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Drôle de paradis: le village

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Drôle de paradis: le village Empty Drôle de paradis: le village

Message par Megan Reese Mer Avr 01 2015, 12:14

Un appel! Il avait suffi d’un seul et unique appel pour que tout change.  
Megan n’était pas du genre à se plaindre à tort et travers mais là, elle devait  avouer que sa vie n’était plus exactement celle rêvée. Elle s’ennuyait ! Et Megan Reese détestait cela par-dessus tout ! Son existence, avant sa rencontre avec John Smith, avait été des plus trépidantes, la nouveauté, le risque étaient au rendez-vous, étaient son jour le jour. L’aventure la tentait, elle la cherchait, sans froid aux yeux, s’élevant ainsi au rang des meilleurs journalistes d’investigation dont la plupart, pour ne pas dire le 98%, étaient des hommes aguerris, endurcis.  Avoir des ennemis faisait partie du lot et on avait essayée de la tuer à plusieurs reprises mais elle ne s’était pas laissé freiner dans son élan.
Et puis il y avait eu John… leur incroyable histoire, leur amour et Beth…
Et jouer à la bonne ménagère, épouse exemplaire, mère dévouée  avec des petits travaux occasionnels avec lesquels Megan essayait de revivre un peu les émotions d’antan, sans y parvenir tout à fait. Soit, ce faisant elle avait même découvert être une sorcière et cela  avait ouvert des nouvelles perspectives qui finalement ne l’avaient pas menée bien loin, pas là où elle voulait aller, en tout cas !
Aux explications d’Erik s’étaient ajoutées celles de Sam et Alix. L’affaire n’était pas simple. Loin de là. Mondes parallèles, historiques importés à leur monde, une lourde dette à payer et l’impératif besoin de remettre les pendules à l’heure.
 
Et comment que je suis partante !, avait-elle jubilé, bien sûr que j’accepte !
 
C’était sans compter avec  John chéri qui, pour un homme d’habitude si avare en paroles, trouva des arguments imbattables pour la détourner de sa lubie.
 
Ce n’est pas une lubie mais une mission, riposta Meg emportée, écoute, je sais bien que je ne suis pas leur premier choix ni leur meilleure option mais il se trouve qu’il n’y a personne d’autre…Ne me viens pas avec ça…je ne suis pas une mère sans cœur qui abandonne son enfant…Beth a un père, non ?...Ah, tu ne sais pas commet t’y prendre ? Ben,  c’est pas malin, chéri, apprends  et puis tu comptes avec  l’inestimable collaboration de Mini…Miss Drew !
 
Au moins elle était sûre que son petit trésor adoré ne manquerait  d’amour ni attention. John sous ses dehors parfois revêches était un véritable papa-gâteau qui se défaisait pour sa fille et l’adorable mioche du haut de ses presque cinq ans en tirait merveilleusement parti, qu’en sus on comptât avec cette chère Miss Drew la rassurait, apaisant un peu sa conscience.
 
*Sais pas quelle classe de mère tu es mais c’est pas la meilleure, c’est sûr !*
 
Jonh n’était pas content, loin de là mais Megan avait pris sa décision et savait se montrer très têtue à ses heures.
 
Toi tu fais bien ce que tu veux…tu as un boulot qui te passionne, me dis pas le contraire,  être espion, c’est ta vie…Non, ce n’est pas un reproche ni rien de semblable…On ne se refait pas, John…tu avais tout oublié et pourtant : chassez le naturel,  il revient au galop !...Je suis journaliste par vocation…c’est ce qui me fascine, me passionne…je vous adore Beth et toi, vous êtes mon tout…mais à part être mère et épouse je suis ce que je suis et ça ne changera pas…Bien sûr, il y aura sans doute des risques, mais selon ce qu’ils m’ont dit le phénomène est contrôlé…il s’agit d’aller « Là-bas » et en revenir après avoir mis les choses au clair…*Tu jures que ce sera si facile !*…Je vais y aller, John…tout comme tu accours chaque fois que Applewhite a besoin de toi…alors on n’en parle plus…Oui, je suis butée, peut-être aussi stupide mais c’est mon problème !...Le rendez-vous est fixé aux Bermudes, demain et j’y serai…Je t’aime par-dessus tout, John…mais je veux aussi sentir que je n’ai pas cessé d’exister pour n’être que ton ombre bien-aimée, comprends-moi, s’il te plait !
 

Sans platitudes ni sentimentalismes, ce n’était pas leur genre. C’était l’inévitable prix que payent les esprits libres pour voler de leurs ailes.
 
Je reviendrai et ce sera toujours une bonne histoire à raconter !
 

Le groupe réuni aux Bermudes avait déjà tout mis au point. Ils avaient leur plan d’action et toutes les mesures nécessaires avaient été prises. Erik ferait appel au Ginnungagap et les six élus passeraient par le Vortex pour aboutir à celui qu’on nomma, faute de mieux ou plus de précisions, « le monde d’Ailleurs ».
Un briefing détaillé mit Megan au parfum de ce qui se jouait là et pour en arriver là, il fallut repasser quelques antécédents dignes d’être tenus en compte.
 
*Si John n’avait pas dû se rendre chez Applewhite, nous serions allés à ce mariage et n’aurions rien raté de tout ça… Incroyable…Louis XIV, Achille…Sissi, la belle Hélène…un homme du futur…*
 
Dernière révision de son sac qui, vive la magie, était plein à craquer, sans en avoir l’air ni le poids, de tout ce jugé nécessaire pour se débrouiller n’importe où. Rien ne manquait. Un rien d’angoisse persistait, comme à chaque veille d’expédition mais elle essaya de penser à autre chose avant de tomber dans un profond sommeil sans rêves…
Ou finalement peut-être que oui, les rêves ou mieux dit le rêve tout court…cette colline, la mer au loin…la vallée…
Une main dans ses cheveux la réveilla en sursaut.
 
Megan ? Pardon, je pensais que…
 
Pendant quelques secondes elle resta là, ahurie, confuse en découvrant celle qui la dévisageait tout aussi saisie qu’elle.
 
Ysaline !?...Mais que ?...Seigneur !, elle se mit sur son séant et contempla le décor inédit qui les entourait, qu’on me pende mais c’est pas les Bermudes, ça !!!
 

Un peu plus loin, Alix De Brent s’ébrouait à son tour et elles furent trois à partager la surprise.
 
On est fines ! On doit être chez eux ! , dit Ysaline en se relevant, où sont nos hommes ?
 
La bonne question. Sans perte de temps, elles se mirent à la recherche, d’abord ensemble puis séparément en s’époumonant de plus belle mais force fut, après un bon moment de reconnaître qu’il n’y avait plus personne aux alentours.
 
*Comme quoi, ça cloche grave depuis le tout début !*
 
Aucun besoin de le dire, ses compagnes avaient sans aucun doute la même idée. Elles étaient là, larguées en pleine nature inconnue, en chemise de nuit.
 
Bon, on ne gagnera rien à se plaindre, faisons donc un petit bilan…j’ai mon sac et ma baguette…vous avez vos bouts de bois aussi, c’est déjà ça…euh, le sac ?...C’est une vieille habitude, toujours avant de partir en mission je le gardais près de moi, pour si jamais on devait décamper en vitesse, impossible de perdre mon équipement…mes notes…Avez-vous une idée d’où on est ?
 
Ysaline en savait pas mal grâce à ce que lui avait raconté l’homme du futur. Un Village devait être proche, quelque part au bas de la colline.
 
Ben faut y aller, alors…qui sait, peut-être que ces messieurs y sont déjà !, elle en doutait fort mais pas la peine de se montrer négative surtout que ses deux amies n’avaient pas l’air ravies du tout. Assez mauvais voir contrarié leur plan d’arrivée comme pour en plus perdre leurs maris…
 
Elle pensa un moment à fouiller dans son sac à malices pour leur fournir une tenue adéquate mais à la réflexion s’en abstint, peut-être valait-il mieux se présenter  en tant que victimes démunies plutôt qu’en exploratrices avisées, cela les prémunirait en un début de trop de suspicions.
 
*On verra bien à quoi on a droit !*
 

De prime abord, à deux gars en treillis armés comme s’ils combattaient la guérilla locale. Habituée à ce genre de situation Megan leva les mains et prit son air le plus inoffensif alors qu’Ysaline affrontait les hommes avec grand aplomb :
 
Trois paumées, ça vous dit ? Vous avez l’habitude, je crois, d’en dénicher. On voudrait parler au colonel Reardon, s’il est toujours en faction, évidemment.
 
*Comme quoi…ça va leur donner de quoi penser !*
 

En tout cas cela fit l’effet voulu. Directives requises via walkie-talkie. Réponse reçue, en toute évidence affirmative, on les escorta jusqu’aux abords de ce qui se profilait comme un endroit charmant, digne d’un prospectus d’agence de voyage promettant des vacances tout confort au bord de la mer. Là les attendait le comité d’accueil. Avant d’entreprendre l’aventure, ses amis avaient tenu à la prévenir sur les personnes à rencontrer, n’empêche que Megan en ressentit un choc en se trouvant face à face avec Justin, Opal tout en sachant qu’ils étaient en fait…Neil Chesterfield, le maire du bled, son épouse Lindsay suivis de près par le sosie de Lady Davenport, nommée Maya accompagnée d’un bonhomme superbe présenté comme son mari : Josh Cromwell.
Neil et Maya, de leur séjour obligé dans leur temps, connaissaient déjà Alix et Ysaline et cela rendit la situation plus aisée, on les accueillit comme des vieilles connaissances qu’on se réjouit de revoir. Bien sûr, Megan demeurait l’inconnue au bataillon, présentations faites on se mit en route. Ysaline et Alix étaient la cible de l’avalanche de questions, Megan avançait un peu à la traîne en regardant le paysage sans n’en vouloir à personne, prenant mentalement note de tout ce qu’elle découvrait.
 
* Beau, propre, soigné, vert, fleuri, embaumé…ordonné, sécurisé...que diable craint-on au Paradis ?*
 
Ainsi vous êtes journaliste, Miss Reese ?
 

Cette question la fit revenir de sa contemplation, Lindsay Chesterfield l’avait rejointe et souriait avec la charmante politesse de la parfaite hôtesse qui se fait devoir de parler à tous ses invités.
 
Oui, c’est bien cela…Journaliste d’investigation, mais avant tout, je suis une bonne amie donnant un coup de main…Vous avez là un magnifique endroit…Oui, on m’a touché deux mots sur votre situation, on ne peut plus étrange, soit dit en passant…  
 
Lindsay en convint, sans trop s’étendre, sans doute un peu méfiante, bavardage trivial, comme si on était à une garden party alors que Megan aurait quand même aimé passer quelque chose de plus habillé que son pyjama mais personne ne semblait tenir en compte le détail. On arrivait à la Maison Commune.
Pour alors Ysaline avait déjà expliqué le pourquoi de leur présence, ce que tous semblaient agréer de la meilleure façon, mais restait la question de rigueur : où étaient passés Michael, Max et Erik ? Et à cela, personne n’avait une réponse concrète, à croire que ces chers hommes  avaient été détournés aussi mystérieusement qu’elles mais avaient atterri ailleurs. Or, comme elle voyait les choses, cela ne voulait dire rien de bon…
 
Vous m’avez parlé d’un autre monde…celui des Historiques…peut-être que ceux que nous avons paumés sont là-bas, intervint Meg, un peu agacée de ne pas trop être tenue en compte, tout notre précieux plan, si bien structuré a foiré dès un début…après tout, je me suis endormie dans mon lit, chez les De Brent aux Bermudes et me suis réveillée couchée dans l’herbe sur une colline dans un monde parallèle…
 
Gros soupir général avant l’entrée en rafale de vent d’un bonhomme tout agité.
 
Le Colonel est en chemin, il sera là dans une heure !  Mesdames, je suis Firth, premier adjoint du Maire…à votre service !
 

*Pitié, on est tous si adorables et polis…* Enchantée, Mr. Firth…mais, et excusez-moi  d’interrompre cette rencontre au sommet mais, personnellement, je refuse de rencontrer quiconque d’autre avant d’avoir passé quelque chose de plus habillé !
 
Lindsay se confondit en excuses, les autres semblaient s’en ficher pas mal  et assura que la Pierre à souhaits leur fournirait tout le nécessaire.  En qualité d’hôtes distingués, elles eurent droit à utiliser la Pierre personnelle du Maire qui, comme prévu, exhaussa  leurs vœux.
 
*Intéressante façon de faire les courses !*
 
Le colonel Norman Reardon n’était pas homme à badiner. Passées les présentations, il alla direct au point et voulut connaître en détail le but de leur présence dans le coin.
 
Nous sommes ici en échange de ceux qui sont partis, dit Megan en prenant les devants, des Historiques qui ont élu rester dans notre temps et espace.
 
Bien sûr, ils ont choisi la sortie la plus commode !, grommela Reardon, tout comme ceux qui étaient ici à leur place…partis comme des voleurs au milieu de la nuit !
 
Là ça menaçait de chauffer, Ysaline et Alix n’entendaient pas laisser qu’on traite leurs maris de voleurs ni rien de semblable. Explications à la clé, le colonel laissa percer l’amertume d’avoir déposé sa confiance en ces deux-là et leur copain sosie du Maire.
 
Ah bon ? Et qu’ont-ils fait pour mériter un jugement si peu méritoire ?
 
Il était question d’armes disparues. Neil embraya en allongeant l’explication : il ne s’agissait pas de quelques pistolets et munitions mais de bonne partie d’un arsenal de pointe. Un regard appuyé de Reardon coupa court les révélations et on passa à discuter de la possible suite de leur expédition. Pour bien faire, le colonel expédia trois patrouilles ratisser les environs proches et plus lointains à la recherche de ceux qui manquaient à l’appel et en attendant d’avoir des nouvelles, ces dames furent priées de s’installer à leur aise dans une villa en front de mer mise à leur disposition.
 
Voilà, vite fait, on nous case gentiment, rouspéta Meg, le Colonel n’est pas un facile à vivre, est rancunier et en veut aux garçons de lui avoir piqué ses joujoux…Vous en saviez quelque chose, sur ça ?...Ah bon, rien dit sur l’affaire ?...Ben non…rien, les hommes sont tous des cachottiers, en parlant elle allait à la cuisine pour passer  inspection des armoires et placards, au moins on est bien logées et nourries…il ne manque rien…qui veut du café ?...Je vous proposerais du plus fort mais il semblerait que c’est encore tôt…
 
Alix était abattue et de mauvaise humeur, Ysaline plus en verve mais pas plus joyeuse pour autant. Megan s’en voulait de les brusquer un peu mais était de l’idée que rester là à se lamenter de la tournure prise par la situation ne les mènerait à rien de bon. Elle fit des efforts pour réussir le café, l’accompagna de biscuits trouvés dans un placard et convia ses amies à une réunion sur la terrasse.
 
Je sais que ce n’est pas facile d’accepter mais nous devons faire avec…si les gars ne nous rejoignent pas, il faudra agir de nous-mêmes…Oui, je sais…Michael et Max savaient beaucoup de trucs qui auraient aidé…il nous faudra poser des questions…des tas de questions…et ça, mes chéries, c’est mon fort ! Mais en attendant, voyons voir ce qu’il y a dans mon sac…
 
Et sans plus vida le contenu sur  le sol de la terrasse…Son jeu de baguettes eut l’heur de surprendre, autant que les deux pistolets, la trousse complète de premiers secours,  le matériel de communication et celui de camping au grand complet.
 
Découvrir le sac à moke m’a ravie…Vous vous direz, c’est tout bête, je m’en émerveille tous les jours…mais pour une fraîche ex-moldue c’est la solution ultime au besoin de tout trimballer avec soi…et là, j’espère que ça nous aidera…
 

Le lendemain, après une longue conversation avec Neil et Reardon, elles se virent confier la copie du journal d’un certain Dan McIntosh. La lecture les tint éveillées toute la nuit…
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Message par Alix Blackstorm Lun Avr 13 2015, 06:34

On n’effrayait pas facilement Mrs. De Brent. Lorsqu'on a eu la « chance » d’avoir un oncle démoniaque, on est quasi paré à tout, mais pas à ça ! Ça, c’était une voix désincarnée qui vous entrait dans la tête y cracher venin, menaces. Révolte assurée ! Jamais, jamais Alix ne laisserait Kieran en de mauvaises mains. Sans doute cette, ou ces entités, connaissait d’avance leur choix. : il n’y en avait qu’un seul d’admissible, du reste. L’idée n’était pas mauvaise en elle-même sauf que, très vite, la réalité d’un piège cruel leur sauta à la gorge. ON les avait séparés ! Femmes d’un côté, hommes… ailleurs.  Par une veine extraordinaire, Megan – celle que l’on attendait le moins – se montra dynamique et pratique. Mais qui aurait eu l’idée de s’endormir en tenant le sac préparé à l’expédition, à part elle ?  En tout cas, Ysaline et Alix ne possédaient rien, à part un certain savoir et leur baguette dont aucune sorcière digne de ce nom ne s’endormait sans. Encore fallait-il pouvoir s’y exercer… Les hommes avaient dit leur force diminuée. Pouvait-on y remédier ?
Parler était bien, penser beaucoup mieux selon Mrs. De Brent. Elle la boucla toute du long de la descente de cette colline verdoyante où on les avait posées.  En chemin, elle observa… tout.  La majorité des plantes lui était connue, certaines variétés moins. Oh, elle n’allait pas prétendre se comparer à Ollivander mais avec les bons ingrédients, qui sait ? Baguette puissante, mari, enfants, tout lui manquait. Quelque part, au fond d’elle, Alix était sereine. Michael allait sûrement bien… pour le moment.
 
*Ces « gens » jouent… ils vont trouver des adversaires à leur taille, ces salauds !*
 
Assez désorientées, les femmes finirent par rencontrer des personnes.  Pas à dire, les patrouilles de surveillance autour du village étaient bien organisées. Puisqu’Ysaline fit référence au colonel Reardon, on sembla croire en leur bonne foi, et les escorta jusqu’à un endroit « charmant » déjà décrit par historiques, et modernes.  
 
Neil, Maya !
 
Enfin des visages connus !  
 
Vous avez découvert un plus grand passage ? On peut tous évacuer ?
 
Questions, questions, déceptions.
Entraînées jusqu’à la maison commune – sorte de centre global des informations – seule Megan l’ouvrit pour réclamer des habits décents. Somme toute… Bien qu’elle aimât beaucoup son pyjama de satin crème, Alix se voyait mal déambuler ainsi dans ce village.  À chacune ses vœux…  Si Megan tiqua de la voir quasi harnachée en para, tant pis.  Au contact de Michael, Alix avait appris que pratique vaut mieux qu’élégance dans certains cas. On attendit alors la venue du colonel qui rappliquait à toute vapeur.
 
*Pas sympa, ce gars !*
 
Ouvertement, il se monta hostile car, d’après lui, Justin, Michael et Max avaient dérobé un arsenal essentiel. Alix n’avait aucune idée de quoi il s’agissait mais se crut en droit de clouer le bec à ce militaire :
 
Peut-être l’ont-ils fait, c’est très possible s’ils l’ont jugé préférable pour tous ! Le problème n’est pas là, il est dans leur absence !  Quelle langue faut-il vous parler pour que vous compreniez ? CHERCHEZ-LES !!! 
 
Reardon se troubla quand un regard noir plongea dans le sien. Il dépêcha des hommes fouiller les environs. Elles, on les parqua gentiment ensemble dans un coquet pavillon tout confort.
Blablabla, Megan était intarissable. Barbante, certes, mais très utile.  Ne sortit-elle pas de son sac à malice, maintes choses intéressantes dont des baguettes ; là, Alix l’admira, surtout après exhibition d’automatiques et autres fournitures indispensables à la survie.
 

Magnifique, Megan ! dit-elle, laconique. Prenez les baguettes, je prends un des flingues… tu as raison, on ne va sûrement pas rester bras croisés. Ysaline, sans te commander, tu es la meilleure cuisinière de nous trois. Faites des emplettes, allez prier, ou ce que vous voulez, je sors.
 
Non seulement, elle avait besoin d’air, d’espace pour réfléchir mais elle avait aussi repéré quelques plantes. Avec un sac, elle partit les cueillir. Suivie ? Fallait pas être devin pour le sentir.  
 
*On nous garde à l’œil…*
 
Rien d’étonnant, elle n’aurait pas procédé différemment. Sans doute son pisteur s’étonna-t-il de ses choix dans la végétation, elle s’en ficha, raflant tout ce qu’elle jugea efficace. Mais au détour d’une clairière, elle se figea face aux êtres qui s’y repaissaient…
 
Un bon repas était prêt quand elle rentra avec sa manne dont elle tut la teneur.  Dormir ? Megan sûrement. Ysaline et elle cuisinèrent… à leur façon.  
Au matin : réunion, échanges d’informations.  Même si par le biais des historiques et de ses comparses, elles avaient appris des trucs, elles étaient loin de tout savoir sur ces lieux.  Les recherches sur les hommes n’ayant rien donné dans le secteur, on émit chacune ses idées.
 
…S’ils sont de l’autre côté, nous devons apprendre à nous y rendre.
 
Se révéla alors une chose inédite : des écrits. Un médecin fouineur avait séjourné là avant eux, découvrant de vieux manuscrits qui, mêlés à ses propres constatations, donnaient un éclairage neuf à toute l’affaire. Pour occupées, elles le furent, du coup. On lut énormément toute la nuit. Les conclusions partagées n’étaient pas brillantes.  
 
… donc, il existerait un réseau de tunnels faisant communiquer les mondes, du moins, c’est ce qu’il ressort.  
 
Hélas, évidemment, aucune indication précise n’existait quant aux entrées ou sorties. Il restait des possibilités plus palpables : arches de pierre et plaques de téléportation.  
Assez vaseuses, sauf l’infatigable Ysaline, on alla prier pour manger puis relater les résultats aux chefs.  
Neil fut très ouvert, Reardon beaucoup moins.
 

Bien sûr que nous savons cela ! Nous avons dû faire face à plusieurs reprises à des attaques dont les points de pénétration ont été bouclés dès identification.
 
Megan réclama une carte topographique. De très mauvais gré, le colonel en étala une où chaque lieu incriminé était marqué de rouge.  Neil la compléta de traces bleues :
 
Ces endroits-ci sont libres mais sous étroite surveillance pour prévenir les intrusions.  
 
Par les expériences subies de leurs époux ou amis, les femmes savaient que quelques zones restaient non couvertes. Aucune n’en parla mais Chesterfield était au courant puisque son épouse avait contribué à l’évasion du lot.  D’un convenu accord muet, les complices la bouclèrent devant le militaire.  
L’après-midi même, après une brève discussion avec Neil et Lindsay, on se rendit à la plaque ayant permis le rapatriement. Quelques tours de passe-passe, une vérification aux jumelles étranges ensuite, l’abattement survint : issue bouchée.  
 
Selon Neil et sa femme, il restait deux plaques vierges. Leurs aventures personnelles l’attestaient, sauf qu’elles étaient loin du village.  
On en débattit longuement sur la terrasse protégée des yeux et oreilles d’observateurs indiscrets.  
Très approximative, une autre carte, comportant les relevés particuliers des Chesterfield, fut révélée.
Aucune option que d’aller à la première située à une trentaine de kilomètres au Nord. Alix tiqua :
 
Je vais vous paraître folle, absurde, mais tant historiques qu’époux, il a toujours été question de Sud.
 
Celle du Sud est à dix jours de marche intensive en terrain très accidenté, dit Lind passablement tourmentée.  
 
Puis, ajouta Neil, convaincre Reardon de nous laisser organiser ça prendra temps et doigté…
 
On a du temps, soupira Alix. Pas que je ne veuille pas retrouver Michael au plus vite mais j’ai des cuissons sur le feu. Je pense que trois jours devraient suffire.
 
Peut-être l’entourage se plaignit-il des odeurs bizarres s’échappant du pavillon octroyé aux visiteuses ? On s’en ficha, dissipa les miasmes comme on put. Pendant que les Chesterfield aidés par Maya et Josh caressaient Reardon dans le sens du poil, les sorcières oeuvrèrent beaucoup. Maintes potions s’élaborèrent avec Ysaline, bien de renseignements furent recueillis par la journaliste. Néanmoins Alix était déçue du résultat de son projet secret :
 
*Me manque juste un ébéniste talentueux…*
 
Pas d’artisan correct dans le village. Le trouverait-elle ailleurs ?  
Au moins, avec la pression mise par les collaborateurs, Reardon céda : permission de quitter le village avec armes et bagages. Mortifié, Neil avoua devoir rester sur place puisqu’en tant que maire, le devoir lui imposait le retrait. Lindsay serait leur guide. Maya obtint gain de cause auprès de son tonton et, fatalement, son Josh suivrait. On leur octroya quatre autres « candidats » à l’aventure : Firth, qui tremblait déjà mais – à n’en pas douter – serait le petit rapporteur. Le capitaine Phillips était pote de Chesterfield, chargé de veiller sur les femelles, particulièrement sur l’une d’elles. Gregor, un russe au nom imprononçable ressemblant à Wichtmet. S’ajouta une élite de la gâchette : Eliot Gunn.
 
On sua banalement durant 4 kilomètres vers le Sud. Firth s’épongea le visage tout en notant sur son calepin :
 
Pourquoi le Sud ? Disposez-vous de renseignements dont vous ne nous auriez pas fait part ?
 
Les sorcières se consultèrent du regard. Pas à dire, elles en avaient un peu marre de ce bassinage quasi perpétuel des oreilles. D’un commun accord, elles visèrent de leur bois la bouteille en plastique jetée par Phillips. Elle vira au bleu.
 
L’expérience du portoloin fut déconcertante, émouvante, nauséeuse pour les non-initiés qui ne comprirent rien à ce qui leur arrivait quand trois sorcières les saisirent par le bras.
 
Qu’a… Qu’avez-vous fait ? parvint à articuler Firth entre deux dégueulis.
 
On a avancé, dit Alix. La plaque est là mesdames. Agissons !     
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Message par Ysaline de Bettancourt Mer Avr 29 2015, 14:21

Rarement, Ysaline avait été prise au dépourvu. Là… fallut faire avec.
Très civilement, après la « rencontre » avec le comité d’accueil, on les mena au fameux village tellement rabâché par les historiques soustraits à ces lieux. Au moins deux visages étaient aussi épatés que contents : ceux de Neil et Maya.
On dut expliquer, s’expliquer, se répéter à en avoir le tournis. Sans fioriture, le fameux colonel Reardon les questionna, les accusa de fautes qu’aucune n’avait commises.
 
*…Un arsenal ? Première nouvelle… Cachotier !*
 
Elle pensait sans cesse à son Max. Être séparée de lui était plus dur que n’importe quoi.  Cependant, elle ne rata rien des échanges autour d’elle. Alix l’ouvrit peu aussi. Sans doute analysait-elle la situation. Dès qu’on les casa, habillage correct fait, on s’organisa. Megan voulait-elle les réconforter avec ses maigres talents en proposant du café ? Chose sûre, la fille avait jugeote et sens pratique. Elle était la seule à avoir conservé son sac à malice qui, pour un observateur non averti, semblait anodin alors qu’il contenait bien de nécessités.
 
*Prévoyante ? Bon point. John a bien choisi*
 
Des baguettes, elles en avaient déjà, des supplémentaires, pourquoi pas ? Mais que Meg exhibe 2 flingues avait de quoi surprendre. Qu’Alix s’en attribue un encore plus. D’ailleurs Mrs. De Brent semblait vouloir faire cavalier seul. N’osait-elle pas lui commander de faire la popote tandis qu’elle vaquerait à Merlin sait quoi ?
Sciée dès la porte refermée, Ysaline ne cacha pas son mécontentement :
 
Elle se prend pour qui ?... Oui, je sais qu’elle est tourmentée, nous le sommes aussi. Elle pourrait au moins nous tenir au courant de ses plans car, je la connais assez pour en être certaine, elle en a un.  
 
Tant qu’à faire, on obéit aux « ordres » et sortit faire des emplettes.  
La Pierre centrale était inratable, narrée tellement que les deux femmes savaient à quoi s’en tenir.
 
*Elle est moche…*
 
Faire des dévotions à un caillou, franchement…  
Elles firent la queue, comme tout le monde, on les dévisagea bêtement curieux. Elles passèrent outre.  
Beaux poulets dodus, poissons, riz, pâtes, légumes, condiments, canifs et tranchants plus tard, elles cuisinèrent allègrement. Somme toute Mrs. Smith n’était pas si nulle en tambouille.
Fatalement, elles discutèrent car Meg avait toujours la langue bien pendue.  
 
… je n’en sais rien de cet arsenal, Max n’a rien dit, Alpha non plus… On s’est déjà excusés de ne vous avoir rien dit là-dessus, ça aurait servi à quoi sinon vous inquiéter ?… je sais, on se serre les coudes mais c’est maintenant qui importe, non ?
 
Alix rentra enfin tandis qu’un plat délicieux achevait sa cuisson. Elle avait un air… bizarre.
 
*Elle a fait une rencontre ?*
 
En effet. Megan n’en sut rien immédiatement car, crevée, elle s’endormit peu après le repas. Lorsqu’Ysaline contempla le contenu du sac d’Alix, elle papillonna des yeux :
 
Armoise, absinthe, sureau, etc… et… ?

 Sous le choc, elle vacilla :
 
C’est… ce que je crois ?
 
Muette, Alix approuva : il s’agissait bel et bien de poils de Sombral. Ils en avaient donc ici ? Le pourquoi du comment resta obscur mais le dessein de Mrs. De Brent moins.  
Ysaline tut sa peur de voir se recréer un élément magique tellement… Cependant, elle joignit ses talents à ceux d’Alix pour parfaire diverses potions et préparations.   
Après maints débats avec la mairie, les dames se virent confier des écrits anciens d’un médecin ayant séjourné au village.  Il y détaillait plusieurs possibilités pour faire correspondre les 2 mondes de ces lieux. Hélas, même la plaque utilisée par leur époux et amis s’avéra bouclée. Discussions avec le maire, son staff, etc. Elles gagnèrent le droit de voyager escortées hors du village. Alix visa la plaque vierge la plus éloignée. Personne, en principe, ne s’attendait à ce qu’elles s’y rendent rapidement.
 
Il faut damer le pion à ceux qui essayent de nous manipuler !  approuva Ysaline.  
 
Commençant à se méfier de tout, selon elle l’improvisation serait la meilleure tactique pour « distraire » ceux ou celles qui croyaient mener la ronde.  On se mit en route avec un beau plan en tête.  
Pour surprendre, elles réussirent leur coup quand, au moment où ils s’y attendaient le moins, leurs accompagnateurs furent contraints à un petit tour en portoloin. Ils ne furent pas les seuls à être paf…
 
Emmanuel Manakiel s’était fait – comme son homologue Bérith – remonter les bretelles par les Suprêmes. Leur négligence avait permis 6 évasions. Coupables ? Ils l’étaient tous les deux car, comme d’habitude pour tuer le temps, ils se chamaillaient copieusement lors de cet épisode. Les nouvelles consignes étaient claires : garder indéfiniment les nouveaux arrivants. Le frangin avait aussitôt démontré ses astuces pour fausser le jeu. D’emblée, il avait séparé mâles et femelles au moment où ils s’y attendaient le moins.  Lui, Manu, avait toujours eu de la compassion pour tout le monde. Ça le rendait réellement malade de voir les pions, quels qu’ils soient, jetés dans la tourmente dans laquelle se complaisait Bérith. Aussi, lorsque des images saisissantes lui parvinrent de la disparition brutale du groupe des exploratrices, il n’hésita pas. Tous les enregistrements sur le phénomène disparurent. Bérith avait-il eu le temps de le voir ? Vu ses explosions un peu plus tard, non. Là, Manakiel rigola intérieurement. Mais il resta très attentif. Par chance, Bérith était toujours très occupé à embêter les mondes. Avait-il pigé que ces 6 nouveaux pions n’étaient pas ordinaires ? Sans doute… Leur laisser des « pouvoirs » entrait-il dans le jeu ou… ne savait-on pas arrêter ça ? De toute son âme, Manakiel pria pour la seconde option. Il contempla ses écrans : tout allait bien. Soudain, le compteur de vies l’alerta en sonnant incongrument. Zut, un des mâles s’était fait descendre. Vite, très vite, Manakiel régla le mécanisme. Qu’enfreignait-il ? Les règles devaient être pareilles pour tous, non ? Erik allait renaître mais, grâce à Manu, il ne serait pas déplacé aussi loin que d’habitude pour les « normaux ». Il reprit son observation des dames.  
 
La plaque brillait, preuve de son efficacité.  Sous les yeux ahuris des compagnons obligés, les femmes agirent de concert. Elles ne se lançaient pas complètement au hasard. On visa le Sud, bien sûr, le plus loin possible. Lindsay Chesterfield régla ses jumelles, la magie fit le reste.
 
Exactement un portoloin, dit Ysaline en se relavant. Vous allez bien ?
 
Tous et toutes étaient saufs ; les hommes plus blafards, qu’importe.
Le petit Firth dont le menton tremblotait ne savait manifestement plus quoi, ses copains non plus.
 
Vous… vous n’allez pas encore recommencer ça, hein ? balbutia-t-il, très inquiet.
 
Elles n’en avaient pas l’intention pour le moment, ce qui soulagea les mecs. Si les militaires ne dirent rien, ils n’en pensaient manifestement pas moins, prenant cependant les dispositions défensives d’usage.  
Ysaline se sentait claquée.
 
On est où, selon vous ?
 
 Excellente question ! Personne n’avait de réponse mais la plaque quittée était toujours là, disponible si repli général nécessaire. On observa donc les alentours immédiats.
La contrée était fraîche sans être glaciale, lacs, montagnes, verdures, bois… paisible.  
 
On se croirait dans les Dolomites, soupira Ysaline face au décor sublime.
 
Ce tour d’horizon fait, des directives fusèrent :
 
Nous devons rayonner, en s’écartant mais toujours visibles les uns des autres, ok ?

Le premier qui remarque un truc intéressant, le signale.  
 
Quel genre de truc ? demanda le capitaine Phillips collé aux basques de Lindsay.
 
N’importe quoi ! Un tas de caillou serait bienvenu mais une construction encore mieux !  
 
J’ai… j’ai lu les mêmes dossiers que vous, releva Firth. Vous voulez atteindre la forteresse, n’est-ce pas ?  
 
Phillips et ses adjoints, étaient sidérés ; Josh et Maya moins. Les explications viendraient plus tard ou pas. On devait se repérer surtout.  Tous s’écartèrent lentement de la plaque, deux par deux au départ, par prudence.  Mais ce qui arriva, nul ne l’avait prévu. Alix, flanquée de Gunn, s’aventurait vers l’orée du bois quand, d’un coup, un animal énorme lui sauta dessus. Jamais on n’en avait vu de pareil ! Réflexe de la gâchette du groupe, Eliot épaula.  
 
NOOON ! crièrent Ysaline et Lindsay.
 
Ne tirez pas, ils… plutôt elles jouent !
 
Pas de doute, Alix et le tigre-lion s’amusaient follement dans l’herbe rase.  
 
C’est… sa Bagheera, enfin celle d’Achille, mais du pareil au même ou… presque.  
 
Maintenant, avec un guide, la chance était-elle enfin là ?
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Message par Megan Reese Mar Mai 05 2015, 16:20

C’est bon ! Elle était partie sur un coup de tête et quoi ? Après tout, le journalisme d’investigation était sa vie ! C’est vrai qu’elle aurait pu le peser deux fois, voire trois, mais cela revenait du tout au même.  La routine l’avait engloutie, paralysée, rendue sourde et muette mais pas morte pour autant. Elle avait essayé de s’en tirer le mieux possible, d’être épouse et mère exemplaire mais ce n’était pas évident. La bougeotte l’accablait. Beth était l’enfant la plus merveilleuse, son Nord, sa vie…mais…Il y avait toujours un mais pour Megan Reese…Si John avait été plus présent, plus bavard, plus là quoi, tout aurait été plus facile mais non…
 
*Tu es vraiment du n’importe quoi !*
 
Il y avait un peu de ça, sans aucun doute. Être du n’importe quoi, c’était trop dire. Elle était…elle, c’est tout ! Indépendante, libre, curieuse, sans froid aux yeux, avait vu trop de monde…trop du monde…Oui, c’était sans doute ça !
 
*Ouais, trouve toi des excuses…ça t’arrange !?*
 
Peu, à vrai dire. Bien trop peu ! Et la voilà, coincée dans ce monde ambigu, extraordinaire, quasi plaisant mais décidément un peu à l’envers de toute logique rationnelle. Et comme si ce n’était pas assez, avec deux sorcières cachottières qui mijotaient leurs petits secrets en pensant qu’elle ne donnait pas la taille pour piger à leurs petites manœuvres…ou grandes, cela dépendait du point de vue !
 
*Ça cuit, ça pue…c’est pas du gigot…qu’est-ce qu’elles foutent, ces deux-là ?*
 
Inutile d’aller leur demander. Alix et Ysaline étaient des sorcières accomplies, elle une débutante chanceuse avec assez de talent, mais pas plus. Faisant une croix sur le fait, Meg décida de ne pas se tourner les sangs et mena de son côté l’affaire à son aise.
La lecture des fameux documents du Dr. McIntosh avaient de quoi lui donner de quoi penser. Pas qu’à elle, évidemment. On lut et on relut. Décortiquant le détail, il le fallait bien. Quelque part, dans ce récit, à première vue, fruit d’une imagination débordée, des vérités se pointaient, éclatantes. Le cher disparu avait consigné avec fidélité d’amant des détails si précis, scientifiques et logiques, que personne, à part déduire que le pauvre toubib était bleu d’amour pour Lindsay Chesterfield, ne pouvait douter qu’il n’était pas fou du tout. Sauf bien sûr que la douce Lindsay ne gardait qu’un souvenir tout à fait imprécis sur le tiers en question. C’était comme s’ils avaient appartenu à d’époques différentes…or, il y avait quand même un truc qui clochait là…Neil et sa femme chérie avaient bien des espèces des flashbacks qui leur laissaient entrevoir un temps révolu…
 
*Soit, ils ont joué sur les deux fronts…passé et présents, rien qu’eux. Pourquoi ? Il manque la moitié des gens dont ils ont souvenir…Où sont-ils passés ? Pourquoi ?...Les Historiques sont présents dans l’histoire de Dan et dans celle de Neil et Lind mais dans des contextes différents…Selon Dan, Achille parlait d’un jeu…faut croire qu’il a raison…on choisit les pions…on répète le jeu avec eux…Pitié ! C’est quoi, ce bordel !?*
 

Les seuls qui en savaient un peu plus, et voulaient en parler, étaient Richard et Amelia. Ils avaient partagé tant d’aventures avec les autres Historiques. Megan  ne se gêna pas, elle fit son interview.
Curieuse histoire. Enorme illogisme, fatras historique du tout mêlé, incroyable, hallucinant, imprévisible et pourtant Meg, dans toute la ligne de sa logique immuable, y croyait ferme. Ils avaient poursuivi un but et lorsque près de l’atteindre…
 
*Le grand boum…la lumière blanche… la fin du monde !...Sont fins, les grands joueurs…ont mis fin à la partie…et recommencé de nouveau…et là, on est venus les embêter…*
 

Et mine de rien, du jour au lendemain, sans trop d’esclandre on arriva là où on voulait arriver. Certes M. Le Maire et sa femme étaient des alliés de poids, sans dire la nièce de Reardon et son Josh. Circonvenir le Colonel ne fut pas tâche aisée mais finalement on se retrouva au milieu de nulle part avec un groupe hétéroclite qui suivait bien que mal le mouvement !
Et hop ! La première surprise ! Dix jours de marche ? Qui dit mieux ?
« Les petits chasseurs à pied
Ont quitté leur quartier
Pour aller en montagne
Et battre la campagne… »
Mimi tout plein, la comptine…mais cela donnait une idée bien claire de la situation. Plein Sud, dix jours de marche par monts et par vaux…sauf que…
 
*Beurk…le Portoloin !*
 
Cela vous retourne le cœur, mis à part la misérable sensation d’être tirée du nombril mais tout compte fait, c’est rudement utile pour épargner en temps et espace. Et les voilà rendus au milieu d’un nulle part, fort agréable il fallait le reconnaître.
 
On se croirait dans les Dolomites, dit Ysaline l’air rêveur.
 
*Oui, pourquoi pas ?...Plutôt de l’autre côté du miroir…zut, ça me donne des envies de pizza !*
 
Mais on se défit vite fait de tout sentimentalisme en les envoyant regarder chacun de son côté, sans toutefois se perdre de vue.  Elle aimait bien Ysaline qui avait les idées si bien en place.

Le premier qui remarque un truc intéressant, le signale…N’importe quoi ! Un tas de caillou serait bienvenu mais une construction encore mieux !
 
Le Capitaine Phillips était un idiot perdu, et Firth un couard de première, qui avait quand même vu clair dans les intentions de la balade.
  
 J’ai… j’ai lu les mêmes dossiers que vous, releva-t-il, vous voulez atteindre la Forteresse, n’est-ce pas ?  
 
Un vrai génie, celui-là, maugréa Meg, sans pouvoir se retenir, mais personne ne fit attention à elle, trop pris à demander des explications aux deux meneuses de l’expédition qui ne dirent pas grand-chose, se contentant de marcher vers l’avant, d’un pas sûr.

Meg  remplaça la carte de la vidéo caméra, pas question de perdre un instant de l’aventure. Elle se fichait un peu de l’avis des autres quant à consigner fidèlement chaque détour de cette histoire invraisemblable. Pas qu’elle eut l’intention de publier le tout à leur retour mais il lui fallait des faits tangibles, sans doute pour se rassurer elle-même de sa bonne santé mentale…et aussi pour que John se rassure sur tout fait et geste qu’elle put faire.
 
 *Mon Dieu, mon amour…je n’aurais pas dû foncer tête en bille…mais tu me connais…je devais le faire…c’est plus fort que moi mais…mon John adoré. Je t’aime tellement…tu me manques…toi, ma Beth…je suis bête…si impulsive…si bête…si bête…*
 

Et puis elle se sentait si étrangère, entre tous ces gens qui semblaient avoir, malgré tout quelque chose en commun. Elle était l’intruse, la curieuse…
 
Tout va aller bien ! Allez, reste avec nous !
 
Elle se tourna tout de go vers le grand Josh qui venait de la prendre par le coude, conciliant.
 
Merci…Oui, ça va aller ! J’avoue que ça me prend toujours un peu de court, ces manœuvres…Vous avez une idée, vous deux, de ce qu’on peut trouver par la suite ?
 
Pas la moindre. Ils étaient tout aussi débutants qu’elle dans ces nouveaux avatars. Bien sûr, ils avaient aussi quelques questions à lui poser se doutant bien qu’elle devait savoir, quand même, plus long qu’eux sur l’usage de leurs instruments magiques. Elle leur fila la version revue et corrigée, apte pour moldus susceptibles, c’est-à-dire mena la valse dans un flou des plus discrets en se demandant si on ne ferait pas mieux d’arroser tout le monde d’Oubliettes.
 
Réduire dix jours de marche à demi-heure, c’est rudement utile, Et tout le monde agréa, plus ou moins bien, cet arrangement  sans poser plus de questions,  et on continua la balade le plus tranquillement du monde jusqu’à ce qu’un fauve extraordinaire saute sur Alix…sauf qu’au lieu de la bouffer sur place il s’en donna à cœur joie avec la rencontre…et Mrs. De Brent idem !
 
C’est… sa Bagheera, enfin celle d’Achille, mais du pareil au même ou… presque, assura Ysaline avec évident ravissement.
 
Richard et Amelia en avaient parlé, de ces hybrides-guides dont on ne savait rien d’autre qu’ils allaient et venaient  à leur guise. Meg compulsa ses notes : chaque couple d’Historiques avait droit à une de ces magnifiques bêtes. Il y en avait une free-lance faute de maitre, selon l’explorateur et l’aviatrice, un certain Noble, adjugé à Monsieur, le frère du Roi…déjà tout dire, mais qui ayant disparu, Monsieur, pas le chat on ne savait pas trop bien à qui il pouvait revenir.
 
Bon, mesdames…on a retrouvé déjà Bagheera…Achille-Sissi, ta bestiole doit avoir un radar spécial pour t’avoir dégotée, Alix…Michael est le sosie du héros…fine, la bestiole…comme quoi, si la logique fonctionne de ce côté-là…on ne devrait pas tarder à tomber sur l’hybride d’Isabel et Alpha…Pas la moindre idée de comment ça se passe dans le coin mais si on se laisse aller aux évidences, quelqu’un et pas n’importe qui est en train de nous filer un sacré coup de pouce…,on la regarda comme si elle était tombée sur la tête mais sut freiner les questions en levant la main, Richard et Amelia ont été de grand concours…Ils ont été de la partie…ils savent !...Et Ils font partie de ceux qui ont eu droit à la répétitions…
 
Là, on la regardait carrément comment si elle était en train de parler en russe, en disant n’importe quoi, ce qui est plus. Soupir mitigé, elle se leva, dévisageant  la ronde présente au bivouac du jour.
 
Et je parle de la sorte, en supposant que tous sont au courant de ce qui se passe…
 
Évidemment, tout le monde savait ce qu’il fallait savoir. Enfin, plus ou moins !
Que l’hybride somptueux prenne, pour ainsi dire, la tête de l’expédition n’étonna plus personne ayant raisonnablement compris quelque chose aux explications cryptiques de Megan. On le suivit donc sans faire du foin parce qu’entre autres, l’extraordinaire félin semblait parfaitement savoir vers où diriger  leurs pas.  En outre, Bagheera était chef dans l’âme et décidait, ponctuellement quand on devait s’arrêter pour faire une pause, pour manger ou pour établir leur campement, après avoir, bien entendu, soigneusement choisi l’emplacement.
C’est ainsi qu’ils avaient laissé en arrière les hauts pics, les vallées profondes et les lacs limpides, pour déboucher  dans un décor boisé, doucement vallonné, s’étendant jusqu’aux  contreforts d’une lointaine chaîne de montagnes.
Megan ne faisait pas plus d’histoires qu’un autre, elle suivait le mouvement, prenait des notes, filmait infatigablement, et quand il le fallait, participait activement aux travaux communautaires et le soir, au coin du feu, écoutait les histoires des uns et des autres ce qui à part distraire et aider à se connaître un peu plus, n’apportait rien de nouveau au déroulement de leur fameuse mission.
Parfois les trois sorcières se réunissaient, en aparté, pour des mises à jour, pour se redonner du courage, échanger des idées ou tout simplement se consoler. Alix demeurait inébranlable, solide comme un rocher face aux tempêtes même si on devinait qu’elle se languissait de son Michael autant qu’Ysaline de son Max. Meg, elle, faisait des efforts pour ne pas trop étaler ses états d’âme, essayant de se montrer optimiste.
 
Ok, vais pas dire que tous les espoirs sont permis…pas la peine de me foudroyer du regard, Alix, ça ne change rien…on patauge…on avance mais on n’arrive nulle part… Ben oui, ça fait plus d’une semaine qu’on marche plein Sud, à la suite de la bestiole…sans croiser âme qui vive ! Non, je ne m’attendais pas à trouver des gentils habitants prêts à guider nos pas…mais après avoir lu les histoires de McIntosh, je m’attendais à quelque truc un peu plus de…ouf !
 
Apparemment ses idées n’étaient pas exactement les plus euphorisantes et la suite n’alla pas mieux. Sans trop de tact, elle en avait un peu marre de la diplomatie polie, Meg poursuivit avec l’énoncé, par trop connu, de leurs misères.
 
Et puis…plus de Pierres ! Encore heureux qu’on ait des provisions comme pour affronter un hiver russe, mais quand même…Un seul minable tas de cailloux, pingre en plus…et de ça, cinq jours déjà…Minette n’a pas idée ?
 
Apparemment, non ! Pas plus que pour le gibier, ou pour la pêche. On y allait, ancrés fermement dans la foi que le félin surdimensionné n’en ratait pas une mais en attendant, c’était la galère…ou presque !
Nouvelle journée  tout aussi pareille que celle d’avant et sans doute que celle d’après. L’optimisme s’effilochait, on n’en faisait pas trop état, mais cela se sentait. L’entrain n’était plus le même et lorsque la douce Lindsay cria après Phillips on se rendit compte qu’on était à point de tous péter un câble…
C’est vrai que regarder le ciel ne rassurait pas, on s’y perdait avec les différences et avec ces trois lunes, dont deux très distinctes, la troisième à peine perceptible mais présente.
 
Elles sont très brillantes …vous ne trouvez pas ?, cela faisait un moment qu’elle observait les trois satellites éclatants de clarté dans le ciel crépusculaire, et puis…suis pas astronome mais…elles ne sont pas alignées, là ?
 
Firth qui savait un peu de tout se permit quelques commentaires dans le genre «  une syzygie, du grec συζυγία, réunion, puis du bas latin syzygia, est une situation où trois objets célestes ou plus sont en conjonction ou opposition », ce dont, bien sûr, aucun non initié en astronomie ne pigea un mot.
 
Génial…et ça donne quoi, ce…cette syzygie…Oh mon Dieu…regardez ça !...Non, là…regardez ça !!!, elle signalait un point à l’horizon où venait de se matérialiser une étonnante apparition, c’est…c’est quoi ?...Un château…là-haut, on le dirait perché dans les nuages…
 

La parfaite Fata Morgana…ou pas ?...Le fait est qu’en cet instant précis, tous voyaient la même chose : une solide Forteresse tout droit issue du Moyen-Âge, sur le sommet nuageux d’une haute colline, ce qui donnait l’impression de flotter dans les nuages.
 
C’est…c’est ça, non ?...On l’a trouvée !!! C’est la Forteresse…celle que les autres ont été à point d’atteindre et…, son enthousiasme mourut dans un lamentable hoquet, repris en chœur par le reste des présents, non…non…ça ne peut pas disparaître…je l’ai vue…vous l’avez vue aussi !!!
 
Cela n’avait duré qu’un instant, le temps d’un rêve fugace…Au ciel, trois lunes semblaient les narguer, la nuit tomba abruptement, comme il était habituel.
 
McIntosh assurait que la Forteresse bouge…ce qui est assez débile…pourtant, on l’a vue et puis ensuite elle n’était plus là…, elle s’en serait arraché les cheveux de tant d’énervement mais dans un élan solidaire Alix lui envoya un sortilège apaisant,…merci…oui, ça va mieux…je...je pense que je vais aller me balader un peu là dehors… Pas de souci, j’irais pas bien loin et au cas où…j’ai ça, et d’exhiber un teaser.
 
Comme arme défensive on trouve mieux, mais Meg n’avait pas l’intention de descendre qui que ce soit, le bidule ultra moderne avait plus pour fonction de la rassurer qu’autre chose.
Mais, bien entendu, le fameux lanceur d’électro chocs ne lui servit absolument à rien quand surgissant de l’ombre dense du sous-bois, l’animal sauta sur elle, la plaquant au sol.
 
*Ça y est…t’es morte !*
 
Mort par bave râpeuse ? Difficile à imaginer, c’est pourtant ce qui se produisit, étalée au sol, maintenue par des pattes puissantes, elle s’attendait à des crocs fichés dans sa gorge au lieu de quoi elle se prit un lifting en toutes règles administré  par une langue enthousiaste alors qu’un gros ronronnement se laissait entendre.
 
Bag…Baghie…Minette…arrête…s’il te plait…tu m’en as fichu, une trouille…Bag…, elle essaya de se redresser mais pas effort qui vaille jusqu’à ce qu’un grondement se laisse entendre, arrêtant la séance de léchouille effrayante.
 
Répit. Meg réussit à regarder autour d’elle, la clarté des trois lunes suffisait pour éclairer le paysage et livrer à ses yeux sidérés la vision de…deux fauves…l’un sur elle et l’autre plus loin. Et c’était Bagheera qui se tenait à quelques pas…Quelques secondes à se jauger avant que « son » fauve ne bondisse sur l’autre. Megan ferma les yeux s’attendant au pire…qui ne vint pas, au lieu de quoi, les deux animaux roulèrent ensemble sur l’herbe en grognant, mais pas de colère, plutôt de bonheur, comme deux vieux amis qui se retrouvent après une longue absence.
 
*Bingo…j’ai trouvé un autre chat !!!*
 
Elle se leva, prête à filer au campement pour annoncer la nouvelle mais c’était sans compter sur les deux chats qui s’allièrent pour n’en faire qu’à leur tête. Le nouveau venu, un peu plus grand que Bagheera, d’aspect aussi plus impressionnant, ce qui laissait supposer qu’il s’agissait d’un mâle, prit son poignet entre ses babines d’un geste incroyablement doux, surtout compte tenu qu’il aurait suffi de le vouloir pour lui broyer le bras sans plus.
 
Euh…tu veux que j’aille avec toi ?...

 
Que Bagheera mette du sien en la poussant de la tête suffit pour l’informer. Elle suivit le mouvement. Minette suivait aussi. Rassurant.
 
*Super…balade incertaine avec gros chats…veulent pas leur petite boîte, ça c’est sûr !*…Hey, les minets…on va où ?
 

En tout cas, on s’éloignait du campement. Megan maudit le capitaine Phillips et sa minable surveillance.
 
*Géniale sa façon d’assurer le périmètre…un T-Rex lui atterrit dessus et il n’y voit que dalle !*
 
On marcha, on trotta, on courut un peu aussi. Meg se sentait à la limite un peu assez idiote mais se voyait mal en décidant faire autrement, au moindre geste de doute, Gros Minet reprenait doucement son poignet. Force fut de supposer qu’il ne lui voulait aucun mal, à moins d’être le prédateur le plus charmant de la création qui entrainait ses proies gentiment pour les croquer après.
Et puis, sans préavis, ils tombèrent sur un petit campement, avec un bon petit feu crépitant…et un humain solitaire.
Mais pas n’importe quel  être humain, à part être le premier rencontré, hors groupe d’explorateurs, dans ce monde étrange. À leur irruption, la sienne et celle des minets, il avait relevé la tête et là, on se dévisageait avec un mélange de suspicion et folle incrédulité.
 
ERIK !?...Erik Nielsen !?...C’est bien toi?
 
Pas d’erreur possible ! Il bondit de sa place et Meg lui sauta pratiquement dessus. Folle accolade, joie sans pareil.
 
Mais…qu’est-ce que tu fais là ?...Enfin, c’est une question idiote…Nous…oui, on est là…Ysaline, Alix et les autres…on est partis à votre recherche…ben, Michael, Max et toi…Oups, tu es quoi ?...MORT ?...Ne me dis pas ce genre de choses…ah bon ? Mort mais revenu à la vie…tu me rassures…et…les autres ?
 
Par-là, qui sait où…L’absurde de ce monde se confirmait chaque fois avec plus de force. Sans trop de pourparlers,  cela allait de soi qu’Erik devait se joindre à eux…Il fit vite avec la levée de son campement, et on rebroussa chemin à bonne allure, sous la clarté lunaire, en triple, et sous la houlette de leurs guides…
On en était à la mise à jour, autour du feu, en dégustant la tambouille du jour, la même que la veille et du jour d’avant : haricots en sauce tomate…
 
Coucou…regardez ce que j’ai trouvé sous les lunes, ce soir !, annonça Meg, fièrement en présentant Gros Minet.
 
Des OH ! Et des AH !, accueillirent le fait…mais cela ne ressembla en rien à ce que suscita l’apparition d’Erik…
 
On en paumé trois, on en retrouve un…souriez, mes chéries, tous les espoirs sont permis…
 
Elle eut quand même l’impression qu’il y avait qui rêvait de lui tordre un peu le cou…
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Message par Ysaline de Bettancourt Sam Mai 09 2015, 07:56

Max lui manquait, ses enfants lui manquaient mais, décemment, on n’avait pas pu faire autrement que de se lancer en quasi aveugles dans cette aventure débile.
Dépitée ? Un peu… beaucoup. Pour ce que ça changeait…
Elle avait aidé Alix du mieux possible dans sa bizarre réalisation. Tort, raison ? Confectionner une baguette de sureau était une idée… étrange. Avec ça, Meg se sentait isolée ! Pas qu’elles la pensaient nulle en magie, loin de là mais elles étaient des potionnistes plus que chevronnées et, parfois, Megan leur tapait sur les nerfs. Toutes devaient laisser les états d’âme de côté, où l‘on n’en sortirait jamais.
Le changement de décor après la plaque désorienta tout le monde. On s’y fit, que faire d’autre ?
L’endroit était… gentil, au moins ça, sauf que chiche en dons : pas de caillou à l’horizon.  
On prit son paquetage et, vaille que vaille, avança vers le sud, leur unique indication.
La seule bestiole croisée déclencha bien des frayeurs. Qui aurait pu imaginer que des tigres-lions existaient vraiment ? Celui-là adorait Alix…
 
*Souvenir d’Achille ou de Sissi…*  
 
Alpha, sosie de Max, y avait eu droit aussi un jour. Que le sort maudit leur réservait-il à elles ?  
 
Leurs accompagnateurs s’adaptaient aux bizarreries, chacun à sa façon. Firth « jouait » au petit rapporteur, gribouillant sans cesse dans ses carnets ; en silence les militaires Phillips, Witchmet et Gunn fourbissaient leur attirail tous les soirs ; Josh mijotait Merlin sait quoi avec sa Maya ; la plus à plaindre semblait Lindsay qui, sans son Neil-Justin, paraissait un poil paumée. Rien d’étonnant, les sorcières l’étaient aussi.
Ils en avaient tous marre des rations de combattants composées principalement de haricots en sauce. Vu leurs provisions à quoi s’attendre d‘autre ?
Le moral baissait même si l’hybride chats poursuivait obstinément son but. Lequel ? Bonne question.  
Un fait troubla tout le monde lors d’une réflexion de Megan qui contemplait le ciel:
 
…suis pas astronome mais…elles ne sont pas alignées, là ?
 
Ben oui, soupira Ysaline lasse. Je ne vois pas ce que ce truc pourrait nous apporter.  
 
Bien des légendes couraient sur ces phénomènes célestes accompagnés – souvent – de retombées… dans leur monde. Ici, on était dans l’inconnu. Sauf que :
 
… c’est…c’est quoi ?...Un château…là-haut, on le dirait perché dans les nuages…  
 
Moins jolie que le bouddha blanc aperçu dans les brumes de Thaïlande, il s’agissait bel et bien d’une construction.    
 
On l’a trouvée !!! C’est la Forteresse…
 
Peut-être que oui, peut-être que non. Le « mirage » se dissout si rapidement que Lindsay ne sut pas le viser avec ses jumelles hyper performantes.
 Dépitée, énervée, Megan reçut un sortilège d’apaisement. À quoi bon s’énerver pour… une illusion ?  
Elle alla se balader tandis que les autres femmes faisaient un petit bilan tristounet :
 
On en est où au final ? Au même point, sinon pire, non ?
 
Elle crut qu’Alix allait l’apaiser aussi. Que faire quand le découragement est grand ?  
 
Quand est-ce que l’on bouffe ? les interrompit Gunn.
 
Pour un peu, le pauvre tireur d’élite se serait pris une furonculose aigüe de les déranger ainsi.
On haussa les épaules et fit chauffer la tambouille ordinaire, à défaut d’autre chose.
Puis…
 
Coucou…regardez ce que j’ai trouvé sous les lunes, ce soir !       
 
6 fusils et deux baguettes faillirent entrer en action. Mais l’agression de Megan avec un autre gros chat fut stoppée en reconnaissant un autre accompagnateur :
 
ERIK ?? 
 
Alix lui sauta dessus de suite.  Tout, tout, elle voulait savoir. Son récit, en dévorant les fayots en sauce, ne fut pas piqué des vers :
 
… et Max ? As-tu vu Max ?  
 
Déception ! Une de plus. Il avait à peine eu le temps d’entrevoir Michael avant de…
 
Mourir ? battirent les cils incrédules d’Ysaline.
 
Extraordinaire ! Mais le jeune homme ami l’assurant, n’ayant aucune raison de se méfier de lui, on le crut sur parole.
Il engagea bientôt le groupe à rallier son campement qui, lui au moins, disposait d’un caillou généreux.  
Sans autre offrande que des paroles ou pensées respectueuses, il leur en fournit des choses !  
Plus que ce matériel de survie, le récit d’Erik s’avéra utile :
 
L’homme entrevu dans un tube – Manakiel - m’a parlé du sud-est au lieu du sud habituel… il a dit aussi de regarder les lunes… ah, vous l’avez vue aussi…    
      
Elle va reparaître, tu crois ou filer encore une fois ?  
 
On était dans l’ignorance mais puisqu’il fallait viser un peu plus à l’Est, on empaqueta et décampa au petit jour.
 
*Key est dans le coin… elle filera un coup de main, si elle peut…*
 
Bérith s’ennuyait ce qui, pour un être tel que lui, ne signifiait jamais rien de bon pour… les autres.
Le savon qu’ils avaient pris, lui et son frère maudit, en laissant filer 6 pions du jeu n’avait pas été trop sévère. Ils restaient en place avec de nouveaux joueurs à disposition.
Pour les « gâter », il ne se gêna pas. D’abord, séparer les groupes fut marrant. Encore plus de voir patauger les hommes dans les emmerdes créées tout exprès pour eux.
Il avait souri quand Nielsen s’était cassé la figure à cheval, pile au moment où il allait revoir son cher frère. Comme si lui avait envie de rencontrer le sien, lui ? Ce qu’il advenait de ce blondinet l’importait peu. Les machines bien huilées le réexpédieraient à foufnie les bains de pieds, grand bien lui fasse.
Que l’Alpha-Max croise l’Achille-Michael le dérangea, par contre.  Les contrariétés leur plurent aussitôt dessus : bien fait !
Les femmes, il s’en désintéressait. Qui se soucie de nanas rien que bonnes à la popote ?  Il se reposait sur la tendance naturelle des femelles à se mettre
dans les ennuis, sans coup de pouce.  
 
Voyons, voyons, que vais-je leur envoyer dans les pattes aujourd’hui ?
Un désert en dessert ? Va pour ça ! Ses copains vers géants avaient le droit de bouffer eux aussi, non ?  
Il savoura chaque instant des tentatives de sauvetage de ces humains idiots.
Une sorte de regret l’habitait pourtant malgré ses jouissances à embêter tout un chacun. La grande lessive avait provoqué un vide, un manque qu’il ne s’expliquait pas.
 
Bah… Expédions-les dans les marais…  
 
Que foutait Manakiel de son côté ? Il était bien discret ces deniers-temps. Manigançait-il – encore et toujours – de contrarier ses plans personnels ? Quoi de mieux qu’un espionnage en douce de ses agissements ? Il s’écroula de rire face à ses écrans :
 
L’idiot surveille les femmes ! Il flipperait sur l’une d’elles ? Ce serait une première !
 
De la part d’un frangin si réservé, cela méritait le coup d’œil.
Zoom en action.
Il rit… un temps.  
Soudain figé, il ajusta ses objectifs.   
 
Nom de Dieu ! Euh… pardon. Mais merde quoi, qu’est-ce que tu fous-là Lucrèce ?
 
Il n’en revenait pas. Des bribes émergèrent… des scènes de folle passion. Elle, elle, elle…  
Plutôt que de se lancer dans un de ses claquements de doigts favori lui permettant de se déplacer aussi vite que la lumière, il se calma.  Il observa encore et encore puis respira un grand coup avant de fouiller les microfiches à disposition.  Jamais il ne lui vint à l’esprit que les dés étaient pipés pour lui également.
On lui avait lavé la tête : à elle aussi.  Lucrèce était là, son ange-démon, sa moitié.
Seule obsession : la récupérer.  
 
Ils avaient escaladé bien des rochers en s’écorchant genoux, mains, tout.  La forteresse avait reparu à l’horizon.  Tous étaient claqués. Le capitaine Phillips leva le poing : arrêt général. Personne ne lui en voulut.  

Ce machin est de retour. L’alignement est encore visible. Avec du bol, on l’aborde demain. Repos général !  

 
*Pas de refus !*
 
Ysaline, avec Erik, soigna les meurtrissures multiples, quoique bénignes.  Puis, avec les autres femmes, elle s’occupa de la tambouille à distribuer. Plus triste qu’elle ne paraissait, elle enviait Alix et Megan qui avaient au moins, elles, des compensations, même si celles-ci étaient très poilues et dentues.
 
Il manque du bois pour alimenter le feu. J’y vais.
 
Wichtmet voulut suivre. Si ça lui chantait…
Des brassées de branchages plus tard, Ysaline stoppa net.  Cette sensation d’être épiée ne la quittait plus depuis un temps certain.
 
Vous avez repéré quelque chose ?
 
Je… je ne sais pas.  
 
L’autre épaula son arme, paré à tout… sauf à ça.  
L’éclair fulgurant les aveugla, tant lui qu’elle.
 
Sous baffes et revigors, Wichtmet reprit ses sens après sa découverte, inanimé contre un roc. On eut beau l’interroger, le sonder, il n’avait vu qu’un éblouissement.
 
Ma mie, ma belle, Lucrèce, tu m’as tant manqué !
 
Hein, quoi, euh ?
 
Ébahie, Ysaline se réveilla sur une couche bizarre, suspendue au-dessus du sol immaculé, vêtue de… quasi rien. 
Une main tendre, douce, lui caressait l’épaule. 
Action, réaction. Griffes, ongles, dents tout fut bon :
 
Bas les pattes, sagouin !! 
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Message par Alix Blackstorm Sam Mai 16 2015, 09:18

Marre ? Qui n’en avait pas marre ?
Pleine d’espoir de retrouver leurs époux ou, en sus, la forteresse hypothétique, elles s’étaient engagées dans l’aventure.  
 
*Le Sud, toujours le Sud… pourquoi ?*
 
N’ayant que des écrits sur des pages jaunies, fallait bien… suivre.  
Plein d’idées, des plus basiques aux plus complexes, tournaient dans la tête d’Alix.  
C’était quand même idiot d’être à point de créer la baguette magique la plus puissante aux mondes sauf que nul ne savait tourner le bois correctement.
Cependant, la surprise du siècle lui tomba dessus avec le tigre-lion.  
Reconnaissance immédiate.
Ce gros chat avait-il flairé des liens invisibles à leurs yeux profanes ? Bagheera la choisit, elle.
Entente immédiate. Le chat n’embêta personne en allant et venant selon ses convenances toutes personnelles.
C’était très réconfortant de disposer d’un tel guide futé. Nulle frayeur à se blottir le soir contre cet immense félin câlin. À lui, Alix causa plus qu’à quiconque :
 
Je voudrais Michael, au moins qu’il aille bien… revoir mes enfants… tous me manquent.
 
De la journée, on essayait de chasser mais le gibier était très rare. Les pentes escarpées n’offraient que des cailloux banals, pas les tas qui répondaient aux souhaits.  
Megan devait se sentir un peu isolée, rejetée :
 
*Elle doit penser qu’on se la pète ! *
 
Haussement d’épaules :
 
*On est toutes dans le même bain !*
 
Puis, il y eut cette chose extraordinaire que la journaliste remarqua la 1ère : un alignement très particulier.
Certes, Alix avait noté que ce ciel de correspondait à aucun autre de sa connaissance.  Michael lui en avait parlé en ces lieux, mais jamais d’une telle disposition si… parfaite.
Contes, légendes, beaucoup de rumeurs, de frayeurs ancestrales couraient au sujet de phénomènes astronomiques expliqués, ou pas.  Celui-ci signifiait quoi ? Annonce d’une apocalypse ou seulement un truc banal ? Sauf que tous la virent, elle, la forteresse.
Peu importait ce que les autres en pensèrent, Alix mentalement, la visa, la broya, l’explosa : tout venait de là !  
 
*On t’aura, saloperie !*  
 
Bagheera déserta le campement peu après, tout comme Megan du reste.
Refaire un bilan avec Ysaline, Lind et Maya :
 
Que nous reste-t-il en provision d’eau et de bouche ?
 
Peu, très peu.
On constata. 
Qu’un des hommes de « garde » vint réclamer à bouffer en agaça plus d’une, mais on oublia ça vite avec la venue de deux nouveaux hôtes amenés par une Megan toute fière : un chat et…
 
ERIK ? Par la barbe de Merlin, qu’est-ce que tu fais ici ? Où est Michael ? Que t’est-il arrivé ?  
 
Son fol espoir s’envola vite, celui d’Ysaline aussi. Erik était seul. Il avait été déplacé en trouvant la mort dans un champ de bataille où il avait à peine eu le temps d’entrevoir son frère.  Néanmoins, il avait établi un petit campement près d’une pierre à vœux. Tout le monde en ayant ras-le-bol des haricots sauce tomate, on déménagea.  
Oui, ils reçurent beaucoup. Pas assez selon Alix qui dut, tels les autres, se contenter des provisions à défaut d’une position précise de son amour.
Ce que conta Erik valut le détour, elle y repensa longuement.
 
*Serait-ce possible que le tube de régénération soit dans la forteresse ? Ce serait génial, un bon moyen d’y entrer… Ce Manakiel joue-t-il vraiment en notre faveur ? Key volerait dans le coin… et ces deux chats ? Si j’ai Bag, Michael n’a rien lui. Max aura peut-être plus de bol… ou pas. Demain, on ira au sud-est puisqu’Erik le dit… faudra voir si les chats sont d’accord…  * 
 
Comment fermer l’œil dans ces conditions incertaines.
 
Une longue et pénible ascension débuta.
En chemin, son beau-frère lui narra ses expériences, de quoi cogiter à nouveau.  Il avait tourné en rond plusieurs jours avant que Megan ne le déniche, sans doute une preuve supplémentaire du bon vouloir dudit Manakiel.  
Des bobos, tous en eurent durant ce parcours du combattant. Avec deux toubibs sorciers et une potionniste que risquaient-ils sinon une chute fatale…
 
*Quoique pas si fatale apparemment…*
 
Valait mieux s’abstenir pour le moment.  
On bivouaqua à flanc de montagne, à l’abri des coulis de vents glaciaux, sans être même certains d’atteindre la position estimée par les jumelles de Lindsay.  
 
Il manque du bois pour alimenter le feu. J’y vais.
 
Alix consulta Bagheera du regard. Comme triste, l’énorme chatte ne broncha pas. Bon ou mauvais présage ?  
Plus de temps passa, plus Alix s’énerva. Erik tendu également décréta que l’absence de leurs potes avait trop duré ; la traque débuta. Elle ne dura pas, un corps se révéla.
 
Wichtmet debout ! Eh, oh !
 
Quelques secousses plus tard, le gars reprit ses sens :
 
Elle redoutait, ou avait flairé quelque chose puis… puis… un éclair sans bruit…
 
Buvez ça, dit Alix en lui fourrant une fiole contre les lèvres.
 
Son état de choc n’était pas simulé, il devait se reposer.  
Tandis que certains fouillaient encore les environs, on ramena Wicht au camp où on lui ficha la paix.  
La nuit fut longue. Aucune trace relevée, rien de rien, à croire qu’Ysaline avait téléporté seule, d’un coup…  
On discuta longuement autour du feu. Peut-être, oui, s’était-elle téléportée pour une raison x ou y :
 
Sauf que jamais cela ne produit autant de lumière assommante…
 
Elle sera tombée, est morte ?
 
Aucun des deux sorciers n’y crut. Eux suspectèrent l’enlèvement pur et simple. Le pourquoi et où demeuraient plus que flous. 
Encore une nuit d’insomnie.  Les seuls qui semblaient heureux étaient Bagheera et son copain chat. Sauf qu’au petit jour, les félins s’animèrent beaucoup. Avaient-ils flairé quelque chose ?  Une bestiole en déjeuner ou…  
 
Debout, debout, ameuta-t-elle les troupes.  
 
Tout le monde avait une sale tête mais elle s’en ficha :
 
Il se prépare quelque chose. Meg, tu ne le ressens pas ? On s’active. J’ai vu les chats filer par-là !
 
Non, décréta le capitaine Phillips. On va pas redescendre après s’être crevé pour monter.  
 
Restez-là, si ça vous chante, nous on y va.  
 
Il dégaina.
 
N’y songez même pas, siffla-t-elle baguette pointée.
 
On prit du léger équipement et courut dans les escarpements, au risque de sa caser la figure. Meg suggéra de transplaner.  Après tout… ça valait mieux que de se casser le cou.
Mais que viser exactement ?
Erik prit les jumelles prêtées, il vit de l’eau, beaucoup d’eau au fond de cette sorte de ravin.  
Crac, transplanage et…
 
Sur la berge encombrée d’un tas de débris végétaux, trois chats batifolaient.  
Puis, même semi enfoui sous les feuillages accumulés, dans la boue, elle l’aurait reconnu entre mille :
 
MICHAEL !!
 
Le monde cessa d’exister.  
 
Recurvite, revigor, larmes, baisers.  Qu’est-ce qui ranima le plus Michael, elle s’en moquait éperdument.
 
Je suis là, je suis là ! dit-elle pleurant et riant en même temps. Tu crois que je laisserais quelqu’un d’autre t’embrasser ainsi, idiot ? 
 
Elle le soutint dans ses bras tandis qu’Erik et Meg, souriants, s’éloignaient rassurés.
 
Tu m’as manqué, tant manqué… que dis-tu ? …
 
Encore faible il s’inquiétait déjà sur ses compagnons.
 
Ne bouge pas, mon amour, je vais voir.
 
Il n’en fut pas question. Ils clopinèrent dans ce terrain accidenté jusqu’à trouver Erik et Megan en proie avec un fou furieux. Michael ne pigeait pas, évidemment pourquoi Max se démenait ainsi. Elle freina son élan en soufflant :
 
On a perdu Ysaline hier… non pas morte, je ne crois pas… ok, prends-la.  
 
Une baguette changea de main, Max fut au sol, calmé.
Cavala alors vers eux une espèce d’emplumé très mouillé décidé à porter des coups à quiconque s’en prendrait à Max.         
 
Alix reprit sa baguette et expédia un Pax général.  Tous respirèrent enfin.  
Rentrer au camp du haut avec la carcasse de l’Allemand était trop ardu. Nul ne désirant se charger d’un poids inerte, on resta sur place le temps de l’éveil du bel endormi. Son défenseur, vrai moulin à paroles, romain antique nommé Gaius, fut tempéré par Michael qu’il connaissait.
Bon an mal an, ils résumèrent leurs aventures. Pas à dire, ils en avaient connu des choses, pas des moindres.
Légèrement en retrait, presque honteux de fêter leurs retrouvailles alors que d’autres déploraient des absences, Michael et Alix complétèrent leurs parcours mutuels.  
 
… on leur a un peu forcé la main, au village… on est plusieurs là-haut… oui, on veut grimper encore, la forteresse est là. On ne la voit pas tout le temps, c’est exact...
 
Michael était mieux tendu que la corde d’un arc. Certes, il avait été ravi de les retrouver elle et Erik mais…
 
 … attendons… mais plein de trucs voyons ! Ta fée clochette par exemple, que sais-je ? La situation n’est pas si catastrophique, je crois… Ysaline ? Bien sûr que j’y pense, sans trop savoir quoi, puis on a trois guides maintenant, non ? … calme-toi, serre-moi juste dans tes bras…
 
Le gros souci vint lorsqu’Erik les rejoignit flanqué d’un romain pas content : Max ne se réveillait pas.   
 
Berith ne s’attendait pas à un tel accueil mais il rigola en s’essuyant la lèvre qu’une baffe avait fendue :
 
Wow ! Ils t’ont faite encore plus sauvage ? J’adore !
 
Il adora sans doute moins les suites.
Ils en avaient fait quoi de sa Lucrèce, un chat enragé ?  Il répliqua à sa façon puis sonda sa victime.
 
Max ? C’est qui celui-là ?... ah je vois… Balivernes ! Fou ce qu’ils peuvent inventer pour nous embêter, là-haut. Je vais te reconstruire, et tu ne reverras pas de sitôt celui qu’ils t’ont fourré en tête !            
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Message par Erik Nielsen Jeu Juin 18 2015, 17:45

Heureux ? À d’autres. Oui, Erik était content d’avoir rejoint le groupe des femmes mêlées à des « villageois », mais une le dérangeait franchement par sa ressemblance délirante, criante, avec son Opaline à lui.
                   
*Comme si j’avais besoin de ça ? *
 
Lindsay était un rappel permanent. Il souffrait, tous souffraient de manque, même si chacun différemment.
Au moins la pierre avait satisfait les besoins élémentaires.
On attaqua l’ascension pénible vers la forteresse va-et-vient. Car il ne fallait pas se laisser berner. Elle allait, et venait, cette masse parfois bien visible, ou pas.
 
*Si ça tombe, elle fichera le camp quand on sera à son niveau…*
 
On dut faire une halte, de quoi calmer les appétits et soigner les bobos. Puis, les tours de garde s’instaurèrent d’autant qu’il fallait alimenter le feu. Un des militaires voulut accompagner Ysaline qui se chargeait de la corvée.  
Autour de la flambée résiduelle, on discuta un peu. Pas Cromwell qui était probablement le plus renfrogné du groupe. Firth, par contre, extrêmement intéressé par les aventures d’Erik, nota ses récits dans un chapitre à part en posant bien de questions.
 
Ça fait comment de mourir ? Vous avez eu mal ? Donc, on est déplacé, vraiment déplacé vers un autre lieu ?
 
J’en suis la preuve, non ? À moins que vous ne me traitiez de menteur ?
 
Non, non ! Mais c’est tellement fou !
 
Ne me dites pas que vous n’avez jamais eu de morts à déplorer au Village ?
 
On en a eu, mais aucun à enterrer, c’est vrai.
 
Megan se mêla de la conversation, pipelette finie.
 

… Manakiel ? Euh… grand, pas mal, je pense, très soigné et sûrement très intelligent… j’en sais rien de son âge ! Je dirais mûr. C’est pas du tout un vieillard à barbe blanche, ça non !
 
On faillit rigoler si Alix n’avait pas mis halte-là en constatant la durée anormale du retour d’Ysaline et Witchmet.
 
Bien sûr, il fallut battre les environs avant de tomber sur le militaire évanoui que trois revigors ranimèrent. Encore hagard, Alix le soulagea par une potion. Erik l’entreprit aussitôt :
 
On vous a attaqués ? Où est Ysaline ?
 
Il n’en savait rien, parla d’une lumière puis, le néant. Ils eurent beau explorer, tenter un patronus : rien. Plusieurs suppositions furent émises. On se persuada qu’elle allait bien.  
Que faire d’autre que d’aller se reposer même avec des têtes d’enterrement ?  
Longtemps, Erik sommeilla, ne pouvant se libérer de son étrange expérience, et de l’angoisse sur le sort des absents.
On devait se préparer à une nouvelle ascension quand Alix remarqua l’agitation des deux chats, elle rameuta les troupes, persuadée qu’il fallait redescendre plutôt que monter, ce qui déplut au capitaine Phillips. Contraint par une baguette menaçante, il la boucla.
 
Tu as une idée de ce qui se passe ? demanda Erik à Megan.
 
Il piqua les jumelles de Lindsay, observa le contrebas :
 
Le fleuve a été très agité, il semble y avoir des arbres déracinés. Je vois… des corps !
 
On agréa aussitôt la suggestion de Meg, et transplana en laissa les quelques accompagnateurs en rade.
Oui, des humains étaient enfouis dans les branches. Pas facile de les sortir de là, puis… révélation :  
 
MICHAEL, MAX !
 
Alix veillant déjà sur son chéri, Erik et Meg s’occupèrent de Max. Michael fut vite sur pied alors que Von Falkenberg se démenait déjà en constatant l’absence de son épouse. Le frère d’Erik le calma à sa façon, on s’expliqua plus ou moins après quelques accolades fraternelles émues :
 
Michael, je suis si heureux !... mort ? Ben oui, mais tu vois, ici c’est pas définitif… Quoi ? Max avait un copain perché avec vous ? S’il est mort, il s’est évaporé… Je vais chercher. Reposez-vous, la remontée sera dure. Je fouille les berges… Merci, Meg, j’en sortirai seul. Si je tarde, commencez sans moi.   
 
Travail ingrat mais s’il y avait une chance qu’un autre ait survécu, il fallait la saisir. La magie fut mise à rude épreuve pour se frayer un passage dans ces amas de branchages qui ne cherchaient qu’à fouetter l’intrus. Soudain, alors qu’il avait de l’eau jusqu’au torse, Erik crut apercevoir un balais rouge détrempé. Il lutta contre les éléments pour enfin accrocher un homme peu ordinaire. Le ramener à la berge fut épuisant, le ranimer autant. Enfin retapé, le noyé rajusta son casque, et se présenta en se frappant la poitrine de son poing :
 
Gaius Fabianus, ex-centurion. Et toi, es-tu le sauveur ?
 
Le tien, sûrement ! Erik Nielsen du 20ème siècle.
 
Je te suis redevable, viking ! Ragnar parlait de toi avec ferveur. Aurais-tu repêché mes compagnons ? Deux étaient de ton siècle.
 
Ils sont tous là-bas, un peu plus loin. Je suis le frère de Michael. Vrai, tu as vu Ragnar ? Où est-il, il suit ?
 
Une grande accolade étouffante s’en suivit. Erik fut heureux quand elle cessa :
 
Viens, ils nous attendent pour remonter au camp.
 
Vous en avez un ?
 
Tu verras. Suis-moi !
 
On se regroupa avec satisfaction, sauf que Gaius, très inquiet au sujet de son ami Max voulut lui administrer des baffes pour le faire émerger. Erik retint son geste :
 
Laisse-le se reposer, il en a besoin : sa femme a disparu.
 
Compatissant, le Romain à qui personne ne songea à expédier un sort de séchage – trop crevés du reste pour cela – la boucla. 
Le transplanage n’était pas une option, vu la fatigue. On se farcit donc la montée à pied, comme tout un chacun en supportant un lourd poids mort. Au moins, Erik ne s’ennuya pas avec les racontars de Gaius. Ragnar n’était pas entré dans les marais, il attendait le retour des explorateurs :
 
*Risque d’attendre longtemps…*
 
Savoir son voisin d’une autre époque, à la fois si loin et si proche, était fâcheux. Peut-être le retrouverait-il à un moment donné ?
Michael lui narra un peu ses propres aventures, sa rencontre avec le moine talentueux qui l’avait confondu avec Achille avant d’en être séparé à nouveau, etc. Puis Ragnar… Erik ne nia pas son attachement à ce grand gaillard particulier qui l’avait assez vite considéré comme un fils.  
On installa Max sous une tente, les femmes se succédant à son chevet pour le veiller.
Dans leur coin, Alix et Michael se faisaient des confidences. Un doux fumet se dégagea bientôt des marmites touillées par Lindsay, tous salivèrent sauf le Romain qui, en douce, réclama à Erik :
 
Puis-je voir mon ami, le veiller aussi ?
 
Pourquoi pas ? Ils se rendirent à son chevet, échangeant leur place contre celle de Maya.  
 
Il est bien pâlot, mon frère d’arme, déclara Gaius attendri. C’est normal ?
 
Mais oui ! Michael y a peut-être été un peu fort avec sa baguette, mais…
 

Il l’a frappé avec un bâton ? rugit le Romain, comment a-t-il osé ?
 
On a dû t’expliquer que nous pratiquons une certaine magie, non ?
 
Oui, oui ! Alors applique-la, réveille-le !  C’est triste de le voir ainsi.
 
C’est pour son bien, je t’assure.
 
Réveille-le, je me charge de sa peine, après.  
 
Un revigor, deux, trois… Erik ne comprenait pas. La baguette prêtée par Megan ne répondait pas autant que la sienne propre mais… Il avait récupéré de sa fatigue, alors ?
 
Tu es un piètre magicien ! jeta Gaius. Si Michael l’a assommé, il doit le réveiller !  
 
Très fâché, il sortit de la tente pour apostropher De Brent :
 
Eh, vous, là ! Veuillez annuler votre sort ! Max ne réagit pas du tout à ceux de ton frère !
 
Impuissant, Erik ne put qu’opiner, navré.
Autour de Max, une grande activité régna. Les sorciers, en solo ou groupés, essayèrent de le réveiller. Michael s’énervait : impossible que son sort de départ ait eu cet effet prolongé.  Les autres en étaient convaincus aussi. Une autre magie régnait donc. Pas trop difficile de deviner laquelle…  
Chacun essaya de se calmer car deviner qu’à distance on pouvait influer sur tous n’était pas réjouissant du tout.  Une fois de plus, on leva les yeux vers ce gros château-fort qui semblait les narguer du haut des rochers.
 
Ragnar en avait marre d’attendre. Il tournait tellement en rond que à force l’herbe rase piétinée semblait en voie d’extinction. La nuit, il rêvait de revoir Erik, Michael, même leur pote germain. Ensemble, ils escaladaient les murs de la forteresse promise, y réussissaient mieux qu’au 1er raid de Paris, y découvraient des richesses extraordinaires. Or à foison, bijoux, belles femmes… du vent !
Ses conseillers tentèrent bien de le modérer mais Ragnar râlait.  
 
TOUS, tous m’abandonnent ! Aucune nouvelle d’eux depuis des jours ! Une part de moi veut attendre, une autre me dit que c’est inutile. Que faisons-nous ? Après tout, vous êtes là pour m’aviser, alors ?  
 
Lorsque leur chef était dans cet état, mieux valait ne pas le contrarier ; personne n’osa prendre la parole. Ce fut le petit homme chauve emmailloté dans sa robe safranée qui s’en chargea en débarquant. Les mains jointes à la hauteur des lèvres – signe de grand respect – il interrompit le conseil en plein air :
 
Tsang désolé, roi Lodbrog, il se doit d’intervenir.
 

Parle, ami de Michael ! Nous t’écoutons.
 
Tsang a eu vision…
 
Beaucoup rirent, pas Ragnar.
 
On ne se moque pas des chamans, aboya-t-il envers l’entourage hilare, leurs sciences dépassent toutes les vôtres ! Viens moine, allons causer loin de ces impies.
 
 L’asiatique, après plusieurs courbettes, emboîta le pas vif du Viking qui s’arrêta au pied du plus grand arbre du plateau et s’assit à son pied. En faisant autant, docile Tzang attendit l’invitation à causer. Elle ne tarda pas :
 
… Ragnar pas ignorer que des herbes donnent des vues. Tsang en a respiré la fumée et a ouvert une fenêtre sur avenir…  
 
Tu y as vu quoi ?? La forteresse ? Un passage ? Le moyen ?  
 
Eux, eux tous, nos amis perdus.
 
Où ? Où sont-ils ?  s’excita Lodbrog.
 
Proches, très proches mais marais pas bons.  Pont…
 
Il y a un pont ? Ici ? On a exploré les alentours et à peine s’il y a un mince filet d’eau !
 
 Croire, foi ! Alors…
 
Balivernes ! Tu te moques de moi ! Une fois, j’ai cru tellement en un moine que je me suis converti, et…
 
La barbe, à la fin ! s’énerva une petite voix.
La stupeur marqua les traits de Viking qui se mit à regarder autour de lui avec angoisse.
 
Qui… qui a parlé ? Encore un de tes tours, moine ?
 
Mais cesse d’asticoter ce brave homme, Ragnar ! Il a voulu te cacher mon existence, ne lui en veut pas et range-moi ce couteau.
 
 L’illumination effraya grandement le chef dont la barbe tremblota en voyant apparaître un aussi scintillant qu’ailé.
 
Salut, je suis Key, la fée particulière de Michael. Mais j’aide aussi tous ses amis, en cas de besoin. Es-tu de ses amis, Ragnar ?
 
Paf, le Viking muet de saisissement ne put qu’opiner de la tête.
 
En ce cas, écoute-moi…
 
Une heure plus tard, les troupes rassemblées se mirent en marche.  
 
Il fallut prendre une décision, pas des moindres. Puisque Von Falkenberg ne répondait à aucun traitement malgré sorts, ou potions d’Alix, pour atteindre la forteresse, on devait se résoudre à le laisser en arrière. Après bien des débats, l’unanimité régna. Néanmoins, choisir entre eux qui grimperait ou resterait fut aussi très houleux.
D’emblée, on accorda aux sorciers le droit à l’aventure, quant aux laissés pour compte…
Ça s’envenima progressivement :
 
Je ne vois pas en quoi je vous freinerais, rouspéta Firth que Michael venait nettement de considérer comme inutile.
 
Je… je veux bien rester, soupira Lindsay, mais pas seule, alors ça non !  
 
Josh et moi, nous sommes de bonnes gâchettes, plaida Maya, on doit en être car vous reconnaîtrez qu’une balle va plus vite qu’un de vos sorts !  
 
Les militaires, eux, se crurent dispensés de station vu leurs fonctions.
Jusque-là, Erik n’avait rien dit, se contentant de compter les points. S’il l’avait voulu, il aurait pu contraindre facilement n’importe lequel de ces moldus, mais préférait leur laisser le libre-arbitre.
Megan remercia chaleureusement Lind pour sa sagesse et son courage. Firth, ronchon, finit par céder. Seulement, il était clair qu’en cas d’attaque, il ne pèserait pas lourd. La nuit tomba comme de coutume, d’un coup.
 
*Bref, encore raté pour aujourd’hui…*
 
 À la lueur des flammes du foyer, les expressions des visages s’accentuèrent. Puisque nul ne se décidait, Erik jeta un coup d’œil à son frère. L’entente silencieuse fonctionnait toujours. Il se leva :
 
Capitaine Phillips, vous êtes le plus haut gradé, à vous de trancher !!
 
Au garde à vous, le militaire décréta :
 
Witch, vous restez pour protéger ces dames.
 
Ces dames ? Il n’y a que Lind, s’étrangla Maya.
 
Justement. Elle aura besoin d’un soutien féminin. Je suis désolé, il n’y a que vous qui correspondez.  
 
Amen !
Une nuit de repos avant l’épreuve ? Que non pas ! À peine commençait-il à rêver de son Opaline que l’alerte générale fut clamée. Branle-bas de combat.
 
Gunn, qu’y a-t-il ?
 
De garde, il avait entendu des bruits en approche venant de la forêt.  En prêtant l’oreille, pas de doute, il avait raison.
Très vite, Michael et lui coururent à travers bois se rendre compte de la menace. Ils savaient mieux que tout autre se faufiler tels des ombres. Baguettes brandies, ils tendirent une embuscade. Pourtant, bientôt, ils éclatèrent de rire en reconnaissant les visiteurs…  
Erik Nielsen
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