Aube nouvelle
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Aube nouvelle
Bermudes 2003
D’un sursaut Alix se leva, enfila son fin peignoir et courut :
*Kieran, encore ?*
Dans la chambre d’enfants proche, elle déboula, aussi affolée que le bambin d’à peine deux ans qui s’agitait. Hop, elle l’enleva de son petit lit pour le serrer avec tendresse :
Là, là ! Ça va aller, chut, chut. Calme-toi mon ange, je suis là.
Bercé, réconforté, le mioche suça son pouce et se rendormit contre le sein protecteur.
Du lien très particulier l’unissant à ce bout de chou, Alix ne s’était ouverte à quiconque. Elle-même n’en comprenait pas l’origine mais, si quelque chose contrariait Kieran, elle le savait immédiatement. Pratique et embêtante à la fois, cette faculté. Si elle évitait des mini drames, ça la perturbait grandement, elle.
Kieran… Que de douleurs pour l’enfanter celui-là ! Sans l’intervention d’Erik, elle ne serait plus là pour songer à cette affreuse période que l’on tentait, vaille que vaille, de remiser aux oubliettes.
Pourtant… Comment effacer ce fruit inattendu, détesté au départ, chéri à l’arrivée ? Elle avait voulu sa mort, comme tous, mais quand son lait fut bu par cet être mourant, il avait dû se produire quelque chose d’inexplicable, une sorte de… communion qui se confirma de jour en jour.
Il n’avait plus d’âme, avait-elle insisté auprès de son époux prêt à occire ce rejeton maudit. Maintenant il en a une, je te jure qu’elle est pure... Zaurak et Erik le confirmeront… Je l’ai testé, tu penses bien ! Je ne reçois plus ses pensées d’influence malsaine comme quand il était dans mon ventre. La seule image que vois quand je le touche, c’est de… l’amour… Aime-le aussi, je t’en conjure. Ce n’est rien qu’un bébé innocent, inconscient des malheurs déclenchés... Il aimera nos enfants, cela ne posera aucun problème, aucun, je le promets.
Cela s’avéra vrai… en partie du moins car bébé se montra très possessif ainsi que doué.
Son introduction dans la famille réunie au château de Lady De Brent fut sujet de discorde.
Un nouveau bébé ? s’écria d’abord Aylinna ravie. Michael, tu aurais pu m’avertir du changement ! Qu’il est beau, mignon tout plein. Venez, Lucas, Cécile, Papa et Maman sont là avec un cadeau vivant !
Elle eut le malheur de réclamer bébé sans nom dans ses bras… Pour un gosse qui pleurait rarement, tous eurent une idée très précise de la qualité de ses poumons.
Oh, la jolie poupée ! Je peux la tenir mamy ?
Vite, Aylinna se débarrassa du singe hurleur qui, sitôt dans les bras de sa sœur, gazouilla, heureux.
Lucas, intrigué, osa aussi s’approcher, prendre la poupée ravie.
Ouais, tant que ça hurle pas, ça va mais j’aurais préféré un chien !
Chose bizarre, bébé ne s’époumonait qu’avec Aylinna. Déçue, agacée, on sentit leur présence indésirable. Puisque leur projet était de s’isoler aux Bermudes…
On baptisa rapidement Kieran puis s’enferma dans une bulle inattaquable sauf pour les familiers sans arrière-pensées.
Joies et drames…
Pourquoi Kieran pleurait-il hormis sa présence ou celle des enfants ? Michael faisait des efforts incommensurables de patience avec ce bout particulier. Entre eux le courant passait… ou pas…
Souvent, plus qu’elle ne l’aurait voulu – peut-être pour s’en convaincre elle-même ? – Alix testait le bébé. Amour, amour, toujours un amour fou pour… elle.
Bien évidemment, la jalousie ne tarda pas à s’installer sous le soleil.
J’en ai marre de Kieran, dit Lucas à sa sœur tout en montant des pâtés de sable aplatis aussitôt sous une pelle vigoureuse. Elle n’en a que pour lui !
C’est pas vrai, menteur ! Maman a du mal avec toi. Tu fais exprès pour te faire remarquer !
Kieran par-ci, Kieran par-là, gnagnagna ! Quand il sera plus grand, je le taperai, il deviendra mon chien !
T’oseras pas ! Papa et maman voudront pas.
Heureusement papa est toujours là pour nous, pas comme elle…
Jaloux, jaloux, jaloux !
La petite rapporteuse alla illico clamer à qui de droit :
Lucas est jaloux de notre frère. Il veut le transformer en chien.
C’est ainsi qu’un certain Jake rallia la famille déjà nombreuse. Bâtard pur race, trouvé Michael savait où intégra le cercle.
Sans Bikita et Lormar, Alix aurait plusieurs fois disjoncté face aux soucis. Leur « petit » Vorondil venant d’entrer en écolage elfique, ils se démenèrent pour soulager les parrains nantis de trois rejetons très animés.
Avec Michael, Alix passait aussi par des hauts et des bas. Tantôt tendre, passionné, tantôt acide, amer, elle en goûta des saveurs d’humeur. Parfois, il supportait magnifiquement Kieran, parfois pas du tout et, aussitôt, ça bardait entre père, mère et, en conséquence, l’adopté.
C’est un bébé Michael !... oui, il m’adore, et alors ? Ne me dis pas que tu es jaloux ; ça suffit déjà d’un, avec Lucas !
Si le ton montait entre époux, Kieran gueulait. Même à distance, assurdiato en place, il captait les changements. Dès l’inévitable réconciliation, il se calmait, heureux.
*Il a des antennes* pensait-elle alors.
La première année d’adaptation s’était plus ou moins bien passée. Il avait fallu renouer avec leurs propres enfants sans négliger celui venu d’ailleurs. Cécile lui ressemblait beaucoup, à la fois réfléchie et dynamique, très tenace aussi. Michael était-il comme Lucas étant enfant ? Aylinna aurait pu l’éclairer là-dessus, mais pour des raisons assez évidentes, on l’évitait. Le gamin de quatre ans savait piquer des crises pas possibles ! Sans faille, papa serrait la vis et tout rentrait dans l’ordre. Sinon, c’étaient des gosses adorables ou… détestables… des gosses, quoi !
On hésita à fêter le premier anniversaire de Kieran. Cependant, il fallait faire abstraction des mauvais souvenirs. Parrain, marraine et conjoints se joignirent à eux, leur progéniture formant alors une très turbulente réjouissance. D’emblée Erik avait accepté la charge de parrain –tuteur tandis que Samantha sembla mitigée d’accepter la fonction. Les enfants, eux, ignorant d’où était issu Kieran, le considérèrent comme un cousin normal.
Normal, l’était-il ? De temps à autre, sa mère se posait la question obligée vu cette relation très spéciale qui les unissait. Bon an mal an, on approcha des deux ans de bébé.
Préparatifs à gogo, vive la magie, vive les elfes ! Pour les effets, on fêterait en même temps l’anniversaire de Michael. Fêtes et réceptions étaient si rares sous leur bulle vouée à la famille qu’une occasion pareille réclamait attention.
Tu vas faire ton gâteau aux fraises ? demanda Cécile pleine d’espoir.
Moi, j’en veux un au chocolat, la contra son frère, boudeur.
Lucas chéri, tu en as eu un à Noël, un à Pâques et tu t’en gaves à la moindre occasion. J’en ferai un à…
La fraise, applaudit Cécile.
CHOCOLAT ! clama Lucas.
Si vous n’arrêtez pas, j’en ferai un à la tomate !
Chic ! Becs cloués, les mômes filèrent avant d’en rajouter.
Alix avait beaucoup évolué en cuisine, les leçons de Bikita et de Sam portant leurs fruits on se régalait toujours de ses plats quels qu’ils soient.
L’an prochain, dit-elle à son époux apparaissant en cuisine – le goûteur par excellence à défaut d’autre aide – on donnera une fête à tout casser pour tes 40 ans, mon amour. On invitera plus de gens. Là, faut encore attendre un peu que ça se stabilise…
Depuis sa petite piscine où il barbotait non loin des gros chats, Kieran partit de son rire joyeux :
Bisous papa, bisou maman. Kieran content.
De quoi déclencher bien des sourires.
Tu as dressé la table ? Ils arrivent dans deux heures, et…
La remarque au sujet d’un couvert de plus laissa Alix sur pause intriguée.
… QUOI ? TA MÈRE ? Enfin chéri, tu sais que…
Chéri d’expliquer, Kieran de pleurer… Génial !
Ok, ok, je me calme. (Bébé cessa de pleurer aussitôt)… oui, ça va. C’est bien son droit, tu as raison. J’aurais juste souhaité le savoir plus tôt… Ah ? Dernière minute ?
Pourquoi s’étonner ? Aylinna agissait toujours ainsi, n’en faisant qu’à sa tête. Au moins, depuis la fois où, sans s’annoncer, elle les avait surpris au lit en plein ébat, elle jouait la prudence.
Michael donna un coup de main… à sa façon. Vérification de la netteté des verres, occupation des jumeaux, etc.
Zakouskis prêts au frigidaire, d’autres à être enfournés, Alix vérifia, corrigea ses sauces, potage et mets proposés.
Les premiers à se présenter furent les Nielsen, déclenchant ainsi de joyeuses sarabandes entre cousins délurés. Suivirent les Davenport et leurs trois mioches.
Merci d’être venus. Désolée d’avoir encore raté la fête de Victoria, et celle des jumeaux. Vous savez que nous ne sortons pas pour le moment… Ils ont l’air en super forme !... oui, oui, tout va bien. Installez-vous, je vous en prie.
Alix était heureuse, tous ceux qu’elle appréciait étaient là. Tellement satisfaite que tout baigne qu’elle en avait oublié… sa belle-mère. Avant même le coup de sonnette, Kieran qui, jusque-là avait semblé ravi, devint chagrin malgré les tentatives d’apaisement de parrain, marraine.
*Eh Merde !*
Introduite par Bikita, Aylinna fronça immédiatement le nez face à l’ambiance glaciale. Mais l’accueil chaleureux de Lucas et Cécile la dérida. Grande dame, elle salua la ronde dédaignant le roi du jour selon son habitude. Son époux, par contre, cher Lord Cavendish, apaisa tout à sa façon débonnaire :
Comment va notre petit bonhomme ? Tu sais que tu es parfait, toi ?
Kieran lui tira la barbiche en se marrant :
Papy bibi, Kieran aime toi !
Craquant, non ? Mais lors des accolades, obstinément, Alix s’empara de Kieran avant de recevoir celle d’Aylinna.
De grâce, souffla-t-elle lors du baiser contraint, un petit effort s’il vous plait…
Avec un soupir à faire gonfler les voiles de la Pinta ou de la Niña, Aylinna accorda un caresse à la joue du brun bambin. D’un réflexe, Alix écarta Kieran, reculant des incisives d’entamer le doigt tendu.
Il est grincheux aujourd’hui. Mais ça va aller, n’est-ce pas mon cœur ? Chut, chut.
Dans l’ensemble ça alla, oui. Du moment que de sérieux mètres séparaient Aylinna de Kieran : la paix. Elle partit tôt, ouf ! Son mari soupira aussi à son adresse dans un bisou d’adieu :
J’y travaille. Confiance !
Lorsque 8 mouflets roupillèrent, on put alors bavarder à l’aise, s’enquérir des nouvelles sur potes et autres…
Le dynamisme d’Opal la dépasserait toujours ! Être vachère, chef de resto et assistante du seul toubib de son coin perdu d’Australie la satisfaisait grandement. Erik causait peu. Justin s’isolant dehors avec son pote, restait Sam. Pas contente contente, l’épouse du ministre sorcier. Elle faisait avec… pour le moment, apparemment.
Parlant aussi pour elle Alix dit :
Un jour à la fois, ma chérie… Moi ? Euh, ben… j’assume… Ne demandez rien, ne me contrariez pas, s’il vous plait. C’est, franchement pas… drôle.
Ne pas pleurer, surtout pas, sinon un de ceux casés à l’étage allait réveiller la cantonade.
Elles se le tinrent pour dit avec des mines révélant appréhension, compassion.
Tous les invités vidèrent les lieux des heures plus tard après avoir rigolé, bu et ampli la panse.
Alix était fatiguée mais incapable de fermer l’œil toujours aux aguets depuis deux ans maintenant. Un vieux cahier la tenta. Tenir un journal intime à son âge, débile, non ? Seulement à qui vraiment se confier sinon à ces feuillets innocents ? De son écriture haute, nerveuse, elle en traça des lignes…
Cher journal, cela faisait longtemps. Je suis à bout, au bout du rouleau. Kieran est adorable, mais il n’aime personne d’autre que moi. Ce n’est pas juste, pas normal ! On le rejette aussi… ceci explique-t-il cela ? Je suis morte de trouille. Je crâne, donne le change mais j’ai peur de demain, de chaque minute qui passe. Je suis persuadée qu’il lui faut des tonnes d’amour pour ne pas devenir ce à quoi il était destiné. Michael est formidable avec lui, les autres et avec moi mais… je suis terrorisée jour et nuit depuis deux ans. Cette relation n’est pas normale, je ne l’ai pas avec Cécile ni Lucas pourtant ma chair et mon sang. Là, si je continue, il va pleurer comme j’en ai envie. À bientôt.
Michael la cherchait du bras dans le lit déserté. Vite, elle casa le carnet dans le premier tiroir à portée sans se rendre compte qu’il s’agissait de celui d’une… relique va et vient.
D’un sursaut Alix se leva, enfila son fin peignoir et courut :
*Kieran, encore ?*
Dans la chambre d’enfants proche, elle déboula, aussi affolée que le bambin d’à peine deux ans qui s’agitait. Hop, elle l’enleva de son petit lit pour le serrer avec tendresse :
Là, là ! Ça va aller, chut, chut. Calme-toi mon ange, je suis là.
Bercé, réconforté, le mioche suça son pouce et se rendormit contre le sein protecteur.
Du lien très particulier l’unissant à ce bout de chou, Alix ne s’était ouverte à quiconque. Elle-même n’en comprenait pas l’origine mais, si quelque chose contrariait Kieran, elle le savait immédiatement. Pratique et embêtante à la fois, cette faculté. Si elle évitait des mini drames, ça la perturbait grandement, elle.
Kieran… Que de douleurs pour l’enfanter celui-là ! Sans l’intervention d’Erik, elle ne serait plus là pour songer à cette affreuse période que l’on tentait, vaille que vaille, de remiser aux oubliettes.
Pourtant… Comment effacer ce fruit inattendu, détesté au départ, chéri à l’arrivée ? Elle avait voulu sa mort, comme tous, mais quand son lait fut bu par cet être mourant, il avait dû se produire quelque chose d’inexplicable, une sorte de… communion qui se confirma de jour en jour.
Il n’avait plus d’âme, avait-elle insisté auprès de son époux prêt à occire ce rejeton maudit. Maintenant il en a une, je te jure qu’elle est pure... Zaurak et Erik le confirmeront… Je l’ai testé, tu penses bien ! Je ne reçois plus ses pensées d’influence malsaine comme quand il était dans mon ventre. La seule image que vois quand je le touche, c’est de… l’amour… Aime-le aussi, je t’en conjure. Ce n’est rien qu’un bébé innocent, inconscient des malheurs déclenchés... Il aimera nos enfants, cela ne posera aucun problème, aucun, je le promets.
Cela s’avéra vrai… en partie du moins car bébé se montra très possessif ainsi que doué.
Son introduction dans la famille réunie au château de Lady De Brent fut sujet de discorde.
Un nouveau bébé ? s’écria d’abord Aylinna ravie. Michael, tu aurais pu m’avertir du changement ! Qu’il est beau, mignon tout plein. Venez, Lucas, Cécile, Papa et Maman sont là avec un cadeau vivant !
Elle eut le malheur de réclamer bébé sans nom dans ses bras… Pour un gosse qui pleurait rarement, tous eurent une idée très précise de la qualité de ses poumons.
Oh, la jolie poupée ! Je peux la tenir mamy ?
Vite, Aylinna se débarrassa du singe hurleur qui, sitôt dans les bras de sa sœur, gazouilla, heureux.
Lucas, intrigué, osa aussi s’approcher, prendre la poupée ravie.
Ouais, tant que ça hurle pas, ça va mais j’aurais préféré un chien !
Chose bizarre, bébé ne s’époumonait qu’avec Aylinna. Déçue, agacée, on sentit leur présence indésirable. Puisque leur projet était de s’isoler aux Bermudes…
On baptisa rapidement Kieran puis s’enferma dans une bulle inattaquable sauf pour les familiers sans arrière-pensées.
Joies et drames…
Pourquoi Kieran pleurait-il hormis sa présence ou celle des enfants ? Michael faisait des efforts incommensurables de patience avec ce bout particulier. Entre eux le courant passait… ou pas…
Souvent, plus qu’elle ne l’aurait voulu – peut-être pour s’en convaincre elle-même ? – Alix testait le bébé. Amour, amour, toujours un amour fou pour… elle.
Bien évidemment, la jalousie ne tarda pas à s’installer sous le soleil.
J’en ai marre de Kieran, dit Lucas à sa sœur tout en montant des pâtés de sable aplatis aussitôt sous une pelle vigoureuse. Elle n’en a que pour lui !
C’est pas vrai, menteur ! Maman a du mal avec toi. Tu fais exprès pour te faire remarquer !
Kieran par-ci, Kieran par-là, gnagnagna ! Quand il sera plus grand, je le taperai, il deviendra mon chien !
T’oseras pas ! Papa et maman voudront pas.
Heureusement papa est toujours là pour nous, pas comme elle…
Jaloux, jaloux, jaloux !
La petite rapporteuse alla illico clamer à qui de droit :
Lucas est jaloux de notre frère. Il veut le transformer en chien.
C’est ainsi qu’un certain Jake rallia la famille déjà nombreuse. Bâtard pur race, trouvé Michael savait où intégra le cercle.
Sans Bikita et Lormar, Alix aurait plusieurs fois disjoncté face aux soucis. Leur « petit » Vorondil venant d’entrer en écolage elfique, ils se démenèrent pour soulager les parrains nantis de trois rejetons très animés.
Avec Michael, Alix passait aussi par des hauts et des bas. Tantôt tendre, passionné, tantôt acide, amer, elle en goûta des saveurs d’humeur. Parfois, il supportait magnifiquement Kieran, parfois pas du tout et, aussitôt, ça bardait entre père, mère et, en conséquence, l’adopté.
C’est un bébé Michael !... oui, il m’adore, et alors ? Ne me dis pas que tu es jaloux ; ça suffit déjà d’un, avec Lucas !
Si le ton montait entre époux, Kieran gueulait. Même à distance, assurdiato en place, il captait les changements. Dès l’inévitable réconciliation, il se calmait, heureux.
*Il a des antennes* pensait-elle alors.
La première année d’adaptation s’était plus ou moins bien passée. Il avait fallu renouer avec leurs propres enfants sans négliger celui venu d’ailleurs. Cécile lui ressemblait beaucoup, à la fois réfléchie et dynamique, très tenace aussi. Michael était-il comme Lucas étant enfant ? Aylinna aurait pu l’éclairer là-dessus, mais pour des raisons assez évidentes, on l’évitait. Le gamin de quatre ans savait piquer des crises pas possibles ! Sans faille, papa serrait la vis et tout rentrait dans l’ordre. Sinon, c’étaient des gosses adorables ou… détestables… des gosses, quoi !
On hésita à fêter le premier anniversaire de Kieran. Cependant, il fallait faire abstraction des mauvais souvenirs. Parrain, marraine et conjoints se joignirent à eux, leur progéniture formant alors une très turbulente réjouissance. D’emblée Erik avait accepté la charge de parrain –tuteur tandis que Samantha sembla mitigée d’accepter la fonction. Les enfants, eux, ignorant d’où était issu Kieran, le considérèrent comme un cousin normal.
Normal, l’était-il ? De temps à autre, sa mère se posait la question obligée vu cette relation très spéciale qui les unissait. Bon an mal an, on approcha des deux ans de bébé.
Préparatifs à gogo, vive la magie, vive les elfes ! Pour les effets, on fêterait en même temps l’anniversaire de Michael. Fêtes et réceptions étaient si rares sous leur bulle vouée à la famille qu’une occasion pareille réclamait attention.
Tu vas faire ton gâteau aux fraises ? demanda Cécile pleine d’espoir.
Moi, j’en veux un au chocolat, la contra son frère, boudeur.
Lucas chéri, tu en as eu un à Noël, un à Pâques et tu t’en gaves à la moindre occasion. J’en ferai un à…
La fraise, applaudit Cécile.
CHOCOLAT ! clama Lucas.
Si vous n’arrêtez pas, j’en ferai un à la tomate !
Chic ! Becs cloués, les mômes filèrent avant d’en rajouter.
Alix avait beaucoup évolué en cuisine, les leçons de Bikita et de Sam portant leurs fruits on se régalait toujours de ses plats quels qu’ils soient.
L’an prochain, dit-elle à son époux apparaissant en cuisine – le goûteur par excellence à défaut d’autre aide – on donnera une fête à tout casser pour tes 40 ans, mon amour. On invitera plus de gens. Là, faut encore attendre un peu que ça se stabilise…
Depuis sa petite piscine où il barbotait non loin des gros chats, Kieran partit de son rire joyeux :
Bisous papa, bisou maman. Kieran content.
De quoi déclencher bien des sourires.
Tu as dressé la table ? Ils arrivent dans deux heures, et…
La remarque au sujet d’un couvert de plus laissa Alix sur pause intriguée.
… QUOI ? TA MÈRE ? Enfin chéri, tu sais que…
Chéri d’expliquer, Kieran de pleurer… Génial !
Ok, ok, je me calme. (Bébé cessa de pleurer aussitôt)… oui, ça va. C’est bien son droit, tu as raison. J’aurais juste souhaité le savoir plus tôt… Ah ? Dernière minute ?
Pourquoi s’étonner ? Aylinna agissait toujours ainsi, n’en faisant qu’à sa tête. Au moins, depuis la fois où, sans s’annoncer, elle les avait surpris au lit en plein ébat, elle jouait la prudence.
Michael donna un coup de main… à sa façon. Vérification de la netteté des verres, occupation des jumeaux, etc.
Zakouskis prêts au frigidaire, d’autres à être enfournés, Alix vérifia, corrigea ses sauces, potage et mets proposés.
Les premiers à se présenter furent les Nielsen, déclenchant ainsi de joyeuses sarabandes entre cousins délurés. Suivirent les Davenport et leurs trois mioches.
Merci d’être venus. Désolée d’avoir encore raté la fête de Victoria, et celle des jumeaux. Vous savez que nous ne sortons pas pour le moment… Ils ont l’air en super forme !... oui, oui, tout va bien. Installez-vous, je vous en prie.
Alix était heureuse, tous ceux qu’elle appréciait étaient là. Tellement satisfaite que tout baigne qu’elle en avait oublié… sa belle-mère. Avant même le coup de sonnette, Kieran qui, jusque-là avait semblé ravi, devint chagrin malgré les tentatives d’apaisement de parrain, marraine.
*Eh Merde !*
Introduite par Bikita, Aylinna fronça immédiatement le nez face à l’ambiance glaciale. Mais l’accueil chaleureux de Lucas et Cécile la dérida. Grande dame, elle salua la ronde dédaignant le roi du jour selon son habitude. Son époux, par contre, cher Lord Cavendish, apaisa tout à sa façon débonnaire :
Comment va notre petit bonhomme ? Tu sais que tu es parfait, toi ?
Kieran lui tira la barbiche en se marrant :
Papy bibi, Kieran aime toi !
Craquant, non ? Mais lors des accolades, obstinément, Alix s’empara de Kieran avant de recevoir celle d’Aylinna.
De grâce, souffla-t-elle lors du baiser contraint, un petit effort s’il vous plait…
Avec un soupir à faire gonfler les voiles de la Pinta ou de la Niña, Aylinna accorda un caresse à la joue du brun bambin. D’un réflexe, Alix écarta Kieran, reculant des incisives d’entamer le doigt tendu.
Il est grincheux aujourd’hui. Mais ça va aller, n’est-ce pas mon cœur ? Chut, chut.
Dans l’ensemble ça alla, oui. Du moment que de sérieux mètres séparaient Aylinna de Kieran : la paix. Elle partit tôt, ouf ! Son mari soupira aussi à son adresse dans un bisou d’adieu :
J’y travaille. Confiance !
Lorsque 8 mouflets roupillèrent, on put alors bavarder à l’aise, s’enquérir des nouvelles sur potes et autres…
Le dynamisme d’Opal la dépasserait toujours ! Être vachère, chef de resto et assistante du seul toubib de son coin perdu d’Australie la satisfaisait grandement. Erik causait peu. Justin s’isolant dehors avec son pote, restait Sam. Pas contente contente, l’épouse du ministre sorcier. Elle faisait avec… pour le moment, apparemment.
Parlant aussi pour elle Alix dit :
Un jour à la fois, ma chérie… Moi ? Euh, ben… j’assume… Ne demandez rien, ne me contrariez pas, s’il vous plait. C’est, franchement pas… drôle.
Ne pas pleurer, surtout pas, sinon un de ceux casés à l’étage allait réveiller la cantonade.
Elles se le tinrent pour dit avec des mines révélant appréhension, compassion.
Tous les invités vidèrent les lieux des heures plus tard après avoir rigolé, bu et ampli la panse.
Alix était fatiguée mais incapable de fermer l’œil toujours aux aguets depuis deux ans maintenant. Un vieux cahier la tenta. Tenir un journal intime à son âge, débile, non ? Seulement à qui vraiment se confier sinon à ces feuillets innocents ? De son écriture haute, nerveuse, elle en traça des lignes…
Cher journal, cela faisait longtemps. Je suis à bout, au bout du rouleau. Kieran est adorable, mais il n’aime personne d’autre que moi. Ce n’est pas juste, pas normal ! On le rejette aussi… ceci explique-t-il cela ? Je suis morte de trouille. Je crâne, donne le change mais j’ai peur de demain, de chaque minute qui passe. Je suis persuadée qu’il lui faut des tonnes d’amour pour ne pas devenir ce à quoi il était destiné. Michael est formidable avec lui, les autres et avec moi mais… je suis terrorisée jour et nuit depuis deux ans. Cette relation n’est pas normale, je ne l’ai pas avec Cécile ni Lucas pourtant ma chair et mon sang. Là, si je continue, il va pleurer comme j’en ai envie. À bientôt.
Michael la cherchait du bras dans le lit déserté. Vite, elle casa le carnet dans le premier tiroir à portée sans se rendre compte qu’il s’agissait de celui d’une… relique va et vient.
Alix Blackstorm- Admin
- Messages : 59
Date d'inscription : 09/09/2013
Re: Aube nouvelle
La balle s’éleva décrivant une courbe audacieuse et alla se perdre juste où il ne fallait pas. Soupir à peine dépité. Ça commençait à faire habitude, s’il jouait au golf s’était uniquement dans l’espoir de défouler des tensions et si ça marchait assez bien dans ce sens, son handicap demeurait sans grand espoir d’amélioration. Michael s’en fichait comme d’une guigne, subissant les remarques pointues de sa compagne de parcours, une adorable dame de 67 ans, rencontrée comme on rencontrait tout le monde au club et qui le battait de plate couture avec grand savoir-faire.
Mon petit vous ne serez jamais un bon golfeur…trop impatient, mais si ça vous fait plaisir de perdre votre temps en ma compagnie, je serais bien la dernière à m’en plaindre…allons chercher cette balle !
Et ainsi de suite. Il chérissait spécialement ces moments de vraie détente et les conseils judicieux de cette grande connaisseuse de la nature humaine qu’était Lady Marcia Grey, psychiatre à la retraite n’ayant rien perdu de sa perspicacité, et qui n’avait pas mis trop de temps à se douter que ce grand gars dont le regard pouvait aussi bien pétiller de malice que devenir soudain triste, devait avoir une histoire singulière qu’il n’était pas prêt à livrer de sitôt, au cas de le faire un jour. Il s’était contenté de reconnaitre avoir été soldat, Milady le crut mais savait qu’il y avait plus…bien plus.
Tout aurait pu être parfait, on aurait fait l’effort, on aurait effacé peu à peu le cauchemar de leurs esprits mais de ces temps troubles de profonde misère campait une évidence indélébile.
Kieran. Dès l’instant où Alix le lui avait mis dans les bras, il l’avait accepté, vaincu d’amour pour elle, prêt à n’importe quoi pour l’avoir de retour auprès de lui. L’angoisse était venue après, avec les sempiternelles questions qui lui taraudaient l’esprit, avec les « et si » s’allongeant à l’infini…
Bonheur parfait sous le soleil ? À d’autres. La vie de famille était loin d’être une idylle de rêve. À quatre ans les jumeaux n’étaient dupes de rien, avaient la langue bien pendue, les idées dégourdies, de l’énergie et du caractère à revendre. Cécile était plus posée et réfléchie que son frère, acceptant mieux que son frère le fait que Maman fasse plus attention à Kieran qu’à eux. Lucas lui, clamait haut et clair sa véhémente jalousie.
Michael n’avait pas fini de passer le pas de la porte que les jumeaux lui tombèrent dessus avec leurs histoires. À peu près toujours les mêmes, on ne peut sciemment pas demander à deux gosses de quatre ans d’avoir un trop large répertoire de conversation. Le thème du jour ne variait pas d’un poil de celui de la veille et du jour d’avant.
Maman ne nous aime pas…elle n’aime que Kieran !...On fait quelque chose, elle se fâche…Lui il fait ce qu’il veut et elle le câline…pas juste ! Pas juste !
Cela demandait ineffablement une session à huis clos, ce que les jumeaux adoraient. Perchés sur les genoux de Papa tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, il était toute ouïe, la patience incarnée. Il parlait, expliquait, faisait comprendre et presque accepter et pour finir il y avait la séance chatouillis fous.
Et c’est pour calmer ces jeunes esprits que Jake entra en scène. L’émoi que déchaina le nouvel arrivant ne fut pas des moindres et Michael en jouit de chaque instant. Adorable bâtard issu des amours contrariés d’une noble Terreneuve avec un fripon d’origine incertaine, métissage entre veau et serpillère.
Mais non voyons, il est parfait pour les gosses…Oui, un peu pataud et farfelu mais ça passera en grandissant !, assura Michael à sa femme chérie qui n’acceptait pas de très bon gré de voir son intérieur ravagé par la menace poilue, et puis…cela les distrait d’on sait bien quoi !...Non, ma douce, veux pas être poison mais là, tu fais fort…
C’est un bébé Michael !
C’est un garçonnet de deux ans, ma chérie, plus un bébé mais si tu continues de le couver de la sorte, il en restera un ! Il est toujours accroché à toi…rien qu’à toi et toujours à toi…
Oui, il m’adore, et alors ? Ne me dis pas que tu es jaloux ; ça suffit déjà d’un, avec Lucas !
Ouais…comme s’il n’avait pas raison…tiens, le voilà qui hurle ton bout de chou…
Cela tranchait toute discussion à tous les coups. Dès qu’il faisait s’énerver Alix, Kieran réagissait, peu importait s’il n’était pas présent.
*Sacré lien…il la contrôle à distance, ma parole…mine de rien, le marmot nous gouverne !*
Et oui. Il était jaloux. C’était idiot mais c’était la vérité. Il en voulait à ce petit bout de bonhomme de monopoliser Alix, de faire enrager ses gosses, de le faire se sentir stupide.
Maître boude ?
T’en prie, au moins ça le gêne pas si je tire la gueule…
Bikita soupira bruyamment mais s’abstint de commentaire. Elle connaissait trop bien Michael comme pour se méprendre de l’éclat chagrin dans son regard. Quelques minutes plus tard, elle revenait en escortant Kieran qui entra en se dandinant et resta un instant À regarder son père avant de piailler.
Kieran aime Papa, oui ?, et de tendre ses bras potelés.
Tu es une entremetteuse de la pire espèce, Bikita !, grommela t’il sans se décider à cueillir le petit qui ne trouva mieux à faire que lui sourire, et toi…tu es une franche canaille !
Canaille !, répéta Kieran ravi quand il le releva, aime Papa…
Il aurait pu en pleurer mais se contenta d’ébouriffer les boucles brunes.
Tu m’es aussi sympathique, mon pote…si tu arrêtais de faire tant de cirque, ça irait mieux…Viens, allons voir ce que font ton frère et ta sœur…
Lucas barbotait tout habillé dans la piscine en compagnie de l’indéfectible Jake alors que Cécile consternée l’enjoignait de sortir et se faisait éclabousser, ce qui la faisait hurler de colère. Le spectacle ravit Kieran qui commença à s’époumoner en demandant de rejoindre son frère.
Veux…veux…veux !!!
Tu ne sais pas nager, mioche si je t’envoie dans la flotte, ta mère m’écorche vivant !
Alors viens avec lui, Papa, conseilla Lucas, tu sais…Jake, c’est un fameux nageur…
Cécile jugea que l’affaire prenait une drôle de tournure, pas déplaisante pour autant. Une fois que Papa eut sauté dans l’eau avec Kieran, elle suivit le même chemin. Alix ne leur en voulut pas de leurs frasques apparemment trop heureuse de les voir tous ensemble prenant du si bon temps.
Et le bonheur durait ce que cela durait. On faisait avec les moyens de bord. Préserver le calme, avoir la paix. En somme, on bataillait tous les jours pour s’en sortir décemment, en évitant de discuter et si faisant redressant le tort le plus vite possible pour éviter l’inévitable censure-hurlements de l’angelot brun qui s’y prenait si bien !
Sortir ? Une utopie. Même si on attendait qu’il dorme du sommeil des justes, Kieran semblait percevoir que Maman comptait s’éloigner de lui et s’époumonait en conséquence. Que de soirées à l’eau ! Selon Alix, la présence d’étrangers au cercle familial pouvait mettre mal à l’aise le petit. Vie sociale condamnée.
Et on arrive où, comme ça ? On végète entre nos quatre murs, comme des lépreux ? Ben oui, c’est à toi qu’il tient, s’en fout si je disparais…euh, suis allé au club…ben oui, je joue au golf comme un pied mais ça relâche… et on rencontre des gens charmants…On devrait y aller un de ces jours, en famille?...ben faut essayer, non ? S’il fait du théâtre, on fera la une des nouvelles du bled…ça fera variété, il ne se passe rien ici !
Bien sûr, c’était partie remise parce que ceci ou cela ! Et puis vint l’anniversaire…le sien, celui de Kieran…Alix avait lancé les invitations. Le cercle des élus, personne d’autre. Justin, Sam, leur marmaille. Erik, Opal et la leur. Point barre. Réduit comme cercle social mais avec eux on ne courait pas de risque que Bébé fasse sa crise.
Lord John Cavendish était un homme prudent doublé d’un sorcier moderne. Il utilisait le téléphone en toute joie de cœur. Il appelait de temps à autre pour avoir de leurs nouvelles, mais cette fois ci, il annonçait une visite imminente.
*Et merde ! Maman et Kieran dans la même pièce, la fin du monde !*
Parce que dès leur toute première rencontre, Kieran alors âgé de quelques jours, avait furieusement manifesté son antipathie pour Lady Aylinna Cavendish qui de son côté ne finissait pas de comprendre comment son fils si blond et sa femme brune d’un teint si clair, avaient pu donner jour à un rejeton si brun, à la peau dorée quoiqu'aux yeux si bleus. On parla alors des virevoltes de la génétique, de son frère Simon aussi brun, mais pas autant, etc. Pas de chimie entre ces deux-là, au lieu de s’éterniser en élucubrations scientifiques, Michael avait vidé les lieux avec la famille au grand complet.
Alix en fée du foyer, un vrai régal pour les yeux. Tout devait être parfait et lui devait avoir l’air particulièrement désœuvré car elle le chargea de s’occuper de la table. Michael était un piètre homme d’intérieur. Certes il aimait que tout soit nickel mais de là à s’en occuper…
Lormar, fais vite…Oui, deux couverts de plus…Je sais, ta maîtresse a dit six…je dis huit…grouille toi !
Petit tour sympa en cuisine, question de goûter un peu aux mets concoctés, ça marchait toujours.
Tu as dressé la table ? Ils arrivent dans deux heures, et…
C’est prêt, huit couverts sont mis, tout est prêt, tout étincèle...Lord John et Milady seront aussi des nôtres !
Autant dire qu’un ouragan était en approche. Alix riposta et bien entendu, Kieran mit du sien.
Ben, qu’est-ce que tu voulais ? Que je leur dise d’aller se faire voir ailleurs ? C’est ma mère quand même…John m’a appelé plus tôt, décision de dernière minute, tu devrais connaître Maman, elle fait ce qui lui passe par la tête ! *Comme quoi, mal de famille !*…Au moins, cette fois, elle a prévenu !
Un certain souvenir les fit sourire, complices. Il l’embrassa et Kieran se calma comme par enchantement.
Je crois qu’il aime que je t’embrasse…faudra le combler, le petit !, et de l’embrasser de nouveau avant de se faire envoyer chercher plus utile à faire.
S’assurer que les jumeaux soient présentables lui sembla une bonne occupation. Baignés et pomponnés ils étaient magnifiques. Jake, Lui, offrait une allure de rustre pathétique mais un Recurvite énergique lui rendit quelque splendeur. Un dernier sort, appliqué par Bikita pressée le laissa mieux que chien de concours, parce qu’on était sûr qu’il ne raterait pas l’occasion de se mêler aux invités.
Tu te tiens, on se tient et le tour est joué ! *Tu veux rire…ça va barder !*
On évita la cata de justesse. Merlin en son incommensurable sagesse fit qu’arrivent en premier Davenport et Nielsen avec leur respective dotation d’enfants. Kieran était le clou de la fête et il était ravi, mais dès qu’il pressentit l’arrivée d’Aylinna, sa bouche tremblota, menace d’orageuse suite.
Occupez-vous de lui…ne laissez pas Maman l’approcher…
Mais bien sûr, tout se passa à l’envers. Lord John sauva la situation en profitant que Kieran l’aimait bien mais Maman faillit se prendre un coup de dent de la part du petit ange.
Il est grincheux aujourd’hui. Mais ça va aller, n’est-ce pas mon cœur ?, soufflait Alix à son enfant chéri.
*Grincheux, devient cannibale là !* Donne-le moi, ma chérie…je m’en occupe…Viens là, mon grand…, il alla déposer le petit dans les bras de son parrain, Erik, file lui un de tes sorts, qu’on ait la fête en paix !
Par quelque divine grâce céleste, ou compréhension approfondie de la situation, Milord et Milady prirent rapidement congé en assurant qu’une affaire urgente réclamait leur présence ailleurs.
*On pourra manger en paix !* Oui, Maman, je t’aime aussi…oui, un de ces jours…sais pas quand. Oui, j’irai avec Lucas et Cécile…pas de souci, j’ai compris…Bon retour !
Il resta sur le pas de la porte jusqu’à s’assurer que leur Portoloin avait bien fonctionné puis rentrant, s’adossa au panneau, en respirant soulagé, juste pour découvrir Justin qui le regardait amusé.
C’est ça, rigole, Ministre…Ça fait du bien de te voir…tu as bonne mine !...Moi ?...Ça baigne, ça se voit pas ?... Pour tout te dire, je joue même au golf…C’est dingue ce que tes jumeaux ont grandi…ben oui…un an et demi déjà…désolé d’avoir raté leur anniversaire…mais ici on avait une épidémie de varicelle…
Le dîner serait servi dans un moment. La conversation au salon allait bon train. Les deux amis sortirent faire un tour au jardin.
Mais et comment ça se passe, là-bas ?...Ouais, m’en doute, mon vieux, m’en doute bien…C’est pas coton ce qui t’est tombé dessus…Non, Justin, tu sais bien que je n’aurais été d’aucune utilité…pour moi c’est fini, classé, oublié…j’en avais marre et n’en pouvais plus…Non, tout va bien avec lui…C’est un petit garçon tout à fait normal, possessif avec sa mère…tyran à ses heures mais il aime aussi Lucas et Cécile...et moi…je l’aime ! J’ai peur…Alix aussi, même si elle ne m’en parle jamais…On fait avec, Justin…on verra en temps voulu mais à ça, veux même pas y penser…
On changea de thème. Joyeux dîner ! On se mit au courant de la vie des uns et des autres, de tous ces bons amis qu’on ne voyait pas depuis longtemps. Les Von Falkenberg avaient plié bagage, lassés de tant de civilisation et étaient retournés en Afrique. Par quelque détour inédit de la situation J.O assumait de nouveau comme Duc de Gilmore, à son grand dam. John Smith, fidèle à lui-même préservait ses secrets et sa femme redevenait journaliste plein temps.
Quoi de plus normal, une fois le repas fini et tout le monde installé au salon, qu’un petit aparté avec son frère. Après tout, ils ne s’étaient pas revus depuis leur dernier anniversaire à Kieran et lui et Michael était curieux de savoir ce que devenait frangin aux Antipodes.
J’ai fini par monter une petite clinique, ça roule ou je devrais dire ça vole (rire)…
Et je parie qu’Opal n’en est pas trop ravie, rigola t’il, veux pas imaginer la tête d’Alix si je m’y mettais…
Bien sûr qu’elle n’aime pas ! Opaline déteste quand je prends le manche mais vu les distances, je dois…
Un bon trasplanage s’avère utile !, assura t’il, amusé de le retrouver en parfait moldu adapté aux circonstances même si cela ne l’étonnait pas. Erik n’était pas difficile pour s’accommoder à toute situation.
Transplaner ? T’es fou ! (rires) Note qu’une paire de fois, j’ai dû… Mais dis-moi plutôt toi…
À quoi bon dissimuler, en secouant la tête il servit deux Pur-Feu et en tendit un à son cadet.
Vais pas dire que c’est la misère totale mais on trouve mieux…On vit claquemurés ici, remarque pas de quoi trop se plaindre, le coin vaut le détour mais faudrait encore pouvoir en jouir…mais même si fait semblant…on est sur les nerfs…enfin…
Erik soupira et s’approchant lui tapota l’épaule, d’un geste apaisant au temps de dire, très sérieux :
Je te l’ai répété une centaine de fois Michael : Kieran est pur. Toute ma vie, je verrai ça dans ma tête, moi : Eridan vider Kieran de toute substance vitale. Sois heureux de ne pas y avoir assisté. Profite de ce cadeau inespéré.
Vraisemblablement Erik n’avait pas réalisé qu’il était aussi présent, jadis, mais on pouvait le comprendre, dans la folle confusion de ces moments épouvantables.
Je le fais, petit frère, je le fais…mais une chose n’empêche l’autre, on se comprend. J’aimerais te dire qu’on ira vous visiter dans votre coin de monde…faudra d’abord convaincre Alix de quitter la maison avec Kieran…À chaque jour suffit sa peine…
Ce qui était déjà tout dire.
Ni les Davenport ni les Nielsen ne voulurent prolonger leur séjour, pas faute de le leur avoir offert, et on se quitta avec la promesse d’essayer de se revoir plus souvent.
Ben, dans la mesure du possible on peut dire que ça a été un succès, ma chérie…Kieran a été angélique… et toi, absolument merveilleuse…
Chérie était merveilleuse mais absolument claquée. Michael comprit le message, se contenta d’un petit câlin et s’endormit heureux de la sentir proche. Alix avait des manies impossibles d’ignorer, même au plus profond du sommeil. Elle quittait le lit, avec des ruses de sioux, allait voir Kieran ou faire Dieu sait quoi et se sentir seul le ramenait d’au-delà ses rêves…
Alix…
Elle se glissait de nouveau près de lui. Michael souriait bêtement plus endormi qu’autre chose et la serrant contre lui, possessif, s’endormait de nouveau, rassuré…ressemblant, mine de rien, au marmot qui dormait de l’autre côté du couloir. Mais bien sûr, à ça, il n’avait jamais pensé !
Un peu par ci, un peu par-là, on essaya d’amadouer Kieran aux joies de la société. Du haut de ses deux ans, le petit restait critique mais ne manquait pas de charme. Son style direct était bien perçu et quand il tirait carrément la gueule, on ne l’en blâmait pas, après tout à son âge on a un peu le droit d’être parfaitement sincère.
Tu vois, ma douce…rien à craindre, c’est un gosse normal…pas le seul à piquer des crises…Tiens voilà Marcia…je veux que tu la connaisses…
Depuis lui temps qu’il lui en bassinait les oreilles, elle avait dû se faire n’importe quelle idée. Parfois il croyait déceler un éclair de colère dans ses yeux bleu nuit, s’imaginant sans doute que la telle Marcia était une bimbo aux courbes voluptueuses ou quelque chose dans le genre.
Lady Grey souriait, adorable, les yeux plissés, malicieux.
Je mourais d’envie de vous rencontrer, vous, ma chère et ces enfants délicieux…Mon Dieu que ce petit est adorable, si brun…j’adore ces contrastes dans une famille…Viens, mon ange…
Et Kieran, vive la confiance, de lui sourire, tendre la menotte et deux secondes après s’installer sur son giron, aussi satisfait qu’un chat.
*Ben dites donc…*
Mon petit vous ne serez jamais un bon golfeur…trop impatient, mais si ça vous fait plaisir de perdre votre temps en ma compagnie, je serais bien la dernière à m’en plaindre…allons chercher cette balle !
Et ainsi de suite. Il chérissait spécialement ces moments de vraie détente et les conseils judicieux de cette grande connaisseuse de la nature humaine qu’était Lady Marcia Grey, psychiatre à la retraite n’ayant rien perdu de sa perspicacité, et qui n’avait pas mis trop de temps à se douter que ce grand gars dont le regard pouvait aussi bien pétiller de malice que devenir soudain triste, devait avoir une histoire singulière qu’il n’était pas prêt à livrer de sitôt, au cas de le faire un jour. Il s’était contenté de reconnaitre avoir été soldat, Milady le crut mais savait qu’il y avait plus…bien plus.
Tout aurait pu être parfait, on aurait fait l’effort, on aurait effacé peu à peu le cauchemar de leurs esprits mais de ces temps troubles de profonde misère campait une évidence indélébile.
Kieran. Dès l’instant où Alix le lui avait mis dans les bras, il l’avait accepté, vaincu d’amour pour elle, prêt à n’importe quoi pour l’avoir de retour auprès de lui. L’angoisse était venue après, avec les sempiternelles questions qui lui taraudaient l’esprit, avec les « et si » s’allongeant à l’infini…
Bonheur parfait sous le soleil ? À d’autres. La vie de famille était loin d’être une idylle de rêve. À quatre ans les jumeaux n’étaient dupes de rien, avaient la langue bien pendue, les idées dégourdies, de l’énergie et du caractère à revendre. Cécile était plus posée et réfléchie que son frère, acceptant mieux que son frère le fait que Maman fasse plus attention à Kieran qu’à eux. Lucas lui, clamait haut et clair sa véhémente jalousie.
Michael n’avait pas fini de passer le pas de la porte que les jumeaux lui tombèrent dessus avec leurs histoires. À peu près toujours les mêmes, on ne peut sciemment pas demander à deux gosses de quatre ans d’avoir un trop large répertoire de conversation. Le thème du jour ne variait pas d’un poil de celui de la veille et du jour d’avant.
Maman ne nous aime pas…elle n’aime que Kieran !...On fait quelque chose, elle se fâche…Lui il fait ce qu’il veut et elle le câline…pas juste ! Pas juste !
Cela demandait ineffablement une session à huis clos, ce que les jumeaux adoraient. Perchés sur les genoux de Papa tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, il était toute ouïe, la patience incarnée. Il parlait, expliquait, faisait comprendre et presque accepter et pour finir il y avait la séance chatouillis fous.
Et c’est pour calmer ces jeunes esprits que Jake entra en scène. L’émoi que déchaina le nouvel arrivant ne fut pas des moindres et Michael en jouit de chaque instant. Adorable bâtard issu des amours contrariés d’une noble Terreneuve avec un fripon d’origine incertaine, métissage entre veau et serpillère.
Mais non voyons, il est parfait pour les gosses…Oui, un peu pataud et farfelu mais ça passera en grandissant !, assura Michael à sa femme chérie qui n’acceptait pas de très bon gré de voir son intérieur ravagé par la menace poilue, et puis…cela les distrait d’on sait bien quoi !...Non, ma douce, veux pas être poison mais là, tu fais fort…
C’est un bébé Michael !
C’est un garçonnet de deux ans, ma chérie, plus un bébé mais si tu continues de le couver de la sorte, il en restera un ! Il est toujours accroché à toi…rien qu’à toi et toujours à toi…
Oui, il m’adore, et alors ? Ne me dis pas que tu es jaloux ; ça suffit déjà d’un, avec Lucas !
Ouais…comme s’il n’avait pas raison…tiens, le voilà qui hurle ton bout de chou…
Cela tranchait toute discussion à tous les coups. Dès qu’il faisait s’énerver Alix, Kieran réagissait, peu importait s’il n’était pas présent.
*Sacré lien…il la contrôle à distance, ma parole…mine de rien, le marmot nous gouverne !*
Et oui. Il était jaloux. C’était idiot mais c’était la vérité. Il en voulait à ce petit bout de bonhomme de monopoliser Alix, de faire enrager ses gosses, de le faire se sentir stupide.
Maître boude ?
T’en prie, au moins ça le gêne pas si je tire la gueule…
Bikita soupira bruyamment mais s’abstint de commentaire. Elle connaissait trop bien Michael comme pour se méprendre de l’éclat chagrin dans son regard. Quelques minutes plus tard, elle revenait en escortant Kieran qui entra en se dandinant et resta un instant À regarder son père avant de piailler.
Kieran aime Papa, oui ?, et de tendre ses bras potelés.
Tu es une entremetteuse de la pire espèce, Bikita !, grommela t’il sans se décider à cueillir le petit qui ne trouva mieux à faire que lui sourire, et toi…tu es une franche canaille !
Canaille !, répéta Kieran ravi quand il le releva, aime Papa…
Il aurait pu en pleurer mais se contenta d’ébouriffer les boucles brunes.
Tu m’es aussi sympathique, mon pote…si tu arrêtais de faire tant de cirque, ça irait mieux…Viens, allons voir ce que font ton frère et ta sœur…
Lucas barbotait tout habillé dans la piscine en compagnie de l’indéfectible Jake alors que Cécile consternée l’enjoignait de sortir et se faisait éclabousser, ce qui la faisait hurler de colère. Le spectacle ravit Kieran qui commença à s’époumoner en demandant de rejoindre son frère.
Veux…veux…veux !!!
Tu ne sais pas nager, mioche si je t’envoie dans la flotte, ta mère m’écorche vivant !
Alors viens avec lui, Papa, conseilla Lucas, tu sais…Jake, c’est un fameux nageur…
Cécile jugea que l’affaire prenait une drôle de tournure, pas déplaisante pour autant. Une fois que Papa eut sauté dans l’eau avec Kieran, elle suivit le même chemin. Alix ne leur en voulut pas de leurs frasques apparemment trop heureuse de les voir tous ensemble prenant du si bon temps.
Et le bonheur durait ce que cela durait. On faisait avec les moyens de bord. Préserver le calme, avoir la paix. En somme, on bataillait tous les jours pour s’en sortir décemment, en évitant de discuter et si faisant redressant le tort le plus vite possible pour éviter l’inévitable censure-hurlements de l’angelot brun qui s’y prenait si bien !
Sortir ? Une utopie. Même si on attendait qu’il dorme du sommeil des justes, Kieran semblait percevoir que Maman comptait s’éloigner de lui et s’époumonait en conséquence. Que de soirées à l’eau ! Selon Alix, la présence d’étrangers au cercle familial pouvait mettre mal à l’aise le petit. Vie sociale condamnée.
Et on arrive où, comme ça ? On végète entre nos quatre murs, comme des lépreux ? Ben oui, c’est à toi qu’il tient, s’en fout si je disparais…euh, suis allé au club…ben oui, je joue au golf comme un pied mais ça relâche… et on rencontre des gens charmants…On devrait y aller un de ces jours, en famille?...ben faut essayer, non ? S’il fait du théâtre, on fera la une des nouvelles du bled…ça fera variété, il ne se passe rien ici !
Bien sûr, c’était partie remise parce que ceci ou cela ! Et puis vint l’anniversaire…le sien, celui de Kieran…Alix avait lancé les invitations. Le cercle des élus, personne d’autre. Justin, Sam, leur marmaille. Erik, Opal et la leur. Point barre. Réduit comme cercle social mais avec eux on ne courait pas de risque que Bébé fasse sa crise.
Lord John Cavendish était un homme prudent doublé d’un sorcier moderne. Il utilisait le téléphone en toute joie de cœur. Il appelait de temps à autre pour avoir de leurs nouvelles, mais cette fois ci, il annonçait une visite imminente.
*Et merde ! Maman et Kieran dans la même pièce, la fin du monde !*
Parce que dès leur toute première rencontre, Kieran alors âgé de quelques jours, avait furieusement manifesté son antipathie pour Lady Aylinna Cavendish qui de son côté ne finissait pas de comprendre comment son fils si blond et sa femme brune d’un teint si clair, avaient pu donner jour à un rejeton si brun, à la peau dorée quoiqu'aux yeux si bleus. On parla alors des virevoltes de la génétique, de son frère Simon aussi brun, mais pas autant, etc. Pas de chimie entre ces deux-là, au lieu de s’éterniser en élucubrations scientifiques, Michael avait vidé les lieux avec la famille au grand complet.
Alix en fée du foyer, un vrai régal pour les yeux. Tout devait être parfait et lui devait avoir l’air particulièrement désœuvré car elle le chargea de s’occuper de la table. Michael était un piètre homme d’intérieur. Certes il aimait que tout soit nickel mais de là à s’en occuper…
Lormar, fais vite…Oui, deux couverts de plus…Je sais, ta maîtresse a dit six…je dis huit…grouille toi !
Petit tour sympa en cuisine, question de goûter un peu aux mets concoctés, ça marchait toujours.
Tu as dressé la table ? Ils arrivent dans deux heures, et…
C’est prêt, huit couverts sont mis, tout est prêt, tout étincèle...Lord John et Milady seront aussi des nôtres !
Autant dire qu’un ouragan était en approche. Alix riposta et bien entendu, Kieran mit du sien.
Ben, qu’est-ce que tu voulais ? Que je leur dise d’aller se faire voir ailleurs ? C’est ma mère quand même…John m’a appelé plus tôt, décision de dernière minute, tu devrais connaître Maman, elle fait ce qui lui passe par la tête ! *Comme quoi, mal de famille !*…Au moins, cette fois, elle a prévenu !
Un certain souvenir les fit sourire, complices. Il l’embrassa et Kieran se calma comme par enchantement.
Je crois qu’il aime que je t’embrasse…faudra le combler, le petit !, et de l’embrasser de nouveau avant de se faire envoyer chercher plus utile à faire.
S’assurer que les jumeaux soient présentables lui sembla une bonne occupation. Baignés et pomponnés ils étaient magnifiques. Jake, Lui, offrait une allure de rustre pathétique mais un Recurvite énergique lui rendit quelque splendeur. Un dernier sort, appliqué par Bikita pressée le laissa mieux que chien de concours, parce qu’on était sûr qu’il ne raterait pas l’occasion de se mêler aux invités.
Tu te tiens, on se tient et le tour est joué ! *Tu veux rire…ça va barder !*
On évita la cata de justesse. Merlin en son incommensurable sagesse fit qu’arrivent en premier Davenport et Nielsen avec leur respective dotation d’enfants. Kieran était le clou de la fête et il était ravi, mais dès qu’il pressentit l’arrivée d’Aylinna, sa bouche tremblota, menace d’orageuse suite.
Occupez-vous de lui…ne laissez pas Maman l’approcher…
Mais bien sûr, tout se passa à l’envers. Lord John sauva la situation en profitant que Kieran l’aimait bien mais Maman faillit se prendre un coup de dent de la part du petit ange.
Il est grincheux aujourd’hui. Mais ça va aller, n’est-ce pas mon cœur ?, soufflait Alix à son enfant chéri.
*Grincheux, devient cannibale là !* Donne-le moi, ma chérie…je m’en occupe…Viens là, mon grand…, il alla déposer le petit dans les bras de son parrain, Erik, file lui un de tes sorts, qu’on ait la fête en paix !
Par quelque divine grâce céleste, ou compréhension approfondie de la situation, Milord et Milady prirent rapidement congé en assurant qu’une affaire urgente réclamait leur présence ailleurs.
*On pourra manger en paix !* Oui, Maman, je t’aime aussi…oui, un de ces jours…sais pas quand. Oui, j’irai avec Lucas et Cécile…pas de souci, j’ai compris…Bon retour !
Il resta sur le pas de la porte jusqu’à s’assurer que leur Portoloin avait bien fonctionné puis rentrant, s’adossa au panneau, en respirant soulagé, juste pour découvrir Justin qui le regardait amusé.
C’est ça, rigole, Ministre…Ça fait du bien de te voir…tu as bonne mine !...Moi ?...Ça baigne, ça se voit pas ?... Pour tout te dire, je joue même au golf…C’est dingue ce que tes jumeaux ont grandi…ben oui…un an et demi déjà…désolé d’avoir raté leur anniversaire…mais ici on avait une épidémie de varicelle…
Le dîner serait servi dans un moment. La conversation au salon allait bon train. Les deux amis sortirent faire un tour au jardin.
Mais et comment ça se passe, là-bas ?...Ouais, m’en doute, mon vieux, m’en doute bien…C’est pas coton ce qui t’est tombé dessus…Non, Justin, tu sais bien que je n’aurais été d’aucune utilité…pour moi c’est fini, classé, oublié…j’en avais marre et n’en pouvais plus…Non, tout va bien avec lui…C’est un petit garçon tout à fait normal, possessif avec sa mère…tyran à ses heures mais il aime aussi Lucas et Cécile...et moi…je l’aime ! J’ai peur…Alix aussi, même si elle ne m’en parle jamais…On fait avec, Justin…on verra en temps voulu mais à ça, veux même pas y penser…
On changea de thème. Joyeux dîner ! On se mit au courant de la vie des uns et des autres, de tous ces bons amis qu’on ne voyait pas depuis longtemps. Les Von Falkenberg avaient plié bagage, lassés de tant de civilisation et étaient retournés en Afrique. Par quelque détour inédit de la situation J.O assumait de nouveau comme Duc de Gilmore, à son grand dam. John Smith, fidèle à lui-même préservait ses secrets et sa femme redevenait journaliste plein temps.
Quoi de plus normal, une fois le repas fini et tout le monde installé au salon, qu’un petit aparté avec son frère. Après tout, ils ne s’étaient pas revus depuis leur dernier anniversaire à Kieran et lui et Michael était curieux de savoir ce que devenait frangin aux Antipodes.
J’ai fini par monter une petite clinique, ça roule ou je devrais dire ça vole (rire)…
Et je parie qu’Opal n’en est pas trop ravie, rigola t’il, veux pas imaginer la tête d’Alix si je m’y mettais…
Bien sûr qu’elle n’aime pas ! Opaline déteste quand je prends le manche mais vu les distances, je dois…
Un bon trasplanage s’avère utile !, assura t’il, amusé de le retrouver en parfait moldu adapté aux circonstances même si cela ne l’étonnait pas. Erik n’était pas difficile pour s’accommoder à toute situation.
Transplaner ? T’es fou ! (rires) Note qu’une paire de fois, j’ai dû… Mais dis-moi plutôt toi…
À quoi bon dissimuler, en secouant la tête il servit deux Pur-Feu et en tendit un à son cadet.
Vais pas dire que c’est la misère totale mais on trouve mieux…On vit claquemurés ici, remarque pas de quoi trop se plaindre, le coin vaut le détour mais faudrait encore pouvoir en jouir…mais même si fait semblant…on est sur les nerfs…enfin…
Erik soupira et s’approchant lui tapota l’épaule, d’un geste apaisant au temps de dire, très sérieux :
Je te l’ai répété une centaine de fois Michael : Kieran est pur. Toute ma vie, je verrai ça dans ma tête, moi : Eridan vider Kieran de toute substance vitale. Sois heureux de ne pas y avoir assisté. Profite de ce cadeau inespéré.
Vraisemblablement Erik n’avait pas réalisé qu’il était aussi présent, jadis, mais on pouvait le comprendre, dans la folle confusion de ces moments épouvantables.
Je le fais, petit frère, je le fais…mais une chose n’empêche l’autre, on se comprend. J’aimerais te dire qu’on ira vous visiter dans votre coin de monde…faudra d’abord convaincre Alix de quitter la maison avec Kieran…À chaque jour suffit sa peine…
Ce qui était déjà tout dire.
Ni les Davenport ni les Nielsen ne voulurent prolonger leur séjour, pas faute de le leur avoir offert, et on se quitta avec la promesse d’essayer de se revoir plus souvent.
Ben, dans la mesure du possible on peut dire que ça a été un succès, ma chérie…Kieran a été angélique… et toi, absolument merveilleuse…
Chérie était merveilleuse mais absolument claquée. Michael comprit le message, se contenta d’un petit câlin et s’endormit heureux de la sentir proche. Alix avait des manies impossibles d’ignorer, même au plus profond du sommeil. Elle quittait le lit, avec des ruses de sioux, allait voir Kieran ou faire Dieu sait quoi et se sentir seul le ramenait d’au-delà ses rêves…
Alix…
Elle se glissait de nouveau près de lui. Michael souriait bêtement plus endormi qu’autre chose et la serrant contre lui, possessif, s’endormait de nouveau, rassuré…ressemblant, mine de rien, au marmot qui dormait de l’autre côté du couloir. Mais bien sûr, à ça, il n’avait jamais pensé !
Un peu par ci, un peu par-là, on essaya d’amadouer Kieran aux joies de la société. Du haut de ses deux ans, le petit restait critique mais ne manquait pas de charme. Son style direct était bien perçu et quand il tirait carrément la gueule, on ne l’en blâmait pas, après tout à son âge on a un peu le droit d’être parfaitement sincère.
Tu vois, ma douce…rien à craindre, c’est un gosse normal…pas le seul à piquer des crises…Tiens voilà Marcia…je veux que tu la connaisses…
Depuis lui temps qu’il lui en bassinait les oreilles, elle avait dû se faire n’importe quelle idée. Parfois il croyait déceler un éclair de colère dans ses yeux bleu nuit, s’imaginant sans doute que la telle Marcia était une bimbo aux courbes voluptueuses ou quelque chose dans le genre.
Lady Grey souriait, adorable, les yeux plissés, malicieux.
Je mourais d’envie de vous rencontrer, vous, ma chère et ces enfants délicieux…Mon Dieu que ce petit est adorable, si brun…j’adore ces contrastes dans une famille…Viens, mon ange…
Et Kieran, vive la confiance, de lui sourire, tendre la menotte et deux secondes après s’installer sur son giron, aussi satisfait qu’un chat.
*Ben dites donc…*
Dernière édition par Michael De Brent le Mar Oct 13 2015, 17:51, édité 2 fois
Michael De Brent- Messages : 76
Date d'inscription : 08/09/2013
Re: Aube nouvelle
Plus tracassée que ça, tu meurs. Alix avait peur, Michael avait peur, tous avaient peur de Kieran.
Sortir de la bulle la terrorisait, le petit était… particulier. Son époux, au moins, avait une vie extérieure. Un jour, il insista tellement que oui, elle céda.
Où les emmenait-il ? Une sorte de club country ou quelque chose du style ? En tout cas, un endroit était réservé aux enfants. Les grands se ruèrent sur les jouets, balançoires, toboggans et autres, Kieran resta dans ses jupes :
Allez, mon chéri. Ils ne vont pas te manger. Lucas et Cécile te défendront. Papa et moi, on est juste à côté.
Quelques pas aux alentours, main dans la main, la tête souvent tournée vers le point critique.
Michael se voulait rassurant :
Tu vois, ma douce…rien à craindre, c’est un gosse normal…pas le seul à piquer des crises…Tiens voilà Marcia…je veux que tu la connaisses…
S’il lui en avait parlé, elle n’avait pas capté. Vaguement, elle savait qu’il s’agissait d’une compagne de golf, sans plus. Elle ne s’était préoccupée d’une éventuelle rivale, trop tournée sur l’enfant issu d’ailleurs. Cependant, que Michael lui présente cette Lady plus que retraitée, la fit tiquer. Un piège ? Cette « rencontre » n’était certainement pas fortuite. Jusqu’où son mari avait-il déballé leurs soucis à cette femme bienveillante ? En tout cas, elle captait des choses puisque la Lady s’intéressa immédiatement à Kieran.
Mon Dieu que ce petit est adorable, si brun…j’adore ces contrastes dans une famille…Viens, mon ange…
L’ « ange » sembla beaucoup apprécier ce contact, ouf !
Asseyez-vous, ma chère. Michael, je suis certaine que Lucas et Cécile aimeraient être poussés sur ces engins…
Dès qu’il fut un peu éloigné, Lady Marcia caressa les bouclettes brunes de Kieran, toujours souriante, malicieuse.
Non ma chère, il ne s’agit pas d’un traquenard quelconque. Dans ma longue vie, ma longue pratique, j’ai croisé bien des gens. J’ai pourtant rarement eu l’occasion de rencontrer un cas comme celui de Michael…
Alix dut faire des efforts pour ne pas lui arracher Kieran et fuir à toutes jambes. La vieille dame rigola :
Bien, excellent ! Maîtresse femme et femme-maîtresse. La question est : pourquoi Michael est-il si malheureux ?
Il… il vous a dit ça ? Je fais pourtant tout ce que je peux…
Il ne m’a rien dit du tout, ça se devine. Et je crois connaître l’objet du désaccord : je l’ai dans les bras.
Il n’est pas de Michael n’est-ce pas, ni de vous. C’est clair comme de l’eau de source.
Vous ne comprendriez rien, ne pouvez pas comprendre. Kieran, cesse de jouer l’endormi. On sait très bien qu’il n’en est rien. Rendez-le moi, nous partons.
Lady Marcia souriait aux yeux clairs qui lui répondaient avec entrain.
Maman, écoute la dame.
Là, la Lady battit des paupières :
Éveillé, très éveillé, je dirais. Un enfant spécial débarqué dans une famille aussi spéciale. À bien y regarder, il possède quand même quelque chose de vous…
Si ça vous intéresse, nous avons des gènes communs. Rendez-le-moi !
Écoute, maman.
Tu as raison, mon petit agneau. Il faut toujours écouter les anciens. Alix, permettez-moi de vous appeler Alix, vous vous torturez pour rien du tout.
Si vous saviez, vous changeriez d’optique !
Je n’ai pas besoin de savoir des détails, ni d’autres lunettes. Je sais reconnaître l’amour vrai quand il est là. Or, il y est, dans votre couple, dans vos enfants, TOUS vos enfants.
Veux jouer !
Vas-y bonhomme ! Alix, un conseil comme un autre : venez jouer au golf avec Michael, ça vous fera beaucoup de bien… à tous !
De ce bref entretien, Alix ne pipa mot. Elle désira juste savoir d’où sortait cette femme.
… Ah, Psy à la retraite ? Tu penses qu’on a besoin d’une thérapie, mon chéri ? Moi pas !
N’empêche qu’Alix se mit au golf aussi. Ça faisait du bien de partager une activité avec Michael aussi nul qu’elle dans ce sport nouveau.
Grâce aux « conseils » occasionnels de Lady Marcia, des facilités aux abords du terrain pour les gosses, une atmosphère différente régna.
Arrête de me déconcentrer en me soufflant dans le cou ! T’as peur que je te batte sur ce coup, hein ?
Ils s’inscrivirent aussi à un stand de tir. Là, Michael brillait incontestablement. Bien sûr les enfants n’en étaient pas. Bikita et Lormar assumaient en prétendant toujours que tout avait bien été pendant l’absence. Nul n’était dupe… Kieran aimait certes tout le monde, mais Alix par-dessus tout.
Mariage australien…
Emmener les gais lurons si loin, une bonne idée ? Selon Lady Marcia, parfaite. Se dépayser un peu ferait du bien à tous. Parole d’évangile. Alix rigolait en pensant au dernier conseil de la vieille sage dame :
Alix, cessez de laisser gagner Michael en tout. Il est simplement heureux maintenant, de vous retrouver…
Gosses pimpants, époux pareil. Cette réunion comptait beaucoup à ses yeux. Après tout Erik était son frère et le parrain de Kieran, donc…
Le 4/4 portoloin démarra. Michael au volant rit en la voyant saisir la poignée de portière. Pas à dire, elle ne se ferait jamais vraiment aux automobiles même si elle conduisait souvent maintenant.
Les roues heurtèrent le sol brutalement :
Ça va derrière ? s’inquiéta Alix, en regardant la marmaille bien calée dans les sièges.
Tout baignait. Elle se tourna alors vers le conducteur sauf qu’il n’y en avait plus.
*Déjà sorti ? Il aurait pu attendre !*
Semi fâchée, elle lorgna les alentours mais, à part des lumières proches, ne vit rien qui ressemblait à son mari.
L’est où papa ?
Lucas, je ne sais pas. Il a dû descendre.
Ginnungagap !!
Kieran, cesse de baragouiner n’importe quoi. Bon, on n’a pas le choix, je prends le volant.
Maman va conduire ? Serrez vos ceintures frangins !
Cécile avait toujours le mot pour rire sauf qu’elle connaissait certaines faiblesses de sa mère.
On arriva pourtant intacts.
Grande réception, foule amicale. Les « où est Michael ? » fusaient à gauche et droite. Elle s’énervait.
J’en sais rien ! Si seulement je le savais !
Les mariés furent unis, un bal déjanté commença. Opal s’intriguait aussi tandis que les gosses jouaient ou passaient de main en main :
… je n’en sais rien du tout. Il était là avant, on a démarré puis il n’était pas là en se posant. Kieran a dit un truc étrange mais c’est sans doute son vocabulaire de bébé qui déraille… oublie ça ! Tu as des nouvelles de Justin ? Je vois Ysaline seule aussi. Qu’est-ce qui se passe ?
On dansait, buvait, mangeait, belles noces.
Soudain… flash !!
Michael ? Qu’est-ce que tu fous là attifé ainsi ? Tu te penses à un bal costumé avec ces longs tifs ? Viens que je t’arrange.
Son mari la repoussait ???
JE NE JOUE PAS CE JEU, MICHAEL ! Viens ici !
Mais il parlait quoi ? Ça lui disait vaguement quelque chose mais était tellement paf qu’elle ne pigeait rien. Puis c’était qui l’idiot qui jouait du micro ? Ysaline éprouvait aussi des difficultés avec son Max mais le pire fut le début de rixe entre Justin et Erik. Pourquoi, pourquoi Justin embrassait-il ainsi Opal ?? Cela allait dégénérer. Le petit bouclé sur scène racontait n’importe quoi. En d’autres circonstances, elle l’aurait trouvé marrant, sauf que là…
Michael on rentre !
Phrase incompréhensible. Un prénom ressortait peut-être :
Sissi ? Elisabeth Smith n’a pas su venir. Écoute, ça commence à bien faire d’être remarqués ainsi.
Papa !!
Manquait que ça, les gosses s’en mêlaient. Tiens, Ysaline avait endormi Max…
Vive la magie. Michael dans les limbes, on embarqua tout le monde, un intrus en sus :
Salut, je suis Louis compagnon d’Achille. Beau carrosse, madame !
C’est Michael ! Sortez du véhicule Louis.
Non, non ! Où va Achille je vais, ne vous en déplaise. Que lui avez-vous fait, madame ?
Un grosdodo, vous connaissez ?
Il ne connaissait pas encore mais le reçut.
Elle serrait les dents, crispée au volant, en revenant au point de départ.
BIKITA, LORMAR, VITE !!!
Les elfes accoururent à la rescousse.
Maître malade ?
Peut-être. Je ne sais pas. Occupe-toi tes enfants, je le rentre.
Lormar fait quoi de celui-là ?
Rentre-le, laisse-le, m’en fous !
Les longs cheveux n’étaient pas faux… Tous ces muscles supplémentaires non plus. Michael avait-il voulu jouer une mascarade ?
*Il va se faire écharper avant peu… si c’est le cas…*
Maîtresse Alix, Kieran cesse pas de répéter Ginnungagap...
Je ne sais pas ce que ça veut dire. Un mot à lui… fais-le manger. Je reste ici.
Un revigor plus tard, Michael ouvrit les yeux. Baguette prête à intervenir, Alix attendit :
Michael, Michael tu me comprends ?
Vif, il se leva, l’air furieux.
Je… je n’hésiterai pas à te rendormir… Ass… assieds-toi, parle doucement que je pige quelque chose.
Tu veux boire un truc ?
Il ne semblait rien piger mais le geste vers le fauteuil était éloquent. Il s’assit. Très posément, Alix tenta plusieurs langues de ses connaissances. Lorsqu’elle entama le latin, Michael répondit quelques phrases bizarres. Alix ouvrit des yeux ronds :
Du grec, tu parles grec ancien ! Merde, comment t’as fait pour apprendre ça ?
Il ne l’a pas appris, noble dame. C’est sa langue natale.
VOUS ? J’avais donné des ordres pour que…
Louis le grand, 14ème du nom, ne reçoit d’ordre de personne.
Interloquée par l’aplomb du bouclé, elle le laissa parler. Apparemment, il maniait un franglais très passable.
Achille est un garçon du genre grognon, veuillez l’en excuser.
Achille ? Mais c’est Michael, mon mari, le père de mes enfants. Je vous accorde une certaine noblesse dans votre jeu d’acteur mais se faire passer pour Louis XIV, vous ne faites pas le poids ! Ça cesse quand ?
Nous l’ignorons, chère dame. Nous sommes ici contre notre volonté. Si vous saviez…
Michael continuait à intervenir mais nul ne lui prêtait oreille.
Attendez, soupira Alix, dépassée. Je vais faire un truc… étrange.
Elle se planta la baguette sur la tempe puis, avant réaction, l’appliqua sur celle de Michael puis dudit Louis. Aussitôt, les paroles devinrent claires entre eux.
Elle s’était assise, heureusement. Ce qu’elle entendit avait de quoi déboussoler quiconque.
Résumons, messieurs. Ainsi, vous prétendez être Achille, le légendaire Achille tué à Troie, et vous Louis XIV. Vous auriez été ressuscités quelque part où l’on prie des pierres pour obtenir des choses…
Parfois, ça fonctionne très bien, assura Louis. Une fois j’avais demandé une brouette, j’ai reçu un seau. J’avais pas assez de monnaie d’échange. On se vole, on s’entretue mais nul ne meurt jamais chez nous, on renait ailleurs, plus loin.
C’était si gros, énorme qu’il était impossible que ce soit inventé.
Avez-vous la moindre idée de ce qui a provoqué ça ? Mon mari, ses amis pourraient-ils être chez vous ?
Ils n’en savaient rien de rien. Par contre le Loulou avait des idées bien arrêtées :
J’ai pu examiner vos installations culinaires. Si vos victuailles sont à l’avenant, je vais nous concocter un menu… royal ! Tu viens Chichille ?
Le sosie de Michael grogna, il voulait sa Sissi.
Quand vous dites Sissi, c’est quand même pas l’impératrice d’Autriche ?
Si, si…
Eh merde !
Incapable d’un mouvement, sciée de toute part, Alix vit le dogue argenté se matérialiser tandis que les visiteurs visitaient.
* Ginnungagap... Encore ?*
Apparemment certains amis en avaient été victimes. Erik fixait un rendez-vous, chez eux, le plus tôt possible.
Gestes d’automate. Alix se leva, gagna la cuisine investie par sa majesté et le prince des Myrmidons.
C’est génial, absolument magnifique ! Votre cuisine, chère dame Alix est tout à fait digne de moi. On trouve de tout. Vous priez beaucoup ?
Nous… nous n’avons pas à prier, sauf que notre compte ne soit pas à sec quand on place sa carte de crédit.
Wow ! Tu te rends compte, chichille ? Dommage qu’on n’ait pas ça au village. Désolé pour le bordel, Dame Alix. Je n’ai pas l’habitude des feux plats, ni de vos armoires.
Sur les genoux d’Achille deux gamins intrigués, mais ravis.
Elle alla à la cave à vin y déboucher une bouteille.
Bonté divine, c’était quoi un Ginnungagap ? Mais, surtout, comment on en sortait ?...
Sortir de la bulle la terrorisait, le petit était… particulier. Son époux, au moins, avait une vie extérieure. Un jour, il insista tellement que oui, elle céda.
Où les emmenait-il ? Une sorte de club country ou quelque chose du style ? En tout cas, un endroit était réservé aux enfants. Les grands se ruèrent sur les jouets, balançoires, toboggans et autres, Kieran resta dans ses jupes :
Allez, mon chéri. Ils ne vont pas te manger. Lucas et Cécile te défendront. Papa et moi, on est juste à côté.
Quelques pas aux alentours, main dans la main, la tête souvent tournée vers le point critique.
Michael se voulait rassurant :
Tu vois, ma douce…rien à craindre, c’est un gosse normal…pas le seul à piquer des crises…Tiens voilà Marcia…je veux que tu la connaisses…
S’il lui en avait parlé, elle n’avait pas capté. Vaguement, elle savait qu’il s’agissait d’une compagne de golf, sans plus. Elle ne s’était préoccupée d’une éventuelle rivale, trop tournée sur l’enfant issu d’ailleurs. Cependant, que Michael lui présente cette Lady plus que retraitée, la fit tiquer. Un piège ? Cette « rencontre » n’était certainement pas fortuite. Jusqu’où son mari avait-il déballé leurs soucis à cette femme bienveillante ? En tout cas, elle captait des choses puisque la Lady s’intéressa immédiatement à Kieran.
Mon Dieu que ce petit est adorable, si brun…j’adore ces contrastes dans une famille…Viens, mon ange…
L’ « ange » sembla beaucoup apprécier ce contact, ouf !
Asseyez-vous, ma chère. Michael, je suis certaine que Lucas et Cécile aimeraient être poussés sur ces engins…
Dès qu’il fut un peu éloigné, Lady Marcia caressa les bouclettes brunes de Kieran, toujours souriante, malicieuse.
Non ma chère, il ne s’agit pas d’un traquenard quelconque. Dans ma longue vie, ma longue pratique, j’ai croisé bien des gens. J’ai pourtant rarement eu l’occasion de rencontrer un cas comme celui de Michael…
Alix dut faire des efforts pour ne pas lui arracher Kieran et fuir à toutes jambes. La vieille dame rigola :
Bien, excellent ! Maîtresse femme et femme-maîtresse. La question est : pourquoi Michael est-il si malheureux ?
Il… il vous a dit ça ? Je fais pourtant tout ce que je peux…
Il ne m’a rien dit du tout, ça se devine. Et je crois connaître l’objet du désaccord : je l’ai dans les bras.
Il n’est pas de Michael n’est-ce pas, ni de vous. C’est clair comme de l’eau de source.
Vous ne comprendriez rien, ne pouvez pas comprendre. Kieran, cesse de jouer l’endormi. On sait très bien qu’il n’en est rien. Rendez-le moi, nous partons.
Lady Marcia souriait aux yeux clairs qui lui répondaient avec entrain.
Maman, écoute la dame.
Là, la Lady battit des paupières :
Éveillé, très éveillé, je dirais. Un enfant spécial débarqué dans une famille aussi spéciale. À bien y regarder, il possède quand même quelque chose de vous…
Si ça vous intéresse, nous avons des gènes communs. Rendez-le-moi !
Écoute, maman.
Tu as raison, mon petit agneau. Il faut toujours écouter les anciens. Alix, permettez-moi de vous appeler Alix, vous vous torturez pour rien du tout.
Si vous saviez, vous changeriez d’optique !
Je n’ai pas besoin de savoir des détails, ni d’autres lunettes. Je sais reconnaître l’amour vrai quand il est là. Or, il y est, dans votre couple, dans vos enfants, TOUS vos enfants.
Veux jouer !
Vas-y bonhomme ! Alix, un conseil comme un autre : venez jouer au golf avec Michael, ça vous fera beaucoup de bien… à tous !
De ce bref entretien, Alix ne pipa mot. Elle désira juste savoir d’où sortait cette femme.
… Ah, Psy à la retraite ? Tu penses qu’on a besoin d’une thérapie, mon chéri ? Moi pas !
N’empêche qu’Alix se mit au golf aussi. Ça faisait du bien de partager une activité avec Michael aussi nul qu’elle dans ce sport nouveau.
Grâce aux « conseils » occasionnels de Lady Marcia, des facilités aux abords du terrain pour les gosses, une atmosphère différente régna.
Arrête de me déconcentrer en me soufflant dans le cou ! T’as peur que je te batte sur ce coup, hein ?
Ils s’inscrivirent aussi à un stand de tir. Là, Michael brillait incontestablement. Bien sûr les enfants n’en étaient pas. Bikita et Lormar assumaient en prétendant toujours que tout avait bien été pendant l’absence. Nul n’était dupe… Kieran aimait certes tout le monde, mais Alix par-dessus tout.
Mariage australien…
Emmener les gais lurons si loin, une bonne idée ? Selon Lady Marcia, parfaite. Se dépayser un peu ferait du bien à tous. Parole d’évangile. Alix rigolait en pensant au dernier conseil de la vieille sage dame :
Alix, cessez de laisser gagner Michael en tout. Il est simplement heureux maintenant, de vous retrouver…
Gosses pimpants, époux pareil. Cette réunion comptait beaucoup à ses yeux. Après tout Erik était son frère et le parrain de Kieran, donc…
Le 4/4 portoloin démarra. Michael au volant rit en la voyant saisir la poignée de portière. Pas à dire, elle ne se ferait jamais vraiment aux automobiles même si elle conduisait souvent maintenant.
Les roues heurtèrent le sol brutalement :
Ça va derrière ? s’inquiéta Alix, en regardant la marmaille bien calée dans les sièges.
Tout baignait. Elle se tourna alors vers le conducteur sauf qu’il n’y en avait plus.
*Déjà sorti ? Il aurait pu attendre !*
Semi fâchée, elle lorgna les alentours mais, à part des lumières proches, ne vit rien qui ressemblait à son mari.
L’est où papa ?
Lucas, je ne sais pas. Il a dû descendre.
Ginnungagap !!
Kieran, cesse de baragouiner n’importe quoi. Bon, on n’a pas le choix, je prends le volant.
Maman va conduire ? Serrez vos ceintures frangins !
Cécile avait toujours le mot pour rire sauf qu’elle connaissait certaines faiblesses de sa mère.
On arriva pourtant intacts.
Grande réception, foule amicale. Les « où est Michael ? » fusaient à gauche et droite. Elle s’énervait.
J’en sais rien ! Si seulement je le savais !
Les mariés furent unis, un bal déjanté commença. Opal s’intriguait aussi tandis que les gosses jouaient ou passaient de main en main :
… je n’en sais rien du tout. Il était là avant, on a démarré puis il n’était pas là en se posant. Kieran a dit un truc étrange mais c’est sans doute son vocabulaire de bébé qui déraille… oublie ça ! Tu as des nouvelles de Justin ? Je vois Ysaline seule aussi. Qu’est-ce qui se passe ?
On dansait, buvait, mangeait, belles noces.
Soudain… flash !!
Michael ? Qu’est-ce que tu fous là attifé ainsi ? Tu te penses à un bal costumé avec ces longs tifs ? Viens que je t’arrange.
Son mari la repoussait ???
JE NE JOUE PAS CE JEU, MICHAEL ! Viens ici !
Mais il parlait quoi ? Ça lui disait vaguement quelque chose mais était tellement paf qu’elle ne pigeait rien. Puis c’était qui l’idiot qui jouait du micro ? Ysaline éprouvait aussi des difficultés avec son Max mais le pire fut le début de rixe entre Justin et Erik. Pourquoi, pourquoi Justin embrassait-il ainsi Opal ?? Cela allait dégénérer. Le petit bouclé sur scène racontait n’importe quoi. En d’autres circonstances, elle l’aurait trouvé marrant, sauf que là…
Michael on rentre !
Phrase incompréhensible. Un prénom ressortait peut-être :
Sissi ? Elisabeth Smith n’a pas su venir. Écoute, ça commence à bien faire d’être remarqués ainsi.
Papa !!
Manquait que ça, les gosses s’en mêlaient. Tiens, Ysaline avait endormi Max…
Vive la magie. Michael dans les limbes, on embarqua tout le monde, un intrus en sus :
Salut, je suis Louis compagnon d’Achille. Beau carrosse, madame !
C’est Michael ! Sortez du véhicule Louis.
Non, non ! Où va Achille je vais, ne vous en déplaise. Que lui avez-vous fait, madame ?
Un grosdodo, vous connaissez ?
Il ne connaissait pas encore mais le reçut.
Elle serrait les dents, crispée au volant, en revenant au point de départ.
BIKITA, LORMAR, VITE !!!
Les elfes accoururent à la rescousse.
Maître malade ?
Peut-être. Je ne sais pas. Occupe-toi tes enfants, je le rentre.
Lormar fait quoi de celui-là ?
Rentre-le, laisse-le, m’en fous !
Les longs cheveux n’étaient pas faux… Tous ces muscles supplémentaires non plus. Michael avait-il voulu jouer une mascarade ?
*Il va se faire écharper avant peu… si c’est le cas…*
Maîtresse Alix, Kieran cesse pas de répéter Ginnungagap...
Je ne sais pas ce que ça veut dire. Un mot à lui… fais-le manger. Je reste ici.
Un revigor plus tard, Michael ouvrit les yeux. Baguette prête à intervenir, Alix attendit :
Michael, Michael tu me comprends ?
Vif, il se leva, l’air furieux.
Je… je n’hésiterai pas à te rendormir… Ass… assieds-toi, parle doucement que je pige quelque chose.
Tu veux boire un truc ?
Il ne semblait rien piger mais le geste vers le fauteuil était éloquent. Il s’assit. Très posément, Alix tenta plusieurs langues de ses connaissances. Lorsqu’elle entama le latin, Michael répondit quelques phrases bizarres. Alix ouvrit des yeux ronds :
Du grec, tu parles grec ancien ! Merde, comment t’as fait pour apprendre ça ?
Il ne l’a pas appris, noble dame. C’est sa langue natale.
VOUS ? J’avais donné des ordres pour que…
Louis le grand, 14ème du nom, ne reçoit d’ordre de personne.
Interloquée par l’aplomb du bouclé, elle le laissa parler. Apparemment, il maniait un franglais très passable.
Achille est un garçon du genre grognon, veuillez l’en excuser.
Achille ? Mais c’est Michael, mon mari, le père de mes enfants. Je vous accorde une certaine noblesse dans votre jeu d’acteur mais se faire passer pour Louis XIV, vous ne faites pas le poids ! Ça cesse quand ?
Nous l’ignorons, chère dame. Nous sommes ici contre notre volonté. Si vous saviez…
Michael continuait à intervenir mais nul ne lui prêtait oreille.
Attendez, soupira Alix, dépassée. Je vais faire un truc… étrange.
Elle se planta la baguette sur la tempe puis, avant réaction, l’appliqua sur celle de Michael puis dudit Louis. Aussitôt, les paroles devinrent claires entre eux.
Elle s’était assise, heureusement. Ce qu’elle entendit avait de quoi déboussoler quiconque.
Résumons, messieurs. Ainsi, vous prétendez être Achille, le légendaire Achille tué à Troie, et vous Louis XIV. Vous auriez été ressuscités quelque part où l’on prie des pierres pour obtenir des choses…
Parfois, ça fonctionne très bien, assura Louis. Une fois j’avais demandé une brouette, j’ai reçu un seau. J’avais pas assez de monnaie d’échange. On se vole, on s’entretue mais nul ne meurt jamais chez nous, on renait ailleurs, plus loin.
C’était si gros, énorme qu’il était impossible que ce soit inventé.
Avez-vous la moindre idée de ce qui a provoqué ça ? Mon mari, ses amis pourraient-ils être chez vous ?
Ils n’en savaient rien de rien. Par contre le Loulou avait des idées bien arrêtées :
J’ai pu examiner vos installations culinaires. Si vos victuailles sont à l’avenant, je vais nous concocter un menu… royal ! Tu viens Chichille ?
Le sosie de Michael grogna, il voulait sa Sissi.
Quand vous dites Sissi, c’est quand même pas l’impératrice d’Autriche ?
Si, si…
Eh merde !
Incapable d’un mouvement, sciée de toute part, Alix vit le dogue argenté se matérialiser tandis que les visiteurs visitaient.
* Ginnungagap... Encore ?*
Apparemment certains amis en avaient été victimes. Erik fixait un rendez-vous, chez eux, le plus tôt possible.
Gestes d’automate. Alix se leva, gagna la cuisine investie par sa majesté et le prince des Myrmidons.
C’est génial, absolument magnifique ! Votre cuisine, chère dame Alix est tout à fait digne de moi. On trouve de tout. Vous priez beaucoup ?
Nous… nous n’avons pas à prier, sauf que notre compte ne soit pas à sec quand on place sa carte de crédit.
Wow ! Tu te rends compte, chichille ? Dommage qu’on n’ait pas ça au village. Désolé pour le bordel, Dame Alix. Je n’ai pas l’habitude des feux plats, ni de vos armoires.
Sur les genoux d’Achille deux gamins intrigués, mais ravis.
Elle alla à la cave à vin y déboucher une bouteille.
Bonté divine, c’était quoi un Ginnungagap ? Mais, surtout, comment on en sortait ?...
Alix Blackstorm- Admin
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Date d'inscription : 09/09/2013
Re: Aube nouvelle
Asseyez-vous, ma chère. Michael, je suis certaine que Lucas et Cécile aimeraient être poussés sur ces engins…
Les jumeaux n’avaient pas grand besoin de sa collaboration pour s’en donner à cœur joie mais se déclarèrent ravis de l’avoir. Tout en jouant à fond son rôle de père engagé Michael ne se privait pas de jeter des regards curieux vers les deux femmes restées en tête à tête. Tiens, Kieran semblait très satisfait, Alix pas trop mais Lady Marcia contrôlait parfaitement la situation…si bien qu’au bout d’un moment, allant en contre de ses habitudes, le petit quitta le noble giron et s’amena au petit trot.
Veux jouer aussi !, déclara t’il sans ambages, Papa pousse !
C’est nouveau, ça ! T’as pas assez avec Maman ?, grommela Lucas, fâché, Papa joue avec nous…et puis il va se casser et Maman va se fâcher tout rouge, s’il arrive quelque chose à son chouchou !
Michael secoua la tête en soupirant mais ne dit rien. Lucas continua à déblatérer amèrement jusqu’à ce que sa sœur n’opte pour lui taper dessus avant de se sauver avec son jumeau aux trousses.
*Cette petite est d’une rare sagesse, pas à dire…elle tient ça d’Alix…* Allez, mon grand…accroche toi bien, pas question que tu te fiches en l’air !
Kieran heureux !!!, piailla le gamin.
Autant en profiter. Ce fut une belle journée. Ils ressemblaient à une gentille famille tout ce qu’il y a de plus normale. Lucas sembla même oublier ses griefs contre le petit de la maison quand celui-ci, décida d’imiter tous ses faits et gestes tout en le couvant d’un regard d’adoration.
Il est marrant !...Pourquoi il fait ça ?
Parce qu’il t’aime…tu es son grand frère !, assura Michael en souhaitant que la belle entente dure encore un peu.
De l’entretien avec Lady Grey il ne sut rien. Alix ne laissa rien deviner de cette conversation, se limitant à poser des questions, somme toute très normales, sur la dame en question et clore l’enquête avec un commentaire amusé :
Ah, Psy à la retraite ? Tu penses qu’on a besoin d’une thérapie, mon chéri ? Moi pas !
*Non, pas de thérapie…un miracle serait déjà pas mal !*
Il commença à croire qu’il avait eu lieu, le miracle quand ils commencèrent à sortir plus souvent, parfois avec les enfants, parfois sans eux. Alix se mit à jouer au golf, se démarquant rapidement comme bien plus douée que lui, même si elle faisait des efforts pour ne pas gagner à tous les coups alors que Michael se fichait royalement d’être le dernier des golfeurs abrutis…il était heureux, tout simplement !
Et puis l’invitation d’Opal. Son frère favori se mariait avec la petite Miko. Occasion à ne pas rater, d’autant plus que tous les bons amis y seraient réunis. Lady Marcia aidant, l’idée prit bellement et en cette belle journée estivale on se mit en chemin avec la joyeuse marmaille, un brin surexcitée.
Départ impeccable. Il rigolait encore de la trouille d’Alix quand « ça » se passa.
Parti en voiture, se prendre un billet de sol dur et caillouteux ne fut pas la joie. Dès cette seconde Michael eut la certitude que quelque chose avait sévèrement foiré.
C’était peu dire !
Non mais, on y sera encore demain avec ce fichu puits…tu n’allais pas le bouger, ce caillou ?
*HEIN !?*
Il se releva en jurant et accorda enfin un regard outré à celui qui l’interpellait si rudement. Un bonhomme barbu, l’air pas commode.
C’est à moi que vous parlez ?
Arrête tes conneries, Achille…ça suffit…et puis t’as fait quoi de tes fringues…et tes cheveux ?
Euh…vous allez m’excuser mais suis pas…Achille…mais Michael…Michael De Brent ! Je ne sais pas ce…et puis…on est où, là ?, parce que, décidément le paysage ne correspondait pas du tout aux alentours de Kelamera, vous êtes… ?
Minute de silence, pour se jauger à souhait. Du coup le bonhomme semblait un peu décontenancé et Michael se disait que le Portoloin avait joué un sale tour mais pas trace d’Alix ni des enfants, par contre, un peu plus loin Max Von Falkenberg était aux prises avec une jeune femme énervée.
*Qu’est-ce que c’est tout ça !?*
Il en était à cette réflexion quand une autre femme entra en scène. Une beauté remarquable, pas à dire, sembla prête à lui sauter au cou mais refréna l’élan en le regardant, ahurie.
Achille ?...Mon Dieu…tes cheveux…tes habits…
Qu’est-ce qu’ils avaient tous à foutre avec ses cheveux, sa mise et cet Achille ?
Ben, c’est clair…suis pas le tel Achille…, des larmes embuèrent ce regard sublime et il s’en voulut de la chagriner, désolé…suis Michael…pas…ah bon ? Votre mari…Ben non, décidément pas…
Von Falkenberg s’en mêlant corrobora sa version, reconnut la beauté brune comme étant Sissi, l’impératrice et le bonhomme mal luné finit par se présenter : Sir Richard Burton, célèbre explorateur anglais du…19ème siècle.
*Dois m’asseoir…j’ai mal au crâne…c’est un mauvais rêve…* Où…sont ma femme…mes enfants ?
La question du siècle. On le regarda avec une certaine pitié, Max avait le même problème mais prenait les choses avec une tranquillité écœurante s’enquérant même sur le boulot à faire.
ÇA SUFFIT AVEC ÇA !!! On ne bouge pas avant de nous avoir dit…TOUT !!!
L’impératrice autrichienne semblant assez convaincue de ses dires déballa une histoire sidérante où il était question de mort, résurrection, immortalité dans un monde étrange où on faisait des rencontres improbables autrement mais aussi celle d’un autre groupe se trouvant là sans plus d’explications après un naufrage ou vol foireux. Maintenant, ils étaient tous réunis au « Village »…
QUOI ?...Louis de France…et le tel Achille…celui de Troie ?...Vous la vraie Sissi…Par Merlin, c’est…absurde !
Vous êtes bien là, non !?, reprit Sir Richard avec morgue, ici, on se pose plus de questions…c’est ainsi…on accepte ! Je pense qu’on oublie le puits pour aujourd’hui et on rentre au village.
Enfin une idée acceptable, qui en fin de comptes n’arrangea absolument rien. Le fameux village était, en tous sens, un lieu idyllique. Oasis de luxe et confort, avec ses pimpantes villas, ses rues bien tracées, ses jardins bien soignés. On les emmena au centre névralgique du bled, pas exactement pour leur offrit à boire ou manger, ce qui aurait été bienvenu après une marche de quelques kilomètres sous un soleil de plomb, mais pour els soumettre, par séparé, à un interrogatoire dans toutes les règles de l’art. Sir Richard avait résumé les faits avec un laconisme admirable.
Achille et Alpha ont disparu et à la place on se retrouve avec ces deux-là !
Déjà ça de gagné, on ne pensait plus qu’il était le légendaire héros de Troie ! Il eut droit au Big Boss du coin, un colonel des US Marines. Pas exactement le genre de gars commode, mais plus accessible que le rude explorateur anglais. Finalement être du même siècle rapproche les gens !
Non, colonel, je ne sais pas grâce à quel subterfuge je me trouve ici, croyez-moi ! Oui, des trucs bizarres je connais mais ceci, soyons francs me dépasse un peu…je me rendais en Australie, avec ma famille…*Je dis en Portoloin et il me descend !*…en avion, bien sûr…privé…NON ! Pas de crash…Nous arrivions déjà…Oui, j’ai entendu une histoire incroyable aussi…comme quoi, suis pas le seul à ne pas avoir la moindre idée de comment être arrivé ici…Non, Max n’était pas avec nous…On devait se retrouver là-bas…
Reardon, c’était le nom du Chef, n’allait pas par quatre chemins ni emmêlait ses pinceaux. L’affaire était d’un simple à faire peur : une fois sur place pas question de se faire des idées, il n’y avait aucune communication avec le monde extérieur, aucune façon de le rejoindre.
Bien entendu, les portables ne fonctionnaient pas, et la magie, essayée discrètement ne donna rien de concluant non plus, juste des sortilèges mineurs…
Comme quoi, il fallait assumer. Au moins personne ne commit l’impair de lui demander de s’y résigner, à sa nouvelle condition de perdu dans le temps et l’espace. Il était là, à la place d’un héros de légende mort 30 siècles auparavant, la question se posait : Il était passé où, le fameux Achille ?
Sissi, pas plus résignée que lui, crut quand même bon le mettre en antécédents. Oui, Achille et lui se ressemblaient à s’y méprendre, plutôt flatteur de ce côté-là, mais le grec était un héros mythologique, demi-dieu et tout le baratin, lui il n’était qu’un ex forces spéciales enclin à se trouver dans des pétrins pas possibles…entre autres paumer sa famille au grand complet et se retrouver Merlin sait où sans espoir de s’en sortir !
Faute de mieux, vive la bonne organisation. On n’allait pas le jeter au cachot ni les maintenir en isolation. Ils n’étaient pas plus suspects de quoique ce soit que le reste des habitants, aux dires de Reardon et puisque Max et lui étaient amis autant les loger ensemble.
La belle petite villa avec tout le confort possible, sa piscine et le reste.
Belle cuisine…frigo plein…armoires idem…tu sais faire la cuisine, toi ?
Leurs talents culinaires réunis ne donnaient pas au-delà de préparer une soupe instantanée ou ouvrir une boîte de conserves. Mais s’ils manquaient d’aptitudes on ne pouvait pas dire de même pour l’appétit. Triste installation. Sus au congélateur, malheureusement aussi vide que prévu. Triste dîner, déjà qu’ils étaient au 36ème dessous, aller dormir affamés…
Pour le petit déj, au moins il y avait du café et ils n’étaient pas trop exigeants…On leur ficha la paix pendant la journée mais fin aprem la dalle faisait des ravages…
Un coup de sonnette mit fin à leur élucubrations de misère gastronomique.
La blonde la plus craquante qui soit se tenait sur le seuil en compagnie d’une grande perche rousse au sourire avenant.
On s’est dit, assura la rouquine, qu’en nouveaux arrivants vous deviez être un peu…à côté de la plaque…Sissi a préparé un repas divin…vous voulez nous rejoindre ?…On habite tout près…ah, voici Hélène…reine de Sparte et je suis Amelia Earhart…
AH !, oui, il y a des fois où on reste sans mots.
Je sais, rigola Amelia, ça fout un drôle de coup au début…on s’y fait…dommage que vous ratiez Louis, celui-là, un sacré numéro…il est avec Achille, sans doute…
Le Quatorzième du nom, énonça fièrement la blonde, mon mari…
*Oui…ma foi, pourquoi pas ?*…Encore des personnages de haut renom dans votre…cercle d’amitiés ?
Apparemment non. Comme si ce n’était pas assez comme ça. Par contre, la rouquine laissa filtrer une information très, très intéressante.
Il y a un autre couple, arrivé hier aussi…avec des enfants…c’est merveilleux…on n’a jamais vu d’enfants dans ce monde…Ça a provoqué un tohubohu de fin de monde parce que lui il est identique à notre Maire…et elle c’est la femme de Cromwell…par contre ils jurent être un lord et une lady anglais…
Michael échangea un regard d’intelligence avec son compagnon d’infortune.
Et…ils seront au repas ?, voulut-il savoir.
Je ne le pense pas…Ils ne veulent pas quitter leur maison…je crois qu’ils sont bouleversés…, admit Hélène.
Il y a bien de quoi…et ils habitent…près d’ici ?
En fait, deux maisons plus loin. Miss Earhart et la reine de Sparte furent assez surprise de voir les deux hommes filer sans attendre plus d’explications.
Seigneur Dieu, que Justin était un peu pâle. Pendant 10 secondes Michael regarda son ami de toute la vie, son pote de toujours sans pouvoir presque donner crédit à ses yeux avant de le saisir dans une accolade d’ours.
Bon sang, Justin Davenport…qu’est-ce que tu fous ici ?...Et Sam ? Et les petits ???
Ils étaient tous là assez dépassés.
Ben, on est tous dans le même pétrin…oui, on a débarqué hier, non…seuls…sais pas pour Alix ni les enfants…pas plus que Max pour sa famille…au début ils juraient que j’étais Achille…Max, un extraterrestre…et si ce n’était que ça… on vient de rencontrer Amelia Earhart, Hélène de Troie…et hier Sir Richard Burton et Sissi…on est plein délire, Justin…et on est foutus !...Mais en attendant, on est tous invités à un dîner de bienvenue…Euh…Bon, tu me diras…qu’on soit en pleine embrouille temporelle signifie pas qu’on doive mourir de faim…et Max est aussi minable que moi en cuisine…
Faut rester pratiques, c’est important pour maintenir le moral ! Surtout qu’après la bienvenue il fallut passer droit au jour le jour. On ne restait pas là à se tourner les pouces, il fallait savoir se rendre utile.
Achille et Alpha étaient instructeurs de la Milice, quelles sont vos compétences, Michael ?
Il rejoignit la Milice sans détours…Max lui, alla tout de go creuser des puits…comme quoi, paradoxe temporel ou pas…
Les jumeaux n’avaient pas grand besoin de sa collaboration pour s’en donner à cœur joie mais se déclarèrent ravis de l’avoir. Tout en jouant à fond son rôle de père engagé Michael ne se privait pas de jeter des regards curieux vers les deux femmes restées en tête à tête. Tiens, Kieran semblait très satisfait, Alix pas trop mais Lady Marcia contrôlait parfaitement la situation…si bien qu’au bout d’un moment, allant en contre de ses habitudes, le petit quitta le noble giron et s’amena au petit trot.
Veux jouer aussi !, déclara t’il sans ambages, Papa pousse !
C’est nouveau, ça ! T’as pas assez avec Maman ?, grommela Lucas, fâché, Papa joue avec nous…et puis il va se casser et Maman va se fâcher tout rouge, s’il arrive quelque chose à son chouchou !
Michael secoua la tête en soupirant mais ne dit rien. Lucas continua à déblatérer amèrement jusqu’à ce que sa sœur n’opte pour lui taper dessus avant de se sauver avec son jumeau aux trousses.
*Cette petite est d’une rare sagesse, pas à dire…elle tient ça d’Alix…* Allez, mon grand…accroche toi bien, pas question que tu te fiches en l’air !
Kieran heureux !!!, piailla le gamin.
Autant en profiter. Ce fut une belle journée. Ils ressemblaient à une gentille famille tout ce qu’il y a de plus normale. Lucas sembla même oublier ses griefs contre le petit de la maison quand celui-ci, décida d’imiter tous ses faits et gestes tout en le couvant d’un regard d’adoration.
Il est marrant !...Pourquoi il fait ça ?
Parce qu’il t’aime…tu es son grand frère !, assura Michael en souhaitant que la belle entente dure encore un peu.
De l’entretien avec Lady Grey il ne sut rien. Alix ne laissa rien deviner de cette conversation, se limitant à poser des questions, somme toute très normales, sur la dame en question et clore l’enquête avec un commentaire amusé :
Ah, Psy à la retraite ? Tu penses qu’on a besoin d’une thérapie, mon chéri ? Moi pas !
*Non, pas de thérapie…un miracle serait déjà pas mal !*
Il commença à croire qu’il avait eu lieu, le miracle quand ils commencèrent à sortir plus souvent, parfois avec les enfants, parfois sans eux. Alix se mit à jouer au golf, se démarquant rapidement comme bien plus douée que lui, même si elle faisait des efforts pour ne pas gagner à tous les coups alors que Michael se fichait royalement d’être le dernier des golfeurs abrutis…il était heureux, tout simplement !
Et puis l’invitation d’Opal. Son frère favori se mariait avec la petite Miko. Occasion à ne pas rater, d’autant plus que tous les bons amis y seraient réunis. Lady Marcia aidant, l’idée prit bellement et en cette belle journée estivale on se mit en chemin avec la joyeuse marmaille, un brin surexcitée.
Départ impeccable. Il rigolait encore de la trouille d’Alix quand « ça » se passa.
Parti en voiture, se prendre un billet de sol dur et caillouteux ne fut pas la joie. Dès cette seconde Michael eut la certitude que quelque chose avait sévèrement foiré.
C’était peu dire !
Non mais, on y sera encore demain avec ce fichu puits…tu n’allais pas le bouger, ce caillou ?
*HEIN !?*
Il se releva en jurant et accorda enfin un regard outré à celui qui l’interpellait si rudement. Un bonhomme barbu, l’air pas commode.
C’est à moi que vous parlez ?
Arrête tes conneries, Achille…ça suffit…et puis t’as fait quoi de tes fringues…et tes cheveux ?
Euh…vous allez m’excuser mais suis pas…Achille…mais Michael…Michael De Brent ! Je ne sais pas ce…et puis…on est où, là ?, parce que, décidément le paysage ne correspondait pas du tout aux alentours de Kelamera, vous êtes… ?
Minute de silence, pour se jauger à souhait. Du coup le bonhomme semblait un peu décontenancé et Michael se disait que le Portoloin avait joué un sale tour mais pas trace d’Alix ni des enfants, par contre, un peu plus loin Max Von Falkenberg était aux prises avec une jeune femme énervée.
*Qu’est-ce que c’est tout ça !?*
Il en était à cette réflexion quand une autre femme entra en scène. Une beauté remarquable, pas à dire, sembla prête à lui sauter au cou mais refréna l’élan en le regardant, ahurie.
Achille ?...Mon Dieu…tes cheveux…tes habits…
Qu’est-ce qu’ils avaient tous à foutre avec ses cheveux, sa mise et cet Achille ?
Ben, c’est clair…suis pas le tel Achille…, des larmes embuèrent ce regard sublime et il s’en voulut de la chagriner, désolé…suis Michael…pas…ah bon ? Votre mari…Ben non, décidément pas…
Von Falkenberg s’en mêlant corrobora sa version, reconnut la beauté brune comme étant Sissi, l’impératrice et le bonhomme mal luné finit par se présenter : Sir Richard Burton, célèbre explorateur anglais du…19ème siècle.
*Dois m’asseoir…j’ai mal au crâne…c’est un mauvais rêve…* Où…sont ma femme…mes enfants ?
La question du siècle. On le regarda avec une certaine pitié, Max avait le même problème mais prenait les choses avec une tranquillité écœurante s’enquérant même sur le boulot à faire.
ÇA SUFFIT AVEC ÇA !!! On ne bouge pas avant de nous avoir dit…TOUT !!!
L’impératrice autrichienne semblant assez convaincue de ses dires déballa une histoire sidérante où il était question de mort, résurrection, immortalité dans un monde étrange où on faisait des rencontres improbables autrement mais aussi celle d’un autre groupe se trouvant là sans plus d’explications après un naufrage ou vol foireux. Maintenant, ils étaient tous réunis au « Village »…
QUOI ?...Louis de France…et le tel Achille…celui de Troie ?...Vous la vraie Sissi…Par Merlin, c’est…absurde !
Vous êtes bien là, non !?, reprit Sir Richard avec morgue, ici, on se pose plus de questions…c’est ainsi…on accepte ! Je pense qu’on oublie le puits pour aujourd’hui et on rentre au village.
Enfin une idée acceptable, qui en fin de comptes n’arrangea absolument rien. Le fameux village était, en tous sens, un lieu idyllique. Oasis de luxe et confort, avec ses pimpantes villas, ses rues bien tracées, ses jardins bien soignés. On les emmena au centre névralgique du bled, pas exactement pour leur offrit à boire ou manger, ce qui aurait été bienvenu après une marche de quelques kilomètres sous un soleil de plomb, mais pour els soumettre, par séparé, à un interrogatoire dans toutes les règles de l’art. Sir Richard avait résumé les faits avec un laconisme admirable.
Achille et Alpha ont disparu et à la place on se retrouve avec ces deux-là !
Déjà ça de gagné, on ne pensait plus qu’il était le légendaire héros de Troie ! Il eut droit au Big Boss du coin, un colonel des US Marines. Pas exactement le genre de gars commode, mais plus accessible que le rude explorateur anglais. Finalement être du même siècle rapproche les gens !
Non, colonel, je ne sais pas grâce à quel subterfuge je me trouve ici, croyez-moi ! Oui, des trucs bizarres je connais mais ceci, soyons francs me dépasse un peu…je me rendais en Australie, avec ma famille…*Je dis en Portoloin et il me descend !*…en avion, bien sûr…privé…NON ! Pas de crash…Nous arrivions déjà…Oui, j’ai entendu une histoire incroyable aussi…comme quoi, suis pas le seul à ne pas avoir la moindre idée de comment être arrivé ici…Non, Max n’était pas avec nous…On devait se retrouver là-bas…
Reardon, c’était le nom du Chef, n’allait pas par quatre chemins ni emmêlait ses pinceaux. L’affaire était d’un simple à faire peur : une fois sur place pas question de se faire des idées, il n’y avait aucune communication avec le monde extérieur, aucune façon de le rejoindre.
Bien entendu, les portables ne fonctionnaient pas, et la magie, essayée discrètement ne donna rien de concluant non plus, juste des sortilèges mineurs…
Comme quoi, il fallait assumer. Au moins personne ne commit l’impair de lui demander de s’y résigner, à sa nouvelle condition de perdu dans le temps et l’espace. Il était là, à la place d’un héros de légende mort 30 siècles auparavant, la question se posait : Il était passé où, le fameux Achille ?
Sissi, pas plus résignée que lui, crut quand même bon le mettre en antécédents. Oui, Achille et lui se ressemblaient à s’y méprendre, plutôt flatteur de ce côté-là, mais le grec était un héros mythologique, demi-dieu et tout le baratin, lui il n’était qu’un ex forces spéciales enclin à se trouver dans des pétrins pas possibles…entre autres paumer sa famille au grand complet et se retrouver Merlin sait où sans espoir de s’en sortir !
Faute de mieux, vive la bonne organisation. On n’allait pas le jeter au cachot ni les maintenir en isolation. Ils n’étaient pas plus suspects de quoique ce soit que le reste des habitants, aux dires de Reardon et puisque Max et lui étaient amis autant les loger ensemble.
La belle petite villa avec tout le confort possible, sa piscine et le reste.
Belle cuisine…frigo plein…armoires idem…tu sais faire la cuisine, toi ?
Leurs talents culinaires réunis ne donnaient pas au-delà de préparer une soupe instantanée ou ouvrir une boîte de conserves. Mais s’ils manquaient d’aptitudes on ne pouvait pas dire de même pour l’appétit. Triste installation. Sus au congélateur, malheureusement aussi vide que prévu. Triste dîner, déjà qu’ils étaient au 36ème dessous, aller dormir affamés…
Pour le petit déj, au moins il y avait du café et ils n’étaient pas trop exigeants…On leur ficha la paix pendant la journée mais fin aprem la dalle faisait des ravages…
Un coup de sonnette mit fin à leur élucubrations de misère gastronomique.
La blonde la plus craquante qui soit se tenait sur le seuil en compagnie d’une grande perche rousse au sourire avenant.
On s’est dit, assura la rouquine, qu’en nouveaux arrivants vous deviez être un peu…à côté de la plaque…Sissi a préparé un repas divin…vous voulez nous rejoindre ?…On habite tout près…ah, voici Hélène…reine de Sparte et je suis Amelia Earhart…
AH !, oui, il y a des fois où on reste sans mots.
Je sais, rigola Amelia, ça fout un drôle de coup au début…on s’y fait…dommage que vous ratiez Louis, celui-là, un sacré numéro…il est avec Achille, sans doute…
Le Quatorzième du nom, énonça fièrement la blonde, mon mari…
*Oui…ma foi, pourquoi pas ?*…Encore des personnages de haut renom dans votre…cercle d’amitiés ?
Apparemment non. Comme si ce n’était pas assez comme ça. Par contre, la rouquine laissa filtrer une information très, très intéressante.
Il y a un autre couple, arrivé hier aussi…avec des enfants…c’est merveilleux…on n’a jamais vu d’enfants dans ce monde…Ça a provoqué un tohubohu de fin de monde parce que lui il est identique à notre Maire…et elle c’est la femme de Cromwell…par contre ils jurent être un lord et une lady anglais…
Michael échangea un regard d’intelligence avec son compagnon d’infortune.
Et…ils seront au repas ?, voulut-il savoir.
Je ne le pense pas…Ils ne veulent pas quitter leur maison…je crois qu’ils sont bouleversés…, admit Hélène.
Il y a bien de quoi…et ils habitent…près d’ici ?
En fait, deux maisons plus loin. Miss Earhart et la reine de Sparte furent assez surprise de voir les deux hommes filer sans attendre plus d’explications.
Seigneur Dieu, que Justin était un peu pâle. Pendant 10 secondes Michael regarda son ami de toute la vie, son pote de toujours sans pouvoir presque donner crédit à ses yeux avant de le saisir dans une accolade d’ours.
Bon sang, Justin Davenport…qu’est-ce que tu fous ici ?...Et Sam ? Et les petits ???
Ils étaient tous là assez dépassés.
Ben, on est tous dans le même pétrin…oui, on a débarqué hier, non…seuls…sais pas pour Alix ni les enfants…pas plus que Max pour sa famille…au début ils juraient que j’étais Achille…Max, un extraterrestre…et si ce n’était que ça… on vient de rencontrer Amelia Earhart, Hélène de Troie…et hier Sir Richard Burton et Sissi…on est plein délire, Justin…et on est foutus !...Mais en attendant, on est tous invités à un dîner de bienvenue…Euh…Bon, tu me diras…qu’on soit en pleine embrouille temporelle signifie pas qu’on doive mourir de faim…et Max est aussi minable que moi en cuisine…
Faut rester pratiques, c’est important pour maintenir le moral ! Surtout qu’après la bienvenue il fallut passer droit au jour le jour. On ne restait pas là à se tourner les pouces, il fallait savoir se rendre utile.
Achille et Alpha étaient instructeurs de la Milice, quelles sont vos compétences, Michael ?
Il rejoignit la Milice sans détours…Max lui, alla tout de go creuser des puits…comme quoi, paradoxe temporel ou pas…
Michael De Brent- Messages : 76
Date d'inscription : 08/09/2013
Re: Aube nouvelle
Au final cet Achille n’était pas trop méchant. Il était fâché, chose normale somme toute. Par contre Alix se serait bien passée d’hériter de la prime Louis XIV. Quelle barbe celui-là !
Les deux étrangers étaient fascinés par les enfants, Achille particulièrement par Kieran, allez savoir pourquoi. Mais pas le temps de se poser plus de questions : il fallait retourner en Australie.
Mes serviteurs vont s’occuper des enfants durant notre absence.
On va en Australie ? Chic, j’ai entendu parler des kangourous. On en verra ?
*Si je peux t’enfermer dans une de leur poche, oh oui !*
Veuillez prendre ceci pour le voyage.
Elle mêla une drogue somnifère au vin offert. Dans un bel ensemble, ils refusèrent de boire.
Ce n’est pas du poison. C’est contre le mal des transports.
On y a comment ? Pas la porte à côté l’Australie, nota Loulou.
Avec ça ! Grosdodo !
Inutile de leur montrer la magie pour l’instant. S’ils repartaient aussi vite qu’arrivés à quoi bon ?
Elle les réveilla à peine au sol près de la ferme des Nielsen.
Mes amis habitent là. Vous devriez y rencontrer les vôtres.
Ils furent très heureux des retrouvailles comme on peut l’imaginer. Chez nos amis, l’humeur était partagée. Apparemment, le type qui ressemblait à Justin, flanqué de la femme ressemblant à Sam, avait posé des jalons convaincants. Ysaline arriva avec un Alpha 247 qu’elle n’osait pas réveiller. Selon ses potes, il serait compréhensif si correctement traité. On osa, non sans lever ses baguettes. Tout se passa bien. On palabra beaucoup. Nul ne savait comment aboutir à une solution. Il y eut un blanc affreux quand le petit futé de Loulou clama :
Vous n’avez qu’à faire un de vos trucs de sorciers car c’est bien ce que vous êtres, non : des sorciers ?
Il était fasciné, les autres ahuris. Pourtant Ysaline n’hésita pas à rendre Louis telle une carpe hors de l’eau :
*Bien fait pour lui !*
Erik proposa de tous chercher des infos sur le fameux phénomène, de se contacter en cas de trouvailles ou de pépins avec les hérités. Louis refusa de repartir d’un si beau restaurant. Même les injonctions d’Achille n’y firent rien.
Que veux-tu faire, Achille, rester avec tes amis ou rentrer avec moi aux Bermudes. Moi, je dois y aller, mes enfants…
Être débarrassé de Louis l’agréait grandement, le portoloin beaucoup moins.
Il se reposa dans la chambre préparée par les elfes discrets ; elle dévora ses encyclopédies des heures durant. Au matin, elle prépara un solide petit déjeuner ainsi que des objets de toilettes pour l’invité à la porte duquel elle frappa doucement :
Achille, faudrait se lever.(Pas de réaction) Achille, tu m’entends ? ( Rien)
Elle soupira et entra, trouvant la pièce vide.
*Merde, il a filé !*
Déjà, elle imaginait n’importe quoi quand son regard se déporta vers la baie ouverte sur la piscine.
Là, riants, elle eut la stupeur de voir Achille barboter dans l’eau avec… Kieran.
Son sang de mère-poule ne fit qu’un tour, la jetant dehors, affolée :
Sortez de là, rendez-moi mon fils !
Qu’est-ce que je fais de mal ? On joue. Il adore ça !
Kieran ne sait pas nager et… et vous êtes tout nu !
Lui aussi, et alors ?
S’il te plait Achille, sors de là, rends-le moi.
Ce serait bien s’il le noyait, non ? persifla Lucas venu sur la terrasse en pyjama.
Dieu tout puissant, qu’avait dit Lucas ? Elle était paf mais la réaction d’Achille fut terrifiante. Dressé soudain, impudique, tenant toujours Kieran dans ses bras très musclés, il aboya :
Et si on échangeait ?
Avant qu’elle ait pu intervenir, Alix reçut Kieran contre son giron tandis qu’Achille s’emparait de Lucas. Il le maintint suspendu par le talon, la tête au ras de l’eau :
Tu veux voir ce que ça fait de se noyer ? Ma mère, ma propre mère m’a tenu ainsi jusqu’à ce que je suffoque. C’est ce que tu veux, Lucas ?
Merde, où était sa baguette. Paniquée comme jamais, Alix plaida à défaut de mieux :
C’est un enfant ! Il ne le pensait pas. Laisse-le, laisse-le !
Pas avant qu’il ne comprenne la leçon.
La tête blonde coula, le ver gigota au bout de la perche qui ne lâcha pas.
Dès qu’il fit surface, Lucas brailla :
MAMAAANN !!!
Que faire ? Courir chercher sa baguette mais cet hurluberlu risquait de…
Lucas, oui ou non vas-tu ficher la paix à ton frère ?
Non, toussa le mioche. C’est pas mon frère. Je veux qu’il parte.
Tout doucement, l’angoisse d’Alix céda cran après cran, pseudo noyade se succédant. Après tout… une méthode en valait bien une autre, non ?
Cécile était très pâle, son petit menton tremblait. Bikita et Lormar faisant fi de l’interdit d’apparaître se postèrent en défense.
Attendez, souffla Alix.
À la cinquième suffocation, Lucas pleura :
J’ai compris, j’ai compris. Je ne ferai pas de mal à mon frère, jamais !
C’est sûr ou c’est un mensonge ?
Par sécurité, Achille noya à nouveau l’enfant quelques secondes avant de le rejeter sur le bord. Alix se précipita, réceptionna le maté, émit un sourire mitigé au héros, et rentra avec sa marmaille.
Elle dut cajoler longuement le gamin encore vert de trouille.
Mais non, il ne voulait pas vraiment te tuer mon chéri. Il voulait juste que tu captes que Kieran est un membre de cette famille au même rang que toi et ta sœur sinon, tu penses bien que je l’aurais abattu.
Tu… tu l’aurais fait ?
Des plis de sa robe, elle sortit un couteau de cuisine :
C’est tout ce que j’avais, mais je l’aurais fait si tu avais été en danger réel. Il faut que tu cesses de détester Kieran. Lui, il t’aime beaucoup. Si vous vous entendiez, ce serait merveilleux…
Mais mon papa, quand est-ce qu’il revient ?
On cherche une solution, mon cœur. Il reviendra, c’est promis.
Juré ?
Juré.
Tandis que Bikita s’occupait des enfants, Alix gonflée d’amertume, se rendit à la cuisine où Achille happait tout ce qui était mangeable. Devant le visage fermé d’Alix, il suspendit tout geste mais ne s’excusa en rien. Il sentait bien que ça n’allait pas mais ne savait pas comment arrondir les angles avec une sorcière. Posément, Alix s’assit et alluma une cigarette. Regard de travers :
Je fume peu mais quand je suis énervée, ça m’arrive.
Ah… C’est comme ça que tu es énervée, Alix ?
Tu n’as encore rien vu et je te souhaite de ne pas le savoir. Dans un sens, j’ai pigé tes intensions avec Lucas, raison pour laquelle tu vis encore sous ce toit. Mais je t’en prie, mange ! Moi, je m’en passe très bien.
Pas très à l’aise, Achille obtempéra non sans surveiller faits et gestes de cette brune étrange.
Parle-moi du monde du fleuve, Achille…
On causa, causa beaucoup, chacun s’apaisant au fil de la conversation.
Bien, j’ai tout enregistré, pigé, capté si tu préfères. Maintenant, séance de coiffure.
Non !
C’est ce que l’on verra ! Lormar !
Lorsque l’elfe apparut qui eut cru qu’un héros antique pouvait verdir ?
Voici mon très fidèle serviteur, il va te coiffer exactement comme Michael. Un conseil, laisse-toi faire. Bon courage !
Alix s’occupa de ses enfants avec bonheur en imaginant la bataille dans la salle de bains. Kieran, indéfectiblement ravi de tout ne conservait aucune séquelle de l’incident. Lucas faisait profil bas, Cécile soupirait en réclamant son père.
On s’y emploie ma puce. On va…
Arrêt sur image : un patronus de berger australien. Opal se manifestait.
Pour des raisons pas trop claires, Erik l’expédiait en Suède. Elle ne voulait pas y aller seule…
Au chien argenté, elle confia :
Ok, je m’arrange ici. On se retrouve à Stockholm là où tu dis descendre.
Le temps de gérer prit son temps. La coupe d’Achille accentuait sa ressemblance avec Michael, de quoi être déboussolée, les enfants aussi, sauf Kieran qui rigola comme un bossu.
Je vais m’absenter Achille. Je vais en Suède chercher des infos sur le phénomène. Puis-je escompter qu’aucun dommage n’arrivera. Tu sais, on reçoit très peu ici. Puis, il y a Bikita et Lormar. Je te rassure ( sourire sadique) elle est pire que son mari question discipline !
Réception du grand hôtel
Fabuleux établissement en front de mer, le grand hôtel offrait plus que toutes les disponibilités à sa clientèle de luxe. Alix ne s’y sentait pas dépaysée du tout mais regrettait encore plus amèrement l’absence de Michael avec qui ce petit séjour aurait été sans doute fabuleux.
Un domestique stylé la conduisit à la salle de restaurant où, déjà, Opal l’attendait. Elle s’assit, commanda un apéritif et soupira :
Pourquoi ici ? Pourquoi Erik ne… ?
Opal rigola, son époux simplement jaloux, ne voulait qu’elle soit trop souvent en contact avec Chesterfield qu’il avait toutes les peines du monde à décider de rentre en Angleterre y reprendre ses fonctions de ministre de la magie. Ce fut au tour d’Alix de se marrer franchement :
Un ministre moldu au plus haut siège ? C’est trop gag. Et Sam, enfin Maya, reprendrait le « sense » ? Belle pagaille ! Et chez vous, qui dirige le resto ?... AH ? Tu le laisses faire ?... ok, c’est toi qui vois. Mais nous, on fait quoi, là ?
Elles étaient déléguées à rechercher des documents anciens. Bien entendu, Erik escomptait sur les talents d’Alix pour les déchiffrer dans quelques langues qu’ils soient.
Hey, on ne m’a pas dit d’emporter ma panoplie de potionniste !! Faudra faire des emplettes.
On déjeuna puis se mit en route à pied.
La vieille ville correspondait assez bien au vieux Londres. Repérer une enseigne particulière leur prit peu de temps. Seuls des sorciers pouvaient entrer dans cette soi-disant boutique d’antiquités qui, sitôt la porte refermée ne correspondait en rien au lieu supposé. Une sorte de hall avec un vieux bureau derrière lequel un homme âgé : le concierge.
Bienvenue à Stockholm, mesdames. Qui dois-je enregistrer ?
Wow, il parlait anglais ou ce lieu traduisait-il instantanément les paroles ? Peu importait.
S’enregistrer ? Pourquoi ?
Vous comprendrez qu’après les bouleversements de ces dernières années, nous sommes devenus très prudents quant à qui admettre ici.
Elles déclinèrent leur identité, durent imprimer le registre de la pointe de leur baguette puis franchirent la porte du fond qui s’ouvrit d’elle-même à leur approche.
La rue principale du centre commercial sorcier était plaisante, moins poussiéreuse que le chemin de Traverse. Plusieurs boutiques se visitèrent successivement. Alix ne résista pas dans l’achat d’ingrédients introuvables chez eux :
Oh ! Vous avez de la poudre de cœur de Norvégien ! J’en prends 10 grammes !...
Et ainsi de suite non sans omettre les ingrédients nécessaires à la fabrication de la potion traductrice des langues étrangères.
Le dernier boutiquier visité soupira en constatant les emplettes des « touristes » :
Mesdames, mesdames, pourquoi ne pas d’entrée m’avoir dit ce que vous désiriez élaborer ? J’ai ici un flacon tout préparé. Trois gouttes à répéter toutes les deux heures de lecture. Le prix est élevé mais si l’on fait le bilan des autres liqueurs, poudres prévues, vous y gagnerez, surtout en temps.
Tope-la ! Emballé, vendu. Sus aux librairies et bibliothèques.
Jamais, elles ne dissimulèrent leurs intentions : trouver des livres traitant du ginnungagap. Souvent, on les regarda de travers, mais bon. Des ouvrages, elles en parcoururent, des kilomètres aussi. Crevées, nanties de quelques bouquins et de photocopies, elles rentrèrent dans leur somptueuse suite.
Il n’y a rien de flagrant là-dedans ! Erik aurait dû s’y mettre lui-même puisqu’il a l’air de savoir que chercher.
En fait il l’ignorait mais ne pouvait vraiment pas déserter l’Australie dans un moment pareil.
Le lendemain, rebelotte. Cette fois, les belles-sœurs arpentèrent les pavés de la ville moderne. Bibliothèques, documents, microfiches, de quoi s’arracher doigts et yeux.
Soudain, après le déjeuner, alors que chacune était à un poste de travail, Opal l’appela, surexcitée.
Elle consultait alors une antiquité traitant des légendes.
J’avais feuilleté celui-là hier mais pas en microfiche !
Alix avait raté ce passage particulier la veille, vers 20 heures, sans doute épuisée.
Ce n’était peut-être pas le Pérou, le jackpot, mais peut-être qu’Erik en saurait plus en lisant.
On photocopia rapidement puis rentra à l’hôtel payer la note.
Je ne peux pas m’absenter davantage, tu comprends ? Je crève de trouille en imaginant ce qui peut se passer chez moi avec les enfants et… cet homme. Si vous trouvez quelque chose, prévenez-moi, ok ?
Un bisou, bye.
Les deux étrangers étaient fascinés par les enfants, Achille particulièrement par Kieran, allez savoir pourquoi. Mais pas le temps de se poser plus de questions : il fallait retourner en Australie.
Mes serviteurs vont s’occuper des enfants durant notre absence.
On va en Australie ? Chic, j’ai entendu parler des kangourous. On en verra ?
*Si je peux t’enfermer dans une de leur poche, oh oui !*
Veuillez prendre ceci pour le voyage.
Elle mêla une drogue somnifère au vin offert. Dans un bel ensemble, ils refusèrent de boire.
Ce n’est pas du poison. C’est contre le mal des transports.
On y a comment ? Pas la porte à côté l’Australie, nota Loulou.
Avec ça ! Grosdodo !
Inutile de leur montrer la magie pour l’instant. S’ils repartaient aussi vite qu’arrivés à quoi bon ?
Elle les réveilla à peine au sol près de la ferme des Nielsen.
Mes amis habitent là. Vous devriez y rencontrer les vôtres.
Ils furent très heureux des retrouvailles comme on peut l’imaginer. Chez nos amis, l’humeur était partagée. Apparemment, le type qui ressemblait à Justin, flanqué de la femme ressemblant à Sam, avait posé des jalons convaincants. Ysaline arriva avec un Alpha 247 qu’elle n’osait pas réveiller. Selon ses potes, il serait compréhensif si correctement traité. On osa, non sans lever ses baguettes. Tout se passa bien. On palabra beaucoup. Nul ne savait comment aboutir à une solution. Il y eut un blanc affreux quand le petit futé de Loulou clama :
Vous n’avez qu’à faire un de vos trucs de sorciers car c’est bien ce que vous êtres, non : des sorciers ?
Il était fasciné, les autres ahuris. Pourtant Ysaline n’hésita pas à rendre Louis telle une carpe hors de l’eau :
*Bien fait pour lui !*
Erik proposa de tous chercher des infos sur le fameux phénomène, de se contacter en cas de trouvailles ou de pépins avec les hérités. Louis refusa de repartir d’un si beau restaurant. Même les injonctions d’Achille n’y firent rien.
Que veux-tu faire, Achille, rester avec tes amis ou rentrer avec moi aux Bermudes. Moi, je dois y aller, mes enfants…
Être débarrassé de Louis l’agréait grandement, le portoloin beaucoup moins.
Il se reposa dans la chambre préparée par les elfes discrets ; elle dévora ses encyclopédies des heures durant. Au matin, elle prépara un solide petit déjeuner ainsi que des objets de toilettes pour l’invité à la porte duquel elle frappa doucement :
Achille, faudrait se lever.(Pas de réaction) Achille, tu m’entends ? ( Rien)
Elle soupira et entra, trouvant la pièce vide.
*Merde, il a filé !*
Déjà, elle imaginait n’importe quoi quand son regard se déporta vers la baie ouverte sur la piscine.
Là, riants, elle eut la stupeur de voir Achille barboter dans l’eau avec… Kieran.
Son sang de mère-poule ne fit qu’un tour, la jetant dehors, affolée :
Sortez de là, rendez-moi mon fils !
Qu’est-ce que je fais de mal ? On joue. Il adore ça !
Kieran ne sait pas nager et… et vous êtes tout nu !
Lui aussi, et alors ?
S’il te plait Achille, sors de là, rends-le moi.
Ce serait bien s’il le noyait, non ? persifla Lucas venu sur la terrasse en pyjama.
Dieu tout puissant, qu’avait dit Lucas ? Elle était paf mais la réaction d’Achille fut terrifiante. Dressé soudain, impudique, tenant toujours Kieran dans ses bras très musclés, il aboya :
Et si on échangeait ?
Avant qu’elle ait pu intervenir, Alix reçut Kieran contre son giron tandis qu’Achille s’emparait de Lucas. Il le maintint suspendu par le talon, la tête au ras de l’eau :
Tu veux voir ce que ça fait de se noyer ? Ma mère, ma propre mère m’a tenu ainsi jusqu’à ce que je suffoque. C’est ce que tu veux, Lucas ?
Merde, où était sa baguette. Paniquée comme jamais, Alix plaida à défaut de mieux :
C’est un enfant ! Il ne le pensait pas. Laisse-le, laisse-le !
Pas avant qu’il ne comprenne la leçon.
La tête blonde coula, le ver gigota au bout de la perche qui ne lâcha pas.
Dès qu’il fit surface, Lucas brailla :
MAMAAANN !!!
Que faire ? Courir chercher sa baguette mais cet hurluberlu risquait de…
Lucas, oui ou non vas-tu ficher la paix à ton frère ?
Non, toussa le mioche. C’est pas mon frère. Je veux qu’il parte.
Tout doucement, l’angoisse d’Alix céda cran après cran, pseudo noyade se succédant. Après tout… une méthode en valait bien une autre, non ?
Cécile était très pâle, son petit menton tremblait. Bikita et Lormar faisant fi de l’interdit d’apparaître se postèrent en défense.
Attendez, souffla Alix.
À la cinquième suffocation, Lucas pleura :
J’ai compris, j’ai compris. Je ne ferai pas de mal à mon frère, jamais !
C’est sûr ou c’est un mensonge ?
Par sécurité, Achille noya à nouveau l’enfant quelques secondes avant de le rejeter sur le bord. Alix se précipita, réceptionna le maté, émit un sourire mitigé au héros, et rentra avec sa marmaille.
Elle dut cajoler longuement le gamin encore vert de trouille.
Mais non, il ne voulait pas vraiment te tuer mon chéri. Il voulait juste que tu captes que Kieran est un membre de cette famille au même rang que toi et ta sœur sinon, tu penses bien que je l’aurais abattu.
Tu… tu l’aurais fait ?
Des plis de sa robe, elle sortit un couteau de cuisine :
C’est tout ce que j’avais, mais je l’aurais fait si tu avais été en danger réel. Il faut que tu cesses de détester Kieran. Lui, il t’aime beaucoup. Si vous vous entendiez, ce serait merveilleux…
Mais mon papa, quand est-ce qu’il revient ?
On cherche une solution, mon cœur. Il reviendra, c’est promis.
Juré ?
Juré.
Tandis que Bikita s’occupait des enfants, Alix gonflée d’amertume, se rendit à la cuisine où Achille happait tout ce qui était mangeable. Devant le visage fermé d’Alix, il suspendit tout geste mais ne s’excusa en rien. Il sentait bien que ça n’allait pas mais ne savait pas comment arrondir les angles avec une sorcière. Posément, Alix s’assit et alluma une cigarette. Regard de travers :
Je fume peu mais quand je suis énervée, ça m’arrive.
Ah… C’est comme ça que tu es énervée, Alix ?
Tu n’as encore rien vu et je te souhaite de ne pas le savoir. Dans un sens, j’ai pigé tes intensions avec Lucas, raison pour laquelle tu vis encore sous ce toit. Mais je t’en prie, mange ! Moi, je m’en passe très bien.
Pas très à l’aise, Achille obtempéra non sans surveiller faits et gestes de cette brune étrange.
Parle-moi du monde du fleuve, Achille…
On causa, causa beaucoup, chacun s’apaisant au fil de la conversation.
Bien, j’ai tout enregistré, pigé, capté si tu préfères. Maintenant, séance de coiffure.
Non !
C’est ce que l’on verra ! Lormar !
Lorsque l’elfe apparut qui eut cru qu’un héros antique pouvait verdir ?
Voici mon très fidèle serviteur, il va te coiffer exactement comme Michael. Un conseil, laisse-toi faire. Bon courage !
Alix s’occupa de ses enfants avec bonheur en imaginant la bataille dans la salle de bains. Kieran, indéfectiblement ravi de tout ne conservait aucune séquelle de l’incident. Lucas faisait profil bas, Cécile soupirait en réclamant son père.
On s’y emploie ma puce. On va…
Arrêt sur image : un patronus de berger australien. Opal se manifestait.
Pour des raisons pas trop claires, Erik l’expédiait en Suède. Elle ne voulait pas y aller seule…
Au chien argenté, elle confia :
Ok, je m’arrange ici. On se retrouve à Stockholm là où tu dis descendre.
Le temps de gérer prit son temps. La coupe d’Achille accentuait sa ressemblance avec Michael, de quoi être déboussolée, les enfants aussi, sauf Kieran qui rigola comme un bossu.
Je vais m’absenter Achille. Je vais en Suède chercher des infos sur le phénomène. Puis-je escompter qu’aucun dommage n’arrivera. Tu sais, on reçoit très peu ici. Puis, il y a Bikita et Lormar. Je te rassure ( sourire sadique) elle est pire que son mari question discipline !
Réception du grand hôtel
Fabuleux établissement en front de mer, le grand hôtel offrait plus que toutes les disponibilités à sa clientèle de luxe. Alix ne s’y sentait pas dépaysée du tout mais regrettait encore plus amèrement l’absence de Michael avec qui ce petit séjour aurait été sans doute fabuleux.
Un domestique stylé la conduisit à la salle de restaurant où, déjà, Opal l’attendait. Elle s’assit, commanda un apéritif et soupira :
Pourquoi ici ? Pourquoi Erik ne… ?
Opal rigola, son époux simplement jaloux, ne voulait qu’elle soit trop souvent en contact avec Chesterfield qu’il avait toutes les peines du monde à décider de rentre en Angleterre y reprendre ses fonctions de ministre de la magie. Ce fut au tour d’Alix de se marrer franchement :
Un ministre moldu au plus haut siège ? C’est trop gag. Et Sam, enfin Maya, reprendrait le « sense » ? Belle pagaille ! Et chez vous, qui dirige le resto ?... AH ? Tu le laisses faire ?... ok, c’est toi qui vois. Mais nous, on fait quoi, là ?
Elles étaient déléguées à rechercher des documents anciens. Bien entendu, Erik escomptait sur les talents d’Alix pour les déchiffrer dans quelques langues qu’ils soient.
Hey, on ne m’a pas dit d’emporter ma panoplie de potionniste !! Faudra faire des emplettes.
On déjeuna puis se mit en route à pied.
La vieille ville correspondait assez bien au vieux Londres. Repérer une enseigne particulière leur prit peu de temps. Seuls des sorciers pouvaient entrer dans cette soi-disant boutique d’antiquités qui, sitôt la porte refermée ne correspondait en rien au lieu supposé. Une sorte de hall avec un vieux bureau derrière lequel un homme âgé : le concierge.
Bienvenue à Stockholm, mesdames. Qui dois-je enregistrer ?
Wow, il parlait anglais ou ce lieu traduisait-il instantanément les paroles ? Peu importait.
S’enregistrer ? Pourquoi ?
Vous comprendrez qu’après les bouleversements de ces dernières années, nous sommes devenus très prudents quant à qui admettre ici.
Elles déclinèrent leur identité, durent imprimer le registre de la pointe de leur baguette puis franchirent la porte du fond qui s’ouvrit d’elle-même à leur approche.
La rue principale du centre commercial sorcier était plaisante, moins poussiéreuse que le chemin de Traverse. Plusieurs boutiques se visitèrent successivement. Alix ne résista pas dans l’achat d’ingrédients introuvables chez eux :
Oh ! Vous avez de la poudre de cœur de Norvégien ! J’en prends 10 grammes !...
Et ainsi de suite non sans omettre les ingrédients nécessaires à la fabrication de la potion traductrice des langues étrangères.
Le dernier boutiquier visité soupira en constatant les emplettes des « touristes » :
Mesdames, mesdames, pourquoi ne pas d’entrée m’avoir dit ce que vous désiriez élaborer ? J’ai ici un flacon tout préparé. Trois gouttes à répéter toutes les deux heures de lecture. Le prix est élevé mais si l’on fait le bilan des autres liqueurs, poudres prévues, vous y gagnerez, surtout en temps.
Tope-la ! Emballé, vendu. Sus aux librairies et bibliothèques.
Jamais, elles ne dissimulèrent leurs intentions : trouver des livres traitant du ginnungagap. Souvent, on les regarda de travers, mais bon. Des ouvrages, elles en parcoururent, des kilomètres aussi. Crevées, nanties de quelques bouquins et de photocopies, elles rentrèrent dans leur somptueuse suite.
Il n’y a rien de flagrant là-dedans ! Erik aurait dû s’y mettre lui-même puisqu’il a l’air de savoir que chercher.
En fait il l’ignorait mais ne pouvait vraiment pas déserter l’Australie dans un moment pareil.
Le lendemain, rebelotte. Cette fois, les belles-sœurs arpentèrent les pavés de la ville moderne. Bibliothèques, documents, microfiches, de quoi s’arracher doigts et yeux.
Soudain, après le déjeuner, alors que chacune était à un poste de travail, Opal l’appela, surexcitée.
Elle consultait alors une antiquité traitant des légendes.
J’avais feuilleté celui-là hier mais pas en microfiche !
Alix avait raté ce passage particulier la veille, vers 20 heures, sans doute épuisée.
Ce n’était peut-être pas le Pérou, le jackpot, mais peut-être qu’Erik en saurait plus en lisant.
On photocopia rapidement puis rentra à l’hôtel payer la note.
Je ne peux pas m’absenter davantage, tu comprends ? Je crève de trouille en imaginant ce qui peut se passer chez moi avec les enfants et… cet homme. Si vous trouvez quelque chose, prévenez-moi, ok ?
Un bisou, bye.
Alix Blackstorm- Admin
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Date d'inscription : 09/09/2013
Re: Aube nouvelle
Routine ! La vie se résume à cela, tout compte fait. Monde parallèle, paradoxe ou ce qu’on voudra, le quotidien venait avec son lot de problèmes, petits ou grands, ses déconfitures mais aussi ses satisfactions. Bien que de ces dernières Michael faisait semblant de ne pas s’en apercevoir. La situation l’énervait, usait son peu de patience et mettait en relief son caractère de cochon.
Faute de mieux, il fallait canaliser le stress et il avait trouvé le moyen parfait pour évacuer le surplus de tension : la Milice. Aux dires de tous, Achille était un type assez impressionnant, une véritable masse de muscles, rodé à l’art de la guerre. Jaugé d’un œil impitoyable par la troupe du Grec, Michael assuma devoir les tirer de leur bévue. Tous et chacun maudirent le changement de chef. Achille était une légende, Michael une hargneuse et exigeante réalité moderne.
La découverte de l’arsenal souterrain l’avait remué à plus d’un titre. Il savait tout ce qu’on doit savoir sur armement moderne comme pour ne pouvoir se faire d’illusions. Là se trouvaient des armes capables d’amorcer le pire cauchemar apocalyptique envisageable. Le jour où l’homme en ferait usage ce serait pour une très courte guerre où il n’y aurait ni gagnants ni perdants. Ce serait le dernier affrontement, la fin des fins.
L’épisode du pigeon messager rasséréna les esprits et raviva le manque. Il faisait bon savoir qu’Alix et les enfants allaient bien, que le Grec légendaire squattât sa place au soleil, chez eux aux Bermudes n’arrangea rien : Lui, comme tous, savait ce que colportait la légende, pas qu’il y crut les yeux fermés mais…
*Alix le maintiendra stupefixé dans la cave !*
Cette idée le rassurait…un moment ! Mais il y avait bien d’autres circonstances qui méritaient toute son attention, le faisant presque oublier ses déboires. Outre maintenir la Milice en force, prête à contrer toute éventualité, Michael obéissant aux demandes de M. le Maire, avait mis en place un réseau de surveillance sur un périmètre considérablement élargi. Justin leur avait permis, à Max et à lui, de lire un certain journal, tenu par un type disparu pour alors, où il était question d’autres réalités alternatives et de passages permettant de passer de l’une à l’autre.
Ça ressemble plutôt au script d’un film de science-fiction…mais enfin, faudra faire avec…On a la preuve avec nos Historiques…
Oui. On commençait déjà à penser ainsi. Notre village, nos amis, nos ennemis, nos champs…On personnalisait, on devenait partie intégrante de cette réalité hurluberlue, on prenait place, on s’habituait. Parce que d’Erik, plus de nouvelles…pas plus que de succès dans leurs essais de communication avec l’extérieur.
*On y est et on dirait qu’on y reste !*
Mais il ne s’y résignait pas. Et n’était pas le seul, même si entre ceci et cela, on aurait pu penser que Max avait décidé d’y établir une florissante colonie agricole, Justin d’en faire un paradis, Sam un relais gourmet et lui d’avoir la petite armée la plus effective de tous les temps…On s’y faisait, on s’arrangeait…
Et puisqu’on commençait à apprécier bled et habitants, force fut de prendre aussi des grandes décisions, pour le bien communal et le leur propre, quoiqu’on se garda bien de faire part de ces plans à certaines autorités qui n’auraient pas du tout abondé dans le même sens.
Faut se défaire de l’arsenal, mes potes…plus j’y pense plus cela m’effraye, et suis pas du genre froussard…
Max fut d’accord, il avait vu lui aussi, et en bon pacifiste la seule idée de dormir sur un gisement pareil avait de quoi lui ôter le sommeil. Justin n’avait pas besoin d’être circonvenu. On discuta un peu sur les possibles retombées qu’aurait leur action mais tout compte fait ce serait toujours mieux que se faire atomiser. Ils s’y prirent une nuit, sans en souffler mot à Sam qui avait, magiquement oublié l’existence de cette menace.
Si on se doute de notre intervention, je prendrai tout sur moi, dit Justin, grave comme un Pape en concile.
Personne ne s’en doutera, mon vieux…On a entouré l’endroit d’un fameux Repousse-Moldu…Ils ne pourront plus y penser…T’en fais pas…Reardon n’y verra que du feu…et c’est mieux ainsi !
Amen !
Le restaurant de Sam fut très vite le point de rencontre par excellence. Les prix n’étaient pas de la rigolade mais la qualité faisait oublier le sacrifice. Depuis qu’ils avaient droit d’aller piocher à la mine, on mettait un peu plus d’entrain en pensant aux délices de la table…au moins un petit plaisir à ne pas se refuser !
Max était un joyeux compagnon de table et ils auraient rigolé un bon moment avec des souvenirs communs si l’arrivée de Sissi et Isabel n’avait mis fin à la désinvolture du moment. En plus le resto était à craquer et ils occupaient plus de place qu’il ne leur en fallait…ça plus les bonnes manières, on se retrouva en gentil dîner à quatre…
Alpha et Achille s’entendaient…mais pas à ce point !, remarqua doucement Isabel Kittredge, vous êtes…très amis, n’est-ce pas ?
On peut dire ça, oui, on est des vieux camarades de classe…ça crée des liens *Vrai à la fin !*.
Vous avez hâte de retourner chez vous, c’est sûr, poursuivit-elle, je me demande si…si Alpha lui, voudra retourner ici…je suis sûre que votre monde, tel que décrit, lui convient mieux que celui-ci.
Point algide. L’idée tenait le chemin.
Pour un gars du 25ème siècle, le 21ème doit quand même offrir certains attraits, technologiques, cela va de soi…même s’il doit nous trouver assez en retard, malgré tout…mais et s’il en était ainsi…quelle serait ta réaction ? *Abruti !*
Un coup de pied au tibia de la part de Sa Majesté Impériale le fit grimacer, la question avait été cruelle à souhait. Max leva les yeux au ciel pour après s’intéresser follement au contenu de son assiette.
Je voudrais aller le rejoindre, dit simplement la jeune femme, ce serait possible, n’est-ce pas ?
Euh…on n’a même pas idée de comment nous en sortir nous-mêmes…comment le savoir ?
J’aimerais aussi retrouver Achille là-bas…je m’imagine un monde fascinant, si plein d’intérêt, ajouta la belle Sissi, si un jour il était possible quitter cet endroit, je vous prierai de tenir en compte cette requête…je sais qu’Achille n’y verrait aucun inconvénient !
*Et merde…manquait que ça…exode massif !*
Ce ne fut pas exactement un dîner parfait…ni presque. Ces dames étaient avides d’informations sur leur « monde » et menèrent, mine de rien, un interrogatoire serré sur les us et coutumes de leur temps. De commun et tacite accord, les deux compères employèrent tout leur talent pour leur livrer une version pas exactement engageante de leur temps. À part le véhément désir de retrouver leurs familles, assurèrent-ils, n’importe quoi serait préférable à vivre dans un monde comme le leur où bien d’impairs innommables campaient comme jour le jour. Si Michael parla de guerre et terrorisme, Max lui s’étendit sur exodes et famines. Au dessert, ces chères dames auraient dû être pratiquement convaincues qu’ils vivaient à l’antichambre de l’enfer.
Je crois pas qu’elles aient tout cru…ouais, à peine si on a corsé la donne…c’est vrai qu’on vit dans un monde dégueulasse mais c’est le nôtre…On fait avec…sais pas, t’es un optimiste, Max…moi pas, mais s’il se trouve…j’aurai tort et ce serait pas mal…En tout cas, quelque chose me dit qu’on ne pourrait pas leur faire plaisir, à ces gentilles filles et les ramener chez nous…
Débat clos pour ce soir, ils n’avaient aucune envie de s’éterniser en conjectures, de toute façon, ils n’eurent plus le loisir d’y penser par la suite. Justin, à part les problèmes de tous les jours, semblait de plus en plus soucieux.
Calme toi, mon pote, tu vas faire un burn-out… si au lieu de vouloir arranger le monde tout seul tu nous faisais part de tes soucis, on pourrait te filer un coup de main…
Le cher homme était à dur à cuire et il fallut bien le cuisiner un peu pour le faire céder d’un poil et raconter quelques-uns de ses soucis, pas si graves que ça, à l’avis de Michael qui finie la confession secoua la tête.
On se connait depuis trop de temps, Davenport…c’est pas ça qui te rend dingue…allez, crache le morceau !
Rien n’y fit. M.le Maire s’entêtait, ce qui ne signifiait rien de trop bon. Agacé Michael finit par la fermer et après un moment décida d’aller se faire voir ailleurs en laissant Justin à faire tourner son petit monde à sa guise.
*Qu’il s’arrange alors…m’énerve, le Justin avec ses secrets !*
Mais déjà le lendemain, l’alerte était donnée : il y avait des visiteurs inattendus du côté des falaises. Et quand on vit dans un monde comme celui-là, où les imprévus sont toujours problématiques, on pouvait s’attendre à n’importe quoi.
Des Cosaques ???...Mais c’est…Ah bon ? À cheval, épées, lances, arcs…ouais, ça peut bien être… Faut aller regarder de plus près, colonel…faut pas se fier aux racontars…
Les hommes postés là-bas sont des éléments fiables, De Brent !, grommela Readon, je les ai moi-même entraînés.
Finalement ce n’étaient pas des histoires en l’air. Il y avait bel et bien des étrangers dans le coin. Pas l’air trop amical, non plus, armés de leurs arcs puissants, se mouvant très à l’aise sur leurs petites montures robustes et agiles.
Ils ont plutôt l’air de Mongols, remarqua Michael en passant les jumelles à Max qui corrobora l’idée.
Vous en connaissez beaucoup, de cosaques ou Mongols ?, râla Reardon, ce sont des guerriers du passé, c’est ce qui intéresse, et sans doute l’avant-garde d’une groupe plus important.
Et on fait quoi, là ? On leur tombe dessus, on les zigouille et fin de l’histoire ?
On ne va pas les laisser prospecter et découvrir le village...les champs…cela signifierait…
On sait bien ce que cela signifierait, colonel…On s’en occupe !
Le colonel Reardon ne sut jamais ce qui se passa par la suite. Quelque gentil sortilège de derrière les fagots le mit hors d’état de donner son opinion pendant que Michael, Max et Justin arrangeaient l’affaire à leur façon. Les Cosaques, Mongols ou ce qu’ils aient voulu être connurent des moments d’éprouvante épouvante qui marquèrent à jamais leurs esprits imbus d’atavismes superstitieux. Ils décampèrent à toute vitesse, sans le temps de rattraper leurs montures qui avaient pris la poudre d’escampette au milieu de ce pétard de fin de monde déclenché de façon si soudaine. On les suivit juste pour les voir disparaître sous l’arche d’une Pierre à souhaits.
Le type du journal a bien vu…ça joue les portails inter mondes…On fait sauter celle-ci et on espère avoir de la chance pour la suite…
Affaire close, pour le moment. Retour au village avec les chevaux qui causèrent sensation. Reardon et ses hommes encore confus, se remirent à la version livrée. Point barre.
Et la vie continuait de plus belle.
Jusqu’au fameux soir, qui aurait pu être pareil à tous les autres si soudain, alors que, pour changer, on finissait gentiment la soirée en sirotant un whisky près de la piscine, Max n’avait interrompu leur conversation en assurant avoir entendu quelque chose. Michael aiguisa l’oreille et…entendit…
C’est…un avion ! Je jurerais que c’en est un…
Et si ce n’était que ça ! La nuit, envahie d’un florilège de nuances extraordinaires, s’illuminait en un point précis entre eux et l’horizon, faisant l’effet d’un œil apocalyptique d’où émergeait, triomphant, un Cessna bimoteur.
C’est Erik !, assura t’Il en se mettant à courir vers le seul endroit lui semblant susceptible pour atterrir, va avertir Justin !!!
Curieusement, ce qu’il supposait un champ vierge, s’avéra être bien préparé pour servir de piste d’atterrissage. Justin en savait évidemment un bout mais le moment n’était pas aux questions. Signaux, balises…le petit avion se posa sans aucun encombre.
*Manque que le Village entier s’amène !*
Mais, il n’en fut rien…allez savoir pourquoi ! Il ouvrit la portière côté copilote et ne s’étonna pas le moins du monde d’y trouver sa belle-sœur, un peu échevelée.
Ben dis donc, ma jolie…quelle entrée en scène !, et de la cueillir dans ses bras en riant de plus belle.
Ben, pas à dire…t’es content de me voir, toi !, et elle riait à son tour.
Tu peux le dire…suis pas content, suis ravi !...Vous avez pris un risque fou…,il se doutait bien qu’elle avait forcé la main mais n’eut pas envie d’en faire la remarque, déjà Erik venait vers lui, et l’enserrait dans une forte accolade, oui…suis heureux de te voir frangin…mais tu es complètement fou !
On s’en fichait un peu. Pour le moment, c’était impératif de dissimuler l’avion et d’effacer toute trace de cette arrivée nocturne. Un jeu d’enfants pour des sorciers patentés. Et ce fut de très belle humeur qu’on rentra chez les Davenport, où s’organisa de suite une petite réunion festive.
On est vachement contents de vous voir !... comment avez-vous fait ?... et ce machin réapparaît quand ?...
Tous voulaient savoir quelque chose mais une seule intéressait : on se tire quand ? Erik avait bien épluché ses infos et avait sa petite théorie digne d’être suivie. On se voyait déjà sur le chemin du retour quand, sans crier gare le vent se leva, furieux, accompagné d’un déluge de fin de monde, tonnerre et éclairs à foison.
Dites donc, une première ça…depuis notre arrivée, jamais vu un temps pareil !, assura Michael en regardant vers l’extérieur où s’envolaient parasols, meubles de jardin, branchages et tout ce qui n’était pas bien accroché.
Un véritable ouragan déclenché du néant au milieu d’une paisible et claire nuit. De quoi se poser une bonne paire de questions. Si Erik avait envisagé faire un aller-retour ce soir même, c’était raté. Mais la consternation atteignit des pics houleux quand Justin, très ministre à ses heures, fixa Opal et déclara :
C’est de TA faute…
Hein général ! Le cher homme pouvait dépasser les bornes, quoiqu’en y pensant un peu…puisqu’on baignait en plein illogisme, un de plus…
C’est…ça ?
Apparemment cela devait suffire pour se comprendre.
Oui, un paradoxe…
Comme quoi…Et on fait quoi maintenant !?
Pas le temps de répondre qu’on frappait à la porte. Max alla ouvrir. Lindsay trempée jusqu’à la moelle dégoulinait sur le seuil. La foudre tombant très près fit trembler les murs et le vent siffla à mort. Arrêt sur image…deux femmes identiques se dévisageaient, interdites, alors que les éléments se déchainaient avec une fureur démentielle.
Vous…vous ne pouvez pas être ensemble…ça fout tout en l’air…Justin a raison…non, non, ma belle, pas de ta faute, tu ne pouvais pas savoir...
On gambergeait à toute alors que Max. l’homme pratique, envoyait un bon Grosdodo à la pauvre Lind qui ne pigeait rien.
Sais pas si ça servira mais…prends ta forme animagus, Opal…comme ça on aura une fille et un chat…si ça ne joue pas les finauds…ça devrait marcher…du moins le temps de trouver mieux !
Il se retrouva avec un magnifique abyssin dans les bras, alors qu’Erik enrageait mais pas le temps de faire du grabuge, on sonnait à nouveau. C’était Reardon, l’air passablement dépassé.
On a une catastrophe sur les bras…cette pluie…le réservoir menace de déborder…on a des arbres arrachés…le générateur…et vous…vous faites la fête !!! Et en plus…en plus…
Ça nous a pris aussi de court qu’à vous…calmez-vous, bon sang…
Me calmer !?, hurla le brave homme qui en fait écumait de rage, en plus… plusieurs personnes assurent avoir entendu un avion, juste avant le début de la tempête…LÂCHEZ CE FICHU CHAT, DE BRENT ET FAITES VOTRE BOULOT !!!
Un avion ?...Non mais, manquait que ça…les gens racontent n’importe quoi et vous venez me gueuler dessus, vous dépassez les limites de la bienséance, là!, riposta Michael qui commençait à s’énerver.
Opal/chat sauta de ses bras à ceux de son frère que Reardon, hors de lui, ne rata pas.
Il sort d’où, celui-là ?
Euh…rescapé de la dernière heure…juste avant le début de…ÇA !...Encore un…on en trouve de plus en plus !, dit-il, bon enfant,...essayez de vous calmer, Reardon, la semaine dernière Mrs. Pearson jurait avoir vu un OVNI…ce sera quoi cette fois…Charles Lindbergh et l’esprit de St.Louis ?
Vous êtes très rigolo ce soir, vous…vous êtes ivre ? Personne ne l’a vu…seulement entendu…et il aurait atterri !
Génial…on va de mieux en mieux…On fait quoi, on sort dans la nuit chercher un fantôme?...Et non, suis pas ivre, j’en ai ras le bol, nuance !
Avant que la discussion ne s’envenime Max, oui encore lui, joua une nouvelle fois les marchands de sable et envoya Reardon dans les bras de Morphée.
Bon, fallait s’y attendre…si battue en toutes règles il y a, on finira par le trouver, l’avion et alors ce sera le pétard…donc faut agir au plus vite…la tempête se calme dirait-on…
On convint avoir encore quelques heures pour se livrer à un brainstorming effréné et trouver une solution rapide. Erik prit le crachoir et ne le lâcha pas avant d’avoir exposé ses idées, qui n’étaient pas des moindres. On l’écouta attentivement en essayant d’y voir clair.
Et ça donnait, à grands traits, que c’était logique qu’Hélène rentre avec eux, ce soir même si possible, parce qu’après tout elle était morte depuis si longtemps, la pauvre…Qu’en fait, Sissi et Isabel pourraient aussi être de la partie, la prochaine fois, parce que, selon Erik, les Historiques n’étaient pas le souci.
Euh…ça veut dire qu’Achille et Alpha vont rester là-bas aussi ?...Ah bon ? Ils travaillent à la ferme ? Fameuse main d’œuvre…non, non, j’ai rien à redire…ma foi, on peut tous avoir des sosies…continue, frangin, oui…on sent que tu as pas mal réfléchi…
La suite alla sur mondes parallèles, lignes temporelles entrecroisées. On y perdait son latin ! Apparemment, Neil et Maya avaient fait des recherches, qui pourrait les en blâmer, et découvert, la misère, qu’ils n’existaient pas dans la ligne de temps les concernant EUX…
Attends un peu…ça veut dire que ces gens…enfin tous ceux qui sont ici…n’auraient jamais existé de notre temps…enfin, dans notre réalité ? C’est un peu gros à gober, ça !...ces gens ont leurs histoires, leurs vies…et non, là, je ne suis pas sûr de vouloir accepter l’idée…comme quoi on évacue les Historiques, on ramène Chesterfield et la fille et on les abandonne à leur sort sur ce parage inconnu…c’est ça ? Remarque, ça se débrouille pas mal mais quand même…
La dissertation les laissa un peu plus confus qu’ils ne l’avaient été mais on brossa, à la va vite, une esquisse d’action pour un rapatriement discret…qu’il faudrait planifier consciencieusement et ce n’était pas pour demain la veille. On fut d’accord pour envoyer la belle Hélène à leur 21ème siècle, direct dans les bras de son Roi devenu cuistot à la mode aux Antipodes modernes.
Il y a de la place pour cinq personnes dans ton coucou, assura Michael qui voulait qu’on en finisse, emmène Sissi et Isabel aussi…* On en a marre de les avoir dans les pattes !*…Elles seront ravies de retrouver leurs chéris !...Et la prochaine toi, viens avec un avion plus grand…un car de tourisme…enfin, ce que tu jugeras bon…parce qu’on va se bousculer au portillon…
En fait, il envisageait déjà une émeute à grande échelle et Reardon avec la sombre envie de les passer tous au fil de l’épée ou quelque chose de ressemblant. Mises au parfum de leur changement de destin, ces dames historiques ne firent pas de chichis, emballèrent leurs possessions les plus précieuses et prirent congé, sans trop d’épanchements de Sir Richard et son Amelia qui ne firent non plus grand foin.
Michael avait trouvé moment pour écrire à Alix. La grande littérature, pas son fort, mais l’essentiel y était, plus un tout bête mais adorable collier de coquillages confectionné par ces dames du comité de loisirs.
Dis à Alix que je rêve de l’instant de la revoir…de les revoir, elle, les jumeaux et Kieran, mes enfants…je les aime…Oui, je sais…on aurait dû avoir plus de temps pour peaufiner un bon plan…mais on fera au mieux…Oui, l’idéal serait une action parallèle…eux viennent…nous on va…t’en fais pas, frangin…on va la trouver, la solution…
Parce qu’il devait bien en avoir une…
Faute de mieux, il fallait canaliser le stress et il avait trouvé le moyen parfait pour évacuer le surplus de tension : la Milice. Aux dires de tous, Achille était un type assez impressionnant, une véritable masse de muscles, rodé à l’art de la guerre. Jaugé d’un œil impitoyable par la troupe du Grec, Michael assuma devoir les tirer de leur bévue. Tous et chacun maudirent le changement de chef. Achille était une légende, Michael une hargneuse et exigeante réalité moderne.
La découverte de l’arsenal souterrain l’avait remué à plus d’un titre. Il savait tout ce qu’on doit savoir sur armement moderne comme pour ne pouvoir se faire d’illusions. Là se trouvaient des armes capables d’amorcer le pire cauchemar apocalyptique envisageable. Le jour où l’homme en ferait usage ce serait pour une très courte guerre où il n’y aurait ni gagnants ni perdants. Ce serait le dernier affrontement, la fin des fins.
L’épisode du pigeon messager rasséréna les esprits et raviva le manque. Il faisait bon savoir qu’Alix et les enfants allaient bien, que le Grec légendaire squattât sa place au soleil, chez eux aux Bermudes n’arrangea rien : Lui, comme tous, savait ce que colportait la légende, pas qu’il y crut les yeux fermés mais…
*Alix le maintiendra stupefixé dans la cave !*
Cette idée le rassurait…un moment ! Mais il y avait bien d’autres circonstances qui méritaient toute son attention, le faisant presque oublier ses déboires. Outre maintenir la Milice en force, prête à contrer toute éventualité, Michael obéissant aux demandes de M. le Maire, avait mis en place un réseau de surveillance sur un périmètre considérablement élargi. Justin leur avait permis, à Max et à lui, de lire un certain journal, tenu par un type disparu pour alors, où il était question d’autres réalités alternatives et de passages permettant de passer de l’une à l’autre.
Ça ressemble plutôt au script d’un film de science-fiction…mais enfin, faudra faire avec…On a la preuve avec nos Historiques…
Oui. On commençait déjà à penser ainsi. Notre village, nos amis, nos ennemis, nos champs…On personnalisait, on devenait partie intégrante de cette réalité hurluberlue, on prenait place, on s’habituait. Parce que d’Erik, plus de nouvelles…pas plus que de succès dans leurs essais de communication avec l’extérieur.
*On y est et on dirait qu’on y reste !*
Mais il ne s’y résignait pas. Et n’était pas le seul, même si entre ceci et cela, on aurait pu penser que Max avait décidé d’y établir une florissante colonie agricole, Justin d’en faire un paradis, Sam un relais gourmet et lui d’avoir la petite armée la plus effective de tous les temps…On s’y faisait, on s’arrangeait…
Et puisqu’on commençait à apprécier bled et habitants, force fut de prendre aussi des grandes décisions, pour le bien communal et le leur propre, quoiqu’on se garda bien de faire part de ces plans à certaines autorités qui n’auraient pas du tout abondé dans le même sens.
Faut se défaire de l’arsenal, mes potes…plus j’y pense plus cela m’effraye, et suis pas du genre froussard…
Max fut d’accord, il avait vu lui aussi, et en bon pacifiste la seule idée de dormir sur un gisement pareil avait de quoi lui ôter le sommeil. Justin n’avait pas besoin d’être circonvenu. On discuta un peu sur les possibles retombées qu’aurait leur action mais tout compte fait ce serait toujours mieux que se faire atomiser. Ils s’y prirent une nuit, sans en souffler mot à Sam qui avait, magiquement oublié l’existence de cette menace.
Si on se doute de notre intervention, je prendrai tout sur moi, dit Justin, grave comme un Pape en concile.
Personne ne s’en doutera, mon vieux…On a entouré l’endroit d’un fameux Repousse-Moldu…Ils ne pourront plus y penser…T’en fais pas…Reardon n’y verra que du feu…et c’est mieux ainsi !
Amen !
Le restaurant de Sam fut très vite le point de rencontre par excellence. Les prix n’étaient pas de la rigolade mais la qualité faisait oublier le sacrifice. Depuis qu’ils avaient droit d’aller piocher à la mine, on mettait un peu plus d’entrain en pensant aux délices de la table…au moins un petit plaisir à ne pas se refuser !
Max était un joyeux compagnon de table et ils auraient rigolé un bon moment avec des souvenirs communs si l’arrivée de Sissi et Isabel n’avait mis fin à la désinvolture du moment. En plus le resto était à craquer et ils occupaient plus de place qu’il ne leur en fallait…ça plus les bonnes manières, on se retrouva en gentil dîner à quatre…
Alpha et Achille s’entendaient…mais pas à ce point !, remarqua doucement Isabel Kittredge, vous êtes…très amis, n’est-ce pas ?
On peut dire ça, oui, on est des vieux camarades de classe…ça crée des liens *Vrai à la fin !*.
Vous avez hâte de retourner chez vous, c’est sûr, poursuivit-elle, je me demande si…si Alpha lui, voudra retourner ici…je suis sûre que votre monde, tel que décrit, lui convient mieux que celui-ci.
Point algide. L’idée tenait le chemin.
Pour un gars du 25ème siècle, le 21ème doit quand même offrir certains attraits, technologiques, cela va de soi…même s’il doit nous trouver assez en retard, malgré tout…mais et s’il en était ainsi…quelle serait ta réaction ? *Abruti !*
Un coup de pied au tibia de la part de Sa Majesté Impériale le fit grimacer, la question avait été cruelle à souhait. Max leva les yeux au ciel pour après s’intéresser follement au contenu de son assiette.
Je voudrais aller le rejoindre, dit simplement la jeune femme, ce serait possible, n’est-ce pas ?
Euh…on n’a même pas idée de comment nous en sortir nous-mêmes…comment le savoir ?
J’aimerais aussi retrouver Achille là-bas…je m’imagine un monde fascinant, si plein d’intérêt, ajouta la belle Sissi, si un jour il était possible quitter cet endroit, je vous prierai de tenir en compte cette requête…je sais qu’Achille n’y verrait aucun inconvénient !
*Et merde…manquait que ça…exode massif !*
Ce ne fut pas exactement un dîner parfait…ni presque. Ces dames étaient avides d’informations sur leur « monde » et menèrent, mine de rien, un interrogatoire serré sur les us et coutumes de leur temps. De commun et tacite accord, les deux compères employèrent tout leur talent pour leur livrer une version pas exactement engageante de leur temps. À part le véhément désir de retrouver leurs familles, assurèrent-ils, n’importe quoi serait préférable à vivre dans un monde comme le leur où bien d’impairs innommables campaient comme jour le jour. Si Michael parla de guerre et terrorisme, Max lui s’étendit sur exodes et famines. Au dessert, ces chères dames auraient dû être pratiquement convaincues qu’ils vivaient à l’antichambre de l’enfer.
Je crois pas qu’elles aient tout cru…ouais, à peine si on a corsé la donne…c’est vrai qu’on vit dans un monde dégueulasse mais c’est le nôtre…On fait avec…sais pas, t’es un optimiste, Max…moi pas, mais s’il se trouve…j’aurai tort et ce serait pas mal…En tout cas, quelque chose me dit qu’on ne pourrait pas leur faire plaisir, à ces gentilles filles et les ramener chez nous…
Débat clos pour ce soir, ils n’avaient aucune envie de s’éterniser en conjectures, de toute façon, ils n’eurent plus le loisir d’y penser par la suite. Justin, à part les problèmes de tous les jours, semblait de plus en plus soucieux.
Calme toi, mon pote, tu vas faire un burn-out… si au lieu de vouloir arranger le monde tout seul tu nous faisais part de tes soucis, on pourrait te filer un coup de main…
Le cher homme était à dur à cuire et il fallut bien le cuisiner un peu pour le faire céder d’un poil et raconter quelques-uns de ses soucis, pas si graves que ça, à l’avis de Michael qui finie la confession secoua la tête.
On se connait depuis trop de temps, Davenport…c’est pas ça qui te rend dingue…allez, crache le morceau !
Rien n’y fit. M.le Maire s’entêtait, ce qui ne signifiait rien de trop bon. Agacé Michael finit par la fermer et après un moment décida d’aller se faire voir ailleurs en laissant Justin à faire tourner son petit monde à sa guise.
*Qu’il s’arrange alors…m’énerve, le Justin avec ses secrets !*
Mais déjà le lendemain, l’alerte était donnée : il y avait des visiteurs inattendus du côté des falaises. Et quand on vit dans un monde comme celui-là, où les imprévus sont toujours problématiques, on pouvait s’attendre à n’importe quoi.
Des Cosaques ???...Mais c’est…Ah bon ? À cheval, épées, lances, arcs…ouais, ça peut bien être… Faut aller regarder de plus près, colonel…faut pas se fier aux racontars…
Les hommes postés là-bas sont des éléments fiables, De Brent !, grommela Readon, je les ai moi-même entraînés.
Finalement ce n’étaient pas des histoires en l’air. Il y avait bel et bien des étrangers dans le coin. Pas l’air trop amical, non plus, armés de leurs arcs puissants, se mouvant très à l’aise sur leurs petites montures robustes et agiles.
Ils ont plutôt l’air de Mongols, remarqua Michael en passant les jumelles à Max qui corrobora l’idée.
Vous en connaissez beaucoup, de cosaques ou Mongols ?, râla Reardon, ce sont des guerriers du passé, c’est ce qui intéresse, et sans doute l’avant-garde d’une groupe plus important.
Et on fait quoi, là ? On leur tombe dessus, on les zigouille et fin de l’histoire ?
On ne va pas les laisser prospecter et découvrir le village...les champs…cela signifierait…
On sait bien ce que cela signifierait, colonel…On s’en occupe !
Le colonel Reardon ne sut jamais ce qui se passa par la suite. Quelque gentil sortilège de derrière les fagots le mit hors d’état de donner son opinion pendant que Michael, Max et Justin arrangeaient l’affaire à leur façon. Les Cosaques, Mongols ou ce qu’ils aient voulu être connurent des moments d’éprouvante épouvante qui marquèrent à jamais leurs esprits imbus d’atavismes superstitieux. Ils décampèrent à toute vitesse, sans le temps de rattraper leurs montures qui avaient pris la poudre d’escampette au milieu de ce pétard de fin de monde déclenché de façon si soudaine. On les suivit juste pour les voir disparaître sous l’arche d’une Pierre à souhaits.
Le type du journal a bien vu…ça joue les portails inter mondes…On fait sauter celle-ci et on espère avoir de la chance pour la suite…
Affaire close, pour le moment. Retour au village avec les chevaux qui causèrent sensation. Reardon et ses hommes encore confus, se remirent à la version livrée. Point barre.
Et la vie continuait de plus belle.
Jusqu’au fameux soir, qui aurait pu être pareil à tous les autres si soudain, alors que, pour changer, on finissait gentiment la soirée en sirotant un whisky près de la piscine, Max n’avait interrompu leur conversation en assurant avoir entendu quelque chose. Michael aiguisa l’oreille et…entendit…
C’est…un avion ! Je jurerais que c’en est un…
Et si ce n’était que ça ! La nuit, envahie d’un florilège de nuances extraordinaires, s’illuminait en un point précis entre eux et l’horizon, faisant l’effet d’un œil apocalyptique d’où émergeait, triomphant, un Cessna bimoteur.
C’est Erik !, assura t’Il en se mettant à courir vers le seul endroit lui semblant susceptible pour atterrir, va avertir Justin !!!
Curieusement, ce qu’il supposait un champ vierge, s’avéra être bien préparé pour servir de piste d’atterrissage. Justin en savait évidemment un bout mais le moment n’était pas aux questions. Signaux, balises…le petit avion se posa sans aucun encombre.
*Manque que le Village entier s’amène !*
Mais, il n’en fut rien…allez savoir pourquoi ! Il ouvrit la portière côté copilote et ne s’étonna pas le moins du monde d’y trouver sa belle-sœur, un peu échevelée.
Ben dis donc, ma jolie…quelle entrée en scène !, et de la cueillir dans ses bras en riant de plus belle.
Ben, pas à dire…t’es content de me voir, toi !, et elle riait à son tour.
Tu peux le dire…suis pas content, suis ravi !...Vous avez pris un risque fou…,il se doutait bien qu’elle avait forcé la main mais n’eut pas envie d’en faire la remarque, déjà Erik venait vers lui, et l’enserrait dans une forte accolade, oui…suis heureux de te voir frangin…mais tu es complètement fou !
On s’en fichait un peu. Pour le moment, c’était impératif de dissimuler l’avion et d’effacer toute trace de cette arrivée nocturne. Un jeu d’enfants pour des sorciers patentés. Et ce fut de très belle humeur qu’on rentra chez les Davenport, où s’organisa de suite une petite réunion festive.
On est vachement contents de vous voir !... comment avez-vous fait ?... et ce machin réapparaît quand ?...
Tous voulaient savoir quelque chose mais une seule intéressait : on se tire quand ? Erik avait bien épluché ses infos et avait sa petite théorie digne d’être suivie. On se voyait déjà sur le chemin du retour quand, sans crier gare le vent se leva, furieux, accompagné d’un déluge de fin de monde, tonnerre et éclairs à foison.
Dites donc, une première ça…depuis notre arrivée, jamais vu un temps pareil !, assura Michael en regardant vers l’extérieur où s’envolaient parasols, meubles de jardin, branchages et tout ce qui n’était pas bien accroché.
Un véritable ouragan déclenché du néant au milieu d’une paisible et claire nuit. De quoi se poser une bonne paire de questions. Si Erik avait envisagé faire un aller-retour ce soir même, c’était raté. Mais la consternation atteignit des pics houleux quand Justin, très ministre à ses heures, fixa Opal et déclara :
C’est de TA faute…
Hein général ! Le cher homme pouvait dépasser les bornes, quoiqu’en y pensant un peu…puisqu’on baignait en plein illogisme, un de plus…
C’est…ça ?
Apparemment cela devait suffire pour se comprendre.
Oui, un paradoxe…
Comme quoi…Et on fait quoi maintenant !?
Pas le temps de répondre qu’on frappait à la porte. Max alla ouvrir. Lindsay trempée jusqu’à la moelle dégoulinait sur le seuil. La foudre tombant très près fit trembler les murs et le vent siffla à mort. Arrêt sur image…deux femmes identiques se dévisageaient, interdites, alors que les éléments se déchainaient avec une fureur démentielle.
Vous…vous ne pouvez pas être ensemble…ça fout tout en l’air…Justin a raison…non, non, ma belle, pas de ta faute, tu ne pouvais pas savoir...
On gambergeait à toute alors que Max. l’homme pratique, envoyait un bon Grosdodo à la pauvre Lind qui ne pigeait rien.
Sais pas si ça servira mais…prends ta forme animagus, Opal…comme ça on aura une fille et un chat…si ça ne joue pas les finauds…ça devrait marcher…du moins le temps de trouver mieux !
Il se retrouva avec un magnifique abyssin dans les bras, alors qu’Erik enrageait mais pas le temps de faire du grabuge, on sonnait à nouveau. C’était Reardon, l’air passablement dépassé.
On a une catastrophe sur les bras…cette pluie…le réservoir menace de déborder…on a des arbres arrachés…le générateur…et vous…vous faites la fête !!! Et en plus…en plus…
Ça nous a pris aussi de court qu’à vous…calmez-vous, bon sang…
Me calmer !?, hurla le brave homme qui en fait écumait de rage, en plus… plusieurs personnes assurent avoir entendu un avion, juste avant le début de la tempête…LÂCHEZ CE FICHU CHAT, DE BRENT ET FAITES VOTRE BOULOT !!!
Un avion ?...Non mais, manquait que ça…les gens racontent n’importe quoi et vous venez me gueuler dessus, vous dépassez les limites de la bienséance, là!, riposta Michael qui commençait à s’énerver.
Opal/chat sauta de ses bras à ceux de son frère que Reardon, hors de lui, ne rata pas.
Il sort d’où, celui-là ?
Euh…rescapé de la dernière heure…juste avant le début de…ÇA !...Encore un…on en trouve de plus en plus !, dit-il, bon enfant,...essayez de vous calmer, Reardon, la semaine dernière Mrs. Pearson jurait avoir vu un OVNI…ce sera quoi cette fois…Charles Lindbergh et l’esprit de St.Louis ?
Vous êtes très rigolo ce soir, vous…vous êtes ivre ? Personne ne l’a vu…seulement entendu…et il aurait atterri !
Génial…on va de mieux en mieux…On fait quoi, on sort dans la nuit chercher un fantôme?...Et non, suis pas ivre, j’en ai ras le bol, nuance !
Avant que la discussion ne s’envenime Max, oui encore lui, joua une nouvelle fois les marchands de sable et envoya Reardon dans les bras de Morphée.
Bon, fallait s’y attendre…si battue en toutes règles il y a, on finira par le trouver, l’avion et alors ce sera le pétard…donc faut agir au plus vite…la tempête se calme dirait-on…
On convint avoir encore quelques heures pour se livrer à un brainstorming effréné et trouver une solution rapide. Erik prit le crachoir et ne le lâcha pas avant d’avoir exposé ses idées, qui n’étaient pas des moindres. On l’écouta attentivement en essayant d’y voir clair.
Et ça donnait, à grands traits, que c’était logique qu’Hélène rentre avec eux, ce soir même si possible, parce qu’après tout elle était morte depuis si longtemps, la pauvre…Qu’en fait, Sissi et Isabel pourraient aussi être de la partie, la prochaine fois, parce que, selon Erik, les Historiques n’étaient pas le souci.
Euh…ça veut dire qu’Achille et Alpha vont rester là-bas aussi ?...Ah bon ? Ils travaillent à la ferme ? Fameuse main d’œuvre…non, non, j’ai rien à redire…ma foi, on peut tous avoir des sosies…continue, frangin, oui…on sent que tu as pas mal réfléchi…
La suite alla sur mondes parallèles, lignes temporelles entrecroisées. On y perdait son latin ! Apparemment, Neil et Maya avaient fait des recherches, qui pourrait les en blâmer, et découvert, la misère, qu’ils n’existaient pas dans la ligne de temps les concernant EUX…
Attends un peu…ça veut dire que ces gens…enfin tous ceux qui sont ici…n’auraient jamais existé de notre temps…enfin, dans notre réalité ? C’est un peu gros à gober, ça !...ces gens ont leurs histoires, leurs vies…et non, là, je ne suis pas sûr de vouloir accepter l’idée…comme quoi on évacue les Historiques, on ramène Chesterfield et la fille et on les abandonne à leur sort sur ce parage inconnu…c’est ça ? Remarque, ça se débrouille pas mal mais quand même…
La dissertation les laissa un peu plus confus qu’ils ne l’avaient été mais on brossa, à la va vite, une esquisse d’action pour un rapatriement discret…qu’il faudrait planifier consciencieusement et ce n’était pas pour demain la veille. On fut d’accord pour envoyer la belle Hélène à leur 21ème siècle, direct dans les bras de son Roi devenu cuistot à la mode aux Antipodes modernes.
Il y a de la place pour cinq personnes dans ton coucou, assura Michael qui voulait qu’on en finisse, emmène Sissi et Isabel aussi…* On en a marre de les avoir dans les pattes !*…Elles seront ravies de retrouver leurs chéris !...Et la prochaine toi, viens avec un avion plus grand…un car de tourisme…enfin, ce que tu jugeras bon…parce qu’on va se bousculer au portillon…
En fait, il envisageait déjà une émeute à grande échelle et Reardon avec la sombre envie de les passer tous au fil de l’épée ou quelque chose de ressemblant. Mises au parfum de leur changement de destin, ces dames historiques ne firent pas de chichis, emballèrent leurs possessions les plus précieuses et prirent congé, sans trop d’épanchements de Sir Richard et son Amelia qui ne firent non plus grand foin.
Michael avait trouvé moment pour écrire à Alix. La grande littérature, pas son fort, mais l’essentiel y était, plus un tout bête mais adorable collier de coquillages confectionné par ces dames du comité de loisirs.
Dis à Alix que je rêve de l’instant de la revoir…de les revoir, elle, les jumeaux et Kieran, mes enfants…je les aime…Oui, je sais…on aurait dû avoir plus de temps pour peaufiner un bon plan…mais on fera au mieux…Oui, l’idéal serait une action parallèle…eux viennent…nous on va…t’en fais pas, frangin…on va la trouver, la solution…
Parce qu’il devait bien en avoir une…
Michael De Brent- Messages : 76
Date d'inscription : 08/09/2013
Re: Aube nouvelle
Alix passait par de hauts et des bas. N’était-elle pas coutumière du fait ? Erik allait travailler ce gigunngagap, elle, elle se farcissait Achille ! Droit, direct, ce musclé manquait néanmoins sévèrement de finesse. Mais, allez savoir pourquoi, il adorait Kieran, et Lucas le respectait maintenant. La petite escapade à Stockholm n’avait pas entraîné de catastrophe ; Alix avait retrouvé ses Bermudes en paix.
Et la paix, elle l’avait car on ne pouvait pas dire qu’Achille soit particulièrement sociable. Durant son absence, il s’était tenu très à carreaux. Qu’il eût peur des elfes y était sûrement pour quelque chose mais le grand Achille ne l’aurait jamais avoué. Bikita et Lormar avaient veillé au grain mais assuraient à tour de rôle que le prince antique s’était comporté très amicalement avec les enfants, d’ailleurs il ne souriait qu’avec eux. Sinon, la plupart du temps, il marchait sur la plage, nageait beaucoup parfois très loin, en revenait crevé et affamé. À table, il dévorait gentiment et faisait rire les enfants puis, sitôt ceux-ci au lit, il se refermait mieux qu’une huître passant des heures devant la télévision, découvrant ainsi un peu du monde actuel. Parfois, il jetait un œil las, voire grognon face à l’imposante bibliothèque bien rangée des De Brent. Alix se mordit les lèvres :
*Je leur ai donné la faculté de comprendre nos langues mais ai oublié leur lecture…*
Un soir, après le rituel de nuit des petits, elle le vit s’installer devant la télé avec son air fermé habituel. Elle y avait pensé toute la journée en se demandant comment il réagirait. Presque timidement, elle s’approcha du fauteuil occupé :
Achille, est-ce que cela t’intéresserait d’apprendre à lire ?
Un œil morne se leva sur elle, un haussement d’épaules répondit. Entêtée Alix pouvait l’être :
Tu sais, je reviens de Suède où les gens parlent et écrivent très différemment d’ici, pourtant j’ai su me débrouiller mais pas parce que je suis érudite, simplement parce que j’avais bu ceci.
Elle lui tendit le petit flacon de Stockholm. Il en tirait une tête, le pauvre !
Bien sûr, les effets ne sont pas permanents comme pour la compréhension orale. Tu verses 2 gouttes dans de l’eau, tu ajoutes un petit bout de papier avec les mots de la langue à traduire, ça se dissout quel que soit le papier, tu avales et tu sais lire tout ce que tu veux dans cette langue pendant 24heures. Veux-tu essayer ?
Oh oui, il voulut et Alix, elle, s’en voulut.
Au matin, sa bibliothèque était ravagée. Il y avait passé la nuit entière et y était encore. Elle rit :
Ah, c’est vrai ! J’avais oublié de te dire que la lecture est aussi accélérée… Tu ne m’en veux pas ?
Il était ravi car la boîte à images débitait selon lui plus d’idioties que de vérités.
Tout à l’heure je te montrerai l’ordinateur…
Ce fut une très bonne journée, pendant laquelle l’un comme l’autre oublia un peu la morosité due aux absences.
On terminait le petit déjeuner quand Alix se figea. Ce qu’elle voyait et entendait, nul autre qu’elle ne savait. Au fur et à mesure que le chien argenté parla, les traits d’Alix s’illuminèrent. Anxieux, à la limite inquiet, Achille s’informa. Elle répondit, radieuse :
Oui, une communication sorcière : on va emballer nos affaires. On repart en Australie !
Les bagages furent bouclés en quelques tours de baguettes, la belle range rover devint un portoloin idéal. Accueil chaleureux mais déception aussi : en fait Erik n’avait qu’un tout début d’ouverture vers l’autre monde. Mais le pigeon envoyé était revenu avec des lettres pour chacun ! Alix, chose rare, pleura en lisant la fine écriture de son amour éloigné. Ce n’était qu’une mince avancée, mais une avancée quand même, et tous les espoirs étaient permis.
En attente du résultat des grands travaux de calculs auxquels se livraient Karl Théodore et Erik, parfois secondés par d’autres sorciers, on s’organisa chez les Nielsen. Les enfants étaient ravis de revoir leurs cousins mais les moutons encore plus. Deux qui étaient superbement heureux étaient Louis et Achille. Quoiqu’il s’en défende, le Grec aimait son petit Français. Ensemble, ils rigolaient toujours. Sans être devineresse, Alix capta très bien les intentions de Loulou : rester ! Sauf que son Hélène lui manquait beaucoup. S’il pensait à elle, il ratait sa sauce… Avec ses ronds de jambe destinés à amadouer les sorciers, il tentait de les convaincre que leur présence ici ne gênerait personne. Que s’ils s’étaient adaptés au Fleuve puis au Village, le monde moderne ne les remarquerait même pas !
*Ça, c’est pas dit…*
Lors d’une ixième réunion, Erik dévoila son plan final. Ce serait à eux tous d’ouvrir le Ginnungagap pour qu’il le traverse… en avion. Une folie !! Mais que faire d’autre que d’y adhérer si elle entraînait les retours espérés ?
Le soir dit, chacun sachant exactement quoi et comment faire, on se positionna dans la clairière de décollage. Le Cessna s’envola, emportant avec lui l’espoir de tant de gens… Lorsqu’il disparut, comme avalé par le phénomène, il ne resta qu’à prier et… à chercher :
Opal, où est-elle passée ?
Déjà les McLane s’affolaient. Avec raison, hélas.
Opal, Caroline McLane, gronda sa mère, je t’attends de pied ferme !
Chère belle-sœur ! Toujours aussi téméraire, surtout pour soutenir son Suédois chéri…
Karl, combien de temps avant de savoir, avant leur retour ?
Il ne se prononçait pas formellement. On se rongea les sangs la nuit durant. Personne n’osa aller se coucher par peur de rater un truc important. Louis réussit un tour de force : faire rigoler tout le monde. L’ambiance fut démente, inespérée. Chants, danses, bons crus, on se donnait des airs de fête pour ne pas se terrer, se lamenter, dans un coin. Louis possédait un quelque chose d’inédit. Juvénile ? Non, à bien y regarder pas du tout. Il était bien plus finaud que l’apparence offerte. Preuve en est qu’il fut le 1er à gueuler :
Le navion !!!
Oui, oui ! Il avait raison. Mon Dieu quelle fin de nuit ! Non seulement Erik et Opal sains et saufs étaient là mais ils ramenaient avec eux trois très précieuses dames.
Alix aurait préféré… quelqu’un d’autre mais bon. Ce serait pour la prochaine fois…
Tout ce qu’Alix retint fut que les contemporains de deux lignes temporelles parallèles ne pouvaient cohabiter dans la même.
En attendant le feu vert de l’autre monde, on entreprit l’écolage des nouveaux citoyens…
Et la paix, elle l’avait car on ne pouvait pas dire qu’Achille soit particulièrement sociable. Durant son absence, il s’était tenu très à carreaux. Qu’il eût peur des elfes y était sûrement pour quelque chose mais le grand Achille ne l’aurait jamais avoué. Bikita et Lormar avaient veillé au grain mais assuraient à tour de rôle que le prince antique s’était comporté très amicalement avec les enfants, d’ailleurs il ne souriait qu’avec eux. Sinon, la plupart du temps, il marchait sur la plage, nageait beaucoup parfois très loin, en revenait crevé et affamé. À table, il dévorait gentiment et faisait rire les enfants puis, sitôt ceux-ci au lit, il se refermait mieux qu’une huître passant des heures devant la télévision, découvrant ainsi un peu du monde actuel. Parfois, il jetait un œil las, voire grognon face à l’imposante bibliothèque bien rangée des De Brent. Alix se mordit les lèvres :
*Je leur ai donné la faculté de comprendre nos langues mais ai oublié leur lecture…*
Un soir, après le rituel de nuit des petits, elle le vit s’installer devant la télé avec son air fermé habituel. Elle y avait pensé toute la journée en se demandant comment il réagirait. Presque timidement, elle s’approcha du fauteuil occupé :
Achille, est-ce que cela t’intéresserait d’apprendre à lire ?
Un œil morne se leva sur elle, un haussement d’épaules répondit. Entêtée Alix pouvait l’être :
Tu sais, je reviens de Suède où les gens parlent et écrivent très différemment d’ici, pourtant j’ai su me débrouiller mais pas parce que je suis érudite, simplement parce que j’avais bu ceci.
Elle lui tendit le petit flacon de Stockholm. Il en tirait une tête, le pauvre !
Bien sûr, les effets ne sont pas permanents comme pour la compréhension orale. Tu verses 2 gouttes dans de l’eau, tu ajoutes un petit bout de papier avec les mots de la langue à traduire, ça se dissout quel que soit le papier, tu avales et tu sais lire tout ce que tu veux dans cette langue pendant 24heures. Veux-tu essayer ?
Oh oui, il voulut et Alix, elle, s’en voulut.
Au matin, sa bibliothèque était ravagée. Il y avait passé la nuit entière et y était encore. Elle rit :
Ah, c’est vrai ! J’avais oublié de te dire que la lecture est aussi accélérée… Tu ne m’en veux pas ?
Il était ravi car la boîte à images débitait selon lui plus d’idioties que de vérités.
Tout à l’heure je te montrerai l’ordinateur…
Ce fut une très bonne journée, pendant laquelle l’un comme l’autre oublia un peu la morosité due aux absences.
On terminait le petit déjeuner quand Alix se figea. Ce qu’elle voyait et entendait, nul autre qu’elle ne savait. Au fur et à mesure que le chien argenté parla, les traits d’Alix s’illuminèrent. Anxieux, à la limite inquiet, Achille s’informa. Elle répondit, radieuse :
Oui, une communication sorcière : on va emballer nos affaires. On repart en Australie !
Les bagages furent bouclés en quelques tours de baguettes, la belle range rover devint un portoloin idéal. Accueil chaleureux mais déception aussi : en fait Erik n’avait qu’un tout début d’ouverture vers l’autre monde. Mais le pigeon envoyé était revenu avec des lettres pour chacun ! Alix, chose rare, pleura en lisant la fine écriture de son amour éloigné. Ce n’était qu’une mince avancée, mais une avancée quand même, et tous les espoirs étaient permis.
En attente du résultat des grands travaux de calculs auxquels se livraient Karl Théodore et Erik, parfois secondés par d’autres sorciers, on s’organisa chez les Nielsen. Les enfants étaient ravis de revoir leurs cousins mais les moutons encore plus. Deux qui étaient superbement heureux étaient Louis et Achille. Quoiqu’il s’en défende, le Grec aimait son petit Français. Ensemble, ils rigolaient toujours. Sans être devineresse, Alix capta très bien les intentions de Loulou : rester ! Sauf que son Hélène lui manquait beaucoup. S’il pensait à elle, il ratait sa sauce… Avec ses ronds de jambe destinés à amadouer les sorciers, il tentait de les convaincre que leur présence ici ne gênerait personne. Que s’ils s’étaient adaptés au Fleuve puis au Village, le monde moderne ne les remarquerait même pas !
*Ça, c’est pas dit…*
Lors d’une ixième réunion, Erik dévoila son plan final. Ce serait à eux tous d’ouvrir le Ginnungagap pour qu’il le traverse… en avion. Une folie !! Mais que faire d’autre que d’y adhérer si elle entraînait les retours espérés ?
Le soir dit, chacun sachant exactement quoi et comment faire, on se positionna dans la clairière de décollage. Le Cessna s’envola, emportant avec lui l’espoir de tant de gens… Lorsqu’il disparut, comme avalé par le phénomène, il ne resta qu’à prier et… à chercher :
Opal, où est-elle passée ?
Déjà les McLane s’affolaient. Avec raison, hélas.
Opal, Caroline McLane, gronda sa mère, je t’attends de pied ferme !
Chère belle-sœur ! Toujours aussi téméraire, surtout pour soutenir son Suédois chéri…
Karl, combien de temps avant de savoir, avant leur retour ?
Il ne se prononçait pas formellement. On se rongea les sangs la nuit durant. Personne n’osa aller se coucher par peur de rater un truc important. Louis réussit un tour de force : faire rigoler tout le monde. L’ambiance fut démente, inespérée. Chants, danses, bons crus, on se donnait des airs de fête pour ne pas se terrer, se lamenter, dans un coin. Louis possédait un quelque chose d’inédit. Juvénile ? Non, à bien y regarder pas du tout. Il était bien plus finaud que l’apparence offerte. Preuve en est qu’il fut le 1er à gueuler :
Le navion !!!
Oui, oui ! Il avait raison. Mon Dieu quelle fin de nuit ! Non seulement Erik et Opal sains et saufs étaient là mais ils ramenaient avec eux trois très précieuses dames.
Alix aurait préféré… quelqu’un d’autre mais bon. Ce serait pour la prochaine fois…
Tout ce qu’Alix retint fut que les contemporains de deux lignes temporelles parallèles ne pouvaient cohabiter dans la même.
En attendant le feu vert de l’autre monde, on entreprit l’écolage des nouveaux citoyens…
Alix Blackstorm- Admin
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Date d'inscription : 09/09/2013
Re: Aube nouvelle
La courte visite d’Erik avait fait entrevoir une lumière au bout du tunnel. Il avait pu passer et était sûr de pouvoir ouvrir « la porte » pour eux, parce que l’idée qu’il puisse revenir avec un avion plus grand tenait de la folie. Il leur faudrait trouver le moyen d’atteindre le fameux vortex. Savoir que, « là-bas » un groupe de sorciers patentés et pas des moindres s’échinait à trouver la solution aurait dû les rassurer.
*Ça peut durer ce que ça voudra durer !*
On dit que l’espoir fait vivre. Sans doute ça aidait, mais cette attente sapait le moral le plus solide. Michael sentait le sien flancher piteusement, l’optimisme de Max allait avec sérieuse tendance à la baisse. Savoir ce que pensait Justin devenait chaque jour plus difficile, le cher homme semblait vouloir assumer, seul et en silence, surtout si on croyait à l’air morose de Sam.
En parler ? À quoi bon ? On vaquait à ses occupations en faisant comme si rien, essayant de donner de son mieux et ne pas laisser que l’impatience se mue en angoisse. Et on se préparait, chacun à sa façon pour le moment où ils devraient quitter l’endroit, aussi discrètement que possible pour ne pas éveiller le moindre soupçon et avec un courant de folie générale.
Les soirs, sur leur terrasse, Michael et Max guettaient le ciel, et finissaient, indubitablement par partager leurs avis. Ils étaient heureux d’avoir la possibilité de regagner leur temps, leurs vies mais en même temps se sentaient presque coupables de fausser ainsi compagnie à ces gens qui, d’une façon ou d’une autre comptaient avec eux.
Ouais, c’est plutôt minable mais on n’y peut rien, disait Michael, s’il n’y avait pas Alix et mes gosses, je resterais volontiers…c’est un vrai défi…me doute que toi aussi !
Sans rien savoir encore du départ, il s’investit à fond dans l’entraînement de la Milice dans le maniement d’armes plus lourdes qu’un fusil-mitrailleur, ce qui ne manqua pas d’attirer l’attention du colonel Reardon.
Vous savez quelque chose que j’ignore, De Brent ?...Les patrouilles ne rapportent aucun mouvement inhabituel et là, vous les préparez comme si vous attendiez une invasion !
Vaut mieux être préparés, colonel, si ça nous tombe dessus, ça ne laissera pas de temps de faire grand-chose, à part de se défendre et parlant de défenses, je pense qu’il serait bon de renforcer celles du Village…
Reardon lui coula un regard hautement suspicieux mais finit par admettre qu’Achille avait été du même avis, quoique l’idée de fortifier ou presque les lieux lui semblait un peu extrême. Michael rétorqua que le village était exposé sur tous les flancs, ce qui en cas d’une attaque hypothétique de la part d’un ennemi organisé présentait un énorme désavantage.
Nous sommes dans un monde étrange, Reardon…faut se plier à ce caprice et faire avec…prenons l’exemple de bourgs fortifiés du Moyen-Âge, ça marchait pour eux, ça devrait le faire pour nous !
Vous êtes bien pressé, tout à coup !, il soutint le regard de Michael, haussa un sourcil et finalement secoua la tête, vous allez partir, c’est ça ?...Non, ne dites rien, m’en doutais depuis le début…vous et vos copains n’êtes pas exactement comme nous autres…je vous observe depuis un bon moment…Qui êtes-vous ? Ce sont EUX qui vous envoient ?
EUX, qui ? Ceux qui ont manigancé cette énorme farce ? Non, rassurez-vous…personne ne nous a envoyés, nous sommes arrivés ici par accident et de la même façon nous allons partir…c’est comme ça et nous n’y pouvons rien changer…et non, nous ne pouvons emmener personne avec nous parce que de là où nous venons et où nous allons revenir, n’est ni votre temps ni espace…c’est compliqué. Je suis désolé, croyez-moi…
Norman Reardon resta un instant en silence, en regardant l’horizon, puis carrant la mâchoire émit une espèce de grognement imprécis avant de dire.
Merci de votre confiance. Nous nous débrouillerons. Pas de souci, je ne ferai rien pour vous retenir et dirai encore moins quelque chose aux autres et maintenant, ne perdons pas plus de temps en bavardages !
La mise en place des nouvelles défenses avançait bon train quand le messager ailé d’Erik arriva un soir avec des indications sur leur prochain départ. Ils employèrent ces derniers jours à un frénétique déploiement d’énergie que n’échappa à personne. Le colonel tint parole et agit comme s’il ignorait tout de leurs plans, laissant à Lindsay le soin d’être leur unique complice et mettre tout du sien pour les aider à parvenir à leurs fins. Michael admirait la jeune femme qui avait encaissé avec grand stoïcisme le fait d’être condamnée à demeurer en ces lieux. Faute de pouvoir partir, elle ne voulait que le retour de son mari.
On trouvera bien comment nous en sortir…Neil ne baissera jamais les bras ! , assurait elle avec un petit air crâne.
Elle leur avait indiqué la fameuse plaque, expliqué son fonctionnement et finalement donné le coup d’envoi, comme un brave petit soldat qui accomplit son devoir, sauf qu’elle pleurait. Ça leur gâcha pas mal la joie de ce départ. Avec son filleul Anthony dans les bras, Michael vécut les instants les plus extraordinaires de son existence. Le vortex les absorba, les lançant dans une espèce de tourbillon aux couleurs démentes où, curieusement, ils ne furent pas malmenés. Ce fut un déplacement express, silencieux, dont la fin brusque les surprit tous. Au firmament figuraient les constellations australes mais la seconde d’après la seule chose qui comptait pour Michael était la vision d’Alix courant vers lui…Il fourra le petit garçon dans les bras de sa mère et piqua un sprint.
Le reste du monde cessa d’exister, seule comptait cette étreinte folle, ces baisers, ces larmes de pur soulagement, de bonheur, d’amour.
Enfin…je pensais devenir fou !!!...Je t’aime tellement, mon Alix, ma chérie !, il la regardait, l’embrassait comme un fou, la serrait contre lui, sans presque pouvoir y croire.
Mais déjà les jumeaux s’amenaient au galop et lui tombaient dessus en piaillant comme des moineaux ravis. Et Kieran, qui lâchant la main d’Erik, courait en tendant ses petits bras.
Papa…papa…
Michael se sentit littéralement fondre en le cueillant dans ses bras. Le petit garçon gloussa de bonheur en enfouissant sa tête contre son cou au temps de dire :
Kieran heureux, papa de retour !!!
Papa est heureux aussi, mon ange…papa est heureux…tu sais pas combien !
Le mioche s’écarta un peu et le dévisagea puis prenant son visage entre ses menottes lui plaqua un bisou sur la joue.
Kieran sait…Kieran sent…tu crois, tout bien …Kieran aime Papa !
Alors tout va bien !, assura Michael en ébouriffant les boucles brunes de son fils qui riait, ravi.
Accolade émue à son frère qui avouait s’être fait un sang d’encre.
Ben tu vois, c’est allé sans plus de mal, on a eu une de la chance et de l’aide…mais sans toi, on n’y serait jamais arrivés…tu es le meilleur frère qu’on puisse avoir !...Mais, dis-moi, selon tes messages ici…c’est Octobre 2003, c’est-à-dire deux mois à peine…or pour nous, là-bas…ça a fait beaucoup…beaucoup plus long…plus de six mois…
On laissa les explications pour après, là, l’ambiance était à la fête. Louis le 14ème du nom avait préparé un véritable festin de bienvenue mais avant on procéda aux présentations. Rencontrer un héros mythique qui en plus lui ressemblait presque comme deux gouttes d’eau secoua quand même Michael mais on se contenta de se serrer la main, sans plus et passer au prochain. Le Roi de France était tout un personnage, dans toute l’amplitude du mot, même s’il n’avait l’air aussi exactement royal qu’on aurait pu l’imaginer. Alpha l’homme du futur était décidément le sosie de Max, en omettant le sourire.
Du genre sérieux, le mec…, souffla t’il à l’oreille de son Alix, et ton Grec, pas l’air trop commode…ou oui ?...Euh, non, c’est juste une question…c’est vrai qu’il me ressemble… Ah, adorable avec les enfants…qui l’eut cru…et avec toi ?
Il eut droit à un de ces regard veloutés et malicieux qui avaient l’heur de le chavirer, le privant de toute envie de poser des questions idiotes.
Soirée inoubliable, on mangea, on but, on dansa, on se raconta, sans trop penser aux lendemains. Mais à moment donné, Michael décida qu’il était grand temps de se retirer, profitant surtout que les enfants en plein restaient avec leurs cousins, à la ferme.
Intenses retrouvailles avec son Alix dont il s’était tant langui et à qui il semblait avoir manqué autant. L’aube colorait doucement l’horizon quand ils s’endormirent enfin, dans les bras l’un de l’autre. Un sonore gong, mit tout le monde sur avis : le petit déjeuner était servi.
Je pensais qu’on annonçait la fin du monde !, grommela Michael en enfouissant la tête sous l’oreiller, on peut pas rester là ?...
Elle avait des moyens très efficaces pour le faire changer d’avis.
Tout le monde était réuni à la grande salle à manger, où était présenté un superbe buffet petit-déjeuner, œuvre de l’infatigable créatif gastronomique de service.
M’est avis que Sam et Opal vont avoir une rude concurrence, là !
Et il n’était pas le seul à y penser, mais ce n’était pas tout. Ils avaient sur les bras six personnes issues d’une réalité fébrile et hautement improbable aux yeux du monde. Sans identité valable, sans documents, sans aucune connaissance des us et coutumes de ce temps auquel ils devraient s’assimiler.
Michael aurait, très égoïstement, préféré rentrer chez lui, aux Bermudes avec femme et enfants pour reprendre une vie normale, mais resta encore quelque temps en Australie pour un début, basique, d’instruction. Tous y mettaient du sien.
Curieux écolage, celui-là. Instruire un héros mythique aux us et coutumes du 21ème siècle s’avéra, contre toute attente, bien plus facile que faire assumer à Isabel Kittredge qu’ils étaient sorciers de bon aloi, ou sorciers tout court, sans aucun penchant satanique à blâmer. Le plus hilarant était Louis, avec sa façon très à lui de tourner les choses, mais le résultat ne fut pas moins extraordinaire. Alpha, lui, n’avait pas de problèmes, il suivait le mouvement et se révélait une source étonnante de connaissances et informations techniques.
Si jamais un service secret quelconque le découvre, ce gars est bon pour le labo, de tous, il est le seul qu’on pourrait considérer comme une espèce de menace !...On fera en sorte pour que ça n’arrive pas, ma douce, mais il devra se montrer discret…quoique, regarde-le…un vrai sunny boy, surfeur accompli, personne croirait que c’est une arme létale…
Pour clore la phase australienne, avant de migrer en Angleterre sous la houlette de Justin, on avait emmené tout ce petit monde à la plage. Ce serait leur dernier moment de véritable détente avant longtemps.
Se la couler en douce dans un cadre idyllique avec Alix à ses côtés, alors que leurs enfants grandissaient paisiblement ? À moitié vrai. Après quelque temps à voguer au septième ciel, détaché de tout problème terrestre ni s’occuper du prochain au-delà des murs de son douillet chez soi, Michael avait abandonné peu à peu son refuge bucolique.
Il était sûr que Justin lui en voulait un peu, ou qui sait si pas mal, de s’être montré si commode et l’avoir laissé avec les Historiques sur les bras, mais n’avait vu le besoin de retourner en Angleterre pour participer à la socialisation des personnages. Il avait donné un coup de man, à sa façon, et dégotté pour eux des identités impeccables, appuyées d’histoires parfaitement crédibles, couronnant le tout avec l’apport de toute pièce d’identité nécessaire pour exister vraiment en ce bas monde.
Alix avait passé en revue la palette de documents et bien sûr voulut savoir comment il s’était arrangé pour réussir ce tour de bras.
Ma foi, je connais des gens qui en connaissent d’autres, on me devait quelques faveurs…enfin, tu sais comment ça marche…Euh, non, ce sont pas des faux…enfin, pas comme tous les faux du monde…ceux-ci sont spéciaux…si bien c’est inventé de toutes pièces, tout ceci est parfaitement légal et véritable…Nos amis sont enregistrés dans tous les systèmes…ILS existent !...Avec ça et la fortune de leurs diamants, ils pourront commencer leur vie…dès qu’ils seront prêts…
Bermudes, Juillet 2004
Les courriels de Justin étaient laconiques mais précis. Michael s’étonnait que son copain ait encore le temps de donner de ses nouvelles avec tout ce qu’il avait sur les bras. Heureusement que Samantha avait le bon cœur de s’étendre un peu plus et les tenir à jour sur les avatars de l’encore et toujours Ministre de la Magie.
Elle se fait de la bile pour Justin…il travaille trop, se fait de la bile pour tout le monde et râle… pas nouveau, il est comme ça… il me le dit pas mais pense à coup sûr que je pourrais m’échiner un peu plus pour mon prochain…mais non, voyons, ma chérie, je n’ai nullement l’intention d’aller où que ce soit…pas sans toi, en tout cas !
De son côté, Alix avait aussi des nouvelles, et pas des moindres. Hélène et Isabel étaient enceintes.
Tiens donc, voilà qui confirme bien leur « existence »…Ils sont aussi réels que toi et moi…et pour autant aussi mortels…ben oui, là-bas, ils revenaient à la vie à chaque fois… une fois quitté leur monde, le privilège disparait, ce qui me semble logique…au cas où il y aurait quelque chose de logique dans toute cette histoire…
Il laissa tomber le thème aussi vite qu’entamé, comme toujours. Impossible de ne pas remarquer qu’il évitait soigneusement de parler de cela et pourtant Alix devait savait que cela le taraudait, compte tenu que c’était à elle de supporter des cauchemars qui le hantaient depuis un certain temps.
Cela avait commencé avec LA Voix et son insidieuse question: « Ça se sent bien d’être à sauf ? » Juste cela, mais c’était amplement suffisant pour éveiller un semblant de culpabilité qui allait en croissant de jour en jour. Alix essayait de l’en distraire, de calmer ses appréhensions, cela marchait très bien pendant la journée quand l’énergie débordante des enfants l’occupait la plupart du temps…
Mais depuis trois jours déjà que La Voix avait ajouté quelque chose à sa sempiternelle question : « Ça se sent bien d’être à sauf ?...Demande à tes amis. Le temps approche ! »
*Le temps de quoi !?*
Michael qui s’était refusé de donner foi à ses mauvais rêves, commençait à changer d’avis. Comme qui ne veut rien, il annonça au petit déjeuner :
Je vais aller voir Justin…Hey ! Quand j’ai dit de ne rien faire…je parlais d’entreprendre quelque chose de hasardeux…là, ce ne serait que le visiter, petite mise à jour, me faire envoyer au diable…tu sais, la routine entre potes…et puis j’ai aussi pensé faire un saut chez Maman…ce sera toujours mieux que la voir débarquer ici…
Alix lui rappela qu’elle viendrait sans aucun doute pour son anniversaire.
On doit faire une grande réunion ?...Allons plutôt à Bora-Bora et on fête tous seuls…Oui, bien sûr que j’ai envie de voir tout le monde…*Menteur, tu t’en passerais très bien !*…les Historiques aussi ?...Ma chérie…et qui expliquera à ma mère que j’ai un double ?...*Pas moi !*…C’est bon, je le dirai à Justin, faudra qu’il trouve un créneau dans son agenda de sauveur de l’espèce humaine…
Arriver jusqu’au bureau du Ministre demanda temps et patience. Le fait de ne pas avoir pris rendez-vous augmenta les obstacles. La bureaucratie pure et dure régnait.
Annoncez-moi, ce sera plus simple…je suis son ami !
Ce qui aux yeux de ces sorciers bornés n’était aucune garantie. Par un heureux hasard, le Duc de Gilmore vint à passer par là et régla l’affaire en un temps deux mouvements. Le bureau du Ministre de la Magie anglais avait subi une drôle de mutation et à présent avait des allures de QG ultra moderne, avec un équipement de pointe à faire pâlir d’envie n’importe quel chef d’état. Justin avait maigri, il était pâle et semblait, en cet instant, fort de mauvais poil en parlant au téléphone. Michael avança tranquillement et prit place face au bureau encombré. Le Ministre mit fin á sa conversation en raccrochant, rageur et le dévisagea, assez incrédule.
Ben oui, c’est moi…ça fait plus d’une heure que je galère pour arriver ici. Vais pas demander si ça va...t’as une mine à faire peur !...Ok, pas besoin de monter sur tes grand chevaux, je reconnais être une vache de la pire espèce, un animal commode et ce que tu voudras…Oui, Justin, j’ai pas mon pareil en égoïsme…
Il le laissa pérorer tout son soûl jusqu’à ce qu’il eut vidé son sac et se calme un peu. Comme prévu, Justin se sentait responsable de tous et chacun, du moindre des sorciers jusqu’au dernier, en passant par bon nombre de moldus, la paix du monde, les émanations de CO, l’humeur de Tony Blair, la sécurité de ses protégés et pas mal d’autres choses.
Ta femmes…tes enfants ?...C’est bon, sans ironies…Alix va bien, merci, les gosses aussi…Bien sûr que Kieran aussi…Oui, j’ai su pour ces dames et oui, j’ai pigé au quart de tour ce que ça signifie mais si tu veux mon avis, ça ne les préoccupe pas, ils ont une vie normale…Mais ce n’est pas de ça que je voulais te parler… Ça fait un certain temps que je fais des rêves étranges…et entends une voix…
Un autre aurait rigolé lui recommandant d’aller consulter un psy mais l’expression de Justin n’avait rien de moqueur, que du contraire, il semblait en même temps accablé et soulagé, pour autant que cela soit possible.
Tu…l’entends aussi, n’est-ce pas ?...Sam ?...Ah tu penses que non…Sais pas pour Max, ai pas pensé à aller le lui demander…faudra le faire, oui…Cela a changé depuis trois jours… Oui,… « …le temps approche ! »…et ça ne sonne pas comme si c’était quelque chose de trop bon…pas si c’est comme les rêves…Ben non, rêver à la fin du monde n’est pas spécialement engageant…surtout quand ça arrive chaque fois plus souvent…Non, j’en ai parlé à personne d’autre…Alix se doute que ça cloche quelque part mais vais pas lui sortir un truc pareil… Tu sais, mon vieux, tu devrais fermer boutique pour aujourd’hui, sortons d’ici…on peut aller au resto de Sam…et…
Pas question de se montrer irresponsable ! Il avait des tonnes de travail à résoudre.
Et si tu crèves sur place, ça va arranger quoi, à ton avis ?...Me joue pas le numéro du dévouement extrême…je sais, bon sang…T’es toujours le même Serdaigle borné, attaché aux principes…T’as pas pensé à démissionner…Bien sûr qu’ils veulent rien entendre…Ils ont un bourreau du travail qui assume à lui tout seul toutes les misères existantes…Ils sont ravis et toi tu sacrifies ta vie pour un fichu poste que tu n’as pas voulu…Que faire ?...Je vais te le dire, moi…oublie pas que je suis un Serpentard égoïste et roué…commence par péter un câble…fais quelques conneries et si ça marche pas…tu clamses…enfin, fais semblant de…je te rapatrie sous le soleil et on se paye du bon temps, ok !?
Justin le mit carrément à la porte, mais quelque chose disait à Michael que l’idée se frayerait son petit bout de chemin dans ce noble esprit…en attendant, il se munit de toute sa patience et endurance avant de trasplaner au Manoir Cavendish.
*Quelle journée fructueuse…*
*Ça peut durer ce que ça voudra durer !*
On dit que l’espoir fait vivre. Sans doute ça aidait, mais cette attente sapait le moral le plus solide. Michael sentait le sien flancher piteusement, l’optimisme de Max allait avec sérieuse tendance à la baisse. Savoir ce que pensait Justin devenait chaque jour plus difficile, le cher homme semblait vouloir assumer, seul et en silence, surtout si on croyait à l’air morose de Sam.
En parler ? À quoi bon ? On vaquait à ses occupations en faisant comme si rien, essayant de donner de son mieux et ne pas laisser que l’impatience se mue en angoisse. Et on se préparait, chacun à sa façon pour le moment où ils devraient quitter l’endroit, aussi discrètement que possible pour ne pas éveiller le moindre soupçon et avec un courant de folie générale.
Les soirs, sur leur terrasse, Michael et Max guettaient le ciel, et finissaient, indubitablement par partager leurs avis. Ils étaient heureux d’avoir la possibilité de regagner leur temps, leurs vies mais en même temps se sentaient presque coupables de fausser ainsi compagnie à ces gens qui, d’une façon ou d’une autre comptaient avec eux.
Ouais, c’est plutôt minable mais on n’y peut rien, disait Michael, s’il n’y avait pas Alix et mes gosses, je resterais volontiers…c’est un vrai défi…me doute que toi aussi !
Sans rien savoir encore du départ, il s’investit à fond dans l’entraînement de la Milice dans le maniement d’armes plus lourdes qu’un fusil-mitrailleur, ce qui ne manqua pas d’attirer l’attention du colonel Reardon.
Vous savez quelque chose que j’ignore, De Brent ?...Les patrouilles ne rapportent aucun mouvement inhabituel et là, vous les préparez comme si vous attendiez une invasion !
Vaut mieux être préparés, colonel, si ça nous tombe dessus, ça ne laissera pas de temps de faire grand-chose, à part de se défendre et parlant de défenses, je pense qu’il serait bon de renforcer celles du Village…
Reardon lui coula un regard hautement suspicieux mais finit par admettre qu’Achille avait été du même avis, quoique l’idée de fortifier ou presque les lieux lui semblait un peu extrême. Michael rétorqua que le village était exposé sur tous les flancs, ce qui en cas d’une attaque hypothétique de la part d’un ennemi organisé présentait un énorme désavantage.
Nous sommes dans un monde étrange, Reardon…faut se plier à ce caprice et faire avec…prenons l’exemple de bourgs fortifiés du Moyen-Âge, ça marchait pour eux, ça devrait le faire pour nous !
Vous êtes bien pressé, tout à coup !, il soutint le regard de Michael, haussa un sourcil et finalement secoua la tête, vous allez partir, c’est ça ?...Non, ne dites rien, m’en doutais depuis le début…vous et vos copains n’êtes pas exactement comme nous autres…je vous observe depuis un bon moment…Qui êtes-vous ? Ce sont EUX qui vous envoient ?
EUX, qui ? Ceux qui ont manigancé cette énorme farce ? Non, rassurez-vous…personne ne nous a envoyés, nous sommes arrivés ici par accident et de la même façon nous allons partir…c’est comme ça et nous n’y pouvons rien changer…et non, nous ne pouvons emmener personne avec nous parce que de là où nous venons et où nous allons revenir, n’est ni votre temps ni espace…c’est compliqué. Je suis désolé, croyez-moi…
Norman Reardon resta un instant en silence, en regardant l’horizon, puis carrant la mâchoire émit une espèce de grognement imprécis avant de dire.
Merci de votre confiance. Nous nous débrouillerons. Pas de souci, je ne ferai rien pour vous retenir et dirai encore moins quelque chose aux autres et maintenant, ne perdons pas plus de temps en bavardages !
La mise en place des nouvelles défenses avançait bon train quand le messager ailé d’Erik arriva un soir avec des indications sur leur prochain départ. Ils employèrent ces derniers jours à un frénétique déploiement d’énergie que n’échappa à personne. Le colonel tint parole et agit comme s’il ignorait tout de leurs plans, laissant à Lindsay le soin d’être leur unique complice et mettre tout du sien pour les aider à parvenir à leurs fins. Michael admirait la jeune femme qui avait encaissé avec grand stoïcisme le fait d’être condamnée à demeurer en ces lieux. Faute de pouvoir partir, elle ne voulait que le retour de son mari.
On trouvera bien comment nous en sortir…Neil ne baissera jamais les bras ! , assurait elle avec un petit air crâne.
Elle leur avait indiqué la fameuse plaque, expliqué son fonctionnement et finalement donné le coup d’envoi, comme un brave petit soldat qui accomplit son devoir, sauf qu’elle pleurait. Ça leur gâcha pas mal la joie de ce départ. Avec son filleul Anthony dans les bras, Michael vécut les instants les plus extraordinaires de son existence. Le vortex les absorba, les lançant dans une espèce de tourbillon aux couleurs démentes où, curieusement, ils ne furent pas malmenés. Ce fut un déplacement express, silencieux, dont la fin brusque les surprit tous. Au firmament figuraient les constellations australes mais la seconde d’après la seule chose qui comptait pour Michael était la vision d’Alix courant vers lui…Il fourra le petit garçon dans les bras de sa mère et piqua un sprint.
Le reste du monde cessa d’exister, seule comptait cette étreinte folle, ces baisers, ces larmes de pur soulagement, de bonheur, d’amour.
Enfin…je pensais devenir fou !!!...Je t’aime tellement, mon Alix, ma chérie !, il la regardait, l’embrassait comme un fou, la serrait contre lui, sans presque pouvoir y croire.
Mais déjà les jumeaux s’amenaient au galop et lui tombaient dessus en piaillant comme des moineaux ravis. Et Kieran, qui lâchant la main d’Erik, courait en tendant ses petits bras.
Papa…papa…
Michael se sentit littéralement fondre en le cueillant dans ses bras. Le petit garçon gloussa de bonheur en enfouissant sa tête contre son cou au temps de dire :
Kieran heureux, papa de retour !!!
Papa est heureux aussi, mon ange…papa est heureux…tu sais pas combien !
Le mioche s’écarta un peu et le dévisagea puis prenant son visage entre ses menottes lui plaqua un bisou sur la joue.
Kieran sait…Kieran sent…tu crois, tout bien …Kieran aime Papa !
Alors tout va bien !, assura Michael en ébouriffant les boucles brunes de son fils qui riait, ravi.
Accolade émue à son frère qui avouait s’être fait un sang d’encre.
Ben tu vois, c’est allé sans plus de mal, on a eu une de la chance et de l’aide…mais sans toi, on n’y serait jamais arrivés…tu es le meilleur frère qu’on puisse avoir !...Mais, dis-moi, selon tes messages ici…c’est Octobre 2003, c’est-à-dire deux mois à peine…or pour nous, là-bas…ça a fait beaucoup…beaucoup plus long…plus de six mois…
On laissa les explications pour après, là, l’ambiance était à la fête. Louis le 14ème du nom avait préparé un véritable festin de bienvenue mais avant on procéda aux présentations. Rencontrer un héros mythique qui en plus lui ressemblait presque comme deux gouttes d’eau secoua quand même Michael mais on se contenta de se serrer la main, sans plus et passer au prochain. Le Roi de France était tout un personnage, dans toute l’amplitude du mot, même s’il n’avait l’air aussi exactement royal qu’on aurait pu l’imaginer. Alpha l’homme du futur était décidément le sosie de Max, en omettant le sourire.
Du genre sérieux, le mec…, souffla t’il à l’oreille de son Alix, et ton Grec, pas l’air trop commode…ou oui ?...Euh, non, c’est juste une question…c’est vrai qu’il me ressemble… Ah, adorable avec les enfants…qui l’eut cru…et avec toi ?
Il eut droit à un de ces regard veloutés et malicieux qui avaient l’heur de le chavirer, le privant de toute envie de poser des questions idiotes.
Soirée inoubliable, on mangea, on but, on dansa, on se raconta, sans trop penser aux lendemains. Mais à moment donné, Michael décida qu’il était grand temps de se retirer, profitant surtout que les enfants en plein restaient avec leurs cousins, à la ferme.
Intenses retrouvailles avec son Alix dont il s’était tant langui et à qui il semblait avoir manqué autant. L’aube colorait doucement l’horizon quand ils s’endormirent enfin, dans les bras l’un de l’autre. Un sonore gong, mit tout le monde sur avis : le petit déjeuner était servi.
Je pensais qu’on annonçait la fin du monde !, grommela Michael en enfouissant la tête sous l’oreiller, on peut pas rester là ?...
Elle avait des moyens très efficaces pour le faire changer d’avis.
Tout le monde était réuni à la grande salle à manger, où était présenté un superbe buffet petit-déjeuner, œuvre de l’infatigable créatif gastronomique de service.
M’est avis que Sam et Opal vont avoir une rude concurrence, là !
Et il n’était pas le seul à y penser, mais ce n’était pas tout. Ils avaient sur les bras six personnes issues d’une réalité fébrile et hautement improbable aux yeux du monde. Sans identité valable, sans documents, sans aucune connaissance des us et coutumes de ce temps auquel ils devraient s’assimiler.
Michael aurait, très égoïstement, préféré rentrer chez lui, aux Bermudes avec femme et enfants pour reprendre une vie normale, mais resta encore quelque temps en Australie pour un début, basique, d’instruction. Tous y mettaient du sien.
Curieux écolage, celui-là. Instruire un héros mythique aux us et coutumes du 21ème siècle s’avéra, contre toute attente, bien plus facile que faire assumer à Isabel Kittredge qu’ils étaient sorciers de bon aloi, ou sorciers tout court, sans aucun penchant satanique à blâmer. Le plus hilarant était Louis, avec sa façon très à lui de tourner les choses, mais le résultat ne fut pas moins extraordinaire. Alpha, lui, n’avait pas de problèmes, il suivait le mouvement et se révélait une source étonnante de connaissances et informations techniques.
Si jamais un service secret quelconque le découvre, ce gars est bon pour le labo, de tous, il est le seul qu’on pourrait considérer comme une espèce de menace !...On fera en sorte pour que ça n’arrive pas, ma douce, mais il devra se montrer discret…quoique, regarde-le…un vrai sunny boy, surfeur accompli, personne croirait que c’est une arme létale…
Pour clore la phase australienne, avant de migrer en Angleterre sous la houlette de Justin, on avait emmené tout ce petit monde à la plage. Ce serait leur dernier moment de véritable détente avant longtemps.
Se la couler en douce dans un cadre idyllique avec Alix à ses côtés, alors que leurs enfants grandissaient paisiblement ? À moitié vrai. Après quelque temps à voguer au septième ciel, détaché de tout problème terrestre ni s’occuper du prochain au-delà des murs de son douillet chez soi, Michael avait abandonné peu à peu son refuge bucolique.
Il était sûr que Justin lui en voulait un peu, ou qui sait si pas mal, de s’être montré si commode et l’avoir laissé avec les Historiques sur les bras, mais n’avait vu le besoin de retourner en Angleterre pour participer à la socialisation des personnages. Il avait donné un coup de man, à sa façon, et dégotté pour eux des identités impeccables, appuyées d’histoires parfaitement crédibles, couronnant le tout avec l’apport de toute pièce d’identité nécessaire pour exister vraiment en ce bas monde.
Alix avait passé en revue la palette de documents et bien sûr voulut savoir comment il s’était arrangé pour réussir ce tour de bras.
Ma foi, je connais des gens qui en connaissent d’autres, on me devait quelques faveurs…enfin, tu sais comment ça marche…Euh, non, ce sont pas des faux…enfin, pas comme tous les faux du monde…ceux-ci sont spéciaux…si bien c’est inventé de toutes pièces, tout ceci est parfaitement légal et véritable…Nos amis sont enregistrés dans tous les systèmes…ILS existent !...Avec ça et la fortune de leurs diamants, ils pourront commencer leur vie…dès qu’ils seront prêts…
Bermudes, Juillet 2004
Les courriels de Justin étaient laconiques mais précis. Michael s’étonnait que son copain ait encore le temps de donner de ses nouvelles avec tout ce qu’il avait sur les bras. Heureusement que Samantha avait le bon cœur de s’étendre un peu plus et les tenir à jour sur les avatars de l’encore et toujours Ministre de la Magie.
Elle se fait de la bile pour Justin…il travaille trop, se fait de la bile pour tout le monde et râle… pas nouveau, il est comme ça… il me le dit pas mais pense à coup sûr que je pourrais m’échiner un peu plus pour mon prochain…mais non, voyons, ma chérie, je n’ai nullement l’intention d’aller où que ce soit…pas sans toi, en tout cas !
De son côté, Alix avait aussi des nouvelles, et pas des moindres. Hélène et Isabel étaient enceintes.
Tiens donc, voilà qui confirme bien leur « existence »…Ils sont aussi réels que toi et moi…et pour autant aussi mortels…ben oui, là-bas, ils revenaient à la vie à chaque fois… une fois quitté leur monde, le privilège disparait, ce qui me semble logique…au cas où il y aurait quelque chose de logique dans toute cette histoire…
Il laissa tomber le thème aussi vite qu’entamé, comme toujours. Impossible de ne pas remarquer qu’il évitait soigneusement de parler de cela et pourtant Alix devait savait que cela le taraudait, compte tenu que c’était à elle de supporter des cauchemars qui le hantaient depuis un certain temps.
Cela avait commencé avec LA Voix et son insidieuse question: « Ça se sent bien d’être à sauf ? » Juste cela, mais c’était amplement suffisant pour éveiller un semblant de culpabilité qui allait en croissant de jour en jour. Alix essayait de l’en distraire, de calmer ses appréhensions, cela marchait très bien pendant la journée quand l’énergie débordante des enfants l’occupait la plupart du temps…
Mais depuis trois jours déjà que La Voix avait ajouté quelque chose à sa sempiternelle question : « Ça se sent bien d’être à sauf ?...Demande à tes amis. Le temps approche ! »
*Le temps de quoi !?*
Michael qui s’était refusé de donner foi à ses mauvais rêves, commençait à changer d’avis. Comme qui ne veut rien, il annonça au petit déjeuner :
Je vais aller voir Justin…Hey ! Quand j’ai dit de ne rien faire…je parlais d’entreprendre quelque chose de hasardeux…là, ce ne serait que le visiter, petite mise à jour, me faire envoyer au diable…tu sais, la routine entre potes…et puis j’ai aussi pensé faire un saut chez Maman…ce sera toujours mieux que la voir débarquer ici…
Alix lui rappela qu’elle viendrait sans aucun doute pour son anniversaire.
On doit faire une grande réunion ?...Allons plutôt à Bora-Bora et on fête tous seuls…Oui, bien sûr que j’ai envie de voir tout le monde…*Menteur, tu t’en passerais très bien !*…les Historiques aussi ?...Ma chérie…et qui expliquera à ma mère que j’ai un double ?...*Pas moi !*…C’est bon, je le dirai à Justin, faudra qu’il trouve un créneau dans son agenda de sauveur de l’espèce humaine…
Arriver jusqu’au bureau du Ministre demanda temps et patience. Le fait de ne pas avoir pris rendez-vous augmenta les obstacles. La bureaucratie pure et dure régnait.
Annoncez-moi, ce sera plus simple…je suis son ami !
Ce qui aux yeux de ces sorciers bornés n’était aucune garantie. Par un heureux hasard, le Duc de Gilmore vint à passer par là et régla l’affaire en un temps deux mouvements. Le bureau du Ministre de la Magie anglais avait subi une drôle de mutation et à présent avait des allures de QG ultra moderne, avec un équipement de pointe à faire pâlir d’envie n’importe quel chef d’état. Justin avait maigri, il était pâle et semblait, en cet instant, fort de mauvais poil en parlant au téléphone. Michael avança tranquillement et prit place face au bureau encombré. Le Ministre mit fin á sa conversation en raccrochant, rageur et le dévisagea, assez incrédule.
Ben oui, c’est moi…ça fait plus d’une heure que je galère pour arriver ici. Vais pas demander si ça va...t’as une mine à faire peur !...Ok, pas besoin de monter sur tes grand chevaux, je reconnais être une vache de la pire espèce, un animal commode et ce que tu voudras…Oui, Justin, j’ai pas mon pareil en égoïsme…
Il le laissa pérorer tout son soûl jusqu’à ce qu’il eut vidé son sac et se calme un peu. Comme prévu, Justin se sentait responsable de tous et chacun, du moindre des sorciers jusqu’au dernier, en passant par bon nombre de moldus, la paix du monde, les émanations de CO, l’humeur de Tony Blair, la sécurité de ses protégés et pas mal d’autres choses.
Ta femmes…tes enfants ?...C’est bon, sans ironies…Alix va bien, merci, les gosses aussi…Bien sûr que Kieran aussi…Oui, j’ai su pour ces dames et oui, j’ai pigé au quart de tour ce que ça signifie mais si tu veux mon avis, ça ne les préoccupe pas, ils ont une vie normale…Mais ce n’est pas de ça que je voulais te parler… Ça fait un certain temps que je fais des rêves étranges…et entends une voix…
Un autre aurait rigolé lui recommandant d’aller consulter un psy mais l’expression de Justin n’avait rien de moqueur, que du contraire, il semblait en même temps accablé et soulagé, pour autant que cela soit possible.
Tu…l’entends aussi, n’est-ce pas ?...Sam ?...Ah tu penses que non…Sais pas pour Max, ai pas pensé à aller le lui demander…faudra le faire, oui…Cela a changé depuis trois jours… Oui,… « …le temps approche ! »…et ça ne sonne pas comme si c’était quelque chose de trop bon…pas si c’est comme les rêves…Ben non, rêver à la fin du monde n’est pas spécialement engageant…surtout quand ça arrive chaque fois plus souvent…Non, j’en ai parlé à personne d’autre…Alix se doute que ça cloche quelque part mais vais pas lui sortir un truc pareil… Tu sais, mon vieux, tu devrais fermer boutique pour aujourd’hui, sortons d’ici…on peut aller au resto de Sam…et…
Pas question de se montrer irresponsable ! Il avait des tonnes de travail à résoudre.
Et si tu crèves sur place, ça va arranger quoi, à ton avis ?...Me joue pas le numéro du dévouement extrême…je sais, bon sang…T’es toujours le même Serdaigle borné, attaché aux principes…T’as pas pensé à démissionner…Bien sûr qu’ils veulent rien entendre…Ils ont un bourreau du travail qui assume à lui tout seul toutes les misères existantes…Ils sont ravis et toi tu sacrifies ta vie pour un fichu poste que tu n’as pas voulu…Que faire ?...Je vais te le dire, moi…oublie pas que je suis un Serpentard égoïste et roué…commence par péter un câble…fais quelques conneries et si ça marche pas…tu clamses…enfin, fais semblant de…je te rapatrie sous le soleil et on se paye du bon temps, ok !?
Justin le mit carrément à la porte, mais quelque chose disait à Michael que l’idée se frayerait son petit bout de chemin dans ce noble esprit…en attendant, il se munit de toute sa patience et endurance avant de trasplaner au Manoir Cavendish.
*Quelle journée fructueuse…*
Michael De Brent- Messages : 76
Date d'inscription : 08/09/2013
Re: Aube nouvelle
Moments de pur bonheur : IL était de retour !
Michael, Michael chéri, tu m’as tant manqué !
Les gosses déboulèrent interrompre ces retrouvailles intenses. Sûrement, ils leur avaient énormément manqué aussi, tous.
2004
1an de paix ? Plus ou moins.
Pour en arriver là, il avait fallu instruire la clique historique : pas du gâteau. Michael avait participé à sa façon désinvolte, ne rêvant, apparemment, qu’à rentrer vite au bercail.
Vive la vie des Bermudes…
Pas qu’elle s’ennuyait, les gosses lui fournissaient assez de distractions pour ne pas avoir trop de loisirs vains. Entre famille et boulot, Alix ne chômait jamais. Très discrètement, Ysaline lui avait confié un fragment de pilule bleue qui, selon elle, avait un pouvoir de régénération fabuleux. Probablement qu’un autre fragment était allé en Angleterre dans les mains d’Angel. À trois, œuvrant séparément à chaque coin du monde en appliquant des méthodes très différentes, elles finiraient bien par en découvrir la composition révolutionnaire. Ysaline serait sans doute très scientifique, Angel empirique, Alix… sorcière. Michael ne se doutait pas de ce qu’elle fabriquait dans son labo, ni dans ses serres.
Il était parfois bizarre, son époux. Si morose, fatigué sans raison apparente, quelque chose devait le tracasser. Quoi ? Bonne question ! Il ne l’ouvrait pas, se contentant de donner de vagues informations sur la santé et conditions de leurs amis communs récoltées via le net, le plus souvent.
Ainsi, Sam s’inquiétait pour Justin ? Rien d’extraordinaire à cela. De son côté, Alix communiquait aussi avec Les expatriés. Par qu’elle aimât beaucoup les ordinateurs, mais le monde évoluait, donc…
*Wow ! Isabel et Hélène sont enceintes !*
D’après ce que Michael et les autres avaient raconté, la chose était impossible delà où ils venaient. De plus, hélas, cela signifiait aussi leur mortalité. Devant ce bilan, son époux conclut :
… là-bas, ils revenaient à la vie à chaque fois… une fois quitté leur monde, le privilège disparait…
Logique ou pas, elle espéra que ceux-là feraient gaffe à leur peau à l’avenir.
La nuit fut très éprouvante. Une fois de plus Michael cauchemarda. Il s’agitait tellement qu’elle ne put s’empêcher d’effectuer un geste qu’elle ne faisait jamais sur lui sans son consentement. Une pression sur le poignet de son adoré: elle sut.
Plongée au cœur des rêves de Michael, elle fut très effrayée par cette voix mielleuse qui le hantait depuis un moment déjà.
« Ça se sent bien d’être à sauf ?...Demande à tes amis. Le temps approche ! »
Le temps de quoi ?
Impossible de savoir. Mais que dès le lendemain, Michael déclare l’air de rien :
Je vais aller voir Justin…
Dois-je te rappeler que tu avais dit n’aller nulle part sans moi ?
…là, ce ne serait que le visiter, petite mise à jour, me faire envoyer au diable…
Ben voyons ! Tous les prétextes étaient bons, même celui d’aller visiter sa mère dans la foulée.
*Si ça te détend, tant mieux…*
Il tenta de noyer le poisson en parlant de Bora-Bora pour son anniversaire, elle l’aurait plutôt envoyé au diable pour ne pas avoir assez confiance en elle en s’ouvrant enfin sur les vraies raisons de cette escapade solitaire.
Ni une ni deux, sitôt le chéri évaporé, elle alla téléphoner :
… Sam ? Excuse-moi de te déranger au travail, c’est Alix… Non, rien de grave du moins j’espère. Attends-toi à ce que Justin reçoive une visite de Michael… Pas si normal, non… Dis-moi, est-ce que tu entends des voix ?... non, je ne plaisante pas… Et Justin ?... ah… Écoute, je ne sais pas ce qui se passe mais je sais que Michael en entend, lui… J’ignore d’où, tu penses !... un conseil : observe ton Justin quand il dort, veux-tu ?... oui, on se tient au courant, bise.
Donc Justin était bizarre aussi… Ceux ayant traversé le vortex n’étaient pas tous atteints puisque Sam n’entendait rien. Il fallait urgemment contacter les autres voyageurs.
… Opal, c’est Alix, désolée pour l’heure... ça baigne ici, t’en fais pas… Mais non, Kieran est un ange quand il arrête de vouloir tondre nos chats comme des moutons. Parle-moi d’Erik s’il te plait. Il va bien, dort bien ?…
Le blanc suivant fut très révélateur.
Écoute-moi, il se passe quelque chose en rapport avec leurs rêves. Michael et Justin sont concernés aussi… je l’ignore complètement… Toi, tu… ? Non, non, je ne dis pas que ce soit un drame, c’est juste très étrange… oui, je l’ai entendue cette voix, j’ai piqué son rêve à Michael… Il va sans doute vous contacter. Fais mine de rien, ok ?... bien sûr que je les appelle aussi !... On fera front, comme d’habitude. Bisou.
Mince, Erik aussi ! Restait Max. Là, face au téléphone chauffé, Alix hésita puis céda. Une assez longue conversation se déroula entre elle et Ysaline. Entre autre mise à jour, on en profita pour discuter « cuisine », des pilules évidemment. On avançait doucement mais ce qui était clair c’est que Max également subissait des tortures nocturnes.
Cela semblait donc tous les torturer quand ils dormaient mais aucun ne parvenait à piger quoique ce soit, ni être capable de répondre à cette entité envahissante.
*Répondre, communiquer…*
Elle passa des heures à concocter une mixture très spéciale.
Le lendemain, Kieran, ange-démon ou démon-ange, brailla. C’était si rare qu’immédiatement Alix abandonna tout pour voler à son secours. Figés à deux pas de lui au bord de la piscine, deux innocents :
On n’a rien fait, dirent-ils dans un bel ensemble.
Il jouait à couler son canard en plastique quand il a commencé à braire sans raison, affirma Lucas.
C’est vrai, confirma la sage Cécile.
Papa, papa, papa, hurlait le plus jeune.
Là, là, le souleva Alix. Papa va revenir. Il est en Angleterre, tu le sais.
Papa maudit, papa maudit. Veux pas partir.
Qu’est-ce que c’était ça encore ?
Chuuuuut, papa n’est pas maudit ! Il n’a offensé personne *Ou si ?* Ne t’inquiète pas mon cœur, tu veux lui parler ?
OUIIIIIIIIIIIIIIIII !
Alix, toute voile dehors, entraîna son monde à l’intérieur.
Michael ?... je me fous de l’heure. Kieran a un souci, un gros. Je te le passe.
Haut-parleur mis, les menottes accrochées au téléphone, Kieran bredouilla avec ses phrases à lui, toujours curieusement directes :
Kieran a peur… Il a vu papa ailleurs… Pas chez mamy, ailleurs… danger, grand danger…
Michael s’affolait en tentant de rassurer l’enfant paniqué. Cela fonctionna à moitié.
Kieran renifla, et dit :
…d’accord, avant de passer l’engin à sa mère qui ne mâcha pas ses mots :
REVIENS IMMÉDIATEMENT ! On doit causer.
En raccrochant, Alix était énervée. 3 paires de mains lui tapotèrent bras, épaules, joues, de quoi lui rendre le sourire.
Tout ira bien, papa revient. Allez jouer.
En effet, il ne tarda pas, la rejoignant à petites foulées sur la plage où elle accompagnait les chats.
D’emblée, elle s’excusa :
Pardon d’avoir été si sèche tantôt. Tu dois tout me dire maintenant… oui, je sais pour la voix. Tu as vu Justin, et ?...
À pas lents, ils marchèrent au bord des vagues en discutant. Résultat des courses : tout le monde sur le pont le lendemain.
Les plus ravis furent les enfants. Belle bande que ceux-là ! Les petits Von Falkenberg étaient restés sur place, ouf. Sans cela on aurait dû écarter les murs.
Les mines des adultes étaient moins réjouies. Certains manquaient nettement de sommeil, à l’évidence. Apéritif, repas achevé, banalité échangées, enfants couchés, on en vint au vif du sujet en dessert :
Bande de cachotiers, attaqua Alix, toi le premier Michael ! Si je n’avais pas violé ton rêve, on ne saurait rien, nous les idiotes de service !
Insurrections, approbations diverses.
Nous ne sommes pas ici pour rejeter blâme ou tord sur qui que ce soit. J’ai pensé qu’il fallait absolument communiquer avec cette… voix. (Accord général) Aussi, dès que j’ai pigé ça, j’ai travaillé. Voici une potion que je nommerais les gouttes du somnambule. J’ignore, mais espère, duper votre « envahisseur » par ce biais. Le cobaye dormira sans dormir vraiment et pourra alors intervenir dans la conversation que nous entendrons… non, aucune garantie Opal. Mais sans danger, après tout, nous sommes tous des sorciers confirmés, parés à toutes éventualités *Ou presque*
Lequel d’entre vous, messieurs, voudra l’essayer ?
La balle était lancée, qui la saisirait ?
Cela batailla ferme. Au final, son Michael écarta tous ses concurrents. Marque de confiance ou… témérité ?
D’une main un peu tremblante, Alix lui donna le verre dosé :
Je serai là, toujours…
Il ne tarda pas à partir dans des limbes incertains.
Tous, elle en tête, se penchèrent sur l’alité du salon. Fou ce qu’il remua très rapidement. Normal ou non ? Alix sua.
On dirait qu’il veut parler mais n’y arrive pas. Je devrais…
Réfléchir. Il le fallait impérativement. Si elle s’était trompée… Sauf qu’Alix se trompait rarement.
Ne paniquez pas ! clama-t-elle peut-être plus pour elle que pour l’entourage. Le dosage est correct, c’est juste… le haut-parleur qui déconne.
Consciemment, elle versa une demi-dose dans un verre d’eau qu’elle avala d’un trait avant de s’allonger côte à côte avec son chéri dont elle prit le poignet.
Haut, fort et clair, elle transmit :
Ta dette ? Tu oses demander quelle est ta dette ? Tu n’as aucune idée des enjeux, du jeu. 6 m’ont été pris, ils me seront rendus sauf si j’ai d’autres pions avec qui jouer… Note qu’un seul me suffirait… Tu ne devines pas lequel ?... oui, Kieran… Il est particulier ce gamin. Façonné idéalement, il entrera au panthéon. Les 6 initiaux ou six autres ou Kieran, au choix ! Je suis magnanime…
PAS KIERAN !
Même avec les meilleures intentions du monde, elle n’avait pas pu s’empêcher d’intervenir dans la conversation, c’était plus fort qu’elle.
Qui es-tu, perturbatrice ? Les femmes n’ont pas droit de cité ! rouspéta la voix, fâchée.
La mère ! … Michael boucle-la. Vous en voulez six, on vous les trouvera mais vous, qui que vous soyez, NE TOUCHEZ PAS À NOTRE FILS !
Sans des revigors puissants, peut-être y seraient-ils restés tous les deux. Le fait demeura : tous avaient entendus les échanges, et étaient graves à leur réveil.
Michael, Michael chéri, tu m’as tant manqué !
Les gosses déboulèrent interrompre ces retrouvailles intenses. Sûrement, ils leur avaient énormément manqué aussi, tous.
2004
1an de paix ? Plus ou moins.
Pour en arriver là, il avait fallu instruire la clique historique : pas du gâteau. Michael avait participé à sa façon désinvolte, ne rêvant, apparemment, qu’à rentrer vite au bercail.
Vive la vie des Bermudes…
Pas qu’elle s’ennuyait, les gosses lui fournissaient assez de distractions pour ne pas avoir trop de loisirs vains. Entre famille et boulot, Alix ne chômait jamais. Très discrètement, Ysaline lui avait confié un fragment de pilule bleue qui, selon elle, avait un pouvoir de régénération fabuleux. Probablement qu’un autre fragment était allé en Angleterre dans les mains d’Angel. À trois, œuvrant séparément à chaque coin du monde en appliquant des méthodes très différentes, elles finiraient bien par en découvrir la composition révolutionnaire. Ysaline serait sans doute très scientifique, Angel empirique, Alix… sorcière. Michael ne se doutait pas de ce qu’elle fabriquait dans son labo, ni dans ses serres.
Il était parfois bizarre, son époux. Si morose, fatigué sans raison apparente, quelque chose devait le tracasser. Quoi ? Bonne question ! Il ne l’ouvrait pas, se contentant de donner de vagues informations sur la santé et conditions de leurs amis communs récoltées via le net, le plus souvent.
Ainsi, Sam s’inquiétait pour Justin ? Rien d’extraordinaire à cela. De son côté, Alix communiquait aussi avec Les expatriés. Par qu’elle aimât beaucoup les ordinateurs, mais le monde évoluait, donc…
*Wow ! Isabel et Hélène sont enceintes !*
D’après ce que Michael et les autres avaient raconté, la chose était impossible delà où ils venaient. De plus, hélas, cela signifiait aussi leur mortalité. Devant ce bilan, son époux conclut :
… là-bas, ils revenaient à la vie à chaque fois… une fois quitté leur monde, le privilège disparait…
Logique ou pas, elle espéra que ceux-là feraient gaffe à leur peau à l’avenir.
La nuit fut très éprouvante. Une fois de plus Michael cauchemarda. Il s’agitait tellement qu’elle ne put s’empêcher d’effectuer un geste qu’elle ne faisait jamais sur lui sans son consentement. Une pression sur le poignet de son adoré: elle sut.
Plongée au cœur des rêves de Michael, elle fut très effrayée par cette voix mielleuse qui le hantait depuis un moment déjà.
« Ça se sent bien d’être à sauf ?...Demande à tes amis. Le temps approche ! »
Le temps de quoi ?
Impossible de savoir. Mais que dès le lendemain, Michael déclare l’air de rien :
Je vais aller voir Justin…
Dois-je te rappeler que tu avais dit n’aller nulle part sans moi ?
…là, ce ne serait que le visiter, petite mise à jour, me faire envoyer au diable…
Ben voyons ! Tous les prétextes étaient bons, même celui d’aller visiter sa mère dans la foulée.
*Si ça te détend, tant mieux…*
Il tenta de noyer le poisson en parlant de Bora-Bora pour son anniversaire, elle l’aurait plutôt envoyé au diable pour ne pas avoir assez confiance en elle en s’ouvrant enfin sur les vraies raisons de cette escapade solitaire.
Ni une ni deux, sitôt le chéri évaporé, elle alla téléphoner :
… Sam ? Excuse-moi de te déranger au travail, c’est Alix… Non, rien de grave du moins j’espère. Attends-toi à ce que Justin reçoive une visite de Michael… Pas si normal, non… Dis-moi, est-ce que tu entends des voix ?... non, je ne plaisante pas… Et Justin ?... ah… Écoute, je ne sais pas ce qui se passe mais je sais que Michael en entend, lui… J’ignore d’où, tu penses !... un conseil : observe ton Justin quand il dort, veux-tu ?... oui, on se tient au courant, bise.
Donc Justin était bizarre aussi… Ceux ayant traversé le vortex n’étaient pas tous atteints puisque Sam n’entendait rien. Il fallait urgemment contacter les autres voyageurs.
… Opal, c’est Alix, désolée pour l’heure... ça baigne ici, t’en fais pas… Mais non, Kieran est un ange quand il arrête de vouloir tondre nos chats comme des moutons. Parle-moi d’Erik s’il te plait. Il va bien, dort bien ?…
Le blanc suivant fut très révélateur.
Écoute-moi, il se passe quelque chose en rapport avec leurs rêves. Michael et Justin sont concernés aussi… je l’ignore complètement… Toi, tu… ? Non, non, je ne dis pas que ce soit un drame, c’est juste très étrange… oui, je l’ai entendue cette voix, j’ai piqué son rêve à Michael… Il va sans doute vous contacter. Fais mine de rien, ok ?... bien sûr que je les appelle aussi !... On fera front, comme d’habitude. Bisou.
Mince, Erik aussi ! Restait Max. Là, face au téléphone chauffé, Alix hésita puis céda. Une assez longue conversation se déroula entre elle et Ysaline. Entre autre mise à jour, on en profita pour discuter « cuisine », des pilules évidemment. On avançait doucement mais ce qui était clair c’est que Max également subissait des tortures nocturnes.
Cela semblait donc tous les torturer quand ils dormaient mais aucun ne parvenait à piger quoique ce soit, ni être capable de répondre à cette entité envahissante.
*Répondre, communiquer…*
Elle passa des heures à concocter une mixture très spéciale.
Le lendemain, Kieran, ange-démon ou démon-ange, brailla. C’était si rare qu’immédiatement Alix abandonna tout pour voler à son secours. Figés à deux pas de lui au bord de la piscine, deux innocents :
On n’a rien fait, dirent-ils dans un bel ensemble.
Il jouait à couler son canard en plastique quand il a commencé à braire sans raison, affirma Lucas.
C’est vrai, confirma la sage Cécile.
Papa, papa, papa, hurlait le plus jeune.
Là, là, le souleva Alix. Papa va revenir. Il est en Angleterre, tu le sais.
Papa maudit, papa maudit. Veux pas partir.
Qu’est-ce que c’était ça encore ?
Chuuuuut, papa n’est pas maudit ! Il n’a offensé personne *Ou si ?* Ne t’inquiète pas mon cœur, tu veux lui parler ?
OUIIIIIIIIIIIIIIIII !
Alix, toute voile dehors, entraîna son monde à l’intérieur.
Michael ?... je me fous de l’heure. Kieran a un souci, un gros. Je te le passe.
Haut-parleur mis, les menottes accrochées au téléphone, Kieran bredouilla avec ses phrases à lui, toujours curieusement directes :
Kieran a peur… Il a vu papa ailleurs… Pas chez mamy, ailleurs… danger, grand danger…
Michael s’affolait en tentant de rassurer l’enfant paniqué. Cela fonctionna à moitié.
Kieran renifla, et dit :
…d’accord, avant de passer l’engin à sa mère qui ne mâcha pas ses mots :
REVIENS IMMÉDIATEMENT ! On doit causer.
En raccrochant, Alix était énervée. 3 paires de mains lui tapotèrent bras, épaules, joues, de quoi lui rendre le sourire.
Tout ira bien, papa revient. Allez jouer.
En effet, il ne tarda pas, la rejoignant à petites foulées sur la plage où elle accompagnait les chats.
D’emblée, elle s’excusa :
Pardon d’avoir été si sèche tantôt. Tu dois tout me dire maintenant… oui, je sais pour la voix. Tu as vu Justin, et ?...
À pas lents, ils marchèrent au bord des vagues en discutant. Résultat des courses : tout le monde sur le pont le lendemain.
Les plus ravis furent les enfants. Belle bande que ceux-là ! Les petits Von Falkenberg étaient restés sur place, ouf. Sans cela on aurait dû écarter les murs.
Les mines des adultes étaient moins réjouies. Certains manquaient nettement de sommeil, à l’évidence. Apéritif, repas achevé, banalité échangées, enfants couchés, on en vint au vif du sujet en dessert :
Bande de cachotiers, attaqua Alix, toi le premier Michael ! Si je n’avais pas violé ton rêve, on ne saurait rien, nous les idiotes de service !
Insurrections, approbations diverses.
Nous ne sommes pas ici pour rejeter blâme ou tord sur qui que ce soit. J’ai pensé qu’il fallait absolument communiquer avec cette… voix. (Accord général) Aussi, dès que j’ai pigé ça, j’ai travaillé. Voici une potion que je nommerais les gouttes du somnambule. J’ignore, mais espère, duper votre « envahisseur » par ce biais. Le cobaye dormira sans dormir vraiment et pourra alors intervenir dans la conversation que nous entendrons… non, aucune garantie Opal. Mais sans danger, après tout, nous sommes tous des sorciers confirmés, parés à toutes éventualités *Ou presque*
Lequel d’entre vous, messieurs, voudra l’essayer ?
La balle était lancée, qui la saisirait ?
Cela batailla ferme. Au final, son Michael écarta tous ses concurrents. Marque de confiance ou… témérité ?
D’une main un peu tremblante, Alix lui donna le verre dosé :
Je serai là, toujours…
Il ne tarda pas à partir dans des limbes incertains.
Tous, elle en tête, se penchèrent sur l’alité du salon. Fou ce qu’il remua très rapidement. Normal ou non ? Alix sua.
On dirait qu’il veut parler mais n’y arrive pas. Je devrais…
Réfléchir. Il le fallait impérativement. Si elle s’était trompée… Sauf qu’Alix se trompait rarement.
Ne paniquez pas ! clama-t-elle peut-être plus pour elle que pour l’entourage. Le dosage est correct, c’est juste… le haut-parleur qui déconne.
Consciemment, elle versa une demi-dose dans un verre d’eau qu’elle avala d’un trait avant de s’allonger côte à côte avec son chéri dont elle prit le poignet.
Haut, fort et clair, elle transmit :
Ta dette ? Tu oses demander quelle est ta dette ? Tu n’as aucune idée des enjeux, du jeu. 6 m’ont été pris, ils me seront rendus sauf si j’ai d’autres pions avec qui jouer… Note qu’un seul me suffirait… Tu ne devines pas lequel ?... oui, Kieran… Il est particulier ce gamin. Façonné idéalement, il entrera au panthéon. Les 6 initiaux ou six autres ou Kieran, au choix ! Je suis magnanime…
PAS KIERAN !
Même avec les meilleures intentions du monde, elle n’avait pas pu s’empêcher d’intervenir dans la conversation, c’était plus fort qu’elle.
Qui es-tu, perturbatrice ? Les femmes n’ont pas droit de cité ! rouspéta la voix, fâchée.
La mère ! … Michael boucle-la. Vous en voulez six, on vous les trouvera mais vous, qui que vous soyez, NE TOUCHEZ PAS À NOTRE FILS !
Sans des revigors puissants, peut-être y seraient-ils restés tous les deux. Le fait demeura : tous avaient entendus les échanges, et étaient graves à leur réveil.
Alix Blackstorm- Admin
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