D'amour et autres misères
2 participants
Page 1 sur 1
D'amour et autres misères
Celui qui avait osé dire que la vie est un long fleuve tranquille n’en savait rien, de la vie. De la vraie. De celle de tous les jours.
*Pas de la mienne, en tout cas !* …Matthew fiche la paix à ton frère...Nick ne te laisse pas faire !...Mrs. Pearson pourriez-vous faire un peu plus attention !... J’essaye de finir cette liste…Larabee, j’ai dit de le tailler, ce buisson, pas de le couper !...Tourner la sauce, pas en foutre partout !...Poisson frais, vous savez ce que ça veut dire !?...Ah non, encore une garde double !?...Euh, non, c’était juste notre annif de mariage, avant-hier !...
Et ainsi de suite. Il y avait tant de choses qui n’entraient plus en cause, plein d’autres qui s’étaient ajoutées à la déjà longue liste de charges. Vrai repos, loisirs, vacances ? Opal n’était même plus sûre de savoir comment cela s’écrivait.
Encore une journée de fous. Opal ferma le livre de comptes, se pinça l’arête du nez en faisant une profonde inspiration pour ensuite lâcher doucement l’air, dans l’espoir, assez vain il faut le dire, pour se décrisper. Le restaurant marchait plein régime six jours sur sept avec des résultats plus que satisfaisants mais demandait une présence constante, surtout parce qu’elle était le genre de patron qui avait du mal à déléguer, partant de la simple idée que si on demandait des autres de s’exécuter à la perfection, il fallait d’abord donner l’exemple.
*Sauf que là, ma fille, ou tu t’y mets ou tu finis par péter un câble !*
Parce qu’en plus il fallait tenir sa maison comme il faut, gérer l’hyperactivité des jumeaux et s’adapter au régime de vie dément de son mari. Et ça, quand il ne fallait pas affronter quelque catastrophe inattendue. Et là, le compte était long…
*On n’en finit jamais…*
Depuis un certain temps, elle avait envie de faire comme les Von Falkenberg et aller chercher son bonheur sous d’autres cieux. Faudrait encore pour cela convaincre Erik, et ça, c’était décidément une autre paire de manches.
*Ouais…encore faudrait le piéger entre une et une autre garde à la Clinique, plus les urgences qui ne ratent jamais !*
Opal admirait l’abnégation et ténacité de son chéri, ce qui ne voulait pas dire qu’elle ne commençait pas à en avoir un peu ras le bol de tant d’absence et caressait l’idée de lui en toucher deux mots bien sentis dès que l’opportunité se présenterait.
*Si on continue comme ça…pas demain la veille !*
Depuis que Justin avait fait son infarctus, elle craignait de voir Erik suivre le même chemin mais n’avait pas encore le moyen de le lui faire comprendre. Pour leur bonheur, hélas de courte durée, il eut cette petite chasse au vampire, très divertissante, qui servit d’interlude mais une fois de retour, son mari avait repris son exténuante routine.
Le Dr. Nielsen ne semblait pas prêt à mettre frein à son activité démesurée, au détriment de sa vie de famille. Opal ne doutait pas qu’il chérissait énormément ses enfants, qu’il voyait hélas rarement, ou qu’il l’aimait, elle, comme au premier jour, sauf que le lui entendre dire devenait denrée de plus en plus rare.
Plaquant ses comptes, elle quitta son bureau, donna les directives pour la soirée et à l’étonnement de tous vida les lieux avant le début du service. Avant de rentrer à la maison, elle fit un détour à la Clinique mais la secrétaire d’Erik lui communiqua, avec un petit sourire entendu, que son chéri se trouvait à l’heure en train d’opérer et que c’était un cas difficile.
*Comme quoi…ne rentrera pas de sitôt !*
Résignée ? Pas Opal. En fait, elle était de très mauvaise humeur. Avant au moins son mari avait la délicatesse de lui envoyer un mot, de lui passer un coup de fil…Comme prévu, à peine passé le pas de la porte, les échos, très sonores, d’une prise de bec entre frères lui parvint, entrecoupée des menaces puis des suppliques de la pauvre nanny Rayburn dépassée, comme toujours, par la turbulence des jumeaux. Mrs. Pearson, l’intendante ne tarda rien à faire son apparition, la mine pincée, prête à décharger sur elle toutes ses plaintes, qu’elle écouta d’une oreille en pensant à des temps meilleurs.
Papa fut aux abonnés absents trois jours de suite, à croire que les urgences se bousculaient au portillon et qu’il était le seul médecin capable de tout traiter, comme quoi le Dr. Asimov, directeur adjoint et les autres spécialistes se prenaient du bon temps à se tourner les pouces ou passaient le clair de leur temps à choyer leurs familles.
Bien entendu quand le cher homme rentra, il était trop claqué pour écouter quoique ce soit et elle n’avait, décidément pas envie de parler.
Avant le petit déjeuner, il était reparti. En tout et pour tout, ils n’avaient échangé qu’un baiser, assez distrait, et trois mots : bonsoir et bonne nuit. L’amour est fort, l’amour tient tout…mais on sait tous, que ce n’est pas tout à fait vrai !
Opal était à peu près consciente de s’envenimer toute seule, rajoutant, sans aide, de l’huile au feu à force de tourner l’idée dans sa tête, sans peut-être, au lieu de ruminer, aller chercher son mari où qu’il soit et lui larguer sa longue liste de griefs, qui soit dit en passant se résumait à un seul…enfin, peut-être deux : absence et obstination. Parce qu’en fin de comptes, Erik était sans doute le meilleur des hommes, avec l’âme d’un missionnaire et la bonté d’un saint. Il était bon père et mari aimant, fallait encore le voir suffisamment longtemps pour faire réserve d’amour pour les jours maigres or, ça manquait cruellement.
Sans trop de joie, elle décora la maison pour Noel, acheta des beaux cadeaux pour tout le monde. Un spécial pour son chéri, avec l’espoir qu’il recevrait 5/5 le message voulu : une magnifique montre en or, qui émettait un petit bip discret à l’heure où il était censé de se trouver chez lui.
*Le connaissant, il la fourre dans la poche de sa veste, laisse celle-ci au bureau et c’est foutu pour le bip discret !*
Ce qui fut plutôt fichu, ce fut Noël en soi. Quand elle s’y attendait le moins, Chéri débarqua tout émoustillé en racontant qu’ils passeraient Noël en Écosse.
Chez ton frère ? Génial, ça…Ah bon ? Pas chez Michael et Alix…Tiens, sa mère se marie…et on a quoi à faire là ?...Je la connais pas, cette dame ni toi non plus, d’autant que je sache…Bon sang, Erik…on n’a rien à cirer là…Non, mon amour, sais pas si tu t’en souviens mais tu es le fils illégitime de son mari…Euh, moi, à sa place, j’aurais pas envie de me trouver face à l’évidence vivante d’un si cruel affront…Ah !...parce que ton frangin assure que c’est tout bon, on te dit d’y aller et toi tu cours…*Ça ne va rien donner de bon…elle va lui donner du poison !*
Depuis qu’elle connaissait Michael De Brent, elle ne l’avait jamais entendu parler de sa mère, tant et si bien qu’elle la supposait aussi morte que le reste de la famille. Cette subite réapparition avait de quoi la faire se poser des questions, mais bien entendu, se garda très bien d’interroger son beau-frère. Le seul susceptible de l’informer était Justin mais en y pensant bien, Opal finit par décider que ce serait faire preuve de trop d’indiscrétion.
*Faudra se laisser surprendre !*
Et il faut dire que comme première impression on y croyait presque à ce désir de pardon et oubli. Madame aurait fait table rase de son passé, rejeté les vieux torts et ouvrait ses bras à ce bâtard, si semblable à son propre fils, qui ne pouvait que, à moins d’être une sainte, lui remuer le couteau dans la plaie.
La dame imposait. Belle, majestueuse, distinguée jusqu’au bout des ongles, rodée à l’art de la diplomatie de haut niveau, le tout enveloppé dans un aura de charme assez irrésistible mais Opal, qui en avait vu de toutes les couleurs, ne fut pas dupe de son regard scrutateur qui semblait vouloir percer tous les secrets de son âme.
Ainsi, ma très chère enfant, vous êtes l’épouse de ce cher Erik ! Il m’a dit que vous étiez australienne et que vous aviez un restaurant !
En effet, milady, je suis Opal McLane de Kelamera, Nouvelle Galles du Sud…*Une sauvageonne de l’Outback !* et oui, mon restaurant au Chemin de Traverse « Chez McLane » a réputation d’être un des meilleurs de Londres, enfin, c’est l’avis des sorciers qui le fréquentent !
Sa tenue fut jaugée, mine de rien, et Merlin soit loué, jugée convenable pour une si noble occasion, Madame voulut par la suite connaître les jumeaux et sans départir de son sourire de grand-mère comblée, assura qu’ils avaient une ressemblance certaine avec les enfants de son fils chéri.
Je suppose, dit Opal d’un ton un rien guindé, que cela se doit au fait qu’ils sont cousins germains, vous ne croyez pas ? *Franchement, Erik se trouve le temps pour venir faire plaisir à cette peau de vache, pour ça, pas de garde ni d’urgence…faut qu’il révise ses critères, mon mari !*
Elle ne s’étonna presque pas de croiser ses grands-parents à la réception, après tout Lord Abernathie, qui la battit de froid, était ami de Lord Cavendish. Sa grand-mère par contre voulut à tout prix connaître ses arrière-petits-enfants qu’elle trouva adorables manifestant le désir de les revoir de temps en temps.
*Génial…je les lâche chez toi, grand-mère, une demi-journée et tu ne me parles plus jamais de ta vie !*
Croiser Alix lui fit plaisir, finalement elles s’entendaient bien même si pas trop d’affinités. Comme on pouvait le prévoir, la conversation tourna sur le thème du jour : Lady Cavendish.
J’avoue que ça m’a surprise, cette réapparition si…inattendue. Qu’est-ce que tu en penses ?
Aylinna ? Je la crois… pour le moment…, dit Alix, avec un petit sourire entendu.
Oui, pour le moment…moi, je n’aime pas trop toute cette politesse forcée…enfin, tu me comprends…et puis j’ai l’impression que tu es un peu de mon avis aussi…
Sais pas, une sensation bizarre quand elle a vu Erik. Un petit conseil : méfiez-vous !
Pas besoin de me le dire…d’une main je te caresse, de l’autre je te poignarde…mais enfin, profitons que le sang ne coule pas encore et amusons-nous tant que ça dure…mais avant je vais mettre mes enfants aux fers…sans ça, ils nous rendront tous fous !
Les deux chenapans, supposés endormis, avaient échappé à la pauvre surveillance de Miss Rayburn et s’en donnaient à cœur joie en faisant en faisant n’importe quoi. D’Erik, le cher homme, pas de trace.
*Conférence téléphonique avec la clinique, le plus sûr…sait pas lâcher, celui-là !*
Elle finit par le trouver, comme prévu, dans la bibliothèque scotché au téléphone, en la voyant arborer une mine pas trop amicale, il se dépêcha de terminer sa conversation.
Veux pas m’imaginer ce qui se passerait si par un malheureux hasard tu venais à disparaître, mon chéri, dit-elle, plus poison que voulu, il n’y a pas d’autres toubibs à la Clinique ? Asimov est un bon à rien ?...Il n’y a que toi pour s’occuper de tout ?...Tu faisais quoi, là ? Une opération à distance ?...Oui, figure-toi, ça me tape sur le système…On est là soi-disant pour s’amuser un peu…mais on dirait que tu as oublié à quoi ça ressemble… Non, veux pas savoir…m’en fous…je veux danser, rire, être avec toi, elle fit un effort pour se ressaisir mais sa voix se brisa piteusement, tu me manques, Erik…tu me manques tellement…et tu es…si loin !, cela dit, elle fit demi-tour et sortit en claquant impoliment la porte. *C’est ça, ma vieille, fais une scène et va pleurer dans un coin…super, ce que ça arrange tout !*
En fait, ça arrangea un peu les choses, pour ce soir-là. Erik, en plein repentir sincère, alla la chercher, sécha ses larmes et l’entraîna danser. Ils furent, tout de même des tous premiers à partir, conscients de ne pas être exactement les invités favoris de la nouvelle Lady Cavendish de laquelle ils prirent poliment congé, avec le tacite et très réciproque souhait, de ne pas se revoir dans un futur proche ou lointain.
Les enfants au lit, délicieuse paix. Pendant quelques courtes, trop courtes, heures Opal se sentit rassurée, heureuse. Erik, adorable comme seul lui pouvait l’être, lui fit oublier mauvais moments, fatigue ou agacement. À la magie de ces instants uniques, l’insouciance de jadis revenait, et avec les rires partagés, cette complicité merveilleuse…
Mais au petit matin, la magie avait disparu et Erik avec. Il ne l’avait pas réveillée, même sachant qu’elle aimait qu’il le fasse. Elle chercha un petit mot, attendit un coup de fil…en vain. La matinée s’écoula. Le restaurant était fermé mais les jumeaux l’occupèrent assez comme pour oublier un peu l’amertume grandissante.
Elle appela la Clinique. Le Dr. Nielsen s’occupait d’un cas très grave. Deux heures plus tard, la même réponse. Sa troisième tentative tomba sur une infirmière acariâtre qui l’envoya balader, sans plus, même après qu’elle se soit identifiée. Furieuse, Opal mit son manteau et trasplana sur les lieux, avec un succès d’un nul accablant. Son mari était trop occupé, il était interdit de le déranger, on lui donnerait son message.
Elle attendit toute la nuit. Rien. Au petit matin, sa décision était prise. À peine les jumeaux éveillés, elle les habilla, réduisit les bagages bouclés une heure auparavant, les embarqua dans sa voiture, sangla les mioches à leurs sièges. Miss Rayburn qui l’avait suivie dans ses démarches fiévreuses fut chargée d’un succinct message :
Vous pouvez dire au Docteur qu’il a quartier libre !
La pauvre femme resta comme deux ronds de flan quand la voiture, transformée en Portoloin disparut dans l’air clair de ce matin de Décembre.
Belle journée d’été à Kelamera. Soleil et ciel d’un bleu si pur que cela faisait presque mal aux yeux. À l’arrière les jumeaux piaillèrent, ravis en découvrant ce paysage si différent au jardin enneigé quitté un instant auparavant. Opal avait choisi d’apparaître à quelques kilomètres de la maison. La route était déserte, après avoir inspiré profondément et expiré doucement, elle se sentit d’aplomb pour démarrer et conduire posément jusqu’à la grande maison de son enfance.
*Pas pleurer…tu ne vas pas pleurer…sois forte…TU NE DOIS PAS PLEURER !*
Ce fut son frère Jarrod qui l’aperçut en premier et comme il se doit dans ses cas, donna l’alerte à cor et cri. Elle n’était pas descendue de la voiture que toute la famille sortait de partout en se bousculant presque. Matt extirpa ses neveux de leurs sièges alors que sa sœur demeurait clouée à sa place, accrochée au volant, en tremblant comme une feuille. Maman ouvrit la portière.
Viens, ma puce…viens, tu es à la maison !
Papa dut l’aider à sortir de la voiture, pour alors, Opal pleurait toutes les larmes de son corps, sans pouvoir piper le moindre mot.
Personne n’eut besoin d’explications. La scène suffisait largement…
*Pas de la mienne, en tout cas !* …Matthew fiche la paix à ton frère...Nick ne te laisse pas faire !...Mrs. Pearson pourriez-vous faire un peu plus attention !... J’essaye de finir cette liste…Larabee, j’ai dit de le tailler, ce buisson, pas de le couper !...Tourner la sauce, pas en foutre partout !...Poisson frais, vous savez ce que ça veut dire !?...Ah non, encore une garde double !?...Euh, non, c’était juste notre annif de mariage, avant-hier !...
Et ainsi de suite. Il y avait tant de choses qui n’entraient plus en cause, plein d’autres qui s’étaient ajoutées à la déjà longue liste de charges. Vrai repos, loisirs, vacances ? Opal n’était même plus sûre de savoir comment cela s’écrivait.
Encore une journée de fous. Opal ferma le livre de comptes, se pinça l’arête du nez en faisant une profonde inspiration pour ensuite lâcher doucement l’air, dans l’espoir, assez vain il faut le dire, pour se décrisper. Le restaurant marchait plein régime six jours sur sept avec des résultats plus que satisfaisants mais demandait une présence constante, surtout parce qu’elle était le genre de patron qui avait du mal à déléguer, partant de la simple idée que si on demandait des autres de s’exécuter à la perfection, il fallait d’abord donner l’exemple.
*Sauf que là, ma fille, ou tu t’y mets ou tu finis par péter un câble !*
Parce qu’en plus il fallait tenir sa maison comme il faut, gérer l’hyperactivité des jumeaux et s’adapter au régime de vie dément de son mari. Et ça, quand il ne fallait pas affronter quelque catastrophe inattendue. Et là, le compte était long…
*On n’en finit jamais…*
Depuis un certain temps, elle avait envie de faire comme les Von Falkenberg et aller chercher son bonheur sous d’autres cieux. Faudrait encore pour cela convaincre Erik, et ça, c’était décidément une autre paire de manches.
*Ouais…encore faudrait le piéger entre une et une autre garde à la Clinique, plus les urgences qui ne ratent jamais !*
Opal admirait l’abnégation et ténacité de son chéri, ce qui ne voulait pas dire qu’elle ne commençait pas à en avoir un peu ras le bol de tant d’absence et caressait l’idée de lui en toucher deux mots bien sentis dès que l’opportunité se présenterait.
*Si on continue comme ça…pas demain la veille !*
Depuis que Justin avait fait son infarctus, elle craignait de voir Erik suivre le même chemin mais n’avait pas encore le moyen de le lui faire comprendre. Pour leur bonheur, hélas de courte durée, il eut cette petite chasse au vampire, très divertissante, qui servit d’interlude mais une fois de retour, son mari avait repris son exténuante routine.
Le Dr. Nielsen ne semblait pas prêt à mettre frein à son activité démesurée, au détriment de sa vie de famille. Opal ne doutait pas qu’il chérissait énormément ses enfants, qu’il voyait hélas rarement, ou qu’il l’aimait, elle, comme au premier jour, sauf que le lui entendre dire devenait denrée de plus en plus rare.
Plaquant ses comptes, elle quitta son bureau, donna les directives pour la soirée et à l’étonnement de tous vida les lieux avant le début du service. Avant de rentrer à la maison, elle fit un détour à la Clinique mais la secrétaire d’Erik lui communiqua, avec un petit sourire entendu, que son chéri se trouvait à l’heure en train d’opérer et que c’était un cas difficile.
*Comme quoi…ne rentrera pas de sitôt !*
Résignée ? Pas Opal. En fait, elle était de très mauvaise humeur. Avant au moins son mari avait la délicatesse de lui envoyer un mot, de lui passer un coup de fil…Comme prévu, à peine passé le pas de la porte, les échos, très sonores, d’une prise de bec entre frères lui parvint, entrecoupée des menaces puis des suppliques de la pauvre nanny Rayburn dépassée, comme toujours, par la turbulence des jumeaux. Mrs. Pearson, l’intendante ne tarda rien à faire son apparition, la mine pincée, prête à décharger sur elle toutes ses plaintes, qu’elle écouta d’une oreille en pensant à des temps meilleurs.
Papa fut aux abonnés absents trois jours de suite, à croire que les urgences se bousculaient au portillon et qu’il était le seul médecin capable de tout traiter, comme quoi le Dr. Asimov, directeur adjoint et les autres spécialistes se prenaient du bon temps à se tourner les pouces ou passaient le clair de leur temps à choyer leurs familles.
Bien entendu quand le cher homme rentra, il était trop claqué pour écouter quoique ce soit et elle n’avait, décidément pas envie de parler.
Avant le petit déjeuner, il était reparti. En tout et pour tout, ils n’avaient échangé qu’un baiser, assez distrait, et trois mots : bonsoir et bonne nuit. L’amour est fort, l’amour tient tout…mais on sait tous, que ce n’est pas tout à fait vrai !
Opal était à peu près consciente de s’envenimer toute seule, rajoutant, sans aide, de l’huile au feu à force de tourner l’idée dans sa tête, sans peut-être, au lieu de ruminer, aller chercher son mari où qu’il soit et lui larguer sa longue liste de griefs, qui soit dit en passant se résumait à un seul…enfin, peut-être deux : absence et obstination. Parce qu’en fin de comptes, Erik était sans doute le meilleur des hommes, avec l’âme d’un missionnaire et la bonté d’un saint. Il était bon père et mari aimant, fallait encore le voir suffisamment longtemps pour faire réserve d’amour pour les jours maigres or, ça manquait cruellement.
Sans trop de joie, elle décora la maison pour Noel, acheta des beaux cadeaux pour tout le monde. Un spécial pour son chéri, avec l’espoir qu’il recevrait 5/5 le message voulu : une magnifique montre en or, qui émettait un petit bip discret à l’heure où il était censé de se trouver chez lui.
*Le connaissant, il la fourre dans la poche de sa veste, laisse celle-ci au bureau et c’est foutu pour le bip discret !*
Ce qui fut plutôt fichu, ce fut Noël en soi. Quand elle s’y attendait le moins, Chéri débarqua tout émoustillé en racontant qu’ils passeraient Noël en Écosse.
Chez ton frère ? Génial, ça…Ah bon ? Pas chez Michael et Alix…Tiens, sa mère se marie…et on a quoi à faire là ?...Je la connais pas, cette dame ni toi non plus, d’autant que je sache…Bon sang, Erik…on n’a rien à cirer là…Non, mon amour, sais pas si tu t’en souviens mais tu es le fils illégitime de son mari…Euh, moi, à sa place, j’aurais pas envie de me trouver face à l’évidence vivante d’un si cruel affront…Ah !...parce que ton frangin assure que c’est tout bon, on te dit d’y aller et toi tu cours…*Ça ne va rien donner de bon…elle va lui donner du poison !*
Depuis qu’elle connaissait Michael De Brent, elle ne l’avait jamais entendu parler de sa mère, tant et si bien qu’elle la supposait aussi morte que le reste de la famille. Cette subite réapparition avait de quoi la faire se poser des questions, mais bien entendu, se garda très bien d’interroger son beau-frère. Le seul susceptible de l’informer était Justin mais en y pensant bien, Opal finit par décider que ce serait faire preuve de trop d’indiscrétion.
*Faudra se laisser surprendre !*
Et il faut dire que comme première impression on y croyait presque à ce désir de pardon et oubli. Madame aurait fait table rase de son passé, rejeté les vieux torts et ouvrait ses bras à ce bâtard, si semblable à son propre fils, qui ne pouvait que, à moins d’être une sainte, lui remuer le couteau dans la plaie.
La dame imposait. Belle, majestueuse, distinguée jusqu’au bout des ongles, rodée à l’art de la diplomatie de haut niveau, le tout enveloppé dans un aura de charme assez irrésistible mais Opal, qui en avait vu de toutes les couleurs, ne fut pas dupe de son regard scrutateur qui semblait vouloir percer tous les secrets de son âme.
Ainsi, ma très chère enfant, vous êtes l’épouse de ce cher Erik ! Il m’a dit que vous étiez australienne et que vous aviez un restaurant !
En effet, milady, je suis Opal McLane de Kelamera, Nouvelle Galles du Sud…*Une sauvageonne de l’Outback !* et oui, mon restaurant au Chemin de Traverse « Chez McLane » a réputation d’être un des meilleurs de Londres, enfin, c’est l’avis des sorciers qui le fréquentent !
Sa tenue fut jaugée, mine de rien, et Merlin soit loué, jugée convenable pour une si noble occasion, Madame voulut par la suite connaître les jumeaux et sans départir de son sourire de grand-mère comblée, assura qu’ils avaient une ressemblance certaine avec les enfants de son fils chéri.
Je suppose, dit Opal d’un ton un rien guindé, que cela se doit au fait qu’ils sont cousins germains, vous ne croyez pas ? *Franchement, Erik se trouve le temps pour venir faire plaisir à cette peau de vache, pour ça, pas de garde ni d’urgence…faut qu’il révise ses critères, mon mari !*
Elle ne s’étonna presque pas de croiser ses grands-parents à la réception, après tout Lord Abernathie, qui la battit de froid, était ami de Lord Cavendish. Sa grand-mère par contre voulut à tout prix connaître ses arrière-petits-enfants qu’elle trouva adorables manifestant le désir de les revoir de temps en temps.
*Génial…je les lâche chez toi, grand-mère, une demi-journée et tu ne me parles plus jamais de ta vie !*
Croiser Alix lui fit plaisir, finalement elles s’entendaient bien même si pas trop d’affinités. Comme on pouvait le prévoir, la conversation tourna sur le thème du jour : Lady Cavendish.
J’avoue que ça m’a surprise, cette réapparition si…inattendue. Qu’est-ce que tu en penses ?
Aylinna ? Je la crois… pour le moment…, dit Alix, avec un petit sourire entendu.
Oui, pour le moment…moi, je n’aime pas trop toute cette politesse forcée…enfin, tu me comprends…et puis j’ai l’impression que tu es un peu de mon avis aussi…
Sais pas, une sensation bizarre quand elle a vu Erik. Un petit conseil : méfiez-vous !
Pas besoin de me le dire…d’une main je te caresse, de l’autre je te poignarde…mais enfin, profitons que le sang ne coule pas encore et amusons-nous tant que ça dure…mais avant je vais mettre mes enfants aux fers…sans ça, ils nous rendront tous fous !
Les deux chenapans, supposés endormis, avaient échappé à la pauvre surveillance de Miss Rayburn et s’en donnaient à cœur joie en faisant en faisant n’importe quoi. D’Erik, le cher homme, pas de trace.
*Conférence téléphonique avec la clinique, le plus sûr…sait pas lâcher, celui-là !*
Elle finit par le trouver, comme prévu, dans la bibliothèque scotché au téléphone, en la voyant arborer une mine pas trop amicale, il se dépêcha de terminer sa conversation.
Veux pas m’imaginer ce qui se passerait si par un malheureux hasard tu venais à disparaître, mon chéri, dit-elle, plus poison que voulu, il n’y a pas d’autres toubibs à la Clinique ? Asimov est un bon à rien ?...Il n’y a que toi pour s’occuper de tout ?...Tu faisais quoi, là ? Une opération à distance ?...Oui, figure-toi, ça me tape sur le système…On est là soi-disant pour s’amuser un peu…mais on dirait que tu as oublié à quoi ça ressemble… Non, veux pas savoir…m’en fous…je veux danser, rire, être avec toi, elle fit un effort pour se ressaisir mais sa voix se brisa piteusement, tu me manques, Erik…tu me manques tellement…et tu es…si loin !, cela dit, elle fit demi-tour et sortit en claquant impoliment la porte. *C’est ça, ma vieille, fais une scène et va pleurer dans un coin…super, ce que ça arrange tout !*
En fait, ça arrangea un peu les choses, pour ce soir-là. Erik, en plein repentir sincère, alla la chercher, sécha ses larmes et l’entraîna danser. Ils furent, tout de même des tous premiers à partir, conscients de ne pas être exactement les invités favoris de la nouvelle Lady Cavendish de laquelle ils prirent poliment congé, avec le tacite et très réciproque souhait, de ne pas se revoir dans un futur proche ou lointain.
Les enfants au lit, délicieuse paix. Pendant quelques courtes, trop courtes, heures Opal se sentit rassurée, heureuse. Erik, adorable comme seul lui pouvait l’être, lui fit oublier mauvais moments, fatigue ou agacement. À la magie de ces instants uniques, l’insouciance de jadis revenait, et avec les rires partagés, cette complicité merveilleuse…
Mais au petit matin, la magie avait disparu et Erik avec. Il ne l’avait pas réveillée, même sachant qu’elle aimait qu’il le fasse. Elle chercha un petit mot, attendit un coup de fil…en vain. La matinée s’écoula. Le restaurant était fermé mais les jumeaux l’occupèrent assez comme pour oublier un peu l’amertume grandissante.
Elle appela la Clinique. Le Dr. Nielsen s’occupait d’un cas très grave. Deux heures plus tard, la même réponse. Sa troisième tentative tomba sur une infirmière acariâtre qui l’envoya balader, sans plus, même après qu’elle se soit identifiée. Furieuse, Opal mit son manteau et trasplana sur les lieux, avec un succès d’un nul accablant. Son mari était trop occupé, il était interdit de le déranger, on lui donnerait son message.
Elle attendit toute la nuit. Rien. Au petit matin, sa décision était prise. À peine les jumeaux éveillés, elle les habilla, réduisit les bagages bouclés une heure auparavant, les embarqua dans sa voiture, sangla les mioches à leurs sièges. Miss Rayburn qui l’avait suivie dans ses démarches fiévreuses fut chargée d’un succinct message :
Vous pouvez dire au Docteur qu’il a quartier libre !
La pauvre femme resta comme deux ronds de flan quand la voiture, transformée en Portoloin disparut dans l’air clair de ce matin de Décembre.
Belle journée d’été à Kelamera. Soleil et ciel d’un bleu si pur que cela faisait presque mal aux yeux. À l’arrière les jumeaux piaillèrent, ravis en découvrant ce paysage si différent au jardin enneigé quitté un instant auparavant. Opal avait choisi d’apparaître à quelques kilomètres de la maison. La route était déserte, après avoir inspiré profondément et expiré doucement, elle se sentit d’aplomb pour démarrer et conduire posément jusqu’à la grande maison de son enfance.
*Pas pleurer…tu ne vas pas pleurer…sois forte…TU NE DOIS PAS PLEURER !*
Ce fut son frère Jarrod qui l’aperçut en premier et comme il se doit dans ses cas, donna l’alerte à cor et cri. Elle n’était pas descendue de la voiture que toute la famille sortait de partout en se bousculant presque. Matt extirpa ses neveux de leurs sièges alors que sa sœur demeurait clouée à sa place, accrochée au volant, en tremblant comme une feuille. Maman ouvrit la portière.
Viens, ma puce…viens, tu es à la maison !
Papa dut l’aider à sortir de la voiture, pour alors, Opal pleurait toutes les larmes de son corps, sans pouvoir piper le moindre mot.
Personne n’eut besoin d’explications. La scène suffisait largement…
Opal McLane- Messages : 39
Date d'inscription : 09/09/2013
Re: D'amour et autres misères
Qu’en pouvait-il s’il plaisait aux patients, si ceux-ci le voulaient lui et aucun autre toubib ? Débordé, oui Erik l’était. Aussi, lorsqu’une chasse aux vampires s’organisa, il renâcla beaucoup à y participer même en se sachant quasi indispensable à cette quête. Ce n’est pas Sam, Justin ou – surtout- son Opaline qui allaient pomper cette race à part… En cas de morsure, valait mieux être paré car on disposait de très, très peu de temps, pour agir, empêcher le sujet d’être infecté. Se prémunir ? Il n’existait aucun vaccin efficace destiné à prévenir l’infection. Faudrait faire avec et être très vigilent. Dans l’ensemble, cela se passa bien. Finalement, le comte Dracul était très… civilisé. Pas repenti, mais… courtois. Bal mémorable ! La cavalière dont Nielsen hérita se montra très accorte mais Erik resta sur ses gardes. Il ne put se montrer que soulagé lorsqu’il put enfin piquer ses « patients » spéciaux.
Une fois la manne rapportée, il se plongea dessus avec son entrain habituel sans se rendre compte que chez lui, l’humeur d’Opal se dégradait. Comment aurait-il pu ? Il n’était que si rarement présent. Cela déplaisait à Erik de voir son métier lui bouffer sa vie de famille. Ce n’était pas ainsi qu’il avait prévu les choses, pas du tout même ! Mais qui aurait pu prévoir que des jumeaux mettraient une telle pagaille ? Pour le repos at home, on repasserait. Alors, oui, parfois il déserta le cocon juste pour écraser une paire d’heures dans son bureau, en toute paix.
*Comment Michael fait-il ?*
Bon, son frère n’avait pas un boulot à temps plein, ceci expliquait sans doute cela. Il possédait deux elfes, lui ! Les Nielsen, eux, n’avaient qu’une nounou souvent dépassée…
*Faudra remédier à ça…*
L’invitation au mariage de Lord Cavendish le sidéra. L’épousée n’était-elle pas, justement, la mère de Michael ? Les opinions d’Opal rejoignaient les siennes :
…Euh, moi, à sa place, j’aurais pas envie de me trouver face à l’évidence vivante d’un si cruel affront…
Pas à dire, cette femme doit être masochiste ! Cependant, Michael assure que sa mère veut passer l’éponge sur le passé…
Ah !...parce que ton frangin assure que c’est tout bon, on te dit d’y aller et toi tu cours…
Je ne cours pas ! Je tends une main… puis, ça nous changera, non ?
Il était sincèrement plein de bonnes intentions à ces noces malgré qu’il perçoive nettement une hostilité croissante à son encontre.
*Une veine qu’elle ne soit pas Méduse, je serais mort…*
C’était prévisible. Lady Cavendish ne le gobait pas, lui qui ressemblait tant à son enfant chéri… Peu lui importait, du moment qu’Opaline s’amuse ce soir. Le buffet démarrait à peine que son biper sonna. Un domestique le renseigna sur l’endroit d’où il pourrait téléphoner. Il n’était pas content, en répondant à cet appel :
Nielsen, j’écoute... comment ça personnel réduit ?... Figurez-vous que je le sais que c’est Noël aussi ici, et je ne suis pas de garde !
On le sait, Docteur, répondit Asimov, mais la défection du Dr. Von Falkenberg nous plonge dans l’embarras. Si vous ne pouvez venir, dites-moi au moins ce que vous pensez de ce cas…
Et de lui exposer, en long, large et détails, la difficulté rencontrée avec un très jeune enfant.
Les tripes d’Erik remuèrent beaucoup. Il fut tiraillé de part et d’autre. Mais, pour une fois, il osa dire :
NON !
Il raccrocha, furieux mais tenta de sourire à celle qui venait d’entrer dans son dos avec le genre de petit sourire à elle, celui qu’il n’appréciait pas :
Veux pas m’imaginer ce qui se passerait si par un malheureux hasard tu venais à disparaître, mon chéri, il n’y a pas d’autres toubibs à la Clinique ? Asimov est un bon à rien ?...
*Il me prend pour la bonne à tout faire, oui !* C’était un cas difficile, mon Opaline… On dirait que tu es fâchée…
Oui, figure-toi, ça me tape sur le système…On est là soi-disant pour s’amuser un peu…mais on dirait que tu as oublié à quoi ça ressemble…
Je peux t’expliquer, et…
Il resta comme deux ronds de flan quand après une dernière tirade bien sentie, elle tourna les talons en claquant la porte derrière elle.
Un verre, il avait besoin d’un verre lui qui buvait si peu. Tenir tête à Asimov était une chose, à Opal une autre.
Elle avait raison sur tout. Il la négligeait beaucoup trop. Une idée lui vint. Demain, au pied du sapin, en sus de la fourrure acquise, Opaline trouverait…
Une mini virée plus tard, il fut de retour, très satisfait de ses démarches, et entreprit de rattraper le temps perdu.
Là, là, ma douce. Sèche ces vilaines larmes qui te gâchent le teint. Je suis un crétin mais vais m’améliorer. On danse ?
Danser, rire, boire et manger, que demander de plus lorsque l’on partage tout cela avec l’être adoré ? Tendre et attentionné, plus que jamais, alors qu’il commençait à valser avec Morphée, Erik ne s’attendait pas à être surpris par un patronus de Tricératops, celui d’Asimov.
*… Michael ? Oh, non !*
Opération d’urgence. Erik oublia tout tant il était concentré à tout superviser, ne rien rater. Le trou de l’estomac avait déjà fait des dégâts. On répara l’ensemble pendant un temps fou, avec des méthodes mixtes afin de garantir le résultat. Ensuite, son infernale routine le submergea.
L’état de Michael évolua très favorablement. Toutes les heures, Erik passa s’en assurer, trouvant invariablement Alix au chevet de son mari. La fois suivante, elle n’y fut pas. Après tout, elle aussi avec des jumeaux…
Miss Jones, euh… on est quand ?
L’interpelée tiqua :
Nous sommes le 28 décembre, Docteur.
Miséricorde ! Le temps avait filé.
Ma femme a été prévenue, n’est-ce pas ?
Vous aviez stipulé ne pas vouloir être dérangé Docteur. Elle a téléphoné, on a suivi vos instructions.
Ça ne s’appliquait qu’à la nuit de l’intervention sur mon frère, gourde !
Bon, il fallait renter dare dare. Michael régulièrement visité par sa mère, il crut pouvoir y aller, d’ailleurs il était vanné après tant de temps sans fermer un œil plus d’une heure ou deux.
Un gigantesque bouquet de fleurs à la main, il osa franchir son seuil. Le silence régnait… bizarre.
Soudain, une Miss Rayburn apparut alors qu’il avançait lentement dans le hall, prêt à recevoir un mauvais sortilège.
Ah, vous voilà… enfin ?
Écoutez, je n’y suis pour rien et…
J’en ai ma claque de cette maison de fous ! Je me tire. D’ailleurs, je ne fais qu’imiter votre pauvre femme abandonnée.
Erik battit des cils, perdu.
Oui, oui, ne la cherchez pas ici. Elle a embarqué gosses et valises en disant clairement, je répète : Vous pouvez dire au Docteur qu’il a quartier libre !
Il chancela. Des pires catastrophes jamais envisagées, celle-là le broya.
Où… ? s’étrangla-t-il, où est-elle ?
J’en sais fichtre rien et m’en fous. Je suis restée pour le ménage et m’occuper de ceux-là ! Vous auriez quand même pu prévenir ! Ils gémissaient tellement que j’ai été forcée d’ouvrir votre gros colis !
Il les avait oubliés, complètement oubliés. Si une chaise ne s’était pas avancée sous son siège, il en serait resté cul par terre. Peu après, la tête à l’envers, il signait le chèque hebdomadaire de Miss Rayburn et se retrouva dans un silence affreux.
Sa prostration ne dura pas. Il avala un scotch – ce qui, il faut le rappeler n’est jamais bon pour Erik- puis transplana direct chez Asimov.
Docteur, je viens de passer trois jours pleins ici…
Vous ne sembliez pas vous en plaindre, je crois…
VOUS ABUSEZ ! Dois-je vous rappeler nos statuts ? VOUS n’êtes pas mon chef ! Je sais très bien qu’avec le départ impromptu du dr Von Falkenberg, on a plus sur les bras. Ben pour une fois, je m’en tape. J’ai des questions familiales à régler d’urgence.
Votre frère va très bien, et…
Il ne s’agit pas de lui mais de ma famille directe. J’ai fait un bref bilan des congés en retard. Ne comptez pas sur moi avant au moins un mois.
Mais…
Estimez-vous heureux ! J’ai droit à six plein !
Il est des cas qui…
Je règle ça puis bye bye !
La journée complète y passa. Il fallait assumer les traitements en cours, s’organiser. Ensuite…
L’Australie.
Avait-il tapé dans le mille ? Opaline serait-elle seulement chez ses parents ? Il ne voyait aucun meilleur endroit où aller cuver sa rancœur envers lui.
D’entrée de jeun le clan McLane au grand complet lui barra la route.
Fous le camp, l’apostropha immédiatement Matt. Sois heureux de ne pas recevoir la trempe de ta vie.
NON ! Je ne partirai pas sans elle. Vas-y, frappe, m’en tape.
T’es culotté quand même ! Tu la fais pleurer comme une fontaine, et tu te pointes comme si rien ?
Appelle ça comme tu veux. Sais être très têtu, moi aussi.
La porte lui claqua au nez. Il s’assit sur le seuil, et attendit. Faisait atrocement chaud dehors à cette époque de l’année. Erik eut l’impression d’être un haricot en train de se dessécher au soleil. Peu lui importait. Il poireauta toute la journée, la nuit aussi. Le matin suivant, on passa par-dessus son corps ratatiné sur le seuil, indifférents.
Midi… soif, faim ? Même pas. Ça tapait dur, il ne bougea pas.
Veux voir papa, moi !
Moi aussi !
*Nick… Matthew…*
Hallucination ? Ça se chamaillait à l’intérieur. Illusion ? Des bras vigoureux le saisirent et le rentrèrent au bord de l’inconscience.
Quel idiot ! Mais quel idiot, s’énerva la mère d’Opal. Allez, avale ça, mon garçon. Ça ira mieux après.
Réhydraté de force, Erik récupéra un peu de facultés, assez pour entrevoir dans une sorte d’aura, la silhouette de Némésis.
O… Opaline…
Ses yeux le brûlaient de larmes impossibles vu sa sécheresse. Se relever ? Pas possible non plus. Alors il s’écroula et rampa jusqu’à baiser le bas de la robe de son aimée :
Pardon, Opaline. Pardon d’être si con. J’ai rien vu, rien pigé mais ne nous fait pas ça, pas ça…
Sans doute dégoutée du spectacle navrant offert par cette épave, son épouse ordonna qu’on le rassoie. Nouveau viatique.
Opal, je te jure que j’avais prévu autre chose pour Noël…. Ben non, j’ai pas pensé à un mot : je devais opérer Michael… si, lui ! Il a eu une perforation d’ulcère et… oui, il va beaucoup mieux, mieux que moi, en tout cas…
Elle semblait encore douter, le fusillant de ces regards qui transpercent l’âme.
… je... oh zut, j’ai encore oublié un truc ! Faut aller les chercher, c’est pas loin… les cadeaux, ma chérie, les cadeaux de Noël sont dans la voiture garée à 300 mètres…
Les frères s’en chargèrent tandis qu’il était toujours prostré sous un œil incendiaire.
Dès que les paquets s’entassèrent, les jumeaux apparurent, ne sachant où donner de la tête.
Erik eut un pâle sourire :
Papa Noël est un peu en retard, vous comprendrez plus tard.
Et ceux-là, c’est quoi ? grogna Jarod.
Ma chérie, je te présente Kémentari et Dimrost nos nouveaux assistants à qui nous devons déjà double salaire vu les traitements infligés ces derniers jours. J’avoue qu’ils m’étaient sorti du crâne et que sans Miss Rayburn ils seraient encore dans leur boîte sous le sapin…
Sourire en coin en retour.
*Peu mais au moins ça…*
Et de sortir un document de sa poche :
Ceci, te plaira sans doute encore plus… ( elle lut) … oui, j’ai totale liberté 1 mois plein, plus si nécessaire… Pardonne-moi, Opaline. Sans toi, je ne saurais plus vivre…
Il est des alléluias tristes, d’autres très joyeux, merveilleux.
Erik fit de son mieux pour récupérer vite de sa déshydratation, ses fatigues accumulées.
Avec une Opaline enfin plus heureuse, il put envisager divers projets quand le travail à la ferme lui laissait du répit. Au moins, les McLane n’exigèrent pas trop de lui, cette fois. À la limite, ils le rembarrèrent souvent, préférant le voir câliner la sœur et fille ainsi que les marmots. Grâce au couple d’elfes, les Nielsen eurent du temps pour eux, rien que pour eux.
L’an neuf vint très vite, trop…
Agapes multiples, rires, partages. Très bonne fin d’année, pas à dire.
Crevés, ils s’étaient endormis comme des souches après une soirée très prolongée.
Un renard argenté dans leur chambre ? Comment Justin osait-il… ?
Opaline, Opal, lève-toi. On doit retourner en Angleterre sur-le-champ… Suis très sérieux ! … Michael ? euh, sais pas, oui et non. On va tous être concernés. Habille-toi !
Se séparer des enfants fut douloureux. En quelques mots à la famille, Erik résuma :
La marque des Ténèbres est de retour. Nous devons aller voir de quoi il en retourne…
Je viens avec vous !
Merci Matt mais je préfèrerais que tu restes ici pour veiller… eux !
Soupir pesté :
Tenez-nous au courant, et bonne chance !
La voiture portoloin s’arrêta pile dans le parking de la clinique où l’on essayait de maintenir Michael au calme. Les nouvelles étaient si alarmantes ! Alix n’avait-elle pas disparu soudainement ? Muet, perturbé, Erik ne put qu’assister, impuissant, au départ de son frère dont la marque funeste au bras s’était ravivée cruellement.
Conseil de guerre immédiat ensuite. Davenport, colonel Auror à nouveau en fonction, fut net, concis.
Qu’a-t-on déjà entrepris pour localiser Alix… rien donné, évidemment…
L’ambiance dégénérait car tous donnaient leur opinion en même temps.
Erik prit sur lui :
Écoutez ! Un espion sur place c’est parfait, deux ce serait mieux, non ?
Wow, une bombe n’aurait pas eu pire effet. Opal rugit, l’apostropha vertement. Il resta calme :
JE suis le meilleur candidat. Je suis le demi, certes, mais frère quand même de Michael De Brent, le célèbre ex-Mangemorts. Nul n’ignore que j’ai failli virer ma cape, ou si ?... ben non ça n’arrivera plus jamais. J’ai été à très bonne école !
Dure lutte que d’obtenir le feu vert de sa chérie à peine reconquise. La voix de la raison parla :
On ignore tout des réelles intentions de ces gens, où est Alix, à quoi ils la destinent. Je peux être très convaincant, ma douce… Tu ne voudrais pas d’un planqué, n’est-ce pas ?
L’Allée des embrumes était agitée ce soir-là. Si des recruteurs existaient, c’est là qu’Erik les trouverait.
Il débarqua dans une salle très enfumée où relents de boissons fermentées flottaient.
Les étrangers n’ayant pas la cote, on le toisa d’entrée. Il afficha la morgue caractéristique de son frère quand ça lui chantait.
T’es qui ? l’invectiva un individu peu amène aux dents jaunes et haleine putride.
Erik Nielsen, fils par la main gauche de Démétrius De Brent.
Ça papota beaucoup avant qu’on ne l’escorte dans un transplanage lointain
Une fois la manne rapportée, il se plongea dessus avec son entrain habituel sans se rendre compte que chez lui, l’humeur d’Opal se dégradait. Comment aurait-il pu ? Il n’était que si rarement présent. Cela déplaisait à Erik de voir son métier lui bouffer sa vie de famille. Ce n’était pas ainsi qu’il avait prévu les choses, pas du tout même ! Mais qui aurait pu prévoir que des jumeaux mettraient une telle pagaille ? Pour le repos at home, on repasserait. Alors, oui, parfois il déserta le cocon juste pour écraser une paire d’heures dans son bureau, en toute paix.
*Comment Michael fait-il ?*
Bon, son frère n’avait pas un boulot à temps plein, ceci expliquait sans doute cela. Il possédait deux elfes, lui ! Les Nielsen, eux, n’avaient qu’une nounou souvent dépassée…
*Faudra remédier à ça…*
L’invitation au mariage de Lord Cavendish le sidéra. L’épousée n’était-elle pas, justement, la mère de Michael ? Les opinions d’Opal rejoignaient les siennes :
…Euh, moi, à sa place, j’aurais pas envie de me trouver face à l’évidence vivante d’un si cruel affront…
Pas à dire, cette femme doit être masochiste ! Cependant, Michael assure que sa mère veut passer l’éponge sur le passé…
Ah !...parce que ton frangin assure que c’est tout bon, on te dit d’y aller et toi tu cours…
Je ne cours pas ! Je tends une main… puis, ça nous changera, non ?
Il était sincèrement plein de bonnes intentions à ces noces malgré qu’il perçoive nettement une hostilité croissante à son encontre.
*Une veine qu’elle ne soit pas Méduse, je serais mort…*
C’était prévisible. Lady Cavendish ne le gobait pas, lui qui ressemblait tant à son enfant chéri… Peu lui importait, du moment qu’Opaline s’amuse ce soir. Le buffet démarrait à peine que son biper sonna. Un domestique le renseigna sur l’endroit d’où il pourrait téléphoner. Il n’était pas content, en répondant à cet appel :
Nielsen, j’écoute... comment ça personnel réduit ?... Figurez-vous que je le sais que c’est Noël aussi ici, et je ne suis pas de garde !
On le sait, Docteur, répondit Asimov, mais la défection du Dr. Von Falkenberg nous plonge dans l’embarras. Si vous ne pouvez venir, dites-moi au moins ce que vous pensez de ce cas…
Et de lui exposer, en long, large et détails, la difficulté rencontrée avec un très jeune enfant.
Les tripes d’Erik remuèrent beaucoup. Il fut tiraillé de part et d’autre. Mais, pour une fois, il osa dire :
NON !
Il raccrocha, furieux mais tenta de sourire à celle qui venait d’entrer dans son dos avec le genre de petit sourire à elle, celui qu’il n’appréciait pas :
Veux pas m’imaginer ce qui se passerait si par un malheureux hasard tu venais à disparaître, mon chéri, il n’y a pas d’autres toubibs à la Clinique ? Asimov est un bon à rien ?...
*Il me prend pour la bonne à tout faire, oui !* C’était un cas difficile, mon Opaline… On dirait que tu es fâchée…
Oui, figure-toi, ça me tape sur le système…On est là soi-disant pour s’amuser un peu…mais on dirait que tu as oublié à quoi ça ressemble…
Je peux t’expliquer, et…
Il resta comme deux ronds de flan quand après une dernière tirade bien sentie, elle tourna les talons en claquant la porte derrière elle.
Un verre, il avait besoin d’un verre lui qui buvait si peu. Tenir tête à Asimov était une chose, à Opal une autre.
Elle avait raison sur tout. Il la négligeait beaucoup trop. Une idée lui vint. Demain, au pied du sapin, en sus de la fourrure acquise, Opaline trouverait…
Une mini virée plus tard, il fut de retour, très satisfait de ses démarches, et entreprit de rattraper le temps perdu.
Là, là, ma douce. Sèche ces vilaines larmes qui te gâchent le teint. Je suis un crétin mais vais m’améliorer. On danse ?
Danser, rire, boire et manger, que demander de plus lorsque l’on partage tout cela avec l’être adoré ? Tendre et attentionné, plus que jamais, alors qu’il commençait à valser avec Morphée, Erik ne s’attendait pas à être surpris par un patronus de Tricératops, celui d’Asimov.
*… Michael ? Oh, non !*
Opération d’urgence. Erik oublia tout tant il était concentré à tout superviser, ne rien rater. Le trou de l’estomac avait déjà fait des dégâts. On répara l’ensemble pendant un temps fou, avec des méthodes mixtes afin de garantir le résultat. Ensuite, son infernale routine le submergea.
L’état de Michael évolua très favorablement. Toutes les heures, Erik passa s’en assurer, trouvant invariablement Alix au chevet de son mari. La fois suivante, elle n’y fut pas. Après tout, elle aussi avec des jumeaux…
Miss Jones, euh… on est quand ?
L’interpelée tiqua :
Nous sommes le 28 décembre, Docteur.
Miséricorde ! Le temps avait filé.
Ma femme a été prévenue, n’est-ce pas ?
Vous aviez stipulé ne pas vouloir être dérangé Docteur. Elle a téléphoné, on a suivi vos instructions.
Ça ne s’appliquait qu’à la nuit de l’intervention sur mon frère, gourde !
Bon, il fallait renter dare dare. Michael régulièrement visité par sa mère, il crut pouvoir y aller, d’ailleurs il était vanné après tant de temps sans fermer un œil plus d’une heure ou deux.
Un gigantesque bouquet de fleurs à la main, il osa franchir son seuil. Le silence régnait… bizarre.
Soudain, une Miss Rayburn apparut alors qu’il avançait lentement dans le hall, prêt à recevoir un mauvais sortilège.
Ah, vous voilà… enfin ?
Écoutez, je n’y suis pour rien et…
J’en ai ma claque de cette maison de fous ! Je me tire. D’ailleurs, je ne fais qu’imiter votre pauvre femme abandonnée.
Erik battit des cils, perdu.
Oui, oui, ne la cherchez pas ici. Elle a embarqué gosses et valises en disant clairement, je répète : Vous pouvez dire au Docteur qu’il a quartier libre !
Il chancela. Des pires catastrophes jamais envisagées, celle-là le broya.
Où… ? s’étrangla-t-il, où est-elle ?
J’en sais fichtre rien et m’en fous. Je suis restée pour le ménage et m’occuper de ceux-là ! Vous auriez quand même pu prévenir ! Ils gémissaient tellement que j’ai été forcée d’ouvrir votre gros colis !
Il les avait oubliés, complètement oubliés. Si une chaise ne s’était pas avancée sous son siège, il en serait resté cul par terre. Peu après, la tête à l’envers, il signait le chèque hebdomadaire de Miss Rayburn et se retrouva dans un silence affreux.
Sa prostration ne dura pas. Il avala un scotch – ce qui, il faut le rappeler n’est jamais bon pour Erik- puis transplana direct chez Asimov.
Docteur, je viens de passer trois jours pleins ici…
Vous ne sembliez pas vous en plaindre, je crois…
VOUS ABUSEZ ! Dois-je vous rappeler nos statuts ? VOUS n’êtes pas mon chef ! Je sais très bien qu’avec le départ impromptu du dr Von Falkenberg, on a plus sur les bras. Ben pour une fois, je m’en tape. J’ai des questions familiales à régler d’urgence.
Votre frère va très bien, et…
Il ne s’agit pas de lui mais de ma famille directe. J’ai fait un bref bilan des congés en retard. Ne comptez pas sur moi avant au moins un mois.
Mais…
Estimez-vous heureux ! J’ai droit à six plein !
Il est des cas qui…
Je règle ça puis bye bye !
La journée complète y passa. Il fallait assumer les traitements en cours, s’organiser. Ensuite…
L’Australie.
Avait-il tapé dans le mille ? Opaline serait-elle seulement chez ses parents ? Il ne voyait aucun meilleur endroit où aller cuver sa rancœur envers lui.
D’entrée de jeun le clan McLane au grand complet lui barra la route.
Fous le camp, l’apostropha immédiatement Matt. Sois heureux de ne pas recevoir la trempe de ta vie.
NON ! Je ne partirai pas sans elle. Vas-y, frappe, m’en tape.
T’es culotté quand même ! Tu la fais pleurer comme une fontaine, et tu te pointes comme si rien ?
Appelle ça comme tu veux. Sais être très têtu, moi aussi.
La porte lui claqua au nez. Il s’assit sur le seuil, et attendit. Faisait atrocement chaud dehors à cette époque de l’année. Erik eut l’impression d’être un haricot en train de se dessécher au soleil. Peu lui importait. Il poireauta toute la journée, la nuit aussi. Le matin suivant, on passa par-dessus son corps ratatiné sur le seuil, indifférents.
Midi… soif, faim ? Même pas. Ça tapait dur, il ne bougea pas.
Veux voir papa, moi !
Moi aussi !
*Nick… Matthew…*
Hallucination ? Ça se chamaillait à l’intérieur. Illusion ? Des bras vigoureux le saisirent et le rentrèrent au bord de l’inconscience.
Quel idiot ! Mais quel idiot, s’énerva la mère d’Opal. Allez, avale ça, mon garçon. Ça ira mieux après.
Réhydraté de force, Erik récupéra un peu de facultés, assez pour entrevoir dans une sorte d’aura, la silhouette de Némésis.
O… Opaline…
Ses yeux le brûlaient de larmes impossibles vu sa sécheresse. Se relever ? Pas possible non plus. Alors il s’écroula et rampa jusqu’à baiser le bas de la robe de son aimée :
Pardon, Opaline. Pardon d’être si con. J’ai rien vu, rien pigé mais ne nous fait pas ça, pas ça…
Sans doute dégoutée du spectacle navrant offert par cette épave, son épouse ordonna qu’on le rassoie. Nouveau viatique.
Opal, je te jure que j’avais prévu autre chose pour Noël…. Ben non, j’ai pas pensé à un mot : je devais opérer Michael… si, lui ! Il a eu une perforation d’ulcère et… oui, il va beaucoup mieux, mieux que moi, en tout cas…
Elle semblait encore douter, le fusillant de ces regards qui transpercent l’âme.
… je... oh zut, j’ai encore oublié un truc ! Faut aller les chercher, c’est pas loin… les cadeaux, ma chérie, les cadeaux de Noël sont dans la voiture garée à 300 mètres…
Les frères s’en chargèrent tandis qu’il était toujours prostré sous un œil incendiaire.
Dès que les paquets s’entassèrent, les jumeaux apparurent, ne sachant où donner de la tête.
Erik eut un pâle sourire :
Papa Noël est un peu en retard, vous comprendrez plus tard.
Et ceux-là, c’est quoi ? grogna Jarod.
Ma chérie, je te présente Kémentari et Dimrost nos nouveaux assistants à qui nous devons déjà double salaire vu les traitements infligés ces derniers jours. J’avoue qu’ils m’étaient sorti du crâne et que sans Miss Rayburn ils seraient encore dans leur boîte sous le sapin…
Sourire en coin en retour.
*Peu mais au moins ça…*
Et de sortir un document de sa poche :
Ceci, te plaira sans doute encore plus… ( elle lut) … oui, j’ai totale liberté 1 mois plein, plus si nécessaire… Pardonne-moi, Opaline. Sans toi, je ne saurais plus vivre…
Il est des alléluias tristes, d’autres très joyeux, merveilleux.
Erik fit de son mieux pour récupérer vite de sa déshydratation, ses fatigues accumulées.
Avec une Opaline enfin plus heureuse, il put envisager divers projets quand le travail à la ferme lui laissait du répit. Au moins, les McLane n’exigèrent pas trop de lui, cette fois. À la limite, ils le rembarrèrent souvent, préférant le voir câliner la sœur et fille ainsi que les marmots. Grâce au couple d’elfes, les Nielsen eurent du temps pour eux, rien que pour eux.
L’an neuf vint très vite, trop…
Agapes multiples, rires, partages. Très bonne fin d’année, pas à dire.
Crevés, ils s’étaient endormis comme des souches après une soirée très prolongée.
Un renard argenté dans leur chambre ? Comment Justin osait-il… ?
Opaline, Opal, lève-toi. On doit retourner en Angleterre sur-le-champ… Suis très sérieux ! … Michael ? euh, sais pas, oui et non. On va tous être concernés. Habille-toi !
Se séparer des enfants fut douloureux. En quelques mots à la famille, Erik résuma :
La marque des Ténèbres est de retour. Nous devons aller voir de quoi il en retourne…
Je viens avec vous !
Merci Matt mais je préfèrerais que tu restes ici pour veiller… eux !
Soupir pesté :
Tenez-nous au courant, et bonne chance !
La voiture portoloin s’arrêta pile dans le parking de la clinique où l’on essayait de maintenir Michael au calme. Les nouvelles étaient si alarmantes ! Alix n’avait-elle pas disparu soudainement ? Muet, perturbé, Erik ne put qu’assister, impuissant, au départ de son frère dont la marque funeste au bras s’était ravivée cruellement.
Conseil de guerre immédiat ensuite. Davenport, colonel Auror à nouveau en fonction, fut net, concis.
Qu’a-t-on déjà entrepris pour localiser Alix… rien donné, évidemment…
L’ambiance dégénérait car tous donnaient leur opinion en même temps.
Erik prit sur lui :
Écoutez ! Un espion sur place c’est parfait, deux ce serait mieux, non ?
Wow, une bombe n’aurait pas eu pire effet. Opal rugit, l’apostropha vertement. Il resta calme :
JE suis le meilleur candidat. Je suis le demi, certes, mais frère quand même de Michael De Brent, le célèbre ex-Mangemorts. Nul n’ignore que j’ai failli virer ma cape, ou si ?... ben non ça n’arrivera plus jamais. J’ai été à très bonne école !
Dure lutte que d’obtenir le feu vert de sa chérie à peine reconquise. La voix de la raison parla :
On ignore tout des réelles intentions de ces gens, où est Alix, à quoi ils la destinent. Je peux être très convaincant, ma douce… Tu ne voudrais pas d’un planqué, n’est-ce pas ?
L’Allée des embrumes était agitée ce soir-là. Si des recruteurs existaient, c’est là qu’Erik les trouverait.
Il débarqua dans une salle très enfumée où relents de boissons fermentées flottaient.
Les étrangers n’ayant pas la cote, on le toisa d’entrée. Il afficha la morgue caractéristique de son frère quand ça lui chantait.
T’es qui ? l’invectiva un individu peu amène aux dents jaunes et haleine putride.
Erik Nielsen, fils par la main gauche de Démétrius De Brent.
Ça papota beaucoup avant qu’on ne l’escorte dans un transplanage lointain
Erik Nielsen- Messages : 42
Date d'inscription : 09/09/2013
Re: D'amour et autres misères
Mon Dieu, que ça faisait du bien, pleurer tout son soûl sur l’épaule de Maman, puis sur celle de Papa ! Personne n’essaya de lui soutirer des explications, vu l’impossibilité de comprendre quoi que ce soit à ses soupir et hoquets. On la consola au mieux, la rassurant. Tandis que Matt, béni soit-il, s’embrigadait illico au rôle de nounou, pour le grand bonheur des jumeaux.
Au bout d’une demie heure de lamentations, Opal releva la tête, sécha ses larmes d’un revers de main et se taxa d’idiote, sans en dire mot.
*Maintenant, ils vont détester Erik…tu aurais dû attendre et lui taper dessus toi-même au lieu de faire un foin international !*
Mais c’était déjà trop tard pour faire marche arrière et pour être vraiment sincère, se retrouver à Kelamera était trop merveilleux comme pour se gâcher la joie en pensant aux retombées. D’ailleurs pas le loisir de s’y mettre, Maman prit l’affaire en main, assurant que son enfant chérie était dépassée par les événements et que rien ne saurait lui faire plus de bien qu’un bon repos. Et quand Carreen McLane parlait de repos, elle n’y allait pas du dos de la cuillère.
Opal émergea d’un long sommeil plein de rêves merveilleux, chatouillée par un rayon de soleil baladeur qui se faufilait entre les rideaux. Ouvrant un œil puis l’autre, elle se prélassa de cette paix sans égal avant que d’un bond, un agile félin ne s’installe sur son ventre, la fixant d’un regard insondable. Sage, son chat, son alter-ego si on en croyait à la frappante similitude avec son état animagus.
Tiens…tu as suivi le mouvement…toi, tu es toujours avec moi !
Profond soupir, regain de chagrin mais déjà Maman, qui semblait avoir guetté son réveil, se pointa, tout sourires et ouvrit les rideaux. Un jour splendide aux Antipodes.
Tu as bien meilleure mine, ma chérie…Je suis sûre que cela faisait longtemps que tu ne dormais pas si bien et aussi longtemps…Pas de souci, les petits se portent comme un charme, Matt a trouvé sa vocation…Tu devrais te lever, mon petit, prendre une bonne douche et descendre…IL est là !
Mise à jour, ordres et information capitale, tout d’un coup, sans lui laisser l’opportunité d’en placer une entre temps, tout à fait le genre de Maman.
ERIK EST LÀ ?, couina t’elle en sautant du lit, mais pourquoi ne pas me l’avoir dit avant…
Carreen ne dit rien se limitant à la pousser vers la salle de bains. Douche rapide est peu dire. Juste le temps suffisant pour que le jet la revigore et ses idées se remettent en place. Habillée en un clin d’œil, descente en trombe des escaliers pour se retrouver face à un spectacle pitoyable. Erik était bien là, sous l’œil vigilant et très peu amical de son frère Luke, mais son allure laissait beaucoup à désirer, en fait il avait l’air en piètre état, comme qui vient de se taper 10 km à pied, sous le soleil de midi, en plein Outback.
O… Opaline…, coassa-t’il.
Sûrement pas ta fée-marraine, marmonna t’elle sans se décider à avancer vers lui qui la regardait hagard avant d’essayer de se lever mais retombant à genoux puis rampant à sa rencontre, non…mais arrête de faire l’idiot…Bon sang…un peu de tenue !
Mais le cher homme ne démordait pas, envoyant au diable toute dignité.
Pardon, Opaline. Pardon d’être si con. J’ai rien vu, rien pigé mais ne nous fait pas ça, pas ça…
Elle ne savait pas trop que faire, partagée entre l’envie de le frapper et celle jubiler.
Bonté divine…Luke, aide-le à se relever…il est soûl ou quoi ?
Maman se hâta d’intervenir, avouant contrite la vérité.
Tes frères ne l’ont pas laissé entrer hier soir…et cet idiot est resté, semble t’il, tout le temps sur la véranda…et en plein soleil…on voit les résultats !
Oui…un homard trop cuit…faut être franchement bête, lâcha-t’elle en lui octroyant l’aumône d’un regard, ça t’es passé par ta dure caboche que le soleil peut être meurtrier sous ces latitudes ?...Quand même stupide de te trouver le temps de prendre un congé pour venir frire sur la véranda…le téléphone, ça existe, ça t’aurait épargné le déplacement !
Mais bien entendu, mourant ou pas, Monsieur avait quand même son mot à dire, et il en dit, des choses. Reconnaissant ses torts entre autres mais ayant, comme on pouvait s’y attendre une excuse imparable : son frère bien-aimé s’était trouvé en article de mort et entre lui rendre vie et santé, veiller sur son sommeil et s’assurer de son confort, il avait tout simplement oublié que le monde continuait à tourner et le temps avec.
Oh, le pauvre…si grave que ça !...Et il va mieux ?, s’enquit-elle sincèrement remuée par la nouvelle.
Apparemment mieux que lui, qui suivant les doctes conseils de Maman buvait consciencieux la préparation que celle-ci lui présentait, avant de se souvenir de quelque chose qu’il fallait aller chercher à la voiture garée assez loin de là, sans doute parce qu’il avait prévu faire une entrée discrète en scène.
Tu as ramené Rayburn ?, voulut-elle savoir, à peine un brin radoucie.
Les cadeaux, ma chérie, les cadeaux de Noël sont dans la voiture…
Tiens, elle n’y avait même pas pensé aux cadeaux, prise comme elle était dans sa colère.
*Ma foi, les petits auront leur Noël en retard !*
Luke et Jarod apparus à point nommé allèrent s’acquitter de la tâche et revinrent pour entasser les paquets joliment enrubannés sous le sapin, juste à temps pour voir débouler les jumeaux suivis de leur oncle ravi. Ils sautèrent sur leur père en piaillant comme des moineaux surexcités, mais leur attention fut vite détournée par deux êtres singuliers qui fixaient la compagnie l’air passablement affolé.
Des elfes !?, s’écria Opal abasourdie.
Kémentari et Dimrost qu’il avait tout simplement oubliés sous le sapin, dans une boîte, ce qui est plus, sauvés par Nanny Rayburn.
Tu es vraiment idiot !, dit-elle sans pouvoir s’empêcher de sourire.
Mais le meilleur était à venir sous la forme d’un document qui certifiait des vacances d’un mois.
C’est…vrai ?...Un mois…30 jours…c’est incroyable !
Oui, j’ai totale liberté 1 mois plein, plus si nécessaire… Pardonne-moi, Opaline. Sans toi, je ne saurais plus vivre…
Pour une fois, elle se passa de parler et lui tomba dans les bras, en pleurant…de bonheur cette fois.
Moi aussi, j’ai du mal à vivre sans toi, avoua t’elle en soupirant, mais maintenant…faut décidément faire quelque chose avec toi…Seigneur…quel coup de soleil…Allez, bois ce que t’a donné Maman…je vais chercher une crème…Je sais, il doit bien avoir un sort pour ça…mais tu me connais…Je t’aime trop pour te transformer en scarabée, par mégarde…
Le bonheur parfait dura…très peu. Trois jours, pas plus. Temps idyllique pour se retrouver, pour rire, pour le partager avec leurs enfants, miraculeusement dociles sous la houlette de Matt.
Ils fêtèrent l’avènement du siècle avec la famille au cours d’une célébration bruyante et très joyeuse, au cours de laquelle Opal dansa comme une toupie et après quelques punchs, chanta même à tue-tête en duo avec son aîné qui, Merlin soit loué, chantait merveilleusement juste…
Par les Dieux de l’Uluru…ça faisait longtemps que je ne m’amusais pas tellement…Heureusement qu’on pourra faire la grasse matinée…quel délice !, elle se lova contre son amour en soupirant d’aise et s’endormit…
Mais le patronus de Justin Davenport se chargea de briser ce rêve de perfection…Il apportait des nouvelles. Des très mauvaises nouvelles. De quoi les réveiller en un clin d’œil et les plonger dans un état frénétique où se mêlaient surprise, chagrin, rage, peur…
Erik résuma la situation à la famille réunie.
La Marque des Ténèbres est de retour. Nous devons aller voir de quoi il en retourne…
Matt voulut se joindre à l’équipée mais Erik sut l’en empêcher en lui demandant de veiller sur les jumeaux. Opal sentait son cœur se déchirer, mais penser à emmener ses enfants au milieu de Merlin sait quelle situation incertaine restait hors cause. Elle essaya de ne pas pleurer en prenant congé de Nick et Matt, heureusement le cadeau de Grand-père fit son entrée, un petit chien berger, et créa diversion, coupant court des épanchements pénibles.
Nous vous tiendrons au courant…Nous reviendrons !
La triste réalité leur tomba dessus à peine arrivés à la Clinique. Les nouvelles n’était plus mauvaises, elles commençaient à tourner au tragique. Alix avait été enlevée, la Marque de Michael ravivée, le rappelait cruellement aux rangs du Mal. Les Mangemorts avaient attaqué le Chemin de Traverse et plusieurs autres lieux magiques.
Conseil de guerre à huis clos, avec assistance réduite. Curieusement, tous étaient là. Le groupe d’amis encore cette fois réuni par les circonstances. Justin, à nouveau colonel des Aurors, présidait. Ce qui devait arriver, arriva. Michael ne voulut rien entendre, décidé comme il était à reprendre son rôle d’infiltré. Opal le vit partir, semblant fermé, rictus amer, sans laisser le temps d’adieux atermoyés.
S’en suivit la prise de conscience, le moment où chacun devait définir son allégeance. Ce n’était pas difficile, les choix étaient restreints. Mais surprenants tout de même. J.O n’hésita pas à rejoindre les Aurors. Pas la peine de demander à Angel ce qu’elle pensait. John assura qu’il réorganisait l’ordre, Meg le suivit, inconditionnelle. Par contre Max, mine de rien, refusa de prendre les armes mais assura que la logistique était aussi importante que la stratégie, ce en quoi, il n’avait pas tort. Ysaline exercerait sa vocation. Opal, s’apprêtait à signer son adhésion à la bonne Cause quand Erik rompit la concorde en lançant un pavé à la mare.
Écoutez ! Un espion sur place c’est parfait, deux ce serait mieux, non ?
TU ES DEVENU COMPLÈTEMENT DINGUE !!!...Tu ne peux pas faire ÇA…c’est dément…tu n’as pas le droit !!!
Mais bien sûr, il est des raisons, qui sans le sembler sont finalement raisonnables même si on a du mal à l’admettre.
Tu es le dernier des imbéciles, mais tu es mon imbécile à moi…Je dis quoi à nos enfants ?...Mes chéris, Papa est devenu Mangemort ?...Je te déteste, Erik Nielsen…
Les autres assistaient consternés à ce duel verbal, n’osant, pour le moment donner leur avis. Opal préférait ne pas les entendre, ces avis éclairés, presque sûre que tous et chacun pesaient le pour et le contre de cette nouvelle infiltration et que le pour l’emportait. C’était plutôt logique, en fin de comptes, c’était une décision affreusement courageuse, et elle se força d’assumer la teneur de ce sacrifice énorme, La Cause en jeu était primordiale, il en allait de Leur Monde…et même, si on écoutait bien ce qu’on avait dit, peut-être du monde entier…
En pleurs, à quoi bon vouloir sembler brave quand on a le cœur en miettes, elle agrippa son chéri du revers de la veste.
Vas-y, donc…découvre leurs plans de misère, sauve Alix, ton frère…le monde…mais je te jure, s’il t’arrive quelque chose…j’irai te chercher où que tu sois et te botterai le train à m’en fatiguer…Je t’aime plus que ma vie, Erik…Ne me joue pas un mauvais tour !
S’effondrer ? Pleurer à en perdre le souffle ?...À quoi bon ! Erik était parti, imbu de loyauté et justice. Elle en était fière mais pas moins malheureuse pour autant. Justin, comme toujours trouva les mots justes pour la faire sourire. On accorda se réunir dès qu’on aurait plus de nouvelles, en attendant à chacun de voir comment affronter la situation.
Pour Opal, il n’y avait pas trop à quoi penser. Rentrer chez elle ne la tentait guère mais le moment n’était pas à jouer les difficiles. Il y avait des petits soucis domestiques à régler qui contre toute attente furent expédiés très rapidement. Mrs.Pearson, l’intendante voulait rejoindre sa famille, de même la bonne, et Florence, la cuisinière. Miss Rayburn avait déjà pris la clé des champs. Opal paya les émoluments dus, ajouta une prime et leur dit au revoir sans arrière-pensée.
*Génial…t’es le maître de la baraque…Mets de la musique, soûle toi…Oublie tes problèmes…*
Avoir des idées pareilles faillit presque la faire rire, mais décidément le moment n’était pas à la rigolade. Elle traîna dans la maison, sans trouver que faire, désolée de tant de solitude quand l’apparition de son chat lui remit un peu de joie au cœur. Cadeau de sa mère lors de sa rentrée en 2ème année à Poudlard, Sage, sous son aspect d’abyssin normal, était un animal magique, destiné à suivre sa maîtresse où qu’elle irait…et cela faisait 16 qu’il le faisait sans jamais déroger à la coutume.
Alors…on fait la fête, mon pote ?...Ouais…je te l’ouvre ta boîte à sardines…Tu sais, on va devenir dingues, tous seuls ici…te vexe pas, mais ta conversation est disons…limitée !
Le lendemain, la situation générale n’avait pas amélioré, loin de là, mais au moins Opal avait mis en ordre sa maison et pris une décision. Angel ne sembla pas trop surprise en la voyant apparaître chez elle avec une proposition qu’Opal s’arrangea pour rendre irrésistible.
Tu es seule la plupart du temps avec J.O chez les Aurors et ta belle-mère de retour chez elle…je sais être une bonne compagnie et en plus connais un point de tricot adorable…en plus de pouvoir te concocter des petits plats divins…Je ne demande rien d’autre que ta conversation parce que sinon j’ai peur de devenir dingue…
L’arrangement parfait. Elles s’entendaient au demi-mot. Opal, au contraire des autres, n’était pas du genre surprotecteur avec Angel qui en avait ras le bol d’être traitée comme un petit être fragile prêt à se briser au moindre courant d’air.
L’apparition de la Marque sinistre marqua le début de la débâcle. Elles s’étaient rendues au Chemin de Traverse mais ne s’y étaient pas attardées. L’ambiance était lourde de crainte et suspicion. La plupart des magasins fermaient, placardant leurs vitrines de chapes de bois pour les protéger avant d’aller chercher leur salut sous d’autres cieux.
Pendant la suivante réunion du Groupe, Von Falkenberg laissa clair que ne pas prendre les armes ne signifie pas ne pas s’impliquer. Pas à dire, le bonhomme avait un sens inné de l’organisation et connaissait les besoins d’une population en urgence. Il jugeait nécessaire un réapprovisionnement à fond de tout ce jugé indispensable. Opal qui en savait un bout sur provisions, s’offrit à donner un coup de main, sans deviner que sous ses dehors angéliques, Max pouvait être un vrai bourreau du travail, qui exigeait le tout pour le tout de part de ses collaborateurs.
*Misère…il est pire que moi…quel négrier, ce mec…*
Mais elle était ravie de participer activement même si cela signifiait partager son temps entre l’approvisionnement et l’Ordre, où il fallait dire que John, le réorganisateur, ne lambinait pas non plus en chemin.
*C’est ça, marche ou crève…si pas les Mangemorts…ces deux-là auront raison de mon endurance !*
Quoiqu’il en soit ce train de vie exténuant était préférable aux heures mortes, si conciliantes avec la mélancolie, qui inévitable et douloureuse investissait chaque instant d’inactivité. Suffisaient les nuits, dans la solitude silencieuse de sa chambre quand l’absence d’Erik la taraudait et ses pensées, poussées par une imagination débordante, teintée de gris et noirs, de sombres présages et autres augures de malheur, finissaient par éveiller son angoisse, toujours latente et la nuit se passait alors en larmes étouffées dans l’oreiller pour le lendemain arborer un air de déterrée que personne ne pouvait ignorer.
Rien ne put empêcher que le Ministère tombe en pouvoir de l’ennemi et qu’Andrew Samuel Westwood-Grisham choisisse justement ce jour-là pour venir au monde. Son père rata sa naissance mais eut l’heur de se présenter d’une pièce à la Clinique pour connaître son rejeton et rassurer sa femme. Opal ne tira pas trop d’information de lui, à part que ni Erik ni Michael ne se comptaient pas entre les pertes du camp vainqueur.
*Et s’ils étaient là…pas le temps de dire coucou !*
Se pencher sur son futur filleul fut un baume pour son cœur meurtri, elle l’aima inconditionnellement dès le premier instant sans pouvoir éviter de songer aux dangers auxquels le petit ange était exposé dans ce monde convulsé. Elle n’en pipa mot à Angel et J.O, radieux de bonheur, sûre qu’ils finiraient par y penser tous seuls.
*Dieu merci…Nick et Matt sont en sécurité à Kelamera…mais c’est affreux, cette vie…en morceaux !*
Le lendemain, les sorciers se réveillèrent avec une aberrante réalité : tous les accès au monde moldu était fermés. Ils étaient pris au piège dans leur propre monde. Des décrets absurdes s’annoncèrent. Pas de soins médicaux, pas de provisions, pas de bois, pour ceux qui ne reconnaîtraient pas leur allégeance au Nouvel Ordre. L’hiver était froid et les provisions de la plupart ne tiendraient pas longtemps. C’est alors que se mit en service le réseau clandestin grâce à une fameuse carte de passages secrets entre monde sorcier et moldu que Max avait dénichée chez lui.
Chez McLane fut fermé, sans appel même si une clientèle de Mangemorts et leurs amis comptait bien s’y régaler.
Je ne servirai pas un quignon de pain à ces salopards…par contre faudra songer à nourrir ce qui n’auront bientôt rien…
Le temps passait, triste, gris, froid, en concordance avec le sentiment de défaite qui régnait. Sans nouvelles des infiltrés alors que celles qui venaient du reste du monde étaient loin d’être bonnes. Le Mal s’était étendu comme une pandémie meurtrière, atteignant les quatre coins du globe, mais ce qui résultait le plus alarmant fut de savoir que non seulement les sorciers y étaient mêlés, des centaines de mercenaires moldus, sans foi ni loi avaient adhéré à ce mouvement bien structuré dans le but unique se semer le chaos et dominer la planète.
Temps d’angoisse, d’incertitude, de questions sans réponse.
Mais la Résistance était aussi en place…
Au bout d’une demie heure de lamentations, Opal releva la tête, sécha ses larmes d’un revers de main et se taxa d’idiote, sans en dire mot.
*Maintenant, ils vont détester Erik…tu aurais dû attendre et lui taper dessus toi-même au lieu de faire un foin international !*
Mais c’était déjà trop tard pour faire marche arrière et pour être vraiment sincère, se retrouver à Kelamera était trop merveilleux comme pour se gâcher la joie en pensant aux retombées. D’ailleurs pas le loisir de s’y mettre, Maman prit l’affaire en main, assurant que son enfant chérie était dépassée par les événements et que rien ne saurait lui faire plus de bien qu’un bon repos. Et quand Carreen McLane parlait de repos, elle n’y allait pas du dos de la cuillère.
Opal émergea d’un long sommeil plein de rêves merveilleux, chatouillée par un rayon de soleil baladeur qui se faufilait entre les rideaux. Ouvrant un œil puis l’autre, elle se prélassa de cette paix sans égal avant que d’un bond, un agile félin ne s’installe sur son ventre, la fixant d’un regard insondable. Sage, son chat, son alter-ego si on en croyait à la frappante similitude avec son état animagus.
Tiens…tu as suivi le mouvement…toi, tu es toujours avec moi !
Profond soupir, regain de chagrin mais déjà Maman, qui semblait avoir guetté son réveil, se pointa, tout sourires et ouvrit les rideaux. Un jour splendide aux Antipodes.
Tu as bien meilleure mine, ma chérie…Je suis sûre que cela faisait longtemps que tu ne dormais pas si bien et aussi longtemps…Pas de souci, les petits se portent comme un charme, Matt a trouvé sa vocation…Tu devrais te lever, mon petit, prendre une bonne douche et descendre…IL est là !
Mise à jour, ordres et information capitale, tout d’un coup, sans lui laisser l’opportunité d’en placer une entre temps, tout à fait le genre de Maman.
ERIK EST LÀ ?, couina t’elle en sautant du lit, mais pourquoi ne pas me l’avoir dit avant…
Carreen ne dit rien se limitant à la pousser vers la salle de bains. Douche rapide est peu dire. Juste le temps suffisant pour que le jet la revigore et ses idées se remettent en place. Habillée en un clin d’œil, descente en trombe des escaliers pour se retrouver face à un spectacle pitoyable. Erik était bien là, sous l’œil vigilant et très peu amical de son frère Luke, mais son allure laissait beaucoup à désirer, en fait il avait l’air en piètre état, comme qui vient de se taper 10 km à pied, sous le soleil de midi, en plein Outback.
O… Opaline…, coassa-t’il.
Sûrement pas ta fée-marraine, marmonna t’elle sans se décider à avancer vers lui qui la regardait hagard avant d’essayer de se lever mais retombant à genoux puis rampant à sa rencontre, non…mais arrête de faire l’idiot…Bon sang…un peu de tenue !
Mais le cher homme ne démordait pas, envoyant au diable toute dignité.
Pardon, Opaline. Pardon d’être si con. J’ai rien vu, rien pigé mais ne nous fait pas ça, pas ça…
Elle ne savait pas trop que faire, partagée entre l’envie de le frapper et celle jubiler.
Bonté divine…Luke, aide-le à se relever…il est soûl ou quoi ?
Maman se hâta d’intervenir, avouant contrite la vérité.
Tes frères ne l’ont pas laissé entrer hier soir…et cet idiot est resté, semble t’il, tout le temps sur la véranda…et en plein soleil…on voit les résultats !
Oui…un homard trop cuit…faut être franchement bête, lâcha-t’elle en lui octroyant l’aumône d’un regard, ça t’es passé par ta dure caboche que le soleil peut être meurtrier sous ces latitudes ?...Quand même stupide de te trouver le temps de prendre un congé pour venir frire sur la véranda…le téléphone, ça existe, ça t’aurait épargné le déplacement !
Mais bien entendu, mourant ou pas, Monsieur avait quand même son mot à dire, et il en dit, des choses. Reconnaissant ses torts entre autres mais ayant, comme on pouvait s’y attendre une excuse imparable : son frère bien-aimé s’était trouvé en article de mort et entre lui rendre vie et santé, veiller sur son sommeil et s’assurer de son confort, il avait tout simplement oublié que le monde continuait à tourner et le temps avec.
Oh, le pauvre…si grave que ça !...Et il va mieux ?, s’enquit-elle sincèrement remuée par la nouvelle.
Apparemment mieux que lui, qui suivant les doctes conseils de Maman buvait consciencieux la préparation que celle-ci lui présentait, avant de se souvenir de quelque chose qu’il fallait aller chercher à la voiture garée assez loin de là, sans doute parce qu’il avait prévu faire une entrée discrète en scène.
Tu as ramené Rayburn ?, voulut-elle savoir, à peine un brin radoucie.
Les cadeaux, ma chérie, les cadeaux de Noël sont dans la voiture…
Tiens, elle n’y avait même pas pensé aux cadeaux, prise comme elle était dans sa colère.
*Ma foi, les petits auront leur Noël en retard !*
Luke et Jarod apparus à point nommé allèrent s’acquitter de la tâche et revinrent pour entasser les paquets joliment enrubannés sous le sapin, juste à temps pour voir débouler les jumeaux suivis de leur oncle ravi. Ils sautèrent sur leur père en piaillant comme des moineaux surexcités, mais leur attention fut vite détournée par deux êtres singuliers qui fixaient la compagnie l’air passablement affolé.
Des elfes !?, s’écria Opal abasourdie.
Kémentari et Dimrost qu’il avait tout simplement oubliés sous le sapin, dans une boîte, ce qui est plus, sauvés par Nanny Rayburn.
Tu es vraiment idiot !, dit-elle sans pouvoir s’empêcher de sourire.
Mais le meilleur était à venir sous la forme d’un document qui certifiait des vacances d’un mois.
C’est…vrai ?...Un mois…30 jours…c’est incroyable !
Oui, j’ai totale liberté 1 mois plein, plus si nécessaire… Pardonne-moi, Opaline. Sans toi, je ne saurais plus vivre…
Pour une fois, elle se passa de parler et lui tomba dans les bras, en pleurant…de bonheur cette fois.
Moi aussi, j’ai du mal à vivre sans toi, avoua t’elle en soupirant, mais maintenant…faut décidément faire quelque chose avec toi…Seigneur…quel coup de soleil…Allez, bois ce que t’a donné Maman…je vais chercher une crème…Je sais, il doit bien avoir un sort pour ça…mais tu me connais…Je t’aime trop pour te transformer en scarabée, par mégarde…
Le bonheur parfait dura…très peu. Trois jours, pas plus. Temps idyllique pour se retrouver, pour rire, pour le partager avec leurs enfants, miraculeusement dociles sous la houlette de Matt.
Ils fêtèrent l’avènement du siècle avec la famille au cours d’une célébration bruyante et très joyeuse, au cours de laquelle Opal dansa comme une toupie et après quelques punchs, chanta même à tue-tête en duo avec son aîné qui, Merlin soit loué, chantait merveilleusement juste…
Par les Dieux de l’Uluru…ça faisait longtemps que je ne m’amusais pas tellement…Heureusement qu’on pourra faire la grasse matinée…quel délice !, elle se lova contre son amour en soupirant d’aise et s’endormit…
Mais le patronus de Justin Davenport se chargea de briser ce rêve de perfection…Il apportait des nouvelles. Des très mauvaises nouvelles. De quoi les réveiller en un clin d’œil et les plonger dans un état frénétique où se mêlaient surprise, chagrin, rage, peur…
Erik résuma la situation à la famille réunie.
La Marque des Ténèbres est de retour. Nous devons aller voir de quoi il en retourne…
Matt voulut se joindre à l’équipée mais Erik sut l’en empêcher en lui demandant de veiller sur les jumeaux. Opal sentait son cœur se déchirer, mais penser à emmener ses enfants au milieu de Merlin sait quelle situation incertaine restait hors cause. Elle essaya de ne pas pleurer en prenant congé de Nick et Matt, heureusement le cadeau de Grand-père fit son entrée, un petit chien berger, et créa diversion, coupant court des épanchements pénibles.
Nous vous tiendrons au courant…Nous reviendrons !
La triste réalité leur tomba dessus à peine arrivés à la Clinique. Les nouvelles n’était plus mauvaises, elles commençaient à tourner au tragique. Alix avait été enlevée, la Marque de Michael ravivée, le rappelait cruellement aux rangs du Mal. Les Mangemorts avaient attaqué le Chemin de Traverse et plusieurs autres lieux magiques.
Conseil de guerre à huis clos, avec assistance réduite. Curieusement, tous étaient là. Le groupe d’amis encore cette fois réuni par les circonstances. Justin, à nouveau colonel des Aurors, présidait. Ce qui devait arriver, arriva. Michael ne voulut rien entendre, décidé comme il était à reprendre son rôle d’infiltré. Opal le vit partir, semblant fermé, rictus amer, sans laisser le temps d’adieux atermoyés.
S’en suivit la prise de conscience, le moment où chacun devait définir son allégeance. Ce n’était pas difficile, les choix étaient restreints. Mais surprenants tout de même. J.O n’hésita pas à rejoindre les Aurors. Pas la peine de demander à Angel ce qu’elle pensait. John assura qu’il réorganisait l’ordre, Meg le suivit, inconditionnelle. Par contre Max, mine de rien, refusa de prendre les armes mais assura que la logistique était aussi importante que la stratégie, ce en quoi, il n’avait pas tort. Ysaline exercerait sa vocation. Opal, s’apprêtait à signer son adhésion à la bonne Cause quand Erik rompit la concorde en lançant un pavé à la mare.
Écoutez ! Un espion sur place c’est parfait, deux ce serait mieux, non ?
TU ES DEVENU COMPLÈTEMENT DINGUE !!!...Tu ne peux pas faire ÇA…c’est dément…tu n’as pas le droit !!!
Mais bien sûr, il est des raisons, qui sans le sembler sont finalement raisonnables même si on a du mal à l’admettre.
Tu es le dernier des imbéciles, mais tu es mon imbécile à moi…Je dis quoi à nos enfants ?...Mes chéris, Papa est devenu Mangemort ?...Je te déteste, Erik Nielsen…
Les autres assistaient consternés à ce duel verbal, n’osant, pour le moment donner leur avis. Opal préférait ne pas les entendre, ces avis éclairés, presque sûre que tous et chacun pesaient le pour et le contre de cette nouvelle infiltration et que le pour l’emportait. C’était plutôt logique, en fin de comptes, c’était une décision affreusement courageuse, et elle se força d’assumer la teneur de ce sacrifice énorme, La Cause en jeu était primordiale, il en allait de Leur Monde…et même, si on écoutait bien ce qu’on avait dit, peut-être du monde entier…
En pleurs, à quoi bon vouloir sembler brave quand on a le cœur en miettes, elle agrippa son chéri du revers de la veste.
Vas-y, donc…découvre leurs plans de misère, sauve Alix, ton frère…le monde…mais je te jure, s’il t’arrive quelque chose…j’irai te chercher où que tu sois et te botterai le train à m’en fatiguer…Je t’aime plus que ma vie, Erik…Ne me joue pas un mauvais tour !
S’effondrer ? Pleurer à en perdre le souffle ?...À quoi bon ! Erik était parti, imbu de loyauté et justice. Elle en était fière mais pas moins malheureuse pour autant. Justin, comme toujours trouva les mots justes pour la faire sourire. On accorda se réunir dès qu’on aurait plus de nouvelles, en attendant à chacun de voir comment affronter la situation.
Pour Opal, il n’y avait pas trop à quoi penser. Rentrer chez elle ne la tentait guère mais le moment n’était pas à jouer les difficiles. Il y avait des petits soucis domestiques à régler qui contre toute attente furent expédiés très rapidement. Mrs.Pearson, l’intendante voulait rejoindre sa famille, de même la bonne, et Florence, la cuisinière. Miss Rayburn avait déjà pris la clé des champs. Opal paya les émoluments dus, ajouta une prime et leur dit au revoir sans arrière-pensée.
*Génial…t’es le maître de la baraque…Mets de la musique, soûle toi…Oublie tes problèmes…*
Avoir des idées pareilles faillit presque la faire rire, mais décidément le moment n’était pas à la rigolade. Elle traîna dans la maison, sans trouver que faire, désolée de tant de solitude quand l’apparition de son chat lui remit un peu de joie au cœur. Cadeau de sa mère lors de sa rentrée en 2ème année à Poudlard, Sage, sous son aspect d’abyssin normal, était un animal magique, destiné à suivre sa maîtresse où qu’elle irait…et cela faisait 16 qu’il le faisait sans jamais déroger à la coutume.
Alors…on fait la fête, mon pote ?...Ouais…je te l’ouvre ta boîte à sardines…Tu sais, on va devenir dingues, tous seuls ici…te vexe pas, mais ta conversation est disons…limitée !
Le lendemain, la situation générale n’avait pas amélioré, loin de là, mais au moins Opal avait mis en ordre sa maison et pris une décision. Angel ne sembla pas trop surprise en la voyant apparaître chez elle avec une proposition qu’Opal s’arrangea pour rendre irrésistible.
Tu es seule la plupart du temps avec J.O chez les Aurors et ta belle-mère de retour chez elle…je sais être une bonne compagnie et en plus connais un point de tricot adorable…en plus de pouvoir te concocter des petits plats divins…Je ne demande rien d’autre que ta conversation parce que sinon j’ai peur de devenir dingue…
L’arrangement parfait. Elles s’entendaient au demi-mot. Opal, au contraire des autres, n’était pas du genre surprotecteur avec Angel qui en avait ras le bol d’être traitée comme un petit être fragile prêt à se briser au moindre courant d’air.
L’apparition de la Marque sinistre marqua le début de la débâcle. Elles s’étaient rendues au Chemin de Traverse mais ne s’y étaient pas attardées. L’ambiance était lourde de crainte et suspicion. La plupart des magasins fermaient, placardant leurs vitrines de chapes de bois pour les protéger avant d’aller chercher leur salut sous d’autres cieux.
Pendant la suivante réunion du Groupe, Von Falkenberg laissa clair que ne pas prendre les armes ne signifie pas ne pas s’impliquer. Pas à dire, le bonhomme avait un sens inné de l’organisation et connaissait les besoins d’une population en urgence. Il jugeait nécessaire un réapprovisionnement à fond de tout ce jugé indispensable. Opal qui en savait un bout sur provisions, s’offrit à donner un coup de main, sans deviner que sous ses dehors angéliques, Max pouvait être un vrai bourreau du travail, qui exigeait le tout pour le tout de part de ses collaborateurs.
*Misère…il est pire que moi…quel négrier, ce mec…*
Mais elle était ravie de participer activement même si cela signifiait partager son temps entre l’approvisionnement et l’Ordre, où il fallait dire que John, le réorganisateur, ne lambinait pas non plus en chemin.
*C’est ça, marche ou crève…si pas les Mangemorts…ces deux-là auront raison de mon endurance !*
Quoiqu’il en soit ce train de vie exténuant était préférable aux heures mortes, si conciliantes avec la mélancolie, qui inévitable et douloureuse investissait chaque instant d’inactivité. Suffisaient les nuits, dans la solitude silencieuse de sa chambre quand l’absence d’Erik la taraudait et ses pensées, poussées par une imagination débordante, teintée de gris et noirs, de sombres présages et autres augures de malheur, finissaient par éveiller son angoisse, toujours latente et la nuit se passait alors en larmes étouffées dans l’oreiller pour le lendemain arborer un air de déterrée que personne ne pouvait ignorer.
Rien ne put empêcher que le Ministère tombe en pouvoir de l’ennemi et qu’Andrew Samuel Westwood-Grisham choisisse justement ce jour-là pour venir au monde. Son père rata sa naissance mais eut l’heur de se présenter d’une pièce à la Clinique pour connaître son rejeton et rassurer sa femme. Opal ne tira pas trop d’information de lui, à part que ni Erik ni Michael ne se comptaient pas entre les pertes du camp vainqueur.
*Et s’ils étaient là…pas le temps de dire coucou !*
Se pencher sur son futur filleul fut un baume pour son cœur meurtri, elle l’aima inconditionnellement dès le premier instant sans pouvoir éviter de songer aux dangers auxquels le petit ange était exposé dans ce monde convulsé. Elle n’en pipa mot à Angel et J.O, radieux de bonheur, sûre qu’ils finiraient par y penser tous seuls.
*Dieu merci…Nick et Matt sont en sécurité à Kelamera…mais c’est affreux, cette vie…en morceaux !*
Le lendemain, les sorciers se réveillèrent avec une aberrante réalité : tous les accès au monde moldu était fermés. Ils étaient pris au piège dans leur propre monde. Des décrets absurdes s’annoncèrent. Pas de soins médicaux, pas de provisions, pas de bois, pour ceux qui ne reconnaîtraient pas leur allégeance au Nouvel Ordre. L’hiver était froid et les provisions de la plupart ne tiendraient pas longtemps. C’est alors que se mit en service le réseau clandestin grâce à une fameuse carte de passages secrets entre monde sorcier et moldu que Max avait dénichée chez lui.
Chez McLane fut fermé, sans appel même si une clientèle de Mangemorts et leurs amis comptait bien s’y régaler.
Je ne servirai pas un quignon de pain à ces salopards…par contre faudra songer à nourrir ce qui n’auront bientôt rien…
Le temps passait, triste, gris, froid, en concordance avec le sentiment de défaite qui régnait. Sans nouvelles des infiltrés alors que celles qui venaient du reste du monde étaient loin d’être bonnes. Le Mal s’était étendu comme une pandémie meurtrière, atteignant les quatre coins du globe, mais ce qui résultait le plus alarmant fut de savoir que non seulement les sorciers y étaient mêlés, des centaines de mercenaires moldus, sans foi ni loi avaient adhéré à ce mouvement bien structuré dans le but unique se semer le chaos et dominer la planète.
Temps d’angoisse, d’incertitude, de questions sans réponse.
Mais la Résistance était aussi en place…
Opal McLane- Messages : 39
Date d'inscription : 09/09/2013
Re: D'amour et autres misères
Des décisions, Erik en avait déjà eu beaucoup à prendre. Celle-ci fut ce qu’il souhaita la plus dure de toutes. Se séparer d’Opaline à peine calmée ne se fit pas de gaieté de coeur, tant s’en faut. Il savait bien ce qu’aller se fourrer dans la gueule du loup était risqué mais il était persuadé pouvoir contribuer à l’échec de l’ennemi déclaré. Il s’était laissé malmener verbalement par une épouse écartelée sans broncher. Elle avait tellement raison de lui en vouloir ! Mais, parfois, il faut suivre ses instincts et convictions en faisant fi de bien-être et sentiments.
Le transplanage puis l’allée de embrumes amena Erik à un domaine isolé, décrépi, abandonné vu du dehors. Des grilles rouillées de chez le ferrailleur antique grincèrent en s’ouvrant dès un mot de passe murmuré par son obscur compagnon. Sitôt le portail refermé derrière eux, le décor changea. Point de ruines mais un manoir très cossu aux abords parfaitement entretenus luit sous des éclairages agencés savamment.
Mais si un escalier majestueux invitait aux doubles portes, l’accompagnateur orienta le candidat Mangemort vers une autre entrée, plus discrète, voire banale.
*Entrée des domestiques…*
Une pièce vestibule où il fut planté seul sans même un siège pour se poser. Dix bonnes minutes s’écoulèrent avant qu’interviennent deux encagoulés muets. On le fouilla, le déposséda de sa baguette, promena la pointe d’une autre des cheveux aux chevilles avant de l’escorter dans un couloir avant un autre.
Cela ressemblait à un bureau. Le « greffier » resta assis à sa table, gribouillant à la plume Dieu sait quoi dans un épais volume. Pas de siège, une fois de plus. On les laissa en tête-à-tête. Les minutes s’égrenèrent dans le tictac à peine audible d’une horloge vétuste.
Enfin, le greffier releva son long nez pointu qui faillit faire sourire Erik tant il ressemblait à celui de l’elfe récemment engagé. Il réprima vite cette expression, affichant le marbre absolu. Les yeux sombres de la créature étrange le dardèrent intensément :
Tu es Nielsen Erik, fils de Démétrius De Brent. Nous devons vérifier. Donne un doigt, n’importe lequel fera l’affaire.
S’attendant à du tout et n’importe quoi, Erik tendit son index gauche. L’autre ricana :
Prudent, je note !
Il gribouilla à nouveau puis, sans crier gare piqua méchamment le doigt présenté avant d’immédiatement écrire avec l’encre sanglante prélevée.
Quelques secondes plus tard, l’autre parut satisfait :
Tu as dit vrai. Le sang ne ment jamais. Je suis Barthéoméus, l’elfe régisseur de Lord Zaurak. Nul ne peut me tromper, ce livre révèle tout, absolument tout…
Survie obligeant, regard dans le sien, Erik n’hésita pas :
Alors veuillez indiquer que j’ai passé tous les tests avec succès.
L’autre se plongea dans la rédaction puis claqua des doigts. Les sbires précédents apparurent, Erik ne transpira pas même si au fond, il crevait de trouille.
Bon pour le service ! accorda l’elfe.
Un peu moins sévères lui sembla-t-il, ses guides l’acheminèrent par d’autres couloirs et portes.
Une recrue de choix ? Un De Brent de plus avec nous ? Enchanté Erik ! Assieds-toi.
Zaurak était de haute taille, tout vêtu de rouge. Il paraissait s’amuser beaucoup à l’instar des autres membres réunis, une petite dizaine pas plus.
Le rituel peut commencer, dit l’auguste personnage en touchant sa marque tandis que l’on dénudait l’avant-bras gauche de Nielsen.
Être marqué comme du bétail ? Jamais ! Il s’y était préparé. Le tout était de provoquer les échanges de regards.
Avant, Lord Zaurak, puis-je demander où se trouve mon frère ?
Tu le sauras bien assez tôt. Sois d’abord des complètement des nôtres, nous verrons ensuite.
Avec plaisir, mentit Erik en dardant fixement le maître des lieux qui, pour son malheur, accrocha les yeux si clairs.
La baguette ne fit que l’effleurer. La marque ne s’incrusta pas mais tous y crurent quand Erik se redressa en levant bien haut son bras fraîchement tatoué après avoir feint la douleur d’un feu intense.
Maintenant, tu es à LUI comme ceux-là avant toi et beaucoup après. Ce sera ta première tâche pour hisser dans la hiérarchie de notre congrégation : recruter ! Au moindre faux pas, cette marque te tuera.
Pas de danger que ça se produise, crâna Erik apparemment fier et assuré.
On applaudit et l’accueillit à une table richement garnie.
*Vaisselle d’or, cuisine raffinée, ce maître est… gourmet*
Il devait surtout récupérer l’énergie dépensée. Affamé insatiable, au grand dam de son Opaline, il dévora copieusement.
Ben toi, t’as intérêt à mériter ta croûte ! rigola son voisin de gauche en lui frappant le dos d’une bourrade à désarçonner un cavalier.
Y peux rien… j’ai toujours faim. Privation d’enfance sans doute…
On le charia de part et d’autre mais, dans l’ensemble, on l’accepta tel quel.
Nuit de solitude à gamberger à toute pompe. Combien de temps son subterfuge durerait-il ? Devrait-il répéter la manœuvre ? Á toute prendre, ces gens-ci étaient certes prudents mais pas idiots. Où et quand verrait-il Michael ? Trouverait-il Alix avant lui ? Un vide affreux le minait. Opaline, les jumeaux…
*Reste concentré…*
Dès matine, on le leva. Il avait sommeillé quoi, trois heures ?
Lui, comme les autres, affichait un teint brouillé, des yeux bouffis à la longue table du petit-déjeuner.
Tout en dévorant céréales, œufs et charcuteries, Erik absorba les commentaires alentours. Un gros truc se préparait, sa main à couper.
Le rachitique d’en face ne le quittait de l’œil sans toucher à son assiette. Erik, sans façon, la lui rafla :
Je peux ?
Te gêne pas, morveux ! le convia son voisin de droite présenté comme Eubius Moriflar. Ce gars ne bouffe que des limaces. Toi et moi on fera équipe aujourd’hui. Gave-toi car disette avant ce soir.
Ils n’eurent pas l’heur de croiser Zaurak. Casé au bas de l’échelle, Erik suivit le mouvement.
Eubius était bavard, chic !
Transplané au chemin de traverse, Nielsen dut renforcer les barrages, les filtrer. Il s’acquitta de sa tâche avec dextérité allant même jusqu’à suggérer à plus d’un agréé à rejoindre les rangs. Bon, si on regardait de près, il ne sélectionnait que des navets. Mais une fois dans la soupe, tout faisait farine au moulin, non ?
Pas mal, lui accorda Eubius ! T’en a recruté un de moins que moi. Suis-là depuis plus longtemps que toi, fais profil bas.
Pourquoi ? T’as peur pour ta place ?
Crâne pas Nielsen ou je t’écrase vite fait.
Essaye pour voir !
Erik le sut plus tard, les rivalités étaient âpres au sein des Mangemorts. C’étaient des loups prêts à s’entredévorer. Proprement, sans bavure, il éclata la gueule d’Eubius et s’appropria sa manne de recrues potentielles.
Lors du banquet de soirée, alors qu’il s’empiffrait joyeusement avec quelques-uns devenus soudain plus humbles vis-à-vis de lui, Erik vit surgir Zaurak, le doigt accusateur pointé sur lui :
Ce que l’on me rapporte est-il vrai ? 10 recrues en une seule journée ?
Erik se leva :
J’aurais pu faire davantage si vous m’aviez laissé ma baguette personnelle. Celle-là ne me convient pas du tout !
Que sais-tu des baguettes, freluquet ?
Tu m’as bien regardé, maître ? Ignores-tu que je sais étudier tout et n’importe quoi ? Ce sycomore ne me vaut rien, il s’ennuie avec moi. Rends-moi ma vigne, pour le bien de tous !
Ce dont je suis certain à ton sujet c’est que tu es bien un De Brent ! La même arrogance innée suinte chez vous. Quant à ton bois, je te le rendrai… peut-être, ricana Zaurak. En attendant, mange ! Demain, tous sur le pont à 4 heures !
Il se rassit et dévora telle son habitude. Entre deux bouchées, il eut beau ouvrir grand les oreilles, personne n’évoquait les événements à venir. Si bien qu’il se jeta à l’eau en demandant :
Qu’est-ce qui doit se passer demain ?
Ta gueule Nielsen ! Le maître a dit mange, alors mange ! mastiqua fortement une sorte d’ours mal léché.
Des coups de coude s’échangèrent à table. Celui qui avait rabroué Erik se faisait appeler « Baron ». Impossible de rater qu’il avait une ascendance quasi-totale sur l’assemblée. Erik n’hésita pas longtemps. C’était risqué mais au point où il en était, ça prendrait des mois avant de gravir les échelons. Il redressa le menton :
Personne ne me parle comme tu viens de le faire Baron !
Le silence se fit. On n’entendait plus que le craquement des bûches dans le grand âtre. Baron se leva et darda Erik d’un regard assassin :
Et moi, personne ne conteste ma force. Tu veux te mesurer à moi, demi-portion ?
Il était déjà impressionnant assis ; debout, c’était pire.
Erik ne se démonta pas, il semblait fasciné par l’os qu’il rongeait avec délice. Fatalement l’autre s’énerva. Un poing semblable à un souaffle se fracassa sur la table, renversant verres, faisant trembler les plats.
Bats-toi ! ordonna l’autre, furieux.
Après s’être lentement essuyé la bouche de sa serviette, un sourire moqueur jouant sur ses lèvres, Erik releva le défi :
Si tu y tiens…
Des murmures enchantés de la distraction imprévue s’élevèrent ainsi que des commentaires épouvantés :
Il est fou !... il va se faire massacrer…
Les spectateurs s’écartèrent vivement en déménageant à plusieurs la longue table et les sièges. Une sorte de ring se dessina au centre de la pièce. La cape d’Erik tomba au sol, révélant une ossature fine mais bien musclée. Baron rigola en le toisant et s’approchant à sentir l’haleine avinée :
Tu maintiens ta décision, roquet ?
Le bonhomme le dépassait de deux têtes, et alors ? Nielsen opina du chef. La patte d’ours frappa… le vide. Plus vif qu’une anguille, Erik s’était déplacé. Il était déjà dans le dos de Baron quand celui-ci s’aperçut de la feinte. Les arts martiaux, Erik les pratiquait depuis longtemps. Ses mains pouvaient s’avérer tranchantes, ses coups de pieds meurtriers. L’ours ne comprit rien à la raclée magistrale qui s’abattit sur lui en quelques secondes avant de s’écrouler le nez sur le parquet. Indulgent, Erik tendit une main pour relever son adversaire. Certes, la magie d’Erik joua bien un peu lors du regard échangé brièvement mais, à partir de ce moment, Baron et Nielsen devinrent des potes peu communs. Erik profita aussitôt de la bienveillance de tous. Les faire parler fut plus aisé sauf qu’apparemment personne ne connaissait les desseins de Zaurak.
Quatre heures du matin et ça se chamaillait déjà devant des bols fumants quand le maître dans sa splendeur écarlate apparut :
*Il aime le théâtre, celui-là…*
Il dénombra sa troupe et lança enfin ses directives :
Vous formerez des groupes de quatre hommes ou mixtes, rigola-t-il en regardant huit dames qui avançaient.
D’emblée, Erik se plaça à la droite de Baron, bientôt rejoint par Eubius puis par une jeune asiatique qui se présenta en s’adressant à Nielsen plus qu’aux autres :
Miko, je t’ai observé hier. Tu attaques bien !
Jolie ? Erik devait avouer qu’elle possédait beaucoup de charme. Cependant, il n’était pas là pour conter fleurette. Les groupes établis, Zaurak délivra ses instructions :
Ce n’est pas du gâteau mais nous devons l’abattre. SUS AU MINISTÈRE !!!
Des hourrahs fusèrent. Erik resta de marbre.
Ça te pose un souci, Nielsen ? T’as des amis là-bas ?
Quelques-uns, c’est possible, répondit-il, mais là n’est pas mon problème. On débarque, fout le bordel, tue tout le monde, c’est ça le plan ?
En gros, c’est bien ça ! s’esclaffa le maître, aussitôt accompagné par les rires des autres.
Non mais je rêve ! Où sont les plans du bâtiment ? Vous les avez, n’est-ce pas ?
Non mon garçon. On m’a dit de vous faire foncer, alors on foncera ! Pas plus compliqué que cela.
Bref, on part au casse-pipe en aveugle ? C’est jouer aux kamikazes, ça ! J’accepte de risquer ma peau mais, voyez-vous j’y tiens… D’autres groupes vont nous rejoindre, j’espère ?
On déblaye le passage pour eux, oui !
Maître, pardonnez mon audace mais on va tous y rester si on part ainsi.
La graine de l’inquiétude était semée, chic !
Tu suggères quoi, alors ?
J’ai une excellente mémoire, je suis capable d’avaler des centaines de page en quelques secondes. Je vais aux archives du ministère qui ne sont jamais gardées et je reviens avec un plan détaillé des lieux. On l’étudie puis on établit une vraie stratégie.
Beaucoup de têtes approuvèrent ce choix. Zaurak demeura mitigé.
Et si allais cafter ou… déserter ?
Adjoignez-moi n’importe qui, plaida Erik.
L’espèce d’état-major composé de Zaurak, de Baron et d’un nommé Enselme se concerta un bref instant.
Tu as deux heures de liberté avec la ninja à qui t’a tapé dans l’œil. Passé ce délai, vous serez supprimés.
Deux heures ? C’était plus qu’escompté. Erik affronta une fois de plus Zaurak à qui il offrit sa paume droite ouverte. Mécontent, le maître y posa la baguette réclamée. Là, Erik se sentit plus à l’aise.
Le ministère, de si bon matin, dormait d’un œil. Un peu de polynectar ? Pour Miko, oui. Difficile autrement de la faire passer pour anglaise pure souche. Il avait suffi d’attendre qu’un employé de la maintenance se pointe et lui piquer son badge vite fait.
Au début, Erik se comporta comme prévu. Il fila aux archives, Miko sur ses talons. Elle en ouvrit des yeux lorsqu’elle pigea qu’effectivement Erik enregistrait tout ce qu’il lisait.
Il me manque la description du 7ème étage, dit-il. Trouve-le que je finisse ça !
Il arracha plusieurs pages, gribouilla un avertissement sur un bout de papier qu’il enchanta en mini avion :
Le ministère va être investi. Ne résistez pas, fuyez !
Puis il se replongea dans l’étude.
1H30 plus tard, ils étaient de retour.
Très soigneusement, il récréa une maquette de tous les étages avec les issues potentielles. Bien sûr certains passages furent omis volontairement.
20 h, ils étaient parés.
Ça barda et chauffa vachement. Entrées défoncées, éradication de la résistance que tous trouvèrent plus faiblarde pour leur plus grand bonheur. Le sommet de l’édifice résista davantage. Intérieurement, Erik pria pour que peu de victimes soient à déplorer. Dans le feu de l’action, il croisa d’autres envahisseurs. L’un d’eux l’attira comme un aimant. Rien que dans sa façon de se déplacer, il sut à coup sûr avoir affaire à son frère. Ils furent masque à masque au second étage. Sans un mot, Erik présenta sa baguette à l’envers à son opposant. Michael comprit sans doute car il interrompit sa défense pour le saluer et filer ailleurs. Ébranlé par cette rencontre fortuite, Erik ne remarqua pas l’assaillant dans son dos, la douleur s’en chargea.
De l’eau sur son front ? Il battit des paupières réalisant peu à peu être dans sa chambre au manoir. Miko lui bassinait le front avec des gestes de mère.
Que… ?
Chut, tais-toi, tu as été très secoué et, sans Baron tu serais entravé.
Mince ! Il était torse nu sous ses draps. Il paniqua un peu, Miko sourit :
J’ai su tout de suite que tu étais différent des autres. T’inquiète pas pour la marque, suis experte en faux tatouages. Le mien ne réagit pas non plus mais je me suis liée à de vrais porteurs, ainsi si on les appelle, j’en suis. Tu dois faire pareil, question de survie.
Endolori de partout, Erik écouta sans trop commenter tout ce que cette asiatique racontait. Laissé seul, il se reposa encore un peu puis descendit voir ce qui se passait pour les autres.
Ah, le voilà revenu, l’homme du jour ! l’accueillit Baron en souriant. Grâce à toi, on a peu de pertes comme tu vois. Mais… qu’est-ce que tu fous ?
Erik dédaigna la table débordant de vivres pour se pencher sur chaque allongé au sol. Il les soulagea au mieux avec les moyens du bord.
Le soir-même, Zaurak le convia dans ses appartements privés…
Le transplanage puis l’allée de embrumes amena Erik à un domaine isolé, décrépi, abandonné vu du dehors. Des grilles rouillées de chez le ferrailleur antique grincèrent en s’ouvrant dès un mot de passe murmuré par son obscur compagnon. Sitôt le portail refermé derrière eux, le décor changea. Point de ruines mais un manoir très cossu aux abords parfaitement entretenus luit sous des éclairages agencés savamment.
Mais si un escalier majestueux invitait aux doubles portes, l’accompagnateur orienta le candidat Mangemort vers une autre entrée, plus discrète, voire banale.
*Entrée des domestiques…*
Une pièce vestibule où il fut planté seul sans même un siège pour se poser. Dix bonnes minutes s’écoulèrent avant qu’interviennent deux encagoulés muets. On le fouilla, le déposséda de sa baguette, promena la pointe d’une autre des cheveux aux chevilles avant de l’escorter dans un couloir avant un autre.
Cela ressemblait à un bureau. Le « greffier » resta assis à sa table, gribouillant à la plume Dieu sait quoi dans un épais volume. Pas de siège, une fois de plus. On les laissa en tête-à-tête. Les minutes s’égrenèrent dans le tictac à peine audible d’une horloge vétuste.
Enfin, le greffier releva son long nez pointu qui faillit faire sourire Erik tant il ressemblait à celui de l’elfe récemment engagé. Il réprima vite cette expression, affichant le marbre absolu. Les yeux sombres de la créature étrange le dardèrent intensément :
Tu es Nielsen Erik, fils de Démétrius De Brent. Nous devons vérifier. Donne un doigt, n’importe lequel fera l’affaire.
S’attendant à du tout et n’importe quoi, Erik tendit son index gauche. L’autre ricana :
Prudent, je note !
Il gribouilla à nouveau puis, sans crier gare piqua méchamment le doigt présenté avant d’immédiatement écrire avec l’encre sanglante prélevée.
Quelques secondes plus tard, l’autre parut satisfait :
Tu as dit vrai. Le sang ne ment jamais. Je suis Barthéoméus, l’elfe régisseur de Lord Zaurak. Nul ne peut me tromper, ce livre révèle tout, absolument tout…
Survie obligeant, regard dans le sien, Erik n’hésita pas :
Alors veuillez indiquer que j’ai passé tous les tests avec succès.
L’autre se plongea dans la rédaction puis claqua des doigts. Les sbires précédents apparurent, Erik ne transpira pas même si au fond, il crevait de trouille.
Bon pour le service ! accorda l’elfe.
Un peu moins sévères lui sembla-t-il, ses guides l’acheminèrent par d’autres couloirs et portes.
Une recrue de choix ? Un De Brent de plus avec nous ? Enchanté Erik ! Assieds-toi.
Zaurak était de haute taille, tout vêtu de rouge. Il paraissait s’amuser beaucoup à l’instar des autres membres réunis, une petite dizaine pas plus.
Le rituel peut commencer, dit l’auguste personnage en touchant sa marque tandis que l’on dénudait l’avant-bras gauche de Nielsen.
Être marqué comme du bétail ? Jamais ! Il s’y était préparé. Le tout était de provoquer les échanges de regards.
Avant, Lord Zaurak, puis-je demander où se trouve mon frère ?
Tu le sauras bien assez tôt. Sois d’abord des complètement des nôtres, nous verrons ensuite.
Avec plaisir, mentit Erik en dardant fixement le maître des lieux qui, pour son malheur, accrocha les yeux si clairs.
La baguette ne fit que l’effleurer. La marque ne s’incrusta pas mais tous y crurent quand Erik se redressa en levant bien haut son bras fraîchement tatoué après avoir feint la douleur d’un feu intense.
Maintenant, tu es à LUI comme ceux-là avant toi et beaucoup après. Ce sera ta première tâche pour hisser dans la hiérarchie de notre congrégation : recruter ! Au moindre faux pas, cette marque te tuera.
Pas de danger que ça se produise, crâna Erik apparemment fier et assuré.
On applaudit et l’accueillit à une table richement garnie.
*Vaisselle d’or, cuisine raffinée, ce maître est… gourmet*
Il devait surtout récupérer l’énergie dépensée. Affamé insatiable, au grand dam de son Opaline, il dévora copieusement.
Ben toi, t’as intérêt à mériter ta croûte ! rigola son voisin de gauche en lui frappant le dos d’une bourrade à désarçonner un cavalier.
Y peux rien… j’ai toujours faim. Privation d’enfance sans doute…
On le charia de part et d’autre mais, dans l’ensemble, on l’accepta tel quel.
Nuit de solitude à gamberger à toute pompe. Combien de temps son subterfuge durerait-il ? Devrait-il répéter la manœuvre ? Á toute prendre, ces gens-ci étaient certes prudents mais pas idiots. Où et quand verrait-il Michael ? Trouverait-il Alix avant lui ? Un vide affreux le minait. Opaline, les jumeaux…
*Reste concentré…*
Dès matine, on le leva. Il avait sommeillé quoi, trois heures ?
Lui, comme les autres, affichait un teint brouillé, des yeux bouffis à la longue table du petit-déjeuner.
Tout en dévorant céréales, œufs et charcuteries, Erik absorba les commentaires alentours. Un gros truc se préparait, sa main à couper.
Le rachitique d’en face ne le quittait de l’œil sans toucher à son assiette. Erik, sans façon, la lui rafla :
Je peux ?
Te gêne pas, morveux ! le convia son voisin de droite présenté comme Eubius Moriflar. Ce gars ne bouffe que des limaces. Toi et moi on fera équipe aujourd’hui. Gave-toi car disette avant ce soir.
Ils n’eurent pas l’heur de croiser Zaurak. Casé au bas de l’échelle, Erik suivit le mouvement.
Eubius était bavard, chic !
Transplané au chemin de traverse, Nielsen dut renforcer les barrages, les filtrer. Il s’acquitta de sa tâche avec dextérité allant même jusqu’à suggérer à plus d’un agréé à rejoindre les rangs. Bon, si on regardait de près, il ne sélectionnait que des navets. Mais une fois dans la soupe, tout faisait farine au moulin, non ?
Pas mal, lui accorda Eubius ! T’en a recruté un de moins que moi. Suis-là depuis plus longtemps que toi, fais profil bas.
Pourquoi ? T’as peur pour ta place ?
Crâne pas Nielsen ou je t’écrase vite fait.
Essaye pour voir !
Erik le sut plus tard, les rivalités étaient âpres au sein des Mangemorts. C’étaient des loups prêts à s’entredévorer. Proprement, sans bavure, il éclata la gueule d’Eubius et s’appropria sa manne de recrues potentielles.
Lors du banquet de soirée, alors qu’il s’empiffrait joyeusement avec quelques-uns devenus soudain plus humbles vis-à-vis de lui, Erik vit surgir Zaurak, le doigt accusateur pointé sur lui :
Ce que l’on me rapporte est-il vrai ? 10 recrues en une seule journée ?
Erik se leva :
J’aurais pu faire davantage si vous m’aviez laissé ma baguette personnelle. Celle-là ne me convient pas du tout !
Que sais-tu des baguettes, freluquet ?
Tu m’as bien regardé, maître ? Ignores-tu que je sais étudier tout et n’importe quoi ? Ce sycomore ne me vaut rien, il s’ennuie avec moi. Rends-moi ma vigne, pour le bien de tous !
Ce dont je suis certain à ton sujet c’est que tu es bien un De Brent ! La même arrogance innée suinte chez vous. Quant à ton bois, je te le rendrai… peut-être, ricana Zaurak. En attendant, mange ! Demain, tous sur le pont à 4 heures !
Il se rassit et dévora telle son habitude. Entre deux bouchées, il eut beau ouvrir grand les oreilles, personne n’évoquait les événements à venir. Si bien qu’il se jeta à l’eau en demandant :
Qu’est-ce qui doit se passer demain ?
Ta gueule Nielsen ! Le maître a dit mange, alors mange ! mastiqua fortement une sorte d’ours mal léché.
Des coups de coude s’échangèrent à table. Celui qui avait rabroué Erik se faisait appeler « Baron ». Impossible de rater qu’il avait une ascendance quasi-totale sur l’assemblée. Erik n’hésita pas longtemps. C’était risqué mais au point où il en était, ça prendrait des mois avant de gravir les échelons. Il redressa le menton :
Personne ne me parle comme tu viens de le faire Baron !
Le silence se fit. On n’entendait plus que le craquement des bûches dans le grand âtre. Baron se leva et darda Erik d’un regard assassin :
Et moi, personne ne conteste ma force. Tu veux te mesurer à moi, demi-portion ?
Il était déjà impressionnant assis ; debout, c’était pire.
Erik ne se démonta pas, il semblait fasciné par l’os qu’il rongeait avec délice. Fatalement l’autre s’énerva. Un poing semblable à un souaffle se fracassa sur la table, renversant verres, faisant trembler les plats.
Bats-toi ! ordonna l’autre, furieux.
Après s’être lentement essuyé la bouche de sa serviette, un sourire moqueur jouant sur ses lèvres, Erik releva le défi :
Si tu y tiens…
Des murmures enchantés de la distraction imprévue s’élevèrent ainsi que des commentaires épouvantés :
Il est fou !... il va se faire massacrer…
Les spectateurs s’écartèrent vivement en déménageant à plusieurs la longue table et les sièges. Une sorte de ring se dessina au centre de la pièce. La cape d’Erik tomba au sol, révélant une ossature fine mais bien musclée. Baron rigola en le toisant et s’approchant à sentir l’haleine avinée :
Tu maintiens ta décision, roquet ?
Le bonhomme le dépassait de deux têtes, et alors ? Nielsen opina du chef. La patte d’ours frappa… le vide. Plus vif qu’une anguille, Erik s’était déplacé. Il était déjà dans le dos de Baron quand celui-ci s’aperçut de la feinte. Les arts martiaux, Erik les pratiquait depuis longtemps. Ses mains pouvaient s’avérer tranchantes, ses coups de pieds meurtriers. L’ours ne comprit rien à la raclée magistrale qui s’abattit sur lui en quelques secondes avant de s’écrouler le nez sur le parquet. Indulgent, Erik tendit une main pour relever son adversaire. Certes, la magie d’Erik joua bien un peu lors du regard échangé brièvement mais, à partir de ce moment, Baron et Nielsen devinrent des potes peu communs. Erik profita aussitôt de la bienveillance de tous. Les faire parler fut plus aisé sauf qu’apparemment personne ne connaissait les desseins de Zaurak.
Quatre heures du matin et ça se chamaillait déjà devant des bols fumants quand le maître dans sa splendeur écarlate apparut :
*Il aime le théâtre, celui-là…*
Il dénombra sa troupe et lança enfin ses directives :
Vous formerez des groupes de quatre hommes ou mixtes, rigola-t-il en regardant huit dames qui avançaient.
D’emblée, Erik se plaça à la droite de Baron, bientôt rejoint par Eubius puis par une jeune asiatique qui se présenta en s’adressant à Nielsen plus qu’aux autres :
Miko, je t’ai observé hier. Tu attaques bien !
Jolie ? Erik devait avouer qu’elle possédait beaucoup de charme. Cependant, il n’était pas là pour conter fleurette. Les groupes établis, Zaurak délivra ses instructions :
Ce n’est pas du gâteau mais nous devons l’abattre. SUS AU MINISTÈRE !!!
Des hourrahs fusèrent. Erik resta de marbre.
Ça te pose un souci, Nielsen ? T’as des amis là-bas ?
Quelques-uns, c’est possible, répondit-il, mais là n’est pas mon problème. On débarque, fout le bordel, tue tout le monde, c’est ça le plan ?
En gros, c’est bien ça ! s’esclaffa le maître, aussitôt accompagné par les rires des autres.
Non mais je rêve ! Où sont les plans du bâtiment ? Vous les avez, n’est-ce pas ?
Non mon garçon. On m’a dit de vous faire foncer, alors on foncera ! Pas plus compliqué que cela.
Bref, on part au casse-pipe en aveugle ? C’est jouer aux kamikazes, ça ! J’accepte de risquer ma peau mais, voyez-vous j’y tiens… D’autres groupes vont nous rejoindre, j’espère ?
On déblaye le passage pour eux, oui !
Maître, pardonnez mon audace mais on va tous y rester si on part ainsi.
La graine de l’inquiétude était semée, chic !
Tu suggères quoi, alors ?
J’ai une excellente mémoire, je suis capable d’avaler des centaines de page en quelques secondes. Je vais aux archives du ministère qui ne sont jamais gardées et je reviens avec un plan détaillé des lieux. On l’étudie puis on établit une vraie stratégie.
Beaucoup de têtes approuvèrent ce choix. Zaurak demeura mitigé.
Et si allais cafter ou… déserter ?
Adjoignez-moi n’importe qui, plaida Erik.
L’espèce d’état-major composé de Zaurak, de Baron et d’un nommé Enselme se concerta un bref instant.
Tu as deux heures de liberté avec la ninja à qui t’a tapé dans l’œil. Passé ce délai, vous serez supprimés.
Deux heures ? C’était plus qu’escompté. Erik affronta une fois de plus Zaurak à qui il offrit sa paume droite ouverte. Mécontent, le maître y posa la baguette réclamée. Là, Erik se sentit plus à l’aise.
Le ministère, de si bon matin, dormait d’un œil. Un peu de polynectar ? Pour Miko, oui. Difficile autrement de la faire passer pour anglaise pure souche. Il avait suffi d’attendre qu’un employé de la maintenance se pointe et lui piquer son badge vite fait.
Au début, Erik se comporta comme prévu. Il fila aux archives, Miko sur ses talons. Elle en ouvrit des yeux lorsqu’elle pigea qu’effectivement Erik enregistrait tout ce qu’il lisait.
Il me manque la description du 7ème étage, dit-il. Trouve-le que je finisse ça !
Il arracha plusieurs pages, gribouilla un avertissement sur un bout de papier qu’il enchanta en mini avion :
Le ministère va être investi. Ne résistez pas, fuyez !
Puis il se replongea dans l’étude.
1H30 plus tard, ils étaient de retour.
Très soigneusement, il récréa une maquette de tous les étages avec les issues potentielles. Bien sûr certains passages furent omis volontairement.
20 h, ils étaient parés.
Ça barda et chauffa vachement. Entrées défoncées, éradication de la résistance que tous trouvèrent plus faiblarde pour leur plus grand bonheur. Le sommet de l’édifice résista davantage. Intérieurement, Erik pria pour que peu de victimes soient à déplorer. Dans le feu de l’action, il croisa d’autres envahisseurs. L’un d’eux l’attira comme un aimant. Rien que dans sa façon de se déplacer, il sut à coup sûr avoir affaire à son frère. Ils furent masque à masque au second étage. Sans un mot, Erik présenta sa baguette à l’envers à son opposant. Michael comprit sans doute car il interrompit sa défense pour le saluer et filer ailleurs. Ébranlé par cette rencontre fortuite, Erik ne remarqua pas l’assaillant dans son dos, la douleur s’en chargea.
De l’eau sur son front ? Il battit des paupières réalisant peu à peu être dans sa chambre au manoir. Miko lui bassinait le front avec des gestes de mère.
Que… ?
Chut, tais-toi, tu as été très secoué et, sans Baron tu serais entravé.
Mince ! Il était torse nu sous ses draps. Il paniqua un peu, Miko sourit :
J’ai su tout de suite que tu étais différent des autres. T’inquiète pas pour la marque, suis experte en faux tatouages. Le mien ne réagit pas non plus mais je me suis liée à de vrais porteurs, ainsi si on les appelle, j’en suis. Tu dois faire pareil, question de survie.
Endolori de partout, Erik écouta sans trop commenter tout ce que cette asiatique racontait. Laissé seul, il se reposa encore un peu puis descendit voir ce qui se passait pour les autres.
Ah, le voilà revenu, l’homme du jour ! l’accueillit Baron en souriant. Grâce à toi, on a peu de pertes comme tu vois. Mais… qu’est-ce que tu fous ?
Erik dédaigna la table débordant de vivres pour se pencher sur chaque allongé au sol. Il les soulagea au mieux avec les moyens du bord.
Le soir-même, Zaurak le convia dans ses appartements privés…
Erik Nielsen- Messages : 42
Date d'inscription : 09/09/2013
Re: D'amour et autres misères
À la guerre, comme à la guerre !
*On dit que tout moyen est bon pour parvenir à ses fins…mais, punaise, qu’il fait froid !*
Et de sauter du mur au toit, et descendre sur la corniche, et la longer pour s’installer tout au bout et contempler la rue. Quel triste hiver, en plus de froid comme pas deux, même pour un chat. Surtout pour celui-là, dont le poil court n’était pas exactement la meilleure fourrure pour résister aux intempéries.
*Ouais, fallait y penser…gros, dodu et bien poilu…enfin, au moins suis agile !*
Le spectacle n’était pas moins navrant en vision féline. De la neige partout, presque personne dans le coin. Enfin, personne de fréquentable, s’entend. L’Envahisseur ne se privait pas de parader dans les rues désertées de toute vie, sûr qu’on suivait ses ricanements gouailleurs en enviant l’air satisfait arboré.
*Pas à dire, ils croient nous avoir eu comme des rats au piège…faim, froid…ça va pas du dos de la cuillère…rira bien qui rira le dernier…enfin, ça reste à espérer !*
Sous sa forme animagus, Opal espionnait à sa façon. Pas qu’on lui ait dit de le faire, en fait, personne ne semblait prendre le temps de lui dire quoi que ce soit relatif à guerre ou résistance effective. Tout le monde était très gentil, pas de quoi se plaindre. Max continuait à jouer les négriers mais il était adorable et on pouvait le lui pardonner. John jonglait entre un Ordre patient et Merlin sait quoi d’autre, sans doute plus actif, compte tenu de certains mouvements subversifs…très mitigés pour le moment, mais toujours mieux que rien.
Personnellement, Mrs, Nielsen commençait à croire que l’Ordre n’avait rien à cirer de tout apport qu’elle put faire. Bien entendu, avec McGo aux commandes, pas demain la veille qu’ils risquaient de croire qu’elle était ce qu’on pourrait appeler une bonne sorcière. La chère dame devait bien garder en mémoire ses prestations à Poudlard.
*Pourtant un coup de boomerang est aussi effectif qu’un Stupefix, en plus assommant…et à l’heure de chasser…ça donne la même chose que ce soit cochon sauvage ou Mangemort…mais bien sûr…*
Ça claquait de partout, que ce soit chez les Sorciers ou chez les Moldus. Un tohubohu général était en pleine marche et de continuer de la sorte, ça finirait mal pour tout le monde. On appelait émeutes, de l’autre côté et la Police déployait tout moyen à portée pour mater le fléau mais celui-ci s’étendait…s’étendait…et ça cramait de Minneapolis à Nairobi en passant par Le Caire et Katmandou. Les motifs s’étalaient comme des bonnes raisons et de tant gueuler cela finissait par donner de quoi réfléchir.
Et comme cela ne pouvait pas rater, on avait fait sauter des centrales électriques, ce qui donnait qu’on passait pas mal de soirées à se regarder aux chandelles. Les communications en pâtirent, Internet faisait des ratées, le téléphone des hauts et des bas, les mobiles parfois sans réseau ne donnaient rien…
*On plonge dans les ténèbres…au sens propre et figuré !*
Elle avait quand même réussi à communiquer avec Kelamera, au moins là, les nouvelles étaient rassurantes. Le coin, plutôt paumé, ne revêtait aucun intérêt ni pour les manifestants des causes perdues ni pour les sorciers en quête de nouveaux territoires. Les jumeaux grandissaient sous la houlette McLane et aux dires de Maman étaient en passe de devenir des anges exemplaires.
*Elle dirait n’importe quoi pour me tranquilliser…Anges exemplaires ? Ça veut dire qu’ils font les 400 coups, ces deux-là !*
Ils lui manquaient à en mourir. L’absence d’Erik et le manque de nouvelles la consumaient à petit feu, son seul exutoire était travailler comme malade et jouer les nounous de son filleul. Angel s’était splendidement remise de ses couches et prenait part active à tout mouvement de rébellion en cours. Tout comme elle, chacune avec ses moyens.
Malheureusement, les gars qui se baladaient impunément sous son nez, n’avaient pas grand-chose à raconter. C’étaient de sous-fifres de troisième zone à qui aucune autorité avec deux doigts de bon sens n’aurait confié un plan secret. Lassé de se geler sur sa corniche, l’abyssin descendit sur le pavé glacé et trottina gentiment en se faufilant entre la troupe qui ne lui prêta aucune attention. Petite course au ras des murs pour s’arrêter face à la porte archi-close du restaurant. On n’y avait pas touché, pas plus qu’aux fenêtres. Quelques bonds plus tard, Opal/chat se retrouva à l’intérieur, après tout, si quelqu’un connaissait tout accès, c’était bien elle.
Soupir navré. Elle avait été si orgueilleuse de sa réussite, de sa belle clientèle, enfin, pas toujours si belle que ça, mais fidèle en tout cas. L’affaire tournait rond…si merveilleusement rond. À la merci de la pénombre régnante, elle reprit sa forme humaine, se laissa tomber sur une chaise et donna libre cours aux souvenirs. Que les repas étaient animés, les conversations allaient bon train, parfois les langues se déliaient avec le bon vin et on en entendait des choses, mais bien sûr, tout le monde, ivrognes bavards inclus, donnait pour établi que ce qui se disait entre ces quatre murs avait presque autant de valeur que le secret de confession.
*Mais ça parlait…et comment que ça parlait… *
Justin Davenport était certainement un des hommes les plus occupés du monde sorcier et qui sait si du moldu aussi. Pour lui parler, il fallait être en grâce divine ou être porteur d’un message royal ce qui pour Opal équivalait presque à la même chose. Mais elle avait mieux : Justin était aussi son meilleur ami.
C’était encore une de ces soirées aux chandelles par la force des choses, assis au coin du feu, Opal exposa sa petite idée que le colonel Davenport écouta sans interrompre.
Je sais…c’est plutôt tiré par les cheveux mais tu me diras…la bonne cuisine ça tente n’importe qui…et ces types mangent comme tout le monde, non ?...Oui, bien sûr, rouvrir un resto là où est censée de camper la disette, c’est outrageant…Tant pis s’ils me tiennent pour collaboratrice…On s’en fout un peu…mari mangemort, beau-frère idem, pas de quoi s’étonner que je vire de bord aussi…tu sais les mauvaises tendances ça se colle pire que le rhume…et puis…
Il y en avait des « et puis » et des «mais ». De prime abord, l’idée ne valait rien ou presque. Justin la disséqua gentiment, la mettant en pièces, pour ne pas dire qu’il la réduisit en miettes. Selon lui, il y a avait trop de risques, trop d’explications à donner, trop de coïncidences à faire coïncider, trop de ceci et pas mal de cela. De quoi décourager n’importe qui de plus sensé que cette folle Ex-Poufsouffle déterminée à apporter son grain de sel.
Ok, tu as raison…mais …, là il tira carrément la moue, avec un peu d’imagination et pas mal de chance…Ouais…les provisions, c’est le gros hic…je peux dire, et c’est vrai, que ma cave est bourrée à craquer…aussi que j’avais migré sous d’autres cieux parce que je suis trouillarde, on peut pas m’en vouloir pour ça…mais que je suis une franche canaille attirée par l’appât du gain, ça non plus ça n’a rien de bizarre…les misérables et la guerre, c’est la symbiose…et si tu veux, pour faire plus vrai…tu peux démolir les fenêtres, essayer d’y mettre le feu…enfin, tu vois le genre…
Le colonel jura par tous les Dieux qu’elle était folle à lier et qu’on ferait mieux de l’enfermer avant que ça n’empire mais au moment de se quitter l’enserra dans une accolade fraternelle en lui demandant de ne pas y laisser la peau.
Porte ouverte, fenêtres idem, Opal balayait consciencieusement le sol, après avoir bataillé avec poussières et toiles d’araignée quand les deux hommes s’encadrèrent sur le seuil, elle continua son labeur comme si rien n’était.
On peut savoir ce que tu fais-là ?, gronda l’un d’eux.
Ça a l’air de quoi, à votre avis ? Le ménage, pardi…c’est sale comme un trou de rats, dit-elle très calme, je pense rouvrir…ça pose pas de problème…ou oui ?
Ils éclatèrent de rire. On ne s’attendait pas à moins mais reprenant vite leur sérieux énumérèrent une série de raisons, somme toute très valables, qui invalidaient cet élan de libre entreprise. Apparemment, il fallait une autorisation officielle délivrée par l'Administration en place et Merlin sait quoi d’autre, sans oublier quelques très bonnes explications.
Et pour en donner, Opal en donna, des explications. Contrairement à ce qu’on pouvait supposer, le Ministère, assez dépeuplé, semblait tourner assez efficacement, ou du moins ces messieurs du Nouvel Ordre s’y efforçaient à conscience.
Jackson Peaksy, bureaucrate, loyal serviteur de l’ordre en vigueur ôta ses binocles, se pinça l’arête du nez et considéra longuement, en clignant des yeux, la jeune femme qui depuis près d’une demie heure lui faisait part de l’histoire la plus embrouillée des derniers temps.
Vous avez fui, vous êtes cachée et vous revoilà…
Ben oui, pour faire court, c’est ça…j’ai pensé, voyez-vous ça m’arrive de temps à autre, que…ben, manger comme il faut, ça plait à tout le monde et ma cuisine est rudement bonne…les temps sont pas bons pour…euh…pour ceux qui…enfin, vous savez…mais il y a un Nouvel Ordre, non ? Faudra s’y faire, à mon avis…et puis, le commerce doit reprendre…écoutez, Mr. Peaksy…on ne vit pas d’idéaux…suis du genre terre à terre et ça me plait faire de l’argent…ça m’est égal d’où il vient…suis sans parti pris, moi…mais…mon homme, il est…avec Vous…si vous voyez ce que je veux dire…alors me suis dit…pourquoi pas ? *T’es dégueulasse !*
Vos voisins, ils vont pas aimer, assura le bonhomme qui avait des idées précises.
Opal haussa les épaules avec une indifférence très convaincante et l’octroya d’un sourire renversant.
Peut-être que s’ils voient que ça marche…ça les tenterait de m’imiter…ce qui ne serait pas plus mal, après tout…le commerce, ça fait tourner le monde…*Ça allait comment le truc sur les avaricieux…*
La sauce commençait à prendre gentiment, Mr. Peaksy faisait des petits calculs mentaux et laissait entrevoir l’ombre d’un sourire mesquin.
Vous avez le sens des affaires, Miss McLane…
Mrs. Nielsen, Mr. Peaksy, Mrs. Erik Nielsen !
Il enregistra l’information, sûr que cela le conduirait quelque part, après quoi son intérêt, très marqué, versa sur comment elle pensait s’y prendre pour approvisionner sa cuisine. Opal, qui avait mijoté l’idée, n’y alla pas par quatre chemins.
Ben, si vous voulez bien manger, faudra mettre de votre part…il me faut des garanties, tous les permis nécessaires et je suis sûre que vous savez exactement ce de quoi je parle.
Il savait mais bien entendu ne pouvait pas prendre une décision tout seul, son devoir était de consulter ses supérieurs, etc…Elle laissa sur son bureau une liasse de paperasse décourageante et s’en alla très contente avec la promesse d’une rapide réponse à sa requête. Elle se perdit sur le chemin vers la sortie et déambula dans les couloirs, l’air si paumé, qu’on la prit en pitié et sans la malmener ont la guida vers l’extérieur.
Et voilà, comme je te l’avais dit, vieux frère, ça a marché!... enfin…jusque-là…tu vois, l’avantage d’avoir l’air d’une innocente idiote, rapiate par surcroît…Ben laisse-moi te dire, qu’ils font tourner à fond leur baraque… pas de pagaille…sont pas aussi cons qu’on croirait, ces gars savent ce qu’ils veulent et comment l’obtenir, cette fois, Justin, ce n’est pas seulement un idéal à la noix…là, ça va plus loin…J’ai vu des ordres d’éviction pour le Chemin de Traverse…Ils vont reprendre le commerce parce que l’idée de tourner à perte ne les tente pas et il doit avoir assez de pourris par-là qui seront ravis de l’aubaine…alors, faudrait passer le mot…et ce ne serait pas plus mal, si les Nôtres comprennent de quoi il en va…
C’est alors que Justin crut bon lui avouer avoir eu des nouvelles de Michael. Le colonel passa outre les renseignements secrets mais la rassura sur Erik qui prenait bravement du galon et jouissait déjà de la confiance des Grands du Nouvel Ordre. Elle en pleura de soulagement.
Deux jours plus tard, elle eut des nouvelles de Mr.Peaksy. « Chez McLane » pourrait rouvrir avec les garanties demandées. D'autres boutiques sur le Chemin de Traverse s’apprêtaient à faire de même.
Mises au parfum de son projet, Angel et Megan voulurent en être. Mrs. Westwood avec son talent culinaire inné, Mrs Smith, qui peinait à faire cuire correctement un œuf mais qui, de ses temps d’étudiante, avait arrondi ses fins de mois en travaillant comme serveuse dans un café.
Personne n’oublierait jamais cette soirée de réouverture. Pendant que les gros bonnets du Nouvel Ordre pillaient gracieusement le buffet et buvaient le meilleur vin, une action conjointe des forces de Résistance s’occupaient, moins gracieusement, du Ministère alors qu’un magnifique Noir des Hébrides assurait le support aérien.
Inutile de dire que les agapes furent de courte durée. On s’en désola poliment et une fois le dernier client sorti, on boucla boutique.
Je dirais, mesdames, que dans tous les cas de figure…c’est un début parfait !
*On dit que tout moyen est bon pour parvenir à ses fins…mais, punaise, qu’il fait froid !*
Et de sauter du mur au toit, et descendre sur la corniche, et la longer pour s’installer tout au bout et contempler la rue. Quel triste hiver, en plus de froid comme pas deux, même pour un chat. Surtout pour celui-là, dont le poil court n’était pas exactement la meilleure fourrure pour résister aux intempéries.
*Ouais, fallait y penser…gros, dodu et bien poilu…enfin, au moins suis agile !*
Le spectacle n’était pas moins navrant en vision féline. De la neige partout, presque personne dans le coin. Enfin, personne de fréquentable, s’entend. L’Envahisseur ne se privait pas de parader dans les rues désertées de toute vie, sûr qu’on suivait ses ricanements gouailleurs en enviant l’air satisfait arboré.
*Pas à dire, ils croient nous avoir eu comme des rats au piège…faim, froid…ça va pas du dos de la cuillère…rira bien qui rira le dernier…enfin, ça reste à espérer !*
Sous sa forme animagus, Opal espionnait à sa façon. Pas qu’on lui ait dit de le faire, en fait, personne ne semblait prendre le temps de lui dire quoi que ce soit relatif à guerre ou résistance effective. Tout le monde était très gentil, pas de quoi se plaindre. Max continuait à jouer les négriers mais il était adorable et on pouvait le lui pardonner. John jonglait entre un Ordre patient et Merlin sait quoi d’autre, sans doute plus actif, compte tenu de certains mouvements subversifs…très mitigés pour le moment, mais toujours mieux que rien.
Personnellement, Mrs, Nielsen commençait à croire que l’Ordre n’avait rien à cirer de tout apport qu’elle put faire. Bien entendu, avec McGo aux commandes, pas demain la veille qu’ils risquaient de croire qu’elle était ce qu’on pourrait appeler une bonne sorcière. La chère dame devait bien garder en mémoire ses prestations à Poudlard.
*Pourtant un coup de boomerang est aussi effectif qu’un Stupefix, en plus assommant…et à l’heure de chasser…ça donne la même chose que ce soit cochon sauvage ou Mangemort…mais bien sûr…*
Ça claquait de partout, que ce soit chez les Sorciers ou chez les Moldus. Un tohubohu général était en pleine marche et de continuer de la sorte, ça finirait mal pour tout le monde. On appelait émeutes, de l’autre côté et la Police déployait tout moyen à portée pour mater le fléau mais celui-ci s’étendait…s’étendait…et ça cramait de Minneapolis à Nairobi en passant par Le Caire et Katmandou. Les motifs s’étalaient comme des bonnes raisons et de tant gueuler cela finissait par donner de quoi réfléchir.
Et comme cela ne pouvait pas rater, on avait fait sauter des centrales électriques, ce qui donnait qu’on passait pas mal de soirées à se regarder aux chandelles. Les communications en pâtirent, Internet faisait des ratées, le téléphone des hauts et des bas, les mobiles parfois sans réseau ne donnaient rien…
*On plonge dans les ténèbres…au sens propre et figuré !*
Elle avait quand même réussi à communiquer avec Kelamera, au moins là, les nouvelles étaient rassurantes. Le coin, plutôt paumé, ne revêtait aucun intérêt ni pour les manifestants des causes perdues ni pour les sorciers en quête de nouveaux territoires. Les jumeaux grandissaient sous la houlette McLane et aux dires de Maman étaient en passe de devenir des anges exemplaires.
*Elle dirait n’importe quoi pour me tranquilliser…Anges exemplaires ? Ça veut dire qu’ils font les 400 coups, ces deux-là !*
Ils lui manquaient à en mourir. L’absence d’Erik et le manque de nouvelles la consumaient à petit feu, son seul exutoire était travailler comme malade et jouer les nounous de son filleul. Angel s’était splendidement remise de ses couches et prenait part active à tout mouvement de rébellion en cours. Tout comme elle, chacune avec ses moyens.
Malheureusement, les gars qui se baladaient impunément sous son nez, n’avaient pas grand-chose à raconter. C’étaient de sous-fifres de troisième zone à qui aucune autorité avec deux doigts de bon sens n’aurait confié un plan secret. Lassé de se geler sur sa corniche, l’abyssin descendit sur le pavé glacé et trottina gentiment en se faufilant entre la troupe qui ne lui prêta aucune attention. Petite course au ras des murs pour s’arrêter face à la porte archi-close du restaurant. On n’y avait pas touché, pas plus qu’aux fenêtres. Quelques bonds plus tard, Opal/chat se retrouva à l’intérieur, après tout, si quelqu’un connaissait tout accès, c’était bien elle.
Soupir navré. Elle avait été si orgueilleuse de sa réussite, de sa belle clientèle, enfin, pas toujours si belle que ça, mais fidèle en tout cas. L’affaire tournait rond…si merveilleusement rond. À la merci de la pénombre régnante, elle reprit sa forme humaine, se laissa tomber sur une chaise et donna libre cours aux souvenirs. Que les repas étaient animés, les conversations allaient bon train, parfois les langues se déliaient avec le bon vin et on en entendait des choses, mais bien sûr, tout le monde, ivrognes bavards inclus, donnait pour établi que ce qui se disait entre ces quatre murs avait presque autant de valeur que le secret de confession.
*Mais ça parlait…et comment que ça parlait… *
Justin Davenport était certainement un des hommes les plus occupés du monde sorcier et qui sait si du moldu aussi. Pour lui parler, il fallait être en grâce divine ou être porteur d’un message royal ce qui pour Opal équivalait presque à la même chose. Mais elle avait mieux : Justin était aussi son meilleur ami.
C’était encore une de ces soirées aux chandelles par la force des choses, assis au coin du feu, Opal exposa sa petite idée que le colonel Davenport écouta sans interrompre.
Je sais…c’est plutôt tiré par les cheveux mais tu me diras…la bonne cuisine ça tente n’importe qui…et ces types mangent comme tout le monde, non ?...Oui, bien sûr, rouvrir un resto là où est censée de camper la disette, c’est outrageant…Tant pis s’ils me tiennent pour collaboratrice…On s’en fout un peu…mari mangemort, beau-frère idem, pas de quoi s’étonner que je vire de bord aussi…tu sais les mauvaises tendances ça se colle pire que le rhume…et puis…
Il y en avait des « et puis » et des «mais ». De prime abord, l’idée ne valait rien ou presque. Justin la disséqua gentiment, la mettant en pièces, pour ne pas dire qu’il la réduisit en miettes. Selon lui, il y a avait trop de risques, trop d’explications à donner, trop de coïncidences à faire coïncider, trop de ceci et pas mal de cela. De quoi décourager n’importe qui de plus sensé que cette folle Ex-Poufsouffle déterminée à apporter son grain de sel.
Ok, tu as raison…mais …, là il tira carrément la moue, avec un peu d’imagination et pas mal de chance…Ouais…les provisions, c’est le gros hic…je peux dire, et c’est vrai, que ma cave est bourrée à craquer…aussi que j’avais migré sous d’autres cieux parce que je suis trouillarde, on peut pas m’en vouloir pour ça…mais que je suis une franche canaille attirée par l’appât du gain, ça non plus ça n’a rien de bizarre…les misérables et la guerre, c’est la symbiose…et si tu veux, pour faire plus vrai…tu peux démolir les fenêtres, essayer d’y mettre le feu…enfin, tu vois le genre…
Le colonel jura par tous les Dieux qu’elle était folle à lier et qu’on ferait mieux de l’enfermer avant que ça n’empire mais au moment de se quitter l’enserra dans une accolade fraternelle en lui demandant de ne pas y laisser la peau.
Porte ouverte, fenêtres idem, Opal balayait consciencieusement le sol, après avoir bataillé avec poussières et toiles d’araignée quand les deux hommes s’encadrèrent sur le seuil, elle continua son labeur comme si rien n’était.
On peut savoir ce que tu fais-là ?, gronda l’un d’eux.
Ça a l’air de quoi, à votre avis ? Le ménage, pardi…c’est sale comme un trou de rats, dit-elle très calme, je pense rouvrir…ça pose pas de problème…ou oui ?
Ils éclatèrent de rire. On ne s’attendait pas à moins mais reprenant vite leur sérieux énumérèrent une série de raisons, somme toute très valables, qui invalidaient cet élan de libre entreprise. Apparemment, il fallait une autorisation officielle délivrée par l'Administration en place et Merlin sait quoi d’autre, sans oublier quelques très bonnes explications.
Et pour en donner, Opal en donna, des explications. Contrairement à ce qu’on pouvait supposer, le Ministère, assez dépeuplé, semblait tourner assez efficacement, ou du moins ces messieurs du Nouvel Ordre s’y efforçaient à conscience.
Jackson Peaksy, bureaucrate, loyal serviteur de l’ordre en vigueur ôta ses binocles, se pinça l’arête du nez et considéra longuement, en clignant des yeux, la jeune femme qui depuis près d’une demie heure lui faisait part de l’histoire la plus embrouillée des derniers temps.
Vous avez fui, vous êtes cachée et vous revoilà…
Ben oui, pour faire court, c’est ça…j’ai pensé, voyez-vous ça m’arrive de temps à autre, que…ben, manger comme il faut, ça plait à tout le monde et ma cuisine est rudement bonne…les temps sont pas bons pour…euh…pour ceux qui…enfin, vous savez…mais il y a un Nouvel Ordre, non ? Faudra s’y faire, à mon avis…et puis, le commerce doit reprendre…écoutez, Mr. Peaksy…on ne vit pas d’idéaux…suis du genre terre à terre et ça me plait faire de l’argent…ça m’est égal d’où il vient…suis sans parti pris, moi…mais…mon homme, il est…avec Vous…si vous voyez ce que je veux dire…alors me suis dit…pourquoi pas ? *T’es dégueulasse !*
Vos voisins, ils vont pas aimer, assura le bonhomme qui avait des idées précises.
Opal haussa les épaules avec une indifférence très convaincante et l’octroya d’un sourire renversant.
Peut-être que s’ils voient que ça marche…ça les tenterait de m’imiter…ce qui ne serait pas plus mal, après tout…le commerce, ça fait tourner le monde…*Ça allait comment le truc sur les avaricieux…*
La sauce commençait à prendre gentiment, Mr. Peaksy faisait des petits calculs mentaux et laissait entrevoir l’ombre d’un sourire mesquin.
Vous avez le sens des affaires, Miss McLane…
Mrs. Nielsen, Mr. Peaksy, Mrs. Erik Nielsen !
Il enregistra l’information, sûr que cela le conduirait quelque part, après quoi son intérêt, très marqué, versa sur comment elle pensait s’y prendre pour approvisionner sa cuisine. Opal, qui avait mijoté l’idée, n’y alla pas par quatre chemins.
Ben, si vous voulez bien manger, faudra mettre de votre part…il me faut des garanties, tous les permis nécessaires et je suis sûre que vous savez exactement ce de quoi je parle.
Il savait mais bien entendu ne pouvait pas prendre une décision tout seul, son devoir était de consulter ses supérieurs, etc…Elle laissa sur son bureau une liasse de paperasse décourageante et s’en alla très contente avec la promesse d’une rapide réponse à sa requête. Elle se perdit sur le chemin vers la sortie et déambula dans les couloirs, l’air si paumé, qu’on la prit en pitié et sans la malmener ont la guida vers l’extérieur.
Et voilà, comme je te l’avais dit, vieux frère, ça a marché!... enfin…jusque-là…tu vois, l’avantage d’avoir l’air d’une innocente idiote, rapiate par surcroît…Ben laisse-moi te dire, qu’ils font tourner à fond leur baraque… pas de pagaille…sont pas aussi cons qu’on croirait, ces gars savent ce qu’ils veulent et comment l’obtenir, cette fois, Justin, ce n’est pas seulement un idéal à la noix…là, ça va plus loin…J’ai vu des ordres d’éviction pour le Chemin de Traverse…Ils vont reprendre le commerce parce que l’idée de tourner à perte ne les tente pas et il doit avoir assez de pourris par-là qui seront ravis de l’aubaine…alors, faudrait passer le mot…et ce ne serait pas plus mal, si les Nôtres comprennent de quoi il en va…
C’est alors que Justin crut bon lui avouer avoir eu des nouvelles de Michael. Le colonel passa outre les renseignements secrets mais la rassura sur Erik qui prenait bravement du galon et jouissait déjà de la confiance des Grands du Nouvel Ordre. Elle en pleura de soulagement.
Deux jours plus tard, elle eut des nouvelles de Mr.Peaksy. « Chez McLane » pourrait rouvrir avec les garanties demandées. D'autres boutiques sur le Chemin de Traverse s’apprêtaient à faire de même.
Mises au parfum de son projet, Angel et Megan voulurent en être. Mrs. Westwood avec son talent culinaire inné, Mrs Smith, qui peinait à faire cuire correctement un œuf mais qui, de ses temps d’étudiante, avait arrondi ses fins de mois en travaillant comme serveuse dans un café.
Personne n’oublierait jamais cette soirée de réouverture. Pendant que les gros bonnets du Nouvel Ordre pillaient gracieusement le buffet et buvaient le meilleur vin, une action conjointe des forces de Résistance s’occupaient, moins gracieusement, du Ministère alors qu’un magnifique Noir des Hébrides assurait le support aérien.
Inutile de dire que les agapes furent de courte durée. On s’en désola poliment et une fois le dernier client sorti, on boucla boutique.
Je dirais, mesdames, que dans tous les cas de figure…c’est un début parfait !
Opal McLane- Messages : 39
Date d'inscription : 09/09/2013
Re: D'amour et autres misères
Erik était las mais il accepta l’invitation du Lord Zaurak, son maître. On ne se débine pas encore, à ce stade, d’un ordre si explicite.
Les appartements privés du propriétaire étaient à sa mesure : un théâtre dans toute la palette des rouges.
*Ça donne mal aux yeux…*
D’entrée, Zaurak lui sauta dessus pour l’enserrer dans ses larges bras :
Erik, ah Erik ! Comme je t’ai attendu, mon fils !
Quasi étouffé, Nielsen ne put que toussoter un vague remerciement qui enchanta néanmoins son hôte envahisseur.
Et modeste, avec ça ! Tout moi à ton âge ! Assieds-toi, assieds-toi, s’empressa-t-il en le libérant de l’étreinte forcée. Nous devons causer. Mais avant, que désires-tu ? Boire ? ( plusieurs carafes de liquides rubis apparurent) Manger ? ( des plats chargés se matérialisèrent sur la table basse) des douceurs ? ( pâtisseries, chocolats s’amoncelèrent à côté du reste)
Lentement, Erik désigna un flacon de couleur bordeaux.
Excellent choix ! Trinquons, mon fils !
Avec sagesse, Erik attendit que son maître avale d’abord avant de toucher à son verre. Maintenant, Zaurak s’était aussi installé sur le divan. Un bras s’allongea autour des épaules de l’infiltré qui paniquait légèrement devant tant de familiarité.
Tu es jeune, beau,,. ça me change de ces vieux Baron et surtout Anselme. Je te veux à ma droite désormais ! Tu as démontré à quel point tu étais fin. J’adore les têtes bien faites autant que bien pleines ! ( tape sur les boucles blondes) Toi et moi, ensemble, on se fera respecter, fils ! Tu es d’accord ?
Il en sera fait comme vous le désirez, Maître.
Cesse avec ces maîtres serviles dont tu ne penses pas un mot ( rire). Entre nous, du moins, tu m’appelleras Zaurak, à l’égal de mes frères.
Sur ce, l’être écarlate leva sa puissante carcasse du siège velouté et fit apparaître huit tableaux représentant sa famille, sept orbitaient autour d’un central.
Voilà les « miens », mes chers frères… Comme tu remarques sûrement, je suis après Zhadil mais avant Beid qui lui est le plus éloigné de tous. Là, c’est Keid, celui-là Theemin, puis viennent Sceptrum et Azha. Nous avons perdus Rana, la seule femme, et Cursa, tous les deux éjectés par l’aîné : Eridan ! (il désignait le personnage central)
C’est qu’il n’est pas commode, le frérot ! Il ne supporte pas les idiots, les faibles.
Je suppose, se risqua Erik, que comme tous les « bons » frères, vous vous détestez copieusement ?
Dans un rire énorme, Zaurak approuva :
Bien vu, fils ! Tous nous désirons nous rapprocher du centre, de ce dingue d’Eridan.
Erik tiqua, Zaurak rassura :
Je ne l’aime pas, je ne m’en cache pas, personne ne peut l’aimer ce… pervers. Heureusement pour toi, tu es trop âgé pour satisfaire ses vices. Or, il y a un truc que je ne pige pas avec lui. Il nous cache, peut-être pas à tous mais à certains dont moi, quelque chose que tu vas m’aider à découvrir. Il n’est pas « normal » qu’Eridan prenne une épouse, or il va se marier. Beid prépare l’épousée.
*Une épouse… oh, non !... Pas Alix quand même…* Tout ce que vous voudrez, Maî… Zaurak.
Ce soir, il y a une réunion familiale. Tu viens avec moi. Va te changer.
Est-ce grave si je vous suis en retard ?
Qu’as-tu donc de si important à faire, et où ? tonna Zaurak sourcils froncés. Ah oui, je sais, tu vas conclure avec Miko ? (rires)
Pas du tout. J’ai encore des blessés qui réclament des soins, et…
Zaurak en eut la larme à l’œil. Il se précipita à nouveau sur Erik, l’étreignant à l’infini :
C’est beau, ça ! Merci d’être si… parfait !
Pour distribuer son art, Erik ne lésina pas. Il manquait plein d’ustensiles et de médecines curatives dans la pharmacie rudimentaire à disposition. Ses sortilèges comblèrent beaucoup de ces manques, entraînant une vague admirative chez tous les présents. Seul Anselme le battait froid.
Baron, jamais loin d’Erik, l’avertit :
Tu as gagné beaucoup aujourd’hui, mais pas que des amis… méfie-toi. Tu ferais bien de rejoindre Zaurak, fissa !
Un portoloin avait été laissé à son attention exclusive, à peine reposé Erik s’envola.
Large vestibule, domestiques empressés, on l’orienta vers une très belle salle chauffée et déjà peine de beau monde. Lui qui espérait passer inaperçu vu son retard fut déçu. De sa voix de stentor, Zaurak salua son entrée :
En vérité, je vous le dis : ce jeune homme est un rubis ! Sans lui, notre expédition aurait tourné au désastre !
Bon, Erik n’était plus un novice en salle d’op ni aux tribunaux. Certes, être scruté des pieds à la tête n’était pas sa tasse de thé mais il redressa l’échine, promenant son regard clair sur chaque visage attentif. L’un d’eux freina son parcours ; il en perdit le fil du discours élogieux dont il faisait l’objet.
*Michael ? Ça devait arriver… qu’est-ce que l’on fait, bon Dieu qu’est-ce que l’on fait ?*
Erik flottait d’incertitude. Merlin qu’il aurait souhaité être télépathe en cet instant. Il ne pouvait se fier qu’à une seule chose : le langage corporel. Pour être clair, ce le fut.
Il avait déjà vu la fureur s’exprimer diversement chez son aîné et là, pour une raison inconnue, Michael le fusillait du regard. En réfléchissant à toute allure, Erik trouva le « plan » - à condition que c’en soit bien un – idéal. Tous les frères assemblés en cet endroit se détestaient ouvertement. Quoi de mieux que d’en faire autant ? Erik perdit la notion de l’environnement, comme si une bulle de silence s’était formée autour de lui et Michael. Tout était suspendu, ils étaient le pôle d’attraction général. Mus du même ressort, ils s’élancèrent l’un vers l’autre ? Baffe, contre-baffe, clé, manchettes, etc, le pugilat débuta. Entre les empoignades et étranglements, des bribes s’échangèrent.
Tu vas pas me descendre, ou si ?... *ah ? Encore heureux*… Motif valable à ce cirque ?...
La vache, frangin tapait dur. Erik ripostait avec une vigueur similaire. Il se savait supérieur à Michael qui, même avec son super entraînement des forces spéciales, ne pouvait pas rivaliser avec quelqu’un comme lui. Plusieurs « trucs » surprirent le plus jeune mais il apprenait vite, si vite. Chez Zaurak, il avait démontré certains de ses talents. Sûrement que celui-ci escomptait le voir l’emporter de façon éclatante.
Les belligérants ne virent rien des paris échangés entre les frères ennemis réunis qui, de loin, encourageaient leurs poulains.
Zhadil, les yeux brillants, se délectait, augmentant ses mises à chaque coup réussi – ou soi-disant tel - de Michael tandis que Zaurak, aussi excité, faisait pareil.
Cinq minutes, dix… Les coups et parades ne diminuaient pas d’intensité.
Dans un semi-étranglement, Erik couina :
Combien de temps encore ?...
Ah, il ne savait pas. Qu’espérait-il ? Il le sut par un mot glissé. Le nez d’Erik pissa le sang, l’arcade de Michael éclata.
Le sang plaisait, ça se déchaîna autour de l’arène. Zaurak qui adorait le rouge, n’apprécia pas trop pour une fois mais, vu le montant des mises, impossible d’interrompre la rixe meurtrière. Zhadil n’en menait pas large non plus. Il appréciait énormément son De Brent. Le voir écrabouillé par son cadet était insupportable. Un même cri s’éleva à l’unisson des gorges des plus gros parieurs :
STOP !!
On sépara difficilement les chiens enragés que l’on tint à distance l’un de l’autre longuement.
Fou ce qu’il se sentait lessivé, Nielsen. Cependant, le plus dingue fut les attentions multiples des belles dames et beaux messieurs papillonnant autour de lui. Félicité, épongé, rafraîchi, Erik se sentit bientôt d’attaque à nouveau. Hélas, approcher Michael s’avéra impossible pendant une bonne heure de ripailles diverses. Or, il était impératif de lui causer sans témoin. Il est, heureusement, un lieu où tout homme poli en libation est digne de s’isoler : les toilettes. D’un regard parvenu à bon port, Erik convainquit son frère de l’y rejoindre. Qu’on les voie se suivre ou pas, ils s’en fichaient.
Dès que la porte se ferma dans le dos de Michael, Erik lui sauta dessus :
Ça va ? T’ai pas trop fait mal ? Laisse-moi voir… Mon nez est remis, merci !
Ils rigolèrent mais très vite Erik redevint sérieux :
Alix doit être ici !
Accroché par le col, Nielsen se retrouva coincé contre un lavabo :
… mais écoute-moi au lieu de foncer comme un taureau idiot ! …
Se massant le cou, Erik ne lui tut rien des intentions d’Eridan, du rôle de Beid, des inquiétudes de Zaurak quant aux épousailles de leur chef.
Et toi, quoi de neuf ?...
Michael n’avait qu’une idée en tête : fouiller cette baraque de fond en comble. Erik l’accrocha à son tour, le secoua un peu :
Hey, oh ! Je sais, je comprends mais il ne suffit pas QUE de récupérer Alix. On la préserve, elle est sauve. Nous, nous devons anéantir… le reste.
La porte close fut ébranlée fortement. Dehors l’inquiétude régnait.
Bon, soupira Erik, on s’en colle encore une paire pour maintenir la fable ?
Bing, bang, ils sortirent faussement fâchés encore.
Zaurak ne le lâcha plus d’une semelle :
Quel beau combat, dit-il en lui fourrant une coupe de vin en main. Quelle trouille tu m'as fichue aussi ! Il est fort, ton frangin…
Pas autant que moi ! Si vous n’aviez pas interrompu la joute, je l’aurais eu.
Je n’en doute pas mais Zhadil aussi tient à son De Brent. Dis-moi : pourquoi vous détestez-vous autant lui et toi ?
Et toi, pourquoi hais-tu Eridan ou les autres ?
Zaurak se troubla à peine :
Eridan est pervers, c’est aussi et surtout un usurpateur. Rana aurait dû nous gouverner avant qu’Eridan ne s’entiche des Mangemorts et de leur chef.
Lord Voldemort est mort ! Eridan veut simplement dominer les autres, non ?
Sans… sans doute. Mais tu n’as pas répondu à ma question…
Parce qu’en répondant à la mienne, tu as deviné : c’est pareil. Michael se croit supérieur à moi parce que né avant moi, d’une épouse légitime en sus. Ma mère était de sang-pur aussi, une bonne personne, elle ! Je ne supporte pas qu’on la traîne dans la boue.
Une fois de plus, Zaurak eut la larme à l’œil, et Erik droit à une nouvelle accolade émue.
La réunion achevée sans bagarre, on se sépara. Il y avait eu un conciliabule entre frères mais rien n’en filtra immédiatement.
À la « base » Erik et Miko échangeaient toutes leurs informations. Il la savait franche, aussi déterminée que lui à abattre ce régime de terreur en formation.
Il en apprit des choses sur elle au fil de ces jours de relâche. Japonaise de sang pur, elle avait bénéficié d’un enseignement spécial. Ses diplômes officiels mentionnaient : psychologie et arts martiaux. Or, elle avait été recrutée à l’université moldue fréquentée par un groupe très… différent formé d’un amalgame des deux bords. Les mages visionnaires prévoyaient une renaissance du mal. Ils exhortaient les camps à se préparer. Peu furent écoutés.
Il y a un an, on a marqué mon père. J’ai fait mon devoir selon son vœu. Je me suis portée volontaire et en ai bavé pour être acceptée. Ils me croient innocente, un pont entre deux cultures. Mon cœur sait où il va. Je sais où vole le tien. Ne dis rien. Tu as donné ton cœur à une personne de contrées lointaines. Je ne t’en détournerai pas. Aidons-nous mutuellement. As-tu relié ta fausse marque à quelqu’un ?
À part à Zaurak, non. Et c’était inutile : il me veut partout avec lui,
Pas inutile ! Tu peux le suivre, écouter, apprendre. Si on te surprend, prétexte n’importe quoi… tu sais convaincre n’importe qui sur n’importe quoi, je me trompe ?
Non, sourit-il. Mais toi, où en es-tu des investigations ?
Ils se détestent tous. Beid est le second dans la hiérarchie…
Non ! C’est le dernier ! Zaurak me l’a assuré !
Il le croit peut-être. Faut se méfier de chacun d’eux. Seul Eridan tient les cartes et sait réellement tout.
Mais Beid n’est qu’un gardien !
Parce qu’il a eu le malheur de dénigrer un plan du chef. Le prix à payer pour rébellion est affreux… Maintenant, tu as obtenu l’oreille de Zaurak. Ton frère a celle de Zhadil. Que crois-tu qu’il fera ? Il t’a bien dit quelque chose ?
Rien de précis mais tu peux escompter à ce que son Maître y passe avant peu…
Il tue ? C’est bien. Toi non, n’est-ce pas ?
Pas si je peux l’éviter. Soigner est ma voie avant tout. Mais, parfois, on soigne le mal par le mal. Ne t’inquiète pas, je ferai ce qu’il faudra quand nécessaire.
Anselme ne décolérait pas. Ce freluquet, ce blondinet de la main gauche était apparu et… pouf, lui, le bras droit depuis un lustre, n’existait plus. Il étudia méthodiquement la manière la plus efficace de se débarrasser du gêneur sans retombées nocives. Ah… le gamin avait une famille. Toujours intéressant en moyen de pression. Il se pencha davantage sur la question.
Ce soir de février, on caillait dehors. Erik, fidèle à son rôle, ripaillait cependant joyeusement en compagnie de la clique de Zaurak dont il était devenu le maître absolu dans la salle surchauffée. Pourtant, lorsqu’en plein banquet, un masque surgit en réclamant audience, un grand froid régna.
Qui es-tu, que veux-tu ? se dressa Erik.
Fémelin Quark. Je veux voir Lord Zaurak pour parler de ça !
Et de jeter un Ak 47 en travers de la table.
Direct, Nielsen alla saisir d’une main l’individu, de l’autre l’arme moldue. Direction : appartements rouges.
Que m’amènes-tu là, fiston ? sourit le Lord écarlate.
Rien de bon ! Vois.
Apparemment, jamais Zaurak n’avait vu ou manipulé un tel engin moldu.
Erik lui sauva la mise face à un Fémelin paniqué.
Parle, sans détour ou tu ne ressors pas vivant.
Ces… ces choses tuent les nôtres. Ça va plus vite que les sortilèges. Il en circule beaucoup sous le dôme.
QUI, COMMENT, POURQUOI ? beugla Zaurak.
Le messager dégoisa beaucoup. Ils apprirent maints trafics, l’usage de passages secrets, etc.
Efface-le ! réclama Zaurak. Il a tout dit.
NON ! Il n’a menti sur rien, nous a apporté une preuve tangible qu’autre chose est en cours, chose dont nous ignorons tout. Si tu remercies les informateurs par un avada, comment en savoir plus ?
Le rubicond soupira :
Tu es la voix de la raison Erik ! Qu’il aille en paix.
Le sbire renvoyé, Zaurak resta tracassé. Il posa foule de questions auxquelles le bras droit répondit du mieux possible :
C’est une arme de mort. Je n’en ai jamais utilisé mais tu sais que…
Tu apprends vite. Alors apprends, apprends tout. Je veux, j’exige savoir comment employer ces trucs, où s’en procurer, quel est le but de ces introductions. Puis, tu t’en achèteras et en fera… bon usage.
Erik et Miko rigolèrent beaucoup ce soir-là. Elle savait des choses sur les nouvelles dispositions de contre-offensive, notamment :
Des factions moldues ont rallié les rangs Mangemorts. Des mercenaires, des dissidents, de la racaille Mais la résistance désire marquer un grand coup contre l’adversaire. On devrait leur filer un coup de main, non ?
Les idées germèrent. Le même soir, sous prétexte d’acheter des armes, le duo inséparable Nielsen-Miko alla voler aux Hébrides un être très sauvage qu’ils fournirent aux relations de l’asiatique avant de ramener deux caisses de fusils mitrailleurs à la « base ».
Le dragon avait laissé des traces sur les corps, on expliqua par une virée en terrain ennemi en liant la sauce avec des détails très réalistes.
Du coup, Erik et Miko devinrent instructeurs en armes à feu. Bizarres instructeurs qui s’arrangèrent pour que des disfonctionnements très justifiables apparaissent… plus tard.
Le ministère tenu par les mangemorts fut quasi détruit, ouf ! Tout était bien, sauf que papa Zaurak était fâché. Il le tira par l’oreille alors qu’Erik dispensait ses soins :
C’est une catastrophe ! On était censé garder ce lieu avec nos nouvelles armes !
Zhadil a tout fait foirer ! On est tous témoins !
Mais c’est ta femme, oui TA femme qui a distrait le gros de nos troupes.
Flottement. Opaline mêlée à ça ? Il n’en savait fichtre rien. Néanmoins, il jubila intérieurement et accrocha facilement l’attention de Zaurak :
C’est une écervelée *tu parles !* Je la materai si tu me permets de la contraindre…
Non ! Beid en a besoin. Après, peut-être. J’ai d’autres tracas : le mariage se précise et je ne comprends toujours pas.
Laisse-moi enquêter plus en profondeur. Avec Miko, on forme une bonne équipe. On ferait avouer au Pape la prophétie de Fatima.
C’est quoi, ça ?
Inutile de s’étendre dessus, le couple put vagabonder sans surveillance.
Miko se révéla très précieuse. Si ses contacts externes tiquèrent de prime abord, ils furent vite convaincus que ce De Brent était plus des leurs que d’ailleurs. Erik n’y alla pas par quatre chemins :
On est au courant des passages secrets. Des fantômes exigeants les gardent, encore heureux. Il existe des traîtres aussi, soyez vigilants. Ce qu’il est primordial d’assurer actuellement est de connaître pourquoi cette pourriture d’Eridan veut s’accoupler, lui qui ne prise que les jeunes garçons.
Les directives énoncées, suivies, Erik se serait coupé une main pour pouvoir, ne fut-ce qu’encore une fois, revoir son Opaline. Mission impossible, hélas.
Il apprit néanmoins beaucoup dont un fait qui le laissa cul par terre :
*Un reliquat ? C’est quoi, cette embrouille ?*
Il eut beau chercher, il ne débusqua rien… rien que des trucs si horribles qu’il la boucla sur le coup.
Ce soir-là, épuisé, il piqua du nez sur des bouquins traitant des horcruxes quand Zaurak le réveilla :
C’est ce soir.
Hein, quoi ?
Le mariage ! Eridan épouse l’héritière. Tu as trouvé le pourquoi ?
Une paire de claques et une bassine d’eau froide assenée par Miko qui passait ses nuits avec lui pour donner le change le dopa :
Oui, non, pas vraiment… Il semblerait que notre chef aux goûts douteux a mis la main sur une chose immonde…
Quel genre ?
Sais pas. C’est en relation directe avec l’héritière. Quoi, le but ? Impossible à découvrir.
On verra. En attendant, je n’ai aucun cadeau de noces à offrir à mon frère pour briller à ses yeux. Au fait, sois heureux d’apprendre qu’une fois de plus, tu avais raison : Zhadil n’est plus de ce monde ! Ton frère le remplace à sa faction. Faudra nous en défaire.
Pas de problème ! *Yeahhhh !* Tu veux un cadeau sublime pour épater la galerie ? Je te le fournirai. Je sors.
Entraînant Miko, il dit :
Je connais ma belle-sœur. Elle est très spéciale dans ses affections. On ne peut pas lui servir Michael sur un plateau, surtout maintenant qu’il grimpe au firmament mais on peut lui redonner de l’énergie, de l’espoir à travers quelqu’un d’autre…
Ce soir-là, un chat particulier disparut de son enclos.
Foule !
Erik était crevé. Il avait dormi quoi, une heure ? Miko le secouait occasionnellement. Ah ? Fallait tenir un flambeau à bout de bras ? Va pour ça. Néanmoins, il se réveilla très vite en voyant les mariés s’unir devant l’autel sous un ciel du sud. Michael, où était-il ? Sûrement pas loin, où ?
Tous étaient démasqués, aussi le repéra-t-il vite.
*désillusion*
Revêtu d’invisibilité, il accrocha le coude du frangin :
T’énerve pas, elle ne risque rien. Ni toi, ni elle ne mourrez ce soir : il n’aime que les mâles pré-pubères !
Beaucoup plus tard, il sut le sort réservé à l’épousée et s’en mordit les doigts cent fois…
Les appartements privés du propriétaire étaient à sa mesure : un théâtre dans toute la palette des rouges.
*Ça donne mal aux yeux…*
D’entrée, Zaurak lui sauta dessus pour l’enserrer dans ses larges bras :
Erik, ah Erik ! Comme je t’ai attendu, mon fils !
Quasi étouffé, Nielsen ne put que toussoter un vague remerciement qui enchanta néanmoins son hôte envahisseur.
Et modeste, avec ça ! Tout moi à ton âge ! Assieds-toi, assieds-toi, s’empressa-t-il en le libérant de l’étreinte forcée. Nous devons causer. Mais avant, que désires-tu ? Boire ? ( plusieurs carafes de liquides rubis apparurent) Manger ? ( des plats chargés se matérialisèrent sur la table basse) des douceurs ? ( pâtisseries, chocolats s’amoncelèrent à côté du reste)
Lentement, Erik désigna un flacon de couleur bordeaux.
Excellent choix ! Trinquons, mon fils !
Avec sagesse, Erik attendit que son maître avale d’abord avant de toucher à son verre. Maintenant, Zaurak s’était aussi installé sur le divan. Un bras s’allongea autour des épaules de l’infiltré qui paniquait légèrement devant tant de familiarité.
Tu es jeune, beau,,. ça me change de ces vieux Baron et surtout Anselme. Je te veux à ma droite désormais ! Tu as démontré à quel point tu étais fin. J’adore les têtes bien faites autant que bien pleines ! ( tape sur les boucles blondes) Toi et moi, ensemble, on se fera respecter, fils ! Tu es d’accord ?
Il en sera fait comme vous le désirez, Maître.
Cesse avec ces maîtres serviles dont tu ne penses pas un mot ( rire). Entre nous, du moins, tu m’appelleras Zaurak, à l’égal de mes frères.
Sur ce, l’être écarlate leva sa puissante carcasse du siège velouté et fit apparaître huit tableaux représentant sa famille, sept orbitaient autour d’un central.
Voilà les « miens », mes chers frères… Comme tu remarques sûrement, je suis après Zhadil mais avant Beid qui lui est le plus éloigné de tous. Là, c’est Keid, celui-là Theemin, puis viennent Sceptrum et Azha. Nous avons perdus Rana, la seule femme, et Cursa, tous les deux éjectés par l’aîné : Eridan ! (il désignait le personnage central)
C’est qu’il n’est pas commode, le frérot ! Il ne supporte pas les idiots, les faibles.
Je suppose, se risqua Erik, que comme tous les « bons » frères, vous vous détestez copieusement ?
Dans un rire énorme, Zaurak approuva :
Bien vu, fils ! Tous nous désirons nous rapprocher du centre, de ce dingue d’Eridan.
Erik tiqua, Zaurak rassura :
Je ne l’aime pas, je ne m’en cache pas, personne ne peut l’aimer ce… pervers. Heureusement pour toi, tu es trop âgé pour satisfaire ses vices. Or, il y a un truc que je ne pige pas avec lui. Il nous cache, peut-être pas à tous mais à certains dont moi, quelque chose que tu vas m’aider à découvrir. Il n’est pas « normal » qu’Eridan prenne une épouse, or il va se marier. Beid prépare l’épousée.
*Une épouse… oh, non !... Pas Alix quand même…* Tout ce que vous voudrez, Maî… Zaurak.
Ce soir, il y a une réunion familiale. Tu viens avec moi. Va te changer.
Est-ce grave si je vous suis en retard ?
Qu’as-tu donc de si important à faire, et où ? tonna Zaurak sourcils froncés. Ah oui, je sais, tu vas conclure avec Miko ? (rires)
Pas du tout. J’ai encore des blessés qui réclament des soins, et…
Zaurak en eut la larme à l’œil. Il se précipita à nouveau sur Erik, l’étreignant à l’infini :
C’est beau, ça ! Merci d’être si… parfait !
Pour distribuer son art, Erik ne lésina pas. Il manquait plein d’ustensiles et de médecines curatives dans la pharmacie rudimentaire à disposition. Ses sortilèges comblèrent beaucoup de ces manques, entraînant une vague admirative chez tous les présents. Seul Anselme le battait froid.
Baron, jamais loin d’Erik, l’avertit :
Tu as gagné beaucoup aujourd’hui, mais pas que des amis… méfie-toi. Tu ferais bien de rejoindre Zaurak, fissa !
Un portoloin avait été laissé à son attention exclusive, à peine reposé Erik s’envola.
Large vestibule, domestiques empressés, on l’orienta vers une très belle salle chauffée et déjà peine de beau monde. Lui qui espérait passer inaperçu vu son retard fut déçu. De sa voix de stentor, Zaurak salua son entrée :
En vérité, je vous le dis : ce jeune homme est un rubis ! Sans lui, notre expédition aurait tourné au désastre !
Bon, Erik n’était plus un novice en salle d’op ni aux tribunaux. Certes, être scruté des pieds à la tête n’était pas sa tasse de thé mais il redressa l’échine, promenant son regard clair sur chaque visage attentif. L’un d’eux freina son parcours ; il en perdit le fil du discours élogieux dont il faisait l’objet.
*Michael ? Ça devait arriver… qu’est-ce que l’on fait, bon Dieu qu’est-ce que l’on fait ?*
Erik flottait d’incertitude. Merlin qu’il aurait souhaité être télépathe en cet instant. Il ne pouvait se fier qu’à une seule chose : le langage corporel. Pour être clair, ce le fut.
Il avait déjà vu la fureur s’exprimer diversement chez son aîné et là, pour une raison inconnue, Michael le fusillait du regard. En réfléchissant à toute allure, Erik trouva le « plan » - à condition que c’en soit bien un – idéal. Tous les frères assemblés en cet endroit se détestaient ouvertement. Quoi de mieux que d’en faire autant ? Erik perdit la notion de l’environnement, comme si une bulle de silence s’était formée autour de lui et Michael. Tout était suspendu, ils étaient le pôle d’attraction général. Mus du même ressort, ils s’élancèrent l’un vers l’autre ? Baffe, contre-baffe, clé, manchettes, etc, le pugilat débuta. Entre les empoignades et étranglements, des bribes s’échangèrent.
Tu vas pas me descendre, ou si ?... *ah ? Encore heureux*… Motif valable à ce cirque ?...
La vache, frangin tapait dur. Erik ripostait avec une vigueur similaire. Il se savait supérieur à Michael qui, même avec son super entraînement des forces spéciales, ne pouvait pas rivaliser avec quelqu’un comme lui. Plusieurs « trucs » surprirent le plus jeune mais il apprenait vite, si vite. Chez Zaurak, il avait démontré certains de ses talents. Sûrement que celui-ci escomptait le voir l’emporter de façon éclatante.
Les belligérants ne virent rien des paris échangés entre les frères ennemis réunis qui, de loin, encourageaient leurs poulains.
Zhadil, les yeux brillants, se délectait, augmentant ses mises à chaque coup réussi – ou soi-disant tel - de Michael tandis que Zaurak, aussi excité, faisait pareil.
Cinq minutes, dix… Les coups et parades ne diminuaient pas d’intensité.
Dans un semi-étranglement, Erik couina :
Combien de temps encore ?...
Ah, il ne savait pas. Qu’espérait-il ? Il le sut par un mot glissé. Le nez d’Erik pissa le sang, l’arcade de Michael éclata.
Le sang plaisait, ça se déchaîna autour de l’arène. Zaurak qui adorait le rouge, n’apprécia pas trop pour une fois mais, vu le montant des mises, impossible d’interrompre la rixe meurtrière. Zhadil n’en menait pas large non plus. Il appréciait énormément son De Brent. Le voir écrabouillé par son cadet était insupportable. Un même cri s’éleva à l’unisson des gorges des plus gros parieurs :
STOP !!
On sépara difficilement les chiens enragés que l’on tint à distance l’un de l’autre longuement.
Fou ce qu’il se sentait lessivé, Nielsen. Cependant, le plus dingue fut les attentions multiples des belles dames et beaux messieurs papillonnant autour de lui. Félicité, épongé, rafraîchi, Erik se sentit bientôt d’attaque à nouveau. Hélas, approcher Michael s’avéra impossible pendant une bonne heure de ripailles diverses. Or, il était impératif de lui causer sans témoin. Il est, heureusement, un lieu où tout homme poli en libation est digne de s’isoler : les toilettes. D’un regard parvenu à bon port, Erik convainquit son frère de l’y rejoindre. Qu’on les voie se suivre ou pas, ils s’en fichaient.
Dès que la porte se ferma dans le dos de Michael, Erik lui sauta dessus :
Ça va ? T’ai pas trop fait mal ? Laisse-moi voir… Mon nez est remis, merci !
Ils rigolèrent mais très vite Erik redevint sérieux :
Alix doit être ici !
Accroché par le col, Nielsen se retrouva coincé contre un lavabo :
… mais écoute-moi au lieu de foncer comme un taureau idiot ! …
Se massant le cou, Erik ne lui tut rien des intentions d’Eridan, du rôle de Beid, des inquiétudes de Zaurak quant aux épousailles de leur chef.
Et toi, quoi de neuf ?...
Michael n’avait qu’une idée en tête : fouiller cette baraque de fond en comble. Erik l’accrocha à son tour, le secoua un peu :
Hey, oh ! Je sais, je comprends mais il ne suffit pas QUE de récupérer Alix. On la préserve, elle est sauve. Nous, nous devons anéantir… le reste.
La porte close fut ébranlée fortement. Dehors l’inquiétude régnait.
Bon, soupira Erik, on s’en colle encore une paire pour maintenir la fable ?
Bing, bang, ils sortirent faussement fâchés encore.
Zaurak ne le lâcha plus d’une semelle :
Quel beau combat, dit-il en lui fourrant une coupe de vin en main. Quelle trouille tu m'as fichue aussi ! Il est fort, ton frangin…
Pas autant que moi ! Si vous n’aviez pas interrompu la joute, je l’aurais eu.
Je n’en doute pas mais Zhadil aussi tient à son De Brent. Dis-moi : pourquoi vous détestez-vous autant lui et toi ?
Et toi, pourquoi hais-tu Eridan ou les autres ?
Zaurak se troubla à peine :
Eridan est pervers, c’est aussi et surtout un usurpateur. Rana aurait dû nous gouverner avant qu’Eridan ne s’entiche des Mangemorts et de leur chef.
Lord Voldemort est mort ! Eridan veut simplement dominer les autres, non ?
Sans… sans doute. Mais tu n’as pas répondu à ma question…
Parce qu’en répondant à la mienne, tu as deviné : c’est pareil. Michael se croit supérieur à moi parce que né avant moi, d’une épouse légitime en sus. Ma mère était de sang-pur aussi, une bonne personne, elle ! Je ne supporte pas qu’on la traîne dans la boue.
Une fois de plus, Zaurak eut la larme à l’œil, et Erik droit à une nouvelle accolade émue.
La réunion achevée sans bagarre, on se sépara. Il y avait eu un conciliabule entre frères mais rien n’en filtra immédiatement.
À la « base » Erik et Miko échangeaient toutes leurs informations. Il la savait franche, aussi déterminée que lui à abattre ce régime de terreur en formation.
Il en apprit des choses sur elle au fil de ces jours de relâche. Japonaise de sang pur, elle avait bénéficié d’un enseignement spécial. Ses diplômes officiels mentionnaient : psychologie et arts martiaux. Or, elle avait été recrutée à l’université moldue fréquentée par un groupe très… différent formé d’un amalgame des deux bords. Les mages visionnaires prévoyaient une renaissance du mal. Ils exhortaient les camps à se préparer. Peu furent écoutés.
Il y a un an, on a marqué mon père. J’ai fait mon devoir selon son vœu. Je me suis portée volontaire et en ai bavé pour être acceptée. Ils me croient innocente, un pont entre deux cultures. Mon cœur sait où il va. Je sais où vole le tien. Ne dis rien. Tu as donné ton cœur à une personne de contrées lointaines. Je ne t’en détournerai pas. Aidons-nous mutuellement. As-tu relié ta fausse marque à quelqu’un ?
À part à Zaurak, non. Et c’était inutile : il me veut partout avec lui,
Pas inutile ! Tu peux le suivre, écouter, apprendre. Si on te surprend, prétexte n’importe quoi… tu sais convaincre n’importe qui sur n’importe quoi, je me trompe ?
Non, sourit-il. Mais toi, où en es-tu des investigations ?
Ils se détestent tous. Beid est le second dans la hiérarchie…
Non ! C’est le dernier ! Zaurak me l’a assuré !
Il le croit peut-être. Faut se méfier de chacun d’eux. Seul Eridan tient les cartes et sait réellement tout.
Mais Beid n’est qu’un gardien !
Parce qu’il a eu le malheur de dénigrer un plan du chef. Le prix à payer pour rébellion est affreux… Maintenant, tu as obtenu l’oreille de Zaurak. Ton frère a celle de Zhadil. Que crois-tu qu’il fera ? Il t’a bien dit quelque chose ?
Rien de précis mais tu peux escompter à ce que son Maître y passe avant peu…
Il tue ? C’est bien. Toi non, n’est-ce pas ?
Pas si je peux l’éviter. Soigner est ma voie avant tout. Mais, parfois, on soigne le mal par le mal. Ne t’inquiète pas, je ferai ce qu’il faudra quand nécessaire.
Anselme ne décolérait pas. Ce freluquet, ce blondinet de la main gauche était apparu et… pouf, lui, le bras droit depuis un lustre, n’existait plus. Il étudia méthodiquement la manière la plus efficace de se débarrasser du gêneur sans retombées nocives. Ah… le gamin avait une famille. Toujours intéressant en moyen de pression. Il se pencha davantage sur la question.
Ce soir de février, on caillait dehors. Erik, fidèle à son rôle, ripaillait cependant joyeusement en compagnie de la clique de Zaurak dont il était devenu le maître absolu dans la salle surchauffée. Pourtant, lorsqu’en plein banquet, un masque surgit en réclamant audience, un grand froid régna.
Qui es-tu, que veux-tu ? se dressa Erik.
Fémelin Quark. Je veux voir Lord Zaurak pour parler de ça !
Et de jeter un Ak 47 en travers de la table.
Direct, Nielsen alla saisir d’une main l’individu, de l’autre l’arme moldue. Direction : appartements rouges.
Que m’amènes-tu là, fiston ? sourit le Lord écarlate.
Rien de bon ! Vois.
Apparemment, jamais Zaurak n’avait vu ou manipulé un tel engin moldu.
Erik lui sauva la mise face à un Fémelin paniqué.
Parle, sans détour ou tu ne ressors pas vivant.
Ces… ces choses tuent les nôtres. Ça va plus vite que les sortilèges. Il en circule beaucoup sous le dôme.
QUI, COMMENT, POURQUOI ? beugla Zaurak.
Le messager dégoisa beaucoup. Ils apprirent maints trafics, l’usage de passages secrets, etc.
Efface-le ! réclama Zaurak. Il a tout dit.
NON ! Il n’a menti sur rien, nous a apporté une preuve tangible qu’autre chose est en cours, chose dont nous ignorons tout. Si tu remercies les informateurs par un avada, comment en savoir plus ?
Le rubicond soupira :
Tu es la voix de la raison Erik ! Qu’il aille en paix.
Le sbire renvoyé, Zaurak resta tracassé. Il posa foule de questions auxquelles le bras droit répondit du mieux possible :
C’est une arme de mort. Je n’en ai jamais utilisé mais tu sais que…
Tu apprends vite. Alors apprends, apprends tout. Je veux, j’exige savoir comment employer ces trucs, où s’en procurer, quel est le but de ces introductions. Puis, tu t’en achèteras et en fera… bon usage.
Erik et Miko rigolèrent beaucoup ce soir-là. Elle savait des choses sur les nouvelles dispositions de contre-offensive, notamment :
Des factions moldues ont rallié les rangs Mangemorts. Des mercenaires, des dissidents, de la racaille Mais la résistance désire marquer un grand coup contre l’adversaire. On devrait leur filer un coup de main, non ?
Les idées germèrent. Le même soir, sous prétexte d’acheter des armes, le duo inséparable Nielsen-Miko alla voler aux Hébrides un être très sauvage qu’ils fournirent aux relations de l’asiatique avant de ramener deux caisses de fusils mitrailleurs à la « base ».
Le dragon avait laissé des traces sur les corps, on expliqua par une virée en terrain ennemi en liant la sauce avec des détails très réalistes.
Du coup, Erik et Miko devinrent instructeurs en armes à feu. Bizarres instructeurs qui s’arrangèrent pour que des disfonctionnements très justifiables apparaissent… plus tard.
Le ministère tenu par les mangemorts fut quasi détruit, ouf ! Tout était bien, sauf que papa Zaurak était fâché. Il le tira par l’oreille alors qu’Erik dispensait ses soins :
C’est une catastrophe ! On était censé garder ce lieu avec nos nouvelles armes !
Zhadil a tout fait foirer ! On est tous témoins !
Mais c’est ta femme, oui TA femme qui a distrait le gros de nos troupes.
Flottement. Opaline mêlée à ça ? Il n’en savait fichtre rien. Néanmoins, il jubila intérieurement et accrocha facilement l’attention de Zaurak :
C’est une écervelée *tu parles !* Je la materai si tu me permets de la contraindre…
Non ! Beid en a besoin. Après, peut-être. J’ai d’autres tracas : le mariage se précise et je ne comprends toujours pas.
Laisse-moi enquêter plus en profondeur. Avec Miko, on forme une bonne équipe. On ferait avouer au Pape la prophétie de Fatima.
C’est quoi, ça ?
Inutile de s’étendre dessus, le couple put vagabonder sans surveillance.
Miko se révéla très précieuse. Si ses contacts externes tiquèrent de prime abord, ils furent vite convaincus que ce De Brent était plus des leurs que d’ailleurs. Erik n’y alla pas par quatre chemins :
On est au courant des passages secrets. Des fantômes exigeants les gardent, encore heureux. Il existe des traîtres aussi, soyez vigilants. Ce qu’il est primordial d’assurer actuellement est de connaître pourquoi cette pourriture d’Eridan veut s’accoupler, lui qui ne prise que les jeunes garçons.
Les directives énoncées, suivies, Erik se serait coupé une main pour pouvoir, ne fut-ce qu’encore une fois, revoir son Opaline. Mission impossible, hélas.
Il apprit néanmoins beaucoup dont un fait qui le laissa cul par terre :
*Un reliquat ? C’est quoi, cette embrouille ?*
Il eut beau chercher, il ne débusqua rien… rien que des trucs si horribles qu’il la boucla sur le coup.
Ce soir-là, épuisé, il piqua du nez sur des bouquins traitant des horcruxes quand Zaurak le réveilla :
C’est ce soir.
Hein, quoi ?
Le mariage ! Eridan épouse l’héritière. Tu as trouvé le pourquoi ?
Une paire de claques et une bassine d’eau froide assenée par Miko qui passait ses nuits avec lui pour donner le change le dopa :
Oui, non, pas vraiment… Il semblerait que notre chef aux goûts douteux a mis la main sur une chose immonde…
Quel genre ?
Sais pas. C’est en relation directe avec l’héritière. Quoi, le but ? Impossible à découvrir.
On verra. En attendant, je n’ai aucun cadeau de noces à offrir à mon frère pour briller à ses yeux. Au fait, sois heureux d’apprendre qu’une fois de plus, tu avais raison : Zhadil n’est plus de ce monde ! Ton frère le remplace à sa faction. Faudra nous en défaire.
Pas de problème ! *Yeahhhh !* Tu veux un cadeau sublime pour épater la galerie ? Je te le fournirai. Je sors.
Entraînant Miko, il dit :
Je connais ma belle-sœur. Elle est très spéciale dans ses affections. On ne peut pas lui servir Michael sur un plateau, surtout maintenant qu’il grimpe au firmament mais on peut lui redonner de l’énergie, de l’espoir à travers quelqu’un d’autre…
Ce soir-là, un chat particulier disparut de son enclos.
Foule !
Erik était crevé. Il avait dormi quoi, une heure ? Miko le secouait occasionnellement. Ah ? Fallait tenir un flambeau à bout de bras ? Va pour ça. Néanmoins, il se réveilla très vite en voyant les mariés s’unir devant l’autel sous un ciel du sud. Michael, où était-il ? Sûrement pas loin, où ?
Tous étaient démasqués, aussi le repéra-t-il vite.
*désillusion*
Revêtu d’invisibilité, il accrocha le coude du frangin :
T’énerve pas, elle ne risque rien. Ni toi, ni elle ne mourrez ce soir : il n’aime que les mâles pré-pubères !
Beaucoup plus tard, il sut le sort réservé à l’épousée et s’en mordit les doigts cent fois…
Erik Nielsen- Messages : 42
Date d'inscription : 09/09/2013
Re: D'amour et autres misères
La débâcle du Ministère n’avait pas sapé le bel appétit de l’Envahisseur. Tant mieux, la caisse tintait agréablement et ça ne désemplissait pas. Ce que personne ne savait est que la sympathique patronne des lieux faisait la résistance à sa façon en leur faisant payer des prix astronomiques pour des mets prestigieux qui ne l’étaient pas tant que ça… Opal partait de la simple, et très juste idée, que sous une bonne sauce, tout passe. C’est ainsi qu’elle servait du rat, de la couleuvre, du crapaud et autres insanités culinaires nappées d’onctueuses préparations très trompe l’œil…et le palais. Elle réservait les vrais bon petits plats pour les bons connaisseurs qu’il était impossible de tromper. Au lieu des vins de première classe, elle ne se gênait pas pour servir du plus ordinaire transvasé dans des bouteilles prestigieuses, gardant de même ses Shiraz, Pinots et Château de… pour ceux qui savaient faire la différence.
Allégrement secondée par ses deux acolytes indéfectibles, Opal menait bon train l’entreprise et accumulait, mine de rien, des informations, car comme prévu, panse bien remplie et égayé par l’alcool, ça parlait sans retenue. Bien sûr ceux qui parlaient le plus étaient ceux qui avaient le moins à dire, mais parfois, ses oreilles indiscrètes captaient des détails dignes d’être tenus en compte, comme celui de certains passages, qui une fois transmis à qui de droit permettaient de faire des petites surprises peu agréables aux méchants de service.
Le messager n’y alla pas par quatre chemins avec son petit laïus. Opal le considéra, incrédule.
QUOI ?...Votre maître « je sais pas qui » suppose que je vais lâcher tout et accourir prompte à son appel ?Il en a des idées…
Maître Beid entend être obéi sur le champ. Vous et un assistant doivent m’accompagner de retour !
Ordre ? Sur le champ ? À bon entendeur, peu de mots. D’autant plus que les temps n’étaient pas à discutailler avec un de ceux qui étaient en haut de la pyramide de commandement. L’envoyé avait été bref mais suffisamment explicite : il s’agissait de concocter ses plats les plus délicieux pour une dame très spéciale ayant des problèmes d’appétit. La paye serait extraordinairement conséquente.
*Super et maintenant faut faire plaisir aux p***s de ces ploucs!*
Joué à fond le rôle de rapiate de service prête à servir le diable au besoin, Opal s’en alla quérir Angel et la mettre au parfum en peu de mots.
Ça fera mission d’infiltration…grouille-toi, avale du Polynectar, on y va !
Le temps d’empaqueter ce jugé indispensable, de donner clés et une paire de conseils à Meg et c’était parti. Trasplange d’escorte, pas idée d’où. La belle, très belle cuisine. Pas le temps de s’en réjouir, qu’on leur passait inspection et prenait leurs baguettes, mesures de sécurité, assura-t-on. Elle avait liberté de choix pour les plats, tant qu’ils étaient somptueux et succulents. Autant se faire plaisir, elle dressa une liste extravagante et ne fut pas surprise de la voir acquittée intégralement.
Je me demande qui va bouffer tout ça !, commenta t’elle à Angel, perdue sous les traits peu gracieux d’une telle Flora Cook, mais si on veut le remplumer…c’est garanti…Mmm, elle est délicieuse cette sauce…tu vas la flamber maintenant ?
Et puis ça…
J’aimerais apprendre à faire l’Osso bucco comme vous… Puis aussi le ragout d’avant-hier, quel délice…
Opal resta, clouée sur place en voyant sa belle-sœur, celle dont on déplorait tant la disparition, humer les effluves émis avec délectation alors qu’Angel incendiait carrément ce qu’il fallait flamber.
*Reprends toi…suis le jeu…c’en est un, non ?* Bon sang, Flora, attention…Madame…excusez-nous…on ne nous a pas prévenues de votre venue…*Pitié…elle est maigre comme un clou !*
Une vieille garde-chiourme à la mine chiffonnée suivait Alix et ne perdait miette de l’entretien tout en examinant le contenu des casseroles. Le regard de sa belle-sœur faisait passer un message. Opal hocha imperceptiblement la tête avec un petit sourire en coin happant au passage qu’on lui refilait en douce-
Si vous le désirez, Madame, dit-elle en s’adressant à la gardienne, je vous fais goûter ce que nous préparons pour Milady…en fait, tout le monde peut y goûter…je suis sûre que vous allez adorer…il manque juste un peu de sel…DU POIVRE…
Angel/Flora qui s’y entendait à merveille dans ce code secret fit les ajouts nécessaires, bientôt la ronde avait dégusté et…dormait.
Mon Dieu, que je suis heureuse de te voir !, elle enserra Alix dans une chaleureuse étreinte, on a eu si peur…
Alix émue ou pas demeurait essentiellement pragmatique.
On a peu de temps ! Je suis ici depuis des lustres. Savez-vous où c’est ?
Pas la moindre idée…trasplanage d’escorte sans indications…mais et toi ? Que diables te veut-on ?
Apparemment à part vouloir la remplumer, et Merlin sait qu’elle en avait besoin, on ne semblait lui vouloir aucun mal, mais bien entendu, il y avait bien avoir quelque chose derrière ces intentions d’apparence si noble : on voulait la marier et évidemment, pas à n’importe qui. Qu’Alix remettre un petit paquet à Angel en donnant des indications très précises avait de quoi mettre la puce à l’oreille.
*Par les Dieux de l’Uluru…c’est quoi cette folie !*
Mais dites-moi surtout… Michael, Erik, J.O, les autres… ?
Opal soupira, un nœud à la gorge.
Ton…mari et le mien…sont venus se joindre au Nouvel Ordre…les autres …on va bien, on fait ce qu’on peut…Les enfants…sont en sécurité…les tiens, les miens, celui d’Angel…des autres…pas facile mais c’est mieux comme ça… On se défend, ma chérie…
Au réveil imminent des autres, on fit comme si rien. Milady donnait son avis sur ceci, Opal des conseils sur cela, Flora touillait innocemment. Finie la visite, elles s’activèrent avec leur préparatifs et une fois ceux-ci expédiés, on les escorta, en toute déférence à leurs quartiers.
Sacrée surprise…je me demande ce qu’elle mijote…c’est quoi le paquet ?
Angel en examinait le contenu et vu la tête tirée, Opal se douta que ce n’était pas la joie. Ce ne l’était pas.
Tout ce que je peux assurer est qu’il s’agit d’un poison foudroyant, sans antidote connu.
Misère…ça me dit rien de bon ! Si Alix veut ça…c’est pas pour rigoler…soit elle veut se défaire du fiancé soit elle… veux pas y penser…trop affreux…
Deux jours encore et le poison fut à point. À part cuisiner et se faire des idées de toute sorte, les deux amies ne glanèrent tant soit une rumeur digne d’être tenue en compte. Le moment venu, hors de tout regard suspicieux, Opal devint chat et se faufila dans les couloirs pour remettre la fiole fatidique à sa destinataire.
Merci Opal… C’est mon ultime recours, ma seule arme…
Mon Dieu, Alix…je…ne…je prie pour que…tu ne doives pas…pas sur toi, promets le moi…Michael s’arrangera pour te trouver je le sais…c’est…c’est pour quand le…enfin…
Elle n’en savait rien. Accolade sans mots, le sentiment perçu suffisait. La mort dans l’âme, l’australienne reprit son état animagus et fila en se demandant si jamais elle reverrait Alix.
Alix va bien ?, s’enquit Angel en la voyant de retour.
À ton avis !?...Elle a sa fiole, ce qu’elle en fera, seul Dieu le sait !, grommela t’elle en refrénant l’envie de jurer sur tous les tons et de fracasser contre les murs tout ce qui lui tomberait sous la main.
Sans aucune nouvelle d’Alix, elles quittèrent leur singulier service quelques jours plus tard, avec une bourse bien remplie. Force fut de raconter leur aventure en tout détail même si les infos étaient plutôt décourageantes, même si au moins on savait qu’Alix allait bien, dans la mesure du possible, cela va de soi.
Des nouvelles d’Erik lui parvinrent, sans plus de détail qu’il montait en grade, allait bien et que Michael faisait de même.
*Il est vivant…Dieu merci…Reviens vite, mon amour…reviens !!!*
Retour à la routine. Se livrer tous les jours à la même comédie. Sembler désinvolte et parfaitement satisfaite en servant ceux qu’elle haïssait chaque jour un peu plus. Une certaine animation revenait sur le Chemin de Traverse, des magasins rouvraient, on aurait pu croire qu’un semblant de normalité s’instaurait. Pure façade. Le plan fonctionnait et l’Ennemi affichait plus de confiance, sûr que c’était son plan de soumission qui marchait sur des roulettes.
*Ils sont vraiment cons ou font semblant ?*
Ce n’était pas à elle de se plaindre. L’ambiance se relâchait et on parlait plus librement. C’est ainsi que tomba la dernière nouvelle : le grand mariage avait eu lieu. Aucun fait trouble et encore moins sanglant n’avait entaché l’évènement.
*Encore heureux…Michael n’a pas fait rouler des têtes !*
Apparemment son beau-frère avait d’autres plans en tête et de la suite dans les idées. Son nom commença à revenir assez régulièrement entre les clients de Chez McLane et on l’évoquait avec une révérence mêlée de crainte.
Il a le Doloris facile, Lord De Brent…Impitoyable avec les punitions…Pas mal ont fini au cachot…Il a le diable au corps !
*Ben dis donc…sympa, le beauf !...Il a bien de quoi !* et de servir une nouvelle tournée de vin au compte de la maison, ça la mettait en joie, ce genre d’information.
Les nouvelles des Antipodes, elles, arrivaient de temps à autre, réjouissantes toujours. Ses enfants avaient célébré leurs deux ans, ils étaient heureux, comblés de tant d’amour et attention. Par contre, les deux elfes, c’était la misère, ils ne s’adaptaient pas au décor australien, tant et si bien que Maman, dans un élan charitable, les réexpédia en Angleterre. En les voyant, si craintifs, sur le seuil de sa cuisine, où ils avaient débarqué sans transition, Opal se demanda que faire d’eux.
Nous aider maîtresse, couina Kémentari, secondé par un énergique hochement de tête de Dimrost, en ce qu’elle ordonnera !
Ben…pourquoi pas !?
À partir de ce jour-là, elle put relâcher la corvée service, la laissant à ses elfes. La clientèle ne trouva rien à redire et parla encore avec plus de liberté, sans savoir que ces deux elfes là, dûment instruits, enregistraient le moindre commentaire mieux qu’un magnétophone pour les répéter avec religieuse précision à leur maître bien aimée. Pas de quoi s’étonner non plus qu’ils fussent aussi, les elfes les mieux payés du Royaume-Uni et alentours.
Peu après leur retour de la mission « Remplumage », Opal décida aménager sa grande maison pour servir de refuge à femmes et enfants sorciers fugitifs. Faisant d’une pierre deux coups, elle chassa la solitude et raviva l’espoir, tout en aidant ses protégés à s’assimiler tant soit un cette vie qui serait la leur jusqu’à ce que tout revienne à la normalité, au cas de le faire un jour.
C’est marrant, avoua t’elle à Megan venue lui filer un coup de main alors que John courait Dieu sait où, pour nous, c’est normal tâter des deux mondes…pour eux allumer la TV c’est un truc de ouf…te dis pas les taques de la cuisine…mais incroyablement…c’est plus facile qu’on ne l’aurait cru…enfin…sauf quand les petits s’amusent avec la sonnette…ou avec la machine à laver…
L’hiver semblait céder d’un cran, ce qui n’était pas énorme, on caillait toujours sous le Dôme mais entre l’aide des clandestins et le regain du commerce, les choses allaient un peu mieux pour la population, ce qui n’empêchait pas la Résistance de faire des coups d’éclats destinés à rappeler à tous et chacun que le dernier mot de cette histoire était loin encore d’être dit.
De l’autre côté, la situation empirait à niveau mondial. Le Chaos se propageait, la riposte des autorités et parfois de la population était chaque fois plus forte, plus rude et finalement sanglante.
*Sang entraine sang…on finira par s’entretuer !*
Avril s’entamait à peine quand J.O et son cousin le Duc furent enlevés et deux jours plus tard, deux attentats à la bombe en plein cœur du Londres moldu mettaient le monde en émoi.
Pour alors, Opal courait d’un endroit à l’autre, se rendant utile là où on en avait besoin. Appuyer Angel dans son angoisse, s’occuper de ses protégés, faire tourner le restaurant, attendre des nouvelles. Entre temps on apprit que Max avait disparu, vraisemblablement après l’attentat de Picadilly, ajoutant une folle crainte de plus à la déjà longue liste.
Les infiltrés commençaient à donner de leurs nouvelles avec une quasi rassurante régularité, preuve qu’ils s’affirmaient dans la confiance du Nouvel Ordre. Opal n’en reçut aucune de son Erik directement, elles lui parvenaient après être passées par la censure de Justin ou de l’Ordre, elle s’en fichait : il était vivant et seulement ça comptait à ses yeux.
Il y a des jours, parmi les jours, où une sorte d’irréalité inexplicable semble flotter. On ne sait la définir mais on la pressent. Opal était énervée et il faut dire que les raisons ne manquaient pas. Les livraisons traînaient de la patte, beaucoup de produits, de ceux qui arrivaient à bon port, ne correspondaient pas à la commande faite, d’autres avaient été tripotés méchamment et même dégustés avant l’heure.
*Ah non…on me la fait pas…ce soir, ils vont se régaler, ces…*§xx&+%% !!!*
S’il n’avait tenu qu’à elle, Opal McLane aurait sciemment empoisonné une bonne moitié de sa clientèle mais un éclat de bon sens l’empêcha de commettre son joyeux petit crime et même si elle ne mit aucune joie à la confection des repas, il n’y aurait pas de motif de plainte. Elle remuait une sauce quand l’apparition intempestive d’une Angel hors d’elle, la surprit. Son amie était habituellement plus posée. En un temps deux mouvements, Mrs. Westwood la mit au courant de ses déboires, qui n’étaient pas des moindres.
QUOI ? Des nouvelles de J.O ?...Ah bon…coordonnées exactes et c’est Michael qui les envoie…et ces abrutis ne veulent pas t’aider…sont malades ! Ce Diggory…et les autres…des chiffes-molles…Justin et Sam ?...Non plus…non sais pas où ils sont…pour ce qu’on me raconte…On s’en fiche…On y va, nous !
On battit le rappel de tout sorcier qui pourrait aider à leur quête. Peu répondirent. Éléments dignes de toute confiance certes mais au nombre de trois plus les deux dames déterminées, ça ne ferait pas, à l’avis d’Opal, le poids au cas d’une rencontre musclée.
M’en fous ! Je veux mon mari ! On y va ou pas ?
Mais, oui, calme –toi ! Nous faut toute l’aide qu’on pourra trouver…euh…à ton avis ? On laisse des otages de marque comme un capitaine Auror et un Duc sans une garde rapprochée ?...Bizarre…oui, je sais c’est Michael qui assure que c’est faisable…mais quand même…j’ai des frangins, ça te dit ?
Tiré de son bien gagné repos par l’apparition d’un patronus surexcité, rapidement identifié, ne gêna pas trop Matt McLane, mis vite fait au parfum de ce qui se tramait, il n’hésita pas à aller secouer son frère Luke. Cinq minutes plus tard, parents renseignés de leur voyage-éclair, ils partaient.
Vous êtes merveilleux !, jubila Opal en leur sautant au cou, on vous adore…mais on se raconte après…là, c’est urgent…vous vous souvenez bien d’Angel, non ?...On va récupérer son mari…vous verrez bien !...Voici Jeremy, Dennis et Hubert…
Les premières coordonnées les menèrent sur une lande battue des vents, Dieu sait où. Dénicher l’entrée du tunnel ne leur prit pas longtemps, ils savaient où chercher. Ils avaient à peine fait deux pas dans le boyau quand un patronus inconnu donna l’alerte : on attaquait Poudlard ! Hésitation dans les rangs ! Le trio de sorciers accourus au premier appel fit demi-tour en assurant qu’ils ne laissaient pas tomber l’école, Luke McLane, fidèle et loyal Serdaigle leur emboîta le pas. Angel en rageait.
Allez-y si vous voulez, je continue ! clama-t-elle en se transformant illico en chat.
Génial quand elle s’y met, elle s’y met…tu viens ou tu vas aussi ficher le camp ?, voulut savoir Opal en accrochant son frère favori de la manche.
Suis sûr qu’ils pourront se passer de moi…rattrapons Angel…s’il se trouve ça fera chat fouetté si elle tombe sur la garde…Je te suis…tu iras plus vite que moi !
À bon entendeur... Devenue l’agile abyssin, Opal se lança à la suite de son amie et la rattrapa de justesse alors qu’elle hésitait sur la direction à prendre à un croisement. Un chat en arrête un autre en lui sautant dessus, faute de mieux. On se siffla dessus un instant avant de reprendre forme humaine.
Sorry, ma vieille…mais foncer tête en bille, c’est trop risqué…On est trois, on fera avec !
Ils étaient une dizaine, encadrant les prisonniers. Avançant à la lumière des torches, ils consultaient souvent la carte de fortune tracée pour ne pas se perdre dans le dédale.
*Dix contre trois…Michael doit avoir une idée erronée sur nos superpouvoirs ou il sait quelque chose que moi pas !*
La surprise avait du bon, mais ne suffisait pas. Belle cohue qui empira lorsque les torches s’éteignirent dans l’extraordinaire souffle de vent qui s’engouffra dans le tunnel. Des Lumos timides jaillirent, alors les animagi s’arrangeaient joliment dans la pagaille. Henry Strang hurlait, Matt lui ficha un poing dans la figure avant de s’en prendre au Mangemort le plus à portée de main. Une once endiablée se jeta dans la mêlée et Opal revenue à son état normal s’apprêtait à lancer un Avada quand une main se plaqua sur sa bouche et qu’on la tirait vers un coin sombre. Deux mots murmurés à son oreille faillirent la faire défaillir pour de bon.
Tu…es fou…, mais ses mots se perdirent en un baiser où se mêlaient passion et une folle tendresse avant de la relâcher en lui disant de courir, mais…je ne veux…je t’aime…emmène-moi…invente n’importe quoi !!!
Il dit encore quelque chose et la poussa vers ses amis. Les mangemorts, pour quelque cause indéterminée avaient soudain fait demi-tour et avaient filé.
COUREZ !!! COUREZ !!!…LE TUNNEL VA SAUTER!!!
Ils prirent tous leurs jambes à leur cou, d’étranges tremblements agitaient les parois de pierre, le sol semblait onduler, des pierres se détachaient de la voute. Enfin la lumière apparut et les derniers mètres furent franchis alors qu’avec un fracas assourdissant les parois du tunnel commencèrent à s’effondrer.
Bénis vent, pluie, froid…Ils étaient vivants. Émouvantes retrouvailles entre époux, Sa Grâce le Duc se frottait la mâchoire et Matt s’excusait…Opal flottait sur un nuage.
Tu as senti les trépidations, toi ?, voulut savoir Matt, eh oh…Opal, reviens sur terre…Diable, elle est en état de choc…Coucou…dis, comment t’as su ?
Soupir énorme, étoiles dans les yeux.
Erik…c’est lui…Il était là…
Tu es folle !
Elle sourit en haussant les épaules.
Et qu’est-ce que ça peut faire ?...On est là, non !?
Allégrement secondée par ses deux acolytes indéfectibles, Opal menait bon train l’entreprise et accumulait, mine de rien, des informations, car comme prévu, panse bien remplie et égayé par l’alcool, ça parlait sans retenue. Bien sûr ceux qui parlaient le plus étaient ceux qui avaient le moins à dire, mais parfois, ses oreilles indiscrètes captaient des détails dignes d’être tenus en compte, comme celui de certains passages, qui une fois transmis à qui de droit permettaient de faire des petites surprises peu agréables aux méchants de service.
Le messager n’y alla pas par quatre chemins avec son petit laïus. Opal le considéra, incrédule.
QUOI ?...Votre maître « je sais pas qui » suppose que je vais lâcher tout et accourir prompte à son appel ?Il en a des idées…
Maître Beid entend être obéi sur le champ. Vous et un assistant doivent m’accompagner de retour !
Ordre ? Sur le champ ? À bon entendeur, peu de mots. D’autant plus que les temps n’étaient pas à discutailler avec un de ceux qui étaient en haut de la pyramide de commandement. L’envoyé avait été bref mais suffisamment explicite : il s’agissait de concocter ses plats les plus délicieux pour une dame très spéciale ayant des problèmes d’appétit. La paye serait extraordinairement conséquente.
*Super et maintenant faut faire plaisir aux p***s de ces ploucs!*
Joué à fond le rôle de rapiate de service prête à servir le diable au besoin, Opal s’en alla quérir Angel et la mettre au parfum en peu de mots.
Ça fera mission d’infiltration…grouille-toi, avale du Polynectar, on y va !
Le temps d’empaqueter ce jugé indispensable, de donner clés et une paire de conseils à Meg et c’était parti. Trasplange d’escorte, pas idée d’où. La belle, très belle cuisine. Pas le temps de s’en réjouir, qu’on leur passait inspection et prenait leurs baguettes, mesures de sécurité, assura-t-on. Elle avait liberté de choix pour les plats, tant qu’ils étaient somptueux et succulents. Autant se faire plaisir, elle dressa une liste extravagante et ne fut pas surprise de la voir acquittée intégralement.
Je me demande qui va bouffer tout ça !, commenta t’elle à Angel, perdue sous les traits peu gracieux d’une telle Flora Cook, mais si on veut le remplumer…c’est garanti…Mmm, elle est délicieuse cette sauce…tu vas la flamber maintenant ?
Et puis ça…
J’aimerais apprendre à faire l’Osso bucco comme vous… Puis aussi le ragout d’avant-hier, quel délice…
Opal resta, clouée sur place en voyant sa belle-sœur, celle dont on déplorait tant la disparition, humer les effluves émis avec délectation alors qu’Angel incendiait carrément ce qu’il fallait flamber.
*Reprends toi…suis le jeu…c’en est un, non ?* Bon sang, Flora, attention…Madame…excusez-nous…on ne nous a pas prévenues de votre venue…*Pitié…elle est maigre comme un clou !*
Une vieille garde-chiourme à la mine chiffonnée suivait Alix et ne perdait miette de l’entretien tout en examinant le contenu des casseroles. Le regard de sa belle-sœur faisait passer un message. Opal hocha imperceptiblement la tête avec un petit sourire en coin happant au passage qu’on lui refilait en douce-
Si vous le désirez, Madame, dit-elle en s’adressant à la gardienne, je vous fais goûter ce que nous préparons pour Milady…en fait, tout le monde peut y goûter…je suis sûre que vous allez adorer…il manque juste un peu de sel…DU POIVRE…
Angel/Flora qui s’y entendait à merveille dans ce code secret fit les ajouts nécessaires, bientôt la ronde avait dégusté et…dormait.
Mon Dieu, que je suis heureuse de te voir !, elle enserra Alix dans une chaleureuse étreinte, on a eu si peur…
Alix émue ou pas demeurait essentiellement pragmatique.
On a peu de temps ! Je suis ici depuis des lustres. Savez-vous où c’est ?
Pas la moindre idée…trasplanage d’escorte sans indications…mais et toi ? Que diables te veut-on ?
Apparemment à part vouloir la remplumer, et Merlin sait qu’elle en avait besoin, on ne semblait lui vouloir aucun mal, mais bien entendu, il y avait bien avoir quelque chose derrière ces intentions d’apparence si noble : on voulait la marier et évidemment, pas à n’importe qui. Qu’Alix remettre un petit paquet à Angel en donnant des indications très précises avait de quoi mettre la puce à l’oreille.
*Par les Dieux de l’Uluru…c’est quoi cette folie !*
Mais dites-moi surtout… Michael, Erik, J.O, les autres… ?
Opal soupira, un nœud à la gorge.
Ton…mari et le mien…sont venus se joindre au Nouvel Ordre…les autres …on va bien, on fait ce qu’on peut…Les enfants…sont en sécurité…les tiens, les miens, celui d’Angel…des autres…pas facile mais c’est mieux comme ça… On se défend, ma chérie…
Au réveil imminent des autres, on fit comme si rien. Milady donnait son avis sur ceci, Opal des conseils sur cela, Flora touillait innocemment. Finie la visite, elles s’activèrent avec leur préparatifs et une fois ceux-ci expédiés, on les escorta, en toute déférence à leurs quartiers.
Sacrée surprise…je me demande ce qu’elle mijote…c’est quoi le paquet ?
Angel en examinait le contenu et vu la tête tirée, Opal se douta que ce n’était pas la joie. Ce ne l’était pas.
Tout ce que je peux assurer est qu’il s’agit d’un poison foudroyant, sans antidote connu.
Misère…ça me dit rien de bon ! Si Alix veut ça…c’est pas pour rigoler…soit elle veut se défaire du fiancé soit elle… veux pas y penser…trop affreux…
Deux jours encore et le poison fut à point. À part cuisiner et se faire des idées de toute sorte, les deux amies ne glanèrent tant soit une rumeur digne d’être tenue en compte. Le moment venu, hors de tout regard suspicieux, Opal devint chat et se faufila dans les couloirs pour remettre la fiole fatidique à sa destinataire.
Merci Opal… C’est mon ultime recours, ma seule arme…
Mon Dieu, Alix…je…ne…je prie pour que…tu ne doives pas…pas sur toi, promets le moi…Michael s’arrangera pour te trouver je le sais…c’est…c’est pour quand le…enfin…
Elle n’en savait rien. Accolade sans mots, le sentiment perçu suffisait. La mort dans l’âme, l’australienne reprit son état animagus et fila en se demandant si jamais elle reverrait Alix.
Alix va bien ?, s’enquit Angel en la voyant de retour.
À ton avis !?...Elle a sa fiole, ce qu’elle en fera, seul Dieu le sait !, grommela t’elle en refrénant l’envie de jurer sur tous les tons et de fracasser contre les murs tout ce qui lui tomberait sous la main.
Sans aucune nouvelle d’Alix, elles quittèrent leur singulier service quelques jours plus tard, avec une bourse bien remplie. Force fut de raconter leur aventure en tout détail même si les infos étaient plutôt décourageantes, même si au moins on savait qu’Alix allait bien, dans la mesure du possible, cela va de soi.
Des nouvelles d’Erik lui parvinrent, sans plus de détail qu’il montait en grade, allait bien et que Michael faisait de même.
*Il est vivant…Dieu merci…Reviens vite, mon amour…reviens !!!*
Retour à la routine. Se livrer tous les jours à la même comédie. Sembler désinvolte et parfaitement satisfaite en servant ceux qu’elle haïssait chaque jour un peu plus. Une certaine animation revenait sur le Chemin de Traverse, des magasins rouvraient, on aurait pu croire qu’un semblant de normalité s’instaurait. Pure façade. Le plan fonctionnait et l’Ennemi affichait plus de confiance, sûr que c’était son plan de soumission qui marchait sur des roulettes.
*Ils sont vraiment cons ou font semblant ?*
Ce n’était pas à elle de se plaindre. L’ambiance se relâchait et on parlait plus librement. C’est ainsi que tomba la dernière nouvelle : le grand mariage avait eu lieu. Aucun fait trouble et encore moins sanglant n’avait entaché l’évènement.
*Encore heureux…Michael n’a pas fait rouler des têtes !*
Apparemment son beau-frère avait d’autres plans en tête et de la suite dans les idées. Son nom commença à revenir assez régulièrement entre les clients de Chez McLane et on l’évoquait avec une révérence mêlée de crainte.
Il a le Doloris facile, Lord De Brent…Impitoyable avec les punitions…Pas mal ont fini au cachot…Il a le diable au corps !
*Ben dis donc…sympa, le beauf !...Il a bien de quoi !* et de servir une nouvelle tournée de vin au compte de la maison, ça la mettait en joie, ce genre d’information.
Les nouvelles des Antipodes, elles, arrivaient de temps à autre, réjouissantes toujours. Ses enfants avaient célébré leurs deux ans, ils étaient heureux, comblés de tant d’amour et attention. Par contre, les deux elfes, c’était la misère, ils ne s’adaptaient pas au décor australien, tant et si bien que Maman, dans un élan charitable, les réexpédia en Angleterre. En les voyant, si craintifs, sur le seuil de sa cuisine, où ils avaient débarqué sans transition, Opal se demanda que faire d’eux.
Nous aider maîtresse, couina Kémentari, secondé par un énergique hochement de tête de Dimrost, en ce qu’elle ordonnera !
Ben…pourquoi pas !?
À partir de ce jour-là, elle put relâcher la corvée service, la laissant à ses elfes. La clientèle ne trouva rien à redire et parla encore avec plus de liberté, sans savoir que ces deux elfes là, dûment instruits, enregistraient le moindre commentaire mieux qu’un magnétophone pour les répéter avec religieuse précision à leur maître bien aimée. Pas de quoi s’étonner non plus qu’ils fussent aussi, les elfes les mieux payés du Royaume-Uni et alentours.
Peu après leur retour de la mission « Remplumage », Opal décida aménager sa grande maison pour servir de refuge à femmes et enfants sorciers fugitifs. Faisant d’une pierre deux coups, elle chassa la solitude et raviva l’espoir, tout en aidant ses protégés à s’assimiler tant soit un cette vie qui serait la leur jusqu’à ce que tout revienne à la normalité, au cas de le faire un jour.
C’est marrant, avoua t’elle à Megan venue lui filer un coup de main alors que John courait Dieu sait où, pour nous, c’est normal tâter des deux mondes…pour eux allumer la TV c’est un truc de ouf…te dis pas les taques de la cuisine…mais incroyablement…c’est plus facile qu’on ne l’aurait cru…enfin…sauf quand les petits s’amusent avec la sonnette…ou avec la machine à laver…
L’hiver semblait céder d’un cran, ce qui n’était pas énorme, on caillait toujours sous le Dôme mais entre l’aide des clandestins et le regain du commerce, les choses allaient un peu mieux pour la population, ce qui n’empêchait pas la Résistance de faire des coups d’éclats destinés à rappeler à tous et chacun que le dernier mot de cette histoire était loin encore d’être dit.
De l’autre côté, la situation empirait à niveau mondial. Le Chaos se propageait, la riposte des autorités et parfois de la population était chaque fois plus forte, plus rude et finalement sanglante.
*Sang entraine sang…on finira par s’entretuer !*
Avril s’entamait à peine quand J.O et son cousin le Duc furent enlevés et deux jours plus tard, deux attentats à la bombe en plein cœur du Londres moldu mettaient le monde en émoi.
Pour alors, Opal courait d’un endroit à l’autre, se rendant utile là où on en avait besoin. Appuyer Angel dans son angoisse, s’occuper de ses protégés, faire tourner le restaurant, attendre des nouvelles. Entre temps on apprit que Max avait disparu, vraisemblablement après l’attentat de Picadilly, ajoutant une folle crainte de plus à la déjà longue liste.
Les infiltrés commençaient à donner de leurs nouvelles avec une quasi rassurante régularité, preuve qu’ils s’affirmaient dans la confiance du Nouvel Ordre. Opal n’en reçut aucune de son Erik directement, elles lui parvenaient après être passées par la censure de Justin ou de l’Ordre, elle s’en fichait : il était vivant et seulement ça comptait à ses yeux.
Il y a des jours, parmi les jours, où une sorte d’irréalité inexplicable semble flotter. On ne sait la définir mais on la pressent. Opal était énervée et il faut dire que les raisons ne manquaient pas. Les livraisons traînaient de la patte, beaucoup de produits, de ceux qui arrivaient à bon port, ne correspondaient pas à la commande faite, d’autres avaient été tripotés méchamment et même dégustés avant l’heure.
*Ah non…on me la fait pas…ce soir, ils vont se régaler, ces…*§xx&+%% !!!*
S’il n’avait tenu qu’à elle, Opal McLane aurait sciemment empoisonné une bonne moitié de sa clientèle mais un éclat de bon sens l’empêcha de commettre son joyeux petit crime et même si elle ne mit aucune joie à la confection des repas, il n’y aurait pas de motif de plainte. Elle remuait une sauce quand l’apparition intempestive d’une Angel hors d’elle, la surprit. Son amie était habituellement plus posée. En un temps deux mouvements, Mrs. Westwood la mit au courant de ses déboires, qui n’étaient pas des moindres.
QUOI ? Des nouvelles de J.O ?...Ah bon…coordonnées exactes et c’est Michael qui les envoie…et ces abrutis ne veulent pas t’aider…sont malades ! Ce Diggory…et les autres…des chiffes-molles…Justin et Sam ?...Non plus…non sais pas où ils sont…pour ce qu’on me raconte…On s’en fiche…On y va, nous !
On battit le rappel de tout sorcier qui pourrait aider à leur quête. Peu répondirent. Éléments dignes de toute confiance certes mais au nombre de trois plus les deux dames déterminées, ça ne ferait pas, à l’avis d’Opal, le poids au cas d’une rencontre musclée.
M’en fous ! Je veux mon mari ! On y va ou pas ?
Mais, oui, calme –toi ! Nous faut toute l’aide qu’on pourra trouver…euh…à ton avis ? On laisse des otages de marque comme un capitaine Auror et un Duc sans une garde rapprochée ?...Bizarre…oui, je sais c’est Michael qui assure que c’est faisable…mais quand même…j’ai des frangins, ça te dit ?
Tiré de son bien gagné repos par l’apparition d’un patronus surexcité, rapidement identifié, ne gêna pas trop Matt McLane, mis vite fait au parfum de ce qui se tramait, il n’hésita pas à aller secouer son frère Luke. Cinq minutes plus tard, parents renseignés de leur voyage-éclair, ils partaient.
Vous êtes merveilleux !, jubila Opal en leur sautant au cou, on vous adore…mais on se raconte après…là, c’est urgent…vous vous souvenez bien d’Angel, non ?...On va récupérer son mari…vous verrez bien !...Voici Jeremy, Dennis et Hubert…
Les premières coordonnées les menèrent sur une lande battue des vents, Dieu sait où. Dénicher l’entrée du tunnel ne leur prit pas longtemps, ils savaient où chercher. Ils avaient à peine fait deux pas dans le boyau quand un patronus inconnu donna l’alerte : on attaquait Poudlard ! Hésitation dans les rangs ! Le trio de sorciers accourus au premier appel fit demi-tour en assurant qu’ils ne laissaient pas tomber l’école, Luke McLane, fidèle et loyal Serdaigle leur emboîta le pas. Angel en rageait.
Allez-y si vous voulez, je continue ! clama-t-elle en se transformant illico en chat.
Génial quand elle s’y met, elle s’y met…tu viens ou tu vas aussi ficher le camp ?, voulut savoir Opal en accrochant son frère favori de la manche.
Suis sûr qu’ils pourront se passer de moi…rattrapons Angel…s’il se trouve ça fera chat fouetté si elle tombe sur la garde…Je te suis…tu iras plus vite que moi !
À bon entendeur... Devenue l’agile abyssin, Opal se lança à la suite de son amie et la rattrapa de justesse alors qu’elle hésitait sur la direction à prendre à un croisement. Un chat en arrête un autre en lui sautant dessus, faute de mieux. On se siffla dessus un instant avant de reprendre forme humaine.
Sorry, ma vieille…mais foncer tête en bille, c’est trop risqué…On est trois, on fera avec !
Ils étaient une dizaine, encadrant les prisonniers. Avançant à la lumière des torches, ils consultaient souvent la carte de fortune tracée pour ne pas se perdre dans le dédale.
*Dix contre trois…Michael doit avoir une idée erronée sur nos superpouvoirs ou il sait quelque chose que moi pas !*
La surprise avait du bon, mais ne suffisait pas. Belle cohue qui empira lorsque les torches s’éteignirent dans l’extraordinaire souffle de vent qui s’engouffra dans le tunnel. Des Lumos timides jaillirent, alors les animagi s’arrangeaient joliment dans la pagaille. Henry Strang hurlait, Matt lui ficha un poing dans la figure avant de s’en prendre au Mangemort le plus à portée de main. Une once endiablée se jeta dans la mêlée et Opal revenue à son état normal s’apprêtait à lancer un Avada quand une main se plaqua sur sa bouche et qu’on la tirait vers un coin sombre. Deux mots murmurés à son oreille faillirent la faire défaillir pour de bon.
Tu…es fou…, mais ses mots se perdirent en un baiser où se mêlaient passion et une folle tendresse avant de la relâcher en lui disant de courir, mais…je ne veux…je t’aime…emmène-moi…invente n’importe quoi !!!
Il dit encore quelque chose et la poussa vers ses amis. Les mangemorts, pour quelque cause indéterminée avaient soudain fait demi-tour et avaient filé.
COUREZ !!! COUREZ !!!…LE TUNNEL VA SAUTER!!!
Ils prirent tous leurs jambes à leur cou, d’étranges tremblements agitaient les parois de pierre, le sol semblait onduler, des pierres se détachaient de la voute. Enfin la lumière apparut et les derniers mètres furent franchis alors qu’avec un fracas assourdissant les parois du tunnel commencèrent à s’effondrer.
Bénis vent, pluie, froid…Ils étaient vivants. Émouvantes retrouvailles entre époux, Sa Grâce le Duc se frottait la mâchoire et Matt s’excusait…Opal flottait sur un nuage.
Tu as senti les trépidations, toi ?, voulut savoir Matt, eh oh…Opal, reviens sur terre…Diable, elle est en état de choc…Coucou…dis, comment t’as su ?
Soupir énorme, étoiles dans les yeux.
Erik…c’est lui…Il était là…
Tu es folle !
Elle sourit en haussant les épaules.
Et qu’est-ce que ça peut faire ?...On est là, non !?
Opal McLane- Messages : 39
Date d'inscription : 09/09/2013
Re: D'amour et autres misères
D’ordinaire, Erik ne sympathisait pas exagérément, surtout avec de possibles malhonnêtes qu’il dépistait facilement. Zaurak était… différent. Sans doute que, quelque part, l’être écarlate lui donnait une reconnaissance dont l’enfant suédois, jeté comme du linge sale, avait manqué toute sa vie. L’amitié était devenue sincère entre eux. Sous des dehors grandiloquents, Zaurak était quelqu’un de tourmenté. Lui aussi désirait la reconnaissance… Leur complicité augmenta encore au fil des jours.
Bien sûr, il restait en contact aussi étroit que possible avec Michael qui parvint à l’avertir d’un truc de ouf après les noces d’Eridan : J.O et son cousin Henry avaient été emprisonné par un des évadés d’Azkaban : le père d’Henry. De Brent souhaitait favoriser leur fuite et réclamait son aide. Pas de souci ! Embobiner Zaurak n’était même plus nécessaire, il suffisait d’annoncer son absence temporaire, le tour était joué.
Il en avait de bonnes Michael ! Le plan était « simple »…
Transférer les prisonniers via le réseau souterrain était parfaitement normal car le manoir De Brent pouvait être jugé trop aisé à être investi. Il fut donc prévu d’escorter les captifs par cette voie. Lorsque, masqué, Erik retrouva les Strang, sans un mot il s’arrangea pour modifier leur apparence comme qui vient d’être salement amoché. Le défilé eut lieu ensuite dans les entrailles du sol. Un tracé des boyaux avait été fourni par l’instigateur mais, il était prévu d’égarer un peu le petit troupeau. Normalement, Samantha devait organiser la jonction à un point précis, truffé d’explosifs. Il fit de son mieux pour ralentir la bande adverse et, sans le savoir, Henry y contribua en se comportant en parfait pleutre, ce qui lui valut d’être cogné. Le temps s’écoula. Bientôt il faudrait éliminer la racaille et couvrir ses arrières mais aucun signe du capitaine des Aurors. En lieu et place de Samantha, ce furent deux jeunes femmes très connues ainsi qu’une force de la nature auxquels ils se heurtèrent. Le cœur d’Erik bondit. Il dut se mordre les lèvres au sang pour ne pas hurler son prénom :
*OPALINE !!!!*
Misère, voilà qui n’était pas prévu. Immédiatement, les Mangemorts lancèrent des sortilèges. Fallait sortir ses amis de là, et vite. Un Ventus s’éleva, soufflant tous les flambeaux.
Il l’aurait repérée, même aveugle ! Le temps de dire ouf, Erik saisit son épouse qu’il tira en arrière du champ de bataille impromptu, lui murmurant :
Je t’aime !
Il arracha son masque et lui délivra un baiser renversant auquel elle répondit en plaidant :
…je t’aime…emmène-moi…invente n’importe quoi !!!
Désolé, pas maintenant. Fous le camp avec nos amis. Vite, il y a des explosifs partout !
La repousser lui fit très mal, moins cependant qu’un éclat de roche reçu dans l’omoplate gauche au moment où tout s’écroula.
Zaurak , s’il s’aperçut de quelque chose ou s’en douta, ne releva pas. Il était très tracassé par le cadeau à apporter aux noces de son frère. Erik avait fait ce qu’il fallait. La panthère, il l’avait expédiée de la part de Michael, lui il avait présenté un objet très spécial à Zaurak.
Qu’est-ce donc ? s’était-il étonné en bataillant avec les tiroirs hermétiques.
Je me suis laissé dire qu’Alix Blackstorm aimait les casse-tête, celui-ci devrait lui convenir…
Mon frère appréciera moins. Il déteste ce qu’il ne domine pas.
Le mariage d’Eridan marqua un tournant dans les relations Zaurak-Erik. Fin observateur sous des dehors bouffon, l’être écarlate n’avait pas raté une miette des différentes scènes observables. Après avoir roupillé comme un ours, le lendemain il tint à déjeuner avec son bras droit. Puisqu’Erik était toujours aussi vorace, cela ne le gêna pas du tout de se gaver à nouveau. Mais ce repas partagé avait un autre but qui dérangea passablement le Suédois. Sans crier gare en faisant léviter un énorme plateau de desserts, il lança :
Quand seras-tu enfin sincère avec moi, fils ?
Pardon ? Que vas-tu imaginer ?
Je t’ai observé hier, et De Brent aussi. Je suis certain que vous ne vous haïssez pas autant que prétendu.
Ouh là, pas prévu ça ! Erik aurait pu mentir en toute impunité, cependant – quitte à rattraper le coup ensuite – dans un sourire, il osa :
Tu as raison… Michael et moi nous entendons à merveille et n’avons qu’un but. Tu devines lequel ?
Zaurak ne s’attendait pas à une telle franchise. Du coup, sa barbichette lui descendit jusqu’aux clavicules :
Vous… vous êtes de mèche pour nous faucher ? Mais…
Tu connais ton frère, je connais le mien...
Il… il a abattu Zahdil, on pense que Azah et Spectrum sont aussi son œuvre… Il me veut mort, TU veux aussi ma mort ??
Non, aux deux questions. Zahdil l’accusait du désastre du ministère, Spectrum oeuvrait loin d’ici. Quant à Azah, le plus récent, faudra interroger Eridan. Rassure-toi, j’ai convaincu Michael de t’épargner car, sincèrement, je t’apprécie, Zaur.
Le regard d’influence était prêt à modifier l’ordre des choses. Très perplexe, Zaurak demeura quelques secondes figé, à digérer cet aveu spontané. Puis, son rire énorme ébranla les murs :
Décidément, t’es pas commun, fils ! Pourquoi me révéler ça ? Tu escomptes de l’aide de ma part ?
Tac au tac:
Disons que j’en ai marre de mentir sans arrêt. Si tu veux aider, tu seras le bienvenu. Sinon, tiens t’en à la passivité, ça ira aussi.
Mais… qu’est-ce que j’y gagne, moi ?
Ma reconnaissance éternelle et, probablement, certains avantages à ta convenance. Le tout est d’empêcher Eridan de mener ses plans à terme.
Cela sembla plaire à Zaurak qui ne cacha pas son envie de changer d’orbite, celle d’Eridan l’épuisait trop. Il se doutait que tôt ou tard le menu de l’appétit dévorant de son aîné porterait son nom :
Je t’appuierai dans la discrétion, fiston. Trinquons et… merci de ton honnêteté.
Pour l’instant, Erik ne douta pas des réelles bonnes intentions de son « père » rouge. Au moindre signe de revirement, Zaurak paierait.
Une semaine s’écoula. Volontairement, Erik avait laissé quelques jours au meuble à tiroirs offert pour être fonctionnel. Cependant, lorsqu’il commença à le visiter à intervalle régulier, il s’inquiéta. Le contenu n’avait pas varié. Pourtant, il était certain de ne pas s’être trompé de combinaison pour relier son armoire avec celle d’Alix. Que se passait-il ? Force fut de rallonger le parchemin initial selon les informations récoltées par-ci par-là. Enfin, un soir, malgré sa fatigue due aux entraînements, Erik s‘enchanta de sa découverte. La baguette placée avait disparu et Alix répondait à la missive :
Cher Erik, merci infiniment de ce présent. Il va nous permettre de communiquer facilement. Zaurak t’a à la bonne ? Tant mieux ! Je viens de regarder la pharmacie et le laboratoire portable. J’aurai besoin de…
*Mince ! Comment je me procure tout ça, moi ?*
La requête suivante n’était pas plus aisée : transmettre une lettre à Michael. Hélas, pas une seule occasion ne se présenta. Toujours en déplacement, difficile d’aller le rejoindre ouvertement après la mascarade jouée entre eux.
En attendant, Erik pilla tous les bouges et boutiques de potions disponibles afin d’au moins remplir une part des demandes d’Alix.
Coïncidence ? Zaurak le manda. Il fulminait, mais pas à son encontre, ouf.
COMMENT OSE-T-IL ?
Euh… qui donc, Zaur ?
MON FRÈRE !! Il a organisé un banquet somptueux pour présenter Alix aux nôtres et il ne nous y même pas conviés !! Je vais perdre tout crédit, être rayé des cadres !
Là, là, l’apaisa Erik en affrontant son regard. Rien de mal ne t’arrivera, je le promets.
J’étais même pas invité à la prise de Poudlard, pleurnicha Zaurak.
L’estomac d’Erik faillit se retourner :
Hein ?? Prendre le collège ? Quand, comment ?
C’est fait. Depuis avant-hier. Une splendide occasion de briller est encore ratée !
Ne déplore rien ! Si ça tourne de travers, *Et ça ne peut pas être autrement* nous serons blanchis des fautes possibles. Il n’y aura aucune retombée sur toi.
Nul n’est prophète dans son Pays, mais Erik ne se trompait pas. Il jubila, Zaurak aussi, en apprenant la reprise du collège. Néanmoins, le soir même de cette bonne nouvelle, une autre tomba dans le tiroir secret. Il se précipita chez son « Maître », affolé :
Excuse-moi t’interrompre aussi cavalièrement ton repas mais étais-tu au courant des épidémies lancées dans tous les coins du monde ?
Son protecteur faillit s’étouffer de saisissement :
De… de quoi parles-tu ?
J’ai mes espions. Eridan est en train de disséminer des miasmes partout. Il vise tout le monde, on doit se prémunir. Une de mes consœurs est au top du top : je dois la voir.
Va, va ! Reviens vite, l’expédia Zaurak énervé.
Avant de s’évaporer, il tint à harponner celle que l’on pensait sa maîtresse. Miko lui offrit une oreille attentive. Elle connaissait l’évolution des relations Erik-Zaurak, ne les approuvait pas sauf dans leur utilité 1ère.
Essaye de faire passer le mot d’ordre pour les vaccinations des masses. Si Alix n’a pas reconnu celui qui influence les sorciers, elle trouvera et, au moins, on peut prémunir les autres.
Il atterrit au Stillworth ‘s clinical en pleine effervescence. Manifestement, d’autres que lui avaient eu vent de l’affaire. S’il eut un peu de mal à se frayer un chemin, contraint de fermer les yeux aux appels de détresse d’autrui, il put dénicher Ysaline à qui il confia le topo global et les requêtes d’Alix.
Elle lui apprit qu’ils travaillaient dessus car, par des recoupements d’infos issues de Megan, J.O et autres, on savait plus ou moins à quoi s’attendre.
Il n’avait rien d’autre à formuler sauf un angoissé :
Où est Opal ?
Au restaurant, of course.
Bras droit reconnu de Zaurak, il fut accueilli bruyamment par les Mangemorts en ripailles, si bien qu’Opaline finit par sortir son nez de ses casseroles. Tomber dans les bras l’un de l’autre aux yeux de tous, et alors ? Qu’ils s’isolent ensuite n’étonna personne. D’abord Erik se rassasia des lèvres de la peau de son aimée dont il était sevré depuis longtemps. Hélas, des choses urgentes réclamaient aussi leur dû. Entre deux étreintes, il glissa :
Maintenant Zaurak nous est acquis, il fera tout ce que lui conseillerai… Que fabrique l’Ordre ?... Ah, bon ?...
Non, il n’était pas au courant de l’éviction de Shacklebolt et de l’ascension de Justin au ministère. Il rassura son épouse du mieux possible :
Ça va aller. Autant que je sache Michael et Alix vont bien, mais… oh merde, j’ai une lettre d’elle à lui remettre, je n’ai pas encore eu l’occasion de la lui donner. *Va me tuer*
On se câlina encore un peu puis Erik se rajusta : direction le new ministère.
Marrant, il eut l’impression de tomber telle une perruque dans la soupe. En compagnie des Davenport, rien de moins que les Smith, Westwood, Michael et même Von Falkenberg.
L’aubaine ! Content de vous revoir !
Accolades diverses, la discussion en cours reprit.
Il écouta religieusement, tentant de dégager tenants et aboutissants. Zaurak n’avait pas tort de craindre la déchéance vu tout ce qu’on lui taisait ces derniers temps. Michael, astre montant, en savait plus que tout le monde sur les arcanes d’Eridan. Il brillait encore grâce à la « disparition » soudaine de Theemin, aussitôt remplacé par un sorcier du nom de Torcularis. Conclusion, Eridan faisait le ménage, il plaçait des pions soumis aux postes-clé.
Ayant capté les divers urgences et exigences, Erik abattit sa carte maîtresse :
Je suis en contact avec Alix qui glane toutes les infos possibles à leur source.
Hein, quoi, comment ? On le pressa comme un citron, il avoua l’astuce, donna ses lettres à Michael, ne cacha rien.
J’ai manqué d’opportunités, Zaurak se méfiait encore. Là, il compte sur moi, sur nous, pour lui sauver la peau. J’ai entrevu Ysaline tantôt, elle dit que tu expédies les vaccins aux africains et aux pays de l’Est, Max ?... Heureux de l’apprendre.
Angel et J.O oeuvraient pour la proche Europe ; John et Meg pour les Amériques. L’Océanie était couverte par les ses propres beaux-frères. Erik sourit en apprenant ces bonnes nouvelles. Le plus gros hic rencontré par Justin était de convaincre les moldus de non-agression envers les sorciers connus. Il devait prochainement rencontrer face à face le frais 1er ministre. Delà viendrait soutien ou opposition pour protéger l’Angleterre.
Bon, désolé mais je dois rejoindre mon poste. On reste en contact, ciao !
Oui, c’est vrai, il voulait filer, éviter les questions de son frères sauf que celui-ci ne lui lâcha pas les basques. Rattrapé au détour d’un couloir, il dut l’affronter :
… pense ce que tu veux, je n’ai vraiment pas eu le temps de te donner ces plis !
Force de détails plus tard, Michael le relâcha dans la nature.
Il trouva Zaurak aux quatre cents coups : il était convoqué, seul, chez Eridan.
Cette fois c’est fini. Ou il m’abat, ou il m’inocule sa diablerie d’impéro liquide.
C’était grave, très grave, Erik en fut conscient. Il réfléchit intensément quelques minutes tandis que son mentor se lamentait en arpentant ses précieux tais quand l’idée lui vint :
Je ne vois qu’un remède à ce mal, Zaurak.
Ah ? Tu sais quoi faire, s’empressa l’autre dévoré d’espoir.
Oui ! Cramponne-toi, ce soir tu meurs de ma main !
Une baguette menaçante se brandit…
Bien sûr, il restait en contact aussi étroit que possible avec Michael qui parvint à l’avertir d’un truc de ouf après les noces d’Eridan : J.O et son cousin Henry avaient été emprisonné par un des évadés d’Azkaban : le père d’Henry. De Brent souhaitait favoriser leur fuite et réclamait son aide. Pas de souci ! Embobiner Zaurak n’était même plus nécessaire, il suffisait d’annoncer son absence temporaire, le tour était joué.
Il en avait de bonnes Michael ! Le plan était « simple »…
Transférer les prisonniers via le réseau souterrain était parfaitement normal car le manoir De Brent pouvait être jugé trop aisé à être investi. Il fut donc prévu d’escorter les captifs par cette voie. Lorsque, masqué, Erik retrouva les Strang, sans un mot il s’arrangea pour modifier leur apparence comme qui vient d’être salement amoché. Le défilé eut lieu ensuite dans les entrailles du sol. Un tracé des boyaux avait été fourni par l’instigateur mais, il était prévu d’égarer un peu le petit troupeau. Normalement, Samantha devait organiser la jonction à un point précis, truffé d’explosifs. Il fit de son mieux pour ralentir la bande adverse et, sans le savoir, Henry y contribua en se comportant en parfait pleutre, ce qui lui valut d’être cogné. Le temps s’écoula. Bientôt il faudrait éliminer la racaille et couvrir ses arrières mais aucun signe du capitaine des Aurors. En lieu et place de Samantha, ce furent deux jeunes femmes très connues ainsi qu’une force de la nature auxquels ils se heurtèrent. Le cœur d’Erik bondit. Il dut se mordre les lèvres au sang pour ne pas hurler son prénom :
*OPALINE !!!!*
Misère, voilà qui n’était pas prévu. Immédiatement, les Mangemorts lancèrent des sortilèges. Fallait sortir ses amis de là, et vite. Un Ventus s’éleva, soufflant tous les flambeaux.
Il l’aurait repérée, même aveugle ! Le temps de dire ouf, Erik saisit son épouse qu’il tira en arrière du champ de bataille impromptu, lui murmurant :
Je t’aime !
Il arracha son masque et lui délivra un baiser renversant auquel elle répondit en plaidant :
…je t’aime…emmène-moi…invente n’importe quoi !!!
Désolé, pas maintenant. Fous le camp avec nos amis. Vite, il y a des explosifs partout !
La repousser lui fit très mal, moins cependant qu’un éclat de roche reçu dans l’omoplate gauche au moment où tout s’écroula.
Zaurak , s’il s’aperçut de quelque chose ou s’en douta, ne releva pas. Il était très tracassé par le cadeau à apporter aux noces de son frère. Erik avait fait ce qu’il fallait. La panthère, il l’avait expédiée de la part de Michael, lui il avait présenté un objet très spécial à Zaurak.
Qu’est-ce donc ? s’était-il étonné en bataillant avec les tiroirs hermétiques.
Je me suis laissé dire qu’Alix Blackstorm aimait les casse-tête, celui-ci devrait lui convenir…
Mon frère appréciera moins. Il déteste ce qu’il ne domine pas.
Le mariage d’Eridan marqua un tournant dans les relations Zaurak-Erik. Fin observateur sous des dehors bouffon, l’être écarlate n’avait pas raté une miette des différentes scènes observables. Après avoir roupillé comme un ours, le lendemain il tint à déjeuner avec son bras droit. Puisqu’Erik était toujours aussi vorace, cela ne le gêna pas du tout de se gaver à nouveau. Mais ce repas partagé avait un autre but qui dérangea passablement le Suédois. Sans crier gare en faisant léviter un énorme plateau de desserts, il lança :
Quand seras-tu enfin sincère avec moi, fils ?
Pardon ? Que vas-tu imaginer ?
Je t’ai observé hier, et De Brent aussi. Je suis certain que vous ne vous haïssez pas autant que prétendu.
Ouh là, pas prévu ça ! Erik aurait pu mentir en toute impunité, cependant – quitte à rattraper le coup ensuite – dans un sourire, il osa :
Tu as raison… Michael et moi nous entendons à merveille et n’avons qu’un but. Tu devines lequel ?
Zaurak ne s’attendait pas à une telle franchise. Du coup, sa barbichette lui descendit jusqu’aux clavicules :
Vous… vous êtes de mèche pour nous faucher ? Mais…
Tu connais ton frère, je connais le mien...
Il… il a abattu Zahdil, on pense que Azah et Spectrum sont aussi son œuvre… Il me veut mort, TU veux aussi ma mort ??
Non, aux deux questions. Zahdil l’accusait du désastre du ministère, Spectrum oeuvrait loin d’ici. Quant à Azah, le plus récent, faudra interroger Eridan. Rassure-toi, j’ai convaincu Michael de t’épargner car, sincèrement, je t’apprécie, Zaur.
Le regard d’influence était prêt à modifier l’ordre des choses. Très perplexe, Zaurak demeura quelques secondes figé, à digérer cet aveu spontané. Puis, son rire énorme ébranla les murs :
Décidément, t’es pas commun, fils ! Pourquoi me révéler ça ? Tu escomptes de l’aide de ma part ?
Tac au tac:
Disons que j’en ai marre de mentir sans arrêt. Si tu veux aider, tu seras le bienvenu. Sinon, tiens t’en à la passivité, ça ira aussi.
Mais… qu’est-ce que j’y gagne, moi ?
Ma reconnaissance éternelle et, probablement, certains avantages à ta convenance. Le tout est d’empêcher Eridan de mener ses plans à terme.
Cela sembla plaire à Zaurak qui ne cacha pas son envie de changer d’orbite, celle d’Eridan l’épuisait trop. Il se doutait que tôt ou tard le menu de l’appétit dévorant de son aîné porterait son nom :
Je t’appuierai dans la discrétion, fiston. Trinquons et… merci de ton honnêteté.
Pour l’instant, Erik ne douta pas des réelles bonnes intentions de son « père » rouge. Au moindre signe de revirement, Zaurak paierait.
Une semaine s’écoula. Volontairement, Erik avait laissé quelques jours au meuble à tiroirs offert pour être fonctionnel. Cependant, lorsqu’il commença à le visiter à intervalle régulier, il s’inquiéta. Le contenu n’avait pas varié. Pourtant, il était certain de ne pas s’être trompé de combinaison pour relier son armoire avec celle d’Alix. Que se passait-il ? Force fut de rallonger le parchemin initial selon les informations récoltées par-ci par-là. Enfin, un soir, malgré sa fatigue due aux entraînements, Erik s‘enchanta de sa découverte. La baguette placée avait disparu et Alix répondait à la missive :
Cher Erik, merci infiniment de ce présent. Il va nous permettre de communiquer facilement. Zaurak t’a à la bonne ? Tant mieux ! Je viens de regarder la pharmacie et le laboratoire portable. J’aurai besoin de…
*Mince ! Comment je me procure tout ça, moi ?*
La requête suivante n’était pas plus aisée : transmettre une lettre à Michael. Hélas, pas une seule occasion ne se présenta. Toujours en déplacement, difficile d’aller le rejoindre ouvertement après la mascarade jouée entre eux.
En attendant, Erik pilla tous les bouges et boutiques de potions disponibles afin d’au moins remplir une part des demandes d’Alix.
Coïncidence ? Zaurak le manda. Il fulminait, mais pas à son encontre, ouf.
COMMENT OSE-T-IL ?
Euh… qui donc, Zaur ?
MON FRÈRE !! Il a organisé un banquet somptueux pour présenter Alix aux nôtres et il ne nous y même pas conviés !! Je vais perdre tout crédit, être rayé des cadres !
Là, là, l’apaisa Erik en affrontant son regard. Rien de mal ne t’arrivera, je le promets.
J’étais même pas invité à la prise de Poudlard, pleurnicha Zaurak.
L’estomac d’Erik faillit se retourner :
Hein ?? Prendre le collège ? Quand, comment ?
C’est fait. Depuis avant-hier. Une splendide occasion de briller est encore ratée !
Ne déplore rien ! Si ça tourne de travers, *Et ça ne peut pas être autrement* nous serons blanchis des fautes possibles. Il n’y aura aucune retombée sur toi.
Nul n’est prophète dans son Pays, mais Erik ne se trompait pas. Il jubila, Zaurak aussi, en apprenant la reprise du collège. Néanmoins, le soir même de cette bonne nouvelle, une autre tomba dans le tiroir secret. Il se précipita chez son « Maître », affolé :
Excuse-moi t’interrompre aussi cavalièrement ton repas mais étais-tu au courant des épidémies lancées dans tous les coins du monde ?
Son protecteur faillit s’étouffer de saisissement :
De… de quoi parles-tu ?
J’ai mes espions. Eridan est en train de disséminer des miasmes partout. Il vise tout le monde, on doit se prémunir. Une de mes consœurs est au top du top : je dois la voir.
Va, va ! Reviens vite, l’expédia Zaurak énervé.
Avant de s’évaporer, il tint à harponner celle que l’on pensait sa maîtresse. Miko lui offrit une oreille attentive. Elle connaissait l’évolution des relations Erik-Zaurak, ne les approuvait pas sauf dans leur utilité 1ère.
Essaye de faire passer le mot d’ordre pour les vaccinations des masses. Si Alix n’a pas reconnu celui qui influence les sorciers, elle trouvera et, au moins, on peut prémunir les autres.
Il atterrit au Stillworth ‘s clinical en pleine effervescence. Manifestement, d’autres que lui avaient eu vent de l’affaire. S’il eut un peu de mal à se frayer un chemin, contraint de fermer les yeux aux appels de détresse d’autrui, il put dénicher Ysaline à qui il confia le topo global et les requêtes d’Alix.
Elle lui apprit qu’ils travaillaient dessus car, par des recoupements d’infos issues de Megan, J.O et autres, on savait plus ou moins à quoi s’attendre.
Il n’avait rien d’autre à formuler sauf un angoissé :
Où est Opal ?
Au restaurant, of course.
Bras droit reconnu de Zaurak, il fut accueilli bruyamment par les Mangemorts en ripailles, si bien qu’Opaline finit par sortir son nez de ses casseroles. Tomber dans les bras l’un de l’autre aux yeux de tous, et alors ? Qu’ils s’isolent ensuite n’étonna personne. D’abord Erik se rassasia des lèvres de la peau de son aimée dont il était sevré depuis longtemps. Hélas, des choses urgentes réclamaient aussi leur dû. Entre deux étreintes, il glissa :
Maintenant Zaurak nous est acquis, il fera tout ce que lui conseillerai… Que fabrique l’Ordre ?... Ah, bon ?...
Non, il n’était pas au courant de l’éviction de Shacklebolt et de l’ascension de Justin au ministère. Il rassura son épouse du mieux possible :
Ça va aller. Autant que je sache Michael et Alix vont bien, mais… oh merde, j’ai une lettre d’elle à lui remettre, je n’ai pas encore eu l’occasion de la lui donner. *Va me tuer*
On se câlina encore un peu puis Erik se rajusta : direction le new ministère.
Marrant, il eut l’impression de tomber telle une perruque dans la soupe. En compagnie des Davenport, rien de moins que les Smith, Westwood, Michael et même Von Falkenberg.
L’aubaine ! Content de vous revoir !
Accolades diverses, la discussion en cours reprit.
Il écouta religieusement, tentant de dégager tenants et aboutissants. Zaurak n’avait pas tort de craindre la déchéance vu tout ce qu’on lui taisait ces derniers temps. Michael, astre montant, en savait plus que tout le monde sur les arcanes d’Eridan. Il brillait encore grâce à la « disparition » soudaine de Theemin, aussitôt remplacé par un sorcier du nom de Torcularis. Conclusion, Eridan faisait le ménage, il plaçait des pions soumis aux postes-clé.
Ayant capté les divers urgences et exigences, Erik abattit sa carte maîtresse :
Je suis en contact avec Alix qui glane toutes les infos possibles à leur source.
Hein, quoi, comment ? On le pressa comme un citron, il avoua l’astuce, donna ses lettres à Michael, ne cacha rien.
J’ai manqué d’opportunités, Zaurak se méfiait encore. Là, il compte sur moi, sur nous, pour lui sauver la peau. J’ai entrevu Ysaline tantôt, elle dit que tu expédies les vaccins aux africains et aux pays de l’Est, Max ?... Heureux de l’apprendre.
Angel et J.O oeuvraient pour la proche Europe ; John et Meg pour les Amériques. L’Océanie était couverte par les ses propres beaux-frères. Erik sourit en apprenant ces bonnes nouvelles. Le plus gros hic rencontré par Justin était de convaincre les moldus de non-agression envers les sorciers connus. Il devait prochainement rencontrer face à face le frais 1er ministre. Delà viendrait soutien ou opposition pour protéger l’Angleterre.
Bon, désolé mais je dois rejoindre mon poste. On reste en contact, ciao !
Oui, c’est vrai, il voulait filer, éviter les questions de son frères sauf que celui-ci ne lui lâcha pas les basques. Rattrapé au détour d’un couloir, il dut l’affronter :
… pense ce que tu veux, je n’ai vraiment pas eu le temps de te donner ces plis !
Force de détails plus tard, Michael le relâcha dans la nature.
Il trouva Zaurak aux quatre cents coups : il était convoqué, seul, chez Eridan.
Cette fois c’est fini. Ou il m’abat, ou il m’inocule sa diablerie d’impéro liquide.
C’était grave, très grave, Erik en fut conscient. Il réfléchit intensément quelques minutes tandis que son mentor se lamentait en arpentant ses précieux tais quand l’idée lui vint :
Je ne vois qu’un remède à ce mal, Zaurak.
Ah ? Tu sais quoi faire, s’empressa l’autre dévoré d’espoir.
Oui ! Cramponne-toi, ce soir tu meurs de ma main !
Une baguette menaçante se brandit…
Erik Nielsen- Messages : 42
Date d'inscription : 09/09/2013
Re: D'amour et autres misères
On en était où dans cette chronologie démente ? C’était à peu près la question qu’Opal McLane, épouse Nielsen, se posait parfois. Il se passait énormément de choses pendant un temps puis c’était le calme plat, pour retomber de nouveau dans une spirale de surprises, pas toujours bonnes, cela va de soi.
Après le sauvetage de J.O dans le tunnel secret qui avait fini par leur tomber presque dessus, il avait encore fallu se la jouer à l’intervention musclée pour tirer le brave gars de la prison du Ministère , tout à cause du Ministre pris de folie subite. Bon, on apprit par la suite que le cher Shackebolt était infecté d’un virus étrange…
*Super…ça te tombe dessus comme un rhume et hop, tu fais des yeux doux aux méchants…commode, le moyen !*
Bien sûr elle ne savait trop rien de rien parce que personne ne se donnait le mal de la mettre au courant de quoi que ce soit. Pourquoi ? Elle ne se posait plus la question devinant sans mal que le fait d’être la femme d’un Mangemort n’arrangeait pas trop les choses.
*Faut dire que s’ils le font pour faire discret…ça exagère !*
L’Ordre l’ignorait, tant pis, tant mieux. Angel travaillait plein temps au laboratoire pour mettre à point des vaccins, Meg avait déserté le service et courait la nature en quête d’infos allez savoir où. Son grand copain Justin était devenu Ministre et n’avait plus le temps pour mises à jour sympas. La femme de celui-ci avait bien trop à faire pour s’occuper de la vie d’autrui et les autres avaient leurs propres problèmes comme pour s’intéresser aux siens.
Faut avouer qu’elle n’en avait pas, de problèmes terribles. Des problèmes tout court, petits, moyens, grands mais pas du genre à chambouler le monde, tout au plus à la faire râler. Faute de mieux, puisque personne n’avait besoin de son civisme et courage, Opal faisait ce qu’elle savait le mieux : faire tourner son restaurant en s’engueulant avec les fournisseurs.
À Kelamera on devait s’arranger sans Matt, décidé à rester en Angleterre pour veiller sur sa sœur même si tout le monde savait qu’Opal savait très bien s’arranger sans aide et que si Matt restait c’était parce que l’idée d’en découdre avec les méchants de service le tentait plus que veiller sur vaches et moutons. Et Opal n’était que plus heureuse avec cet arrangement, avec son frère, la vie se faisait plus supportable, estompant solitude et angoisse.
Les nouvelles d’Erik lui parvenaient par des biais détournés, pour ne pas changer, mais parfois aussi les gens du Nouvel Ordre laissaient échapper des informations dignes d’être retenues. Comme quoi son mari faisait son petit bout de chemin dans la cour des grands.
*Il suit les pas de son frangin…tant qu’il ne se mette pas à faire rouler des têtes pour y arriver…*
Par contre ce qui la rendait bien moins heureuse était le fait qu’on ne parlait pas d’Erik sans accoler une certaine Miko, laissant entendre entre petits rires gras quel genre de tandem ils formaient. Opal en perdait appétit, sommeil et bonne humeur.
*Je lui ferai la peau…l’écorcherai vivante…la laisserai se faire bouffer par les fourmis…et lui…ah, lui…pire encore !*
Entre ragots, commérages, racontars et manque d’information on vit arriver un semblant de printemps, ce qui adoucit un peu les humeurs locales. Pas celle d’Opal qui rongeait son frein et tyrannisait son petit monde.
Salle pleine. Ça ripaillait bruyamment, aux cuisines Opal menait sa troupe avec impitoyable discipline. Les elfes faisaient le service, presque dépassés malgré leurs talents multiples. Matt avait opportunément disparu, ce qui valait mieux que le voir éplucher des légumes avec hargne assassine en rêvant de faire subir pareil sort à l’ennemi qui s’amusait si bien à deux pas de là.
Un vacarme de tous les diables où se mêlaient sifflets, vivats, applaudissements, finit par énerver carrément Opal qui n’était pas d’humeur à supporter pareil esclandre, lâchant ce qu’elle faisait à l’instant, elle déboula dans la salle prête à envoyer tout le monde au diable mais la surprise la cloua sur place, la privant du don de la parole…un instant très bref. Là au milieu de la joyeuse compagnie, se tenait son mari…son Erik, si beau, si vivant…si sien.
Tu es là !, souffla t’elle bêtement en tombant dans ses bras sans se soucier de ce public braillard, Mon Dieu, Erik…tu es là !
Baiser inoubliable. Belle pagaille dont ils se fichèrent en disparaissant dans le bureau. Longue et délicieuse étreinte avant de passer à une rapide mis à jour selon quoi le nommé Zaurak était tout acquis à la bonne cause et suivrait les conseils de Mr. Nielsen.
Ben dis donc…si c’est pas du progrès ça…
Que fabrique l’Ordre ?, voulut il savoir.
Elle haussa les épaules en soupirant, sans s’écarter un millimètre du rassurant nid de ses bras.
Crois pas que je veuille jour au secret mais là…on m’a gentiment écartée, j’en sais rien pour tout te dire…m’en fous, d’ailleurs…Pour le reste, on a démis Shakebolt et Justin a pris sa place…
Ah, bon ?
Ben oui, ah bon c’est bien dit…comment ça se fait que tu ne saches pas ça ?...Enfin, on l’a pas crié sur les toits, je suppose…On se débrouille, Matt est ici, avec moi… mais et toi, mon amour…qu’est-ce qu’il se passe vraiment ?...Que fais-tu ?...J’entends des trucs, tu sais…*MIko par ci, Miko par là…* Que va-t-il se passer ?...Erik…tu me manques…
Elle dut se contenter d’être rassurée. Des meilleurs temps viendraient. Il savait que Michael et Alix allaient bien, chacun de son côté, pas la joie mais ils vivaient, déjà ça. Sans donner plus de détails, le moment de se quitter vint trop vite, elle ne put s’empêcher de pleurer, même si ce n’était pas dans ses habitudes.
Tu reviendras, n’est-ce pas ?...Je t’aime, Erik…*Peu importe ce que tu fais !* je t’aime et ai besoin de toi…
Il promit et partit. Nouveau décompte des jours, avec ces longues nuits en solitaire et tant de questions sans réponse. Patience, pas la plus grande vertu d’Opal, et il en fallait des tonnes pour pallier l’attente. Matt pouvait être un joyeux compagnon mais encore il aurait fallu qu’il ne soit pas si attiré par l’envie de découdre avec l’ennemi, qu’il rejoigne la Résistance n’étonna personne finalement.
Et ça passait, les jours, les nuits ! Les nouvelles des enfants qui parvenaient, Dieu merci, régulièrement, la ravissaient. Les jumeaux étaient la coqueluche de Kelamera, étaient devenus des petits gars encore plus dégourdis, parlaient comme des pies et s’accordaient comme cordes d’un violon, parfaits complices. Elle rêvait de s’évader pour une visite rapide mais la crainte d’un bouleversement inattendu à la situation locale la freinait.
*On ira avec Erik…oui !...Un de ces jours !*
Entre soupirs, espoir et travail, on arriva fin Juin. Et puis, ça arriva, alors qu’on affrontait vaillamment le coup de feu du soir, dépassés, l’énervement montait de ton et Opal perdait le peu de patience qui lui restait quand, sans préavis, Erik fut là. Sans explications, se retroussant les manches, enfilant un tablier et filant le coup de main salvateur.
*Comme ça !? Plof ! Genre miracle-minute !?...ou j’ai de hallucinations ?*
En tout cas, elle était très consistante, son hallucination et passé l’émoi lui octroya un baiser à lui faire tourner, un peu plus si possible, la tête en assurant qu’à partir de là, ils ne se séparaient plus. Les explications viendraient plus tard.
Un trasplanage décoiffant les transporta…ailleurs.
Ben dis donc…c’est un peu rouge, non ?...Ah, il aimait la couleur…Tu l’as vraiment…?, et de se passer les doigts sur la gorge, misère…dur, les mérites dans le coin…Euh, horrifiée ?...Non, sais pas trop…suis trop heureuse d’être là, avec toi, comme pour penser…*Pour le moment !*
Se réveiller dans un décor de soies mordorées aux reflets écarlates, lui produisit quelque chose de semblable à un choc. Opal bondit du lit en constatant être la seule occupante. Enveloppée d’un drap, rouge, elle avança vers la fenêtre la plus proche et tira les rideaux. Soleil d’été, campagne paisible.
*Pas de dôme…se la coulent en douce, on dirait ! …Et Erik…il est…*
Bonjour, Opal, excuse- moi de me présenter ainsi…je suis Miko !
Sursaut, elle se retourna et découvrit la mince et belle asiatique qui la considérait avec un sourire. Serrant sa toge improvisée, Opal s’en drapa le plus dignement du monde tout en jaugeant attentivement l’intruse.
*Elle est mignonne comme tout !* Salut, Miko…*Et quoi maintenant ?*…euh, ça va ? *C’est ça, ai l’air plus idiot si possible !*…T’ai pas entendue entrer !
Erik a dû partir de très bonne heure, son frère le réclamait…Il m’a priée de faire en sorte que tu te sentes comme chez toi, petit sourire amical, me doute que pas trop facile avec tout ce faste écarlate mais il n’a rien voulu changer…petit déjeuner ?
*C’est ça…dore moi la pilule, tu as eu mon mari tout ce temps pour toi toute seule et maintenant…* Oui…pourquoi pas ?
Miss Japon joua de ses palmes et acte suivi commença un savant défilé de domestiques qui en un rien de temps avaient agencé table et buffet exquis en s’inclinant révérencieux. Opal se sentit comme la dernière des idiotes en restant là, drapée de rouge alors qu’on lui faisait des courbettes mais opta pour suivre le mouvement, comme si rien, et prit place à table. Miko s’assit en face d’elle, sans façons.
Erik et moi sommes des grands amis, alliés, tu comprends. Tout ce qu’on dit fait part de notre couverture…Je sais qu’il n’aime que toi et vos enfants, sois tranquille et soyons amies aussi !
Dit comme ça, si gentiment, sans chichis et avec un regard criant de sincérité, le petit discours fit son effet. Opal n’était pas du genre à se faire des grandes embrouilles et cette vérité lui plaisait bien. D’un geste plein de franchise, elle tendit sa main. Chaleureux shake-hand, on s’entendait. Ce petit déjeuner pouvait tranquillement passer aux annales des meilleures mises à jour. Tout y passa, jusqu’au moindre détail, après que Miko ait isolé l’endroit grâce à quelques sortilèges recherchés.
Elle eut droit à un tour guidé dans le nouveau domaine de son chéri, promu War Lord avec tous les privilèges inhérents du poste, entre lesquels était contemplée une large liberté d’agissement.
*Autant en profiter tant que ça dure !*
Bien entendu elle restait exclue de toute activité à la Cour et n’eut pas le droit de voir de près Sa Resplendissante Grandeur Étoilée, faveur dont elle sut se passer très volontiers, et isolée comme elle était, impossible de savoir ce qui se passait hors de son petit royaume exigu.
Un bel orage d’été battait son plein, éclairant le ciel d’un fastueux feu d’artifice plutôt bruyant. Erik avait dû se rendre auprès du Maître et elle s’ennuyait à périr en songeant à ce qui pouvait être en train de se passer au restaurant.
Belle entre les belles, combien de raison il a en se languissant de vous, ma chère !
Cette voix surgie de nulle part la transporta un demi mètre en hauteur du sursaut. Elle se tourna et retourna en cherchant mais ne vit rien.
Ok, fantôme…montre-toi…ou sinon, par les Dieux puissant de l’Uluru je t’envoie un sort qui te renverra illico en enfer !
Plop ! Matérialisé devant elle, le bonhomme tout de rouge vêtu, ploya le buste en une belle révérence.
Rouge…écarlate…ne me dites pas…vous êtes Zaurak !...Pas un esprit, sorry mais vous êtes trop dodu et consistant pour en être un…et puis…je sais…
Large sourire, regard à l'éclat malicieux, hochement de tête. Il admettait.
J’étais trop curieux de connaître qui règne sur le cœur de l’indomptable…et je suis très agréablement surpris…vous êtes la beauté même, et la grâce…
Elle sourit en secouant la tête.
C’est très gentil de le dire…mais restons en là, à part la curiosité il doit avoir bien plus pour que vous risquiez de vous faire pincer…m’est avis que ces murs doivent avoir yeux et oreilles…
Je suis encore un esprit puissant, assura t’il en levant sa baguette, je veux mettre Erik sur avis…Erik et Michael sont en grand danger…
Encore une intrigue, et pas des moindres. Eridan n’attendait qu’à consolider son pouvoir avec la naissance tant attendue, une fois cela fait, il se déferait de tout celui qui songerait à s’interposer.
Ok…un gosse va naître…mais ça change en quoi, toute l’affaire ?, s’enquit elle, révoltée mais en toute innocence.
Apparemment être mort, ou qu’on le pense, avait beaucoup de bon. Si on le pinçait, jouer les fantômes, avec grande science, donnait le résultat voulu et confirmait, aux yeux de tous, sa mort si vile, si violente…
C’est le Réliquat…,assura t’il, sans aller plus loin puisqu’il ignorait lui-même de quoi il en allait.
Il me semble avoir entendu parler de ça…mais en sais pas plus…je devrais…
Michael a des énormes soupçons…et ça va très mal de ce côté-là…je crains qu’il ne commette quelque irrémédiable…Eridan entoure tout d’un grand mystère…sa démence s’accroit en mesure de son pouvoir…je crains le pire…pour tous !
Soupir en lui tapotant gentiment l’épaule, que faire d’autre ?
Ouais, c’est pas donné s’en sortir de tant d’emmerdes si en plus ça déraille ferme du côté du Chef…mais on savait déjà que ce ne serait pas…mais enfin…qu’est-ce que je fais, moi ?...
Il n’en avait pas la moindre idée. Opal en conclut que le brave « esprit » écarlate était en mal de confidences et avait sauté sur l’occasion pour bavarder un peu. Faute mieux à faire, ils jouèrent aux cartes tout en bâtissant des projets plus tirés des cheveux qu’autre chose.
Elle le battait de plate couture au poker, en parlant des boniments de l’élevage de moutons quand l’apparition intempestive d’Erik mit fin aux réjouissances. Il était passablement énervé, son mari chéri en expliquant que, sans qu’on sache le pourquoi du comment, Sa Grandeur exigeait de la connaître, elle. Zaurak jura par tous les dieux que ce n’était pas une bonne idée, que son Aîné devait avoir quelque idée pourrie derrière la tête, enjoignit Opal de fuir le plus vite et le plus loin possible, pleurant presque.
S’Il sait que je suis là…ça veut déjà beaucoup dire…IL surveille tout…j’espère n’empêche qu’IL n’entend pas tout sans cela…on est faits…mais s’IL exige de me voir…qu’IL me voit…Mais, Erik, à quoi vient tout ça…comme ça…tout à coup !?
Apparemment, entre mouchards, traîtres et paranoïa, tout finissait par se savoir dans ce royaume d’étoiles filantes. Zaurak joua son rôle de fantôme bienfaisant et s’enfuma alors qu’une cour de domestiques venait s’occuper de pomponner la dame de céans, malgré ses protestations, pour paraître honorablement face à celui qui se faisait, entre autres, appeler, Grand des Grands.
*Génial…on y va, ma fille, face à la Grande Écume Galactique…*
Pompe et circonstance. On ne lambinait pas au détail. Sa Grandeur aimait décor à sa mesure et l’avait…ciel inclus. Marrant de reconnaître son ciel austral, ce qui en dépit de la méfiance en cause, la rassura. Opal tira de son répertoire les leçons de Maman et Grand-mère sur la tenue d’une dame, se redressa, leva la tête et avança, très droite vers l’inéluctable. Progression silencieuse.
*Misère…retient on le souffle ou quoi ?*
Vlam ! Balayage express de son esprit. Si brutal et désabusé que cela fit presque mal. Elle s’arrêta net et regarda le Suprême Seigneur sans grande aménité.
Chez nous on dit bonsoir, on boit un coup pour après sonder les esprits mais si cela vous plaît, Mon Seigneur…, elle n’avait jamais été une trop bonne Occlumens mais là, la rage l’emportant son esprit bloqua sec la fouille impénitente pour se livrer la seconde d’après, sain et bucolique.
Vaches et moutons…Incendies et couches sales…mais qu’est-ce que cela !?, vociféra outré la Maître.
Ma foi, que voulez-vous, suis une fille de l’Outback… on pense qu’à ça !, admit elle en haussant les épaules, vous désiriez me voir, Grand Sire ?...Attendiez-vous l’esprit de Mata Hari ou quelque chose dans le genre ?
Du coup, personne ne respirait plus dans les alentours, attendant sans doute que le Tyran la réduise en cendres mais celui-ci, loin d’être dupe (le salaud !) leva la main, faussement conciliant pour ensuite déclamer, dramatique:
On me cerne, on me trahit, on m’espionne…
*Pauvret !*
Changement d'attitude en un clin d’œil.
TOI !, rugit le grand sire en signalant Erik, tu as osé faire venir cette créature…
Pardon…suis sa femme…humaine jusqu’aux bout des ongles, créature, c’est bon pour…euh…les licornes ?
Cela allait de mal en pire…ou de mieux en mieux, selon les avis. Opal respira et s’appliqua à bien regarder ce qui l’entourait…et surtout qui…La cour en plein semblait là réunie. Tiens, à la gauche du seigneur se tenait son épouse. Opal dut faire un effort immense pour ne pas réagir en reconnaissant Alix, franchement très, mais alors là très enceinte. À sa droite, ses lieutenants (chacun ses priorités !) Erik assez pâle et énervé et Michael, qui semblait taillé dans du marbre. Et elle, au beau milieu de l’allée d’honneur, debout, très droite, et sans aucune intention de fléchir le genou au cas d’être cela qu’on attendait d’elle, ce qui, pour certaines raisons assez évidentes semblait choquer et mettre en rogne le despote de service.
La suite fut confuse. Extraordinairement confuse, absurde et cruelle. On ne pouvait s’attendre à rien de bon d’un fou démoniaque mais que, comme ça, sans aucune raison apparente, il fasse saisir Miko et la traîner face à lui, fit que ceux qui avaient enfin respiré un bon coup, retiennent à nouveau la respiration.
*Merde…pour vivre avec ce type faut s’entraîner en apnée !*
Deux gardes, genre armoires à glaces se postaient à ses côtés. Opal échangea un regard, plutôt affolé avec son chéri et attendit la suite qui ne fut guère réjouissante. Allez savoir d’où le Grand des Grands sortait des idées pareilles mais tout à coup il semblait avoir envie de mettre un de ses lieutenants face à un énorme dilemme.
CHOISIS !!! Deux femmes t’aiment…choisis celle qui te sied !!!, gueula t’il à l’adresse d’Erik
*Ah bon ? On en est là ? Et quoi avec elle ?*
Erik protesta. Michael ajouta du sien, sentencieux. Remous dans l’assistance. Alix semblait être au-delà de tout mais eu un infime regard vers sa belle-sœur qui capta au quart de tour et avança vers Miko, à genoux face au Maître et prit sa main.
Si c’est d’Amour qu’on parle, pour Erik on n’est qu’une, ne vous déplaise, Mon Seigneur…Où il est ce qui est, il faut ce qu’il faut…et comme dit le Grand Maître de l’Uluru qui règne au-delà du rêve…QUE CE SOIT !
Invoquer des dieux anciens avec conviction face à une fausse idole donne toujours des bons résultats. Devant le regard abîmé de rage et surprise du Grand Eridan, les deux jeunes femmes se diluèrent soudain en un nuage de fumée tenue aux arômes de tamarin. Ce qui se passa ensuite sous le ciel austral créé pour complaire un caprice absurde, ni Opal ni Miko ne le surent…
Sorry, ma vieille de t’avoir sortie de là de la sorte…mais c’est la seule chose qui m’est passée par l’esprit…Euh…sais pas, apparemment, les Dieux de l’Uluru ont plus de force qu’on ne le croirait…là on est du côté moldu…Pouvais pas laisser qu’on te zigouille comme si rien…viens, chez moi c’est pas loin…
Elles ne firent pas trois pas avant qu’un Matt hors de lui ne fasse une apparition très remarquée, baguette brandie et s’arrête, sidéré de la voir là en grands atours en compagnie d’une belle et menue inconnue.
Le Cridurut…Ah bon !...À la bonne heure que tu te pointes, sœurette…Ça va ?..., et de se fendre en un sourire craquant pour la jeune japonaise.
On vient de fausser compagnie à Eridan et sa cour en plein…Protège Miko…je dois aller chez Justin au plus vite…ça va faire un pétard de fin de monde !
Chez le Ministre on passait une tranquille soirée. Opal s’en voulut à peine d’envoyer en l’air tant de paix.
Pardon, mon vieux, veux pas déranger mais là…ça tourne à l’aigre !...Oui, je viens de là-bas… sans grogner, ok ?...J’allais pas passer un avis dans la presse, non ?...et en plus, fais pas semblant, personne n’a fait attention à moi pendant bien longtemps…c’est pas le point…Chez Eridan, ça va faire des dégâts…, et de raconter les derniers événements, les confidences de Zaurak, le non défunt, les appréciations de celui-ci, ses craintes et ses prévisions pour le futur immédiat, comme quoi, pour faire court et résumer…Michael va faire un malheur total et que Dieu nous assiste avec ce qui suivra…parce que là, selon Zaurak et la tête qu’il tirait ce soir, ça promet des vertes et des pas mûres…
Sam, qui mangeait des pêches comme s’il n’y avait rien de plus important au monde, ne se priva pas de donner son opinion, qui concordait extraordinairement bien avec la sienne alors que Justin faisait une tête de ministre incrédule.
Si Michael renverse le pouvoir et veut en faire à son air, vu l’humeur, suis sûre qu’Erik l’enverra paître…*Oui, parce que les Grands Maîtres imbus de soi, on en a ras le bol*…
Mais bien sûr et si ceci ou si cela. Sam était habile pour tourner les choses et les rendre logiques et compréhensibles mais Opal qui en avait eu assez comme pour perdre son latin préféra laisser les grands esprits entrer en concordance. Matt et Miko semblaient en avoir trouvé, des points en concordance. Elle passa de large et alla s’échoir dans son lit.
Sans fastes écarlates et Sage pour toute compagnie, elle dormit d’un sommeil inquiet, faisant des rêves où la colère quasi divine d’un Eridan hors de lui rameutait les quatre cavaliers de l’Apocalypse pour l’assister…
Le lendemain, il fallut se rendre à l’évidence que des changements notoires avaient eu lieu…le Dôme avait disparu, un été splendide et soudain éclatait sur le monde magique.
Des questions se posèrent. Et pour une fois, les réponses ne tardèrent pas sauf qu’elles n’étaient pas exactement celles escomptées…ou oui ?
Après le sauvetage de J.O dans le tunnel secret qui avait fini par leur tomber presque dessus, il avait encore fallu se la jouer à l’intervention musclée pour tirer le brave gars de la prison du Ministère , tout à cause du Ministre pris de folie subite. Bon, on apprit par la suite que le cher Shackebolt était infecté d’un virus étrange…
*Super…ça te tombe dessus comme un rhume et hop, tu fais des yeux doux aux méchants…commode, le moyen !*
Bien sûr elle ne savait trop rien de rien parce que personne ne se donnait le mal de la mettre au courant de quoi que ce soit. Pourquoi ? Elle ne se posait plus la question devinant sans mal que le fait d’être la femme d’un Mangemort n’arrangeait pas trop les choses.
*Faut dire que s’ils le font pour faire discret…ça exagère !*
L’Ordre l’ignorait, tant pis, tant mieux. Angel travaillait plein temps au laboratoire pour mettre à point des vaccins, Meg avait déserté le service et courait la nature en quête d’infos allez savoir où. Son grand copain Justin était devenu Ministre et n’avait plus le temps pour mises à jour sympas. La femme de celui-ci avait bien trop à faire pour s’occuper de la vie d’autrui et les autres avaient leurs propres problèmes comme pour s’intéresser aux siens.
Faut avouer qu’elle n’en avait pas, de problèmes terribles. Des problèmes tout court, petits, moyens, grands mais pas du genre à chambouler le monde, tout au plus à la faire râler. Faute de mieux, puisque personne n’avait besoin de son civisme et courage, Opal faisait ce qu’elle savait le mieux : faire tourner son restaurant en s’engueulant avec les fournisseurs.
À Kelamera on devait s’arranger sans Matt, décidé à rester en Angleterre pour veiller sur sa sœur même si tout le monde savait qu’Opal savait très bien s’arranger sans aide et que si Matt restait c’était parce que l’idée d’en découdre avec les méchants de service le tentait plus que veiller sur vaches et moutons. Et Opal n’était que plus heureuse avec cet arrangement, avec son frère, la vie se faisait plus supportable, estompant solitude et angoisse.
Les nouvelles d’Erik lui parvenaient par des biais détournés, pour ne pas changer, mais parfois aussi les gens du Nouvel Ordre laissaient échapper des informations dignes d’être retenues. Comme quoi son mari faisait son petit bout de chemin dans la cour des grands.
*Il suit les pas de son frangin…tant qu’il ne se mette pas à faire rouler des têtes pour y arriver…*
Par contre ce qui la rendait bien moins heureuse était le fait qu’on ne parlait pas d’Erik sans accoler une certaine Miko, laissant entendre entre petits rires gras quel genre de tandem ils formaient. Opal en perdait appétit, sommeil et bonne humeur.
*Je lui ferai la peau…l’écorcherai vivante…la laisserai se faire bouffer par les fourmis…et lui…ah, lui…pire encore !*
Entre ragots, commérages, racontars et manque d’information on vit arriver un semblant de printemps, ce qui adoucit un peu les humeurs locales. Pas celle d’Opal qui rongeait son frein et tyrannisait son petit monde.
Salle pleine. Ça ripaillait bruyamment, aux cuisines Opal menait sa troupe avec impitoyable discipline. Les elfes faisaient le service, presque dépassés malgré leurs talents multiples. Matt avait opportunément disparu, ce qui valait mieux que le voir éplucher des légumes avec hargne assassine en rêvant de faire subir pareil sort à l’ennemi qui s’amusait si bien à deux pas de là.
Un vacarme de tous les diables où se mêlaient sifflets, vivats, applaudissements, finit par énerver carrément Opal qui n’était pas d’humeur à supporter pareil esclandre, lâchant ce qu’elle faisait à l’instant, elle déboula dans la salle prête à envoyer tout le monde au diable mais la surprise la cloua sur place, la privant du don de la parole…un instant très bref. Là au milieu de la joyeuse compagnie, se tenait son mari…son Erik, si beau, si vivant…si sien.
Tu es là !, souffla t’elle bêtement en tombant dans ses bras sans se soucier de ce public braillard, Mon Dieu, Erik…tu es là !
Baiser inoubliable. Belle pagaille dont ils se fichèrent en disparaissant dans le bureau. Longue et délicieuse étreinte avant de passer à une rapide mis à jour selon quoi le nommé Zaurak était tout acquis à la bonne cause et suivrait les conseils de Mr. Nielsen.
Ben dis donc…si c’est pas du progrès ça…
Que fabrique l’Ordre ?, voulut il savoir.
Elle haussa les épaules en soupirant, sans s’écarter un millimètre du rassurant nid de ses bras.
Crois pas que je veuille jour au secret mais là…on m’a gentiment écartée, j’en sais rien pour tout te dire…m’en fous, d’ailleurs…Pour le reste, on a démis Shakebolt et Justin a pris sa place…
Ah, bon ?
Ben oui, ah bon c’est bien dit…comment ça se fait que tu ne saches pas ça ?...Enfin, on l’a pas crié sur les toits, je suppose…On se débrouille, Matt est ici, avec moi… mais et toi, mon amour…qu’est-ce qu’il se passe vraiment ?...Que fais-tu ?...J’entends des trucs, tu sais…*MIko par ci, Miko par là…* Que va-t-il se passer ?...Erik…tu me manques…
Elle dut se contenter d’être rassurée. Des meilleurs temps viendraient. Il savait que Michael et Alix allaient bien, chacun de son côté, pas la joie mais ils vivaient, déjà ça. Sans donner plus de détails, le moment de se quitter vint trop vite, elle ne put s’empêcher de pleurer, même si ce n’était pas dans ses habitudes.
Tu reviendras, n’est-ce pas ?...Je t’aime, Erik…*Peu importe ce que tu fais !* je t’aime et ai besoin de toi…
Il promit et partit. Nouveau décompte des jours, avec ces longues nuits en solitaire et tant de questions sans réponse. Patience, pas la plus grande vertu d’Opal, et il en fallait des tonnes pour pallier l’attente. Matt pouvait être un joyeux compagnon mais encore il aurait fallu qu’il ne soit pas si attiré par l’envie de découdre avec l’ennemi, qu’il rejoigne la Résistance n’étonna personne finalement.
Et ça passait, les jours, les nuits ! Les nouvelles des enfants qui parvenaient, Dieu merci, régulièrement, la ravissaient. Les jumeaux étaient la coqueluche de Kelamera, étaient devenus des petits gars encore plus dégourdis, parlaient comme des pies et s’accordaient comme cordes d’un violon, parfaits complices. Elle rêvait de s’évader pour une visite rapide mais la crainte d’un bouleversement inattendu à la situation locale la freinait.
*On ira avec Erik…oui !...Un de ces jours !*
Entre soupirs, espoir et travail, on arriva fin Juin. Et puis, ça arriva, alors qu’on affrontait vaillamment le coup de feu du soir, dépassés, l’énervement montait de ton et Opal perdait le peu de patience qui lui restait quand, sans préavis, Erik fut là. Sans explications, se retroussant les manches, enfilant un tablier et filant le coup de main salvateur.
*Comme ça !? Plof ! Genre miracle-minute !?...ou j’ai de hallucinations ?*
En tout cas, elle était très consistante, son hallucination et passé l’émoi lui octroya un baiser à lui faire tourner, un peu plus si possible, la tête en assurant qu’à partir de là, ils ne se séparaient plus. Les explications viendraient plus tard.
Un trasplanage décoiffant les transporta…ailleurs.
Ben dis donc…c’est un peu rouge, non ?...Ah, il aimait la couleur…Tu l’as vraiment…?, et de se passer les doigts sur la gorge, misère…dur, les mérites dans le coin…Euh, horrifiée ?...Non, sais pas trop…suis trop heureuse d’être là, avec toi, comme pour penser…*Pour le moment !*
Se réveiller dans un décor de soies mordorées aux reflets écarlates, lui produisit quelque chose de semblable à un choc. Opal bondit du lit en constatant être la seule occupante. Enveloppée d’un drap, rouge, elle avança vers la fenêtre la plus proche et tira les rideaux. Soleil d’été, campagne paisible.
*Pas de dôme…se la coulent en douce, on dirait ! …Et Erik…il est…*
Bonjour, Opal, excuse- moi de me présenter ainsi…je suis Miko !
Sursaut, elle se retourna et découvrit la mince et belle asiatique qui la considérait avec un sourire. Serrant sa toge improvisée, Opal s’en drapa le plus dignement du monde tout en jaugeant attentivement l’intruse.
*Elle est mignonne comme tout !* Salut, Miko…*Et quoi maintenant ?*…euh, ça va ? *C’est ça, ai l’air plus idiot si possible !*…T’ai pas entendue entrer !
Erik a dû partir de très bonne heure, son frère le réclamait…Il m’a priée de faire en sorte que tu te sentes comme chez toi, petit sourire amical, me doute que pas trop facile avec tout ce faste écarlate mais il n’a rien voulu changer…petit déjeuner ?
*C’est ça…dore moi la pilule, tu as eu mon mari tout ce temps pour toi toute seule et maintenant…* Oui…pourquoi pas ?
Miss Japon joua de ses palmes et acte suivi commença un savant défilé de domestiques qui en un rien de temps avaient agencé table et buffet exquis en s’inclinant révérencieux. Opal se sentit comme la dernière des idiotes en restant là, drapée de rouge alors qu’on lui faisait des courbettes mais opta pour suivre le mouvement, comme si rien, et prit place à table. Miko s’assit en face d’elle, sans façons.
Erik et moi sommes des grands amis, alliés, tu comprends. Tout ce qu’on dit fait part de notre couverture…Je sais qu’il n’aime que toi et vos enfants, sois tranquille et soyons amies aussi !
Dit comme ça, si gentiment, sans chichis et avec un regard criant de sincérité, le petit discours fit son effet. Opal n’était pas du genre à se faire des grandes embrouilles et cette vérité lui plaisait bien. D’un geste plein de franchise, elle tendit sa main. Chaleureux shake-hand, on s’entendait. Ce petit déjeuner pouvait tranquillement passer aux annales des meilleures mises à jour. Tout y passa, jusqu’au moindre détail, après que Miko ait isolé l’endroit grâce à quelques sortilèges recherchés.
Elle eut droit à un tour guidé dans le nouveau domaine de son chéri, promu War Lord avec tous les privilèges inhérents du poste, entre lesquels était contemplée une large liberté d’agissement.
*Autant en profiter tant que ça dure !*
Bien entendu elle restait exclue de toute activité à la Cour et n’eut pas le droit de voir de près Sa Resplendissante Grandeur Étoilée, faveur dont elle sut se passer très volontiers, et isolée comme elle était, impossible de savoir ce qui se passait hors de son petit royaume exigu.
Un bel orage d’été battait son plein, éclairant le ciel d’un fastueux feu d’artifice plutôt bruyant. Erik avait dû se rendre auprès du Maître et elle s’ennuyait à périr en songeant à ce qui pouvait être en train de se passer au restaurant.
Belle entre les belles, combien de raison il a en se languissant de vous, ma chère !
Cette voix surgie de nulle part la transporta un demi mètre en hauteur du sursaut. Elle se tourna et retourna en cherchant mais ne vit rien.
Ok, fantôme…montre-toi…ou sinon, par les Dieux puissant de l’Uluru je t’envoie un sort qui te renverra illico en enfer !
Plop ! Matérialisé devant elle, le bonhomme tout de rouge vêtu, ploya le buste en une belle révérence.
Rouge…écarlate…ne me dites pas…vous êtes Zaurak !...Pas un esprit, sorry mais vous êtes trop dodu et consistant pour en être un…et puis…je sais…
Large sourire, regard à l'éclat malicieux, hochement de tête. Il admettait.
J’étais trop curieux de connaître qui règne sur le cœur de l’indomptable…et je suis très agréablement surpris…vous êtes la beauté même, et la grâce…
Elle sourit en secouant la tête.
C’est très gentil de le dire…mais restons en là, à part la curiosité il doit avoir bien plus pour que vous risquiez de vous faire pincer…m’est avis que ces murs doivent avoir yeux et oreilles…
Je suis encore un esprit puissant, assura t’il en levant sa baguette, je veux mettre Erik sur avis…Erik et Michael sont en grand danger…
Encore une intrigue, et pas des moindres. Eridan n’attendait qu’à consolider son pouvoir avec la naissance tant attendue, une fois cela fait, il se déferait de tout celui qui songerait à s’interposer.
Ok…un gosse va naître…mais ça change en quoi, toute l’affaire ?, s’enquit elle, révoltée mais en toute innocence.
Apparemment être mort, ou qu’on le pense, avait beaucoup de bon. Si on le pinçait, jouer les fantômes, avec grande science, donnait le résultat voulu et confirmait, aux yeux de tous, sa mort si vile, si violente…
C’est le Réliquat…,assura t’il, sans aller plus loin puisqu’il ignorait lui-même de quoi il en allait.
Il me semble avoir entendu parler de ça…mais en sais pas plus…je devrais…
Michael a des énormes soupçons…et ça va très mal de ce côté-là…je crains qu’il ne commette quelque irrémédiable…Eridan entoure tout d’un grand mystère…sa démence s’accroit en mesure de son pouvoir…je crains le pire…pour tous !
Soupir en lui tapotant gentiment l’épaule, que faire d’autre ?
Ouais, c’est pas donné s’en sortir de tant d’emmerdes si en plus ça déraille ferme du côté du Chef…mais on savait déjà que ce ne serait pas…mais enfin…qu’est-ce que je fais, moi ?...
Il n’en avait pas la moindre idée. Opal en conclut que le brave « esprit » écarlate était en mal de confidences et avait sauté sur l’occasion pour bavarder un peu. Faute mieux à faire, ils jouèrent aux cartes tout en bâtissant des projets plus tirés des cheveux qu’autre chose.
Elle le battait de plate couture au poker, en parlant des boniments de l’élevage de moutons quand l’apparition intempestive d’Erik mit fin aux réjouissances. Il était passablement énervé, son mari chéri en expliquant que, sans qu’on sache le pourquoi du comment, Sa Grandeur exigeait de la connaître, elle. Zaurak jura par tous les dieux que ce n’était pas une bonne idée, que son Aîné devait avoir quelque idée pourrie derrière la tête, enjoignit Opal de fuir le plus vite et le plus loin possible, pleurant presque.
S’Il sait que je suis là…ça veut déjà beaucoup dire…IL surveille tout…j’espère n’empêche qu’IL n’entend pas tout sans cela…on est faits…mais s’IL exige de me voir…qu’IL me voit…Mais, Erik, à quoi vient tout ça…comme ça…tout à coup !?
Apparemment, entre mouchards, traîtres et paranoïa, tout finissait par se savoir dans ce royaume d’étoiles filantes. Zaurak joua son rôle de fantôme bienfaisant et s’enfuma alors qu’une cour de domestiques venait s’occuper de pomponner la dame de céans, malgré ses protestations, pour paraître honorablement face à celui qui se faisait, entre autres, appeler, Grand des Grands.
*Génial…on y va, ma fille, face à la Grande Écume Galactique…*
Pompe et circonstance. On ne lambinait pas au détail. Sa Grandeur aimait décor à sa mesure et l’avait…ciel inclus. Marrant de reconnaître son ciel austral, ce qui en dépit de la méfiance en cause, la rassura. Opal tira de son répertoire les leçons de Maman et Grand-mère sur la tenue d’une dame, se redressa, leva la tête et avança, très droite vers l’inéluctable. Progression silencieuse.
*Misère…retient on le souffle ou quoi ?*
Vlam ! Balayage express de son esprit. Si brutal et désabusé que cela fit presque mal. Elle s’arrêta net et regarda le Suprême Seigneur sans grande aménité.
Chez nous on dit bonsoir, on boit un coup pour après sonder les esprits mais si cela vous plaît, Mon Seigneur…, elle n’avait jamais été une trop bonne Occlumens mais là, la rage l’emportant son esprit bloqua sec la fouille impénitente pour se livrer la seconde d’après, sain et bucolique.
Vaches et moutons…Incendies et couches sales…mais qu’est-ce que cela !?, vociféra outré la Maître.
Ma foi, que voulez-vous, suis une fille de l’Outback… on pense qu’à ça !, admit elle en haussant les épaules, vous désiriez me voir, Grand Sire ?...Attendiez-vous l’esprit de Mata Hari ou quelque chose dans le genre ?
Du coup, personne ne respirait plus dans les alentours, attendant sans doute que le Tyran la réduise en cendres mais celui-ci, loin d’être dupe (le salaud !) leva la main, faussement conciliant pour ensuite déclamer, dramatique:
On me cerne, on me trahit, on m’espionne…
*Pauvret !*
Changement d'attitude en un clin d’œil.
TOI !, rugit le grand sire en signalant Erik, tu as osé faire venir cette créature…
Pardon…suis sa femme…humaine jusqu’aux bout des ongles, créature, c’est bon pour…euh…les licornes ?
Cela allait de mal en pire…ou de mieux en mieux, selon les avis. Opal respira et s’appliqua à bien regarder ce qui l’entourait…et surtout qui…La cour en plein semblait là réunie. Tiens, à la gauche du seigneur se tenait son épouse. Opal dut faire un effort immense pour ne pas réagir en reconnaissant Alix, franchement très, mais alors là très enceinte. À sa droite, ses lieutenants (chacun ses priorités !) Erik assez pâle et énervé et Michael, qui semblait taillé dans du marbre. Et elle, au beau milieu de l’allée d’honneur, debout, très droite, et sans aucune intention de fléchir le genou au cas d’être cela qu’on attendait d’elle, ce qui, pour certaines raisons assez évidentes semblait choquer et mettre en rogne le despote de service.
La suite fut confuse. Extraordinairement confuse, absurde et cruelle. On ne pouvait s’attendre à rien de bon d’un fou démoniaque mais que, comme ça, sans aucune raison apparente, il fasse saisir Miko et la traîner face à lui, fit que ceux qui avaient enfin respiré un bon coup, retiennent à nouveau la respiration.
*Merde…pour vivre avec ce type faut s’entraîner en apnée !*
Deux gardes, genre armoires à glaces se postaient à ses côtés. Opal échangea un regard, plutôt affolé avec son chéri et attendit la suite qui ne fut guère réjouissante. Allez savoir d’où le Grand des Grands sortait des idées pareilles mais tout à coup il semblait avoir envie de mettre un de ses lieutenants face à un énorme dilemme.
CHOISIS !!! Deux femmes t’aiment…choisis celle qui te sied !!!, gueula t’il à l’adresse d’Erik
*Ah bon ? On en est là ? Et quoi avec elle ?*
Erik protesta. Michael ajouta du sien, sentencieux. Remous dans l’assistance. Alix semblait être au-delà de tout mais eu un infime regard vers sa belle-sœur qui capta au quart de tour et avança vers Miko, à genoux face au Maître et prit sa main.
Si c’est d’Amour qu’on parle, pour Erik on n’est qu’une, ne vous déplaise, Mon Seigneur…Où il est ce qui est, il faut ce qu’il faut…et comme dit le Grand Maître de l’Uluru qui règne au-delà du rêve…QUE CE SOIT !
Invoquer des dieux anciens avec conviction face à une fausse idole donne toujours des bons résultats. Devant le regard abîmé de rage et surprise du Grand Eridan, les deux jeunes femmes se diluèrent soudain en un nuage de fumée tenue aux arômes de tamarin. Ce qui se passa ensuite sous le ciel austral créé pour complaire un caprice absurde, ni Opal ni Miko ne le surent…
Sorry, ma vieille de t’avoir sortie de là de la sorte…mais c’est la seule chose qui m’est passée par l’esprit…Euh…sais pas, apparemment, les Dieux de l’Uluru ont plus de force qu’on ne le croirait…là on est du côté moldu…Pouvais pas laisser qu’on te zigouille comme si rien…viens, chez moi c’est pas loin…
Elles ne firent pas trois pas avant qu’un Matt hors de lui ne fasse une apparition très remarquée, baguette brandie et s’arrête, sidéré de la voir là en grands atours en compagnie d’une belle et menue inconnue.
Le Cridurut…Ah bon !...À la bonne heure que tu te pointes, sœurette…Ça va ?..., et de se fendre en un sourire craquant pour la jeune japonaise.
On vient de fausser compagnie à Eridan et sa cour en plein…Protège Miko…je dois aller chez Justin au plus vite…ça va faire un pétard de fin de monde !
Chez le Ministre on passait une tranquille soirée. Opal s’en voulut à peine d’envoyer en l’air tant de paix.
Pardon, mon vieux, veux pas déranger mais là…ça tourne à l’aigre !...Oui, je viens de là-bas… sans grogner, ok ?...J’allais pas passer un avis dans la presse, non ?...et en plus, fais pas semblant, personne n’a fait attention à moi pendant bien longtemps…c’est pas le point…Chez Eridan, ça va faire des dégâts…, et de raconter les derniers événements, les confidences de Zaurak, le non défunt, les appréciations de celui-ci, ses craintes et ses prévisions pour le futur immédiat, comme quoi, pour faire court et résumer…Michael va faire un malheur total et que Dieu nous assiste avec ce qui suivra…parce que là, selon Zaurak et la tête qu’il tirait ce soir, ça promet des vertes et des pas mûres…
Sam, qui mangeait des pêches comme s’il n’y avait rien de plus important au monde, ne se priva pas de donner son opinion, qui concordait extraordinairement bien avec la sienne alors que Justin faisait une tête de ministre incrédule.
Si Michael renverse le pouvoir et veut en faire à son air, vu l’humeur, suis sûre qu’Erik l’enverra paître…*Oui, parce que les Grands Maîtres imbus de soi, on en a ras le bol*…
Mais bien sûr et si ceci ou si cela. Sam était habile pour tourner les choses et les rendre logiques et compréhensibles mais Opal qui en avait eu assez comme pour perdre son latin préféra laisser les grands esprits entrer en concordance. Matt et Miko semblaient en avoir trouvé, des points en concordance. Elle passa de large et alla s’échoir dans son lit.
Sans fastes écarlates et Sage pour toute compagnie, elle dormit d’un sommeil inquiet, faisant des rêves où la colère quasi divine d’un Eridan hors de lui rameutait les quatre cavaliers de l’Apocalypse pour l’assister…
Le lendemain, il fallut se rendre à l’évidence que des changements notoires avaient eu lieu…le Dôme avait disparu, un été splendide et soudain éclatait sur le monde magique.
Des questions se posèrent. Et pour une fois, les réponses ne tardèrent pas sauf qu’elles n’étaient pas exactement celles escomptées…ou oui ?
Opal McLane- Messages : 39
Date d'inscription : 09/09/2013
Re: D'amour et autres misères
Oui ! Cramponne-toi, ce soir tu meurs de ma main !
Le teint de Zaurak avait affreusement pâli, lui donnant l’aspect d’un bonbon sucé ardemment. Le sourire d’Erik avait remis les pendules à l’heure :
Faut frimer, vous saurez le faire, n’est-ce pas ?
Dans mes bras, mon fils ! J’ai fait ça toute ma vie !! Mais, comment…
Ma belle-sœur Alix m’a transmis cette fiole. Vous aurez l’apparence d’un joli cadavre ; nul ne pourra le réfuter. Dans quelques heures, vous vous réveillerez chez Michael qui a tout agencé…
Tu lui fais confiance ? Les frères, tu sais, sont traîtres…
Sur ma vie, j’en réponds !
Amen.
Tout baigna. D’aucun ne douta que l’affreux Nielsen avait abattu froidement son protecteur tandis que celui-ci se la coulait douce au manoir De Brent.
Quoiqu’il en soit, s’il grimpait vers le firmament Erik n’était pas heureux. Comment aurait-il pu l’être ? Il se sentait si seul. Pas du tout taillé pour intriguer, manipuler, trahir, il avait désespérément besoin du meilleur soutien possible. Un seul s’imposait : Opaline.
La chère Miko lui procurait massages relaxants, attentions, nuit de sage compagnie, tiqua lorsqu’il émit son urgent désir de rapatrier son épouse au bercail :
Tu vas t’attirer des foudres ! Tout n’est-il pas bien ainsi ?
Désolé mais non. J’ai autant besoin d’elle que d’eau une fève pour croitre. Tu ne piges pas ? Elle est mon essence propre. Quand elle n’est pas là, je suis boiteux, inachevé. Je ne vois pas où serait l’embrouille.
Tu brilles trop ! Fais attention.
Pas autant que Michael, donc aucun danger. Demain, Opaline sera avec nous. Sois gentille avece elle, s'il te plait
C’était un peu irréfléchi, très spontané, vital.
Elle, elle fut là, la seule et unique de ses pensées intimes. Peu de paroles, beaucoup de passions partagées, des soupirs.
Il est des lendemains qui déchantent, celui-là ne rata pas. Une main hésitante sur l’épaule l’avait sorti des limbes : Beid.
Excuse-moi, mon frère. Je dois bien t’appeler ainsi, maintenant. Eridan te mande sur-le-champ.
Chut, elle dort, murmura-t-il en se levant. Que veut-il ?
Rien de bon, rien de bon, s’empressa de l’entraîner l’autre hors de la grande chambre.
La porte refermée, les signes d’inquiétude de Beid furent encore plus apparents. Il transpira à grosses gouttes en avouant sous le regard perçant d’Erik :
IL est furieux. Tu es monté trop vite. Il a su pour ta femme. Il veut te rencontrer.
Eh bien, allons-y !
Les elfes alentours le récurèrent, vêtirent en un clin d’œil.
Flanqué de Beid, Erik affichait un calme qu’il était loin de posséder en s’inclinant face au grand frère astral assis sur son trône. Des idées folles faisaient une sarabande de diable sous ses boucles blondes en attendant que « frangin » délaisse sa paperasse pour le remarquer. Évidemment, c’était voulu et… inconfortable à souhait que de prolonger la révérence.
*Veut me flanquer une sciatique ou quoi ?*
Eridan daigna lever les yeux. Le « petit » était là, à sa merci. Il aurait suffi d’un seul geste pour l’abattre, sauf que l’impudent personnage osa le regarder droit dans les yeux. Immédiatement, l’étoile visa le plafond. Il ne devait jamais affronter les mirettes d’Erik Nielsen, on l’avait prévenu. Rassemblant sa dignité outragée, Eridan dit :
Erik, il semblerait que tu aies été négligeant…
Jamais, mon Seigneur… ?
Si fait ! Il ne sera pas dit qu’un de mes grands disciples ne me présente pas… sa légitime. Ma cour aime les divertissements. Tu aimerais une gargotière ?
Elle est fine cuisinière. Elle a aidé à préparer à te recevoir TON épouse. *Regarde-moi, regarde-moi…*
Peine perdue.
Pour ce soir, je veux du tralala. TU me l’amèneras, la présenteras officiellement à tous. En attendant, où en est l’instruction de tes recrues ?
On avance. Les sorciers sont lourds à la détente, dans tous les sens, et…
J’EXIGE UN RAPPORT PRÉCIS ! Va chercher TA femme, travaille. On se voit ce soir.
Pour travailler, on pouvait toujours compter sur lui. Erik usa de son don à tout va sur les rares qui osaient lui causer en face. Il aurait souhaité savoir d’où venait la fuite mais n’en sut qu’à moitié rien avant de rentrer chez lui y trouver Opaline en compagnie de Zaurak, occupés aux cartes. Il les mit grossièrement au parfum. Son « frère rouge » prônait la fuite, Opal crânait.
Je serai là. Fais comme tu veux, tu l’as toujours fait. Je t’aime.
Il la laissa se pomponner, se démena tel un malade, cherchant à débusquer l’âme pourrie qui lorgnait partout, recardait Eridan sur ses faits et gestes. En vain…
*ZUUUUT !*
Vu l’heure, il n’eut que le temps d’enfiler une tenue d’apparat pour se précipiter au rendez-vous officiel. En un regard, il pigea que le Seigneur essayait de sonder son Opaline. Merde, il avait paumé la formule qui lui aurait permis de résister sans souci. Quand Smith y avait été soumis, Michael et Erik s’étaient unis pour contrer. Là…
*Oh misère…*
Il se sentait lamentablement démunis d’énergie magique alors qu’il aurait tant souhaité…
*Wow !*
Incroyable mais vrai : Opal résistait. Amour, tendresse, fierté, tout y passa. Erik aurait presque rigolé de la tête d’Eridan face à la langue acérée de son adorée.
S’il fulminait ainsi, gare aux retombées ! Dans l’assemblée, on était également partagé entre admiration et pressentiments de malheurs. Mais les événements prirent alors un tournant imprévu, quoique...
TOI !, rugit le grand sire en signalant Erik, tu as osé faire venir cette créature…
Impossible d’ignorer l’attaque directe. Il répliqua, impavide en apparence :
Elle est mon épouse, c’était mon droit. Tu as voulu la connaître, voilà chose faite !
Pourquoi Opal s’obstinait-elle à braver Eridan ? Jamais Erik ne comprendrait les femmes. S’il en avait douté jusque-là, il en était convaincu à présent. Perdre la face devant sa cour – ou quiconque – était le pire des affronts, l’intolérable.
Soudain, dans les remous engendrés, parmi la foule Eridan désigna…
*Miko ? Mais…*
Là, à genoux face au maître, son amie, celle qui lui avait sauvé la mise à maintes reprises, l’avait aidé, soutenu, soigné, consolé, était devenue un… dommage collatéral.
CHOISIS !!! Deux femmes t’aiment…choisis celle qui te sied !!!
Aucun doute pour Erik : seule Opaline comptait, Miko le savait. Mais condamner à mort son alliée était impossible aussi. Il se dressa, et Michael avec lui, contre une sentence absurde :
Tous ici avons amantes, amants et nul n’y voit d’inconvénients. Pourquoi ne pourrais-je aimer les deux, moi ? *Me crains-tu à ce point ?*
Parce que tel est mon bon vouloir ! Alors, laquelle ?
Chambardement général : Opal invoquait ses anciens dieux. Le pire, ou le mieux, c’est qu’elle s’évapora en compagnie de Miko. Le déchaînement ne rata pas sa cible :
Tu viens de perdre définitivement ta place au firmament de MON étoile, toi que je m’apprêtais ce soir à nommer Angetenar.
*Mon œil !*
Résigné ? Pourquoi pas ? Opal était en sûreté, où qu’elle soit allée. Mourir ici, ailleurs, on y finit tous, donc… Si Dieu avait choisi son instant, il n’irait pas contre. Serein, il avançait quand un tumulte nouveau régna.
Une diversion ? Chic ! Il ne se demanda pas laquelle, s’écartant de la menace pesant sur sa tête. Couard ? Sûrement pas. N’avait-il pas une famille à protéger ? Néanmoins, dans son repli, il ne fut pas sans capter certains signes très alarmants chez Michael qui semblait à moitié dingue.
Au premier venu de la cohue générale, il demanda :
Il se passe quoi, en définitive ?
Tu ne sais pas ?? L’enfant est en route ce soir !! Vite, viens, on doit préparer une fête pour l’honorer.
Tel un piquet fiché au sol, Erik laissa la foule hilare le bousculer. Fin heureuse ? Pas pour tous !
*Mon Dieu, Michael ! *
Il fouilla les couloirs à la cherche d’infos mais on lui fit obstacle dans certains déjà très… occupés. Michael y était le plus sûr.
Je dois voir mon frère, et…
Il y a à peine une demie- heure, notre étoile voulait ta mort, Erik. Si j’étais toi, je disparaîtrais de suite.
Il devait forcer les barrages. Une idée comme une autre, il osa :
Ma belle-soeur a déjà eu des accouchements difficiles, je peux aider. Dans mon ancienne vie, j’étais médecin, patenté, prisé. Fais-le savoir à qui de droit.
Le garde hésita puis fila, laissant un autre barrer la route empruntée. Quelques minutes plus tard, le premier revint :
Si tu y tiens toujours, tu peux me suivre mais notre Maître ne décolère pas envers toi. Il ne veut qu’un enfant bien vivant, te voilà averti.
Erik ne renonça pas, et lui emboita le pas.
Où diable l’entraînait-il ? Il ne connaissait pas ces passages-là. Peu importait. Par une porte dérobée, ils aboutirent à une espèce de chapelle mode Eridan. En place : le maître, deux sbires affolés et… Alix, pauvre créature en proie aux atroces souffrances d’un accouchement particulièrement torturant.
Ainsi, tu oses revenir me braver, Nielsen ? Comme je l’ai toujours cru, tu es un sot ! ET CES MAGES SONT DES ÂNES ! Ils prétendent la césarienne impraticable, que ça LE tuerait. Deux heures que tout devrait être terminé. Si tu trouves ce qui cloche, et parviens à sortir le gosse indemne, peut-être te laisserai-je une chance…
N’écoutant qu’à moitié, le médicomage doublé de médecin examina attentivement sa patiente dont les cris déchiraient des tympans réunis.
Alors ? Alors ? s’impatienta Eridan. Fais-la taire, fais quelque chose !
Rends-moi ma baguette, tu seras satisfait.
Si tu tentes quoique ce soit d’autre que de délivrer cette femme, je t’abats sur-le-champ.
La mère sera perdue, or elle a lié sa vie à celle du bébé.
QUOI ??? Mais j’ai délié ce serment dès les douleurs ! C’est…
Une très bonne sorcière, elle l’a remplacé. Alors… choisis Eridan ! Je sauve les deux ou… aucun…
Quelle ironie du sort ! Voilà le maître confronté à une situation imprévue par le valet qu’il voulait mort. Il le poussait à un choix, comme lui tout à l’heure.
Très bien, soupira Eridan. Sauve-les, si c’est en ton pouvoir.
Nielsen courut des fioles à la patiente, sortilèges par-ci, sortilèges par-là à la clé. Entre les potions forcées à avaler, il murmura bien des encouragements à Alix :
Tu dois tenir bon… ces coups redoublés à la porte c’est Michael, TON Michael… Allez, bois, fais ton travail de maman, je me charge du reste.
Dès qu’elle fut revigorée et calmée, Alix put expulser naturellement une petite chose un peu bleuie mais vigoureuse. Là, Erik commit une erreur. Béat devant ses résultats, au lieu de se méfier des conséquences, il sourit à la mère :
Tu as bien travaillé, Alix…
TOI AUSSI ! Gardes, emparez-vous le lui.
Saucissonné, Erik fut évacué en sac de patates en travers les épaules d’un baraqué. Il ne put qu’entrevoir la chose la plus immonde jamais donnée à œil humain. Erdian couvrait de sa bouche infecte celle du bébé. Ses joues se gonflaient et se dégonflaient comme aspirant quelque chose. Puis, la tête d’Erik heurta un chambranle et il perdit conscience quelques instants.
C’est quoi, ça ? sursauta-t-il soudain.
Un Revigor, fils !
Zaurac ! Tu es venu ?
Je n’allais pas rater le clou du spectacle, non ? Affaire clause, petit. Eridan n’est plus.
Michael a tué tout le monde, c’est ça ?
Non, c’est moi mais il y a plus urgent. Des trucs moches pour Alix et le bébé.
A… Alix, mais j’ai tout fait pour que…
La nature, fiston. On a éloigné Michael mais si tu pouvais faire, ou essayer quelque chose…
Priorité Alix. Décidément, ici on manquait cruellement de vrais médicomages. Une bonne régénération sanguine, quelques potions et sutures, elle revint de très loin.
Où est l’enfant ? demanda-t-il sans grand espoir.
Sous le lit. Des femmes ont prétendu que c’était la coutume.
Chose incompréhensible pour beaucoup, le médicomage se rua attraper le paquet tout bleu, et s’acharna à le réveiller.
Tu perds ton temps et ton énergie, fils. C’est mieux ainsi… Voldemort est mort.
Tu ne comprends pas. Là, c’est un enfant mort, un innocent quasi sans âme ! Dans la dernière scène que j’ai en tête, tu n’as pas QUE tué ton frère : tu as aussi tué Voldemort en LUI ! Il faut, il faut rendre une âme à ce petit ou il sera perdu ! Découvrez la poitrine de sa mère, vite !
À défaut de contrordre, on lui obéit.
Contre le sein chaud, gonflé de lait, bébé réagit enfin. On l’aida à trouver le mamelon nourricier et, ébahis assista à un… miracle.
Après cela, Erik faillit s’évanouir de fatigue. Vidé de chez vidé, qui le porta dans un lit ?
Ce n’est que vers midi, qu’il émergea à moitié dans les vapes. Une main tenait la sienne :
O… OPALINE !!!
Le teint de Zaurak avait affreusement pâli, lui donnant l’aspect d’un bonbon sucé ardemment. Le sourire d’Erik avait remis les pendules à l’heure :
Faut frimer, vous saurez le faire, n’est-ce pas ?
Dans mes bras, mon fils ! J’ai fait ça toute ma vie !! Mais, comment…
Ma belle-sœur Alix m’a transmis cette fiole. Vous aurez l’apparence d’un joli cadavre ; nul ne pourra le réfuter. Dans quelques heures, vous vous réveillerez chez Michael qui a tout agencé…
Tu lui fais confiance ? Les frères, tu sais, sont traîtres…
Sur ma vie, j’en réponds !
Amen.
Tout baigna. D’aucun ne douta que l’affreux Nielsen avait abattu froidement son protecteur tandis que celui-ci se la coulait douce au manoir De Brent.
Quoiqu’il en soit, s’il grimpait vers le firmament Erik n’était pas heureux. Comment aurait-il pu l’être ? Il se sentait si seul. Pas du tout taillé pour intriguer, manipuler, trahir, il avait désespérément besoin du meilleur soutien possible. Un seul s’imposait : Opaline.
La chère Miko lui procurait massages relaxants, attentions, nuit de sage compagnie, tiqua lorsqu’il émit son urgent désir de rapatrier son épouse au bercail :
Tu vas t’attirer des foudres ! Tout n’est-il pas bien ainsi ?
Désolé mais non. J’ai autant besoin d’elle que d’eau une fève pour croitre. Tu ne piges pas ? Elle est mon essence propre. Quand elle n’est pas là, je suis boiteux, inachevé. Je ne vois pas où serait l’embrouille.
Tu brilles trop ! Fais attention.
Pas autant que Michael, donc aucun danger. Demain, Opaline sera avec nous. Sois gentille avece elle, s'il te plait
C’était un peu irréfléchi, très spontané, vital.
Elle, elle fut là, la seule et unique de ses pensées intimes. Peu de paroles, beaucoup de passions partagées, des soupirs.
Il est des lendemains qui déchantent, celui-là ne rata pas. Une main hésitante sur l’épaule l’avait sorti des limbes : Beid.
Excuse-moi, mon frère. Je dois bien t’appeler ainsi, maintenant. Eridan te mande sur-le-champ.
Chut, elle dort, murmura-t-il en se levant. Que veut-il ?
Rien de bon, rien de bon, s’empressa de l’entraîner l’autre hors de la grande chambre.
La porte refermée, les signes d’inquiétude de Beid furent encore plus apparents. Il transpira à grosses gouttes en avouant sous le regard perçant d’Erik :
IL est furieux. Tu es monté trop vite. Il a su pour ta femme. Il veut te rencontrer.
Eh bien, allons-y !
Les elfes alentours le récurèrent, vêtirent en un clin d’œil.
Flanqué de Beid, Erik affichait un calme qu’il était loin de posséder en s’inclinant face au grand frère astral assis sur son trône. Des idées folles faisaient une sarabande de diable sous ses boucles blondes en attendant que « frangin » délaisse sa paperasse pour le remarquer. Évidemment, c’était voulu et… inconfortable à souhait que de prolonger la révérence.
*Veut me flanquer une sciatique ou quoi ?*
Eridan daigna lever les yeux. Le « petit » était là, à sa merci. Il aurait suffi d’un seul geste pour l’abattre, sauf que l’impudent personnage osa le regarder droit dans les yeux. Immédiatement, l’étoile visa le plafond. Il ne devait jamais affronter les mirettes d’Erik Nielsen, on l’avait prévenu. Rassemblant sa dignité outragée, Eridan dit :
Erik, il semblerait que tu aies été négligeant…
Jamais, mon Seigneur… ?
Si fait ! Il ne sera pas dit qu’un de mes grands disciples ne me présente pas… sa légitime. Ma cour aime les divertissements. Tu aimerais une gargotière ?
Elle est fine cuisinière. Elle a aidé à préparer à te recevoir TON épouse. *Regarde-moi, regarde-moi…*
Peine perdue.
Pour ce soir, je veux du tralala. TU me l’amèneras, la présenteras officiellement à tous. En attendant, où en est l’instruction de tes recrues ?
On avance. Les sorciers sont lourds à la détente, dans tous les sens, et…
J’EXIGE UN RAPPORT PRÉCIS ! Va chercher TA femme, travaille. On se voit ce soir.
Pour travailler, on pouvait toujours compter sur lui. Erik usa de son don à tout va sur les rares qui osaient lui causer en face. Il aurait souhaité savoir d’où venait la fuite mais n’en sut qu’à moitié rien avant de rentrer chez lui y trouver Opaline en compagnie de Zaurak, occupés aux cartes. Il les mit grossièrement au parfum. Son « frère rouge » prônait la fuite, Opal crânait.
Je serai là. Fais comme tu veux, tu l’as toujours fait. Je t’aime.
Il la laissa se pomponner, se démena tel un malade, cherchant à débusquer l’âme pourrie qui lorgnait partout, recardait Eridan sur ses faits et gestes. En vain…
*ZUUUUT !*
Vu l’heure, il n’eut que le temps d’enfiler une tenue d’apparat pour se précipiter au rendez-vous officiel. En un regard, il pigea que le Seigneur essayait de sonder son Opaline. Merde, il avait paumé la formule qui lui aurait permis de résister sans souci. Quand Smith y avait été soumis, Michael et Erik s’étaient unis pour contrer. Là…
*Oh misère…*
Il se sentait lamentablement démunis d’énergie magique alors qu’il aurait tant souhaité…
*Wow !*
Incroyable mais vrai : Opal résistait. Amour, tendresse, fierté, tout y passa. Erik aurait presque rigolé de la tête d’Eridan face à la langue acérée de son adorée.
S’il fulminait ainsi, gare aux retombées ! Dans l’assemblée, on était également partagé entre admiration et pressentiments de malheurs. Mais les événements prirent alors un tournant imprévu, quoique...
TOI !, rugit le grand sire en signalant Erik, tu as osé faire venir cette créature…
Impossible d’ignorer l’attaque directe. Il répliqua, impavide en apparence :
Elle est mon épouse, c’était mon droit. Tu as voulu la connaître, voilà chose faite !
Pourquoi Opal s’obstinait-elle à braver Eridan ? Jamais Erik ne comprendrait les femmes. S’il en avait douté jusque-là, il en était convaincu à présent. Perdre la face devant sa cour – ou quiconque – était le pire des affronts, l’intolérable.
Soudain, dans les remous engendrés, parmi la foule Eridan désigna…
*Miko ? Mais…*
Là, à genoux face au maître, son amie, celle qui lui avait sauvé la mise à maintes reprises, l’avait aidé, soutenu, soigné, consolé, était devenue un… dommage collatéral.
CHOISIS !!! Deux femmes t’aiment…choisis celle qui te sied !!!
Aucun doute pour Erik : seule Opaline comptait, Miko le savait. Mais condamner à mort son alliée était impossible aussi. Il se dressa, et Michael avec lui, contre une sentence absurde :
Tous ici avons amantes, amants et nul n’y voit d’inconvénients. Pourquoi ne pourrais-je aimer les deux, moi ? *Me crains-tu à ce point ?*
Parce que tel est mon bon vouloir ! Alors, laquelle ?
Chambardement général : Opal invoquait ses anciens dieux. Le pire, ou le mieux, c’est qu’elle s’évapora en compagnie de Miko. Le déchaînement ne rata pas sa cible :
Tu viens de perdre définitivement ta place au firmament de MON étoile, toi que je m’apprêtais ce soir à nommer Angetenar.
*Mon œil !*
Résigné ? Pourquoi pas ? Opal était en sûreté, où qu’elle soit allée. Mourir ici, ailleurs, on y finit tous, donc… Si Dieu avait choisi son instant, il n’irait pas contre. Serein, il avançait quand un tumulte nouveau régna.
Une diversion ? Chic ! Il ne se demanda pas laquelle, s’écartant de la menace pesant sur sa tête. Couard ? Sûrement pas. N’avait-il pas une famille à protéger ? Néanmoins, dans son repli, il ne fut pas sans capter certains signes très alarmants chez Michael qui semblait à moitié dingue.
Au premier venu de la cohue générale, il demanda :
Il se passe quoi, en définitive ?
Tu ne sais pas ?? L’enfant est en route ce soir !! Vite, viens, on doit préparer une fête pour l’honorer.
Tel un piquet fiché au sol, Erik laissa la foule hilare le bousculer. Fin heureuse ? Pas pour tous !
*Mon Dieu, Michael ! *
Il fouilla les couloirs à la cherche d’infos mais on lui fit obstacle dans certains déjà très… occupés. Michael y était le plus sûr.
Je dois voir mon frère, et…
Il y a à peine une demie- heure, notre étoile voulait ta mort, Erik. Si j’étais toi, je disparaîtrais de suite.
Il devait forcer les barrages. Une idée comme une autre, il osa :
Ma belle-soeur a déjà eu des accouchements difficiles, je peux aider. Dans mon ancienne vie, j’étais médecin, patenté, prisé. Fais-le savoir à qui de droit.
Le garde hésita puis fila, laissant un autre barrer la route empruntée. Quelques minutes plus tard, le premier revint :
Si tu y tiens toujours, tu peux me suivre mais notre Maître ne décolère pas envers toi. Il ne veut qu’un enfant bien vivant, te voilà averti.
Erik ne renonça pas, et lui emboita le pas.
Où diable l’entraînait-il ? Il ne connaissait pas ces passages-là. Peu importait. Par une porte dérobée, ils aboutirent à une espèce de chapelle mode Eridan. En place : le maître, deux sbires affolés et… Alix, pauvre créature en proie aux atroces souffrances d’un accouchement particulièrement torturant.
Ainsi, tu oses revenir me braver, Nielsen ? Comme je l’ai toujours cru, tu es un sot ! ET CES MAGES SONT DES ÂNES ! Ils prétendent la césarienne impraticable, que ça LE tuerait. Deux heures que tout devrait être terminé. Si tu trouves ce qui cloche, et parviens à sortir le gosse indemne, peut-être te laisserai-je une chance…
N’écoutant qu’à moitié, le médicomage doublé de médecin examina attentivement sa patiente dont les cris déchiraient des tympans réunis.
Alors ? Alors ? s’impatienta Eridan. Fais-la taire, fais quelque chose !
Rends-moi ma baguette, tu seras satisfait.
Si tu tentes quoique ce soit d’autre que de délivrer cette femme, je t’abats sur-le-champ.
La mère sera perdue, or elle a lié sa vie à celle du bébé.
QUOI ??? Mais j’ai délié ce serment dès les douleurs ! C’est…
Une très bonne sorcière, elle l’a remplacé. Alors… choisis Eridan ! Je sauve les deux ou… aucun…
Quelle ironie du sort ! Voilà le maître confronté à une situation imprévue par le valet qu’il voulait mort. Il le poussait à un choix, comme lui tout à l’heure.
Très bien, soupira Eridan. Sauve-les, si c’est en ton pouvoir.
Nielsen courut des fioles à la patiente, sortilèges par-ci, sortilèges par-là à la clé. Entre les potions forcées à avaler, il murmura bien des encouragements à Alix :
Tu dois tenir bon… ces coups redoublés à la porte c’est Michael, TON Michael… Allez, bois, fais ton travail de maman, je me charge du reste.
Dès qu’elle fut revigorée et calmée, Alix put expulser naturellement une petite chose un peu bleuie mais vigoureuse. Là, Erik commit une erreur. Béat devant ses résultats, au lieu de se méfier des conséquences, il sourit à la mère :
Tu as bien travaillé, Alix…
TOI AUSSI ! Gardes, emparez-vous le lui.
Saucissonné, Erik fut évacué en sac de patates en travers les épaules d’un baraqué. Il ne put qu’entrevoir la chose la plus immonde jamais donnée à œil humain. Erdian couvrait de sa bouche infecte celle du bébé. Ses joues se gonflaient et se dégonflaient comme aspirant quelque chose. Puis, la tête d’Erik heurta un chambranle et il perdit conscience quelques instants.
C’est quoi, ça ? sursauta-t-il soudain.
Un Revigor, fils !
Zaurac ! Tu es venu ?
Je n’allais pas rater le clou du spectacle, non ? Affaire clause, petit. Eridan n’est plus.
Michael a tué tout le monde, c’est ça ?
Non, c’est moi mais il y a plus urgent. Des trucs moches pour Alix et le bébé.
A… Alix, mais j’ai tout fait pour que…
La nature, fiston. On a éloigné Michael mais si tu pouvais faire, ou essayer quelque chose…
Priorité Alix. Décidément, ici on manquait cruellement de vrais médicomages. Une bonne régénération sanguine, quelques potions et sutures, elle revint de très loin.
Où est l’enfant ? demanda-t-il sans grand espoir.
Sous le lit. Des femmes ont prétendu que c’était la coutume.
Chose incompréhensible pour beaucoup, le médicomage se rua attraper le paquet tout bleu, et s’acharna à le réveiller.
Tu perds ton temps et ton énergie, fils. C’est mieux ainsi… Voldemort est mort.
Tu ne comprends pas. Là, c’est un enfant mort, un innocent quasi sans âme ! Dans la dernière scène que j’ai en tête, tu n’as pas QUE tué ton frère : tu as aussi tué Voldemort en LUI ! Il faut, il faut rendre une âme à ce petit ou il sera perdu ! Découvrez la poitrine de sa mère, vite !
À défaut de contrordre, on lui obéit.
Contre le sein chaud, gonflé de lait, bébé réagit enfin. On l’aida à trouver le mamelon nourricier et, ébahis assista à un… miracle.
Après cela, Erik faillit s’évanouir de fatigue. Vidé de chez vidé, qui le porta dans un lit ?
Ce n’est que vers midi, qu’il émergea à moitié dans les vapes. Une main tenait la sienne :
O… OPALINE !!!
Erik Nielsen- Messages : 42
Date d'inscription : 09/09/2013
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum