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À la découverte

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Message par Achille Kazantzakis Ven Mar 06 2015, 11:18

Une page en blanc. C’était comme ça qu’il se sentait.  Une page sur laquelle on faisait l’esquisse d’une nouvelle vie qui n’avait, décidément rien en commun avec l’ancienne, ni avec celle vécue au monde du Fleuve, ou au Village.
En peu de temps, on entendait qu’il rattrape des manquements énormes…juste quelques 32 siècles ou qui sait si plus ! Mais après un an de galère, efforts et crises d’humeur, le résultat semblait assez plaisant pour tout le monde, sauf qu’au lieu de garder l’allure défiante d’un héros antique, il avait un je ne sais quoi de playboy déjanté, capable malgré tant de blondeur et belle mine, de tenir une conversation sérieuse, s’intéresser à la politique mondiale, donner son avis sur à peu près n’importe quoi.
Sissi, qui elle n’avait qu’à rattraper un petit siècle et quelques se montrait d’une patience d’ange et continuait de l’aimer. Achille s’en fichait si on le prenait pour un blond givré avec trop de chance. Pour les effets, sa douce Elisabeth était une jeune allemande de noble famille, ce qui n’était pas loin de la vérité…qu’elle s’entiche d’un grec qui n’en avait pas l’air et l’épouse avait de quoi donner des idées.
 
Tu as toujours l’air d’une impératrice, ma chérie…moi, par contre…Enfin, faudra penser que faire de nos vies…parce que vivre comme surfeur en Australie ne doit pas te sembler trop acceptable !
 
Pas à dire, il s’y était amusé comme un dingue, bien sûr il y avait eu alerte d’attaque de requin, mais qu’est la vie sans émotions fortes. Il avait changé un peu d’avis en voyant de quoi avait l’air la bestiole et de quoi elle était capable.
Leurs amis sorciers avaient été d’une aide inestimable. Non contents de les instruire, lui et les autres rescapés du Ginnungagap, ils les avaient tous nantis d’une nouvelle identité, de documents et tout le nécessaire pour évoluer dans le 21ème siècle. La fortune, elle, était venue grâce aux diamants glanés à la mine qu’Elisabeth avait songé à rapatrier et ceux que Lind avait eu le bon cœur d’envoyer.
 
*Qui aurait cru que ces cailloux aient tant de valeur !...Vais pas me plaindre, au moins Sissi pourra avoir la vie qu’elle le mérite !*
 
Sauf qu’il n’avait pas la moindre idée de par où commencer. Michael fut de bon conseil, tout comme Justin. Alix lui avait déjà donné un énorme avantage avec  l’usage de l’anglais, pour après généreusement ajouter français, allemand et grec moderne, ce qui convenait son image de globe-trotter insouciant.
Alpha et son Isabel étaient partis vers l’Afrique, sous la houlette savante de Max et Ysaline. Louis avait finalement atteint son vieux rêve : retourner chez lui.
 
Chichille, t’en fais pas ! Je veux rentrer chez moi, je le dois. On reste en contact quoiqu’il advienne !
 
C’était dur quitter cet ami de longue date, même si enquiquineur par excellence.
 
Ben oui…mail…téléphone…on reste en contact, Louis…suis sûr que tu t’en tireras comme ce que tu es…un roi !...Fais pas trop de conneries !
 
Il n’en ferait pas, c’était sûr ! Restait à savoir ce qu’il ferait, lui. L’idée lui vint en passant devant la devanture d’une agence de voyages. Sissi brossait sa belle chevelure, fort raccourcie, devant le miroir quand il déballa son projet.
 
Faisons un long voyage en bateau…il y a pas mal de choix...rien d’un petit tour en Méditerranée, ai pas envie de retourner en Grèce et toi tu n’as aucune envie de voir des alentours connus…donc…un tour du monde…ça nous élargira les horizons… ça te dit ?
 
Devenu féru de l’Internet, Achille avait déjà eu un large aperçu de ce monde inconnu pour lui et le découvrir devenait besoin.  Depuis leur arrivée au 21ème siècle, l’avion n’était plus un mystère abscons, mais était loin d’être leur moyen de transport préféré. Le bateau leur convenait très bien !
Sauf bien sûr, que la vue du superbe paquebot manqua de les laisser bouche-bée.
 
Euh…pas à dire, ça ne ressemble en rien à mes galères !
 

Après un accueil très attentionné, on les escorta à leur cabine. Achille fut satisfait de constater qu’il n’avait pas fait les choses à moitié et que sa Sissi trouvait l’endroit merveilleusement convenable.  Une bouteille de champagne les attendait, au frais. Il la déboucha avec le savoir-faire appris de son sosie qui avait cru bon l’instruire dans ce cas de figure.
Elle riait en l’embrassant alors qu’une camériste diligente défaisait leur bagages et rageait tout à sa place. Ils sortirent au balcon de leur suite. L’air était doux, il y avait encore grande activité sur le quai, dont ils ne tardèrent à se détacher. Sissi fut de l’idée de rejoindre le pont pour assister au départ. Une belle foule en liesse s’y trouvait réunie. Achille passa le bras sur les épaules de sa chérie et s’arrangea pour gagner la rambarde. Le port s’éloignait. Ils laissaient l’Angleterre en arrière, leur amis, tout ce qui leur était familier jusque-là.
 
À nous le monde, mon amour…
 
Et pour commencer, il fallut se rendre à l’évidence que leur couple ne pouvait qu’attirer l’attention. Jeunes, beaux et riches. Apparemment  irrésistible. Personne ne connaissait personne, du moins ce que l’on dit, un long voyage en mer est parfait pour nouer des nouvelles relations et pas à dire, la plupart chérissait l’idée. 
 
Ainsi, mon cher, vous êtes grec…mais vous n’en avez nullement l’allure…
 
Ma mère était américaine…, mentait-il avec un sourire à pourfendre tout doute alors que le vent du large s’agitait dans ses blondes boucles, mon épouse est allemande et celui-ci est pour ainsi dire…notre voyage de noces *Ouais,  parce qu’au Fleuve on n’avait pas où aller !*
 

Que c’est adorable
, s’exclamait une des dames, vous devez absolument vous joindre à nous…
 
Nous avons déjà fait le voyage deux fois, assurait une autre en papillonnant des cils, mon cher Clarence sera ravi de vous informer sur les escales…il y a des endroits divins… jouez-vous au golf, mon cher ?
 
Je me débrouille…enfin…plutôt fais ce que je peux, assura Achille avec un autre sourire étincelant, mais ma Sissi est parfaite !
 
Roucoulements émus.
 
Sissi... que c’est mignon…et à vrai dire, vous ressemblez assez à l’originale, ma chérie…
 
Ça pérorait dans tous les sens. On les entourait, les flattait, on voulait les attirer dans tel ou tel groupe, comme si leur présence était absolument nécessaire pour le succès du voyage…
 
Justin m’a bien touché un mot sur ça…mais si je dois me farcir ces vielles perruches tout du long…des têts vont rouler…et quoi ?...Je dois passer ce costume ? Tu en es sûre !?
 
L’effet qu’il faisait en smoking était plutôt saisissant, aux dires amusés de sa chérie et confirmés  par un parterre d’admiratrices spontanées, mais quand aux regards attendris de ces dames, toutes au-delà des 70 ans, s’ajoutèrent ceux franchement admiratifs de quelques jeunes femmes, Sissi sembla s’amuser un peu moins…Sauf que ce fut très vite clair qu’il n’y avait pas que lui pour attirer l’attention.
Souveraine, douce, discrète, sa Sissi avait néanmoins mis  les bourdons en émoi, et pas à dire, ça  voletait gentiment aux alentours ! Vieux, moins vieux, plus jeunes…
 
C’est un voyage en bateau…censé de se passer en tout calme et paix…toi et moi, et le reste du monde plus loin…mais non !...On t’envoie des fleurs…c’est quoi ça, comme habitudes ?
 

Rien de grave, selon Sissi, plus rodée que lui aux us et coutumes. Juste une marque d’admiration polie. On avait eu beau l’instruire sur le précédant, Achille s’énervait.
Faisant preuve de bonne foi et laissant la jalousie au fond du placard, on arriva à New-York, première  escale de leur voyage. Là débarquèrent quelques passagers  et d’autres embarquèrent. Achille mit tout son entrain à suivre Elisabeth à sa découverte de la Grande Pomme, parcourut les grands magasins avec elle et ressentit un soulagement intense quand ils retrouvèrent le confort douillet de leur cabine à bord.
 
Je ne finis pas de m’habituer à la quantité de gens dans les rues…et partout…ça étouffe ! …Oui, je sais…des millions et plus de millions…Ma douce, excuse-moi…ça prend du temps à s’y faire…tu es ma seule constante…ma seule réalité…le reste, je l’ai dans la tête mais ai du mal à m’en convaincre…
 
Après, ce fut la Floride, le beau, temps, le soleil…temps de piscine et plage…l’apparition de Sissi en maillot de bain, pourtant d’une pièce on ne peut plus conservateur et décent, déclencha un mouvement douteux dans les rangs des admirateurs, heureusement le voir se planter à ses côtés en exhibant ses jolis muscles en déchanta plus d’un.
 
Je pense qu’ils finiront par comprendre, dit Achille, sans en être trop sûr tout en laissant vaquer, mine de rien, son regard sur les beautés bronzées portant un minimum de tissu sur elles ce qui lui mérita une claque, …suis pas aveugle…je regarde mais ne touche pas…tu es mon tout…mon début et ma fin…il n’y a que toi que j’aime…
 
Et c’était absolument vrai ! Mais, bien entendu, la plus belle des harmonies connait des troubles. Il revenait de leur suite avec le châle requis par Sissi quand, au détour d’un couloir, une sulfureuse beauté brune lui sauta dessus le dévorant de baisers trop torrides pour être pris pour un câlin amical. Estomaqué Achille fut un peu lent à réagir ce qui sembla donner des ailes à l’impétuosité de la demoiselle mais il parvint à se défaire de l’étreinte et s’écarta, un peu suffoqué.
 
Vous…vous devez me  confondre avec quelqu’un d’autre !
 
La belle partit d’un bel éclat de rire et lui flatta amoureusement la joue.
 
Mais voyons…je te connais par cœur, Michael chéri, impossible de me méprendre, même si cela fait longtemps qu’on ne s’est pas vus !, roucoula t’elle, quand je t’ai vu, cet après-midi avec cette petite oie…
 

Hein ? Ma femme n’est pas une oie !, protesta t’il, et puis…je ne suis pas Michael…*Il aurait pu m’avertir, l’animal, que ses ex risquaient de me tomber dessus !*…Je suis Achille…Achille Kazantzakis et je vous assure, miss, que vous êtes dans une grande erreur !
 
L’autre le regarda, amusée puis fit une petite moue de dépit.
 
Je n’y crois rien…mais enfin, si c’est à ce que tu veux jouer, ça me convient…je suis à bord avec mon idiot de mari mais cela ne change rien…on s’arrangera !
 

S’arranger ? Difficilement, surtout que, sans doute énervée par le temps qu’il prenait, Sissi venait à sa rencontre et en découvrant la scène fut tout, sauf ravie. La belle inconnue prit les devants et après lui avoir coulé un regard langoureux, alla vers Mrs. Kazantzakis, un sourire dédaigneux  aux lèvres.
 
Ne vous faites pas d’illusions, ma chère, les hommes comme lui ne changent jamais !, et de s’éloigner d’une démarche ondulante mettant en valeur des courbes sublimes.
 
Et là, de suite, on en venait aux explications.
 
Elle m’a pris pour Michael…sais même pas son nom…comment pourrais-je le savoir ? Je connais personne…, il lui tendit bêtement son châle sûr de ne pas s’en tirer si facilement, que veux-tu ?...Une femme magnifique me saute dessus en pensant que je suis un autre type…j’allais pas lui tordre le cou, non ?*Ce serait trop de gâchis quand même !*, et puis…pas de ma faute si les ex de Michael sillonnent la planète…en tout cas Alix lui aurait arraché les yeux…euh…à la fille, à lui, sans doute la peau…
 
C’était plutôt fichu pour la soirée. Sissi, d’humeur incertaine, préféra rester dans leur suite et se faire servir leur dîner là…
 
*Et on reste claquemurés ici pour éviter tout genre de rencontre ?*
 
Il se garda bien de poser la question, si dans l’Antiquité il avait craint les foudres de l’Olympe, là il craignait bien plus celles de sa femme chérie…
Achille Kazantzakis
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Message par Elisabeth von Kettel Sam Mar 07 2015, 10:53

La vie, la mort, réservent bien des surprises. Non contente d’avoir été assassinée, Sissi avait revécu dans un monde incroyable. Là, elle avait volontairement déménagé pour retrouver le seul homme qui comptait à ses yeux : Achille.  Sincèrement, entre lui et Franz… un monde ! Achille n’était pas que beau, il était sincère, ne s’encombrait ni de préjugés, ni de faux prétextes, et cela comblait l’ex-impératrice.
Se retrouver sur une autre ligne temporelle comme expliqué, découvrir un mode de vie moderne, ne la gêna pas. IL était là, le reste importait peu. Il avait appris à conduire, donc elle aussi. Louis était marrant, comme d’habitude, en pataugeant avec les pédales. Une voiture automatique lui conviendrait sans doute mieux mais elle se garda bien de le dire. Ce qui gênait un peu Sissi était la grande – que dis-je – l’immense admiration déployée à ses pieds par Karl Theodore Von Falkenberg qui lui rappelait indéfectiblement Charles Théodore, le jeune coq, son frère. Néanmoins, lui et sa femme lui semblaient… bizarres. Jeunes de corps mais avec une maturité assez exceptionnelle.
 
*Sans doute une de leurs diableries…*
 
Car, hélas, il fallait s’en convaincre, ce monde-ci recelait maints sorciers. Heureusement, ils n’étaient pas méchants.
S’adaptant sans trop de mal, Achille devint d’abord adepte du surf. Les hommes ont parfois de ces idées…
On fit un stage en Angleterre, de quoi échanger les cailloux reçus de Lindsay. Il s’agissait d’une véritable fortune, de quoi voir venir pour au moins deux décennies. Ils y apprirent aussi les us et coutumes des dandys locaux. Puis, un soir, Achille – sans doute chamboulé par le départ de son copain Louis pour sa France – annonça :
 
Faisons un long voyage en bateau…
 
Les requins ne t’ont pas suffi, mon amour ? Où voudrais-tu aller ?
 
Il y a pas mal de choix...rien d’un petit tour en Méditerranée, ai pas envie de retourner en Grèce et toi tu n’as aucune envie de voir des alentours connus…donc…un tour du monde…ça nous élargira les horizons… ça te dit ?  
 
Très sincèrement non. L’Angleterre avec son raffinement lui plaisait mais si Achille y tenait, elle n’y vit aucun inconvénient.  
Le paquebot de luxe était… superbe, sauf que bourré de fats ou de nouveaux riches.
Sans le vouloir, le couple Kazantzakis attirait l’attention.  Grâce, beauté, alliées à la force virile, de quoi tourner des têtes vers eux, ce que n’apprécia pas Elisabeth.
L’ambiance sur ce paquebot ressemblait un peu à une cour. On ne faisait que paraître, échanger des potins…
 
*De la figuration, des rôles…*
 
Elle n’aimait pas. Déjà dans sa première vie, on l’avait confinée dans ce subterfuge. Qu’y pouvait-elle si de vieilles habitudes revenaient en force.  Oui, il était plaisant de recevoir moult compliments dont, entre nous soit dit, elle se fichait royalement. Sauf qu’elle le veuille ou pas, elle était… impériale. Dédaigneuse à bon escient, coquette parfois, n’empêche que la Sissi du Fleuve était ancrée en elle.  
Un idiot crut bon de souligner :

Sissi... que c’est mignon…et à vrai dire, vous ressemblez assez à l’originale, ma chérie…

 
Comte, on me l’a souvent dit mais le physique ne suffit pas. Vous seriez très surpris de ce dont JE suis capable.
 
Comme quoi ? bava-t-il à son oreille, émoustillé.
 
Vous trancher la gorge après un bourre-pif, ça vous va ?  
 
De quoi rafraîchir certaines fausses idées. Hélas, elle n’était pas la seule à subir certains assauts. Achille, involontairement, déclenchait lui-aussi certaines convoitises. De plus en plus, Sissi détesta cette croisière.  
Après des jours de navigation à balader sans but sur le grand pont, on aborda l’Amérique. Elle n’y était jamais allée bien qu’en rêvant, mais ce fut assez… décevant. Il partageait ses idées, encore, toujours, lui son amour.  
Tous les soirs dîner à la table du commandant. Un honneur ? Non, une corvée.  Se farder, revêtir sa cuirasse d’élégante détachée minait son moral. Ça dégoisait de politique, de finances ou de potins : la barbe !
Sissi aurait pu être ravie, comblée par les attentions de bien des mâles. S’ils avaient su à quel point elle s’en fichait. Mais qu’on s’en prenne à Achille était une autre paire de manche.  
Il fut victime d’une confusion. Une ex de Michael se le crut phagocyté. Elle vit les baisers, la retenue de son chéri, mais :
 
Ne vous faites pas d’illusions, ma chère, les hommes comme lui ne changent jamais !
 
Blessée, elle le fut, peut-être plus profondément que par la lime de Luccheni. Elle n’en fit pas tout un plat, se marrant des explications maladroites de son adoré.  Elle devait réfléchir et dénigra la nième invitation à la table du commandant Higgins.
 
Ce soir, j’aimerais un tête-à-tête, mon amour… non, je ne t’en veux pas, ce n’est pas de ta faute, j’ai des yeux pour voir… oui, ce comte est collant mais je ne peux pas lui renvoyer ses fleurs en pleine gueule à moins de déclencher un esclandre dont nous n’avons que faire, non ?
 
Ils rirent longuement, juste ce qui leur manquait depuis des jours.  
Passées les Barbade, la croisière reprit son rythme. Le matin, leur rituel se poursuivit. Elle nageait, il faisait sa musculation en salle puis on se retrouvait pour déjeuner, siestait un peu, se promenait sur la coursive, assistait à un match quelconque avant de se préparer au dîner.  
Ce jour-là, Sissi termina sa séance de natation assez vite. Elle erra un peu sur cet immense palace flottant et si figea face à la porte de la salle de bal principale. Là, solitaire, trônait un piano à queue fabuleux. Depuis qu’elle l’avait vu, ses doigts la démangeaient.
Personne ? La tentation devint irrésistible. Tabouret réglé, nostalgique, elle contempla un long moment le clavier briqué. Puis, sans même y penser, ses mains s’animèrent.
Bach, Mozart, Beethoven, Strauss, elle enchaîna les morceaux mémorisés, revus au fil du temps.
Ce furent des applaudissements intenses qui la firent sortir de sa « transe » musicale :
 
Je le dis depuis la première fois où je vous ai vue : vous êtes Sissi…
 
Comte, vous me flattez. Je pianote un peu, c’est tout.
 
Que nenni ! Via ce cher Net – vive la technologie – j’ai pu me procurer des photographies de l’impératrice d’Autriche. Avouez que vous en êtes descendante, c’est trop flagrant !
 
Coincée ! Que faire ? Nier, jouer les oies idiotes ?  
 
Les gènes nous jouent parfois des tours, savez-vous ? Autant que je sache, je ne suis pas de cette branche-là.
 
Il avait la cinquantaine sonnée, encore très fringant, et pas bête.
 
Vous avez le port d’une reine, les manières d’une impératrice, jusque dans le choix des mots. Ce soir, nous dînerons ensemble. Si votre mari ou amant, peu me chaut, se joint à nous : tant pis pour lui. Il ne vous mérite pas, très chère impératrice.

Vous êtes fou ! *Tant pis pour vous !*
 
Achille était en nage après des heures de muscu à moins d’un autre sport auquel elle se refusa de penser. Elle l’accrocha, affolée :
 
Le comte… oui, celui qui m’envoie des fleurs tous les jours, il a mis le doigt dessus, m’a démasquée, que dois-je faire ?... NON ! Tu ne vas pas lui casser la figure, pas question… du moins d’emblée !  J’ai imaginé un scénario très… compromettant. On va sans doute nous débarquer au Brésil après ça…
 
La journée complète se passa à peaufiner une stratégie imparable afin de désillusionner ce comte de Richmond. Ah ce type avait osé faire des recherches sur elle ? Eh bien, ils en firent sur lui. Achille avait été mis au parfum de la technologie et des ordinateurs par Alix. Ce n’était pas chinois quand on avait pigé. Son époux se chargeait de trouver tout ce qui concernait ce type voire consulterait leurs amis sorciers pour accélérer la chose. Pendant ce temps, Sissi se transforma en espionne. Les mœurs n’avaient pas beaucoup varié en 1 siècle. En graissant quelques pattes, on pouvait aisément obtenir tout ce que l’on désirait. Aussi n’eut-elle aucun mal à se faire introduire en douce dans la cabine du fouineur. Direct, elle alla à son ordinateur qu’elle visita en ayant un peu de mal avec le mot-de-passe. Alpha, qui s’y connaissait en informatique, avait déjà mis certains de ses talents en application. Notamment inventé une clé permettant de craquer n’importe quel code. Chaque couple d’historiques en bénéficiait. Il avait eu raison d’insister. Lâchés dans la nature, on ne pouvait savoir sur quoi on tomberait. Sans remords de conscience, Sissi l’utilisa et eut droit à l’historique complet des recherches du comte de Richmond.  Sa mission accomplie, Sissi déserta les lieux en prenant soin de tout remettre tel quel avant son passage express.
 
Mon chéri, qu’as-tu trouvé ?
 
Achille semblait de méchante humeur. Avec quelques jurons, il cracha que ce comte n’était pas un homme du monde, pas quelqu’un de bien quoi.
Bellâtre jouisseur, il collectionnait les femmes comme autant de jolis papillons en vitrine. Connu de la police, il s’en était toujours sorti. Il ne volait pas : il séduisait, pompait ses victimes en général naïves puis les rejetait. Plusieurs scandales entachaient sa réputation mais il s’en fichait. Là, il paraissait en manque de fonds :
 
… oui, sa cabine n’est pas luxueuse du tout, pas comme la nôtre… ses recherches sur mon compte ont été poussées. Il est remonté jusqu’aux Von Falkenberg, ce qu’ils sont supposés avoir fait pour moi. Puis il a ressorti plein de documents sur moi, enfin sur celle que j’étais. Et ce salaud a comparé des photos de moi sur ce bateau avec d’autres de l’histoire… Je n’avais rien remarqué, et toi ?
 
Lui non plus. Il est vrai que des bidules minuscules prenaient des clichés à l’insu des concernés.
 
Ce soir, on va jouer un grand jeu, mon amour.
 
Sissi avait beaucoup gambergé. Selon un plan initial, elle avait prévu de désenchanter le comte en démontrant publiquement que les Kazantzakis n’étaient que des acteurs, ou quelque chose du style. Mais si, ouvertement, ils se mettaient à jurer pire que des charretiers, se comportaient en parfaits rustres, c’était leur réputation qui risquait d’en prendre un coup, un fameux. Or aucun ne désirait faire de vagues.
 
On va le confondre autrement, mon cœur…
 
Parfois Sissi regrettait ses lourdes nattes. Sur les conseils des amies modernes, elle avait consenti à les sacrifier à une longueur plus compatible avec la vie moderne. Il restait assez de cette somptueuse parure pour arborer des chignons avantageux. Pomponnée, délicieuse dans une robe noire trop moulante aux dires de son époux, elle donna le bras à son superbe cavalier à qui le smoking seyait à la perfection.   
Beaucoup de têtes se tournèrent vers eux, qu’y pouvaient-ils s’ils étaient royaux ?
À la table 10, embarras. Le comte n’avait-il pas convié une autre couple et une… compagne ? Non des moindres, juste celle qui avait confondu Achille avec Michael.
 
Nous sommes en pays de connaissance, n’est-il pas ? Pour vous, très chère Sissi, voici Roxane De bièvres. Ne le répétez à personne, c’est une espionne. Je vous présente également deux de mes très chers amis : Bastian Dimopoulos et son épouse Rachel. Mais installez-vous, je vous prie.
 
Le scénario dérapait. Peut-être auraient-ils dû pousser leurs investigations avant de se lancer dans ce qui ressemblait à un traquenard ?  
Le début du repas ressembla à une gentille réunion. Certes, dès l’apéritif, le comte eut la main baladeuse sur la cuisse de sa voisine de droite. Très souriante, mine de rien, Sissi pinça méchamment le dos de cette dextre envahissante. Achille, en face d’elle, n’en menait pas large avec les roucoulements de sa belle Roxane d’autant que Dimopoulos se mit à parler grec. Grâce à la magie de leurs amis, ils pouvaient converser en de nombreuses langues. Nul ne se démonta.
Entrée délicieuse, on papota banalement quoique…
 
Alors cher Achille, j’espère que vous avez prémunis vos avoirs. Cet audit de la Grèce en inquiète plus d’un.  
 
Le concerné joua le jeu, ouf.  
 
Voir Roxane battre des cils vers son chéri énerva Sissi qui fit appel à toutes les patiences possibles.
Après le dessert, que faire sinon danser ?
On déménagea amicalement vers la salle de bal.  
James de Richmond n’avait jamais parié aussi énorme jeu. Il était persuadé avoir levé un gros, très gros lièvre. Ce couple était trop parfait pour être vrai. Si, comme supposé, cette godiche était une descendante des empereurs autrichiens, une belle, immense, fortune couvait. Le gars importait peu, Roxane s’en chargerait. Ils étaient amis de longue date et elle était convaincue que ce type était sous couverture. Elle le voulait, lui voulait la femme, surtout son fric.  
 
J’ai commandé, rien que pour vous, une série de valses d’exception. Me ferez-vous l’honneur ?
 
Il me manque la crinoline, rit-elle en se posant dans ces bras haïssables.
 
Spirituelle ? J’adore !
 
On valsa à en avoir le tournis mais rodée à bien pire, Sissi ne perdit jamais pied. Le comte, par contre…
 
Je… je crois que vous m’avez vaincu, très chère.
 
Bien plus que vous ne pensez, comte de Richmond. Ne serait-il pas temps d’aveux publics ?
 
Vive la magie, encore, toujours. Ses amis lui avaient affirmé qu’avec 3 gouttes de cette substance inodore, incolore et insipide, le sujet soumis pouvait révéler bien des vérités. Elle n’avait pu résister.
 
Là, devant tous, le comte de Richmond dévoila bien des secrets. La police du bord intervint et, lorsque le Brésil fut abordé, certains ne remontèrent pas.  
Deux jours à Rio ensuite. Achille et Sissi purent jouir des beautés de l’endroit, en pur touriste.
La plage de Copacabana.  
Jamais, jamais elle n’aurait dû s’approcher du rivage. En piscine chlorée, tout allait bien pourtant. Oui, elle avait plongé en riant mais avait vite déchanté quand, soudain, ses jambes s’étaient soudées pour former une belle queue de sirène…  
 
ACHILLE !!!! 
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Message par Achille Kazantzakis Lun Avr 13 2015, 19:13

Il en avait marre, et pas qu’un peu. La situation l’agaçait, l’énervait, le déroutait.  DE son temps, Achille aurait réglé l’affaire très expéditivement et fin du problème, or là, en plein 21ème siècle il était apparemment très mal vu de faire justice de sa propre main.
 
*Je pourrais le pousser par-dessus bord, le fichu comte et la brune aussi…un accident, c’est vite arrivé !*
 
Mais bien sûr, pas question. Sissi reconnaissait que le tel Richmond était collant mais les règles d’éducation en cours lui interdisaient de lui jeter ses fleurs en pleine figure et déclencher un esclandre et bien entendu, encore moins de le balancer par-dessus la rambarde.
Rien de mieux qu’un peu d’exercice pour se changer les idées ou essayer de le faire. Mais si Achille avait cru avoir la paix en salle de sport il en fut pour ses frais. L’époustouflante brune qui se nommait Roxanne, il finit par le savoir quand, mi- ironique mi- enjôleuse, elle insista pour se présenter avant de s’adonner, très joliment, à sa routine d’exercices. Il avait fait de son mieux pour l’ignorer mais cela s’avérait un peu difficile, compte tenu que la belle avait choisi de s’entraîner à deux pas de lui.
 
Nous pourrions aller boire quelque chose pour nous rafraîchir !, avait-elle proposé en le voyant prêt à filer, au nom du bon vieux temps…
 
Il n’y a aucun bon vieux temps, grogna Achille, nous n’avons rien en commun…je ne suis pas celui que vous croyez et puis…fichez moi la paix, on sera mieux ainsi !
 
Elle lui avait ri au nez, très sûre de son pouvoir de séduction, qui, il fallait bien l’avouer, n‘était pas des moindres.
 
Nous nous retrouverons !, promit-elle avec un sourire ravissant.
 
Achille n’avait pas demandé à en savoir plus et avait gagné la suite le plus vite possible, le tout pour trouver Sissi plutôt affolée.
 
Mais qu’est ce qui se passe, ma douce ? Quelqu’un t’a ennuyée ?…Dis-moi…
 
Le comte… oui, celui qui m’envoie des fleurs tous les jours, il a mis le doigt dessus, m’a démasquée, que dois-je faire ?...
 
Toi, rien !!! Je vais lui refaire le portrait, pour commencer !, il se régalait d’avance de cette vindicte mais Sissi ne l’entendait pas exactement de la sorte, du moins pour le moment, au lieu de quoi elle avait en tête quelque chose de très compromettant.
 
On va sans doute nous débarquer au Brésil après ça !
 
De quoi l’intéresser à fond. Richmond s’était  apparemment donné beaucoup de mal pour réunir des recherches  concernant Sissi, autant lui rendre la pareille. Dire que les ordinateurs et la technologie moderne n’avaient pas de secrets pour Achille aurait été exagéré mais le fait est qu’il s’en tirait très honorablement et ne fut pas long à trouver quelques informations prometteuses sur le fameux comte.  Pendant ce temps, Sissi s’était faufilée dans la cabine de l’outrecuidant sûre de trouver de quoi en savoir plus sur le personnage. Et en sut.
À deux, ils avaient assez d’informations sur  Richmond comme pour concocter un petit plan, à leur avis, difficile à rater. Il ne s’agissait plus de confondre l’affabulateur en lui faisant croire n’importe quoi, mais au lieu de cela l’amener à faire des aveux en bonne et due forme, face à témoins.
Bien entendu, pour en arriver là, il fallut jouer le jeu de M. le Comte qui avait mis en scène un gentil dîner entre amis, en y mêlant trois personnes de sa connaissance dont l’une, Roxanne de Brèves,  ne fut que pour déplaire royalement à Achille, ne disons pas à Sissi. Les autres étaient un couple, les Dimopoulos. Stratégiquement placés  à table, Achille se trouva coincé entre la brune explosive et Mme. Dimopoulos, alors que sa Sissi lui faisait face entre Richmond et  son ami hellène qui, sans doute savamment écolé se lança dans une diatribe sur l’économie européenne…en grec.
Justin l’ayant dûment instruit sur ce thème et beaucoup d’autres, il n’eut aucun mal à tirer son épingle du jeu, tout en essayant de se défaire de la main baladeuse de sa compagne de droite qui loin de déchanter, sut se montrer très engageante jusqu’au moment où, vraiment agacé il la piqua avec sa fourchette.
 
Brute sans cœur !, lui souffla t’elle néanmoins, tu m’as fait mal !
 
Et la prochaine fois, c’est le poignet que je brise…alors tiens-toi !, le tout en arborant son sourire le plus innocent.
 
On tint bon le reste du repas. Si la conversation fut plutôt banale, les regards échangés, les sourires adressés le furent moins et la satisfaction à l’annonce d’une suite dansante plus qu’évidente.
Achille aimait danser avec sa femme et avec nulle autre mais il fallait se plier aux exigences sociales. Sissi était aussitôt enlevée dans des savantes virevoltes par son adroit cavalier et sans perte de temps et opportunité la belle Roxanne venait le réclamer, lui, pour s’adonner à la griserie de la valse.
 
Je suis un piètre danseur, avoua t’il sans bouger d’un pouce.
 
Sourire mutin en s’intéressant, de trop près au revers de sa veste.
 
Je n’en crois rien…je suis sûre que tu le fais divinement…ou sinon, démontre-moi le contraire !, et de se glisser aussitôt contre lui qui n’eut d’autre recours que suivre le mouvement, tu vois bien…c’est un bon début…mais si tu ne veux pas danser, on peut sortir sur le pont…j’adorerais me promener sous les étoiles avec toi !
 

Je suis sûr que c’est une très plaisante idée mais je n’en ai aucune envie non plus…
 
Ce qui bien sûr ne ravit pas la miss.
 
Mais pourquoi jouer les difficiles ?...Regarde donc ta femme…elle valse, ravie, sans s’occuper le moins du monde de ce que tu fais ou pas…James est absolument parfait, si …
 
Ruiné, laissa tomber Achille, pauvre comme un rat et là, il croit être vraiment sur l’affaire du siècle…et toi, tu es sans doute sa complice…mais voilà, Mlle. De Brièves…peine perdue  alors un conseil, laisse tomber…
 

Elle n’agréa pas trop mais un moment plus tard quand James de Richmond entreprit des aveux inattendus, au vu et au su d’un public soudain hautement intéressé, la belle Roxanne disparut de la scène.
Le capitaine du navire ayant assisté ce si instructif déballage de vérités  accablantes ne put faire autre chose qu’écrouer le grigou en vue de le remettre en mains de la police brésilienne, lors de l’escale à Rio de Janeiro.
Quel délice marcher près de la mer, dans un cadre si spectaculaire, en profitant d’un climat délicieusement doux.  Sissi, guide touristique en main, parlait un peu histoire mais le principal lieu d’intérêt était la plage même : Copacabana.  Si l’endroit était de grande beauté on ne pouvait pas ignorer celle délurée et rieuse des  filles du coin.
Sans doute pour écarter la gent féminine locale de ses pensées, Sissi, amusée, proposa un bain. Ni une ni deux, si c’était son plaisir, va pour le bain !
Mais il suffit d’un instant pour que la scène si joyeuse tourne carrément au cauchemar.
 
ACHILLE !!!!
 
Ce n’était plus un jeu, cet appel recelait toute l’angoisse du monde. Un autre aurait pu penser que Sissi avait des difficultés, perdait pied, commençait à se noyer mais elle était comme un poisson dans l’eau… et en fait le problème tenait beaucoup de cela…elle n’était plus comme un poisson mais pour les effets en était devenue à moitié un. Achille sentit le cœur lui manquer en découvrant la magnifique nageoire caudale qui tenait lieu des jambes de sa chérie.
 
C’est pas possible…c’était fini…, pendant un instant ils se regardèrent faisant des efforts pour ne pas céder à la panique, je vais te sortir de là, mon amour…Oui, je sais, il y a trop de monde…*c’est plutôt bondé, en fait…*
 
La belle plage grouillait de monde. Il lui fallait trouver un moyen pour sortir Sissi de l’eau sans attirer l’attention de tout le monde, sans quoi, cela déclencherait n’importe quoi capable de faire la une planétaire avant la tombée du jour.
 
Éloigne toi de la plage…je vais chercher une embarcation…*Ou attendre un miracle !*
 
Un baiser plus tard, il galopait comme un forcené sur la plus belle plage du monde…à la recherche d’un salut qui ne fut ni facile ni évident à trouver. Il avait beau avoir une cote folle avec les jolies filles du coin, trouver des gens aimables qui s’échinaient à le comprendre, convaincre le bonhomme au hors ’bord de le lui louer fut une toute autre paire de manches.
 
Non…non…seul, je veux y aller seul !!!
 
Et l’autre de s’entêter. Et lui de montrer une belle liasse de billets verts, ce qui selon Justin Davenport est un langage universel. Il s’en fichait de se laisser avoir comme le dernier des imbéciles, ce que tout le monde sembla penser quand on conclut le marché et qu’il fila sur les vagues à la rencontre de sa sirène bien aimée.
Une fois au sec, à bord de l’embarcation, Sissi retrouva rapidement son apparence normale mais ils savaient bien, tous les deux, que l’affaire n’en finirait pas là.
 
On doit retourner à bord d’immédiat…là, on s’arrangera…Il y a toujours la baignoire !!!
 
L’idée ne sembla pas ravir Elisabeth, pas plus qu’à lui, surtout qu’ils pressentaient que la solution ne serait pas si facile…
Le retour au paquebot prit plus de temps que voulu, entre circulation et distance, ce qui à l’aller avait été une promenade de plaisir fut à point de se convertir en une virée d’angoisse. Achille repassait en silence ses souvenirs, peu joyeux, du temps où son adorée avait dû subir la vindicte divine au monde du Fleuve. Au creux de ses bras, Sissi faisait sans doute de même.
 
Tout va aller bien…je contacterai les sorciers, ils sauront nous aider…ce ne sera pas comme lors de notre séjour au désert…
 
Impossible d’oublier le cauchemar de jadis alors qu’ils devaient affronter un désert sans fin avec le seul recours d’une Hélène transformée en sourcière et une angoisse indescriptible quand l’eau n’était pas disponible ou proche. Pourquoi  les souvenirs terribles ne s’estompent pas ? Il avait cru pouvoir oublier son fait atroce quand en désespoir de cause il avait offert son meilleur ami en sacrifice aux Dieux pour sauver la femme qu’il aimait.
 
On n’aura pas besoin d’une autre horreur pareille, ma chérie…je te jure que je n’égorgerai pas Louis…ni personne d’autre…
 

La baignoire fut remplie à vitesse grand V mais dès le début de l’immersion il fut clair que le résultat n’était pas l’escompté.
 
C’est l’eau de mer qui a tout déclenché…l’eau douce n’aide pas...pas autant que voulu…
 
De demandes étranges, ils en avaient l’habitude à bord de ce palace flottant surtout venant de la plus haute classe. Que la passager de la plus belle suite s’époumone à demander quelques kilos de gros sel fit quand même rigoler plus d’un, mais le client étant roi…va pour le sel. Le très stylé maître d’hôtel qui avait à sa charge le bien être des Kazantzakis se présenta avec la requête en un rien de temps mais ne s’attendait sûrement pas à se faire claquer la porte au nez  une fois la livraison en main d’un grec blond et caractériel.
Le sel changea la donne et Sissi subit à l’aise la métamorphose obligée. Appuyé au rebord de l’énorme baignoire Achille aurait pu en pleurer de voir sa femme transformée en superbe sirène.
 
Il nous faudra beaucoup de sel…et une réponse rapide !
 
À bord, on commençait à se demander que faisaient les passagers de la suite 32 avec autant de sel, mais aucune loi écrite ne stipulant que cela put constituer un délit, on leur ficha royalement la paix, d’autant que le personnel  ne reportait aucun fait digne de suspicion.
La correspondance avec les sorciers ne tournait pas aussi rond que voulu, par contre des courriels d’Hélène et Isabel les informèrent de nouveautés aussi réjouissantes qu’inédites.
 
Tiens…Hélène et Isabel sont enceintes ?…Qui l’eut cru après tout ce temps…je pensais que c’était impossible, le tout pour caresser aussitôt l’idée de pouvoir lui aussi devenir père, mais ce n’était décidément pas le moment d’aborder ce thème avec Sissi, pas de nouvelles des Davenport ?...D’Opal ?...
 

De personne côté sorcier et quand le mail de Sam arriva, ils avaient déjà dépassé Punta del Este et l’opportunité de rester à terre au cas où. Sissi barbotait gentiment dans la baignoire salée quand il eut connaissance des dernières nouvelles qui furent loin…mais très loin de le réjouir.
Il suffit sans doute à Sissi de l’entendre maudire les Dieux sur tous les tons pour savoir que quelque chose de moche se passait.
 
Oui, c’est mauvais, ce qui se passe…On les a enlevés…Sam parle d’une Voix qui les hantait…Ils se sont réunis pour voir que faire et…six d’entre eux ont disparu sans laisser de trace…Ce sont EUX, bien sûr…qui d’Autre ?...LA Voix parlait d’une dette…contractée e nous libérant…ILS les ont pris…en échange !!!...Non, Louis et Hélène vont bien…Alpha et Isabel aussi…On nous dit d’attendre des instructions…
 

Ils eurent mieux que ça ! Peu avant Ushuaia en Terre de Feu argentine Samantha et Opal se présentèrent dans le but de les rapatrier au plus vite.  À peine en port, invoquant une urgence médicale grave, les Kazantzakis interrompirent leur voyage et goûtèrent à nouveau des plaisirs du Portoloin qui les mena droit en Angleterre…

*Ici ou là...on est toujours à LEUR merci...Nous, les autres...ILS mènent la ronde!*
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Message par Elisabeth von Kettel Mer Avr 29 2015, 14:01

Pourquoi exercer ses talents de nageuse en pleine mer ? Peut-être Sissi avait-elle trouvé que d’essayer un adorable bikini émoustillerait son époux ? En exhibant ses formes délicieuses, elle ne visait personne d’autre en tout cas. Mais voilà… Rien n’avait été droit.
Elle se baignait tous les jours pourtant ! Douche, baignoire, piscine, n’avaient pas déclenché…ÇA !
Rage, dépit, désespoir, larmes, panique suivirent la réapparition de la belle nageoire caudale.  
Un peu dans le même état mental, Achille courut, éberlué :
 
Éloigne toi de la plage…je vais chercher une embarcation…
 
Impossible, en effet, qu’il la tracte hors de l’eau aux yeux de tous !  
Elle plongea profond afin que nul n’aperçoive le drôle de poisson qui hantait maintenant leurs eaux.  
Ramenée au sec, épongée, l’ex-impératrice d’Autriche ne tarda pas à retrouver ses jambes mais les angoisses demeurèrent. Son mari et elle avaient hélas déjà vécu une situation similaire. Si, dans les trois heures, Sissi ne retournait pas à l’eau, elle mourrait.
Au moins, Achille conserva la tête froide :
 
On doit retourner à bord d’immédiat…là, on s’arrangera…Il y a toujours la baignoire !!!    
 
Je ne veux pas passer ma vie dans une baignoire !! Tu imagines la tête de ces gens si je dois filer en plein dîner, bal ou autre réception ?
 
À défaut d’autre solution concrète, il fallut rembarquer.   
Pourquoi, pourquoi les dieux ne les lâchaient-ils pas ?  N’avaient pas, eux-aussi, droit au bonheur tout simple ?
À la guerre comme à la guerre, aux premiers signes de suffocation, Sissi s’immergea sauf que la nageoire ne reparut pas.
 
*Le sel…*
 
Sur la même longueur d‘onde, Achille conclut :
 
C’est l’eau de mer qui a tout déclenché…l’eau douce n’aide pas...pas autant que voulu…
 
Dis-moi, dis-moi que tu ne sacrifieras personne, cette fois !
 
Promis, juré, il n’égorgerait ni Louis ni qui que ce soit mais là, il allait en vitesse commander… du sel.
Seule dans la petite salle de bains, Sissi pleura beaucoup. Si cela n’augmenta pas de beaucoup la salinité de l’eau, ça la soulagea un peu. En boucle se repassèrent des scènes d’une époque souhaitée révolue. Un désert affreux à traverser… le prix du sang…
 
*Ces dieux sont odieux !!!*  
 
Lorsque le bon dosage de grains fut bon, elle retrouva écailles et souffle. Tout heureux, lui tenant compagnie, Achille plaisanta à demi :  
 
 Il nous faudra beaucoup de sel…et une réponse rapide !
 

T’en fais pas, mon amour. Je peux toujours sauter par-dessus bord au besoin…  
 
Autant tenter d’en sourire en attendant que les sorciers contactés, leurs seuls alliés capables de piger et remédier, fassent quelque chose.
Ils en mettaient du temps, ceux-là ? Gentils, serviables au départ, les abandonnaient-ils à leur sort ?  
La vie à bord n’était pas facile. On joua le… jeu, donna le change d’être « normaux » même si certains employés les regardèrent parfois de travers.  Somme toute, les lubies des richards ne les concernaient pas. Si ceux-là préféraient l’eau de mer, qu’ils sautent.  
Les Kazantzakis devinrent réglés comme des horloges. Que ce soit au milieu d’une gentille conversation, d’un repas, d’un bal, ils désertaient quasi toutes les trois heures pour une paire.  
On s’acheminait doucement vers la ville la plus australe du monde quand, de sa baignoire, Sissi capta des imprécations par trop connues : Achille maudissait les dieux et consort. Il ne tarda pas à venir lui relater certaines choses, pas encourageantes du tout :
 
On les a enlevés…Sam parle d’une Voix qui les hantait…Ils se sont réunis pour voir que faire et…six d’entre eux ont disparu sans laisser de trace…
 
Eux, encore, toujours ! Mais quelle dette avaient-ils ? Déjà d’apprendre qu’Hélène et Isabel étaient heureuses, enceintes maintenant… et pas elle, était cruel. Cette malédiction n’arrangerait certainement pas les choses.
Sissi n’était pas du genre à piquer des crises mais la baignoire déborda sous de violents coups de nageoire.
 
Faut arrêter ça, il le faut !!!  S’il te plait, s’il te plait !! Il doit bien y avoir un moyen dans ce monde, non ?
 
Le moyen vint…
 
Un appel leur confirma un rendez-vous à Ushuaia.  Une ambulance attendait à l’embarcadère. Si des passagers s’alarmèrent tant pis, Mrs Kazantzakis était atteinte d’une maladie de peau très rare nécessitant des soins d’urgence.  Ce que nul ne vit fut un rapatriement singulier via une ambulance d’un bleu hallucinant.
Sorciers à la rescousse ? Ouf ! Mais…
 
Le docteur Asimov se gratta le crâne :
 
Madame, votre cas est très… inhabituel. Ici, nous traitons tous les enchantements possibles et connus de nous. Là…. C’est…
 
Inhabituel, ok. On fait quoi alors ?  
 
On… vous met au bain ? Vous bleuissez…
 
 Par la grâce des dieux, tout avait été prévu, salinité exacte à la clé.  
Triste, triste, elle se coula au fond de la piscine où elle put pleurer tout son saoul.  Son Achille ne tarda pas à la rejoindre, se foutant des consignes imposées par ces mages.
Asimov transcrivit :
 
L’élément sirène en compagnie de son mâle humain se calme en douceur. L’agitation de la caudale et pleurs cessent… j’interromps ce reportage pour préserver leur intimité.
 
Sortie, séchée, rassérénée, Sissi enveloppée dans un peignoir, fut reconduite en chambre. Le procédé se répéta.  Samantha vint fréquemment aux nouvelles. Elle assura avoir obtenu la collaboration d’un atout inédit : une fée.  
 
*Et puis quoi ? Des lutins ? *
 
Au plus profond d’elle-même Sissi se maudissait d’avoir été imprudente, de ne pas avoir soupçonné qu’il ne suffisait pas de quitter le monde des dieux pour en être soustrait totalement.
D’autres sorciers subissaient ce joug parce qu’un jour des pions avaient déserté l’échiquier. 
 
On aurait dû y retourner plutôt que leur infliger cela, renifla-t-elle dans les bras de son adoré… non, suis pas en train d’encore pleurer vraiment, le sel des larmes m’aide à tenir quelques minutes de plus à tes côtés en étant… femme.
 
S’aimer, s’aimer à la folie.  Ahurie, Sissi avait appris, puis vu dans les livres, à la télé, comment on avait détourné son histoire, sa vie entière, avec Franz également. Certains faits étaient authentiques sauf que l’on avait omis bien des choses dérangeantes. Business disait-on.
Avec Achille : sincérité.  Quoi qu’il advienne, elle lui en serait éternellement reconnaissante. Dépouillés de tout, ils s’étaient aimés, s’aimaient, se disaient tout.      
Nantis grâce aux diamants exportés via Lindsay, ils pouvaient se permettre n’importe quelle extravagance sauf… faire disparaître une queue.  
La patience n’était pas le fort d’Achille. Il était comme une bombe à retardement.
Aussi, lorsqu’Asimov et son équipe vinrent pour une nième prise de sang, son époux explosa.
Assise dans un fauteuil de cette chambre confortable, elle ne regarda que le dehors, distraite.  
 
… Vous devez comprendre Mr. Kazantzakis que nous ne faisons pas de miracles !... Votre épouse est un cas, qui…
 
Impossible de ne pas écouter tant ça bardait. Elle abandonna son observation du parc extérieur pour se lever dès qu’elle perçut les mots « prix du sang » :
 
Achille, tais-toi ! Vous, vous n’avez rien entendu, Docteur.
 
Au contraire, au contraire, c’est quoi cette histoire de sacrifice ? saliva Asimov, très intéressé.
 
N’y pensez plus !  Nous allons partir. Je veux aller chez mon parrain !
 
Des larmes abondantes, irrésistibles, convainquirent Achille qui empoigna son portable en refoulant les médicomages déçus.  
 
Chez Karl, ils eurent la paix. Bien sûr, le brave homme ne pouvait ni dissimuler son inquiétude vis-à-vis de fils ainsi que bru disparus, ni ignorer les raisons de ces enlèvements. Eux-mêmes forcés de se cacher, les Von Falkenberg seniors étaient adorables.  
Rose apporta des biscuits et des boissons sur la terrasse de ce coin reculé de Nouvelle Zélande, un très bel endroit d’où l’on dominait un rivage majestueux quoique frisquet.
 
Vous êtes ici chez vous, mes enfants !  Comme vous le voyez, on est très isolés. Alors, ma chérie, si un bain vous tente, n’hésitez pas : plongez !   
 
Toute douce et gentille, on pouvait cependant percevoir une certaine curiosité malicieuse dans ses propos.
 
Chiche qu’elle veut voir sa première sirène ! dit-elle à Achille, une fois seuls… Non, j’ignorais qu’ils vivaient ici... Ils l’ont dit : ils migrent dès que ça fraîchit trop.  
 
Ils avaient parlé d’aller à Madère ce qui avait immédiatement effrayé Sissi.  
 
J’adore cette île, j’y ai recouvré un peu de santé avant que ça empire, donc non, je veux pas y aller. Je pensais être en sécurité avec eux, je ne sais plus quoi maintenant… Je te demande beaucoup Achille chéri mais essaye de plaider pour Corfou. Là, tout de suite, je dois… nager…
 
Qu’elle soit chaude ou froide, l’eau de mer la régénérait.  Était-ce idiot de songer à y vivre éternellement ?  La caudale battit des records de célérités.  
Filer, filer, s’éloigner de tout. Laisser à son Achille une chance de vivre normalement. Elle serait poisson sa vie durant ? Elle s’en moquait.
 
L’observateur du radar écarquilla les yeux. Qu’est-ce c’était que ça ? Pas une baleine, pas un requin mais ça fonçait droit sur eux.  Il enclencha l’alarme générale.  Branle-bas de combat dans le sous-marin de surveillance de ces eaux calmes, en principe.
 
Qu’y a-t-il, Perkins ?
 
Ça !  C’est pas un animal ni une torpille. Je ne sais pas l’identifier mais ça va nous croiser, nous tamponner s’il maintient son cap.
 
Fébrile, le capitaine entama les mesures de protection.
 
Ici le capitaine. Ceci n’est pas un exercice. Un objet non-identifié risque d’entrer en collision. Lancez les leurres.
 
Les alarmes retentirent partout et on s’activa comme jamais encore.  Ce que c’était ? On s’en foutait : on se défendait.
L’attaque inattendue prit Sissi de court.  Mains plaquées aux ouilles, elle hurla, se tordit, perdit toute orientation et sens.  
 
Ça a marché, capitaine ! Projectile en arrêt.
 
Soulagé, l’équipage reprit sa route. Le capitaine, en cabine, consigna : contact avec entité inconnue neutralisée à 23h30.  
 
Toupie désemparée, Sissi coula loin, très loin, trop loin…  
 
Gling, gling…
 
 Si j’étais toi, j’ouvrirais les yeux ! Eh, oh, tu m’entends ? On remonte ? Personnellement, je n’aime pas trop l’eau…  
 
Ahurie, Sissi vit à ses côtés un être lumineux qui battait de ses quatre ailes comme autant de nageoires.
 
Salut ! Je suis Key ! On remonte ? Il y a un rocher sympa pas loin, ok ?
 
La fée était très forte, elle aida Sissi à remonter et la hissa sur les cailloux.  
Secouant plusieurs fois la tête, l’ex-impératrice put capter plus clairement ce qui se produisait.
Rêvait-elle ? Non.
 
C’est toi la fée dont on nous a parlé ?
 
Un rire ressemblant à des pendeloques de cristal résonna :
 

Tu en connais beaucoup d’autres ? Bien sûr que c’est moi ! Allez, remets-toi. C’est pas quelques infra-sons et le mal des caissons qui t’auront.  Tu voulais faire quoi au juste ? Punir Achille ?
 
Que… ? Mais non, jamais, pas du tout ! Je… j’ai…
 
Disjoncté, ok.  J’adore cette expression ! Ce monde en a de bonnes. Tu ne les as pas encore toutes expérimentées, mais ça viendra.
 
Pas si je dois être un poisson les trois quarts du temps…
 
Ça va bientôt cesser…
 
Les yeux arrondis de surprise, Sissi en appris de belles.  
 
Alors, comme ça, nos amis t’ont appelée et toi tu sais voyager d’une ligne à l’autre ?
 

Je suis très fière de mes 4 ailes, tu les trouves comment ?
 
Euh… très grandes quand elles sont sèches…
 
Les admirant elle-même, Key avait l’air réjoui :
 
J’avoue que tes copains m’ont beaucoup aidée à les avoir et, avec cette nouvelle embrouille vais sûrement en gagner une ou deux autres. Je préfèrerais deux, c’est plus équilibré. Sont dans de sales draps là-bas, tes copains. Je n’aime pas cet endroit que tu as quitté.
 
Si je l’ai quitté, c’est que je ne l’aimais pas non plus, puis Achille était déjà ici…  
 
Aaah(extatique) Achille… note que Michael est très bien aussi, mais passons. Rassure-toi, ils s’en sortiront, j’y veille. J’ai eu un mal fou à contacter les hautes instances du cru mais suis tombée sur un sympa pas mal du tout aussi : Manakiel.  Tu connais la Bible, hein ? Abel et Caen ? Ben là-bas, c’est un peu pareil.  Il y a un tendre, Manu, et un qui sait pas trop quoi : Bérith.
 
Ils sont quoi ? Des frères, des dieux ?
 
L’un et l’autre… plus ou moins. Ce n’est pas cela qui importe ici.  Une ligne a été créée, celle d’où vous venez Achille, toi et tes autres copains croisés là-bas.      
 
Elle parla, parla, laissant Sissi si bien soulée de mots qu’elle ne put qu’écouter.
Soudain, elle se mit à claquer des dents :
 
Excuse-moi, je suis distraite. En général, avec la queue dans l’eau je n’ai jamais froid.  
 
Ta queue ? Quelle queue ? pouffa Key.
 
Mince alors ! Plus aucune écaille mais de jolis pieds nus barbotaient dans l’écume.  
Complètement déboussolée, Elisabeth ne comprenait rien. Un miracle ? La fée avait-elle annulé la malédiction ?
 
Je n’y suis pour rien, rigola Key. Tu as la solution en toi depuis juste un mois. Il t’arrivera encore d’avoir des envies de baignades mais, bientôt, elles seront remplacées par d’autres, non des moindres selon ce que je sais ! Je vous adresse mes félicitations Mrs. Kazantzakis. Bien des choses à ton Achille. Là, je file !
 
Mais…
 
En voilà de bonnes !  Nue, sur un rocher glacial, Sissi pensa à deux choses : comment rentrer, comment annoncer ça à Achille ?  Néanmoins, une douce chaleur rayonna en elle. Était-ce vrai qu’elle et Achille allaient devenir… ? Puis un bruit de moteur lui fit relever la tête…
Elisabeth von Kettel
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