-nous ?
Il fallut d’abord se vêtir à la mode locale avant de connaître, après quelques détours, le fin mot de tant de mystère enjoué : la Gazette du Sorcier.
Un journal !?...Mon Dieu…c’est incroyable…Plumes d’oie ? Seigneurs, c’est pas possible, ça a besoin d’un sacré coup de neuf…
Mais toute réticence tomba dans l’oubli quand John la présenta au directeur du singulier quotidien sorcier. Jeremiah Augustus Follett était un quinquagénaire charmant, d’apparence affable, aux yeux pétillants de malice derrière ses lunettes, promu depuis peu directeur de la Gazette en remplacement de l’ancien peu ami des changements si en vogue après la guerre . Apparemment, John n’avait pas perdu son temps pour préparer le chemin.
Bonjour Mr. Smith, voici donc notre enfant prodige ? Est-il vrai que vous êtes absolument moldue, ma chère ???
Tant d’enthousiasme réjoui fit sourire Megan.
En effet, M. Le Directeur, je suppose que plus moldue que moi, difficile à trouver.
Il se déclara ravi de ce fait, admettant être un passionné de son monde à elle, qui, si elle avait bien compris, attirait beaucoup de curiosité chez certains sorciers.
Nous serions honorés et ravis si vous pouviez apporter à notre un monde un peu de la culture de la vôtre, si riche et si… étrange !
Là, elle ne put retenir un petit rire.
Pas plus étrange que le vôtre peut l’être pour nous, croyez-moi…enfin, en tout cas pour moi, qui n’ai cessé de m’en émerveiller depuis que Mr. Smith m’a permis de le découvrir…mais dites-moi plutôt…qu’attendez-vous au juste de moi?
Cette question déclencha une verve enthousiaste. Pas à dire, le cher homme avait des plans prodigieux pour ouvrir l’esprit des sorciers à des nouveaux horizons.
Le temps est venu de nous préparer, connaître…accepter, voir votre monde avec d’autres yeux…
John parti vaquer à ses affaires, elle suivit le directeur dans les méandres surprenants du journal sorcier. Il parla avec grand orgueil des installations, qu’elle trouvait dignes d’un musée d’antiquités, pour la sidérer ensuite avec ses explications sur l’usage de la magie. Évidemment cela ne pourrait jamais concurrencer avec un journal moldu comme le Times avec toute le technologie de pointe moldue, mais ce que ne pourrait jamais, du moins avant très longtemps, faire le plus prestigieux journal moldu était publier ces photographies qui bougeaient. L’édition se faisait en noir et blanc mais Megan n’allait pas, dès le début, faire des propositions inédites. Profil bas, attentive à tout, elle suivit docilement la visite guidée, avant d’avoir un long et intéressant entretien dans le bureau directorial. Jusque-là, elle n’avait rencontré aucun de ses futurs collègues.
Quand John vint la chercher, à midi, elle était aussi excitée qu’une puce mais dut reconnaître aussi une certaine trouille, pour ne pas parler de début de panique.
C’est extraordinaire, fascinant…invraisemblable à mes yeux…pourtant, je suis sûre que ce sera une fructueuse collaboration, d’autre part, le directeur a été très gentil de me prévenir que pas tout le monde ne verrait de bons yeux que je sois là…Oh, je connais les envies et autres misères qui font le jour le jour d’un journal…mais…de quoi est capable un sorcier en rogne?
Elle préféra ne plus y penser, pour le moment et suivit Mr. Smith jusqu’au restaurant où il voulut l’emmener. « Chez McLane » était un endroit très agréable et dès que jeté le premier coup d’œil à la carte, Megan en eut l’eau à la bouche. Que John se lève à moment donné pour saluer le chef ne parvint pas à la distraire dans sa dégustation du sublime filet d’antilope. À son retour, il semblait un peu mitigé. Son ancienne connaissance avait été, à ses dires, un peu paumée et ne l’avait pas trop remis.
Si la dernière fois qu’il t’a vu tu faisais la manche, mon cher, un peu difficile de te remettre, tu ne crois pas ?
Changement de thème pour revenir à celui de son nouveau boulot.
Ce ne sera pas facile…je me demande comment je vais m’en tirer, en fait, tout fonctionne avec de la magie plein régime mais le dirlo a assuré pouvoir arranger ça, va savoir comment mais enfin…tant que je peux écrire, suis sûre de me débrouiller...mais et toi ? Qu’est-ce que tu as fait de ta matinée ?
Il n’avait pas lambiné en chemin et visité des agences immobilières. Le cœur de Megan démarra en flèche. On parlait futur, là !
Les jours qui suivirent furent trépidants, magiques. Entre son nouveau travail, si prenant, déménager dans leur magnifique appartement, chez soi provisionnel avant de trouver la maison de leurs rêves, et s’adapter à sa nouvelle vie, Megan ne sentit pas le temps passer.
Peu à peu et avec grand tact, le directeur de la Gazette avait commencé à la présenter aux collègues. Comme prévu, peu se montrèrent ravis, d’autres furent poliment sceptiques et quelques-uns, avec Rita Skeeter à leur tête, franchement hostiles mais Miss Osborne, ex Reese, avait eu le temps de fourbir ses armes.
Je me demande, disait Miss Skeeter, d’un ton pédant, que peux prétendre faire une …Sang de Bourbe, cracmol en plus, parmi nous…
Sûrement mieux qu’écrire des potins mièvres et mensongers, d’autre part, Miss Skeeter, votre information est fausse, de bout à bout, je ne suis ni cracmol, ni sorcière née moldue, je suis une Moldue pure et dure, sans aucune honte de l’être, bien au contraire et sais très bien faire mon travail, je suis une journaliste sérieuse, moi !
Non mais quelle audace !
Je pourrais dire la même chose mais je ne tiens pas à m’éterniser dans des polémiques absurdes, les mots du jour sont Intégration et Globalisation, vous feriez bien de vous y mettre, au lieu de chercher noise aux autres.
Sûre de ne pas s’être fait une amie, Megan poursuivit son chemin, gagna son petit bureau et continua avec son travail. Les premiers jours s’étaient avérés un petit calvaire en essayant de s’adapter à la seule machine à écrire des bureaux, une Remington, antiquité entre les antiquités.
Je suis sûre d’aller bien plus vite si j’avais une machine plus performante, expliqua t’elle au directeur contrit, seulement que ce sont des appareils électriques et…
Ne vous en faites pas pour ça…achetez celle qui vous accommodera…on se charge du reste !
*Génial…dois pourvoir l’équipement de bureau !*
Ne voulant pas se démarquer par ses extravagances moldues, Meg s’en tint à un vieux modèle IBM, à boule et ruban correcteur. Pas le top de la modernité, mais ce ne serait pas le lendemain que l’ordinateur trouverait sa place dans ce monde.
Tous les matins, quand elle arrivait, Daisy Parks, une jeune sorcière au visage constellé de taches de rousseur, au sourire facile et curiosité insatiable, touchait la machine à écrire de sa baguette magique, la rendant parfaitement fonctionnelle.
Le premier article de Megan : « Mes voisins, ces inconnus », souleva des polémiques, comme prévu mais sut retenir l’attention des lecteurs, toujours avides de nouveauté.
Ils sont un peu tape sur le système, tes coreligionnaires, plutôt durs à la détente…mais ça viendra, j’espère.
Entre ceci et cela, on arrivait à Noël. Temps de nostalgie. Bien que très prise avec ses nouvelles occupations, Megan ne pouvait laisser de penser à sa famille et amis, restés dans l’ignorance quant à son sort. Pour tous, elle avait mystérieusement disparu, enlevée par un de tant de détracteurs ou ennemis qu’elle avait si savamment glanés avec ses vérités bien dites. À l’heure qu’il était, on la pleurait sans doute en faisant son deuil. Elle aurait voulu pouvoir juste leur faire parvenir un mot, leur dire que tout allait bien mais qu’il fallait l’oublier.
*N’y pense plus, ma fille…tu as fait ton choix, ça fait mal mais c’est bien comme ça…Un jour, qui sait…*
Mais elle savait qu’il tarderait encore longtemps, ce jour-là.
Que faisait John pendant tout ce temps ? Elle n’en avait pas grande idée, le cher homme demeurait mystérieux, comme toujours. Elle avait eu droit à des explications d’un flou exquis et n’avait eu d’autre recours que patienter en se disant que tôt ou tard, elle saurait.
Et elle sut. Et resta, bouleversée d’émoi en découvrant ce que son chéri avait mijoté si soigneusement, sans rien dire. Il se méprit peut-être de son expression au moment de lui nouer le tablier à la taille.
Tu devrais avoir l’habitude de mes « secrets », rigola-t-il.
Oui, pas à dire mais là…tu me laisses sans mots !, parvint elle, à souffler, en sentant un nœud lui comprimer la gorge *Tu es l’homme le plus merveilleux du monde, oui…*
Ce n’était pas un réveillon au Ritz mais elle n’aurait changé sa place pour rien au monde. Ce soir, elle pouvait être part de la magie de Noël, connaitre l’immense mais humble plaisir de servir ses semblables plus démunis, de les retrouver comme qui retrouve des vieux amis, de pouvoir leur donner un peu de bonheur au milieu de leur misère, de leur redonner espoir et dignité.
Le lendemain, une autre surprise, très différente cette fois l’attendait sous le sapin de leur appartement. Elle sentait ses doigts trembler en défaisant le superbe emballage du petit paquet, son seul cadeau.
Oh, mon Dieu !, le plus beau solitaire qui soit scintillait de tous ses feux sur le velours sombre de l’écrin, John…je…
Ma chérie, ne te crois pas obligée de dire oui de suite. Prends tout le temps que tu veux, je sais être patient, et…
Elle éclata de rire et lui sautant pratiquement dessus.
Que tu peux être bête parfois, John Smith…passe-moi plutôt la bague au doigt, mon adorable sorcier…je t’aime tant !
Aucun besoin de grands discours, elle fut très claire quant à sa pleine acceptation.
Cette semaine elle travailla à son reportage pour le Nouvel An. Celui de Noël avait été un franc succès. Savoir que les Moldus avaient des habitudes très similaires aux leurs pour fêter certaines dates, rassura un peu les Sorciers. Les lecteurs se déclaraient fascinés de découvrir un peu plus de ce monde si proche mais à la fois si lointain, sur lequel couraient des rumeurs invraisemblables.
Ils finiront par sentir une énorme curiosité, auront alors envie de mieux le connaître ! J’ai déjà quelques idées en tête…mais raconte-moi ta journée !...Ah bon ? Tu as rencontré Max…c’est quand même quelque chose, je le faisais en Zambie avec sa famille.
Le fait était que les Von Falkenberg avaient déménagé corps et biens à Londres et, pour mieux faire, les invitaient à fêter la St. Sylvestre chez eux.
Comme elle l’avait deviné en lisant l’adresse sur la carte fournie, Megan s’attendaient à du chic bon ton mais Stillworth House la prit tout de même un peu au dépourvu. Un valet empesé leur ouvrit la porte, prit leurs manteaux alors qu’un majordome encore plus raide, si possible, les guida vers le salon où les maîtres de maison recevaient.
*Sacré changement !*
Elle ne rata pas l’expression quais ébahie de John en découvrant Ysaline Von Falkenberg, sublime dans sa robe de soirée.
Il n’y aura jamais que toi !, souffla t’il à son oreille.
Tu as bien intérêt !, sourit-elle en avançant vers leurs hôtes, c’est merveilleux de nous retrouver ici…assez inattendu aussi !
On expliqua le besoin de ce changement, avec les difficultés que cela entraînait. Celle qui semblait avoir le plus de mal était Ysaline.
Je pressens que cela ne te rend pas folle de plaisir, je te comprends, remarque, la vie que vous meniez là-bas était…idyllique…Oh, ça c’est assez bien passé pour moi…avec John tout est facile…et j’ai même un job, comme journaliste…à la Gazette !
Max trouva cela franchement drôle. Leurs vies avaient changé, aucun doute là-dessus. Ce réveillon, en petit comité, fut une joyeuse expérience. On partagea anecdotes et conseils, tout valait pour cette vie toute neuve et différente, pour tous.
Minuit sonna ! Bonne Année à tous ! Meilleurs vœux ! On s’aimait, on serait heureux ! Et puis le portable de John sonna.
Ysaline… la femme d’un de mes amis est au plus mal… des jumeaux hâtifs… Ste Mangouste depuis une semaine… Il est médicomage mais largué…
Regards mitigés, soupir.
Vas-y, pas de souci…je t’attendrai ici, avec Max…
Parce qu’il était évident qu’il n’était pas de la partie, non plus. Leurs conjoints évaporés, sans faire de commentaire, il alla remplir leurs coupes de champagne.
*À la nouvelle année, ça commence bien !*
Faute de mieux, une fois les enfants mis au lit par leur père, qui semblait faire fi de l’existence de nannies et autre genre de domesticité, ils s’installèrent dans un salon plus petit, prêts à passer quelques heures à bavarder sur leurs vies. Selon Max, les missions de rescousse de sa femme chérie pouvaient prendre leur temps et il était sûr que John ne reviendrait pas sans elle.
Question de passer le temps, on se raconta un peu. Max n’aimait pas particulièrement parler de lui, pas par fausse modestie ni rien de semblable. Il reconnaissait, sans faux détours, ne jamais s’être senti à l’aise avec sa vie de petit prince choyé, promis à une vie dorée et sans problèmes, au lieu de quoi, il avait choisi tout autrement. Un héritage inattendu avait fait possible de mener à bien ses ambitions humanitaires. Le reste, elle pouvait l’imaginer facilement.
Bien entendu, elle aurait pu lui poser encore mille questions mais celle-ci n’était qu’une conversation entre amis pas une interview. Un petit résumé de sa propre vie s’en suivit. Certaines similarités les firent rire de bon cœur et ils riaient encore quand Ysaline et John se matérialisèrent.
Avant d’avoir pu placer mot, Mrs. Von Falkenberg résuma spectaculairement la situation après s’être jetée dans les bras de son mari :
Mon chéri, j’ai un job à Ste Mangouste ! … toi et John, vous avez une mission !
*Génial…et moi, je deviens quoi dans tout ça ?*Pardon que je m’en mêle, mais de quelle mission s’agit-il ?
La chose était un peu compliquée, mais pas impossible pour deux sorciers ne manquant pas de recours, il s’agissait de chercher, trouver, coincer et se défaire d’un gênant fantôme qui faisait des siennes en empoisonnant la vie d’un jeune couple charmant.
Un fantôme ? Vous ne parlez pas sérieusement !
Le plus sérieusement du monde au contraire. Comme tant d’autres choses qui lui échappaient encore, les fantômes faisaient intrinsèquement partie de la vie des sorciers ! Une fois de retour chez eux, elle aurait voulu faire cas omis de leur fatigue et soumettre John à un feu roulant de questions, mais son chéri en décida autrement, lui faisant oublier l’affaire pour le moment.
Ainsi tout le monde a trouvé de quoi occuper son temps, commenta t’elle le lendemain, lors du petit déjeuner, mais parle-moi un peu plus de cette histoire de fantôme.
Comme on pouvait le prévoir, c’était une histoire amère, tordue, où il était question de haines fraternelles, ambition et autres singularités du genre.
Dis donc, on ne s’ennuie pas chez vous…on devrait peut être songer, dans le futur, de faire une série TV sur le thème…ça battrait de plate couture Dallas et Dynastie !
John lui ne voyait pas l’affaire d’un œil si commercial et envisageait plutôt des problèmes d’envergure.
Oui, je comprends que cette femme n’ait qu’envie de se venger et que même morte, elle veuille atteindre son frère, par des moyens détournés…ah, de la magie noire ?...Euh, oui…si la blanche existe, obligatoirement la noire doit faire partie du lot…c’est une ambivalence nécessaire…Et comment d’autre veux-tu que je pense ? Je suis une moldue, ne t’en déplaise…Oui, je comprends, te voilà promu, avec Max en Ghostbusters…excuse-moi, je n’y peux rien, mes repères sont moldus, je m’y accroche. Vais devoir m’instruire sur la façon sorcière d’envisager le cas…Pourquoi ? Mais voyons, chéri…vais en faire une histoire, un papier et un fameux, crois-moi…Vais décoiffer les sorciers avec une histoire de leur cru à la sauce moldue…
C'est avec cette idée en tête qu'elle se présenta chez le directeur de la Gazette, deux jours plus tard. Jeremiah Augustus Follett en perdit les lunettes du coup. Il cligna des yeux pour fixer Megan dressée face à son bureau.
VOUS QUOI, chère amie ?!?
Tout comme vous l’avez entendu, jusqu’ici mes reportages ont été des gentilles mises en bouche sur le monde moldu, les lecteurs apprécient, j’en suis ravie mais ça fait quand même un peu trop mémère…cette fois il s’agira d’une véritable enquête sorcière, que je suivrai de près…le cas touche de près des membres connus de votre société…et il y en a pour tous les goûts…Mangemorts, héros de la guerre, victimes innocentes, des enfants…une histoire concoctée à la magie noire au dénouement incertain…Les gens adorent ça, je le sais…et ne me dites pas que les sorciers sont différents en ça…rien ne les appâte plus qu’un gentil drame en plusieurs actes…ce sera le papier du siècle…et maintenant je dois avoir accès à vos archives !
Merlin nous protège…faites, faites, mais souvenez-vous que…
Je suis moldue, oui, ne vous en faites pas, suis pas prête de l’oublier.
Le premier article de la série « Vengeance d’un fantôme » souleva une houle de commentaires plus ou moins indignés mais on demandait avidement la suite. Avant l'annonce de parution du second volet, les ventes filaient vers le record.
Et dire que je n’ai que planté le décor…
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