Pour le meilleur et pour le pire!
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Pour le meilleur et pour le pire!
Samantha Forrester, moi, Justin Davenport te veux pour le meilleur et le pire. Je ne suis pas parfait, le déplore, et promets de m’améliorer. Je souhaite t’apporter tout le bonheur du monde, et serai présent à tes côtés aussi longtemps que tu voudras d’un type idiot qui t’aime à la folie.
C’était donc ça, le vrai bonheur ? Cette sensation sublime de vivre au creux d’un rêve alors qu’elle était si bien éveillée…même s’il fallait avouer que son chéri s’y prenait à merveille pour confondre réalité et illusion.
Je t’aime à la folie, moi aussi, Justin Davenport !
Pétales de rose et musique céleste. Quel adorable romantique ! Mais il fallut bien quitter leur petite bulle magique pour partager leur bonheur avec les autres. Tante Babs pleurait, pour de bon cette fois et Gerry faisait des efforts pour ne pas l’imiter. Témoins improvisés et public en général applaudirent à tout rompre.
Toasts, larmes opportunes, sans autres invités de qui s’occuper, Papa et tantine pouvaient focaliser leur attention sur les nouveaux mariés, sans aucun désir de les voir s’échapper. Babs insista sur la tradition à tenir et il fallut, encore, lui faire plaisir avant de s’accorder le loisir d’une danse pendant laquelle Justin exprima son véhément désir de fausser compagnie à son entreprenante famille et lui offrir son cadeau de noces.
Tu es merveilleusement fou, mon amour !, souffla Sam , éperdue, en découvrant le nom du magnifique yacht blanc qui n’attendait qu’eux, accosté à l’embarcadère.
Adieux rapides pour éviter plus s’épanchements, à peine furent ils à bord du Lady Sam, que la passerelle fut relevée et le capitaine amorça les manœuvres d’appareillement.
Je croyais qu’ils ne nous laisseraient jamais filer, assura t’elle en se lovant dans les bras de son flambant époux, tu dois nous pardonner, chéri…pour tout ce que tu as dû subir, sans qu’on ne demande même pas ton avis…Tu dois croire qu’ils s’impliquent trop dans ma vie…je les laisse faire, tu sais…du moins penser qu’ils le font…mais à partir de cet instant, le seul qui se mêlera à ma vie s’est toi…Je t’aime, Justin, au-delà de ce que je pensais pouvoir un jour aimer quelqu’un…sois tout pour moi, qui suis toute à toi…
Un long baiser scella cette déclaration sous les étoiles alors que le Lady Sam voguait vers Aitutaki, une des îles Cook, loin, très loin dans le Pacifique Sud. Idylliques jours de navigation, rien que pour eux, loin de tout souci ou tracas. Comment rêver de plus parfait voyage de noces ?
L’équipage du yacht se défaisait en discrètes attentions pour combler tous leurs désirs mais surtout se maintenait en état de quasi parfaite invisibilité. Sam ayant exprimé l’intention de s’occuper personnellement de la préparation de tous les repas, le chef à bord se vit octroyé d’un congé tous frais payés et débarqua à la première escale.
J’espère qu’il ne m’en voudra pas, soupira Sam, mais j’ai tellement envie de m’occuper de tout…de toi surtout…je raffole de faire la cuisine avec toi…et puis…pas envie d’avoir des témoins si je te fais rater une sauce ou si par ta faute je crame un petit plat…
Ils naviguaient sans se presser, parfois longeant la côte, trouvant un coin de rêve où faire une escale non prévue. Ils organisaient alors un panier pique-nique, prenaient le canot à moteur et passaient une journée parfaite à explorer les lieux, se baigner, s’aimer, pour rentrer repus de soleil et bonheur.
Ils essuyèrent une tempête tropicale près des côtes australiennes mais parvinrent sans mal à Darwin, pour une escale de ravitaillement avant d’affronter le Pacifique en toute sa splendeur.
Sam avait fini de ranger les victuailles délicates dans la pièce réfrigérée et s’apprêtait à rejoindre son chéri quand une voix masculine, bien connue, la fit piler sec.
*C’est pas possible…que diable veut Michael ici !?*
Pour une fois, le blond ne venait pas pour qu’on le tire d’embarras ou l’aide à sauver le monde. Il passait tout simplement dire bonjour. Il n’était pas seul, flanqué d’une Alix rayonnante, il n’avait qu’une requête à présenter.
Vous marier !?...Mais c’est génial !, oubliant toute prédisposition envers Mr. De Brent elle passa en mode organisatrice de génie, compte tenu qu’il faudra attendre être hors des eaux territoriales, ça nous laisse un peu de temps…Viens, Alix !
Laissant les amis à leur mise à jour, elle entraîna la fiancée du jour à sa suite.
On dirait que les mariages rapides sont à la une, dernièrement…Je ne te dis pas ce que ça a été, le nôtre…J’ai cru que Justin allait péter un câble, et moi aussi en passant. Je suis très heureuse pour vous, Alix…vraiment très heureuse…et maintenant dis-moi si je peux t’être utile en quelque chose, tu sais…choses de filles…
Ce fut une cérémonie courte mais émotive au maximum. Les nouveaux mariés restèrent le temps d’un toast avant de s’évaporer dans la nuit.
Et le voilà casé et bien casé, reste à espérer qu’il se montrera plus judicieux dans le futur, mais tous deux savaient qu’on ne se refait pas en un jour, et qu’est-ce que tu diras si on ouvrait son cadeau ?...Faut dire que tant de mystère a aiguisé ma curiosité !
En riant, ils défirent le paquet savamment enveloppé…et restèrent comme deux ronds de flan en découvrant une clé, et une feuille pliée avec quelques mots de la main énergique de Michael: "Cherche et tu me trouveras. Indice 1: ça commence où tout à commencé!*
Dis donc avec ton pote...si c'est pas une course au trésor, ça!...Une idée?
Il n'en avait aucune et après, le temps leur manqua pour y penser...
Le temps se gâtait très rapidement. Les bulletins de la météo se succédaient à alarmante vitesse, recommandant à toutes les embarcations ayant el recours de se mettre à l’abri de le faire le plus vite possible. Or, ils se trouvaient au beau milieu de rien, sans aucune possibilité d’atteindre un port sûr avant que ne se déchaîne l’enfer.
La situation se dégradait de minute en minute. Peu était ce que l’équipage ou eux pouvaient faire, à part prier. Ils avaient essayé de parer le bateau d’une bulle de protection mais les éléments en furie dépassaient tout sortilège.
Ça ne peut pas finir comme ça…ce n’est pas juste !, cria Sam pour se laisser entendre avec cet esclandre de fin de monde, nous nous en sortirons !!!
Justin ne la lâchait pas mais ce fut Sam qui eut l’idée de rattacher leurs gilets de sauvetage avec assez long filin pour, au cas de se retrouver à l’eau, ne pas trop s’éloigner l’un de l’autre.
Si tu coules, je coule avec toi…que m’importe la vie sans toi !
Il essayait de la rassurer, mais ils savaient que c’était en vain. Ce jour-là, la mer aurait le dernier mot. Des signaux de détresse furent lancés, des messages radio donnant leur position envoyés tous azimuts mais rien ne personne ne pouvait leur venir en aide. Le Lady Sam, furieusement malmené par des vagues gigantesques, n’était qu’un fétu de paille largué dans la tempête. Quand il commença à couler au milieu de cette nuit infernale, Justin ordonna à l’équipage d’abandonner le bateau en perdition, remercia chacun des trois hommes et son second à bord et leur souhaita bonne chance en les obligeant à s’embarquer dans un des deux canots de survie spécialement conçus pour résister la force d’un typhon. Le leur était prêt à les recevoir. Mais Sam savait que son mari attendrait jusqu’au dernier instant pour abandonner la partie.
Mon amour, on en achètera un autre…l’important en ce moment…est d’essayer de ne pas aller rejoindre Neptune et ses tritons au fond de la mer…Je t’aime, Justin…peu importe où…peu importe comment…si tu es là, pour moi…ce sera le paradis ! FOUTONS LE CAMP !!!
Des craquements sinistres de la coque finirent par vaincre ses réticences. Une dernier S.O.S envoyé, ils occupèrent la navette de survie qui s’éjecta juste quand, vaincu par les éléments, le Lady Sam entamait sa descente aux abysses.
Assommés de fatigue, réfugiés dans leur cocon étanche malmené au gré des vagues, ils avaient fini par tomber dans un sommeil syncopé. Dieu seul sait combien de temps après, la virulence de la tempête avait cédé et…
Justin…ça racle…on racle le fond…je crois que…
Un choc violent l’envoya valser contre la paroi, l’assommant presque.
On…accoste…
Et pour un accostage, c’en fut un d’assez brutal.
Passage à la moulinette, ce truc…mais je crois qu’on est arrivés quelque part…
Le premier aperçu qu’ils eurent de leur port d’arrivée ne fut pas pour les ravir. Une plage battue de vagues, palmiers courbés sous vent et pluie. Ils étaient si solidement ancrés dans un récif à fleur d’eau que même le rémanent de la tempête ne les en délogerait.
Restons ici, au sec, au chaud…on ira pas plus loin…j’espère !
Ce qui fut très clair le lendemain, quand enfin le mauvais temps céda face à un soleil éclatant et à une mer d’huile. Leur navette de survie, accrochée au récif ne le quitterait pas de sitôt. Le moment était venu de faire un bilan de la situation.
On a des vivres, de l’eau, un pistolet de signaux, quelques fusées…sais pas où est passée ma baguette et la tienne est …en deux morceaux…enfin, on s’en passera…Justin, cette balise…elle devrait pas…être active ?
Elle ne l’était plus et cela ne signifiait qu’une chose…
Bonjour, Mr. Crusoe…je suis ton Vendredi !
C’était donc ça, le vrai bonheur ? Cette sensation sublime de vivre au creux d’un rêve alors qu’elle était si bien éveillée…même s’il fallait avouer que son chéri s’y prenait à merveille pour confondre réalité et illusion.
Je t’aime à la folie, moi aussi, Justin Davenport !
Pétales de rose et musique céleste. Quel adorable romantique ! Mais il fallut bien quitter leur petite bulle magique pour partager leur bonheur avec les autres. Tante Babs pleurait, pour de bon cette fois et Gerry faisait des efforts pour ne pas l’imiter. Témoins improvisés et public en général applaudirent à tout rompre.
Toasts, larmes opportunes, sans autres invités de qui s’occuper, Papa et tantine pouvaient focaliser leur attention sur les nouveaux mariés, sans aucun désir de les voir s’échapper. Babs insista sur la tradition à tenir et il fallut, encore, lui faire plaisir avant de s’accorder le loisir d’une danse pendant laquelle Justin exprima son véhément désir de fausser compagnie à son entreprenante famille et lui offrir son cadeau de noces.
Tu es merveilleusement fou, mon amour !, souffla Sam , éperdue, en découvrant le nom du magnifique yacht blanc qui n’attendait qu’eux, accosté à l’embarcadère.
Adieux rapides pour éviter plus s’épanchements, à peine furent ils à bord du Lady Sam, que la passerelle fut relevée et le capitaine amorça les manœuvres d’appareillement.
Je croyais qu’ils ne nous laisseraient jamais filer, assura t’elle en se lovant dans les bras de son flambant époux, tu dois nous pardonner, chéri…pour tout ce que tu as dû subir, sans qu’on ne demande même pas ton avis…Tu dois croire qu’ils s’impliquent trop dans ma vie…je les laisse faire, tu sais…du moins penser qu’ils le font…mais à partir de cet instant, le seul qui se mêlera à ma vie s’est toi…Je t’aime, Justin, au-delà de ce que je pensais pouvoir un jour aimer quelqu’un…sois tout pour moi, qui suis toute à toi…
Un long baiser scella cette déclaration sous les étoiles alors que le Lady Sam voguait vers Aitutaki, une des îles Cook, loin, très loin dans le Pacifique Sud. Idylliques jours de navigation, rien que pour eux, loin de tout souci ou tracas. Comment rêver de plus parfait voyage de noces ?
L’équipage du yacht se défaisait en discrètes attentions pour combler tous leurs désirs mais surtout se maintenait en état de quasi parfaite invisibilité. Sam ayant exprimé l’intention de s’occuper personnellement de la préparation de tous les repas, le chef à bord se vit octroyé d’un congé tous frais payés et débarqua à la première escale.
J’espère qu’il ne m’en voudra pas, soupira Sam, mais j’ai tellement envie de m’occuper de tout…de toi surtout…je raffole de faire la cuisine avec toi…et puis…pas envie d’avoir des témoins si je te fais rater une sauce ou si par ta faute je crame un petit plat…
Ils naviguaient sans se presser, parfois longeant la côte, trouvant un coin de rêve où faire une escale non prévue. Ils organisaient alors un panier pique-nique, prenaient le canot à moteur et passaient une journée parfaite à explorer les lieux, se baigner, s’aimer, pour rentrer repus de soleil et bonheur.
Ils essuyèrent une tempête tropicale près des côtes australiennes mais parvinrent sans mal à Darwin, pour une escale de ravitaillement avant d’affronter le Pacifique en toute sa splendeur.
Sam avait fini de ranger les victuailles délicates dans la pièce réfrigérée et s’apprêtait à rejoindre son chéri quand une voix masculine, bien connue, la fit piler sec.
*C’est pas possible…que diable veut Michael ici !?*
Pour une fois, le blond ne venait pas pour qu’on le tire d’embarras ou l’aide à sauver le monde. Il passait tout simplement dire bonjour. Il n’était pas seul, flanqué d’une Alix rayonnante, il n’avait qu’une requête à présenter.
Vous marier !?...Mais c’est génial !, oubliant toute prédisposition envers Mr. De Brent elle passa en mode organisatrice de génie, compte tenu qu’il faudra attendre être hors des eaux territoriales, ça nous laisse un peu de temps…Viens, Alix !
Laissant les amis à leur mise à jour, elle entraîna la fiancée du jour à sa suite.
On dirait que les mariages rapides sont à la une, dernièrement…Je ne te dis pas ce que ça a été, le nôtre…J’ai cru que Justin allait péter un câble, et moi aussi en passant. Je suis très heureuse pour vous, Alix…vraiment très heureuse…et maintenant dis-moi si je peux t’être utile en quelque chose, tu sais…choses de filles…
Ce fut une cérémonie courte mais émotive au maximum. Les nouveaux mariés restèrent le temps d’un toast avant de s’évaporer dans la nuit.
Et le voilà casé et bien casé, reste à espérer qu’il se montrera plus judicieux dans le futur, mais tous deux savaient qu’on ne se refait pas en un jour, et qu’est-ce que tu diras si on ouvrait son cadeau ?...Faut dire que tant de mystère a aiguisé ma curiosité !
En riant, ils défirent le paquet savamment enveloppé…et restèrent comme deux ronds de flan en découvrant une clé, et une feuille pliée avec quelques mots de la main énergique de Michael: "Cherche et tu me trouveras. Indice 1: ça commence où tout à commencé!*
Dis donc avec ton pote...si c'est pas une course au trésor, ça!...Une idée?
Il n'en avait aucune et après, le temps leur manqua pour y penser...
Le temps se gâtait très rapidement. Les bulletins de la météo se succédaient à alarmante vitesse, recommandant à toutes les embarcations ayant el recours de se mettre à l’abri de le faire le plus vite possible. Or, ils se trouvaient au beau milieu de rien, sans aucune possibilité d’atteindre un port sûr avant que ne se déchaîne l’enfer.
La situation se dégradait de minute en minute. Peu était ce que l’équipage ou eux pouvaient faire, à part prier. Ils avaient essayé de parer le bateau d’une bulle de protection mais les éléments en furie dépassaient tout sortilège.
Ça ne peut pas finir comme ça…ce n’est pas juste !, cria Sam pour se laisser entendre avec cet esclandre de fin de monde, nous nous en sortirons !!!
Justin ne la lâchait pas mais ce fut Sam qui eut l’idée de rattacher leurs gilets de sauvetage avec assez long filin pour, au cas de se retrouver à l’eau, ne pas trop s’éloigner l’un de l’autre.
Si tu coules, je coule avec toi…que m’importe la vie sans toi !
Il essayait de la rassurer, mais ils savaient que c’était en vain. Ce jour-là, la mer aurait le dernier mot. Des signaux de détresse furent lancés, des messages radio donnant leur position envoyés tous azimuts mais rien ne personne ne pouvait leur venir en aide. Le Lady Sam, furieusement malmené par des vagues gigantesques, n’était qu’un fétu de paille largué dans la tempête. Quand il commença à couler au milieu de cette nuit infernale, Justin ordonna à l’équipage d’abandonner le bateau en perdition, remercia chacun des trois hommes et son second à bord et leur souhaita bonne chance en les obligeant à s’embarquer dans un des deux canots de survie spécialement conçus pour résister la force d’un typhon. Le leur était prêt à les recevoir. Mais Sam savait que son mari attendrait jusqu’au dernier instant pour abandonner la partie.
Mon amour, on en achètera un autre…l’important en ce moment…est d’essayer de ne pas aller rejoindre Neptune et ses tritons au fond de la mer…Je t’aime, Justin…peu importe où…peu importe comment…si tu es là, pour moi…ce sera le paradis ! FOUTONS LE CAMP !!!
Des craquements sinistres de la coque finirent par vaincre ses réticences. Une dernier S.O.S envoyé, ils occupèrent la navette de survie qui s’éjecta juste quand, vaincu par les éléments, le Lady Sam entamait sa descente aux abysses.
Assommés de fatigue, réfugiés dans leur cocon étanche malmené au gré des vagues, ils avaient fini par tomber dans un sommeil syncopé. Dieu seul sait combien de temps après, la virulence de la tempête avait cédé et…
Justin…ça racle…on racle le fond…je crois que…
Un choc violent l’envoya valser contre la paroi, l’assommant presque.
On…accoste…
Et pour un accostage, c’en fut un d’assez brutal.
Passage à la moulinette, ce truc…mais je crois qu’on est arrivés quelque part…
Le premier aperçu qu’ils eurent de leur port d’arrivée ne fut pas pour les ravir. Une plage battue de vagues, palmiers courbés sous vent et pluie. Ils étaient si solidement ancrés dans un récif à fleur d’eau que même le rémanent de la tempête ne les en délogerait.
Restons ici, au sec, au chaud…on ira pas plus loin…j’espère !
Ce qui fut très clair le lendemain, quand enfin le mauvais temps céda face à un soleil éclatant et à une mer d’huile. Leur navette de survie, accrochée au récif ne le quitterait pas de sitôt. Le moment était venu de faire un bilan de la situation.
On a des vivres, de l’eau, un pistolet de signaux, quelques fusées…sais pas où est passée ma baguette et la tienne est …en deux morceaux…enfin, on s’en passera…Justin, cette balise…elle devrait pas…être active ?
Elle ne l’était plus et cela ne signifiait qu’une chose…
Bonjour, Mr. Crusoe…je suis ton Vendredi !
Samantha Forrester- Messages : 35
Date d'inscription : 11/09/2013
Re: Pour le meilleur et pour le pire!
Je t’aime, Justin, au-delà de ce que je pensais pouvoir un jour aimer quelqu’un…sois tout pour moi, qui suis toute à toi…
Le nirvana existait donc ? Justin y croyait, y crut et ferait tout son possible pour garder auprès de lui cette étoile merveilleuse qui l’avait agréé. Côte à côte, à la vie à la mort, ensemble ils pourraient bâtir leur avenir.
La navigation, Justin connaissait. Il ne comptait plus ses miles nautiques depuis longtemps. Pour son épouse, il avait tout sécurisé, du moins il en était convaincu.
Que Sam apporte immédiatement sa touche personnelle en renvoyant le cuistot prévu ne le dérangea qu’à moitié. Plaisant de se faire gâter, non ?
Quelques jours paisibles puis, pendant l’embarquement des provisions à Darwin :
Permission pour monter à bord, capitaine !
NDD ! Michael !
Un bonheur peut-il être plus complet que quand ceux que vous aimez sont réunis ?
Hélas, son pote et sa belle ne désiraient pas rester en leur compagnie, juste les féliciter et solliciter… leur mariage.
…Tu es plus qu’un pote…t’es mon frère…
Cette phrase resterait gravée à jamais au cœur de Justin.
Cap vers les eaux internationales, mariage express même si Davenport en bafouilla presque d’émotions. Peu après, sa petite curieuse d’épouse voulut absolument déballer leur cadeau de noces. Devant une clé et un mot, les Davenport eurent de quoi s’étonner. On réfléchirait plus tard à l’énigme posée, l’heure étant plutôt grave.
Les conditions météorologiques viraient au catastrophique. Rallier un port ? Trop loin ! Justin savait que même deux sorciers avisés ne parviendraient pas à expédier le bateau complet en sécurité d’autant qu’une lame furieuse emporta la baguette de Sam et que la sienne fut retrouvée brisée.
*M***e !*
Si tu coules, je coule avec toi…que m’importe la vie sans toi !
On ne coulera pas ! Le lady Sam est conçu pour… bien pire !
Mais quelque chose clochait grave avec la timonerie. Si bien qu’il fallut se résoudre à abandonner le navire. D’abord l’équipage. Justin les connaissait tous personnellement sauf le machiniste engagé fraîchement.
Prenez soin des uns des autres. Les secours arriveront dès que les conditions s’amélioreront. Que Dieu soit avec vous !
Seul à bord avec son épouse, Justin rafla tout ce qu’il put d’utile à transporter dans leur canot de sauvetage. Des micros détails lui sautèrent aux yeux, ici ou là, mais pas le temps de s’y attarder.
Sam paniquait. Elle semblait croire qu’il voulait périr avec son navire :
Mon amour, on en achètera un autre…l’important en ce moment…est d’essayer de ne pas aller rejoindre Neptune et ses tritons au fond de la mer…Je t’aime, Justin…peu importe où…peu importe comment…si tu es là, pour moi…ce sera le paradis ! FOUTONS LE CAMP !!!
Attends, c’est pas ça…
Un dernier SOS, on courut dans le seul truc qui allait flotter, et la mer se vengea des aventuriers qui la parcouraient.
Dans la bulle étanche, ils furent plus ballotés que bercés au gré des éléments furieux.
Après un temps indéterminé, entrecoupé de sommeil, ils ne bougèrent quasi plus :
Passage à la moulinette, ce truc…mais je crois qu’on est arrivés quelque part…
Ce quelque part ne disait rien à Justin qui avait scruté les cartes du bord à s’en exorbiter. Il tut ce détail, acceptant l’idée de rester là jusqu’à la fin du grain.
Pratique, au matin, Sam fit l’inventaire et constata :
Justin, cette balise…elle devrait pas…être active ? Bonjour, Mr. Crusoe…je suis ton Vendredi !
Elle avait raison : un peu d’humour ne nuit pas !
Se grattant la tête dans le petit vent qui remplaçait agréablement la fureur précédente, Justin observa le décor. Une île… il y en avait des centaines perdues dans le coin… si leur route était bonne. Déserte ? Le plus probable mais pas sûr.
Le canot, empalé sur les rochers, était inutilisable à présent. La terre ferme était tentante mais pour l’atteindre, il faudrait… se mouiller. Résolu, il ouvrit un des sacs enfournés dont il retira deux couteaux impressionnants.
Prête à bricoler, ma chérie ?
On s’activa. Les sacs étanches furent reliés les uns aux autres, dans un ordre précis. Cela créa des sortes de flotteurs qu’ils n’eurent ensuite qu’à déplacer à la force de leurs membres. Le toit plastifié du canot y passa aussi.
Le transport les épuisa et ils durent récupérer en soufflant comme des phoques suffoqués le dos dans le sable. Contemplant le ciel pur, Justin noua ses doigts à ceux de Sam :
Dans le fond… on pouvait pas rêver mieux ! Je t’ai pour moi tout seul, maintenant !
Les gilets de sauvetage ôtés, il leur fallut dénicher un coin sympa où s’établir. L’eau pouvait monter. S’ils restaient trop au littoral, le risque de voir s’évanouir leurs provisions était grand.
Mais pénétrer la « jungle » environnante n’était sans doute pas prudent.
Se séparer pour explorer n’était pas envisageable non plus.
Pas question que je me sépare de toi une seule minute, compris !... tant pis si ça nous fait perdre du temps. J’ai déjà tout gâché, vais pas te perdre en plus !
Il se sentait affreusement responsable. Voilà ce que c’était que de déléguer ses pouvoirs. Pour se consacrer à Sam, il avait négligé des… détails. Détails qui, à présent, pouvaient leur coûter la vie ! Quelqu’un à bord n’avait pas fait son boulot. Qui ? Peu importait pour l’instant. Lui n’avait pas rempli le sien, et ça le minait.
N’emportant qu’un peu d’eau, on laissa le barda à l’abri de la lisière des cocotiers puis, main dans la main, longea le rivage sur la droite.
Paysage immuable : plage, rochers, palmiers. Des mouettes, crabes et autres petites bestioles s’effrayèrent du dérangement causé par le deux humains errants.
Parfois Sam babilla, essayant de le sortir du marasme qui le guettait. Elle était incroyable, sa femme ! Ne voilà-t-elle pas qu’elle revenait à l’attaque avec le cadeau de Michael :
… j’ai dit ne pas avoir d’idée mais j’en ai quand même une… Là où tout a commencé, c’est Poudlard.
La matinée fut infructueuse. Ils revinrent sur leur pas, lentement.
Je suppose que l’on doit faire du feu ?
Sans baguette ni silex, pas si évident que ça. Sam semblait se marrer dans son coin devant ses tentatives de friction de bois et rigola franchement en lui tendant… un briquet.
C’est vrai qu’ils n’étaient pas si démunis que ça. On ne puisa cependant pas dans les conserves, se régalant des produits de la mer accrochés aux rochers du rivage.
Leur nid, ils le trouvèrent deux heures plus tard, à gauche. Là, une sorte de crique bien abritée les séduisit. Divers transports et tâches plus tard, ils disposèrent d’un auvent, de couches de feuilles adoucies de couvertures, etc. Pas de quoi se plaindre, sauf que :
M***e ! Des moustiques ! On va chopper la malaria !
Il s’asséna maintes claques tandis, qu’en riant, Sam lui passa… la pommade.
Au moins toi, tu es pratique ! grogna-t-il. Néanmoins, s’il y a ces bestioles ça veut dire eau stagnante. On vérifiera demain.
Il se sentait si nul !
*Tu parles d’un voyage de noces ! Mais pourquoi, pourquoi j’ai pas vérifié…*
Elle dormait, sereine, au creux de son bras tandis que lui ressassait inlassablement les circonstances les ayant conduits-là.
*Sabotage… pas d’autre explication ! Qui… Pourquoi… ?*
Peu importait. D’abord se sortir de là ! Le fil de ses pensées dériva vers le cadeau de Michael.
*Là où tout a commencé….*
Pas prêt de l’oublier, cet instant. Un Serpentard fêtard et un préfet Serdaigle, qui l’eut cru ? Et pourtant…
*Tu rigolerais à t’en péter la rate si tu voyais dans quel pétrin on est… mon frère !*
Mais revenant à des considérations plus terre à terre, Justin tenta de juger droit :
*On est au cul du monde… Sur une route peu fréquentée, pas celle prévue. On a des provisions pour… une semaine au max, en rationnant. Si aucune complication médicale n’intervient, on pourrait s’en tirer… indéfiniment. Suis pas idiot et elle est des forces spéciales… *
L’idée d’appeler Key le titilla, seulement… ce serait le dernier recours, celui des causes désespérées. On n’en était pas encore là, on verrait…
Sam le surprendrait-elle toujours ainsi ? Il s’en régala d’avance. La petite futée l’avait laissé roupiller pour explorer. Recevoir un bac d’eau sur le crâne n’est pas la meilleure façon de réveiller son mari, mais elle n’avait pas pu résister.
SAM ! En voilà des façons… Mais ( langue sur lèvres) c’est pas salé. Tu as trouvé de l’eau douce ?
Oh que oui, et pas qu’un peu !
En s’enfonçant un peu entre les arbres, elle avait déniché une oasis.
De l’eau, des fruits, la pêche, que rêver de mieux… ?
Un mois et… rien !
Oh la vie était douce, plaisante même puisqu’ils disposaient de presque tout, d’eux surtout.
Pêcher au harpon ? Un jeu ! Savourer coquillages et fruits ? Une détente. Se déguster l’un l’autre ? Un passe-temps délicieux.
Aucun signal, aucun avion ne troubla leur paix involontaire.
Par veine, le temps resta au beau fixe. S’ils explorèrent leurs alentours immédiats, ils ne découvrirent rien de bien intéressant. Peu à peu l’idée d’un radeau se précisa. Avec acharnement, Justin entreprit de débiter des palmiers.
Pendant qu’il s’usait nerfs et mains, ses pensées s’envolaient, au moins.
Qu’est-ce qu’il est con ce type, rigola Douglas en tendant les jumelles à son homologue. Il compte aller où ? En Australie ?
Ouais ! Par contre sa nana me botte beaucoup, quel beau morceau !
J’crois qu’on sera plus d’un à vouloir se la farcir cette oie blonde ! Dommage que le boss veuille pas !
Depuis trois jours Douglas et Salvatore observaient le couple échoué. D’abord, ils avaient repéré la fumée du feu, leur patron avait décidé du reste. Apparemment, hormis un harpon, ces blancs ne disposaient d’aucune arme. Les naufrages dans le secteur étaient fréquents, et celui-là ayant été « programmé »… rien de plus facile que d’aller récupérer le butin.
Il va cracher jusqu’à sa dernière goutte de sang pour la sauver ! Garanti sur facture.
C’est pour quand ?
Rires.
Une nuit, pareille à la précédente, pareille à celle d’avant l’autre. Ils avaient soigné leurs coups de soleil, les ampoules, veillé l’un sur l’autre. Si l’on entrait dans la routine, la vigilance ne s’était pas assoupie, elle.
Crac !
Infime, le son fut néanmoins perçu. À la vitesse grand V, les idées s’alignèrent. 20 mètres le séparaient de sa cache. En rampant vite…
Chut, souffla-t-il à Sam qui s’éveillait. Je reviens, bouge pas !
Lorsqu’il revint au camp, armé jusqu’aux dents, un petit mot le nargua en lieu et place de Sa Sam :
Signez, on vous la rendra.
La nuit répercuta son cri…
Le nirvana existait donc ? Justin y croyait, y crut et ferait tout son possible pour garder auprès de lui cette étoile merveilleuse qui l’avait agréé. Côte à côte, à la vie à la mort, ensemble ils pourraient bâtir leur avenir.
La navigation, Justin connaissait. Il ne comptait plus ses miles nautiques depuis longtemps. Pour son épouse, il avait tout sécurisé, du moins il en était convaincu.
Que Sam apporte immédiatement sa touche personnelle en renvoyant le cuistot prévu ne le dérangea qu’à moitié. Plaisant de se faire gâter, non ?
Quelques jours paisibles puis, pendant l’embarquement des provisions à Darwin :
Permission pour monter à bord, capitaine !
NDD ! Michael !
Un bonheur peut-il être plus complet que quand ceux que vous aimez sont réunis ?
Hélas, son pote et sa belle ne désiraient pas rester en leur compagnie, juste les féliciter et solliciter… leur mariage.
…Tu es plus qu’un pote…t’es mon frère…
Cette phrase resterait gravée à jamais au cœur de Justin.
Cap vers les eaux internationales, mariage express même si Davenport en bafouilla presque d’émotions. Peu après, sa petite curieuse d’épouse voulut absolument déballer leur cadeau de noces. Devant une clé et un mot, les Davenport eurent de quoi s’étonner. On réfléchirait plus tard à l’énigme posée, l’heure étant plutôt grave.
Les conditions météorologiques viraient au catastrophique. Rallier un port ? Trop loin ! Justin savait que même deux sorciers avisés ne parviendraient pas à expédier le bateau complet en sécurité d’autant qu’une lame furieuse emporta la baguette de Sam et que la sienne fut retrouvée brisée.
*M***e !*
Si tu coules, je coule avec toi…que m’importe la vie sans toi !
On ne coulera pas ! Le lady Sam est conçu pour… bien pire !
Mais quelque chose clochait grave avec la timonerie. Si bien qu’il fallut se résoudre à abandonner le navire. D’abord l’équipage. Justin les connaissait tous personnellement sauf le machiniste engagé fraîchement.
Prenez soin des uns des autres. Les secours arriveront dès que les conditions s’amélioreront. Que Dieu soit avec vous !
Seul à bord avec son épouse, Justin rafla tout ce qu’il put d’utile à transporter dans leur canot de sauvetage. Des micros détails lui sautèrent aux yeux, ici ou là, mais pas le temps de s’y attarder.
Sam paniquait. Elle semblait croire qu’il voulait périr avec son navire :
Mon amour, on en achètera un autre…l’important en ce moment…est d’essayer de ne pas aller rejoindre Neptune et ses tritons au fond de la mer…Je t’aime, Justin…peu importe où…peu importe comment…si tu es là, pour moi…ce sera le paradis ! FOUTONS LE CAMP !!!
Attends, c’est pas ça…
Un dernier SOS, on courut dans le seul truc qui allait flotter, et la mer se vengea des aventuriers qui la parcouraient.
Dans la bulle étanche, ils furent plus ballotés que bercés au gré des éléments furieux.
Après un temps indéterminé, entrecoupé de sommeil, ils ne bougèrent quasi plus :
Passage à la moulinette, ce truc…mais je crois qu’on est arrivés quelque part…
Ce quelque part ne disait rien à Justin qui avait scruté les cartes du bord à s’en exorbiter. Il tut ce détail, acceptant l’idée de rester là jusqu’à la fin du grain.
Pratique, au matin, Sam fit l’inventaire et constata :
Justin, cette balise…elle devrait pas…être active ? Bonjour, Mr. Crusoe…je suis ton Vendredi !
Elle avait raison : un peu d’humour ne nuit pas !
Se grattant la tête dans le petit vent qui remplaçait agréablement la fureur précédente, Justin observa le décor. Une île… il y en avait des centaines perdues dans le coin… si leur route était bonne. Déserte ? Le plus probable mais pas sûr.
Le canot, empalé sur les rochers, était inutilisable à présent. La terre ferme était tentante mais pour l’atteindre, il faudrait… se mouiller. Résolu, il ouvrit un des sacs enfournés dont il retira deux couteaux impressionnants.
Prête à bricoler, ma chérie ?
On s’activa. Les sacs étanches furent reliés les uns aux autres, dans un ordre précis. Cela créa des sortes de flotteurs qu’ils n’eurent ensuite qu’à déplacer à la force de leurs membres. Le toit plastifié du canot y passa aussi.
Le transport les épuisa et ils durent récupérer en soufflant comme des phoques suffoqués le dos dans le sable. Contemplant le ciel pur, Justin noua ses doigts à ceux de Sam :
Dans le fond… on pouvait pas rêver mieux ! Je t’ai pour moi tout seul, maintenant !
Les gilets de sauvetage ôtés, il leur fallut dénicher un coin sympa où s’établir. L’eau pouvait monter. S’ils restaient trop au littoral, le risque de voir s’évanouir leurs provisions était grand.
Mais pénétrer la « jungle » environnante n’était sans doute pas prudent.
Se séparer pour explorer n’était pas envisageable non plus.
Pas question que je me sépare de toi une seule minute, compris !... tant pis si ça nous fait perdre du temps. J’ai déjà tout gâché, vais pas te perdre en plus !
Il se sentait affreusement responsable. Voilà ce que c’était que de déléguer ses pouvoirs. Pour se consacrer à Sam, il avait négligé des… détails. Détails qui, à présent, pouvaient leur coûter la vie ! Quelqu’un à bord n’avait pas fait son boulot. Qui ? Peu importait pour l’instant. Lui n’avait pas rempli le sien, et ça le minait.
N’emportant qu’un peu d’eau, on laissa le barda à l’abri de la lisière des cocotiers puis, main dans la main, longea le rivage sur la droite.
Paysage immuable : plage, rochers, palmiers. Des mouettes, crabes et autres petites bestioles s’effrayèrent du dérangement causé par le deux humains errants.
Parfois Sam babilla, essayant de le sortir du marasme qui le guettait. Elle était incroyable, sa femme ! Ne voilà-t-elle pas qu’elle revenait à l’attaque avec le cadeau de Michael :
… j’ai dit ne pas avoir d’idée mais j’en ai quand même une… Là où tout a commencé, c’est Poudlard.
La matinée fut infructueuse. Ils revinrent sur leur pas, lentement.
Je suppose que l’on doit faire du feu ?
Sans baguette ni silex, pas si évident que ça. Sam semblait se marrer dans son coin devant ses tentatives de friction de bois et rigola franchement en lui tendant… un briquet.
C’est vrai qu’ils n’étaient pas si démunis que ça. On ne puisa cependant pas dans les conserves, se régalant des produits de la mer accrochés aux rochers du rivage.
Leur nid, ils le trouvèrent deux heures plus tard, à gauche. Là, une sorte de crique bien abritée les séduisit. Divers transports et tâches plus tard, ils disposèrent d’un auvent, de couches de feuilles adoucies de couvertures, etc. Pas de quoi se plaindre, sauf que :
M***e ! Des moustiques ! On va chopper la malaria !
Il s’asséna maintes claques tandis, qu’en riant, Sam lui passa… la pommade.
Au moins toi, tu es pratique ! grogna-t-il. Néanmoins, s’il y a ces bestioles ça veut dire eau stagnante. On vérifiera demain.
Il se sentait si nul !
*Tu parles d’un voyage de noces ! Mais pourquoi, pourquoi j’ai pas vérifié…*
Elle dormait, sereine, au creux de son bras tandis que lui ressassait inlassablement les circonstances les ayant conduits-là.
*Sabotage… pas d’autre explication ! Qui… Pourquoi… ?*
Peu importait. D’abord se sortir de là ! Le fil de ses pensées dériva vers le cadeau de Michael.
*Là où tout a commencé….*
Pas prêt de l’oublier, cet instant. Un Serpentard fêtard et un préfet Serdaigle, qui l’eut cru ? Et pourtant…
*Tu rigolerais à t’en péter la rate si tu voyais dans quel pétrin on est… mon frère !*
Mais revenant à des considérations plus terre à terre, Justin tenta de juger droit :
*On est au cul du monde… Sur une route peu fréquentée, pas celle prévue. On a des provisions pour… une semaine au max, en rationnant. Si aucune complication médicale n’intervient, on pourrait s’en tirer… indéfiniment. Suis pas idiot et elle est des forces spéciales… *
L’idée d’appeler Key le titilla, seulement… ce serait le dernier recours, celui des causes désespérées. On n’en était pas encore là, on verrait…
Sam le surprendrait-elle toujours ainsi ? Il s’en régala d’avance. La petite futée l’avait laissé roupiller pour explorer. Recevoir un bac d’eau sur le crâne n’est pas la meilleure façon de réveiller son mari, mais elle n’avait pas pu résister.
SAM ! En voilà des façons… Mais ( langue sur lèvres) c’est pas salé. Tu as trouvé de l’eau douce ?
Oh que oui, et pas qu’un peu !
En s’enfonçant un peu entre les arbres, elle avait déniché une oasis.
De l’eau, des fruits, la pêche, que rêver de mieux… ?
Un mois et… rien !
Oh la vie était douce, plaisante même puisqu’ils disposaient de presque tout, d’eux surtout.
Pêcher au harpon ? Un jeu ! Savourer coquillages et fruits ? Une détente. Se déguster l’un l’autre ? Un passe-temps délicieux.
Aucun signal, aucun avion ne troubla leur paix involontaire.
Par veine, le temps resta au beau fixe. S’ils explorèrent leurs alentours immédiats, ils ne découvrirent rien de bien intéressant. Peu à peu l’idée d’un radeau se précisa. Avec acharnement, Justin entreprit de débiter des palmiers.
Pendant qu’il s’usait nerfs et mains, ses pensées s’envolaient, au moins.
Qu’est-ce qu’il est con ce type, rigola Douglas en tendant les jumelles à son homologue. Il compte aller où ? En Australie ?
Ouais ! Par contre sa nana me botte beaucoup, quel beau morceau !
J’crois qu’on sera plus d’un à vouloir se la farcir cette oie blonde ! Dommage que le boss veuille pas !
Depuis trois jours Douglas et Salvatore observaient le couple échoué. D’abord, ils avaient repéré la fumée du feu, leur patron avait décidé du reste. Apparemment, hormis un harpon, ces blancs ne disposaient d’aucune arme. Les naufrages dans le secteur étaient fréquents, et celui-là ayant été « programmé »… rien de plus facile que d’aller récupérer le butin.
Il va cracher jusqu’à sa dernière goutte de sang pour la sauver ! Garanti sur facture.
C’est pour quand ?
Rires.
Une nuit, pareille à la précédente, pareille à celle d’avant l’autre. Ils avaient soigné leurs coups de soleil, les ampoules, veillé l’un sur l’autre. Si l’on entrait dans la routine, la vigilance ne s’était pas assoupie, elle.
Crac !
Infime, le son fut néanmoins perçu. À la vitesse grand V, les idées s’alignèrent. 20 mètres le séparaient de sa cache. En rampant vite…
Chut, souffla-t-il à Sam qui s’éveillait. Je reviens, bouge pas !
Lorsqu’il revint au camp, armé jusqu’aux dents, un petit mot le nargua en lieu et place de Sa Sam :
Signez, on vous la rendra.
La nuit répercuta son cri…
Re: Pour le meilleur et pour le pire!
Prête à bricoler, ma chérie ?
Tu veux rire ? J’adore l’idée !
Et elle ne mentait pas pour le rassurer. Ils travaillèrent d’arrache-pied mais réussirent à mettre en sécurité leur équipement de fortune et les provisions.
Dans le fond… on pouvait pas rêver mieux ! Je t’ai pour moi tout seul, maintenant !
Pouvait-on être plus adorable ? Difficile. Justin était l’homme parfait, de cela elle n’en avait le moindre doute. Mais le pauvre se faisait un sang d’encre de l’avoir mêlée, bien malgré lui, à cette situation inédite. Mais qui pouvait prévoir un naufrage ? Quoiqu’en y pensant bien, Sam avait sa petite idée derrière la tête. Un yacht comme le Lady Sam construit selon des spécifications très spéciales, doté de la plus haute technologie, paré contre tout avatar nautique et surtout supposé insubmersible avait coulé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, leur laissant le temps juste de sauver la peau. Ces circonstances méritaient une profonde étude mais étant donné que les évidences gisaient dans quelque abysse océanique, ce serait très difficile de prouver. Elle se garda ces réflexions, sûre que de son côté Justin arrivait aux mêmes conclusions.
À présent, leur priorité était survivre, et rien dans ce décor idyllique ne démentait cette possibilité. On n’aurait su rêver de meilleur endroit pour jouer les Robinsons. Nature prodigue, ils ne manquaient pas de nourriture, ce fussent fruits, poissons, crustacés, coquillages, même des œufs d’une espèce de poule sauvage qu’ils n’avaient qu’à cueillir dans les nids. Chasser était un peu plus compliqué mais avec des pièges opportuns ils purent faire main basse sur du petit gibier, question de changer un peu du régime poissons-fruits de mer.
Ils avaient du feu, de l’eau douce à volonté, une trousse premiers-soins, un toit sur la tête et un certain confort. L’exploration de l’île n’avait rien donné de concluant. Ils étaient quelque part, au milieu du vaste océan, loin de toute route maritime régulière.
*On a saboté les balises, il y a une chance minime que notre dernier signal secours ait été capté, comme quoi personne ne sait où nous chercher…ce qui ne signifie qu’une chose : on voulait se défaire de nous…ou de Justin en particulier !*
Ils étaient là, naufragés sur une île déserte, loin de tout, de tous, sans grand espoir de voir des secours arriver mais, malgré tant d’adversité, Sam était la plus heureuse des femmes.
Tant que tu es avec moi, ça me convient…, sans dire qu’après tout elle n’était pas lieutenant des Forces Spéciales pour des prunes, on est au Paradis, tu es Adam, moi, ton Eve !
Le temps passait. Des jours, tous pareils les uns aux autres. Paisible routine. Ils avaient pris des belles couleurs de boucaniers en maraude, muscles endurcis, repus d’exercice au grand ’air. Ils s’adaptaient aux besoins de cette survie, sans trop y penser, question de ne pas tomber en déprime. Mais, chacun de son côté y pensait, ressassait des souvenirs, songeait à ceux qu’il ne verrait plus…Sans doute Justin pensait-il à l’ineffable Michael, seul véritable ami, quasi frère que Sam lui connaissait. Elle sentait la nostalgie l’envahir en pensant à Gerry et Babs, pour l’heure sans doute éperdus de désespoir et chagrin sans avoir jamais reçu les nouvelles promises.
Et puis ça arriva.
Chut, je reviens, bouge pas !
Avant qu’elle ait pu placer un mot ou esquisser un geste, il avait quitté son abri pour se faufiler dans la nuit. Sam tendit l’oreille, perçut des bruits étouffés, chercha de quoi se défendre, désespérant en songeant à l’arpon planté face à leur abri. Ce fut trop rapide pour lui donner le sursis de réagir. Une piqûre à la base du cou et elle partit dans le noir total.
Réveil en douce. On ne la brusqua pas. Pourtant, à peine revenue du flou qui l’avait engloutie, Sam avait été consciente d’être surveillée de près. Elle ne se trompa pas.
Enfin de retour, ma belle…on se faisait presque du souci !, dit une voix d’homme à l’accent traînant, agréable, chaleureux même.
Elle se força à garder le calme et ouvrant bien les yeux, regarda autour. Cabine de bateau, tout confort. On l’avait allongée dans un lit moelleux. Face à elle se tenait un homme brun, dans la quarantaine, bien fait de sa personne et souriant, affable.
Pourquoi suis-je ici ? Où est mon mari ?, s’enquit-elle en essayant de ne pas laisser percer la crainte qui lui nouait les tripes.
Oh, pas de souci à vous faire pour lui, ce cher homme contemple la possibilité de se montrer plein de bon sens et vous avoir de retour , de jouer les héros et mourir dans l’essai ou qui sait, peut-être d’ignorer notre offre et vous abandonner à votre sort.
*N’oublie pas ce que tu es, ma vielle…tu as des recours !*
Pas question de se la jouer à la Rambo. Sous ces dehors placides, l’inconnu était, sans aucun doute, armé, et sur ses gardes.
Vous…vous allez me faire mal ?, voulut-elle savoir d’une petite voix enrouée de crainte au temps de le regarder avec des yeux de biche prise au piège, j’ai peur…très peur !
L’homme accusa ce déferlement de féminité en détresse le mieux qu’il put. Il avait face à lui la plus belle femme qu’il ait jamais vu et elle semblait si perdue, affolée, démunie. Irrésistible.
Il n’y a aucune raison d’avoir peur, personne ne vous fera le moindre mal, je le promets. *Je tuerai le premier qui osera lever un doigt sur toi, divine créature !*
Mais…mais, vous m’avez…enlevée ! , sa voix laissa passer le ton voulu de panique en cernes, dans la juste dose, pourquoi ?...pourquoi ? Nous…ne sommes que des pauvres naufragés…
Pas si pauvres que ça, dit l’homme sans départir de son sourire plein de charme, je sais exactement qui vous êtes, Mrs. Davenport…et qui est votre mari…
*Allez, on y arrive…c’est donc ça !*
Petit cri de pitoyable détresse, elle se tassa un peu à sa place avant d’éclater en sanglots désolants. Sa chevelure blonde comme de l’or déferla alors sur son visage de madone, sur ses épaules dorées de soleil, secouées convulsivement. Incapable d’y résister, l’inconnu se leva et s’approchant hésita une seconde avant de s’asseoir sur le lit, qu’il songe à lui tapoter doucement le dos, prit trois secondes de plus. Elle pleura de plus belle. Alors, il l’entoura de son bras secourable en débitant des petits mots apaisants, comme qui s’adresse à un enfant apeuré.
Tout va aller bien. Votre mari signera et on sera tous contents.
*Ah bon ? C’était tout cuit d’avance alors…Faut que j’en sache plus !*
Sig…signer ?, renifla t’elle en levant vers lui un visage noyé de larmes, qui…qui…êtes-vous ?
Il écarta quelques mèches blondes d’un geste voulu paternaliste et rassurant, avant d’essuyer d’un coup de pouce les larmes sur ses joues. Sam émit un petit hoquet horrifié et s’écarta vivement.
Ne me…je…vous…qui…qui êtes-vous ?
Cela n’a aucune importance…disons Mr. X, cela conviendra parfaitement.
*Tu veux rire…Mr. X…il doit lire les romans de Papa !*
Profonde inspiration, se redressant, elle rejeta vers l’arrière la somptueuse cascade d’or de ses cheveux et le dévisagea, soudain beaucoup plus maîtresse de soi que prévu.
Bien, Mr. X, cette situation est intenable…que voulez-vous que mon mari signe ?
N’occupez pas votre jolie tête à ça, Samantha…je peux vous appeler ainsi, n’est-ce pas ?
Contre votre Mr. X, Mrs. Davenport suffira largement ! Où sommes-nous ?
Un yacht, pas aussi magnifique que le Lady Sam mais très performant. Mr. X, se défaisant en attentions lui avait d’abord proposé de prendre une douche. Un délice d’eau chaude après plus d’un mois de bains dans la lagune. Des vêtements appropriés. À boire et à manger, le tout en gardant des manières exquises et ignorant les œillades curieuses des autres hommes à bord qu’il tenait éloignés.
Nous ne tarderons pas à avoir des nouvelles de votre mari, ne vous souciez pas !
Elle feignit de le croire, joua les idiotes rassurées alors que la seule chose qui l’occupait était la suite de cette histoire absurde…ou pas si absurde que ça. Il était clair que quoi que soient les intentions du mystérieux X, sauver leurs vies n’en faisait pas partie.
Vous…vous me laisserez avec lui, n’est-ce pas ?, le ton de la question pouvait donner lieu à n’importe quelle interprétation.
Que voulez-vous, mon ange ?
Regard de candeur éperdue, petite larme opportune, bouche tremblante.
Ne…plus avoir…peur !
Vous n’aurez plus jamais peur, ma chérie !
*Tu en fais des avances, ma fille. Continue comme ça et il te demande en mariage !*Vraiment ?, séduction de vélane à fond de train.
Un baiser pour sceller cet accord inattendu. Elle prit sur soi de ne pas faire une moue de dégoût, au lieu de quoi, se montra assez enthousiaste comme pour faire miroiter des promesses de paradis partagé.
*Cours toujours, cher X…plutôt morte que te subir…*
L’interlude fut interrompu par la nouvelle que les hommes envoyés à terre revenaient avec ce qu’ils étaient allés chercher. Sam réprima un long frisson d’horreur en s’imaginant le désespoir de Justin quand il ne la verrait pas de retour…quand le yacht s’éloignerait…mais il fallait jouer la comédie jusqu’au bout, jusqu’avoir réussi à envoyer un message donnant leurs coordonnées
*Ai confiance en moi, mon amour…j’espère pouvoir nous tirer de cette impasse !*
Complètement pris sous le charme, M.X n’y vit que du feu. Il avait la femme la plus désirable de la planète rendue, prête à lâcher son crétin de mari pour le suivre lui là où il voudrait l’emmener. Qu’elle exprime le simple désir de visiter le pont de commandement, lui sembla un enfantillage adorable facile à satisfaire. L’idée que la façon d’agir de cette merveilleuse créature frayait le plus pervers égoïsme, la méchanceté de l’intéressée à son seul salut, qui n’hésitait pas à abandonner son mari à un bien triste sort, ne croisa pas l’esprit obnubilé de Mr. X. Il avait carrément perdu tout pouvoir de discernement.
Qu’elle roucoule en demandant à rester seule avec lui, lui sembla une idée fantastique. Renvoyé son second qui s’apprêtait aux manœuvres d’appareillage, il se tourna vers l’objet de sa folle convoitise et se prit l’uppercut le plus fracassant de sa vie, qui le laissa proprement assommé alors que la belle, perdant son air de blonde idiote, se mettait rapidement à l’œuvre. Le maniement d’une radio n’avait pas de secrets pour elle, trouver la fréquence précise ne prit que deux minutes. Message envoyé, elle rafla tout ce qui pouvait lui être utile, le fourra dans un sac étanche et fila. Deux hommes de l’équipage qui eurent l’intention de lui couper le chemin, ils en furent pour leurs frais, arrivée au bastingage, Sam plongea…
À bord du yacht, un beau grabuge s’entama. Un des sbires de Mr.X tira une rafale dans l’eau, mais à part de fort jolie le lieutenant Forrester détenait un record de nage en apnée et n’émergea que beaucoup plus loin, pour voir, que faute de mieux, l’ennemi appareillait à toute vitesse.
Qu’un calamar géant vous fasse sombrer dans les abysses !, hurla t’elle, délirante. *Tu regardes trop de TV, ma pauvre !*
La plage n’était plus trop loin, elle nagea en tractant son sac. En arrivant, elle était sans haleine mais ne s’arrêta pas pour autant, il fallait à tout prix retrouver Justin et le rassurer. Chemin faisant, elle priait avec ferveur :
Dieu, je t’en supplie…qu’ils ne lui aient rien fait, que Justin aille bien…qu’il soit indemne…
Il était bien d’une pièce, son amour. Pas spécialement chamboulé, pas de pleurs désespérés, Justin restait fidèle à lui-même, c’est à dire maître de ses émotions. L’air plutôt sombre, il scrutait l’horizon.
Elle resta un instant, surtout pour reprendre son souffle, à le contempler à la lumière du matin naissant, avant de s’approcher et se couler dans ses bras.
Je t’aime, Justin Davenport…rien ni personne ne saura m’éloigner de toi !...Maintenant, mon bien-aimé, on attend la cavalerie…la marine…le père Noël…au choix !
Tu veux rire ? J’adore l’idée !
Et elle ne mentait pas pour le rassurer. Ils travaillèrent d’arrache-pied mais réussirent à mettre en sécurité leur équipement de fortune et les provisions.
Dans le fond… on pouvait pas rêver mieux ! Je t’ai pour moi tout seul, maintenant !
Pouvait-on être plus adorable ? Difficile. Justin était l’homme parfait, de cela elle n’en avait le moindre doute. Mais le pauvre se faisait un sang d’encre de l’avoir mêlée, bien malgré lui, à cette situation inédite. Mais qui pouvait prévoir un naufrage ? Quoiqu’en y pensant bien, Sam avait sa petite idée derrière la tête. Un yacht comme le Lady Sam construit selon des spécifications très spéciales, doté de la plus haute technologie, paré contre tout avatar nautique et surtout supposé insubmersible avait coulé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, leur laissant le temps juste de sauver la peau. Ces circonstances méritaient une profonde étude mais étant donné que les évidences gisaient dans quelque abysse océanique, ce serait très difficile de prouver. Elle se garda ces réflexions, sûre que de son côté Justin arrivait aux mêmes conclusions.
À présent, leur priorité était survivre, et rien dans ce décor idyllique ne démentait cette possibilité. On n’aurait su rêver de meilleur endroit pour jouer les Robinsons. Nature prodigue, ils ne manquaient pas de nourriture, ce fussent fruits, poissons, crustacés, coquillages, même des œufs d’une espèce de poule sauvage qu’ils n’avaient qu’à cueillir dans les nids. Chasser était un peu plus compliqué mais avec des pièges opportuns ils purent faire main basse sur du petit gibier, question de changer un peu du régime poissons-fruits de mer.
Ils avaient du feu, de l’eau douce à volonté, une trousse premiers-soins, un toit sur la tête et un certain confort. L’exploration de l’île n’avait rien donné de concluant. Ils étaient quelque part, au milieu du vaste océan, loin de toute route maritime régulière.
*On a saboté les balises, il y a une chance minime que notre dernier signal secours ait été capté, comme quoi personne ne sait où nous chercher…ce qui ne signifie qu’une chose : on voulait se défaire de nous…ou de Justin en particulier !*
Ils étaient là, naufragés sur une île déserte, loin de tout, de tous, sans grand espoir de voir des secours arriver mais, malgré tant d’adversité, Sam était la plus heureuse des femmes.
Tant que tu es avec moi, ça me convient…, sans dire qu’après tout elle n’était pas lieutenant des Forces Spéciales pour des prunes, on est au Paradis, tu es Adam, moi, ton Eve !
Le temps passait. Des jours, tous pareils les uns aux autres. Paisible routine. Ils avaient pris des belles couleurs de boucaniers en maraude, muscles endurcis, repus d’exercice au grand ’air. Ils s’adaptaient aux besoins de cette survie, sans trop y penser, question de ne pas tomber en déprime. Mais, chacun de son côté y pensait, ressassait des souvenirs, songeait à ceux qu’il ne verrait plus…Sans doute Justin pensait-il à l’ineffable Michael, seul véritable ami, quasi frère que Sam lui connaissait. Elle sentait la nostalgie l’envahir en pensant à Gerry et Babs, pour l’heure sans doute éperdus de désespoir et chagrin sans avoir jamais reçu les nouvelles promises.
Et puis ça arriva.
Chut, je reviens, bouge pas !
Avant qu’elle ait pu placer un mot ou esquisser un geste, il avait quitté son abri pour se faufiler dans la nuit. Sam tendit l’oreille, perçut des bruits étouffés, chercha de quoi se défendre, désespérant en songeant à l’arpon planté face à leur abri. Ce fut trop rapide pour lui donner le sursis de réagir. Une piqûre à la base du cou et elle partit dans le noir total.
Réveil en douce. On ne la brusqua pas. Pourtant, à peine revenue du flou qui l’avait engloutie, Sam avait été consciente d’être surveillée de près. Elle ne se trompa pas.
Enfin de retour, ma belle…on se faisait presque du souci !, dit une voix d’homme à l’accent traînant, agréable, chaleureux même.
Elle se força à garder le calme et ouvrant bien les yeux, regarda autour. Cabine de bateau, tout confort. On l’avait allongée dans un lit moelleux. Face à elle se tenait un homme brun, dans la quarantaine, bien fait de sa personne et souriant, affable.
Pourquoi suis-je ici ? Où est mon mari ?, s’enquit-elle en essayant de ne pas laisser percer la crainte qui lui nouait les tripes.
Oh, pas de souci à vous faire pour lui, ce cher homme contemple la possibilité de se montrer plein de bon sens et vous avoir de retour , de jouer les héros et mourir dans l’essai ou qui sait, peut-être d’ignorer notre offre et vous abandonner à votre sort.
*N’oublie pas ce que tu es, ma vielle…tu as des recours !*
Pas question de se la jouer à la Rambo. Sous ces dehors placides, l’inconnu était, sans aucun doute, armé, et sur ses gardes.
Vous…vous allez me faire mal ?, voulut-elle savoir d’une petite voix enrouée de crainte au temps de le regarder avec des yeux de biche prise au piège, j’ai peur…très peur !
L’homme accusa ce déferlement de féminité en détresse le mieux qu’il put. Il avait face à lui la plus belle femme qu’il ait jamais vu et elle semblait si perdue, affolée, démunie. Irrésistible.
Il n’y a aucune raison d’avoir peur, personne ne vous fera le moindre mal, je le promets. *Je tuerai le premier qui osera lever un doigt sur toi, divine créature !*
Mais…mais, vous m’avez…enlevée ! , sa voix laissa passer le ton voulu de panique en cernes, dans la juste dose, pourquoi ?...pourquoi ? Nous…ne sommes que des pauvres naufragés…
Pas si pauvres que ça, dit l’homme sans départir de son sourire plein de charme, je sais exactement qui vous êtes, Mrs. Davenport…et qui est votre mari…
*Allez, on y arrive…c’est donc ça !*
Petit cri de pitoyable détresse, elle se tassa un peu à sa place avant d’éclater en sanglots désolants. Sa chevelure blonde comme de l’or déferla alors sur son visage de madone, sur ses épaules dorées de soleil, secouées convulsivement. Incapable d’y résister, l’inconnu se leva et s’approchant hésita une seconde avant de s’asseoir sur le lit, qu’il songe à lui tapoter doucement le dos, prit trois secondes de plus. Elle pleura de plus belle. Alors, il l’entoura de son bras secourable en débitant des petits mots apaisants, comme qui s’adresse à un enfant apeuré.
Tout va aller bien. Votre mari signera et on sera tous contents.
*Ah bon ? C’était tout cuit d’avance alors…Faut que j’en sache plus !*
Sig…signer ?, renifla t’elle en levant vers lui un visage noyé de larmes, qui…qui…êtes-vous ?
Il écarta quelques mèches blondes d’un geste voulu paternaliste et rassurant, avant d’essuyer d’un coup de pouce les larmes sur ses joues. Sam émit un petit hoquet horrifié et s’écarta vivement.
Ne me…je…vous…qui…qui êtes-vous ?
Cela n’a aucune importance…disons Mr. X, cela conviendra parfaitement.
*Tu veux rire…Mr. X…il doit lire les romans de Papa !*
Profonde inspiration, se redressant, elle rejeta vers l’arrière la somptueuse cascade d’or de ses cheveux et le dévisagea, soudain beaucoup plus maîtresse de soi que prévu.
Bien, Mr. X, cette situation est intenable…que voulez-vous que mon mari signe ?
N’occupez pas votre jolie tête à ça, Samantha…je peux vous appeler ainsi, n’est-ce pas ?
Contre votre Mr. X, Mrs. Davenport suffira largement ! Où sommes-nous ?
Un yacht, pas aussi magnifique que le Lady Sam mais très performant. Mr. X, se défaisant en attentions lui avait d’abord proposé de prendre une douche. Un délice d’eau chaude après plus d’un mois de bains dans la lagune. Des vêtements appropriés. À boire et à manger, le tout en gardant des manières exquises et ignorant les œillades curieuses des autres hommes à bord qu’il tenait éloignés.
Nous ne tarderons pas à avoir des nouvelles de votre mari, ne vous souciez pas !
Elle feignit de le croire, joua les idiotes rassurées alors que la seule chose qui l’occupait était la suite de cette histoire absurde…ou pas si absurde que ça. Il était clair que quoi que soient les intentions du mystérieux X, sauver leurs vies n’en faisait pas partie.
Vous…vous me laisserez avec lui, n’est-ce pas ?, le ton de la question pouvait donner lieu à n’importe quelle interprétation.
Que voulez-vous, mon ange ?
Regard de candeur éperdue, petite larme opportune, bouche tremblante.
Ne…plus avoir…peur !
Vous n’aurez plus jamais peur, ma chérie !
*Tu en fais des avances, ma fille. Continue comme ça et il te demande en mariage !*Vraiment ?, séduction de vélane à fond de train.
Un baiser pour sceller cet accord inattendu. Elle prit sur soi de ne pas faire une moue de dégoût, au lieu de quoi, se montra assez enthousiaste comme pour faire miroiter des promesses de paradis partagé.
*Cours toujours, cher X…plutôt morte que te subir…*
L’interlude fut interrompu par la nouvelle que les hommes envoyés à terre revenaient avec ce qu’ils étaient allés chercher. Sam réprima un long frisson d’horreur en s’imaginant le désespoir de Justin quand il ne la verrait pas de retour…quand le yacht s’éloignerait…mais il fallait jouer la comédie jusqu’au bout, jusqu’avoir réussi à envoyer un message donnant leurs coordonnées
*Ai confiance en moi, mon amour…j’espère pouvoir nous tirer de cette impasse !*
Complètement pris sous le charme, M.X n’y vit que du feu. Il avait la femme la plus désirable de la planète rendue, prête à lâcher son crétin de mari pour le suivre lui là où il voudrait l’emmener. Qu’elle exprime le simple désir de visiter le pont de commandement, lui sembla un enfantillage adorable facile à satisfaire. L’idée que la façon d’agir de cette merveilleuse créature frayait le plus pervers égoïsme, la méchanceté de l’intéressée à son seul salut, qui n’hésitait pas à abandonner son mari à un bien triste sort, ne croisa pas l’esprit obnubilé de Mr. X. Il avait carrément perdu tout pouvoir de discernement.
Qu’elle roucoule en demandant à rester seule avec lui, lui sembla une idée fantastique. Renvoyé son second qui s’apprêtait aux manœuvres d’appareillage, il se tourna vers l’objet de sa folle convoitise et se prit l’uppercut le plus fracassant de sa vie, qui le laissa proprement assommé alors que la belle, perdant son air de blonde idiote, se mettait rapidement à l’œuvre. Le maniement d’une radio n’avait pas de secrets pour elle, trouver la fréquence précise ne prit que deux minutes. Message envoyé, elle rafla tout ce qui pouvait lui être utile, le fourra dans un sac étanche et fila. Deux hommes de l’équipage qui eurent l’intention de lui couper le chemin, ils en furent pour leurs frais, arrivée au bastingage, Sam plongea…
À bord du yacht, un beau grabuge s’entama. Un des sbires de Mr.X tira une rafale dans l’eau, mais à part de fort jolie le lieutenant Forrester détenait un record de nage en apnée et n’émergea que beaucoup plus loin, pour voir, que faute de mieux, l’ennemi appareillait à toute vitesse.
Qu’un calamar géant vous fasse sombrer dans les abysses !, hurla t’elle, délirante. *Tu regardes trop de TV, ma pauvre !*
La plage n’était plus trop loin, elle nagea en tractant son sac. En arrivant, elle était sans haleine mais ne s’arrêta pas pour autant, il fallait à tout prix retrouver Justin et le rassurer. Chemin faisant, elle priait avec ferveur :
Dieu, je t’en supplie…qu’ils ne lui aient rien fait, que Justin aille bien…qu’il soit indemne…
Il était bien d’une pièce, son amour. Pas spécialement chamboulé, pas de pleurs désespérés, Justin restait fidèle à lui-même, c’est à dire maître de ses émotions. L’air plutôt sombre, il scrutait l’horizon.
Elle resta un instant, surtout pour reprendre son souffle, à le contempler à la lumière du matin naissant, avant de s’approcher et se couler dans ses bras.
Je t’aime, Justin Davenport…rien ni personne ne saura m’éloigner de toi !...Maintenant, mon bien-aimé, on attend la cavalerie…la marine…le père Noël…au choix !
Samantha Forrester- Messages : 35
Date d'inscription : 11/09/2013
Re: Pour le meilleur et pour le pire!
Le beau voyage de noces ! Franchement…
Non, Justin ne détestait pas du tout l’idée de passer le reste de ses jours sur une île déserte en compagnie de la femme de ses rêves, mais quand même…
En ressassant tous les événements ayant amené ce naufrage imprévisible, Davenport confortait des pensées… saugrenues. Lui ou elle avaient été ciblés, piégés. Par qui et pourquoi restait en suspens.
Il s’était cru malin en dissimulant des armes au cas où les responsables de leur situation les auraient observés. En ça, il ne s’était pas trompé, preuve en était ce bout de papier qui le narguait.
Une fois de plus, on le privait du seul être qui comptât réellement pour lui !
Son cri refléta sa douleur et sa frustration pour ne pas avoir su correctement anticiper les événements et s’être fait encore avoir.
Pour râler, il râla, contre lui d’abord, contre les autres ensuite. Mais le bon sens reprit vite le dessus. Il connaissait très bien les « talents » de son épouse. Sûr que les « autres » allaient déguster. N’empêche que si le, ou la responsable du naufrage et du rapt, se doutait des capacités de Samantha à déjouer les intrigues, à tirer le meilleur parti des pires situations… Le danger qu’il la malmène demeurait grand.
Alors Justin attendit. On voulait qu’il signe ? Il le ferait. Le quoi importait peu du moment qu’on lui garantissait le retour sain et sauf de son amour.
Ils arrivèrent par le Nord quelques heures plus tard.
Bien dormi, Davenport ?
Où est ma femme ?
En sécurité, pour le moment, assura l’un des grands baraqués qui encadraient un fluet sapé comme un employé des pompes funèbres. Voici Maître Hastings. Á vous de jouer, maître.
Le notaire se racla la gorge, manifestement embarrassé du rôle à exécuter :
Mr. Davenport, je puis vous assurer que je n’agis que…
Au fait ! le gourmanda le meneur en lui balançant un coup de crosse dans les reins.
Le gringalet couina de frayeur et embraya à la vitesse supérieure :
Veuillez parapher chaque paragraphe et signer aux endroits marqués d’une croix s’il vous plait.
Je peux lire, au moins ?
Vous avez cinq minutes, ricana le « chef » de bande.
*Mission impossible !*
Ayant déjà eu en main ce genre de documents, les termes juridiques ne posaient pas de problèmes à Justin.
Les dénominations style « cessation », « à part pleine et entière », « liquidation globale » « renonciations » revenaient très fréquemment.
*Nom D* D**u !*
Les tripes remuées, Justin vit le bilan d’années de transactions financières s’étaler sous ses yeux.
Le stylo en suspens, il osa :
Où est la garantie que mon épouse me sera…
Hum, toussota Maître Hastings, sur ce feuillet-ci, à part évidemment…
Quoi ? rugit Justin. Dans deux jours, mais…
Il faut du temps pour entériner ces pièces…
Le temps est écoulé, Davenport. Signez ou j’envoie ce signal, et elle y passe de suite !
Tout fut exécuté dans les règles, en double exemplaire.
De nouveau seul, l’homme ruiné ne relut même pas les documents remis. Il les fourra dans un sac puis observa les alentours. Reverrait-il jamais Sam ? Comment faire confiance à de tels bandits si… astucieux ? Douter, se morfondre ? À quoi bon.
Le soleil perça l’horizon, le trouvant dans la même posture fermée à regarder le changement de couleurs des flots paisibles.
Un léger bruit le fit se retourner d’une pièce. Des hallucinations, déjà ? Pas du tout ! C’était bel et bien Sam qui l’enlaçait :
Je t’aime, Justin Davenport…rien ni personne ne saura m’éloigner de toi !...Maintenant, mon bien-aimé, on attend la cavalerie…la marine…le père Noël…au choix !
Ils t’ont relâchée ! Oh, mon Dieu que je suis comblé ! Ils avaient dit me faire mariner deux jours et tu es là, ma vie !
L’embrasser comme un fou, s’enivrer d’elle, la goûter de partout même s’il la trouva très… salée.
Ils auraient pu t’offrir au moins une douche d’eau chaude ! rit-il. Et ce sac, c’est quoi ?
Au fur et à mesure que Sam lui raconta ses aventures, Justin se décomposa.
…Tu t’es enfuie ?... si, je suis content mais c’était quand même dangereux, et… ah, un appel de détresse ?... Oui, oui, c’est très bien. On verra ce que ça donnera… moi ? Euh, ben… c’est ça, une rançon… une babiole, que sont quelques millions par rapport à toi ? Voyons plutôt ce que tu nous as ramené d’intéressant…
Outre du matériel indispensable à la survie, Sam rapportait une carte maritime, des instruments de mesure, quelques armes et munitions plus des médicaments.
Leurs menus allaient varier, pas à dire.
À des kilomètres de là, la directrice des opérations spéciales Applewithe avait plus d’une raison de se faire des cheveux blancs. L’instant était crucial en ce qui concernait l’Amérique du Sud. L’affaire engagée allait se conclure incessamment et, s’il lui était arrivé de douter des capacités de la fraîche recrue Blackstorm, tout semblait baigner mieux que prévu. Néanmoins, un autre cas avait de quoi l’enquiquiner. La nouvelle venait de lui être retransmise depuis un des nombreux relais de l’agence : Forrester était en détresse. Immédiatement des ordres de localisation avaient fusé mais…
*Toujours ces questions de budget, de manque d’effectifs…*
Pieds et poings liés, Applewithe fut contrainte d’attendre qu’une situation soit en ordre avant de songer à une autre intervention quelconque.
Jusque-là, les naufragés avaient bénéficié d’un temps superbe. Hélas, cela ne dura pas.
Les petites explorations du départ s’élargirent avec l’ « assurance » ne plus être inquiétés par quiconque hormis la nature. Bien leur en pris !
Ils aménageaient une petite grotte découverte pas trop haut dans les rochers balayés par la mer quand les éléments se déchaînèrent en un clin d’oeil. Vent et trombes d’eau les forcèrent à se terrer plus profond que souhaité.
Au moins, on est au sec avec des provisions pour deux jours plein ! tenta Justin d’un ton faussement optimiste.
Le bois sec manqua très vite. L’humidité les pénétra alors jusqu’aux os. Dehors, ça ne s’améliorait pas.
Les époux se réconfortaient comme ils pouvaient, se racontant plein d’anecdotes d’enfance, imaginant mille projets pour leur retour à la civilisation. Ce furent des jours heureux malgré les pénuries ressenties.
Dommage que ta cavalerie tarde tant, soupira Justin dont les boyaux commençaient à se tordre de faim. C’est con, on a dû laisser des tas de trucs en bas… Non, je ne suis pas suicidaire à ce point, voyons !
Néanmoins l’idée de descendre lui trottait vraiment dans la tête.
Le 4ème jour de réclusion, voyant Sam recroquevillée sous la couverture, l’air souffreteux, il n’y tint plus. Il empaqueta les gourdes vides, saisit un couteau et un pistolet chargé, embrassa le front un peu trop chaud de son épouse et entama la virée en bord de mer.
Transformé en soupe, quasi aveuglé par les éléments, il parvint cependant à bon port. Faire le plein ne prit que quelques instants. Sans ces vagues trop fortes, il se serait bien aventuré à relever les nasses posées antérieurement mais jugea cela trop périlleux. Un peu de bois à sécher, des conserves, de l’eau douce, que demander de plus ? L’ascension fut plus pénible que prévue. Sans doute n’était-il pas très en forme lui non plus, si bien que son sac semblait peser une tonne.
Il glissa mais se raccrocha, ne s’écorchant que coude et genou. Malheureusement parfois ces îlots volcaniques subissaient des secousses sismiques. Justin n’était plus qu’à deux mètres de l’entrée de la grotte lorsqu’un soubresaut ébranla son appui. Malgré tous ses efforts, Davenport dévissa de la paroi.
*SAAAAAMMM !*
Dieu qu’il faisait froid ! Dans un gémissement tremblant, il balbutia :
Sam, Sam, sors de la grotte, elle pourrait…
Tiens, on le forçait à boire quelque chose. Une main douce sur son front, des murmures apaisants.
Lorsqu’il ouvrit à nouveau les yeux, il distingua Sam accroupie non loin d’un petit feu. Elle dut remarquer son éveil car le rejoignit immédiatement :
… soif… ( il but) depuis quand ?... *Un jour de plus, m***e ! * Comment t’as fait ?
Pas trop dur selon elle. La tempête avait cessé peu après la secousse, elle l’avait trouvé et tiré dans leur précédent abri. Il voulut se redresser, elle le lui déconseilla vivement et il comprit vite pourquoi quand la douleur le déchira.
… pas malin de ma part, non !
La toux le prit le faisant pleurer de mal.
Elle le calma, lui enfonçant des pilules dans le gosier. Mais Davenport n’était pas un patient facile. Il se plaignit beaucoup, non sur son sort à lui, surtout sur le sien à elle.
Je n’aurais jamais dû t’imposer tout ça… tu étais plus heureuse avant moi… tu seras plus heureuse sans moi… non, c’est pas des bêtises, c’est vrai.
Le délire lui en fit avouer des choses…
… si je m’en tire pas… cesse de dire ça, regarde la réalité en face ! Si je m’en tire pas, faudra aller à Gringotts, mon coffre est le 423, la clé est à Victoria’s station code 19113, c’est tout ce qui me reste... Ah ? Tu sais pour les avoirs moldus ?... les papiers…
Elle les avait trouvés dans le sac en voulant faire du feu…
… Tu aurais dû les brûler… M’en fous de ce fric, t’es là… là…
Fracture ouverte du tibia, des côtes cassées dont une avait probablement percé la plèvre… Sans soins conséquents, les jours de Davenport étaient comptés…
Non, Justin ne détestait pas du tout l’idée de passer le reste de ses jours sur une île déserte en compagnie de la femme de ses rêves, mais quand même…
En ressassant tous les événements ayant amené ce naufrage imprévisible, Davenport confortait des pensées… saugrenues. Lui ou elle avaient été ciblés, piégés. Par qui et pourquoi restait en suspens.
Il s’était cru malin en dissimulant des armes au cas où les responsables de leur situation les auraient observés. En ça, il ne s’était pas trompé, preuve en était ce bout de papier qui le narguait.
Une fois de plus, on le privait du seul être qui comptât réellement pour lui !
Son cri refléta sa douleur et sa frustration pour ne pas avoir su correctement anticiper les événements et s’être fait encore avoir.
Pour râler, il râla, contre lui d’abord, contre les autres ensuite. Mais le bon sens reprit vite le dessus. Il connaissait très bien les « talents » de son épouse. Sûr que les « autres » allaient déguster. N’empêche que si le, ou la responsable du naufrage et du rapt, se doutait des capacités de Samantha à déjouer les intrigues, à tirer le meilleur parti des pires situations… Le danger qu’il la malmène demeurait grand.
Alors Justin attendit. On voulait qu’il signe ? Il le ferait. Le quoi importait peu du moment qu’on lui garantissait le retour sain et sauf de son amour.
Ils arrivèrent par le Nord quelques heures plus tard.
Bien dormi, Davenport ?
Où est ma femme ?
En sécurité, pour le moment, assura l’un des grands baraqués qui encadraient un fluet sapé comme un employé des pompes funèbres. Voici Maître Hastings. Á vous de jouer, maître.
Le notaire se racla la gorge, manifestement embarrassé du rôle à exécuter :
Mr. Davenport, je puis vous assurer que je n’agis que…
Au fait ! le gourmanda le meneur en lui balançant un coup de crosse dans les reins.
Le gringalet couina de frayeur et embraya à la vitesse supérieure :
Veuillez parapher chaque paragraphe et signer aux endroits marqués d’une croix s’il vous plait.
Je peux lire, au moins ?
Vous avez cinq minutes, ricana le « chef » de bande.
*Mission impossible !*
Ayant déjà eu en main ce genre de documents, les termes juridiques ne posaient pas de problèmes à Justin.
Les dénominations style « cessation », « à part pleine et entière », « liquidation globale » « renonciations » revenaient très fréquemment.
*Nom D* D**u !*
Les tripes remuées, Justin vit le bilan d’années de transactions financières s’étaler sous ses yeux.
Le stylo en suspens, il osa :
Où est la garantie que mon épouse me sera…
Hum, toussota Maître Hastings, sur ce feuillet-ci, à part évidemment…
Quoi ? rugit Justin. Dans deux jours, mais…
Il faut du temps pour entériner ces pièces…
Le temps est écoulé, Davenport. Signez ou j’envoie ce signal, et elle y passe de suite !
Tout fut exécuté dans les règles, en double exemplaire.
De nouveau seul, l’homme ruiné ne relut même pas les documents remis. Il les fourra dans un sac puis observa les alentours. Reverrait-il jamais Sam ? Comment faire confiance à de tels bandits si… astucieux ? Douter, se morfondre ? À quoi bon.
Le soleil perça l’horizon, le trouvant dans la même posture fermée à regarder le changement de couleurs des flots paisibles.
Un léger bruit le fit se retourner d’une pièce. Des hallucinations, déjà ? Pas du tout ! C’était bel et bien Sam qui l’enlaçait :
Je t’aime, Justin Davenport…rien ni personne ne saura m’éloigner de toi !...Maintenant, mon bien-aimé, on attend la cavalerie…la marine…le père Noël…au choix !
Ils t’ont relâchée ! Oh, mon Dieu que je suis comblé ! Ils avaient dit me faire mariner deux jours et tu es là, ma vie !
L’embrasser comme un fou, s’enivrer d’elle, la goûter de partout même s’il la trouva très… salée.
Ils auraient pu t’offrir au moins une douche d’eau chaude ! rit-il. Et ce sac, c’est quoi ?
Au fur et à mesure que Sam lui raconta ses aventures, Justin se décomposa.
…Tu t’es enfuie ?... si, je suis content mais c’était quand même dangereux, et… ah, un appel de détresse ?... Oui, oui, c’est très bien. On verra ce que ça donnera… moi ? Euh, ben… c’est ça, une rançon… une babiole, que sont quelques millions par rapport à toi ? Voyons plutôt ce que tu nous as ramené d’intéressant…
Outre du matériel indispensable à la survie, Sam rapportait une carte maritime, des instruments de mesure, quelques armes et munitions plus des médicaments.
Leurs menus allaient varier, pas à dire.
À des kilomètres de là, la directrice des opérations spéciales Applewithe avait plus d’une raison de se faire des cheveux blancs. L’instant était crucial en ce qui concernait l’Amérique du Sud. L’affaire engagée allait se conclure incessamment et, s’il lui était arrivé de douter des capacités de la fraîche recrue Blackstorm, tout semblait baigner mieux que prévu. Néanmoins, un autre cas avait de quoi l’enquiquiner. La nouvelle venait de lui être retransmise depuis un des nombreux relais de l’agence : Forrester était en détresse. Immédiatement des ordres de localisation avaient fusé mais…
*Toujours ces questions de budget, de manque d’effectifs…*
Pieds et poings liés, Applewithe fut contrainte d’attendre qu’une situation soit en ordre avant de songer à une autre intervention quelconque.
Jusque-là, les naufragés avaient bénéficié d’un temps superbe. Hélas, cela ne dura pas.
Les petites explorations du départ s’élargirent avec l’ « assurance » ne plus être inquiétés par quiconque hormis la nature. Bien leur en pris !
Ils aménageaient une petite grotte découverte pas trop haut dans les rochers balayés par la mer quand les éléments se déchaînèrent en un clin d’oeil. Vent et trombes d’eau les forcèrent à se terrer plus profond que souhaité.
Au moins, on est au sec avec des provisions pour deux jours plein ! tenta Justin d’un ton faussement optimiste.
Le bois sec manqua très vite. L’humidité les pénétra alors jusqu’aux os. Dehors, ça ne s’améliorait pas.
Les époux se réconfortaient comme ils pouvaient, se racontant plein d’anecdotes d’enfance, imaginant mille projets pour leur retour à la civilisation. Ce furent des jours heureux malgré les pénuries ressenties.
Dommage que ta cavalerie tarde tant, soupira Justin dont les boyaux commençaient à se tordre de faim. C’est con, on a dû laisser des tas de trucs en bas… Non, je ne suis pas suicidaire à ce point, voyons !
Néanmoins l’idée de descendre lui trottait vraiment dans la tête.
Le 4ème jour de réclusion, voyant Sam recroquevillée sous la couverture, l’air souffreteux, il n’y tint plus. Il empaqueta les gourdes vides, saisit un couteau et un pistolet chargé, embrassa le front un peu trop chaud de son épouse et entama la virée en bord de mer.
Transformé en soupe, quasi aveuglé par les éléments, il parvint cependant à bon port. Faire le plein ne prit que quelques instants. Sans ces vagues trop fortes, il se serait bien aventuré à relever les nasses posées antérieurement mais jugea cela trop périlleux. Un peu de bois à sécher, des conserves, de l’eau douce, que demander de plus ? L’ascension fut plus pénible que prévue. Sans doute n’était-il pas très en forme lui non plus, si bien que son sac semblait peser une tonne.
Il glissa mais se raccrocha, ne s’écorchant que coude et genou. Malheureusement parfois ces îlots volcaniques subissaient des secousses sismiques. Justin n’était plus qu’à deux mètres de l’entrée de la grotte lorsqu’un soubresaut ébranla son appui. Malgré tous ses efforts, Davenport dévissa de la paroi.
*SAAAAAMMM !*
Dieu qu’il faisait froid ! Dans un gémissement tremblant, il balbutia :
Sam, Sam, sors de la grotte, elle pourrait…
Tiens, on le forçait à boire quelque chose. Une main douce sur son front, des murmures apaisants.
Lorsqu’il ouvrit à nouveau les yeux, il distingua Sam accroupie non loin d’un petit feu. Elle dut remarquer son éveil car le rejoignit immédiatement :
… soif… ( il but) depuis quand ?... *Un jour de plus, m***e ! * Comment t’as fait ?
Pas trop dur selon elle. La tempête avait cessé peu après la secousse, elle l’avait trouvé et tiré dans leur précédent abri. Il voulut se redresser, elle le lui déconseilla vivement et il comprit vite pourquoi quand la douleur le déchira.
… pas malin de ma part, non !
La toux le prit le faisant pleurer de mal.
Elle le calma, lui enfonçant des pilules dans le gosier. Mais Davenport n’était pas un patient facile. Il se plaignit beaucoup, non sur son sort à lui, surtout sur le sien à elle.
Je n’aurais jamais dû t’imposer tout ça… tu étais plus heureuse avant moi… tu seras plus heureuse sans moi… non, c’est pas des bêtises, c’est vrai.
Le délire lui en fit avouer des choses…
… si je m’en tire pas… cesse de dire ça, regarde la réalité en face ! Si je m’en tire pas, faudra aller à Gringotts, mon coffre est le 423, la clé est à Victoria’s station code 19113, c’est tout ce qui me reste... Ah ? Tu sais pour les avoirs moldus ?... les papiers…
Elle les avait trouvés dans le sac en voulant faire du feu…
… Tu aurais dû les brûler… M’en fous de ce fric, t’es là… là…
Fracture ouverte du tibia, des côtes cassées dont une avait probablement percé la plèvre… Sans soins conséquents, les jours de Davenport étaient comptés…
Re: Pour le meilleur et pour le pire!
Plan minutieux . Au détail près. Sam lut et relut les documents en sentant la rage la plus sombre lui battre les tempes. Celui qui avait ourdi cette intrigue n’avait rien négligé. Tout y passait. Entreprises, immobiliers, manoir ancestral compris, tout avoir, chaque minime possession de Lord Justin Davenport avait changé de mains. Son mari avait cédé chaque centime de sa fortune pour la récupérer.
*Misérables, l’emporteront pas au paradis, parole de Forrester !*
Elle plia la paperasse et la mit de nouveau dans le sac étanche. Un jour ou l’autre, si les choses allaient comme prévu, ils sortiraient de là et alors les autres feraient mieux de courir parce qu’elle n’irait pas de main morte.
*Faut encore qu’on se donne le mal de nous chercher !*
Elle n’avait jamais cru à une action instantanée, mais là, franchement, ils prenaient leur temps. Il lui semblait entendre les possibles excuses d’Applewhite…manque de budget, d’effectifs…Elle la connaissait par cœur, cette histoire.
Et pour comble de misères, le temps se gâta inespérément alors qu’ils prospectaient en hauteur. Encore heureux qu’il y ait eu cette grotte, assez profonde pour les héberger et les mettre hors d’atteinte des éléments déchaînés.
Au moins, on est au sec avec des provisions pour deux jours pleins !, assura Justin, jouant d’un optimisme loin d’être senti.
Oui, mon amour…et si on se ménage…peut être trois !, répliqua Sam en l’embrassant, t’en fais pas…suis consciente qu’on est mal barrés mais on s’en tirera…on est grands, pas bêtes et débrouillards...et on est ensemble !
Une belle théorie. Une minable réalité. L’amour, c’est beau mais quand les circonstances se définissent en totale adversité, ça commence à ne pas suffire.
Il faisait froid, l’humidité lui calait les os, la faim faisait du sien et en plus ce malaise misérable qui la rongeait depuis déjà deux jours. Sam sentait la fièvre aller et venir, sachant que cela ne ferait qu’empirer. Elle ne se plaignait pas. Inutile d’ajouter un autre souci à ceux, déjà multiples qui taraudaient son adoré.
Dommage que ta cavalerie tarde tant, soupira Justin, c’est con, on a dû laisser des tas de trucs en bas.
Oui, c’est bête…mais tu ne…pas question que tu y ailles, Justin…
Non, je ne suis pas suicidaire à ce point, voyons !
Encore heureux, susurra t’elle en se lovant contre lui en frissonnant, pas d’amour hélas, mais de fièvre, ça finira bien par s’arranger, tu verras…laisse-moi rester là, dans tes bras, il fait bon…
Mais bon ou pas, cela durait au-delà du soutenable. Il prit sa décision et Sam ne se trouva pas la force de le retenir. À peine si elle sentit son baiser sur son front trop chaud pour après, au milieu d’une espèce de brouillard, le voir partir. S’endormit-elle ? Peut-être, la fièvre jouait des mauvais tours, n’empêche que la secousse la tira brutalement de sa torpeur…la secousse et cet hurlement à lui fendre l’âme.
JUSTIN !!!!...Justin…, elle rampa jusqu’à la sortie de leur abri, il pleuvait toujours et en contre-bas, la mer demeurait sauvage, JUSTIN !!!!
Elle réussit à l’apercevoir, gisant au pied de la paroi rocheuse, comme pantin désarticulé.
JUSTIN …Mon Dieu, Justin…ne me fais pas ça…
Faisant fi de malaise et fièvre, elle s’arrangea pour arriver auprès de lui sans se briser l’âme. Il vivait. Assez amoché, mais vivant, cela suffit pour décupler la force de Sam. Impossible de le remonter à la grotte, faudrait s’arranger avec leur abri habituel. La tempête semblait céder en virulence, à l’aide d’une bâche, débris de leur bulle de sauvetage, elle tracta la grande carcasse immobile jusqu’au campement de base, qui avait, miraculeusement, tenu le coup des intempéries. Sans baguette, il, était difficile de définir l’étendue des maux affligeant son chéri, mais elle avait une formation de secouriste assez bonne comme pour se rendre compte que l’état de Justin n’était pas quelque chose à ne pas prendre au sérieux.
*Fracture ouverte du tibia…des côtes cassées…à entendre sa respiration …Mon Dieu, possible pneumothorax…Tiens bon, mon amour, tiens bon !*
Sus à la trousse de premiers soins. Antibiotiques en masse. Antidouleur ensuite. Réveil difficile. Justin n’était pas le patient idéal, en plus de ses propres souffrances, il en rajoutait une couche en pensant aux siennes au futur.
Je n’aurais jamais dû t’imposer tout ça… tu étais plus heureuse avant moi… tu seras plus heureuse sans moi…
Dis pas de bêtises, mon amour, tout va aller bien…
Il soutenait le contraire. Délirant, il parla…parla…parla, au grand désespoir de Sam. Tout y passa, était financier compris. Il avait eu le bon soin de séparer sa fortune, son sorcier moldu.
Je n’ai que foutre de ton coffre à Gringott’s…on s’en fout si tu es pauvre…c’est toi que j’aime, grand bêta, rien que toi…Chut ! Dors…Je ne vais nulle part…
Il finit par sombrer dans un état second, plus proche au coma qu’á autre chose, sa fièvre montait en flèche malgré la bombe antibiotique ingurgitée. Elle n’aurait pas voulu le reconnaître mais sans assistance médicale son mari ne tiendrait pas le coup.
Mon amour…mon seul amour…tiens bon…ils vont venir…je le sais…
La tempête finit presque aussi soudain qu’elle avait commencé. Sam en eut peu conscience, son propre état se dégradait rapidement mais elle s’accrochait rageusement aux dernières bribes de résistance qui lui restaient, pourtant, le moment venu, elle crut bien être victime d’une hallucination.
L’air défait, bouleversé, Michael De Brent se penchait sur elle, la rassurant avant de s’occuper de Justin et de gueuler des ordres à Dieu sait qui.
Tu…es venu !, souffla t’elle, bêtement alors qu’un gars costaud l’enveloppait dans une couverture avant de la tracter hors de leur abri, Justin…je veux rester avec…
Tout va bien, Mrs. Davenport, tout va bien…les secours sont là…
Cette voix chaleureuse lui parvenait de loin, tout semblait se mouvoir à un tempo impossible, sans savoir comment, elle se défit de la couverture et de son sauveteur pour rejoindre son mari, qu’on hissait sur une civière. Le reste se perdit dans une épaisse confusion où se mêlaient soulagement et désespoir.
SAM, mon Dieu Sam !
Elle connaissait cette voix. Dans un dernier sursaut de conscience elle balbutia un « merci » éteint. Fondu au noir.
Un lit, au chaud. C’était bon, c’était doux. Puis la peut la reprit, redressée d’un coup, elle jeta un regard affolé à ce qui l’entourait. Cabine douillette, confort présent…Déjà vu. Manquait Mr. X, à sa place, avec son air d’ange déchu, Michael De Brent, le teint gris de fatigue lui souriait.
Michael…comment ?...Qu’est-ce que…JUSTIN…OÙ EST JUSTIN !?
Avec toute la douceur du monde, il la repoussa sur ses oreillers, la rassurant sur le sort de son bienaimé. Alix s’en était chargé de maîtresse façon et il allait mieux. On avait évité le pire de justesse.
OÙ sommes-nous ?
Ils naviguaient à bord d’un navire de la garde côtière australienne, elle avait été malade, pas autant que Justin, mais dans le cirage une paire de jours. Selon lui, Justin allait bien, à leur arrivée il séjournerait sans doute un temps dans un hôpital local.
Il deviendra fou…tu devrais le connaître…mais il y a plus que ça…
Sans plus de détours, il reconnut avoir trouvé et lu les documents préservés dans le sac étanche.
Alors tu sais que…
Il se contenta d’un sourire fatigué en assurant que celui-là devait être le moindre de ses problèmes. Justin était mieux qu’un frère pour lui, le moment était venu de le prouver. Sam ne comprit pas grand-chose, une torpeur folle l’engloutit et elle ne sut rien de plus.
Nouveau retour des limbes, cette fois dans une chambre pimpante, en terre ferme, de ça, aucun doute. Décor inconnu, bon goût assuré, confort exquis. Elle n’avait pas entamé le premier mouvement pour se lever, qu’une petite créature au nez pointu et sourire ravi, fit son apparition, en couinant.
Maîtresse Sam va bien…Maitresse Sam pas peur, tout baigne…Maître Michael veille et maître Justin tiré d’affaire ! Bikita est là pour exaucer tous vos souhaits !
Seigneur que c’est rassurant…je ne me souviens de rien…
Maîtresse Sam dans les vapes, communiqua Bikita, maître Justin aussi out…mais tout baigne, ici on est chez maître Michael…aux Bermudes !
Sam était perdue. La dernière fois qu’elle avait eu conscience de quelque chose, elle se trouvait dans un navire australien au large de Dieu sait où mais assurément pas des Bermudes. Comment étaient-ils arrivés là ? La seule façon de le savoir serait de se lever et aller chercher quelqu’un susceptible de répondre à ses questions mais il y e avait une qui devait être élucidée d’immédiat :
Où est Justin ?
Chambre à côté, grand repos il faut…mieux tout seul !, dit l’elfe, sentencieuse, si maîtresse veut, Bikita accompagne.
Et comment si elle voulait ! Chambres communicantes. Justin reposait dans un grand lit. Les lieux parfaitement agencés comme au meilleur des hôpitaux. Perfusion au bras, moniteurs discrets veillaient à tout possible changement de son état. Elle s’émerveilla de trouver une installation pareille dans une résidence particulière, apparemment Michael prenait très au pied de la lettre la promesse de veiller sur son ami de toujours. À peine se fut elle approchée, Justin ouvrit les yeux, regard incertain, mais il s’arrangea pour sourire.
Justin, mon amour…mon chéri, elle caressa ses cheveux, osant l’embrasser, très doucement, tout va bien…tu es à sauf…on est à sauf…je t’aime tant !
L’heure n’était pas à une longue mise à jour. Si bien tiré d’affaire, Justin ne semblait pas prêt à rester longtemps éveillé, en fait, sans doute pleinement rassuré de la voir là, il s’assoupit doucement, un sourire errant sur ses lèvres. Sam serait restée là, à lui tenir la main et le regarder dormir si Michael ne s’était pas pointé, silencieux comme un chat, la faisant presque sursauter quand il posa sa main sur son épaule. Après s’être assuré que son pote de toute la vie dormait comme une souche et ne manquait de rien, il invita Sam à le suivre.
En peignoir et mules, Sam ne se sentait pas trop à l’aise pour avoir un entretien mais Michael insista, assurant que pour une rescapée de fraîche date, elle avait une allure splendide.
Pas à dire, tu as le chic pour me faire sentir d’aplomb…mais ce ne serait pas mieux si… Enfin, si tu y tiens, je suppose que nous avons pas mal de quoi parler !
Le maître de céans sourit, mystérieux, mais ne dit plus rien alors qu’ils atteignaient le rez de chaussée. Sam eut juste le temps de regarder un peu ce qui l’entourait. Beau milieu où confort et luxe discret se mêlaient avec le meilleur des goûts. On devinait une délicate touche féminine dans cette parfaite harmonie.
Ils arrivaient au séjour. Alix s’y trouvait, mais n’était pas seule. Assis face à elle, suivant d’un œil circonspect les cabrioles enjouées d’un jeune puma, Gerald Forrester semblait se demander s’il était bien au bon endroit, tandis qu’installée dans le divan, tante Babs faisait abstraction de tout et bavardait avec Mrs. De Brent. Sam se tourna vers Michael un sourire ébahi aux lèvres, il ne la laissa pas parler, la poussant plutôt en avant, après avoir fait remarquer leur présence.
Son père fut le premier à réagir, bondissant de sa place et se précipitant pour l’enserrer dans une étreinte folle.
Ma chérie, ma Sam…ma petite fille adorée…Comment vas-tu ?...Quel affreux cauchemar…
Là, elle éclata carrément en sanglots, accrochée à Papa comme une petite fille affolée, alors que Babs, en larmes aussi, se joignait aux retrouvailles. Michael et Alix les laissèrent seuls en emmenant leur chat. Quand on parvint à se calmer, les questions fusèrent.
Sam raconta à grands traits leurs aventures, en restant volontairement floue, ce que ni Papa ni grand-mère ne ratèrent.
Tu ne nous dis pas tout, ma chérie…qu’y a-t-il ?
Rien de grave, Gerry, je te l’assure…On est là, non ? Ça a été une drôle d’aventure mais tout est bien…Il faut dire que les secours sont arrivés à point nommé, ce n’était pas exactement la forme en ce moment-là…mais et vous ?...Comment ça se fait que…
Michael nous a appelés pour nous donner la bonne nouvelle…va sans dire qu’on a sauté dans le premier avion…mais, ce que je ne comprends pas est pourquoi il n’y a pas eu de couverture médiatique de cette affaire…Après tout, vous n’êtes pas de simples pêcheurs qui disparaissent en mer…
Maman…c’est un peu plus compliqué que ça, tu t’en doutes, coupa Gerry, Sam nous racontera le moment venu…J’avoue, ma puce, qu’au début nous avons cru à un silence volontaire de votre part, après tout, c’était votre voyage de noces…
*Personne n’a pu prévoir que nous allions nous marier, ni partir en voyage…Surveillance de pointe, mais ce coup monté ne l’a pas été du jour au lendemain…Faut que j’en parle à Michael…*
Gerry et tante Babs furent laissés à leur installation. Sam prit une allure plus convenable et alla trouver Michael dans son bureau. Il y travaillait ferme, compulsant un tas de documents, se servant de l’ordinateur, téléphone vissé à l’oreille. D’un geste, il lui signifia de s’asseoir et lui tendit une liasse de papiers alors que sa conversation se poursuivait.
Sam révisa rapidement les documents fournis. Il s’agissait de diverses expertises, comptes rendu des recherches, et surtout, élément de vitale importance, une déclaration soutirée à un des membres de l’équipage du Lady Sam, retrouvé à Rarotonga.
C’est donc ça…il y avait bien un mouchard…Seigneur…Justin leur faisait confiance…
*Misérables, l’emporteront pas au paradis, parole de Forrester !*
Elle plia la paperasse et la mit de nouveau dans le sac étanche. Un jour ou l’autre, si les choses allaient comme prévu, ils sortiraient de là et alors les autres feraient mieux de courir parce qu’elle n’irait pas de main morte.
*Faut encore qu’on se donne le mal de nous chercher !*
Elle n’avait jamais cru à une action instantanée, mais là, franchement, ils prenaient leur temps. Il lui semblait entendre les possibles excuses d’Applewhite…manque de budget, d’effectifs…Elle la connaissait par cœur, cette histoire.
Et pour comble de misères, le temps se gâta inespérément alors qu’ils prospectaient en hauteur. Encore heureux qu’il y ait eu cette grotte, assez profonde pour les héberger et les mettre hors d’atteinte des éléments déchaînés.
Au moins, on est au sec avec des provisions pour deux jours pleins !, assura Justin, jouant d’un optimisme loin d’être senti.
Oui, mon amour…et si on se ménage…peut être trois !, répliqua Sam en l’embrassant, t’en fais pas…suis consciente qu’on est mal barrés mais on s’en tirera…on est grands, pas bêtes et débrouillards...et on est ensemble !
Une belle théorie. Une minable réalité. L’amour, c’est beau mais quand les circonstances se définissent en totale adversité, ça commence à ne pas suffire.
Il faisait froid, l’humidité lui calait les os, la faim faisait du sien et en plus ce malaise misérable qui la rongeait depuis déjà deux jours. Sam sentait la fièvre aller et venir, sachant que cela ne ferait qu’empirer. Elle ne se plaignait pas. Inutile d’ajouter un autre souci à ceux, déjà multiples qui taraudaient son adoré.
Dommage que ta cavalerie tarde tant, soupira Justin, c’est con, on a dû laisser des tas de trucs en bas.
Oui, c’est bête…mais tu ne…pas question que tu y ailles, Justin…
Non, je ne suis pas suicidaire à ce point, voyons !
Encore heureux, susurra t’elle en se lovant contre lui en frissonnant, pas d’amour hélas, mais de fièvre, ça finira bien par s’arranger, tu verras…laisse-moi rester là, dans tes bras, il fait bon…
Mais bon ou pas, cela durait au-delà du soutenable. Il prit sa décision et Sam ne se trouva pas la force de le retenir. À peine si elle sentit son baiser sur son front trop chaud pour après, au milieu d’une espèce de brouillard, le voir partir. S’endormit-elle ? Peut-être, la fièvre jouait des mauvais tours, n’empêche que la secousse la tira brutalement de sa torpeur…la secousse et cet hurlement à lui fendre l’âme.
JUSTIN !!!!...Justin…, elle rampa jusqu’à la sortie de leur abri, il pleuvait toujours et en contre-bas, la mer demeurait sauvage, JUSTIN !!!!
Elle réussit à l’apercevoir, gisant au pied de la paroi rocheuse, comme pantin désarticulé.
JUSTIN …Mon Dieu, Justin…ne me fais pas ça…
Faisant fi de malaise et fièvre, elle s’arrangea pour arriver auprès de lui sans se briser l’âme. Il vivait. Assez amoché, mais vivant, cela suffit pour décupler la force de Sam. Impossible de le remonter à la grotte, faudrait s’arranger avec leur abri habituel. La tempête semblait céder en virulence, à l’aide d’une bâche, débris de leur bulle de sauvetage, elle tracta la grande carcasse immobile jusqu’au campement de base, qui avait, miraculeusement, tenu le coup des intempéries. Sans baguette, il, était difficile de définir l’étendue des maux affligeant son chéri, mais elle avait une formation de secouriste assez bonne comme pour se rendre compte que l’état de Justin n’était pas quelque chose à ne pas prendre au sérieux.
*Fracture ouverte du tibia…des côtes cassées…à entendre sa respiration …Mon Dieu, possible pneumothorax…Tiens bon, mon amour, tiens bon !*
Sus à la trousse de premiers soins. Antibiotiques en masse. Antidouleur ensuite. Réveil difficile. Justin n’était pas le patient idéal, en plus de ses propres souffrances, il en rajoutait une couche en pensant aux siennes au futur.
Je n’aurais jamais dû t’imposer tout ça… tu étais plus heureuse avant moi… tu seras plus heureuse sans moi…
Dis pas de bêtises, mon amour, tout va aller bien…
Il soutenait le contraire. Délirant, il parla…parla…parla, au grand désespoir de Sam. Tout y passa, était financier compris. Il avait eu le bon soin de séparer sa fortune, son sorcier moldu.
Je n’ai que foutre de ton coffre à Gringott’s…on s’en fout si tu es pauvre…c’est toi que j’aime, grand bêta, rien que toi…Chut ! Dors…Je ne vais nulle part…
Il finit par sombrer dans un état second, plus proche au coma qu’á autre chose, sa fièvre montait en flèche malgré la bombe antibiotique ingurgitée. Elle n’aurait pas voulu le reconnaître mais sans assistance médicale son mari ne tiendrait pas le coup.
Mon amour…mon seul amour…tiens bon…ils vont venir…je le sais…
La tempête finit presque aussi soudain qu’elle avait commencé. Sam en eut peu conscience, son propre état se dégradait rapidement mais elle s’accrochait rageusement aux dernières bribes de résistance qui lui restaient, pourtant, le moment venu, elle crut bien être victime d’une hallucination.
L’air défait, bouleversé, Michael De Brent se penchait sur elle, la rassurant avant de s’occuper de Justin et de gueuler des ordres à Dieu sait qui.
Tu…es venu !, souffla t’elle, bêtement alors qu’un gars costaud l’enveloppait dans une couverture avant de la tracter hors de leur abri, Justin…je veux rester avec…
Tout va bien, Mrs. Davenport, tout va bien…les secours sont là…
Cette voix chaleureuse lui parvenait de loin, tout semblait se mouvoir à un tempo impossible, sans savoir comment, elle se défit de la couverture et de son sauveteur pour rejoindre son mari, qu’on hissait sur une civière. Le reste se perdit dans une épaisse confusion où se mêlaient soulagement et désespoir.
SAM, mon Dieu Sam !
Elle connaissait cette voix. Dans un dernier sursaut de conscience elle balbutia un « merci » éteint. Fondu au noir.
Un lit, au chaud. C’était bon, c’était doux. Puis la peut la reprit, redressée d’un coup, elle jeta un regard affolé à ce qui l’entourait. Cabine douillette, confort présent…Déjà vu. Manquait Mr. X, à sa place, avec son air d’ange déchu, Michael De Brent, le teint gris de fatigue lui souriait.
Michael…comment ?...Qu’est-ce que…JUSTIN…OÙ EST JUSTIN !?
Avec toute la douceur du monde, il la repoussa sur ses oreillers, la rassurant sur le sort de son bienaimé. Alix s’en était chargé de maîtresse façon et il allait mieux. On avait évité le pire de justesse.
OÙ sommes-nous ?
Ils naviguaient à bord d’un navire de la garde côtière australienne, elle avait été malade, pas autant que Justin, mais dans le cirage une paire de jours. Selon lui, Justin allait bien, à leur arrivée il séjournerait sans doute un temps dans un hôpital local.
Il deviendra fou…tu devrais le connaître…mais il y a plus que ça…
Sans plus de détours, il reconnut avoir trouvé et lu les documents préservés dans le sac étanche.
Alors tu sais que…
Il se contenta d’un sourire fatigué en assurant que celui-là devait être le moindre de ses problèmes. Justin était mieux qu’un frère pour lui, le moment était venu de le prouver. Sam ne comprit pas grand-chose, une torpeur folle l’engloutit et elle ne sut rien de plus.
Nouveau retour des limbes, cette fois dans une chambre pimpante, en terre ferme, de ça, aucun doute. Décor inconnu, bon goût assuré, confort exquis. Elle n’avait pas entamé le premier mouvement pour se lever, qu’une petite créature au nez pointu et sourire ravi, fit son apparition, en couinant.
Maîtresse Sam va bien…Maitresse Sam pas peur, tout baigne…Maître Michael veille et maître Justin tiré d’affaire ! Bikita est là pour exaucer tous vos souhaits !
Seigneur que c’est rassurant…je ne me souviens de rien…
Maîtresse Sam dans les vapes, communiqua Bikita, maître Justin aussi out…mais tout baigne, ici on est chez maître Michael…aux Bermudes !
Sam était perdue. La dernière fois qu’elle avait eu conscience de quelque chose, elle se trouvait dans un navire australien au large de Dieu sait où mais assurément pas des Bermudes. Comment étaient-ils arrivés là ? La seule façon de le savoir serait de se lever et aller chercher quelqu’un susceptible de répondre à ses questions mais il y e avait une qui devait être élucidée d’immédiat :
Où est Justin ?
Chambre à côté, grand repos il faut…mieux tout seul !, dit l’elfe, sentencieuse, si maîtresse veut, Bikita accompagne.
Et comment si elle voulait ! Chambres communicantes. Justin reposait dans un grand lit. Les lieux parfaitement agencés comme au meilleur des hôpitaux. Perfusion au bras, moniteurs discrets veillaient à tout possible changement de son état. Elle s’émerveilla de trouver une installation pareille dans une résidence particulière, apparemment Michael prenait très au pied de la lettre la promesse de veiller sur son ami de toujours. À peine se fut elle approchée, Justin ouvrit les yeux, regard incertain, mais il s’arrangea pour sourire.
Justin, mon amour…mon chéri, elle caressa ses cheveux, osant l’embrasser, très doucement, tout va bien…tu es à sauf…on est à sauf…je t’aime tant !
L’heure n’était pas à une longue mise à jour. Si bien tiré d’affaire, Justin ne semblait pas prêt à rester longtemps éveillé, en fait, sans doute pleinement rassuré de la voir là, il s’assoupit doucement, un sourire errant sur ses lèvres. Sam serait restée là, à lui tenir la main et le regarder dormir si Michael ne s’était pas pointé, silencieux comme un chat, la faisant presque sursauter quand il posa sa main sur son épaule. Après s’être assuré que son pote de toute la vie dormait comme une souche et ne manquait de rien, il invita Sam à le suivre.
En peignoir et mules, Sam ne se sentait pas trop à l’aise pour avoir un entretien mais Michael insista, assurant que pour une rescapée de fraîche date, elle avait une allure splendide.
Pas à dire, tu as le chic pour me faire sentir d’aplomb…mais ce ne serait pas mieux si… Enfin, si tu y tiens, je suppose que nous avons pas mal de quoi parler !
Le maître de céans sourit, mystérieux, mais ne dit plus rien alors qu’ils atteignaient le rez de chaussée. Sam eut juste le temps de regarder un peu ce qui l’entourait. Beau milieu où confort et luxe discret se mêlaient avec le meilleur des goûts. On devinait une délicate touche féminine dans cette parfaite harmonie.
Ils arrivaient au séjour. Alix s’y trouvait, mais n’était pas seule. Assis face à elle, suivant d’un œil circonspect les cabrioles enjouées d’un jeune puma, Gerald Forrester semblait se demander s’il était bien au bon endroit, tandis qu’installée dans le divan, tante Babs faisait abstraction de tout et bavardait avec Mrs. De Brent. Sam se tourna vers Michael un sourire ébahi aux lèvres, il ne la laissa pas parler, la poussant plutôt en avant, après avoir fait remarquer leur présence.
Son père fut le premier à réagir, bondissant de sa place et se précipitant pour l’enserrer dans une étreinte folle.
Ma chérie, ma Sam…ma petite fille adorée…Comment vas-tu ?...Quel affreux cauchemar…
Là, elle éclata carrément en sanglots, accrochée à Papa comme une petite fille affolée, alors que Babs, en larmes aussi, se joignait aux retrouvailles. Michael et Alix les laissèrent seuls en emmenant leur chat. Quand on parvint à se calmer, les questions fusèrent.
Sam raconta à grands traits leurs aventures, en restant volontairement floue, ce que ni Papa ni grand-mère ne ratèrent.
Tu ne nous dis pas tout, ma chérie…qu’y a-t-il ?
Rien de grave, Gerry, je te l’assure…On est là, non ? Ça a été une drôle d’aventure mais tout est bien…Il faut dire que les secours sont arrivés à point nommé, ce n’était pas exactement la forme en ce moment-là…mais et vous ?...Comment ça se fait que…
Michael nous a appelés pour nous donner la bonne nouvelle…va sans dire qu’on a sauté dans le premier avion…mais, ce que je ne comprends pas est pourquoi il n’y a pas eu de couverture médiatique de cette affaire…Après tout, vous n’êtes pas de simples pêcheurs qui disparaissent en mer…
Maman…c’est un peu plus compliqué que ça, tu t’en doutes, coupa Gerry, Sam nous racontera le moment venu…J’avoue, ma puce, qu’au début nous avons cru à un silence volontaire de votre part, après tout, c’était votre voyage de noces…
*Personne n’a pu prévoir que nous allions nous marier, ni partir en voyage…Surveillance de pointe, mais ce coup monté ne l’a pas été du jour au lendemain…Faut que j’en parle à Michael…*
Gerry et tante Babs furent laissés à leur installation. Sam prit une allure plus convenable et alla trouver Michael dans son bureau. Il y travaillait ferme, compulsant un tas de documents, se servant de l’ordinateur, téléphone vissé à l’oreille. D’un geste, il lui signifia de s’asseoir et lui tendit une liasse de papiers alors que sa conversation se poursuivait.
Sam révisa rapidement les documents fournis. Il s’agissait de diverses expertises, comptes rendu des recherches, et surtout, élément de vitale importance, une déclaration soutirée à un des membres de l’équipage du Lady Sam, retrouvé à Rarotonga.
C’est donc ça…il y avait bien un mouchard…Seigneur…Justin leur faisait confiance…
Samantha Forrester- Messages : 35
Date d'inscription : 11/09/2013
Re: Pour le meilleur et pour le pire!
Non mais quel c*n ! Peut-être un jour Justin Davenport apprendrait-il qu’il n’était pas de taille à jouer les super héros… Se foutre en l’air sur des rochers… il a des morts plus glorieuses !
Il s’en voulait… à mort d’avoir conduit sa femme adorée dans une telle situation. Et dire qu’elle le soutenait encore alors qu’il ne lui apportait que des misères !
En toute connaissance de cause, peut-être pour la première fois de sa vie – la dernière sûrement – Justin baissa les bras. Il cessa complètement de lutter malgré les encouragements incessants de son épouse :
Mon amour…mon seul amour…tiens bon…ils vont venir…je le sais…
Qui viendrait ? Une fée comme l’autre fois ? Nul ne savait où ils étaient puisque eux-mêmes l’ignoraient, alors à quoi bon ?
La dérive était douce, plus douce qu’envisagée sauf qu’elle ne dura pas. Bientôt des vagues de douleurs le submergèrent à nouveau. Ça montait et descendait comme… sur un bateau. Était-il vraiment sur un navire ou rêvait-il ? Plutôt un cauchemar ! On l’engueulait, le secouait, le contraignait à avaler des trucs infects, subir des manipulations dignes de la torture. Lors d’un sursaut de lucidité, il reconnut son bourreau :
*Alix, je te hais !*
Elle était bien la digne nièce de l’infâme Voldemort pour s’ingénier à le faire souffrir de la sorte. Quitte à ce qu’il crève, qu’elle lui foute la paix ou le jette à la mer !
Les atrocités cessèrent enfin et l’horizon se stabilisa, ce qui n’empêcha pas les interventions fréquentes de la femme de son pote Michael.
*Qu’est-ce que tu me veux ? Fiche-le-camp !*
Il croyait beugler mais ne faisait que s’agiter sans parvenir à chasser ses visions brouillées.
*Sam, tu es où ?? Pourquoi c’est pas toi qui es là ?*
Dans ses délires, il s’imagina le pire :
*Je l’ai tuée… C’est de ma faute, tout est de ma faute… *
Ils auraient pu, auraient dû être si heureux !
Son bourreau l’exhortait encore à s’éveiller mais il ne voulait pas. À quoi bon vivre sans elle ou avec elle sans rien avoir d’autre à lui offrir qu’une carcasse inutile ? Pourtant un rayon de soleil traversa ses brumes :
Justin, mon amour…mon chéri, tout va bien…tu es à sauf…on est à sauf…je t’aime tant !
Moi, je… je t’adore… ça va pas si bien que ça mais… on verra…
Sa présence lui apporta du baume à l’âme, il se rendormit apaisé. Malheureusement les visites de Sam furent toujours très courtes. De sa faute aussi puisqu’il préférait fuir la réalité que de l’affronter et feignait souvent de sommeiller alors qu’il gambergeait à plein régime maintenant que les traitements de choc d’Alix opéraient. Ce fut cette dernière qui le dopa définitivement en lui avouant que Michael travaillait sur son cas.
*Alors ils savent… tout ?*
Pourquoi tous avaient-ils fait mine d’ignorer le sujet de sa ruine s’ils étaient au courant ? Pourquoi ne lui en parlait-on jamais ? Pour le ménager, éviter de lui donner de faux espoirs ?
Ce jour-là, quand Sam vint à son chevet, il l’attaqua :
C’est pas en me maternant que je vais récupérer !... Oui, je sais que tu croyais bien faire mais tu devrais me connaître mieux que ça ! Où en sont les recherches de Michael ? … Alix a eu le courage de m’en parler, elle !
On ne savait pas grand-chose sauf que pour un coup monté contre lui, c’en était un d’envergure.
Un seul marin – probablement le saboteur - avait réchappé avant de trouver mystérieusement la mort.
Au moins, celui ou celle qui efface ses traces a omis un truc énorme ! grinça-t-il. Il a assez épluché ma vie pour connaître le moindre penny que je possédais mais ne sait manifestement pas que je SUIS SORCIER ! Mal lui en prendra, crois-moi !
Sam parut enchantée de son éclat et participa plus activement à sa résurrection.
Merlin qu’il était faible sur ses guiboles lors du premier lever. La jambe rafistolée ne causait aucun souci, seule une certaine atrophie musculaire freinait sa marche correcte. Il avait tant maigri et l’appétit semblait aussi perdu que son fric ! Bah, tant que Sam le trouvât encore à son goût, il se ficha de son aspect physique.
Bientôt il fut assez d’aplomb pour songer à l’avenir :
Je crains de devoir vivre à tes crochets quelques temps, ma douce !... Où penses-tu nous installer ?... Ah ? Londres ?... Bonne idée, je ferai un saut à Gringotts et essayerai de me trouver un job… Sais pas… laveur de vitres, flic, va savoir ?
Elle songeait plutôt l’associer à ses affaires personnelles. C’est vrai qu’il aurait pu briguer une toque avec ses talents culinaires, mais…
Les adieux aux de Brent furent brefs :
Michael, Alix, ma dette est immense, je…
Ses amis lui interdirent d’en rajouter, ne les avaient-ils pas si fréquemment aidés lui-même ?
Avec promesse de rester en contact, on se sépara.
Londres, sa grisaille glacée, son trafic, son ennui…
Tandis que Sam reprenait les rênes de ses chaînes de restaurants, Justin passa des heures en déplacements divers et sur l’ordinateur. Un courrier monstre avait précédé les Davenport. Rien de réjouissant, hélas : factures, plaintes, etc. Par ces cessions, Justin avait contraint beaucoup de chômages et d’autres faillites. Aux hommes de loi de dépatouiller le bazar.
Son avocat et ami Rob Coyle l’engueula vertement dès qu’il franchit la porte du cabinet :
BON DIEU JUSTIN ! Le mariage t’a rendu fou ? Qu’est-ce qui t’a pris de tout liquider sans m’avertir ? T’as lu les journaux ? C’est un massacre !
J’y peux rien, vieux ! Crois-moi, je n’avais pas le choix.
Et de lui raconter les circonstances exactes de ces ventes express. Le beau quinquagénaire aux tempes argentées se décomposa au fil du récit :
MAIS C’EST IGNOBLE ! Tu as mis la police sur le coup, hein ?
Entre autre… rassure-toi. Hélas, je n’ai que le témoignage de ma femme pour attester mes dires. Nous avons fait une description très fidèle de nos agresseurs. Maître Hastings qui a entériné les documents que voici s’est… pendu… Épluche ça, s’il te plait. J’ai déjà vérifié bien des trucs, peu de choses ont été épargnées dans ce pillage.
Rob parut embarrassé :
Justin, t’es un pote mais pour tout vérifier, ça va demander…
Du temps et du blé ? T’inquiète, aucune table de jeu ne me résiste !
Après vérification du coffre 423 chez Gringotts où dormait près d’un million de gallions, Justin en préleva quelques centaines puis rentra avertir Sam de ses projets :
Je vais écumer Las Vegas. Tu viens ou pas ?
Elle s’énerva, il se défendit :
… non, c’est pas du vol que de voler des voleurs !... Tricher ? Ça dépendra de la chance… On a triché avec nous, Sam. On a voulu nous tuer ! Pour répliquer dans une guerre, il faut des munitions !
Non par conviction mais surtout pour le surveiller – selon son avis-, son épouse accepta de l’accompagner.
D’ordinaire, Justin aimait jouer juste pour le fun. Là, il se défonça comme si sa vie en dépendait. Néanmoins, il ne fonça pas tête baissée, loin de là. Systématiquement, il évita les rares établissements visités antérieurement. Peut-être était-il devenu légèrement parano sur les bords ? Il avait de quoi, non ? Persuadé qu’on l’avait pisté depuis des années sans qu’il ait le moindre soupçon à ce sujet, pas question de donner aux agresseurs une autre occasion de le coincer. Un portoloin, un hôtel discret, changement de tables incessant. Le temps que l’on réalise que Davenport avait refait surface, il aurait pris le large. Mine de rien, Sam veillait au grain, surveillant les abords, lui filant un coup de baguette au besoin.
Rentré avec un très joli magot, Justin s’empressa d’épurer les quittances en attente. Sans cela il aurait irrémédiablement été grillé dans le monde des finances qui n’admettait pas les perdants incapables de rebondir.
Du matin au soir et du soir au matin, il pista le devenir de ses anciens avoirs tout en dressant la liste des responsables potentiels de ce tour de cochon.
Noël vint avec une invitation inattendue chez les Nielsen.
Lui qui avait prévu un charmant tête-à-tête avec son épouse et, surtout, d’éviter d’exposer ses ennuis au public, se sentit coincé. Sam l’encouragea à accepter en lui faisant miroiter la possibilité de revoir Michael pour comparer les résultats de leurs recherches.
… Bon… on ira…
Il ne se sentait pas sociable pour un sou d’autant que sa toux persistante ne cessait de l’ennuyer.
Quelle joie quand même de revoir tant de têtes connues ! Opal, sa chère copine, enceinte de jumeaux qui l’eut cru ? Beau couple heureux ces Nielsen, quoique… Et la petite Angel qui allait enfin épouser son J.O… apparemment, beaucoup ignoraient le drame des Davenport… tant mieux !
Dès qu’il en eut l’occasion, Justin accrocha un Michael attentif quoique inquiet sur sa mine :
… l’air d’un déterré ? Tu aurais lequel si on t’avait fait un coup pareil ?... je fais ce que j’ai à faire : je me bas ! Où en es-tu… ? Ah…
Peu d’éléments nouveaux de son côté, soupirs.
Moi j’ai établi une liste de ceux qui auraient pu souhaiter ma perte. Ça t’ennuierait d’en vérifier une partie ? … merci, mon vieux mais… je vais aussi avoir besoin de toi pour autre chose…
Et de lui fourrer en main une coupure fraîche du Times où l’on annonçait le morcèlement prochain de ses possessions londoniennes.
… non ! Je ne cherche pas à récupérer baraque, babioles, ou voitures mais au moins deux chevaux : Athos et Artémis, MES préférés … PERSONNE d’autre ne les aura mais tu dois m’aider pour ça…
Il rigola quand son pote lui proposa du liquide.
… je me suis mal exprimé. Je souhaite que tu les achètes AVEC mon fric… me suis renfloué à Vegas !
La manœuvre envisagée éviterait à Justin de dévoiler son retour sur les marchés. Il escomptait également surveiller de loin les enchères histoire de débusquer à qui profitait le crime.
L’affaire réglée, pour faire bonne figure, il prêta main forte à Sam en cuisine et la soirée fut parfaite jusqu’au moment où les emballages-cadeaux se déchirèrent. La joie céda la place à une énorme angoisse : Opal perdit connaissance. Jugeant qu’elle était entre de bonnes mains avec famille et mari, les Davenport ne s’incrustèrent pas, ils prendraient des nouvelles.
Au retour de ce réveillon chamboulé, l’esprit n’étant plus du tout à la fête, les époux Davenport burent une dernière coupe de champagne ensemble avant de se séparer pour la nuit. Bien qu’elle prétendît le contraire, Sam dormait très mal à cause de la toux persistante de Justin qui, de toute façon, n’était pas très performant au lit et n’écrasait jamais plus que quelques heures par nuit trop occupé à suivre les cours de la bourse et à repérer les affaires juteuses.
*Il finira par commettre une erreur ce salaud ! Et je serai là pour la lui faire payer !*
Les nouvelles de Ste Mangoustes ne furent guère encourageantes, hélas.
Le 29 décembre la vente aux enchères se déroula comme prévu. Sous polynectar, Justin ne se priva pas de la surveiller avec attention. Quel crève-cœur que d’assister au départ de son écurie !
Fidèle au poste, Michael se comporta parfaitement, il emporta facilement Artémis pour une somme très raisonnable. Vint Athos. La mise de départ parut immédiatement anormalement élevée pour ce splendide pur-sang arabe. Et cela grimpa encore au fil des enchères. Déjà avec les autres, Justin avait localisé deux ou trois pseudo acheteurs, des gars placés juste pour faire monter la barre. Là, Michael rencontra une sérieuse rivalité. Lorsque la somme atteignit les 10000 livres, beaucoup se couchèrent, son pote tint bon puis, contre toute attente lâcha.
Adjugé à la dame en fourrures !
Justin faillit péter un câble mais se maîtrisa le temps nécessaire pour reprendre sa forme et rejoindre son copain :
QU’EST-CE QUE TU AS FOUTU ??
Très calme, de Brent lui expliqua son plan.
…Pas con, pas con du tout !
Ils suivraient l’argent versé par la « dame » et récupèreraient Athos de gré ou de force.
Il s’en voulait… à mort d’avoir conduit sa femme adorée dans une telle situation. Et dire qu’elle le soutenait encore alors qu’il ne lui apportait que des misères !
En toute connaissance de cause, peut-être pour la première fois de sa vie – la dernière sûrement – Justin baissa les bras. Il cessa complètement de lutter malgré les encouragements incessants de son épouse :
Mon amour…mon seul amour…tiens bon…ils vont venir…je le sais…
Qui viendrait ? Une fée comme l’autre fois ? Nul ne savait où ils étaient puisque eux-mêmes l’ignoraient, alors à quoi bon ?
La dérive était douce, plus douce qu’envisagée sauf qu’elle ne dura pas. Bientôt des vagues de douleurs le submergèrent à nouveau. Ça montait et descendait comme… sur un bateau. Était-il vraiment sur un navire ou rêvait-il ? Plutôt un cauchemar ! On l’engueulait, le secouait, le contraignait à avaler des trucs infects, subir des manipulations dignes de la torture. Lors d’un sursaut de lucidité, il reconnut son bourreau :
*Alix, je te hais !*
Elle était bien la digne nièce de l’infâme Voldemort pour s’ingénier à le faire souffrir de la sorte. Quitte à ce qu’il crève, qu’elle lui foute la paix ou le jette à la mer !
Les atrocités cessèrent enfin et l’horizon se stabilisa, ce qui n’empêcha pas les interventions fréquentes de la femme de son pote Michael.
*Qu’est-ce que tu me veux ? Fiche-le-camp !*
Il croyait beugler mais ne faisait que s’agiter sans parvenir à chasser ses visions brouillées.
*Sam, tu es où ?? Pourquoi c’est pas toi qui es là ?*
Dans ses délires, il s’imagina le pire :
*Je l’ai tuée… C’est de ma faute, tout est de ma faute… *
Ils auraient pu, auraient dû être si heureux !
Son bourreau l’exhortait encore à s’éveiller mais il ne voulait pas. À quoi bon vivre sans elle ou avec elle sans rien avoir d’autre à lui offrir qu’une carcasse inutile ? Pourtant un rayon de soleil traversa ses brumes :
Justin, mon amour…mon chéri, tout va bien…tu es à sauf…on est à sauf…je t’aime tant !
Moi, je… je t’adore… ça va pas si bien que ça mais… on verra…
Sa présence lui apporta du baume à l’âme, il se rendormit apaisé. Malheureusement les visites de Sam furent toujours très courtes. De sa faute aussi puisqu’il préférait fuir la réalité que de l’affronter et feignait souvent de sommeiller alors qu’il gambergeait à plein régime maintenant que les traitements de choc d’Alix opéraient. Ce fut cette dernière qui le dopa définitivement en lui avouant que Michael travaillait sur son cas.
*Alors ils savent… tout ?*
Pourquoi tous avaient-ils fait mine d’ignorer le sujet de sa ruine s’ils étaient au courant ? Pourquoi ne lui en parlait-on jamais ? Pour le ménager, éviter de lui donner de faux espoirs ?
Ce jour-là, quand Sam vint à son chevet, il l’attaqua :
C’est pas en me maternant que je vais récupérer !... Oui, je sais que tu croyais bien faire mais tu devrais me connaître mieux que ça ! Où en sont les recherches de Michael ? … Alix a eu le courage de m’en parler, elle !
On ne savait pas grand-chose sauf que pour un coup monté contre lui, c’en était un d’envergure.
Un seul marin – probablement le saboteur - avait réchappé avant de trouver mystérieusement la mort.
Au moins, celui ou celle qui efface ses traces a omis un truc énorme ! grinça-t-il. Il a assez épluché ma vie pour connaître le moindre penny que je possédais mais ne sait manifestement pas que je SUIS SORCIER ! Mal lui en prendra, crois-moi !
Sam parut enchantée de son éclat et participa plus activement à sa résurrection.
Merlin qu’il était faible sur ses guiboles lors du premier lever. La jambe rafistolée ne causait aucun souci, seule une certaine atrophie musculaire freinait sa marche correcte. Il avait tant maigri et l’appétit semblait aussi perdu que son fric ! Bah, tant que Sam le trouvât encore à son goût, il se ficha de son aspect physique.
Bientôt il fut assez d’aplomb pour songer à l’avenir :
Je crains de devoir vivre à tes crochets quelques temps, ma douce !... Où penses-tu nous installer ?... Ah ? Londres ?... Bonne idée, je ferai un saut à Gringotts et essayerai de me trouver un job… Sais pas… laveur de vitres, flic, va savoir ?
Elle songeait plutôt l’associer à ses affaires personnelles. C’est vrai qu’il aurait pu briguer une toque avec ses talents culinaires, mais…
Les adieux aux de Brent furent brefs :
Michael, Alix, ma dette est immense, je…
Ses amis lui interdirent d’en rajouter, ne les avaient-ils pas si fréquemment aidés lui-même ?
Avec promesse de rester en contact, on se sépara.
Londres, sa grisaille glacée, son trafic, son ennui…
Tandis que Sam reprenait les rênes de ses chaînes de restaurants, Justin passa des heures en déplacements divers et sur l’ordinateur. Un courrier monstre avait précédé les Davenport. Rien de réjouissant, hélas : factures, plaintes, etc. Par ces cessions, Justin avait contraint beaucoup de chômages et d’autres faillites. Aux hommes de loi de dépatouiller le bazar.
Son avocat et ami Rob Coyle l’engueula vertement dès qu’il franchit la porte du cabinet :
BON DIEU JUSTIN ! Le mariage t’a rendu fou ? Qu’est-ce qui t’a pris de tout liquider sans m’avertir ? T’as lu les journaux ? C’est un massacre !
J’y peux rien, vieux ! Crois-moi, je n’avais pas le choix.
Et de lui raconter les circonstances exactes de ces ventes express. Le beau quinquagénaire aux tempes argentées se décomposa au fil du récit :
MAIS C’EST IGNOBLE ! Tu as mis la police sur le coup, hein ?
Entre autre… rassure-toi. Hélas, je n’ai que le témoignage de ma femme pour attester mes dires. Nous avons fait une description très fidèle de nos agresseurs. Maître Hastings qui a entériné les documents que voici s’est… pendu… Épluche ça, s’il te plait. J’ai déjà vérifié bien des trucs, peu de choses ont été épargnées dans ce pillage.
Rob parut embarrassé :
Justin, t’es un pote mais pour tout vérifier, ça va demander…
Du temps et du blé ? T’inquiète, aucune table de jeu ne me résiste !
Après vérification du coffre 423 chez Gringotts où dormait près d’un million de gallions, Justin en préleva quelques centaines puis rentra avertir Sam de ses projets :
Je vais écumer Las Vegas. Tu viens ou pas ?
Elle s’énerva, il se défendit :
… non, c’est pas du vol que de voler des voleurs !... Tricher ? Ça dépendra de la chance… On a triché avec nous, Sam. On a voulu nous tuer ! Pour répliquer dans une guerre, il faut des munitions !
Non par conviction mais surtout pour le surveiller – selon son avis-, son épouse accepta de l’accompagner.
D’ordinaire, Justin aimait jouer juste pour le fun. Là, il se défonça comme si sa vie en dépendait. Néanmoins, il ne fonça pas tête baissée, loin de là. Systématiquement, il évita les rares établissements visités antérieurement. Peut-être était-il devenu légèrement parano sur les bords ? Il avait de quoi, non ? Persuadé qu’on l’avait pisté depuis des années sans qu’il ait le moindre soupçon à ce sujet, pas question de donner aux agresseurs une autre occasion de le coincer. Un portoloin, un hôtel discret, changement de tables incessant. Le temps que l’on réalise que Davenport avait refait surface, il aurait pris le large. Mine de rien, Sam veillait au grain, surveillant les abords, lui filant un coup de baguette au besoin.
Rentré avec un très joli magot, Justin s’empressa d’épurer les quittances en attente. Sans cela il aurait irrémédiablement été grillé dans le monde des finances qui n’admettait pas les perdants incapables de rebondir.
Du matin au soir et du soir au matin, il pista le devenir de ses anciens avoirs tout en dressant la liste des responsables potentiels de ce tour de cochon.
Noël vint avec une invitation inattendue chez les Nielsen.
Lui qui avait prévu un charmant tête-à-tête avec son épouse et, surtout, d’éviter d’exposer ses ennuis au public, se sentit coincé. Sam l’encouragea à accepter en lui faisant miroiter la possibilité de revoir Michael pour comparer les résultats de leurs recherches.
… Bon… on ira…
Il ne se sentait pas sociable pour un sou d’autant que sa toux persistante ne cessait de l’ennuyer.
Quelle joie quand même de revoir tant de têtes connues ! Opal, sa chère copine, enceinte de jumeaux qui l’eut cru ? Beau couple heureux ces Nielsen, quoique… Et la petite Angel qui allait enfin épouser son J.O… apparemment, beaucoup ignoraient le drame des Davenport… tant mieux !
Dès qu’il en eut l’occasion, Justin accrocha un Michael attentif quoique inquiet sur sa mine :
… l’air d’un déterré ? Tu aurais lequel si on t’avait fait un coup pareil ?... je fais ce que j’ai à faire : je me bas ! Où en es-tu… ? Ah…
Peu d’éléments nouveaux de son côté, soupirs.
Moi j’ai établi une liste de ceux qui auraient pu souhaiter ma perte. Ça t’ennuierait d’en vérifier une partie ? … merci, mon vieux mais… je vais aussi avoir besoin de toi pour autre chose…
Et de lui fourrer en main une coupure fraîche du Times où l’on annonçait le morcèlement prochain de ses possessions londoniennes.
… non ! Je ne cherche pas à récupérer baraque, babioles, ou voitures mais au moins deux chevaux : Athos et Artémis, MES préférés … PERSONNE d’autre ne les aura mais tu dois m’aider pour ça…
Il rigola quand son pote lui proposa du liquide.
… je me suis mal exprimé. Je souhaite que tu les achètes AVEC mon fric… me suis renfloué à Vegas !
La manœuvre envisagée éviterait à Justin de dévoiler son retour sur les marchés. Il escomptait également surveiller de loin les enchères histoire de débusquer à qui profitait le crime.
L’affaire réglée, pour faire bonne figure, il prêta main forte à Sam en cuisine et la soirée fut parfaite jusqu’au moment où les emballages-cadeaux se déchirèrent. La joie céda la place à une énorme angoisse : Opal perdit connaissance. Jugeant qu’elle était entre de bonnes mains avec famille et mari, les Davenport ne s’incrustèrent pas, ils prendraient des nouvelles.
Au retour de ce réveillon chamboulé, l’esprit n’étant plus du tout à la fête, les époux Davenport burent une dernière coupe de champagne ensemble avant de se séparer pour la nuit. Bien qu’elle prétendît le contraire, Sam dormait très mal à cause de la toux persistante de Justin qui, de toute façon, n’était pas très performant au lit et n’écrasait jamais plus que quelques heures par nuit trop occupé à suivre les cours de la bourse et à repérer les affaires juteuses.
*Il finira par commettre une erreur ce salaud ! Et je serai là pour la lui faire payer !*
Les nouvelles de Ste Mangoustes ne furent guère encourageantes, hélas.
Le 29 décembre la vente aux enchères se déroula comme prévu. Sous polynectar, Justin ne se priva pas de la surveiller avec attention. Quel crève-cœur que d’assister au départ de son écurie !
Fidèle au poste, Michael se comporta parfaitement, il emporta facilement Artémis pour une somme très raisonnable. Vint Athos. La mise de départ parut immédiatement anormalement élevée pour ce splendide pur-sang arabe. Et cela grimpa encore au fil des enchères. Déjà avec les autres, Justin avait localisé deux ou trois pseudo acheteurs, des gars placés juste pour faire monter la barre. Là, Michael rencontra une sérieuse rivalité. Lorsque la somme atteignit les 10000 livres, beaucoup se couchèrent, son pote tint bon puis, contre toute attente lâcha.
Adjugé à la dame en fourrures !
Justin faillit péter un câble mais se maîtrisa le temps nécessaire pour reprendre sa forme et rejoindre son copain :
QU’EST-CE QUE TU AS FOUTU ??
Très calme, de Brent lui expliqua son plan.
…Pas con, pas con du tout !
Ils suivraient l’argent versé par la « dame » et récupèreraient Athos de gré ou de force.
Re: Pour le meilleur et pour le pire!
Je crains de devoir vivre à tes crochets quelques temps, ma douce !
Cette façon d’aborder le thème de leur futur fit rire Sam tout en sachant que sous ce ton voulu léger Justin était on ne peut plus sérieux. Il encaissait très mal son revers de fortune.
Eh bien, ce sera tout un plaisir, M. mon mari !, assura t’elle en l’embrassant sur le bout du nez, on a un large choix…mais je pense que tu aimerais mieux Londres, n’est-ce pas ?
Bonne idée, je ferai un saut à Gringotts et essayerai de me trouver un job… Sais pas… laveur de vitres, flic, va savoir ?
Sam émit un bruyant soupir et alla s’asseoir face à lui.
Je comprends bien que cette situation est…enfin on sait bien ce qu’elle est…te rende fou de rage, tu n’as pas tort mais ne dramatisons pas, en plus je te vois très mal en laveur de vitres !...Que dirais-tu plutôt de devenir mon associé en affaires et en cuisine ?...Ne me regarde pas comme ça, ce n’est pas rien du tout, tu devrais le savoir…et en plus, ça va donner un chic d’enfer aux restaurants…après tout, mon cœur, pas tous les jours qu’un Lord anglais se met aux fourneaux avec son américaine de femme…
L’idée ne le fit pas sauter de joie, loin de là, il avait d’autres choses en tête que jouer les chefs-coq. Nouveau soupir.
Londres les reçut avec son crachin impénitent, sa grisaille morne, ses gens pressés. Rien de très engageants. Sam sentit une vrille de mélancolie lui percer le cœur, elle savait que les temps à venir ne seraient pas faciles. Justin se remettait doucement mais ne faisait aucun effort, trop pris entre rage et amertume. Sa toux persistait mais il fut impossible de le convaincre de consulter un spécialiste. Têtu comme seul lui pouvait l’être, Lord Davenport assurait que ça finirait bien par passer tout seul.
*Ouais…surtout avec ce climat de m***e !*
Si reprendre les rênes de son petit empire gastronomique aida Sam à se changer un peu les idées, il n’alla pas de même avec Justin qui se dépensait comme un dingue, plongé dans un travail d’enquêteur minutieux, à la recherche d’un indice, pour minime qu’il fut, qui l’aiderait à trouver le coupable de sa déchéance.
Cela n’allait pas sans peines. La Police mise au parfum de leurs déboires ne savait même pas par où commencer, et Sam se doutait un peu qu’ils avaient d’autres affaires plus pressantes que mettre le gant sur l’astucieux escroc qui avait réussi, d’un coup de maître, mettre sur la paille un homme aussi riche que Lord Justin Davenport, surtout qu’il n’existait aucune piste à suivre. Si évidences il y avait de sabotage à bord du Lady Sam, celles-ci se trouvaient parfaitement inaccessibles au fond de quelque abysse océanique. Maureen Applewhite n’était non plus de grande aide, encore heureux que ses moyens, réduits selon elle, aient quand même servi à leur sauver la peau. Il aura fallu se montrer pratiques et admettre que seul un miracle résoudrait l’énigme, sauf que, bien entendu, Justin n’avait rien à cirer d’hypothétiques manifestations divines et préférait des moyens plus directs :
Je vais écumer Las Vegas. Tu viens ou pas ?
Sam qui venait de rentrer après une journée particulièrement chargée, laissa choir manteau et sac avant de le dévisager, les sourcils froncés.
Bonsoir Sam, ça a été ? Bonne journée ? Je t’aime…tu veux u Martini…n’importe quoi va et passe mais…Je vais écumer Las Vegas, tu viens ou pas ?...Avoue que c’est corsé…Tu prétends faire quoi, au juste ? Appliquer un peu de magie et faire sauter la banque ? Entre nous, pour si jamais tu ne le savais pas…c’est du vol !
Non, c’est pas du vol que de voler des voleurs !, se défendit-il, vertement.
Ah non, bien sûr…si c’est toi qui le fais, ça doit s’appeler autrement, fulmina t’elle, je ne te reconnais plus, voilà que tu envisages de faire de la triche et en plus tu …
Pas à dire, Monsieur avait ses arguments et était une vraie tête de mule.
Bien sûr que je vais avec toi, manquerait que ça… je t’aime, Justin…ne l’oublie jamais…On part quand ?
Sam n’oublierait jamais cette virée folle en compagnie d’un Justin paranoïaque sur les bords, sûr d’être encore dans la mire de ses ennemis, qui selon lui l’auraient surveillé de près pendant des années.
*Plus que probable, en fait…*
Elle n’en toucha pas mot à son mari mais n’en tourna pas moins l’idée dans sa tête, tout en le suivant de casino en casino. Cela ne ressembla en rien à l’idée que Sam aurait pu se faire d’un voyage à Las Vegas avec son mari adoré.
Leur vie n’était pas l’idylle rêvée. Justin travaillait d’arrache-pied à la poursuite de sa chimère, remuant ciel et terre pour parvenir à ses fins. Il dormait à peine quelques heures et encore d’un sommeil inquiet, tant et si bien qu’il décida de déménager à une des chambres d’amis avec le prétexte que sa toux, encore persistante et son mauvais sommeil l’empêchaient de dormir, elle.
*Il devient dingue !* Justin, mon chéri…cela ne me dérange pas, je t’assure…j’ai besoin de te savoir près de moi…je t’aime et me fous de ta toux et du reste…
Rien n’y fit. Pendant ces longues nuits solitaires, elle guetta le bruit de ses pas, devinant à tout moment où il se trouvait : acharné sur son ordinateur suivant tout indice, vrai ou imaginaire à travers le monde virtuel.
Sam savait être patiente et compréhensive mais là son endurance était mise à rude épreuve. La veille était arrivée l’invitation pour le réveillon de de Noel chez les Nielsen, Justin y avait à peine jeté un coup d’œil distrait et continué à travailler.
Cela fait trop de temps que nous ne sortons pas, revoir tes amis te fera du bien…*À moi aussi !* et puis Michael y sera, sans aucun doute…
Pour une fois, il obtempéra sans afficher pour autant un air trop ravi. La belle réunion ! Les McLane au grand complet, bruyants et chaleureux, étaient une fête à eux seuls. Retrouvailles de vieux amis, ambiance parfaite était à l’insouciance, à la joie. Pendant ces moments de choix tous et chacun semblèrent oublier leurs tracas, décidés à s’amuser en bonne compagnie. Soirée charmante qui prit fin abruptement avec le malaise d’Opal, la réaction démesurée d’Erik et la conséquente migration générale vers Ste. Mangouste. Opal serait suffisamment entourée et était en bonnes mains, ils rentrèrent à leur appartement silencieux, tout enthousiasme retombé à plat.
*Pitié, on ne peut pas continuer ainsi…On est aussi des jeunes mariés…là, on dirait un vieux couple fatigué !*
Les jours qui suivirent, Justin travailla frénétiquement. Sam aussi, dans l’espoir d’oublier son propre désarroi. Le 29 Décembre Milord partit à la vente aux enchères qui lui tenait à cœur où tut ne marcha pas selon ses vœux malgré l’aide complice de Michael.
Si je comprends bien, tu as récupéré un cheval et pas l’autre…Ok, Artemis et Athos…je sais que tu les aimes par-dessus tout…sais pas si tu as remarqué mais on a pas d’écuries…enfin, soit ! …Non, je ne fais pas la tête et je pige absolument tout…si j’étais celui qui t’a joué ce tour de cochon, je serais parfaitement ravi…POURQUOI ? Tu en as des bonnes, mon chéri…mais parce qu’il a réussi tout du long…regarde toi !...Abattu, morose, amer, notre vie ne vaut rien, tu broies du noir à longueur de journée…il ne t’a pas seulement privé de tes biens…il a volé ta vie !
Elle avait retenu son attention avec cette tirade, Sam sauta sur l’occasion.
Je pense, mon amour, que ta tactique n’est pas la bonne. Ton attitude d’exilé ruminant sa vengeance dans l’ombre ne fait que donner satisfaction à tes détracteurs … Ah bon ? Tu ne le penses pas ? Je sais, je sais…tu peaufines le plan unique…et il peut en prendre du temps, ton plan…Oui, et en attendant, on moisit ! Écoute-moi bien, Justin Davenport, je n’entends pas continuer ainsi…Non, ne sois pas idiot, bien sûr que je ne pense pas te lâcher…Seigneur, ce que tu peux être buté, mon chéri…Jusque-là, on a fait les choses à ta façon, maintenant on va les faire à la mienne…Tu vas faire un retour en toute beauté, pas le retour de la victime…mais celui du vainqueur, de celui qui ne se laisse pas abattre…on t’a chipé une fortune, qu’à cela ne tienne, ta fierté en a pris un sale coup…le moment est venu de démontrer que tu en as à en revendre…Qui t’a fait ça va se rendre compte que son coup ne t’a vaincu et encore moins effacé alors, il va jouer des pieds et des mains pour remettre les pendules à l’heure…sauf que cette fois, on sait exactement à quoi s’en tenir !
Réveillon de la St. Sylvestre, au Senses. Une assistance triée au volet s’y était donné rendez-vous pour accueillir le Nouvel An de la plus exquise façon. Messes basses discrètes, coups d’œil aux hôtes de la soirée : les Davenport. On pouvait très mal imaginer que ce jeune lord splendide et souriant, flanqué de sa belle épouse soit un homme ruiné, au bord du désespoir.
Maintenant, mon amour…il suffit d’attendre, le reste viendra tout seul...Je t’aime plus que tout, Justin…, les douze coups de minuit sonnaient, elle l’embrassa, bonne année, mon amour… tu te souviens de ce qu’on s’est promis lors de notre mariage ? Ensemble pour toujours, pour le meilleur et pour le pire…ne l’oublie jamais !
Cette façon d’aborder le thème de leur futur fit rire Sam tout en sachant que sous ce ton voulu léger Justin était on ne peut plus sérieux. Il encaissait très mal son revers de fortune.
Eh bien, ce sera tout un plaisir, M. mon mari !, assura t’elle en l’embrassant sur le bout du nez, on a un large choix…mais je pense que tu aimerais mieux Londres, n’est-ce pas ?
Bonne idée, je ferai un saut à Gringotts et essayerai de me trouver un job… Sais pas… laveur de vitres, flic, va savoir ?
Sam émit un bruyant soupir et alla s’asseoir face à lui.
Je comprends bien que cette situation est…enfin on sait bien ce qu’elle est…te rende fou de rage, tu n’as pas tort mais ne dramatisons pas, en plus je te vois très mal en laveur de vitres !...Que dirais-tu plutôt de devenir mon associé en affaires et en cuisine ?...Ne me regarde pas comme ça, ce n’est pas rien du tout, tu devrais le savoir…et en plus, ça va donner un chic d’enfer aux restaurants…après tout, mon cœur, pas tous les jours qu’un Lord anglais se met aux fourneaux avec son américaine de femme…
L’idée ne le fit pas sauter de joie, loin de là, il avait d’autres choses en tête que jouer les chefs-coq. Nouveau soupir.
Londres les reçut avec son crachin impénitent, sa grisaille morne, ses gens pressés. Rien de très engageants. Sam sentit une vrille de mélancolie lui percer le cœur, elle savait que les temps à venir ne seraient pas faciles. Justin se remettait doucement mais ne faisait aucun effort, trop pris entre rage et amertume. Sa toux persistait mais il fut impossible de le convaincre de consulter un spécialiste. Têtu comme seul lui pouvait l’être, Lord Davenport assurait que ça finirait bien par passer tout seul.
*Ouais…surtout avec ce climat de m***e !*
Si reprendre les rênes de son petit empire gastronomique aida Sam à se changer un peu les idées, il n’alla pas de même avec Justin qui se dépensait comme un dingue, plongé dans un travail d’enquêteur minutieux, à la recherche d’un indice, pour minime qu’il fut, qui l’aiderait à trouver le coupable de sa déchéance.
Cela n’allait pas sans peines. La Police mise au parfum de leurs déboires ne savait même pas par où commencer, et Sam se doutait un peu qu’ils avaient d’autres affaires plus pressantes que mettre le gant sur l’astucieux escroc qui avait réussi, d’un coup de maître, mettre sur la paille un homme aussi riche que Lord Justin Davenport, surtout qu’il n’existait aucune piste à suivre. Si évidences il y avait de sabotage à bord du Lady Sam, celles-ci se trouvaient parfaitement inaccessibles au fond de quelque abysse océanique. Maureen Applewhite n’était non plus de grande aide, encore heureux que ses moyens, réduits selon elle, aient quand même servi à leur sauver la peau. Il aura fallu se montrer pratiques et admettre que seul un miracle résoudrait l’énigme, sauf que, bien entendu, Justin n’avait rien à cirer d’hypothétiques manifestations divines et préférait des moyens plus directs :
Je vais écumer Las Vegas. Tu viens ou pas ?
Sam qui venait de rentrer après une journée particulièrement chargée, laissa choir manteau et sac avant de le dévisager, les sourcils froncés.
Bonsoir Sam, ça a été ? Bonne journée ? Je t’aime…tu veux u Martini…n’importe quoi va et passe mais…Je vais écumer Las Vegas, tu viens ou pas ?...Avoue que c’est corsé…Tu prétends faire quoi, au juste ? Appliquer un peu de magie et faire sauter la banque ? Entre nous, pour si jamais tu ne le savais pas…c’est du vol !
Non, c’est pas du vol que de voler des voleurs !, se défendit-il, vertement.
Ah non, bien sûr…si c’est toi qui le fais, ça doit s’appeler autrement, fulmina t’elle, je ne te reconnais plus, voilà que tu envisages de faire de la triche et en plus tu …
Pas à dire, Monsieur avait ses arguments et était une vraie tête de mule.
Bien sûr que je vais avec toi, manquerait que ça… je t’aime, Justin…ne l’oublie jamais…On part quand ?
Sam n’oublierait jamais cette virée folle en compagnie d’un Justin paranoïaque sur les bords, sûr d’être encore dans la mire de ses ennemis, qui selon lui l’auraient surveillé de près pendant des années.
*Plus que probable, en fait…*
Elle n’en toucha pas mot à son mari mais n’en tourna pas moins l’idée dans sa tête, tout en le suivant de casino en casino. Cela ne ressembla en rien à l’idée que Sam aurait pu se faire d’un voyage à Las Vegas avec son mari adoré.
Leur vie n’était pas l’idylle rêvée. Justin travaillait d’arrache-pied à la poursuite de sa chimère, remuant ciel et terre pour parvenir à ses fins. Il dormait à peine quelques heures et encore d’un sommeil inquiet, tant et si bien qu’il décida de déménager à une des chambres d’amis avec le prétexte que sa toux, encore persistante et son mauvais sommeil l’empêchaient de dormir, elle.
*Il devient dingue !* Justin, mon chéri…cela ne me dérange pas, je t’assure…j’ai besoin de te savoir près de moi…je t’aime et me fous de ta toux et du reste…
Rien n’y fit. Pendant ces longues nuits solitaires, elle guetta le bruit de ses pas, devinant à tout moment où il se trouvait : acharné sur son ordinateur suivant tout indice, vrai ou imaginaire à travers le monde virtuel.
Sam savait être patiente et compréhensive mais là son endurance était mise à rude épreuve. La veille était arrivée l’invitation pour le réveillon de de Noel chez les Nielsen, Justin y avait à peine jeté un coup d’œil distrait et continué à travailler.
Cela fait trop de temps que nous ne sortons pas, revoir tes amis te fera du bien…*À moi aussi !* et puis Michael y sera, sans aucun doute…
Pour une fois, il obtempéra sans afficher pour autant un air trop ravi. La belle réunion ! Les McLane au grand complet, bruyants et chaleureux, étaient une fête à eux seuls. Retrouvailles de vieux amis, ambiance parfaite était à l’insouciance, à la joie. Pendant ces moments de choix tous et chacun semblèrent oublier leurs tracas, décidés à s’amuser en bonne compagnie. Soirée charmante qui prit fin abruptement avec le malaise d’Opal, la réaction démesurée d’Erik et la conséquente migration générale vers Ste. Mangouste. Opal serait suffisamment entourée et était en bonnes mains, ils rentrèrent à leur appartement silencieux, tout enthousiasme retombé à plat.
*Pitié, on ne peut pas continuer ainsi…On est aussi des jeunes mariés…là, on dirait un vieux couple fatigué !*
Les jours qui suivirent, Justin travailla frénétiquement. Sam aussi, dans l’espoir d’oublier son propre désarroi. Le 29 Décembre Milord partit à la vente aux enchères qui lui tenait à cœur où tut ne marcha pas selon ses vœux malgré l’aide complice de Michael.
Si je comprends bien, tu as récupéré un cheval et pas l’autre…Ok, Artemis et Athos…je sais que tu les aimes par-dessus tout…sais pas si tu as remarqué mais on a pas d’écuries…enfin, soit ! …Non, je ne fais pas la tête et je pige absolument tout…si j’étais celui qui t’a joué ce tour de cochon, je serais parfaitement ravi…POURQUOI ? Tu en as des bonnes, mon chéri…mais parce qu’il a réussi tout du long…regarde toi !...Abattu, morose, amer, notre vie ne vaut rien, tu broies du noir à longueur de journée…il ne t’a pas seulement privé de tes biens…il a volé ta vie !
Elle avait retenu son attention avec cette tirade, Sam sauta sur l’occasion.
Je pense, mon amour, que ta tactique n’est pas la bonne. Ton attitude d’exilé ruminant sa vengeance dans l’ombre ne fait que donner satisfaction à tes détracteurs … Ah bon ? Tu ne le penses pas ? Je sais, je sais…tu peaufines le plan unique…et il peut en prendre du temps, ton plan…Oui, et en attendant, on moisit ! Écoute-moi bien, Justin Davenport, je n’entends pas continuer ainsi…Non, ne sois pas idiot, bien sûr que je ne pense pas te lâcher…Seigneur, ce que tu peux être buté, mon chéri…Jusque-là, on a fait les choses à ta façon, maintenant on va les faire à la mienne…Tu vas faire un retour en toute beauté, pas le retour de la victime…mais celui du vainqueur, de celui qui ne se laisse pas abattre…on t’a chipé une fortune, qu’à cela ne tienne, ta fierté en a pris un sale coup…le moment est venu de démontrer que tu en as à en revendre…Qui t’a fait ça va se rendre compte que son coup ne t’a vaincu et encore moins effacé alors, il va jouer des pieds et des mains pour remettre les pendules à l’heure…sauf que cette fois, on sait exactement à quoi s’en tenir !
Réveillon de la St. Sylvestre, au Senses. Une assistance triée au volet s’y était donné rendez-vous pour accueillir le Nouvel An de la plus exquise façon. Messes basses discrètes, coups d’œil aux hôtes de la soirée : les Davenport. On pouvait très mal imaginer que ce jeune lord splendide et souriant, flanqué de sa belle épouse soit un homme ruiné, au bord du désespoir.
Maintenant, mon amour…il suffit d’attendre, le reste viendra tout seul...Je t’aime plus que tout, Justin…, les douze coups de minuit sonnaient, elle l’embrassa, bonne année, mon amour… tu te souviens de ce qu’on s’est promis lors de notre mariage ? Ensemble pour toujours, pour le meilleur et pour le pire…ne l’oublie jamais !
Samantha Forrester- Messages : 35
Date d'inscription : 11/09/2013
Re: Pour le meilleur et pour le pire!
Aux yeux de tout le gratin, Hortense Cunnings était la créature la plus charmante qui soit. Ses réceptions grandioses faisaient toujours accourir les gens les plus riches, les plus snobs ou mondains. Reconnue pour ses charités envers les démunis, nul ne se doutait que derrière le masque à peine ridé de cette quinquagénaire affable se dissimulait un véritable requin. Elle-même, à de rares réels confidents, s’accordait à avouer deux de ses défauts : ténacité et rancune. En fait la liste était bien plus longue que cela si on ajoutait cupidité, cruauté, orgueil, etc.
Elle n’avait pas toujours été ainsi. Dans sa folle jeunesse, elle se considérait comme une femme équilibrée, intelligente mais déjà décidée à obtenir ce qu’elle jugeait bon pour elle. Les soupirants furent légion à espérer que la belle leur accorde l’aumône d’un regard. Mais il est écrit que l’on obtient rarement ce que l’on souhaite même en y mettant le prix. Pas faute de déployer ses charmes, Hortense ne parvint pas à séduire le seul jeune homme estimé digne d’elle. Souvent, même des années plus tard, flottaient dans ses rêveries les images du bal merveilleux où elle escomptait porter son estocade finale à sa cible. Tout se déroulait si parfaitement. Il l’avait fait valser de nombreuses fois, et tous s’accordaient à murmurer qu’ils formaient le plus beau couple de la soirée. Il semblait mûr à être croqué ce jeune Lord, Hortense en salivait d’avance. Puis, au beau milieu du parquet ciré, il l’avait plantée là pour accourir auprès d’une nouvelle arrivante. De cet instant, Hortense eut la très désagréable sensation d’être devenue invisible pour le convoité. Elle usa alors de tous les stratagèmes possibles pour briser dans l’œuf ce début d’idylle… en vain. La flamme d’une haine sans nom la consuma toute et elle devint sournoisement l’ennemie jurée des nouveaux mariés : Patrick et Ellen Davenport.
Sa première vengeance, elle la rata. Ellen Beckett aurait dû être la seule à périr dans l’avion saboté. Hélas, son beau mari avait décidé de l’accompagner dans cet ultime voyage. Tous ses beaux plans pour devenir Lady Davenport, et mettre la main sur la fortune de Patrick, s’écrasèrent dans le crash. Tout autre qu’elle aurait rendu les armes, pas Hortense !
S’estimant flouée une fois de plus, sa haine se reporta sur le rejeton de Lord Patrick : Justin.
Qu’un tel idiot de 17 ans devienne du jour au lendemain un des plus beaux parti d’Angleterre activa son imagination déjà rodée aux machinations. Cela prendrait le temps qu’il faudrait mais la fortune à laquelle elle avait droit lui reviendrait tôt ou tard !
Pas à pas, bien que toujours dans l’ombre, Mrs. Cunnings espionna les faits et gestes du jeune dandy. Bon vivant, ce Justin ne se montra pourtant pas aussi bête que prévu, au contraire. L’argent attire l’argent et le bougre s’y connaissait en finance. Par des placements judicieux additionnés de manœuvres frisant parfois l’illégalité, le nouveau Lord Davenport développa de façon démentielle le portefeuille hérité, le transformant alors en cible de toutes les convoitises.
Il attirait les femmes mieux qu’un pot de miel les guêpes !
Au cours de ces années à récolter l’ensemble des informations disponible sur Justin, Hortense avait commencé à préparer sa fille Audrey à s’approprier l’homme et son pactole. Oui, elle avait – par défaut – épousé l’Écossais McIntosh qui ne lui avait laissé qu’une fille ainsi qu’un beau magot qui, bien géré, lui permettait un grand train comme elle l’aimait.
Hélas, la manœuvre pour faire convoler Davenport en juste noce échoua. Audrey en éprouva beaucoup de chagrin rendant folle furieuse sa mère :
T’en fais pas ma chérie. On va lui faire payer ce qu’il t’a fait et ce que son père m’a fait !
Le plan longuement mûri put enfin s’accomplir lorsqu’Hortense eut vent des projets de mariage de Lord Davenport. Une gifle de plus que cette union ! Un Lord épouser une Américaine ? Quelle indécence ! Ce type ne méritait plus de vivre. Tout s’enchaîna à la perfection.
Ce matin-là, royale, Hortense sirotait son thé au lait en grignotant distraitement des œufs au plat avec pour unique compagnie la domestique drillée, prête à répondre à ses moindres désirs.
Où est le journal, Peggy ?
Miss Audrey l’a chapardé dans le hall, et…
Elle va le transformer en torchon, allez le récupérer !
La boniche n’eut pas deux pas à franchir que la porte de la salle à manger s’ouvrait à la volée sur une Miss McIntosh fâchée.
Que se passe-t-il qui te mette dans ces états, ma chérie ?
En réponse, la pétillante rousse la lui fournit en dérangeant l’ordonnance de la table du petit-déjeuner pour fourrer la gazette sous le nez d’Hortense :
Il y a ça ! gronda la demoiselle en pointant une photo accompagnée d’un article révélateur.
Mrs. McIntosh verdit de rage. L’appétit coupé, elle dévora l’encadré.
Tu m’avais dit qu’ils allaient crever, que même s’ils s’en sortaient, ils seraient juste bons pour la soupe populaire et là, tu vois, ils se pavanent de jour comme de nuit ! C’est inadmissible !
Assez choquée quelques instants, Hortense ordonna à la domestique de disparaître et ajusta ses lunettes. Sans quitter l’article, elle commenta :
Il faut croire que ce maudit Davenport avait un gros magot planqué quelque part…
On va le trouver, n’est-ce pas maman ? Je le hais, je hais cette blondasse qui s’accroche à lui comme une sangsue. Par tous les moyens, je veux qu’ils crèvent !
Patience, enfant ! Je connais bien ton Justin. Les coups portés n’ont manifestement pas suffi à lui rabattre sa superbe mais, crois-moi, ça va venir !
On complota allègrement autour des tasses de thé.
Une réception, encore une… Depuis des semaines, suivant l’idée suggérée par Samantha, Justin et elle s’affichaient au grand jour et soir. Sincèrement, s’il n’avait tenu qu’à lui, Justin serait resté dans l’ombre à débusquer lentement mais sûrement l’auteur de ses malheurs. Hélas, Sam avait parfaitement raison. Ferme mais dévouée, malgré qu’il ait craint à un moment que son sermon ne signe un abandon définitif en raison de ses manquements d’époux, Sam l’avait orienté dans une direction radicalement différente au plan initial :
Jusque-là, on a fait les choses à ta façon, maintenant on va les faire à la mienne…Tu vas faire un retour en toute beauté, pas le retour de la victime…mais celui du vainqueur, de celui qui ne se laisse pas abattre…
Et pour un retour en beauté, c’en fut un !
Il commença en grande pompe par le réveillon de la St Sylvestre, dans le restaurant londonien de Sam.
Des questions, il y en eut : où étiez-vous passés ? La vente de votre propriété était-elle délibérée ? On nous a dit que… etc.
Cette comédie en entraîna une autre et à sa suite plusieurs autres dont il se serait bien passé. Sa toux ne le lâchait pas. Il avait maigri et devait son teint éclatant à des sortilèges de bonne mine. Claqué et fiévreux la plupart du temps, Sam n’imaginait sans doute pas les efforts que ces démonstrations publiques lui coûtaient.
N’empêche qu’elle revint souvent à la charge pour le forcer à consulter.
… Quand en aurais-je le temps ? On est en route sans arrêt ! Regarde l’agenda si tu ne me crois pas. Ce soir, dîner cher Lord Carmichael suivi d’un bal ; demain midi, inauguration de la fondation Aldridge dont je suis un heureux donateur, suit un brunch ; Au soir, gala de bienfaisance en faveur des sidéens, et ainsi de suite ! Le mois est complet ! … hein ? J’ai oublié quoi ?
Et de lui tendre un nouveau carton d’invitation qu’il détailla :
McIntosh ? Lesquels ? J’en connais des tas mais cette Hortense, ça ne me dit rien du tout. Décline, s’il te plaît… Ah ? Parce qu’en plus, cette dame réclame ton service traiteur ! Manque pas de culot… Ok, ok, on va essayer de caser celle-là parmi les autres.
Les Carmichael étaient des gens sympathiques. Justin connaissait bien Andrew, ancien copain de son père et complice en affaires. Être invité chez lui équivalait au summum de la reconnaissance sociale. Malgré l’ambiance agréable, Davenport eut un mal fou à tenir son rôle de joyeux drille, convivial et charmant. Il pestait de voir sa Sam si entourée de baveux, et, en catimini, s’éclipsait souvent pour cracher ses poumons. Lorsque dans une quinte son mouchoir se colora de rouge, Davenport vacilla sur ses jambes :
*Merde ! C’est grave, ça !*
Il tint bon néanmoins tout du long valsant avec qui le désirait, commentant çà et là ses progrès en affaires mais, dès le lendemain – sans rien dire à Sam – il alla consulter à Ste Mangouste.
Reçu par le Dr. Von Falkenberg, il en prit tellement pour son grade qu’il signa à deux mains pour employer le traitement prescrit. Puisqu’il était sur place, il en profita pour visiter Erik et Opal.
Si la future mère dormait tel un ange, sourire aux lèvres, son époux, lui, était étrangement agité même inconscient. Que signifiaient ces brusques mouvements désordonnés des bras ?
*Étrange…*
Nanti d’un sac empli de fioles et de poudres, il rentra juste à temps pour se préparer aux mondanités prévues. Alors qu’il ajustait sa cravate, Sam s’informa :
… McIntosh, encore ? Non, je ne sais rien de cette femme, pourquoi ?
Sam avait eu l’occasion de discuter à gauche et à droite et avait croisé cette dame qui lui avait paru d’une extrême curiosité à leur endroit.
… tout le monde est curieux de savoir comment j’ai rebondi si vite, haussa-t-il les épaules… Suis cette piste si tu veux, je dois réviser mon discours.
Cher Ken, chers amis, c’est avec joie que je coupe ce ruban qui ouvre les portes de cette fondation qui… blablabla.
Champagne, caviar, tout le gratin se félicitait de l’ère nouvelle en marche.
Accroché par-ci par-là, Justin fut soudain frappé par une beauté rousse qui ne le quittait pas des yeux. Comme aimanté, il s’en approcha :
Audrey, c’est toi ?
Tiens, tu te souviens de moi ?
Comment oublier trois mois de folle passion avant un désenchantement cruel. Il avait cru aimer Audrey qui s’était – hélas pour elle – révélée chichiteuse, maniaque, âpre aux gains, insensible : tout ce qu’il détestait.
Néanmoins, se rappelant de la façon assez cavalière dont il l’avait rejetée, il bafouilla :
Je n’aurais jamais dû te crier dessus ainsi. Tout est de ma faute si ça n’a pas collé…
Au moins tu as l’air d’avoir enfin trouvé chaussure à ton pied ! Samantha est superbe.
Je suis le plus vernis des hommes ! Et toi, que deviens-tu ?
Rien, comme d’habitude. J’ai subi une cure de désintox après notre rupture, maintenant ça va.
Hein ? Cela signifiait-il qu’elle avait très mal encaissé leur cassure ? Marri, il culpabilisa beaucoup et devint malgré lui le chevalier servant de la demoiselle.
Pourquoi Sam lui lançait-elle des signes bizarres ? Il ne faisait rien de mal en bavardant avec cette ex-petite amie, ou oui ?
Délaissant un instant sa ravissante compagne, il rejoignit son épouse :
Qu’est-ce que tu as ?... Oui, je sais qui est cette fille, je l’ai, euh… fréquentée avant de te rencontrer, et… Quoi ?
Mince ! Il n’avait absolument pas fait le rapprochement entre Audrey et McIntosh. C’était donc sa mère qui les conviait à une soirée… Tiens, tiens… Hasard ou hameçon mordu ? Sam lui délivra le topo à suivre ; il soupira :
… Ok, je jouerai aux idiots. C’est un rôle qui me va bien, non ?
Clin d’œil complice et reprise de son « poste » auprès de la belle Audrey. Ils bavardèrent de tout et de rien, Justin répondant du plus naturellement possible aux questions « anodines » de sa compagne qui, manifestement, le regrettait beaucoup.
J’ai été stupide, Justin. Je n’admettais pas de te partager avec ton travail. Tu bosses encore beaucoup, dis-moi ?
Je suis de nouveau en selle. Ça n’a pas été évident après notre naufrage…
Oui, j’ai su. Pauvre chéri ! Mais tu t’en es remis, c’est ce qui compte. On t’a dit ruiné et au bord du gouffre. Je suis contente qu’il n’en soit rien.
Les Davenport sont comme les chats : ils retombent sur leurs pattes !
Là-dessus, une quinte de toux le surprit.
Tu t’es étranglé ? Veux-tu de l’eau ?
Non, merci ! C’est un souvenir de mon voyage de noce… à l’eau.
Ça a l’air sérieux, tu te soignes au moins ?
Non, mentit-il. C’est un vilain rhume, ça passera seul.
Audrey eut l’air très intéressé…
Le brunch achevé, les Davenport rentrèrent chez eux où ils débattirent sur la question McIntosh. Justin résuma fidèlement les propos échangés avec Audrey. Sam parut pensive. Elle insista pour connaître la teneur de leurs relations antérieures, ce qui gêna son mari aux entournures.
… je l’avais rencontrée à une soirée. Un truc en entraînant un autre… Ouais ! On a fini au lit, ça te va ? Et, pour ta gouverne, elle s’y débrouillait plus que bien !... Non, pas collé puisque je l’ai flanqué dehors, tu ne vas pas t’en plaindre au moins ? … Moldue, oui, totalement…
Tout en réfléchissant, Sam ramassa la veste qu’il avait laissé choir en rentrant. Elle interrompit la question en cours en avisant le mouchoir de poche ensanglanté qui s’échappa du veston. Oh, là, là ! Pas contente du tout, sa femme !
… c’est tout récent et… laisse-moi finir ! Je suis allé consulter ce matin, tout va bien. J’ai un tas de truc à avaler. Faudrait d’ailleurs que je commence, ai pas encore eu le temps !
Transformée en infirmière, Sam veilla à ce qu’il suive la prescription à la lettre. Justin, qui adorait se faire cajoler, ne rechigna pas. Néanmoins, à l’heure de se rendre au gala de charité, il ne sentait pas bien du tout.
Vas-y seule, j’ai l’estomac en compote avec tous ces trucs… Fais un plus gros chèque que celui prévu, ça m’excusera.
La réaction était normale, Ysaline l’avait prévenu des désagréments possibles. Entre crampes et sueurs, il dégusta « gentiment » non sans renoncer à s’asseoir à l’ordinateur qu’il fouilla en conscience. Si la piste McIntosh était la bonne, il devait exister un lien plus profond qu’une banale rupture amoureuse. Autant qu’il sache, Audrey n’avait jamais démontré de connaissances en haute finance ni d’intérêt particulier à ce qui y touchait. Or l’auteur de ses déconvenues s’y était pris en pro… et Mrs. McIntosh semblait en être un selon ce qu’il lut.
Il se mit au lit dans un état calamiteux et, avec Sam, l’heure de la seconde prise des potions arriva.
… Laisse-moi tranquille ! Je suis plus malade qu’avant !...
Rien n’y fit. Résigné, il avala tout en ouvrant grand les oreilles. Sa délicieuse épouse ne s’était pas contentée de serrer des mains et de sourire. Elle avait le chic pour délier les langues et ne s’en était pas privées. Ainsi, elle avait appris un truc dont le Net ne parlait pas.
… elle a fréquenté mon père ??... je l’ignorais. Non, Cunnings ne me dit rien.
Il aurait souhaité approfondir directement cette histoire mais Sam ne le voyait pas ainsi. D’ailleurs les effets secondaires se manifestant, mieux valait dormir. Le traitement de choc serait bref, au moins ça !
Il se leva avec une tête de déterré, refusant de manger quoique ce soit. Mais au lieu de s’apitoyer, Sam parut enchantée. Elle en avait de ces idées de bon matin ! Son café faillit lui rester en travers le gosier lors que son épouse lui exposa ses réflexions nocturnes :
… jamais de la vie ! Nous sommes un couple très unis, tout le monde nous envie, personne ne croira à ça !
Et pourtant… Le lendemain soir, l’air plus mal en point qu’il ne l’était vraiment, Justin marcha dans la combine.
La réception de Mrs. McIntosh battait son plein. Buffet abondant, boissons à l’avenant, danses.
Rencontrer Hortense McIntosh fut une curieuse expérience. Cette charmante dame, machiavélique ? Dur à gober. Elle accepta le baisemain sans sourciller, avec juste quelques paroles sur un ton badin :
Voici donc la nouvelle coqueluche de la capitale ! Je ne m’étonne plus que ma fille ait été si… séduite.
Justin dut se mordre la langue pour éviter de lâcher ce qu’il pensait réellement d’Audrey mais, en soupirant profondément, se contenta d’un :
Je le fus tout autant, sinon plus…
Le plus pénible de cette soirée fut de raréfier les contacts avec Samantha qui voltigeait gaiment d’un bout à l’autre de la salle.
Ça ne va pas, Justin ?
Excuse mon manque d’entrain, Audrey. Pas trop, non.
Je te connais bien Justin. Quand tu fais cette tête c’est que ça cloche quelque part, je me trompe ?
La fable toute prête se débita en toussant de temps à autre :
Sam n’aime pas les malades… j’ai passé des examens hier : suis foutu.
Mon Dieu Justin, dis-moi que ce n’est pas si grave ! s’épouvanta la belle comédienne rousse.
On me donne une paire de mois, au plus, sauf complication. J’ai bien profité de la vie, t’en fais pas. Ce qui me fait râler c’est que tout mon fric lui sera versé alors qu’elle se cherche déjà un remplaçant !
Il crut percevoir les rouages cérébraux de la rouquine qui s’éclipsa brièvement en compagnie de sa mère. Durant cette absence, Justin dut jouer l’acte le plus douloureux de tous : engueuler vertement Sam pour roucouler ouvertement sous ses yeux. On ferait des gorges chaudes de l’esclandre provoqué.
Le lendemain, un journal à scandale commenta largement l’événement tandis que Justin se faisait admettre au Royal London Hospital trust...
Elle n’avait pas toujours été ainsi. Dans sa folle jeunesse, elle se considérait comme une femme équilibrée, intelligente mais déjà décidée à obtenir ce qu’elle jugeait bon pour elle. Les soupirants furent légion à espérer que la belle leur accorde l’aumône d’un regard. Mais il est écrit que l’on obtient rarement ce que l’on souhaite même en y mettant le prix. Pas faute de déployer ses charmes, Hortense ne parvint pas à séduire le seul jeune homme estimé digne d’elle. Souvent, même des années plus tard, flottaient dans ses rêveries les images du bal merveilleux où elle escomptait porter son estocade finale à sa cible. Tout se déroulait si parfaitement. Il l’avait fait valser de nombreuses fois, et tous s’accordaient à murmurer qu’ils formaient le plus beau couple de la soirée. Il semblait mûr à être croqué ce jeune Lord, Hortense en salivait d’avance. Puis, au beau milieu du parquet ciré, il l’avait plantée là pour accourir auprès d’une nouvelle arrivante. De cet instant, Hortense eut la très désagréable sensation d’être devenue invisible pour le convoité. Elle usa alors de tous les stratagèmes possibles pour briser dans l’œuf ce début d’idylle… en vain. La flamme d’une haine sans nom la consuma toute et elle devint sournoisement l’ennemie jurée des nouveaux mariés : Patrick et Ellen Davenport.
Sa première vengeance, elle la rata. Ellen Beckett aurait dû être la seule à périr dans l’avion saboté. Hélas, son beau mari avait décidé de l’accompagner dans cet ultime voyage. Tous ses beaux plans pour devenir Lady Davenport, et mettre la main sur la fortune de Patrick, s’écrasèrent dans le crash. Tout autre qu’elle aurait rendu les armes, pas Hortense !
S’estimant flouée une fois de plus, sa haine se reporta sur le rejeton de Lord Patrick : Justin.
Qu’un tel idiot de 17 ans devienne du jour au lendemain un des plus beaux parti d’Angleterre activa son imagination déjà rodée aux machinations. Cela prendrait le temps qu’il faudrait mais la fortune à laquelle elle avait droit lui reviendrait tôt ou tard !
Pas à pas, bien que toujours dans l’ombre, Mrs. Cunnings espionna les faits et gestes du jeune dandy. Bon vivant, ce Justin ne se montra pourtant pas aussi bête que prévu, au contraire. L’argent attire l’argent et le bougre s’y connaissait en finance. Par des placements judicieux additionnés de manœuvres frisant parfois l’illégalité, le nouveau Lord Davenport développa de façon démentielle le portefeuille hérité, le transformant alors en cible de toutes les convoitises.
Il attirait les femmes mieux qu’un pot de miel les guêpes !
Au cours de ces années à récolter l’ensemble des informations disponible sur Justin, Hortense avait commencé à préparer sa fille Audrey à s’approprier l’homme et son pactole. Oui, elle avait – par défaut – épousé l’Écossais McIntosh qui ne lui avait laissé qu’une fille ainsi qu’un beau magot qui, bien géré, lui permettait un grand train comme elle l’aimait.
Hélas, la manœuvre pour faire convoler Davenport en juste noce échoua. Audrey en éprouva beaucoup de chagrin rendant folle furieuse sa mère :
T’en fais pas ma chérie. On va lui faire payer ce qu’il t’a fait et ce que son père m’a fait !
Le plan longuement mûri put enfin s’accomplir lorsqu’Hortense eut vent des projets de mariage de Lord Davenport. Une gifle de plus que cette union ! Un Lord épouser une Américaine ? Quelle indécence ! Ce type ne méritait plus de vivre. Tout s’enchaîna à la perfection.
Ce matin-là, royale, Hortense sirotait son thé au lait en grignotant distraitement des œufs au plat avec pour unique compagnie la domestique drillée, prête à répondre à ses moindres désirs.
Où est le journal, Peggy ?
Miss Audrey l’a chapardé dans le hall, et…
Elle va le transformer en torchon, allez le récupérer !
La boniche n’eut pas deux pas à franchir que la porte de la salle à manger s’ouvrait à la volée sur une Miss McIntosh fâchée.
Que se passe-t-il qui te mette dans ces états, ma chérie ?
En réponse, la pétillante rousse la lui fournit en dérangeant l’ordonnance de la table du petit-déjeuner pour fourrer la gazette sous le nez d’Hortense :
Il y a ça ! gronda la demoiselle en pointant une photo accompagnée d’un article révélateur.
Mrs. McIntosh verdit de rage. L’appétit coupé, elle dévora l’encadré.
Tu m’avais dit qu’ils allaient crever, que même s’ils s’en sortaient, ils seraient juste bons pour la soupe populaire et là, tu vois, ils se pavanent de jour comme de nuit ! C’est inadmissible !
Assez choquée quelques instants, Hortense ordonna à la domestique de disparaître et ajusta ses lunettes. Sans quitter l’article, elle commenta :
Il faut croire que ce maudit Davenport avait un gros magot planqué quelque part…
On va le trouver, n’est-ce pas maman ? Je le hais, je hais cette blondasse qui s’accroche à lui comme une sangsue. Par tous les moyens, je veux qu’ils crèvent !
Patience, enfant ! Je connais bien ton Justin. Les coups portés n’ont manifestement pas suffi à lui rabattre sa superbe mais, crois-moi, ça va venir !
On complota allègrement autour des tasses de thé.
Une réception, encore une… Depuis des semaines, suivant l’idée suggérée par Samantha, Justin et elle s’affichaient au grand jour et soir. Sincèrement, s’il n’avait tenu qu’à lui, Justin serait resté dans l’ombre à débusquer lentement mais sûrement l’auteur de ses malheurs. Hélas, Sam avait parfaitement raison. Ferme mais dévouée, malgré qu’il ait craint à un moment que son sermon ne signe un abandon définitif en raison de ses manquements d’époux, Sam l’avait orienté dans une direction radicalement différente au plan initial :
Jusque-là, on a fait les choses à ta façon, maintenant on va les faire à la mienne…Tu vas faire un retour en toute beauté, pas le retour de la victime…mais celui du vainqueur, de celui qui ne se laisse pas abattre…
Et pour un retour en beauté, c’en fut un !
Il commença en grande pompe par le réveillon de la St Sylvestre, dans le restaurant londonien de Sam.
Des questions, il y en eut : où étiez-vous passés ? La vente de votre propriété était-elle délibérée ? On nous a dit que… etc.
Cette comédie en entraîna une autre et à sa suite plusieurs autres dont il se serait bien passé. Sa toux ne le lâchait pas. Il avait maigri et devait son teint éclatant à des sortilèges de bonne mine. Claqué et fiévreux la plupart du temps, Sam n’imaginait sans doute pas les efforts que ces démonstrations publiques lui coûtaient.
N’empêche qu’elle revint souvent à la charge pour le forcer à consulter.
… Quand en aurais-je le temps ? On est en route sans arrêt ! Regarde l’agenda si tu ne me crois pas. Ce soir, dîner cher Lord Carmichael suivi d’un bal ; demain midi, inauguration de la fondation Aldridge dont je suis un heureux donateur, suit un brunch ; Au soir, gala de bienfaisance en faveur des sidéens, et ainsi de suite ! Le mois est complet ! … hein ? J’ai oublié quoi ?
Et de lui tendre un nouveau carton d’invitation qu’il détailla :
McIntosh ? Lesquels ? J’en connais des tas mais cette Hortense, ça ne me dit rien du tout. Décline, s’il te plaît… Ah ? Parce qu’en plus, cette dame réclame ton service traiteur ! Manque pas de culot… Ok, ok, on va essayer de caser celle-là parmi les autres.
Les Carmichael étaient des gens sympathiques. Justin connaissait bien Andrew, ancien copain de son père et complice en affaires. Être invité chez lui équivalait au summum de la reconnaissance sociale. Malgré l’ambiance agréable, Davenport eut un mal fou à tenir son rôle de joyeux drille, convivial et charmant. Il pestait de voir sa Sam si entourée de baveux, et, en catimini, s’éclipsait souvent pour cracher ses poumons. Lorsque dans une quinte son mouchoir se colora de rouge, Davenport vacilla sur ses jambes :
*Merde ! C’est grave, ça !*
Il tint bon néanmoins tout du long valsant avec qui le désirait, commentant çà et là ses progrès en affaires mais, dès le lendemain – sans rien dire à Sam – il alla consulter à Ste Mangouste.
Reçu par le Dr. Von Falkenberg, il en prit tellement pour son grade qu’il signa à deux mains pour employer le traitement prescrit. Puisqu’il était sur place, il en profita pour visiter Erik et Opal.
Si la future mère dormait tel un ange, sourire aux lèvres, son époux, lui, était étrangement agité même inconscient. Que signifiaient ces brusques mouvements désordonnés des bras ?
*Étrange…*
Nanti d’un sac empli de fioles et de poudres, il rentra juste à temps pour se préparer aux mondanités prévues. Alors qu’il ajustait sa cravate, Sam s’informa :
… McIntosh, encore ? Non, je ne sais rien de cette femme, pourquoi ?
Sam avait eu l’occasion de discuter à gauche et à droite et avait croisé cette dame qui lui avait paru d’une extrême curiosité à leur endroit.
… tout le monde est curieux de savoir comment j’ai rebondi si vite, haussa-t-il les épaules… Suis cette piste si tu veux, je dois réviser mon discours.
Cher Ken, chers amis, c’est avec joie que je coupe ce ruban qui ouvre les portes de cette fondation qui… blablabla.
Champagne, caviar, tout le gratin se félicitait de l’ère nouvelle en marche.
Accroché par-ci par-là, Justin fut soudain frappé par une beauté rousse qui ne le quittait pas des yeux. Comme aimanté, il s’en approcha :
Audrey, c’est toi ?
Tiens, tu te souviens de moi ?
Comment oublier trois mois de folle passion avant un désenchantement cruel. Il avait cru aimer Audrey qui s’était – hélas pour elle – révélée chichiteuse, maniaque, âpre aux gains, insensible : tout ce qu’il détestait.
Néanmoins, se rappelant de la façon assez cavalière dont il l’avait rejetée, il bafouilla :
Je n’aurais jamais dû te crier dessus ainsi. Tout est de ma faute si ça n’a pas collé…
Au moins tu as l’air d’avoir enfin trouvé chaussure à ton pied ! Samantha est superbe.
Je suis le plus vernis des hommes ! Et toi, que deviens-tu ?
Rien, comme d’habitude. J’ai subi une cure de désintox après notre rupture, maintenant ça va.
Hein ? Cela signifiait-il qu’elle avait très mal encaissé leur cassure ? Marri, il culpabilisa beaucoup et devint malgré lui le chevalier servant de la demoiselle.
Pourquoi Sam lui lançait-elle des signes bizarres ? Il ne faisait rien de mal en bavardant avec cette ex-petite amie, ou oui ?
Délaissant un instant sa ravissante compagne, il rejoignit son épouse :
Qu’est-ce que tu as ?... Oui, je sais qui est cette fille, je l’ai, euh… fréquentée avant de te rencontrer, et… Quoi ?
Mince ! Il n’avait absolument pas fait le rapprochement entre Audrey et McIntosh. C’était donc sa mère qui les conviait à une soirée… Tiens, tiens… Hasard ou hameçon mordu ? Sam lui délivra le topo à suivre ; il soupira :
… Ok, je jouerai aux idiots. C’est un rôle qui me va bien, non ?
Clin d’œil complice et reprise de son « poste » auprès de la belle Audrey. Ils bavardèrent de tout et de rien, Justin répondant du plus naturellement possible aux questions « anodines » de sa compagne qui, manifestement, le regrettait beaucoup.
J’ai été stupide, Justin. Je n’admettais pas de te partager avec ton travail. Tu bosses encore beaucoup, dis-moi ?
Je suis de nouveau en selle. Ça n’a pas été évident après notre naufrage…
Oui, j’ai su. Pauvre chéri ! Mais tu t’en es remis, c’est ce qui compte. On t’a dit ruiné et au bord du gouffre. Je suis contente qu’il n’en soit rien.
Les Davenport sont comme les chats : ils retombent sur leurs pattes !
Là-dessus, une quinte de toux le surprit.
Tu t’es étranglé ? Veux-tu de l’eau ?
Non, merci ! C’est un souvenir de mon voyage de noce… à l’eau.
Ça a l’air sérieux, tu te soignes au moins ?
Non, mentit-il. C’est un vilain rhume, ça passera seul.
Audrey eut l’air très intéressé…
Le brunch achevé, les Davenport rentrèrent chez eux où ils débattirent sur la question McIntosh. Justin résuma fidèlement les propos échangés avec Audrey. Sam parut pensive. Elle insista pour connaître la teneur de leurs relations antérieures, ce qui gêna son mari aux entournures.
… je l’avais rencontrée à une soirée. Un truc en entraînant un autre… Ouais ! On a fini au lit, ça te va ? Et, pour ta gouverne, elle s’y débrouillait plus que bien !... Non, pas collé puisque je l’ai flanqué dehors, tu ne vas pas t’en plaindre au moins ? … Moldue, oui, totalement…
Tout en réfléchissant, Sam ramassa la veste qu’il avait laissé choir en rentrant. Elle interrompit la question en cours en avisant le mouchoir de poche ensanglanté qui s’échappa du veston. Oh, là, là ! Pas contente du tout, sa femme !
… c’est tout récent et… laisse-moi finir ! Je suis allé consulter ce matin, tout va bien. J’ai un tas de truc à avaler. Faudrait d’ailleurs que je commence, ai pas encore eu le temps !
Transformée en infirmière, Sam veilla à ce qu’il suive la prescription à la lettre. Justin, qui adorait se faire cajoler, ne rechigna pas. Néanmoins, à l’heure de se rendre au gala de charité, il ne sentait pas bien du tout.
Vas-y seule, j’ai l’estomac en compote avec tous ces trucs… Fais un plus gros chèque que celui prévu, ça m’excusera.
La réaction était normale, Ysaline l’avait prévenu des désagréments possibles. Entre crampes et sueurs, il dégusta « gentiment » non sans renoncer à s’asseoir à l’ordinateur qu’il fouilla en conscience. Si la piste McIntosh était la bonne, il devait exister un lien plus profond qu’une banale rupture amoureuse. Autant qu’il sache, Audrey n’avait jamais démontré de connaissances en haute finance ni d’intérêt particulier à ce qui y touchait. Or l’auteur de ses déconvenues s’y était pris en pro… et Mrs. McIntosh semblait en être un selon ce qu’il lut.
Il se mit au lit dans un état calamiteux et, avec Sam, l’heure de la seconde prise des potions arriva.
… Laisse-moi tranquille ! Je suis plus malade qu’avant !...
Rien n’y fit. Résigné, il avala tout en ouvrant grand les oreilles. Sa délicieuse épouse ne s’était pas contentée de serrer des mains et de sourire. Elle avait le chic pour délier les langues et ne s’en était pas privées. Ainsi, elle avait appris un truc dont le Net ne parlait pas.
… elle a fréquenté mon père ??... je l’ignorais. Non, Cunnings ne me dit rien.
Il aurait souhaité approfondir directement cette histoire mais Sam ne le voyait pas ainsi. D’ailleurs les effets secondaires se manifestant, mieux valait dormir. Le traitement de choc serait bref, au moins ça !
Il se leva avec une tête de déterré, refusant de manger quoique ce soit. Mais au lieu de s’apitoyer, Sam parut enchantée. Elle en avait de ces idées de bon matin ! Son café faillit lui rester en travers le gosier lors que son épouse lui exposa ses réflexions nocturnes :
… jamais de la vie ! Nous sommes un couple très unis, tout le monde nous envie, personne ne croira à ça !
Et pourtant… Le lendemain soir, l’air plus mal en point qu’il ne l’était vraiment, Justin marcha dans la combine.
La réception de Mrs. McIntosh battait son plein. Buffet abondant, boissons à l’avenant, danses.
Rencontrer Hortense McIntosh fut une curieuse expérience. Cette charmante dame, machiavélique ? Dur à gober. Elle accepta le baisemain sans sourciller, avec juste quelques paroles sur un ton badin :
Voici donc la nouvelle coqueluche de la capitale ! Je ne m’étonne plus que ma fille ait été si… séduite.
Justin dut se mordre la langue pour éviter de lâcher ce qu’il pensait réellement d’Audrey mais, en soupirant profondément, se contenta d’un :
Je le fus tout autant, sinon plus…
Le plus pénible de cette soirée fut de raréfier les contacts avec Samantha qui voltigeait gaiment d’un bout à l’autre de la salle.
Ça ne va pas, Justin ?
Excuse mon manque d’entrain, Audrey. Pas trop, non.
Je te connais bien Justin. Quand tu fais cette tête c’est que ça cloche quelque part, je me trompe ?
La fable toute prête se débita en toussant de temps à autre :
Sam n’aime pas les malades… j’ai passé des examens hier : suis foutu.
Mon Dieu Justin, dis-moi que ce n’est pas si grave ! s’épouvanta la belle comédienne rousse.
On me donne une paire de mois, au plus, sauf complication. J’ai bien profité de la vie, t’en fais pas. Ce qui me fait râler c’est que tout mon fric lui sera versé alors qu’elle se cherche déjà un remplaçant !
Il crut percevoir les rouages cérébraux de la rouquine qui s’éclipsa brièvement en compagnie de sa mère. Durant cette absence, Justin dut jouer l’acte le plus douloureux de tous : engueuler vertement Sam pour roucouler ouvertement sous ses yeux. On ferait des gorges chaudes de l’esclandre provoqué.
Le lendemain, un journal à scandale commenta largement l’événement tandis que Justin se faisait admettre au Royal London Hospital trust...
Re: Pour le meilleur et pour le pire!
Pas de victoire acquise sans sacrifices ! Un bon plan se doit d’être révisé, peaufiné, mis à jour, sans perdre de vue le moindre détail. Qui aurait cru que sous ces dehors d’ange divin, Lady Samantha Davenport avait un esprit analytique exercé dont elle savait faire très bon usage.
Leur retour en société donnait les résultats escomptés. Rien n’attire plus qu’un homme qui vainquant les avatars, et pas des moindres, de la vie, sait démontrer olympienne assurance et charme sûr. Lord Davenport était cet homme. L’homme du moment dont on se disputait la présence à tout événement social digne de ce nom.
D’elle on n’attendait pas de grande profondeur d’esprit. Elle était ravissante, blonde et américaine, cela suffisait largement pour alimenter l’imagination.
S’occuper des restaurants éparpillés de par le monde, être présente aux côtés de son mari sans jamais perdre le sourire ni avoir mal aux pieds, veiller jalousement au grain en surveillant de près toute attitude suspecte, tout en gardant l’air souhaité de « belle pas si sotte que ça mais quand même », pouvait être un exercice exténuant. Pas seulement pour elle, Justin donnait beaucoup de soi ce qui ne signifiait pas qu’il aille bien pour autant. Il était maigre, toussait encore et toujours, une petite fièvre le minait, mais le cher homme, plus têtu qu’une vieille mule, refusait de consulter.
Sais pas où tu veux en venir ou ce que tu veux prouver, mon amour, mais c’est sûr que ça ne pas guérir tout seul !
Le reste du monde n’y voyait que du feu. Magie aidant, aux yeux des autres, il semblait aller aussi bien que possible.
*S’ils savaient !*
Mais elle savait, et ça suffisait largement. Une autre réception, encore une. Justin de son côté, elle du sien. Sam détestait le rôle qui lui échouait mais le jouait à merveille. Toujours entourée d’une cour d’admirateurs empressés, elle souriait, papillonnait des cils, riait de leurs commentaires plus ou moins idiots, dansait avec l’un ou l’autre, sans jamais perdre de vue son beau mari qui ne semblait jamais s’ennuyer non plus.
J’ai rencontré Mrs. McIntosh.
McIntosh, encore ? Non, je ne sais rien de cette femme, pourquoi ?
On en parle pas mal…une femme charmante, un peu trop peut-être et très, très curieuse !
Cela ne sembla pas trop intéresser son chéri, habitué à être le point de mire de la curiosité de son prochain.
Suis cette piste si tu veux, je dois réviser mon discours.
Oui, bien sûr…
Entourée du parterre habituel, Sam ne rata pas moins la rencontre, casuelle en apparence, de Justin avec une rousse splendide.
*Tiens donc !* Edward, mon cher…vous qui connaissez tous et chacun, pourriez-vous me dire qui est cette jeune femme qui dévore mon mari des yeux ?
Sir Edward Forsyth allongea le cou en périscope et observa la scène. Un sourire entendu aux lèvres, il livra l’information.
C’est Miss Audrey McIntosh…une beauté, mais en rien comparable à la vôtre, Milady !
Vous êtes adorable, rit-elle, si vous voulez m’excuser un instant…
Attirer l’attention de Justin demanda quelque science, il semblait très pris dans sa conversation avec la miss qui souriait, aux anges. Enfin, il réagit à ses signaux et la rejoignit.
Qu’est-ce que tu as ?
Moi, rien, toi par contre, tu ne perds pas ton temps…tu sais qui est la rouquine ?
Il savait. Très bien même, avouant l’avoir fréquentée avant. Et compte tenu de son expression mitigée Sam s’imagina facilement de quel genre de fréquentation on parlait.
C’est Audrey McIntosh, la fille de cette dame si insistante à nous inviter…ça te dit ? Je trouve ça trop…coïncidant ! Je voulais que tu saches, agis en conséquence, mon chéri…mais pas trop quand même...on en parle à la maison!
Ok, je jouerai aux idiots. C’est un rôle qui me va bien, non ?
C’est toi qui le dis, pas moi !, elle aurait voulu sauter à son cou et l’embrasser mais se contenta d’un clin d’œil avant d’aller retrouver ses admirateurs.
À peine la porte fermée, Sam envoya valser ses escarpins avec un soupir d’aise.
Et alors ? Ça a été avec Miss McIntosh ?
Gentil compte rendu, comme quoi ils n’auraient parlé que de la pluie et du beau temps, ou similaires.
Sans doute, ça ne me regarde pas trop mais…il y a eu quoi, entre vous ?
Il n’eut pas l’air ravi avec cette indiscrète question mais, bon an mal an, livra sa version des faits.
Comme quoi…
Ouais ! On a fini au lit, ça te va ? Et, pour ta gouverne, elle s’y débrouillait plus que bien !
Elle lui décocha un regard peu amène jugeant le commentaire de mauvais goût.
Wow…m’enfin, ça n’a pas bien collé quand même, avec ta tigresse…
Non, pas collé puisque je l’ai flanqué dehors, tu ne vas pas t’en plaindre au moins ?
Continue sur ce ton et je pourrais réviser mon avis…mais ce n’est pas le point…sorcière ou moldue ?
Moldue, oui, totalement.
Je me disais bien…ça prend forme…oh que oui…mais je voudrais…OH ! MON DIEU !...JUSTIN…C’EST QUOI ÇA !?, elle n’avait pu éviter la note hystérique en voyant le mouchoir ensanglanté, tu…tu craches du sang ! Inconscient ! Idiot…comment as-tu pu laisser…ON VA À L’HOSTO, MAINTENANT !
C’est tout récent et…
Récent !? Combien récent…c’est…
Il la fit taire avouant avoir déjà consulté à Ste. Mangouste et avoir un traitement à suivre. Sans vouloir rien entendre, elle s’attela à la tâche d’immédiat. Pas commode, la prescription, c’était un traitement de choc qui le remettrait sur pied en un rien de temps mais dont les effets secondaires, pendant la durée de la cure, quand celle-ci était effective, seraient très désagréables et éprouvants.
Tu te mets au lit d’immédiat, et je ne veux t’entendre rouspéter…Avale moi ça…Oui, c’est dégueulasse…prends un peu d’eau ! Et maintenant, dors un peu, mon amour…je reste là…je t’aime tant, mon Justin…Tout va aller bien, tu verras !, elle l’embrassa doucement en caressant ses cheveux, mon têtu adoré…
Pas de gala de charité pour Lord Davenport, ce soir-là. Le pauvre était dans un état franchement calamiteux, au risque de sembler un monstre, Sam était ravie. Ses recommandations faites, elle abandonna son amour et partit, seule, à la réception.
Impossible de rater son entrée. Sublime élégance, beauté rayonnante. Aussitôt entourée, célébrée, admirée, elle évolua parmi cette assistance exquise, si triée au volet. On s’étonna de l’absence de son mari.
Il est un peu indisposé…rien de grave…*Tu veux rire, le pauvre doit rendre tripes et boyaux à l’heure qu’il est !*
Audrey McIntosh était de la partie. Mine de rien, Sam s’arrangea pour se trouver en tête à tête avec la rousse.
Je pense que nous ne nous connaissons pas…petit faux pas de mon mari qui ne nous a pas présentées, commença t’elle avec un sourire charmant, parce que lui, vous le connaissez très bien.
Euh…Votre mari ? Je ne saurais…, mais son regard haineux ne mentait pas.
Justin, voyons, Justin Davenport…, petit soupir, regard entendu, je sais…Il me raconte tout, ce cher homme…Oh, il est malade…,soupir agacé, énervant comme tous les hommes, ça fait des chichis pour tout et rien, enfin…
L’autre ne perdit miette de ses gestes et expressions, Sam s’efforça pour bien donner le ton de belle ennuyée, assez tête de linotte, avant de s’éloigner en riant, ravie, au bras d’un de ses chevaliers servants.
De retour au foyer, Sam trouva son mari en piètre état.
À temps pour la deuxième dose, mon chéri !
Laisse-moi tranquille ! Je suis plus malade qu’avant !
Elle l’embrassa.
Voilà qui est parfait…Cela ne durera pas trop longtemps, mon amour…dans quelques jours, tu seras comme neuf…au fait, savais-tu que la mère de ton Audrey avait été folle de ton père ?...Tu n’en savais rien. Pas étonnant, les vieux amis de ta famille n’allaient pas colporter ce genre de trucs…Oh, tu me connais…je sais écouter et on aime me parler, clin d’œil, bisou sur le nez, allez, essaye de dormir…
Elle savait bien qu’entre tant de fioles et poudres, était mêlée la formule du sommeil, sans quoi son chéri passerait la nuit à se retourner sans trouver de repos. Le temps de se défaire de sa robe de bal et faire sa toilette, Justin dormait du sommeil des justes. Elle se glissa sous la couette, à ses côtés et resta là, à écouter sa respiration apaisée tout en gambergeant gentiment.
*Hortense McIntosh…Audrey McIntosh…quand même quelque chose que mère et fille aient choisi père et fils…Malheureuse coïncidence ? À d’autres…enfin, malheureuse pour elles qui n’ont pas obtenu ce qu’elles convoitaient…Là, ça va plus loin…Amour ? Non, plus maintenant, ça ressemble trop à…revanche…Une femme déçue et déchue est capable de n’importe quoi…surtout que la déception est de taille…deux fois que fortune et titre leur filent sous le nez…trop c’est trop…On devra se la jouer au tout pour le tout…Bon appât, beau poisson !*
Pauvre Justin ! À le voir on l’aurait cru en passe de rendre l’âme au Créateur.
C’est magnifique…pas que tu trépasses, idiot, tu ne vas pas mourir de toute façon…je t’aime trop pour le permettre, ça veut dire que le traitement marche pile poil ! Quand ça finira, faudra te remplumer…te voir maigre comme un clou est une minable pub pour mes restos !, elle rigola de son air malheureux et quasi renfrogné, tu sais…j’ai réfléchi cette nuit…Non tu n’as ni toussé ni ronflé, arrête avec ça…même si tu toussais comme Marguerite Gauthier ça me serait égal…tant que tu ne commences pas à chanter…enfin, revenons à nos moutons…Cette histoire d’amours contrariées a retenu mon attention…Mais voyons ! Ce n’est pas seulement logique mais elle tient rudement bien le chemin, mon idée…Ton père brise le cœur de Maman McIntosh, toi tu lâches la fille qui s’était fait des grandes illusions…Ça donne quoi à ton avis ?
Il buvait sagement son café en l’écoutant, attentif.
Ben oui, mon adoré…de l’amour à la haine, la frontière est mince…mais, ô chance merveilleuse, tu viens de te rendre compte que ta femme est une salope…intéressée et tout ce qu’on voudra, je donne bien le genre de blonde évaporée avec certaines idées en tête…
S’étouffant presque avec son mélange aromatique importé de Java, Lord Davenport protestait, outré.
Jamais de la vie ! Nous sommes un couple très unis, tout le monde nous envie, personne ne croira à ça !
Bisou en lissant ses mèches folles.
Mon amour, les gens croient ce qu’ils voient, un point c’est tout…si on leur sert l’image d’un couple en conflit…c’est ce qu’ils goberont. Ta petite Audrey, surtout, elle n’attend que ça… et si en plus, tu lui farcis sa rousse tête de quelques idées pourries en sus…ça roulera tout seul !
Il eut beau tempêter, rien n’y fit. Le lendemain, assez remis de ses misères mais feignant être à bout, Justin joua sa petite comédie, même s’il s’en défendit jusqu’à la fin. Sam s’y mit à fond, dans son rôle, d’épouse agacée, lassée. À peine passé le seuil de l’imposante demeure McIntosh, elle planta son mari là.
Senses fournissant le buffet de la soirée, elle fila aux cuisines pour inspecter le parfait déroulement du service et mine de rien, écoutant les commentaires des domestiques de la maison. Pas triste ce qu’on racontait sur la patronne et surtout sur sa fille.
Miss Audrey est ravie…Mais oui, ce Lord Davenport, il l’a fichue à al porte une fois mais là…elle veut avoir gain de cause…
Et ainsi de suite. Retour au salon. Un coup d’œil dans la bonne direction lui permit de découvrir son chéri en grande conversation avec la rouquine en question.
*C’est ça, ma jolie…gobe tout…tu seras servie !*
Lady Davenport, chère amie , je suis ravie…quel superbe buffet, tous en parlent…quel service magnifique…Qui le croirait, une femme aussi exquise avec un talent si…
Inédit, Mrs. McIntosh ?...Pas habituel, je m’en doute, dans ce milieu si...raffiné. ..Mon mari ? Oh, lui…il a ses idées, moi les miennes…et puis…, elle sembla à point de faire une confidence mais se ravisa, veuillez m’excuser…mais je vois là des amis …
Des amis ravis de l’accueillir. Sa petite cour. Ils étaient charmants, ces messieurs, rendus à ses pieds, inquiets de son minime désir. L’apparition d’un Justin survolté, hargneux prit de court tout le monde, pas moins que les mots odieux dont il gratifia sa femme. Une scène de ménage face à tout ce beau monde ? Vous n’y pensez pas, scandaleux. Et tous qui le tenaient pour un homme civilisé. Sam encaissa le tout, exactement comme voulu. Faibles protestes, yeux noyés de larmes, avant de s’abattre dans les premiers bras secourables, et ravis, qui s’offrirent.
Oh, c’est affreux, Jeremy…il…il…, et de pleurnicher un petit coup contre l’épaule amie.
Le mari outragé sembla vite oublier les faits et gestes de sa femme volage et s’occupait plutôt de ceux de la fille de la maison. Le public, mine de rien, jasait plein pot. Parfait.
Chacun rentra de son côté.
Faut dire que tu n’y vas pas de main morte, mon chéri, le théâtre a perdu une étoile…stupéfaction générale…Moi ?...J’ai dû me farcir mon parterre de baveux…ils étaient consternés…mais et toi ?...Ton Audrey a marché ?
Comme sur des roulettes. La belle était convaincue que Justin était mourant, qu’il détestait sa folle de femme et déplorait terriblement la voir devenir son héritière…etc, etc !
Tout est prêt pour la phase deux du plan…Tout est réglé, mon chéri, demain, tu seras admis au Royal London Hospital…et bien entendu, tout le monde le saura …de même que j’abandonne mon pauvre mari pour aller visiter ma famille en Amérique…
Chambre privée, une petite suite plutôt. Bouquets de fleurs, cartes de vœux, peu de visiteurs admis et pour bien veiller au correct déroulement et observation du règlement, Nurse Parrish, énergique et binoclarde, montait une discrète garde, dissimulée dans un coin, on n’entendait que le cliquetis vigoureux de ses aiguilles à tricoter.
Miss Audrey McIntosh désire savoir si Milord peut la recevoir, dit timidement une jeune aide-soignante en se pointant et esquissant presque une révérence.
Nurse Parrish se leva et alla s’enquérir auprès du patient qui regardait par la fenêtre, l’air ennuyé.
Milord, dit-elle en roulant les r, de la visite, McIntosh !, autorisation reçue elle se tourna vers la petite, faites passer !
La belle Audrey entra enveloppée dans un nuage de parfum, un sourire de circonstance aux lèvres, sourire qui mourut de sitôt en découvrant la présence de la nurse qui rajustait ses lunettes sur le nez.
Vous pouvez disposer, nurse…Lord Davenport et moi désirons…
J’ai mes ordres, miss et c’est de rester auprès du patient ! Visite courte, miss, il ne faut pas fatiguer Milord et je vous prierai pour la prochaine fois d’éviter des effluves trop corsés…ça dérange …mêlé aux odeurs antiseptiques, vous comprenez !, s’apprêtant à faire demi-tour, elle revint sur ses pas et tirant un thermomètre de sa poche, le fourra dans la bouche du patient, trois minutes, Milord, soyez sage !
On entendit le cliquetis qui reprenait.
Mon pauvre, pauvre Justin…c’est terrible de te voir ainsi…toi si vital…J’ai su que ta femme avait filé…quel monstre sans cœur…Ne cherche pas à l’excuser, mon pauvre ami…Je comprends…cela fait mal…et tu es si noble. Et je…
Tant pis. Nurse Parrish venait récupérer le thermomètre.
Dieu du ciel, par St Georges et St André… vous avez de la fièvre, Milord !...Va falloir faire une petite piqûre…Miss, je vous en prie…
Mais je peux rester, n’est-ce pas, Justin chéri ? Cela ne te dérange pas ?
Hum ! Hum ! Peut-être que Milord n’y voit pas d’inconvénient mais le règlement interdit d’exposer la fesse d’un patient à d’autres yeux que ceux de son épouse légitime, de son docteur…ou de la nurse en charge…vous n’êtes pas Lady Davenport, ni le docteur donc…attendez dehors, je vous prie !
Elle obéit en ronchonnant, et alors que le lord en cause allait dire son mot, elle le retourna d’un mouvement assuré, tira une seringue toute prête de sa poche et piqua joyeusement le noble gluteus maximus. Cri de proteste, elle tapota gentiment la zone affectée.
Cela va vous donner sommeil, Milord…et vous abêtir…et dire n’importe quoi…je fais rentrer votre visite…MISS ! Vous pouvez y aller…Il est plutôt out mais je pense que cela ne vous dérange pas trop…
Et le tricot reprit de plus belle, à notable vitesse …
Leur retour en société donnait les résultats escomptés. Rien n’attire plus qu’un homme qui vainquant les avatars, et pas des moindres, de la vie, sait démontrer olympienne assurance et charme sûr. Lord Davenport était cet homme. L’homme du moment dont on se disputait la présence à tout événement social digne de ce nom.
D’elle on n’attendait pas de grande profondeur d’esprit. Elle était ravissante, blonde et américaine, cela suffisait largement pour alimenter l’imagination.
S’occuper des restaurants éparpillés de par le monde, être présente aux côtés de son mari sans jamais perdre le sourire ni avoir mal aux pieds, veiller jalousement au grain en surveillant de près toute attitude suspecte, tout en gardant l’air souhaité de « belle pas si sotte que ça mais quand même », pouvait être un exercice exténuant. Pas seulement pour elle, Justin donnait beaucoup de soi ce qui ne signifiait pas qu’il aille bien pour autant. Il était maigre, toussait encore et toujours, une petite fièvre le minait, mais le cher homme, plus têtu qu’une vieille mule, refusait de consulter.
Sais pas où tu veux en venir ou ce que tu veux prouver, mon amour, mais c’est sûr que ça ne pas guérir tout seul !
Le reste du monde n’y voyait que du feu. Magie aidant, aux yeux des autres, il semblait aller aussi bien que possible.
*S’ils savaient !*
Mais elle savait, et ça suffisait largement. Une autre réception, encore une. Justin de son côté, elle du sien. Sam détestait le rôle qui lui échouait mais le jouait à merveille. Toujours entourée d’une cour d’admirateurs empressés, elle souriait, papillonnait des cils, riait de leurs commentaires plus ou moins idiots, dansait avec l’un ou l’autre, sans jamais perdre de vue son beau mari qui ne semblait jamais s’ennuyer non plus.
J’ai rencontré Mrs. McIntosh.
McIntosh, encore ? Non, je ne sais rien de cette femme, pourquoi ?
On en parle pas mal…une femme charmante, un peu trop peut-être et très, très curieuse !
Cela ne sembla pas trop intéresser son chéri, habitué à être le point de mire de la curiosité de son prochain.
Suis cette piste si tu veux, je dois réviser mon discours.
Oui, bien sûr…
Entourée du parterre habituel, Sam ne rata pas moins la rencontre, casuelle en apparence, de Justin avec une rousse splendide.
*Tiens donc !* Edward, mon cher…vous qui connaissez tous et chacun, pourriez-vous me dire qui est cette jeune femme qui dévore mon mari des yeux ?
Sir Edward Forsyth allongea le cou en périscope et observa la scène. Un sourire entendu aux lèvres, il livra l’information.
C’est Miss Audrey McIntosh…une beauté, mais en rien comparable à la vôtre, Milady !
Vous êtes adorable, rit-elle, si vous voulez m’excuser un instant…
Attirer l’attention de Justin demanda quelque science, il semblait très pris dans sa conversation avec la miss qui souriait, aux anges. Enfin, il réagit à ses signaux et la rejoignit.
Qu’est-ce que tu as ?
Moi, rien, toi par contre, tu ne perds pas ton temps…tu sais qui est la rouquine ?
Il savait. Très bien même, avouant l’avoir fréquentée avant. Et compte tenu de son expression mitigée Sam s’imagina facilement de quel genre de fréquentation on parlait.
C’est Audrey McIntosh, la fille de cette dame si insistante à nous inviter…ça te dit ? Je trouve ça trop…coïncidant ! Je voulais que tu saches, agis en conséquence, mon chéri…mais pas trop quand même...on en parle à la maison!
Ok, je jouerai aux idiots. C’est un rôle qui me va bien, non ?
C’est toi qui le dis, pas moi !, elle aurait voulu sauter à son cou et l’embrasser mais se contenta d’un clin d’œil avant d’aller retrouver ses admirateurs.
À peine la porte fermée, Sam envoya valser ses escarpins avec un soupir d’aise.
Et alors ? Ça a été avec Miss McIntosh ?
Gentil compte rendu, comme quoi ils n’auraient parlé que de la pluie et du beau temps, ou similaires.
Sans doute, ça ne me regarde pas trop mais…il y a eu quoi, entre vous ?
Il n’eut pas l’air ravi avec cette indiscrète question mais, bon an mal an, livra sa version des faits.
Comme quoi…
Ouais ! On a fini au lit, ça te va ? Et, pour ta gouverne, elle s’y débrouillait plus que bien !
Elle lui décocha un regard peu amène jugeant le commentaire de mauvais goût.
Wow…m’enfin, ça n’a pas bien collé quand même, avec ta tigresse…
Non, pas collé puisque je l’ai flanqué dehors, tu ne vas pas t’en plaindre au moins ?
Continue sur ce ton et je pourrais réviser mon avis…mais ce n’est pas le point…sorcière ou moldue ?
Moldue, oui, totalement.
Je me disais bien…ça prend forme…oh que oui…mais je voudrais…OH ! MON DIEU !...JUSTIN…C’EST QUOI ÇA !?, elle n’avait pu éviter la note hystérique en voyant le mouchoir ensanglanté, tu…tu craches du sang ! Inconscient ! Idiot…comment as-tu pu laisser…ON VA À L’HOSTO, MAINTENANT !
C’est tout récent et…
Récent !? Combien récent…c’est…
Il la fit taire avouant avoir déjà consulté à Ste. Mangouste et avoir un traitement à suivre. Sans vouloir rien entendre, elle s’attela à la tâche d’immédiat. Pas commode, la prescription, c’était un traitement de choc qui le remettrait sur pied en un rien de temps mais dont les effets secondaires, pendant la durée de la cure, quand celle-ci était effective, seraient très désagréables et éprouvants.
Tu te mets au lit d’immédiat, et je ne veux t’entendre rouspéter…Avale moi ça…Oui, c’est dégueulasse…prends un peu d’eau ! Et maintenant, dors un peu, mon amour…je reste là…je t’aime tant, mon Justin…Tout va aller bien, tu verras !, elle l’embrassa doucement en caressant ses cheveux, mon têtu adoré…
Pas de gala de charité pour Lord Davenport, ce soir-là. Le pauvre était dans un état franchement calamiteux, au risque de sembler un monstre, Sam était ravie. Ses recommandations faites, elle abandonna son amour et partit, seule, à la réception.
Impossible de rater son entrée. Sublime élégance, beauté rayonnante. Aussitôt entourée, célébrée, admirée, elle évolua parmi cette assistance exquise, si triée au volet. On s’étonna de l’absence de son mari.
Il est un peu indisposé…rien de grave…*Tu veux rire, le pauvre doit rendre tripes et boyaux à l’heure qu’il est !*
Audrey McIntosh était de la partie. Mine de rien, Sam s’arrangea pour se trouver en tête à tête avec la rousse.
Je pense que nous ne nous connaissons pas…petit faux pas de mon mari qui ne nous a pas présentées, commença t’elle avec un sourire charmant, parce que lui, vous le connaissez très bien.
Euh…Votre mari ? Je ne saurais…, mais son regard haineux ne mentait pas.
Justin, voyons, Justin Davenport…, petit soupir, regard entendu, je sais…Il me raconte tout, ce cher homme…Oh, il est malade…,soupir agacé, énervant comme tous les hommes, ça fait des chichis pour tout et rien, enfin…
L’autre ne perdit miette de ses gestes et expressions, Sam s’efforça pour bien donner le ton de belle ennuyée, assez tête de linotte, avant de s’éloigner en riant, ravie, au bras d’un de ses chevaliers servants.
De retour au foyer, Sam trouva son mari en piètre état.
À temps pour la deuxième dose, mon chéri !
Laisse-moi tranquille ! Je suis plus malade qu’avant !
Elle l’embrassa.
Voilà qui est parfait…Cela ne durera pas trop longtemps, mon amour…dans quelques jours, tu seras comme neuf…au fait, savais-tu que la mère de ton Audrey avait été folle de ton père ?...Tu n’en savais rien. Pas étonnant, les vieux amis de ta famille n’allaient pas colporter ce genre de trucs…Oh, tu me connais…je sais écouter et on aime me parler, clin d’œil, bisou sur le nez, allez, essaye de dormir…
Elle savait bien qu’entre tant de fioles et poudres, était mêlée la formule du sommeil, sans quoi son chéri passerait la nuit à se retourner sans trouver de repos. Le temps de se défaire de sa robe de bal et faire sa toilette, Justin dormait du sommeil des justes. Elle se glissa sous la couette, à ses côtés et resta là, à écouter sa respiration apaisée tout en gambergeant gentiment.
*Hortense McIntosh…Audrey McIntosh…quand même quelque chose que mère et fille aient choisi père et fils…Malheureuse coïncidence ? À d’autres…enfin, malheureuse pour elles qui n’ont pas obtenu ce qu’elles convoitaient…Là, ça va plus loin…Amour ? Non, plus maintenant, ça ressemble trop à…revanche…Une femme déçue et déchue est capable de n’importe quoi…surtout que la déception est de taille…deux fois que fortune et titre leur filent sous le nez…trop c’est trop…On devra se la jouer au tout pour le tout…Bon appât, beau poisson !*
Pauvre Justin ! À le voir on l’aurait cru en passe de rendre l’âme au Créateur.
C’est magnifique…pas que tu trépasses, idiot, tu ne vas pas mourir de toute façon…je t’aime trop pour le permettre, ça veut dire que le traitement marche pile poil ! Quand ça finira, faudra te remplumer…te voir maigre comme un clou est une minable pub pour mes restos !, elle rigola de son air malheureux et quasi renfrogné, tu sais…j’ai réfléchi cette nuit…Non tu n’as ni toussé ni ronflé, arrête avec ça…même si tu toussais comme Marguerite Gauthier ça me serait égal…tant que tu ne commences pas à chanter…enfin, revenons à nos moutons…Cette histoire d’amours contrariées a retenu mon attention…Mais voyons ! Ce n’est pas seulement logique mais elle tient rudement bien le chemin, mon idée…Ton père brise le cœur de Maman McIntosh, toi tu lâches la fille qui s’était fait des grandes illusions…Ça donne quoi à ton avis ?
Il buvait sagement son café en l’écoutant, attentif.
Ben oui, mon adoré…de l’amour à la haine, la frontière est mince…mais, ô chance merveilleuse, tu viens de te rendre compte que ta femme est une salope…intéressée et tout ce qu’on voudra, je donne bien le genre de blonde évaporée avec certaines idées en tête…
S’étouffant presque avec son mélange aromatique importé de Java, Lord Davenport protestait, outré.
Jamais de la vie ! Nous sommes un couple très unis, tout le monde nous envie, personne ne croira à ça !
Bisou en lissant ses mèches folles.
Mon amour, les gens croient ce qu’ils voient, un point c’est tout…si on leur sert l’image d’un couple en conflit…c’est ce qu’ils goberont. Ta petite Audrey, surtout, elle n’attend que ça… et si en plus, tu lui farcis sa rousse tête de quelques idées pourries en sus…ça roulera tout seul !
Il eut beau tempêter, rien n’y fit. Le lendemain, assez remis de ses misères mais feignant être à bout, Justin joua sa petite comédie, même s’il s’en défendit jusqu’à la fin. Sam s’y mit à fond, dans son rôle, d’épouse agacée, lassée. À peine passé le seuil de l’imposante demeure McIntosh, elle planta son mari là.
Senses fournissant le buffet de la soirée, elle fila aux cuisines pour inspecter le parfait déroulement du service et mine de rien, écoutant les commentaires des domestiques de la maison. Pas triste ce qu’on racontait sur la patronne et surtout sur sa fille.
Miss Audrey est ravie…Mais oui, ce Lord Davenport, il l’a fichue à al porte une fois mais là…elle veut avoir gain de cause…
Et ainsi de suite. Retour au salon. Un coup d’œil dans la bonne direction lui permit de découvrir son chéri en grande conversation avec la rouquine en question.
*C’est ça, ma jolie…gobe tout…tu seras servie !*
Lady Davenport, chère amie , je suis ravie…quel superbe buffet, tous en parlent…quel service magnifique…Qui le croirait, une femme aussi exquise avec un talent si…
Inédit, Mrs. McIntosh ?...Pas habituel, je m’en doute, dans ce milieu si...raffiné. ..Mon mari ? Oh, lui…il a ses idées, moi les miennes…et puis…, elle sembla à point de faire une confidence mais se ravisa, veuillez m’excuser…mais je vois là des amis …
Des amis ravis de l’accueillir. Sa petite cour. Ils étaient charmants, ces messieurs, rendus à ses pieds, inquiets de son minime désir. L’apparition d’un Justin survolté, hargneux prit de court tout le monde, pas moins que les mots odieux dont il gratifia sa femme. Une scène de ménage face à tout ce beau monde ? Vous n’y pensez pas, scandaleux. Et tous qui le tenaient pour un homme civilisé. Sam encaissa le tout, exactement comme voulu. Faibles protestes, yeux noyés de larmes, avant de s’abattre dans les premiers bras secourables, et ravis, qui s’offrirent.
Oh, c’est affreux, Jeremy…il…il…, et de pleurnicher un petit coup contre l’épaule amie.
Le mari outragé sembla vite oublier les faits et gestes de sa femme volage et s’occupait plutôt de ceux de la fille de la maison. Le public, mine de rien, jasait plein pot. Parfait.
Chacun rentra de son côté.
Faut dire que tu n’y vas pas de main morte, mon chéri, le théâtre a perdu une étoile…stupéfaction générale…Moi ?...J’ai dû me farcir mon parterre de baveux…ils étaient consternés…mais et toi ?...Ton Audrey a marché ?
Comme sur des roulettes. La belle était convaincue que Justin était mourant, qu’il détestait sa folle de femme et déplorait terriblement la voir devenir son héritière…etc, etc !
Tout est prêt pour la phase deux du plan…Tout est réglé, mon chéri, demain, tu seras admis au Royal London Hospital…et bien entendu, tout le monde le saura …de même que j’abandonne mon pauvre mari pour aller visiter ma famille en Amérique…
Chambre privée, une petite suite plutôt. Bouquets de fleurs, cartes de vœux, peu de visiteurs admis et pour bien veiller au correct déroulement et observation du règlement, Nurse Parrish, énergique et binoclarde, montait une discrète garde, dissimulée dans un coin, on n’entendait que le cliquetis vigoureux de ses aiguilles à tricoter.
Miss Audrey McIntosh désire savoir si Milord peut la recevoir, dit timidement une jeune aide-soignante en se pointant et esquissant presque une révérence.
Nurse Parrish se leva et alla s’enquérir auprès du patient qui regardait par la fenêtre, l’air ennuyé.
Milord, dit-elle en roulant les r, de la visite, McIntosh !, autorisation reçue elle se tourna vers la petite, faites passer !
La belle Audrey entra enveloppée dans un nuage de parfum, un sourire de circonstance aux lèvres, sourire qui mourut de sitôt en découvrant la présence de la nurse qui rajustait ses lunettes sur le nez.
Vous pouvez disposer, nurse…Lord Davenport et moi désirons…
J’ai mes ordres, miss et c’est de rester auprès du patient ! Visite courte, miss, il ne faut pas fatiguer Milord et je vous prierai pour la prochaine fois d’éviter des effluves trop corsés…ça dérange …mêlé aux odeurs antiseptiques, vous comprenez !, s’apprêtant à faire demi-tour, elle revint sur ses pas et tirant un thermomètre de sa poche, le fourra dans la bouche du patient, trois minutes, Milord, soyez sage !
On entendit le cliquetis qui reprenait.
Mon pauvre, pauvre Justin…c’est terrible de te voir ainsi…toi si vital…J’ai su que ta femme avait filé…quel monstre sans cœur…Ne cherche pas à l’excuser, mon pauvre ami…Je comprends…cela fait mal…et tu es si noble. Et je…
Tant pis. Nurse Parrish venait récupérer le thermomètre.
Dieu du ciel, par St Georges et St André… vous avez de la fièvre, Milord !...Va falloir faire une petite piqûre…Miss, je vous en prie…
Mais je peux rester, n’est-ce pas, Justin chéri ? Cela ne te dérange pas ?
Hum ! Hum ! Peut-être que Milord n’y voit pas d’inconvénient mais le règlement interdit d’exposer la fesse d’un patient à d’autres yeux que ceux de son épouse légitime, de son docteur…ou de la nurse en charge…vous n’êtes pas Lady Davenport, ni le docteur donc…attendez dehors, je vous prie !
Elle obéit en ronchonnant, et alors que le lord en cause allait dire son mot, elle le retourna d’un mouvement assuré, tira une seringue toute prête de sa poche et piqua joyeusement le noble gluteus maximus. Cri de proteste, elle tapota gentiment la zone affectée.
Cela va vous donner sommeil, Milord…et vous abêtir…et dire n’importe quoi…je fais rentrer votre visite…MISS ! Vous pouvez y aller…Il est plutôt out mais je pense que cela ne vous dérange pas trop…
Et le tricot reprit de plus belle, à notable vitesse …
Samantha Forrester- Messages : 35
Date d'inscription : 11/09/2013
Re: Pour le meilleur et pour le pire!
Les plans de Sam… Avec ou sous plans, Sam demeurait la créature la plus adorable qui soit, et lui le plus chanceux de l’univers pour avoir réussi à se l’allier à la vie à la mort. Quelle comédienne aussi, sa douce moitié ! Devoir publiquement l’arroser de tous les noms d’oiseaux qu’il retrouva dans un vocabulaire obscur, ne plut pas du tout à Justin qui rentra solitaire, âme et cœur à l’envers en attente que son adorée le rejoigne en catimini.
Des… réactions ? osa-t-il, mal à l’aise. On ne t’a pas trop embêtée ?
Faut dire que tu n’y vas pas de main morte, mon chéri, le théâtre a perdu une étoile…stupéfaction générale…Moi ?...J’ai dû me farcir mon parterre de baveux…ils étaient consternés…mais et toi ?...Ton Audrey a marché ?
Couru, tu veux dire ! Je meurs dans deux mois sauf si on accélère mon trépas. Sam chérie, je déteste les mensonges, je… Quoi ? En Amérique ? Pas question ! Tu ne vas tout de même pas me livrer pieds et poings liés à ces harpies ?
Ce n’était pas exactement la trame prévue par sa chérie.
Il faillit défaillir pour de bon lorsque la sévère nurse Parrish s’installa avec des aiguilles à tricoter dans un coin de sa chambre d’hôpital.
Bon Dieu ! Jure-moi que tu ne vas pas rester ainsi !!
Le baiser de lèvres racornies reçu se voulut rassurant…
Dans le fond, peut-être que le théâtre leur offrirait une place après une telle mise en scène ?
Au moins Sam avait eu raison sur deux points : même s’il se sentait encore lavette, il allait mieux au physique et les poissons chatouillés mordaient.
Miss Audrey McIntosh désire savoir si Milord peut la recevoir…
La dragonne Parrish lui recommanda du regard d’accepter et de reprendre une attitude souffreteuse.
Soupir…
Par veine, il n’eut quasi rien à dire, à faire d’autre qu’à se délecter intérieurement des échanges entre la rousse et l’ex-blonde. S’il n’avait pas été dans son rôle, Justin se serait tordu de rire. Rire que calma froidement Miss Parrish en lui flanquant un thermomètre… en bouche, ouf !!
S’il n’avait pas si bien cerné Audrey, il aurait pu s’attendrir face à la soi-disant compassion qu’elle démontra à son chevet.
*C’est de me voir bientôt clamser qui te rend si douce d’un coup, vipère !*
Les trois minutes écoulées, la vérification de la température eut lieu. Encore des échanges savoureux entre sa nurse et Audrey. Ce à quoi il ne s’attendait pas c’est d’être bel et bien piqué dans la fesse par une main pas douce du tout :
HEY !!! C’est pas dans le contrat, ça !
Cela va vous donner sommeil, Milord…et vous abêtir…et dire n’importe quoi…
Il ne voulait pas dire n’importe quoi, lui !!! Audrey rentra de nouveau.
Mon chéri, je suis si désolée ! Que dirais-tu si je devenais ton infirmière personnelle ? ( elle murmura à son oreille la suite) Cette bigote binoclarde est affreuse ! J’ai plus d’attributs qu’elle. Tu la renvoies ?
C’est vrai qu’avec toi à mes côtés, mes derniers jours seraient…
Ne parle pas ainsi ! Tu dois vire encore *Quelques minutes, salaud !* Nurse, vous avez entendu ? Milord veut qu’on nous laisse seuls !
Heureusement, la seringue injectée magistralement ne contenait que de l’eau. Très en alerte, mais donnant le change, Justin poursuivit le scénario établi avec son épouse. Depuis la chambre voisine, celle-ci allait pouvoir tout surveiller et enregistrer.
Dès la porte refermée sur l’uniforme empesé de Parrish, Audrey débuta un striptease en bonne et due forme.
Fais pas ça Audrey ! C’est pas bien…
Rien n’est trop bon pour toi, mon amour !
Et de s’installer, poitrine dénudée, à califourchon sur le soi-disant mourant avec des gestes si éloquents que Justin paniqua. Tiens, la piqûre devait contenir autre chose, il ne ressentait strictement rien.
*Ouff !!*… je suis marié, Audrey, arrête ça !
Ta femme est une idiote, ravissante mais idiote. Tu aurais dû te fier à moi…
Au point où j’en suis, je me fie à tout le monde ! Mais je ne veux pas ravaler mon acte de naissance en lui léguant…
Ta fortune ? Si tu veux, j’ai la solution…
Sans cesser ses massages plus que suggestifs, la rouquine saisit une liasse de papiers de son sac posé à côté.
Tu as toujours adoré les gosses, pas vrai, mon chéri ? En signant ça, tu vas faire des centaines d’heureux et ta stupide blonde n’aura pas un centime. Vas-y, signe !
Elle n’aura rien, t’es sûre ?
Rien de rien !
Excuse-moi, je lis mal sans lunettes maintenant…
Tu n’as pas à lire, juste à signer ! Tu n’as pas confiance ?
D’abord vexée, quittant sa position et se rhabillant, elle se ravisa :
Tu n’as vraiment pas envie d’un peu de piment ?? Signe, et je serai tout à toi…
Il ne put éviter le baiser dévorant qu’elle lui octroya pas plus que la nausée insurmontable qui lui secoua les tripes juste après. Nez plissé de dégoût, Audrey ne lui en fourra pas moins les documents sous le nez ainsi qu’un mouchoir :
Signe !!
Il parapha et apposa sa « signature » attendant la suite qui ne tarda pas. L’idiote ne vérifia même pas ses gribouillis, se rajustant complètement, un sourire mauvais aux lèvres.
Tu vas enfin dormir pour de bon, crapule !
Hein, mais Audrey…
Une seringue apparut, elle en tapota le contenu avant de viser une perfusion qu’elle sauça sans remords :
On accusera ta nurse d’une mauvaise manipulation, mais tu crèveras. Dis-moi merci, je t’épargne bien des souffrances vu ton état.
Pour… Pourquoi tout ça ? Audrey, je t’ai aimée, dis-moi la vérité…
POURQUOI ?? Ton père a renié ma mère, tu m’as reniée aussi ! Ça te suffit ?
Tu es très belle mais j’attendais autre chose ; je m’en veux…
Ben tu en parleras aux anges. Maman a acheté ce cocktail spécial. Qu’est-ce que tu es con, mon Justin ! Elle et moi on est de mèche depuis des mois, voire des années. On avait espéré vendre ta Sam dans un réseau de prostitution après t’avoir fait libérer tous tes avoirs à notre profit. Fallait que t’en cache, petit malin ! Maintenant, TOUT est à nous !
Co… Comment t’as pu me faire ça ?
La vengeance se déguste froide ! Crève en douceur, cher cœur ! On se chargera de ta Sam plus tard Mais je crains qu’elle ne t’ait déjà oublié !
Sam, telle Némésis en fureur apparut alors. Le supposé moribond se redressa sur sa couche :
Encore raté, très chère. NOUS, cette fois, on ne vous loupera pas !!
Emballé, pesé ! Les colis furent livrés à la justice. La procédure prendrait son temps mais tous les espoirs étaient permis.
Hein, c’était quoi ce délire. ? Sam, le sourire vengeur aux lèvres prépara une seringue. AÏEEEE !!!
Des… réactions ? osa-t-il, mal à l’aise. On ne t’a pas trop embêtée ?
Faut dire que tu n’y vas pas de main morte, mon chéri, le théâtre a perdu une étoile…stupéfaction générale…Moi ?...J’ai dû me farcir mon parterre de baveux…ils étaient consternés…mais et toi ?...Ton Audrey a marché ?
Couru, tu veux dire ! Je meurs dans deux mois sauf si on accélère mon trépas. Sam chérie, je déteste les mensonges, je… Quoi ? En Amérique ? Pas question ! Tu ne vas tout de même pas me livrer pieds et poings liés à ces harpies ?
Ce n’était pas exactement la trame prévue par sa chérie.
Il faillit défaillir pour de bon lorsque la sévère nurse Parrish s’installa avec des aiguilles à tricoter dans un coin de sa chambre d’hôpital.
Bon Dieu ! Jure-moi que tu ne vas pas rester ainsi !!
Le baiser de lèvres racornies reçu se voulut rassurant…
Dans le fond, peut-être que le théâtre leur offrirait une place après une telle mise en scène ?
Au moins Sam avait eu raison sur deux points : même s’il se sentait encore lavette, il allait mieux au physique et les poissons chatouillés mordaient.
Miss Audrey McIntosh désire savoir si Milord peut la recevoir…
La dragonne Parrish lui recommanda du regard d’accepter et de reprendre une attitude souffreteuse.
Soupir…
Par veine, il n’eut quasi rien à dire, à faire d’autre qu’à se délecter intérieurement des échanges entre la rousse et l’ex-blonde. S’il n’avait pas été dans son rôle, Justin se serait tordu de rire. Rire que calma froidement Miss Parrish en lui flanquant un thermomètre… en bouche, ouf !!
S’il n’avait pas si bien cerné Audrey, il aurait pu s’attendrir face à la soi-disant compassion qu’elle démontra à son chevet.
*C’est de me voir bientôt clamser qui te rend si douce d’un coup, vipère !*
Les trois minutes écoulées, la vérification de la température eut lieu. Encore des échanges savoureux entre sa nurse et Audrey. Ce à quoi il ne s’attendait pas c’est d’être bel et bien piqué dans la fesse par une main pas douce du tout :
HEY !!! C’est pas dans le contrat, ça !
Cela va vous donner sommeil, Milord…et vous abêtir…et dire n’importe quoi…
Il ne voulait pas dire n’importe quoi, lui !!! Audrey rentra de nouveau.
Mon chéri, je suis si désolée ! Que dirais-tu si je devenais ton infirmière personnelle ? ( elle murmura à son oreille la suite) Cette bigote binoclarde est affreuse ! J’ai plus d’attributs qu’elle. Tu la renvoies ?
C’est vrai qu’avec toi à mes côtés, mes derniers jours seraient…
Ne parle pas ainsi ! Tu dois vire encore *Quelques minutes, salaud !* Nurse, vous avez entendu ? Milord veut qu’on nous laisse seuls !
Heureusement, la seringue injectée magistralement ne contenait que de l’eau. Très en alerte, mais donnant le change, Justin poursuivit le scénario établi avec son épouse. Depuis la chambre voisine, celle-ci allait pouvoir tout surveiller et enregistrer.
Dès la porte refermée sur l’uniforme empesé de Parrish, Audrey débuta un striptease en bonne et due forme.
Fais pas ça Audrey ! C’est pas bien…
Rien n’est trop bon pour toi, mon amour !
Et de s’installer, poitrine dénudée, à califourchon sur le soi-disant mourant avec des gestes si éloquents que Justin paniqua. Tiens, la piqûre devait contenir autre chose, il ne ressentait strictement rien.
*Ouff !!*… je suis marié, Audrey, arrête ça !
Ta femme est une idiote, ravissante mais idiote. Tu aurais dû te fier à moi…
Au point où j’en suis, je me fie à tout le monde ! Mais je ne veux pas ravaler mon acte de naissance en lui léguant…
Ta fortune ? Si tu veux, j’ai la solution…
Sans cesser ses massages plus que suggestifs, la rouquine saisit une liasse de papiers de son sac posé à côté.
Tu as toujours adoré les gosses, pas vrai, mon chéri ? En signant ça, tu vas faire des centaines d’heureux et ta stupide blonde n’aura pas un centime. Vas-y, signe !
Elle n’aura rien, t’es sûre ?
Rien de rien !
Excuse-moi, je lis mal sans lunettes maintenant…
Tu n’as pas à lire, juste à signer ! Tu n’as pas confiance ?
D’abord vexée, quittant sa position et se rhabillant, elle se ravisa :
Tu n’as vraiment pas envie d’un peu de piment ?? Signe, et je serai tout à toi…
Il ne put éviter le baiser dévorant qu’elle lui octroya pas plus que la nausée insurmontable qui lui secoua les tripes juste après. Nez plissé de dégoût, Audrey ne lui en fourra pas moins les documents sous le nez ainsi qu’un mouchoir :
Signe !!
Il parapha et apposa sa « signature » attendant la suite qui ne tarda pas. L’idiote ne vérifia même pas ses gribouillis, se rajustant complètement, un sourire mauvais aux lèvres.
Tu vas enfin dormir pour de bon, crapule !
Hein, mais Audrey…
Une seringue apparut, elle en tapota le contenu avant de viser une perfusion qu’elle sauça sans remords :
On accusera ta nurse d’une mauvaise manipulation, mais tu crèveras. Dis-moi merci, je t’épargne bien des souffrances vu ton état.
Pour… Pourquoi tout ça ? Audrey, je t’ai aimée, dis-moi la vérité…
POURQUOI ?? Ton père a renié ma mère, tu m’as reniée aussi ! Ça te suffit ?
Tu es très belle mais j’attendais autre chose ; je m’en veux…
Ben tu en parleras aux anges. Maman a acheté ce cocktail spécial. Qu’est-ce que tu es con, mon Justin ! Elle et moi on est de mèche depuis des mois, voire des années. On avait espéré vendre ta Sam dans un réseau de prostitution après t’avoir fait libérer tous tes avoirs à notre profit. Fallait que t’en cache, petit malin ! Maintenant, TOUT est à nous !
Co… Comment t’as pu me faire ça ?
La vengeance se déguste froide ! Crève en douceur, cher cœur ! On se chargera de ta Sam plus tard Mais je crains qu’elle ne t’ait déjà oublié !
Sam, telle Némésis en fureur apparut alors. Le supposé moribond se redressa sur sa couche :
Encore raté, très chère. NOUS, cette fois, on ne vous loupera pas !!
Emballé, pesé ! Les colis furent livrés à la justice. La procédure prendrait son temps mais tous les espoirs étaient permis.
Hein, c’était quoi ce délire. ? Sam, le sourire vengeur aux lèvres prépara une seringue. AÏEEEE !!!
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