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Message par Alix Blackstorm Dim Nov 17 2013, 10:16

Gagné ! Pour le moment en tout cas. La « règle » imposait que l’instructeur soit supervisé par le recruteur. Ça allait leur donner le temps de souffler, de mettre une stratégie au point.
Dès l’agrément du Lord, les trois concernés se retrouvèrent dans l’antichambre nue où Alix délivra ses instructions :
 
Finissez la nuit chez toi, Michael. On se retrouve chez moi demain matin.  
 
Tant pis s'ils la prenaient pour un adjudant-chef, ils s’en allèrent, elle avait énormément à faire. Il fallait qu’elle contacte l’Ordre, se remette au courant, les avertir de ce qui se tramait, et du petit plan élaboré.  
Elle trouva le square Grimaud en grande activité fébrile.
 
Je vois que vous êtes déjà au courant, dit-elle en entrant.
 
Si on devait attendre tes infos de merde, on serait dedans. D’ailleurs on l’est !  riposta Molly Weasley qui n’avait jamais su l’encadrer.
 
Désolée, j’ai été un peu occupée, et…
 
À lécher les bottes de tonton ?
 
Mollinette, calme-toi. Alix, si tu es là, je suppose que tu as des informations solides.
 
Merci de m’écouter Arthur.  
 
L’agitation se calma un peu lorsqu’elle dévoila les projets du Lord.  Minerva McGonagall tiqua en entendant parler des horcruxes, apparemment pour la première fois de sa vie.
 
Enfermer des fragments d’âmes dans des objets, mais c’est…
 
Monstrueux, oui ! Que croyez-vous qu’ait fabriqué Potter toute cette année sinon les chercher et les détruire ? Je crois qu’il est très proche de réussir. Quand le dernier sera détruit, Voldemort sera enfin vulnérable. J’ai un plan pour ça mais ce n’est pas que pour cela que je suis venue. Je devais vous avertir qu’une véritable armée est en train de se rassembler, et pas du gâteau.

 
Elle révéla le recrutement très particulier auquel elle avait dû participer, jura de les avertir du lieu de l’attaque finale puis put enfin prendre un portoloin pour son Ecosse chérie.
 
Lormar !
 
Maîtresse, enfin ! Tout en ordre ici.
 
Prépare deux chambres supplémentaires, nous aurons des hôtes demain. Fais des provisions en conséquence pour un séjour d’une semaine.  

 
Elle put se détendre dans un bain moussant. Décidément les goûts de Michael De Brent déteignaient sur elle. Malheureusement l’eau refroidit vite :  
 
*Faudra moderniser ces installations vétustes… il a raison !* 
 
Le lit bassiné, la cheminée ronflant d’une belle flambée, elle réfléchit à ce qui s’était passé entre les baguettes des duellistes de tantôt :
 
*Une preuve de plus…*
 
Le but d’Alix n’était pas de former le jeune Nielsen au combat réel mais bien de façonner son esprit à résister aux intrusions. La potion donnée avant l’entrevue avec le Maître avait facilité les choses mais il ne fallait pas en abuser sous peine de dégénérescence mentale.  
 
Erik ! Ton esprit est du beurre ! Je devine toutes tes attaques ! Sois plus concentré. Michael qui n’est pas legillimens les devine aussi.  
 
Il les devinait si bien qu’il s’en mêla, forçant la rage du jeune homme à exploser.
 
De quoi te mêles-tu, Michael ? Tu veux le déboussoler ?
 
Une misérable semaine, ma jolie…si on ne s’y dépense pas à fond, Erik est bon pour les vautours !...En plus, je m’ennuyais à vous regarder faire des jolis roulés boulés !...Pourquoi penses-tu à ta mère, Erik ?
 
Du diable comment avait-il lu ça ? Alix se douta de la réponse mais se tut. Erik, passablement furieux rentra. De Brent l’empêcha de le suivre :
 
… mais il est sur le fil du rasoir, là ! … Oui, je l’apprécie. Dis-moi un peu où tu l’as déniché, ce gars.
 
Ce n’était pas banal. Le hasard fait parfois formidablement les choses. Elle ne put réprimer un demi-sourire qu’il ne rata pas :
 
 Si tu me racontais de quoi tu te marres en douce, on pourrait se marrer à deux…Ça me manque rire avec toi…Oui, je sais, ce n’est pas le moment pour parler de ça…mais je le dis quand même…Ça fait déjà un bon moment qu’on ne croise pas deux mots…
 
Il s’agit d’une interdiction formelle de mon oncle à te fréquenter ! Il croit que tu me tournes la tête
 
Il sembla assez content de sa réponse et ils rentrèrent sous peine de refroidissement sévère.  
Après un repas acceptable vint une conversation assez débridée au cours de laquelle il fallut bien révéler plusieurs choses, notamment que le Suédois n’avait pas affaire avec de « vrais » méchants mais des infiltrés destinés à tout mettre en œuvre pour empêcher le Lord d’envahir les Mondes.  
Ayant dû réfléchir à divers aspects de cette étrange relation avec Nielsen, De Brent se montra curieux, forçant le pauvre garçon à révéler sur lui des éléments intimes. Au grand dam d’Alix, il lui fila une lettre venant de sa mère défunte. C’était… touchant mais aussi très révélateur.  
 
*Mon Dieu… Comment va-t-il réagir ?*
 
Inquiète, elle donna le pli à Michael tout en commençant doucement à lui serrer la main.  Cela ne rata pas, Michael pigea tout :
 
 Le seul autre sorcier à porter ce nom était mon arrière-grand-père…donc, il ne reste qu’à…Bon sang, Erik…tu es…mon frère !  
 
Ils semblaient si effarés l’un et l’autre qu’elle décida qu’une tournée d’alcool ferait du bien à tous :
 
Les méandres de la vie sont souvent tortueux. Ne pensez pas trop aux implications maintenant... oui, Michael, je l’avais deviné au premier regard sur vous deux ensemble… Puis l’arc des baguettes, la façon dont tu le perces à jour, toi qui n’as jamais manifesté d’un pouvoir legillimens alors que même moi j’ai du mal car il se défend bien… Ton… votre père n’était pas un modèle de vertu, hélas. Cette colère que tu as en toi, Erik, c’est ton côté De Brent, désolée. Mais on peut y échapper ! Michael y réussit donc tu le peux aussi… J’ai des choses encore à vous dire mais là, dodo… Eh oui, drogués, et alors ? Vous avez besoin d’un bon repos.
 
Dès qu’ils s’effondrèrent, elle requit l’aide de Lormar pour border ces frères réunis.
 
Longuement elle gambergea dans les suites à donner à cette situation qu’elle aurait souhaité voir retardée.  Connaissant le bon fond des deux, ils feraient un pacte et s'entendraient à merveille. Mais une lourde échéance approchait.
Au matin, sa décision était prise.  
 
Volontairement, elle leur avait laissé un tête-à-tête, histoire de mieux se connaître, un peu. Nielsen n’avait pas perdu son appétit, au moins ça. Le sien était coupé.  
Manifestement, quand elle se présenta au petit- déjeuner terminé, Michael lui en voulait de ses cachoteries :
 
… Beaucoup d’autres secrets, évidemment !... non, pas d’entraînement ce matin mais des révélations qui n’ont strictement aucun rapport avec votre fratrie. C’est de notre but qu’il s’agit ! Lui  seul compte, vous m’entendez ?
 
Son ton autoritaire les convainquit du sérieux de ses propos. Ils allèrent au salon avec un samovar de café fort. D’emblée les frères assis, elle attaqua :
 
L’un de vous a-t-il une idée de ce qu’est un horcruxe ?
 
Ils crurent qu’elle parlait chinois. Et de devoir encore détailler tenants et aboutissants :
 
… Mon oncle en a créé six afin de préserver son immortalité. Actuellement, Potter – ce soi-disant crétin – ( petit sourire narquois vers Michael) en a détruit quatre. La rumeur dit qu’il est à Poudlard en train d’en chercher un autre. S’il y parvient, il n’en restera qu’un et je sais qu’il est enfermé dans son serpent Nagini qu’il va protéger contre tous, même de moi. Erik tu vas nous aider…
 
Les réactions ne tardèrent pas. Ni l’un ni l’autre ne voyait comment.
 
… stop ! Non, je ne veux pas que vous tentiez de tuer Nagini... J’aimerais qu’Erik tu uses de ton pouvoir persuasif pour faire croire à mon oncle que son serpent est hors de danger. S’il lève la protection, nous pourrons l’atteindre.
 
Questions, réponses, un beau flou artistique. Il ne restait que quatre jours de préparatifs psychologiques afin que Nielsen puisse regarder en face le Lord et le soumettre à Sa volonté.  
Encouragé par la présence, les conseils de ce frère inespéré, Erik fut d’une docilité exemplaire sauf que le temps se raccourcit inopinément. La marque de Michael lui déchira le bras. Ils devaient rentrer vite fait aux risques de déclencher les foudres du Lord.
 
Erik, ne tente rien si tu ne te sens pas vraiment à l’aise !
 
 Tous avaient peur mais se murèrent dans un masque impassible en arrivant dans les catacombes.
Le maître était énervé. Une sorte de joie l’habitait mais de la colère aussi.  
 
Toutes nos forces vont attaquer Poudlard ce soir s’ils ne me livrent pas Potter qui s’y tapit comme le lâche qu’il est. Bien sûr nous n’enverrons que le menu fretin se faire découper en rondelles et écraser ce qu’il peut. Devant le désastre, cet idiot cédera. Mais avant, je veux m’assurer de certaines choses…  EMPAREZ-VOUS D’EUX !
 
Hein, quoi ?  
Elle jeta un regard éperdu vers ses complices avant de se prendre un stupéfix complètement inattendu.  
 
Réveil douloureux. Un coup de pied dans les reins, on fait mieux !  
 
Lève-toi, active-toi !
 
La femme qui la houspillait semblait plus anxieuse que fâchée.
 
Je… Je dois faire quoi ?
 
Son habillement la surprit toute. Une longue robe noire avec un grillage en visière qui limitait sa vision.
 
Dépêche-toi ! IL n’attend pas !
 
On lui fila un plateau chargé de dattes, autres fruits et confiseries avant de la propulser dans la fournaise extérieure vers une vaste tente aérée. Là, sur d’épais coussins, fumant une pipe à eau se tenait un ventripotent personnage enturbanné à la mine mauvaise.
 
*Que s’est-il passé ?*
 
Son service accompli, les idées en pagaille, elle posa le plat et déguerpit pour rejoindre la petite tente des servantes du manitou local.  Elle se laissa choir sur une natte dure :
 
Où sommes-nous ?
 
Ici, tu peux tomber le voile. Tu n’as débarqué qu’hier avec le convoi d’esclaves fraîches, je comprends tes erreurs. Je suis Fatma.
 
On lui présenta d’autres femmes identiquement vêtues. Attentivement, Alix écouta les conversations. Son effarement grandit devant l’évidence : son cher « oncle » l’avait expédiée au Moyen-Orient, dans un passé lointain…
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Message par Michael De Brent Dim Nov 17 2013, 10:28

Les méandres de la vie sont souvent tortueux. Ne pensez pas trop aux implications maintenant...
 
Facile à dire ! Un frère tombé du ciel ! Il rencontrait le gars dans une ruelle sombre, il le recrutait, se mêlait encore plus dans cette histoire tordue et voilà que comme s’il n’y avait rien de plus normal, le résultat  le laissait paf…et il n’était pas le seul.
Alix donna quelques explications, toutes raisonnables et pertinentes, qui devraient, en toute évidence les satisfaire, faute de mieux. Le tout avant de les expédier arbitrairement dans les limbes merci un de ses cocktails maison !
Au réveil, l’humeur de travers, Michael se promit de tirer au clair quelques aspects, qui à son avis, étaient à revoir. Il n’aimait pas du tout la façon dont Alix s’était prise pour se débarrasser de lui et Erik. Soit, la miss devait avoir besoin de se ressourcer un peu et réfléchir sur son problème immédiat. Avoir affaire avec un De Brent va et passe, deux du coup, c’était sans doute trop pour elle.
Erik, rencontré au gré des couloirs interminables avait l’air un peu déboussolé mais faisant abstraction des mystères de la vie, avoua mourir de faim.
 
Qui pense à manger dans une situation pareille ?, s’emporta  Michael.
 
Erik, évidemment. Ignorant sa saute d’humeur, son jeune et frais découvert frangin s’en donna à cœur joie avec le somptueux buffet petit déjeuner  présenté par un Lormar ultra diligent. Lui se contenta de maintenir ses habitudes : café et clopes. Le cher « bambin » se déclara satisfait après une copieuse répétition.
 
Tu devais ruiner l’économie du couvent avec cet appétit, dis donc !
 
Ce gosse-là, si on pouvait appeler ainsi un gars de sa taille et carrure, avait, décidemment bon caractère, au lieu de grogner, comme lui, il se limita à raconter sa vie d’orphelin parmi les nonnes. Une existence simple, chaleureuse. Il s’était senti chéri et protégé. Bien sûr, il avait compris beaucoup de choses depuis un certain temps. A peine si Michael put déceler un rien de ressentiment pour tant de silence et secrets.
 
Sais pas trop bien comment ça marche dans les ordres religieux mais m’imagine qu’il y a quand même certaines règles à suivre…Ta mère s’est trouvée en pleine disjonctive… pas facile pour elle, elle a fait de son mieux pour te protéger…Non ! Elle a bien fait de ne pas t’envoyer chez mon père. Alix te l’a dit hier soir, c’était pas un chic type…pas du tout ! Il me l’a menée facile…je devais devenir Mangemort à 17 ans, j’ai pas voulu…imagine-toi la suite !...Non, Erik, il ne m’a pas largué un sermon sur les vertus de la loyauté familiale, il m’a battu comme à un chien et m’a jeté au fond d’un cachot pour que j’y crève…
 
Cela donna de quoi réfléchir un instant à ce frangin inattendu, qui tout compte fait, finit par accepter que c’était, en effet mieux, ne pas avoir rencontré le reste de la famille. Ils étaient là, à se mettre à jour de leurs respectives existences quand Miss Blackstorm fit, enfin, acte de présence. Une autre qui n’avait pas faim.
 
Merci pour hier soir, grommela t’il, en guise de bonjour, d’autres surprise du genre auxquelles on doive s’attendre ? Encore d’autres secrets que tu aies percés, cette nuit !?

Elle n’agréa pas trop le ton mais passa outre. Erik voulut savoir s’ils sortaient pour  la mise en forme du jour.
 
Non, pas d’entraînement ce matin mais des révélations qui n’ont strictement aucun rapport avec votre fratrie. C’est de notre but qu’il s’agit ! Lui  seul compte, vous m’entendez ?
 
*Quel sergent !*
 
Menés comme dociles moutons, ils s’installèrent, sans piper mot, au salon, face au feu, avec plein de café et cigarettes à discrétion.
 
L’un de vous a-t-il une idée de ce qu’est un horcruxe ?
 
Hor…quoi ?...Moi, jamais. Toi, Erik ?
 
Bien entendu, elle les renseigna de long en large, de quoi les laisser muets de stupeur horrifiée. Michael  en savait pas mal sur la perfidie humaine et les esprits tortueux, mais qu’un être humain soit capable d’arriver au point de partager son âme en six portions et en occulter chacune dans des objets, dépassait son imagination. St. Potter, encore lui, avait eu vent de l’existence des fameux réceptacles d’âme et doué comme il était  en avait déjà éliminé quatre, et était sur la piste du cinquième qui se trouvait à Poudlard. Le sixième n’était autre que l’affreux reptile qui accompagnait le Lord, comme à d’autre un chien fidèle. À différence que le toutou se contenterait d’un os occasionnel, Nagini, elle, se nourrissait de sujets tombés en disgrâce.
 
Alors on tue le serpent et affaire close !

Non, je ne veux pas que vous tentiez de tuer Nagini... J’aimerais qu’Erik tu uses de ton pouvoir persuasif pour faire croire à mon oncle que son serpent est hors de danger. S’il lève la protection, nous pourrons l’atteindre.
 
Le plan était simple. Erik se chargerait d’endormir la suspicion du Lord et insuffler en lui  le bon dessein. Questions, réponses, conseils, exemples, tout y passa et il y aurait eu bien plus si, de façon inopinée, une brûlure sauvage à son bras, n’avait presque fait hurler Michael.
 
C’est enragé, là…On fera mieux d’y aller de suite !
 
Ainsi fut fait. Et dès l’instant où ils furent face au Lord, Michael eut le terrible pressentiment que tout allait mal, très mal. Pour son malheur, il ne se trompa pas ! Tout alla très vite. Après leur avoir annoncé l’attaque à Poudlard ce soir même, ce qui lui produisait une satisfaction sadique, il ordonna, sans préavis :
 
EMPAREZ-VOUS D’EUX !
 
Sans le temps de réagir, ils virent Alix être stupefixée alors qu’on les entravait solidement avec des liens magiques. De rien ne servait se débattre, l’assistance en plein n’attendait que ça pour les tailler en pièces, lui et Erik.
 
Faute de mieux, Michael redressa la tête plein d’arrogante morgue et dévisagea le Maître.
 
Le droit  nous assiste d’avoir une explication pour ce fait !, réclama-t’il.
 
TU OSES PARLER DE DROIT !? TOI, INFÂME TRAÎTRE !...ET TU PARLES AU NOM DE TON COMPLICE AUSSI ?
 
À côté de lui, Erik copiait l’attitude. Beau tableau. Si leur dernière heure était venue, que ce soit avec tout éclat et fierté.
 
Qui parle de trahison, Maître ? Je veux savoir qui a osé lever pareille infamie à mon encontre !?
 
Pourquoi cela ne l’étonna pas quand sa chère sœur Ariana se démarqua des rangs et avança, imbue d’abjecte soumission vers le Lord auquel elle baisa la main. C’en était à vomir.
 
J’ai fait part à mon Maître bien aimé, de tes manigances obscures…avec cet homme que tu as amené vers nous en assurant l’avoir recruté…un inconnu dont personne ne sait la provenance…

Pauvre idiote, ton désir d’intrigue sera ta perte…cet inconnu, comme tu l’appelles n’est autre que notre frère, demi-frère en fait, fils non reconnu de notre cher père et d’une noble dame de la maison royale de Suède. Un Sang-pur comme nous, un De Brent, comme nous…

Ariana vacilla sur ses jambes. Tout le monde tendit le cou, de même que le Lord. Tous les regardaient attentivement et bien sûr, avec une telle concentration, qu’il ne leur resta aucun doute sur la filiation invoquée.
 
Pourquoi ne pas l’avoir dit avant ?, insista tout de même Ariana en voyant se fissurer dangereusement l’édifice de ses mensonges si habilement ourdis.
 
Je devais m’en assurer !
 
Il était au désespoir en voyant Alix, étalée aux pieds du Maître qui semblait l’avoir oubliée, pour le moment, mais maintint son attitude défiante. N’empêche que le Lord, se reprit illico et les fixa de ses prunelles diaboliques.
 
Peu importe…Cette histoire n’est pas…
 
Fut ce son idée ou le grand Mage noir eut une minime hésitation ?
 
…n’est pas tout à fait confirmée, or nous n’avons pas de temps…l’attaque aura lieu !
 
Maître…et votre nièce ?, osa néanmoins s’enquérir Michael
 
J’ai d’autres plans pour elle !, il fit claquer ses longs doigts et ordonna à deux sbires qu’ils emmènent Alix à ses appartements,  et pour vous aussi…Ariana m’est fidèle au-delà de tout…ses doutes, peu importe ce que tu dises, Michael, pèseront toujours plus  que tes prétendues vérités…je ne supporte pas ton arrogance !

 
*Comme si ça m’intéressait !*
 
Le Maître ne leur prêtait plus aucune attention, dans un envol de cape il se détourna et disparut en direction de sa crypte privée.  Sans trop d’envie, on le détacha et tout le monde, dans un remous de murmures, commentaires et  rires nerveux, se mit en route vers la grande échéance du jour.
 
Crève-cœur ! Ces lieux où il avait passé les plus heureuses années de sa vie, attaqués, détruits, souillés par ce déferlement du Mal et cela sans pouvoir bouger un doigt, obligés comme ils le furent de rester en arrière des lignes de combat. Le Lord réservait son élite pour le coup de grâce. 
Mais comme tout le monde sait, tout tourna autrement. Définitivement pas comme prévu par Voldemort  et son armée des Ténèbres.  À la fin du jour, le Mal avait été mis en déroute…et le Lord vaincu avait rejoint les enfers.
 
Nous devons retourner au Repaire chercher Alix avant que les Aurors n’arrivent !

Personne ne faisant attention à eux, ils trasplanèrent . Les Catacombes étaient désertes, encore. Il s cherchèrent Alix partout, expédièrent leurs Patronus en prospection pour les voir revenir bredouilles. Pas de trace de Miss Blackstorm. Restaient les appartements privés du Maître.  Sans aucun égard, un Bombarda Maxima eut raison du solide panneau et les deux frères s’introduisirent dans l’antre sacré. Tapis d’Orient , tentures de soie, artefacts magiques anciens, vraies reliques de leur monde. Ils ne perdirent pas le temps à détailler les trésors là accumulés, se livrant à une fouille  frénétique et consciencieuse.
 
Elle n’est pas là !
 
Erik venait d’écarter un lord rideau masquant une alcôve et restait perplexe face à l’engin qui s’y trouvait. Michael, dépité, le rejoignit.
 
Que diables…

Erik assura avoir vu quelque chose de très semblable dans un film à la TV mais l’idée était invraisemblable quoique…
 
Regarde ça…cadrans, manettes, boutons…ce levier…c’est débile…qu’est-ce que tu as trouvé ?

Le jeune suédois s’était baissé et ramassé quelque chose du tapis, la tenant à bout de doigts, il montra sa trouvaille à son frère.
 
Je connais ça…c’est la bague d’Alix, elle ne l’enlève jamais…ça prouve qu’elle a été ici mais…Non ! Tu ne penses quand même pas que…
 
Erik acquiesça, contrit, le regard fixé sur un des cadrans affichant une rangée de chiffres. Michael sentit le cœur lui manquer en comprenant de quoi il s’agissait.
 
C’est…une date…17.05.1622…c’est la date d’aujourd’hui…mais 376 ans en arrière ! Il…veux pas croire ça…Il aurait…envoyé sa propre nièce faire un tour dans le passé…
 
Ils étaient là, à se perdre en hypothèses biscornues quand des voix se laissèrent entendre. On venait.
 
Faut foutre le camp…mais on emmène ce joujou…Les sortilèges de protection sont tombés à Sa mort…Accroche-toi !

Ils se matérialisèrent dans un endroit assez délabré, sombre et poussiéreux.
 
C’est un vieux pavillon de chasse…personne ne viendra nous chercher ici…On aura le temps de penser à quoi faire !
 
Pour Erik, tout était absolument clair : il voulait retrouver son Opaline chérie. Michael, lui, avait d’autres idées en tête.
 
Tout à son temps, mon pote…d’abord on éclaircit ce problème ci…S’Il a embarqué Alix dans cette galère, il me semble que le moindre à faire est aller l’en sauver, non ? …Amoureux d’elle ? Euh…non, pas vraiment…Qu’est-ce que tu racontes !?...
 
Pour en raconter, il en raconta, des choses !...


~~


Quand on sort du néant, dans un coin isolé d’un port de mer étranger, sans savoir exactement où et avec, pour unique référence, la date du jour, s’organiser convenablement peut poser une sacrée colle, pour n’importe qui, sauf pour Justin Davenport. L’homme était un chef d’opération né. Il possédait un sens inné pour aplanir tout problème, même si, comme pour les effets, il était d’une humeur massacrante.
Il n’était pas le seul d’ailleurs, rallié à la cause en dernière minute, Sa Seigneurie le Duc de Gilmore était à deux pas de tirer carrément la gueule. Erik, esprit ouvert, s’émerveillait de tout, sans arrière-pensée. Pourquoi cette flopée de femmes bavardes semblait-elle autant s’amuser ? Mystères de l’âme féminine que Michael n’était pas prêt à élucider, ni avait la moindre envie, trop occupé à penser comment se faire pardonner pour ce terrible chamboulement, même si au fond, il ne s’en reconnaissait pas trop coupable. Il avait voulu arranger le tout en faisant cavalier seul.
Cela avait été sans compter avec son frère, qui voulait à tout prix le seconder dans sa quête, et avec Justin qui n’avait rien voulu entendre de le larguer au 17ème siècle quelque part entre l’Arabie et Dieu sait où. Bien entendu, l’Opaline d’Erik n’avait pas voulu abandonner son chéri, Sam avait menacé Justin de mille morts et à tout ça s’étaient ajoutés, en toute innocence, l’amie de l’australienne et son Duc qui passaient par là au mauvais moment.
L’or parlant les langues se déliaient, magie aidant on se fit comprendre, et par les mêmes moyens on sut vers où diriger leurs pas. Destination mythique s’il fallait croire ce qu’on racontait par-là : Aurea, la ville-mirage, là où convergent les caravanes et miroitent les trésors.

Sable, sable et encore du sable. Une mer dorée et ondulante, soleil inclément, ciel d’azur, sans nuages. La caravane avançait, suivant une piste invisible, montant et descendant ces dunes blondes qui semblaient s’étendre à l’infini…


Dernière édition par Michael De Brent le Mar Déc 10 2013, 11:33, édité 1 fois
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Back to the future Empty Re: Back to the future

Message par Justin Davenport Dim Nov 17 2013, 10:31

Dieu que la vie pouvait être compliquée alors qu’elle aurait pu être si simple. Gars réglo, Justin mettrait toujours un point d’honneur à se sacrifier pour ses vrais amis, et ça en dépit de tout.
Sam était un rayon de soleil dans la grisaille, les soucis du quotidien. L’intervention au G8 s’était soldée par un échec cuisant des forces du mal. Lui, il s’était quasi fait descendre assez rapidement sans même capter d’où venait le coup.  Il eut beau fouiller, gratter, creuser, il ne parvint pas à retrouver traces de Michael avant longtemps.  Une visite le « dérida » un peu : celle de la petite Grisham qui n’hésitait pas à avoir affaire à lui pour une « mission » délicate.
 
*Rien de moins que de retracer les assassins supposés de feu le Duc de Gilmore ?*
 
Lord Davenport aimait sa patrie, ses traditions, le royaume.  Qu’un Pair ait pu être descendu par un sorcier le révulsa. Aussi, il s’appliqua à traiter ce cas en priorité. Une rencontre pourtant s’imposait avant toute action délibérée. Ils dînaient fréquemment chez McLane, donc…
 
Lord Davenport, votre Seigneurie. En quoi puis-je-vous être utile ?
 
Marrant ce type ! Absolument hors des normes supposées par son titre glorieux. Sa franchise, son dynamisme plurent beaucoup à Justin :
 
… Je ne l’ai pas voulu, ce fichu poste…il m’est tombé dessus avec le reste ! Si je reste, croyez-moi, ce n’est qu’avec la saine intention de mettre le grappin sur ceux qui ont tué mon père, une fois ceci fait…je largue tout et retourne chez moi !
 
Bizarre mais c’étaient ses oignons. Justin était féru de justice et y alla à fond quoique très discrètement. Plus il remonta les fils emmêlés, plus cela pua l’arnaque à plein nez. Dossiers censurés ou carrément disparus… Pas joli.  Il se devait de faire un rapport au Duc. Quoi de plus amicale que de l’inviter à dîner chez lui ?  
Sam, avec qui la relation évoluait plus que gentiment, sembla rigoler quand il lui nomma le nom de leur hôte. Il n’en connut la raison qu’aux « présentations » après avoir cuisiné ensemble un menu délectable :
 
Samantha Forrester, que le monde est petit…Excusez-moi, Justin…c’est que Sam et moi…on est allés ensemble à l’école !
 
*Hein ?*  
 
Déjà la jalousie naissait quand il apparut qu’il n’y avait réellement qu’une franche camaraderie entre les deux. Pas de quoi en faire un plat d’autant que le Duc semblait plus intéressé par la petite Grisham que par toute autre.  
Il délivra le maigre résultat de ses recherches, promettant de creuser davantage selon les possibilités.
Enfin des nouvelles rassurantes de Michael lui parvinrent. Sa Sam parut soulagée aussi car elle tenait beaucoup à cet agent infiltré mais… pas plus étonnée que ça. Un doute le titilla :
 
Réponds franchement : tu savais pour Michael ?... TU SAVAIS OÙ IL ÉTAIT, et t’as rien dit ? TU NE M’AS RIEN DIT ?  
 
Après qu’il ait fracassé un vase précieux, elle avait calmé la crise à sa façon très… charmante.  
 
Ne me cache plus rien ou… ça ne collera pas. Je t’aime Sam mais ne supporte aucun mensonge même par omission.  
 
Les attaques des Mangemorts devinrent de plus en plus audacieuses. Avec effroi, Davenport vit le resto McLane dévasté en une nuit de terreur au chemin de traverse. Opal, pour se remettre, alla chez ses grands-parents à Londres. Erik disparut subitement. Angel semblait une âme en peine.
Puis cela s’agita drôlement au ministère.
Ce soir-là, il voulut contacter Sam, la prévenir de son départ pour Poudlard dont les assauts avaient commencé de façon terrible. Seulement son appel eut un effet bizarre sur lui. Les grésillements perçus l’assommèrent véritablement. Ce n’est que le lendemain qu’il émergea du cirage pour apprendre, depuis l’infirmerie du ministère, mauvaises et bonnes nouvelles. Malgré la victoire éclatante contre le Lord, la liste des victimes était affreusement longue et cruelle. Des avis de recherche étaient placardés partout, parmi lesquels ceux de Michael et d’Alix, chose… rassurante.
Vu sa mine de déterré, même si nul ne pigeait ce qui lui était arrivé, on le renvoya chez lui où, déjà, Samantha l’attendait. Il lui passa sous le nez, sans lui accorder la moindre attention, se servit un scotch qu’il avala d’un trait. Le second il l’emporta à l’étage avec l’espoir de se récurer gosier et corps jusqu’à l’âme. Elle l’avait précédé dans sa chambre ; il l’ignora encore. Mais quand elle transplana dans la salle de bains alors qu’il allait passer sous la douche, il vit rouge, sans exploser pourtant :
 
Je vais me laver et, quand je sortirai, tu seras partie.
 
Dire que toutes ces années, c’est elle qu’il avait cherchée. Ils s’accordaient si bien dans tous les domaines. Pourquoi avait-elle tout foutu en l’air ? Au fond de lui, Justin se doutait de ses motivations : le protéger.  N’en restait pas moins une fierté vachement bafouée car il estimait que les rôles avaient été inversés. C’était à lui de la protéger et non l’inverse !
Oui peut-être que sans son intervention, son nom aurait figuré dans la liste des disparus, et alors ? Mieux valait ça que de paraître une mauviette qui s’en sortait sans une égratignure alors que tant d’autres souffraient.  
En peignoir de bain, la gueule jusque par terre, le cœur en miettes, il descendit avec la ferme intention de faire un sort à la carafe de spiritueux. Sam était toujours là !  
 
Tu es sourde en plus ? Tu cherches quoi ? Que je t’expulse de force ?
 
Très calmement, Miss Forrester exposa ses motivations réelles. Certes, il s’agissait de protection mais pas sur le champ de bataille où, selon ses dires, il était attendu de pied ferme par des individus que cette guerre n’intéressait même pas. L’enquête de Davenport sur la mort du Duc de Gilmore, quoique discrète, en avait chatouillé plus d’un. L’effacement était si proche que Sam n’avait pas pu faire autrement que de le sonner afin de lui éviter une mort peu glorieuse à peine sur place.
 
C’est… ridicule ! Je n’ai abouti à rien.
 
Fallait croire que si.  Sam sut si bien enrober sa pilule que toute amertume s’envola et, puisque le Lord noir était mort, les projets de mariage pouvaient reprendre de plus belle.
Sauf que… Michael se manifesta avec un truc tellement dingue que Justin n’en revint pas de suite.
 
Quoi ? Deux De Brent ? *Pitié !* Et tu comptes sérieusement aller te balader au 17ème siècle ? … Erik a plus de jugeote que toi : il faut se préparer d’abord. As-tu la moindre idée de la façon dont ça se passe là-bas à cette époque ?...
 
Bien sûr aucune ! Sacré Michael !
 
Impossible de cacher à Sam ses recherches intensives sur le sujet, non qu’il n’essayât pas mais…
 
… Je révise l’histoire, j’ai le droit, non ? … J’ai acheté des milliers de sequins du 17ème ? Euh…  Merde Sam, Michael va se lancer dans l’inconnu à la poursuite d’une femme qui ne l’intéresse soi-disant pas…
 
Ils rirent un bon coup et le duo fonctionna à merveille.  
Voir, toucher l’engin dérobé par Michael et Erik fut une expérience curieuse. Ça avait l’air trop simple pour être vrai. Le demi-Suédois avait ramené son Australienne, bien décidée à participer à l’aventure inédite proposée.  Plus on est de fous plus on rit, dit-on. Ne s’amena-t-il pas le Duc de Gilmore en gracieuse compagnie ? Angel et J.O débarquèrent comme un cheveu dans la soupe alors qu’ils répartissaient identités, professions, camouflages et or.  La petite potionniste engueula sa copine de lui avoir tu un projet pareil et se marra franchement quant au maquillage supposé gruger les autochtones. Elle n’avait pas tort. Un labo de fortune se monta et des potions au goût épouvantable s’avalèrent peu avant le grand saut une fois chacun vêtu comme il se devait.
Justin faillit crouler de rire en voyant la nouvelle dégaine des autres… Il n’avait pas encore vu la sienne. Barbu, teint basané… bah ! Le grand hic était Sam dont rien ne vint à bout de la blondeur vélane. Il fallait espérer que le voile suffirait à la dissimuler. Une porte de sortie était prévue… à condition que sortie il y ait…
 
Les potions de Miss Grisham furent très utiles pour communiquer dans une langue incompréhensible autrement en se matérialisant dans des docks antiques à l’odeur insoutenable.  
Tous s’égaillèrent aux alentours afin de glaner des renseignements sur une femme à peau blanche – en supposant qu’elle l’ait encore, aux yeux bleu sombre… même doutes.  
Cela paya, l’or distribué aussi.
On acheta des chameaux et se mit en chasse d’une caravane qui traçait vers Aurea.
 
Quatre hommes, trois femmes… hum… Heureusement, ils croisèrent peu de monde dans les dunes innombrables jalonnant leur parcours.
Un campement de fortune par nuit glaciale. Quelques racines enflammées par un incendio de derrière les fagots, on tenta de faire le point :
 
En principe, demain, on devrait voir cette cité d’or… Je sais que c’est comme chercher une aiguille dans une meule de foin mais le patronus de Michael a été formel : on est sur la bonne route !  
 
Ça discuta, palabra, la fatigue rompit les rangs.
Justin dormait à poings fermés quand un cri l’alarma. D’où surgirent ces hommes ?  Trop tard pour se poser la question. Ils s’en prirent plein la gueule parce que Miss McLane et Miss Grisham s’étaient endormies en veillant près du maigre feu. Dans la nuit, Justin rugit :
 
SAAAAAAAAAAM !
 
 Leur or, planqué dans des dunes proches, était intact mais la trop belle Miss Forrester avait disparu.       
 
 
 
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Message par Samantha Forrester Dim Nov 17 2013, 10:43

Décidément, elle perdait les moyens face à Justin. Il la troublait, charmait, bouleversait, mettant en échec plus d’un de ses schémas établis.
 
Sam… je sais que tu sais que je sais, etc. Quelque chose s’est passé, quelque chose se passe.  Je ne veux rien gâcher, jamais… Je peux être un livre ouvert à tout ce que tu voudras mais jamais, jamais plus, n’essaye de me leurrer.
 
Oui, elle savait qu’il savait qu’elle savait et on n’en finissait pas. Mais rien n’était simple. Impossible autrement. La situation ne laissait pas le loisir de rêver et se laisser aller. Le leurrer ? Rien de plus loin dans son intention mais parfois ne faut-il pas utiliser des grands moyens pour éviter plus de maux ? Le cauchemar où ils débarquèrent, lors du faux sommet G8, ne lui laissa pas d’autre solution qu’assommer Justin avant qu’il ne mette, emporté par son élan d’amitié indéfectible, en risque la couverture de l’infiltré.  Rien de plus digne de soupçon qu’un capitaine Auror se lançant au secours d’un Mangemort patenté.
Certes elle avait raconté n’importe quoi, sauf la vérité. Justin était à sauf. Michael et Alix aussi, pour le moment. Sam s’en voulait mais se devait de garder silence.
 
Du calme. Juste un peu. Jours merveilleux, où ils avaient réussi à évader quelques responsabilités. Tomber amoureux ? Ils l’étaient sans doute depuis le début, mais celui-là fut un temps de confirmation, d’affirmation, de découverte. Justin, homme à facettes, noble, juste, droit, aux principes profonds, inébranlables, la fascinait tout en représentant un sacré défi  avec lequel elle devait jouer avec doigté sans éveiller des suspicions ni blesser d’amour-propre….et ce n’était pas toujours donné !
Une visite de Gerry et Tante Babs mit une note très rafraîchissante dans leur jour le jour plutôt agité. Comme on pouvait s’attendre de ces deux-là, ils se présentèrent à l’imprévu, sans avoir donné aucun signe avant-coureur de leurs intentions.
Pour une fois Sam avait réussi à avoir une soirée libre et préparé un petit dîner pour deux dans son appartement avec vue sur la Tamise. Elle n’avait jamais invité Justin auparavant mais pensait que le moment était venu de l’intégrer un peu plus à sa propre vie.
Ils étaient là à deviser gentiment, après avoir fait le tour du propriétaire, en sirotant un Martini quand un coup de sonnette impromptu mit fin à la scène de charme subtil.  Sur le seuil, souriants, ravis…
 
Gerry…Tante Babs…mais que…
 
Tu nous manquais trop !, clama Babs en lui l’étouffant dans une étreinte d’amour maternel, j’ai convaincu ton père et nous voilà…nous ne dérangeons pas au moins ?
 
Comme si cela l’intéressait, déjà elle avançait vers le séjour où Justin avait bondi de sa place et attendait, raide comme un piquet. Tante Babs le regarda des pieds à la tête, et souriant, satisfaite de ce qu’elle voyait, tendit sa main à baiser, ce dont le parfait gentleman s’acquittait à l’instant même où Sam et Gerry déboulaient.
 
Tante Babs, Justin…Justin, ma grand-mère…Gerry., Justin…Justin…papa !
 
Babs tordit un peu le geste devant cette éclatante déclaration sur le vrai lien familial mais ne s’en formalisa pas trop, ravie de découvrir ce charmant adonis dans le salon de sa petite Sam adorée.
 
*Hmmm…Parfait ! Quelle allure, quelles manières !*
 
Ma chérieeeeee, désolés de…, commença t’elle, pleine de fausse affliction,…de tomber comme des cheveux dans la soupe alors que…
 
Ne vous en faites pas, concéda Sam, optant pour le prendre avec humeur, Justin et moi allions dîner…mais vous êtes, bien entendu, les bienvenus…Oui, Tante Babs, il y a toujours une chambre pour toi dans mon humble demeure…logiquement pour  toi aussi, Gerry !
 
Dix minutes plus tard, Babs dominait la scène, menait la conversation, interrogeait Justin avec la subtilité d’un inquisiteur et faisait des commentaires variés allant du climat à la crise économique de l’Ouzbékistan même si elle n’avait pas trop idée d’où cela pouvait se trouver.
L’adorable invasion dura une semaine, et le clou fut la visite au Chemin de Traverse, sur laquelle Babs insista avec tant de charme qu’il fut impossible de la lui refuser. Elle s’arrangeait pour invariablement inclure Justin dans tous les programmes et  tant lui comme Sam durent faire des pirouettes avec leurs multiples obligations pour convoyer les visiteurs d’un coin à l’autre de Londres et alentours.
 
Je suis désolée de t’avoir imposé ça, Justin !, assura Sam en agitant une dernière fois la main alors que Gerry et sa mère disparaissaient, enfin, dans le couloir d’embarquement, ah, charmants ?...Babs adorable ? Dis la vérité, c’est une folle excentrique…je t’en voudrai pas, je pense la même chose…Oui, Gerry est…Gerry…Non, il ne fait pas trop Papa…on est plus copains que père et fille, il était très jeune quand je suis née…si ça t’intéresse…il vient d’avoir 45 ans !
 
La leur était loin d’être une relation paisible. L’amour était là, impossible de le nier. Ils se comprenaient, se complémentaient, se complétaient, se savaient l’un pour l’autre, sans équivoque mais chacun menait sa vie, avait son travail et c’était là que le bât blessait. Quand Justin soupçonna des cachotteries de sa part quant à la disparition temporaire de Michael, il faillit péter un câble. Le calmer demanda des trésors de charme.
 
Ne me cache plus rien ou… ça ne collera pas. Je t’aime Sam mais ne supporte aucun mensonge même par omission.
 
Elle ne discuta pas. À quoi bon ? Si la situation l’exigeait, elle agirait avec ou sans son accord. Cela ne rata pas. L’homicide du Duc de Gilmore avait retenu son attention, surtout après avoir su que le fils du défunt n’était autre qu’un vieux camarade d’école. Usant de certains privilèges, contacts et autres ficelles utiles, Sam commença à voir clair dans cette affaire. Justin menait de son côté une enquête discrète à la demande du nouveau duc , n’obtenant pour le moment aucun résultat conséquent. Ce que Samantha découvrit de son côté, la laissa pantoise de stupeur et d’horreur aussi. L’affaire Strang n’était d’aucune manière simple, la mort du duc avait obéi à d’intérêts  dépassant leur atteinte. Une information cryptée l’alerta sur le pas suivant des comploteurs : élimination de cet enquêteur trop curieux.  Elle venait d’avoir la confirmation des lieux où aurait lieu cette exécution quand le téléphone sonna. Justin  partait pour Poudlard où se déroulait à l’instant une effroyable bataille entre le Bien et le Mal.
 
Je t’aime, Justin…pardonne moi !
 
Pour lui ce ne fut qu’un grésillement  insoutenable au bout de la ligne qui le fit sombrer dans une profonde torpeur quasi comateuse. Pour Sam, la seule façon de lui sauver la vie.  Pour lui, la bataille de Poudlard se passa à l’infirmerie du Ministère. Quand il rentra le lendemain, la mine sombre, Sam, qui l’attendait, devina la crise imminente. Impossible autrement. Sans perdre le calme, il la mit tout simplement à la porte.  Elle n’en fit rien. Il récidiva, sans plus de succès et dut, malgré lui écouter ce qu’elle avait à dire. Cela se résuma rapidement.
 
On t’attendait là-bas, deux de tes collègues, ils avaient l’ordre de t’éliminer en profitant de la confusion. Ton enquête a mis en risque la sécurité d’une contre-opération destinée à faire désintégrer tout effort d’entente entre nos deux mondes.

C’est… ridicule ! Je n’ai abouti à rien.
 
Erreur ! Tu étais à point de découvrir le pot aux roses et cela attentait contre les ambitions de certains très haut-placés. Le général Price a été arrêté ce matin, ainsi que plusieurs de ses complices, entre eux, tes deux collègues  Clainton et Webber. Je n’avais pas moyen de te prévenir…te mettre hors combat de cette façon est la seule chose que j’ai pu faire…Je t’aime, Justin Davenport…trop pour envisager de te perdre…c’est ma seule faute…tu peux me pardonner ?
 
Le baiser dont il l’octroya prouvait que oui. Le cauchemar était fini, tous les espoirs étaient permis….enfin, presque !
 
Tu peux me dire ce que tu fais ici depuis des heures ?  Je suis sortie du restaurant plus tôt en pensant que…mais Voronwé me dit que tu n’as pas quitté la bibliothèque de la journée !...
 
Je révise l’histoire, j’ai le droit, non ?
 
Elle rigola doucement en déposant un bisou sur le sommet de son crâne.
 
Oui, mon chéri…autant que d’avoir des coffres pleins de sequins…euh, mes yeux ne me trompent pas…
 
La réponse, mitigée, ne pouvait être plus concluante :
 
Merde Sam, Michael va se lancer dans l’inconnu à la poursuite d’une femme qui ne l’intéresse soi-disant pas…

Il en a des bonnes, celui-là…pas de se lancer à l’inconnu…qu’elle ne l’intéresse pas…

C’était hilarant ! À deux, les recherches sur us et coutumes du siècle visé, furent beaucoup plus amusantes.  Avant presque de s’en rendre compte, l’aventure était lancée. Au début, on avait pensé partir à quatre, mais le demi-frère de Michael ajouta son Opaline au nombre et comme cela ne suffisait pas, débarquèrent, à l’improviste l’amie d’Opal et son illustre compagnon, le duc de Gilmore…
 
Tous burent les potions concoctées par Miss Grisham, potionniste de son état, avec des résultats évidents. Les blonds brunirent, les yeux bleus devinrent sombres et si  tout le monde acquit un air basané et oriental… Samantha demeura aussi blonde que les blés…indélébile héritage de vélane ! Au moins, la potion du langage fonctionna pour elle aussi…
 
Quelle galère, ce voyage sous un soleil de plomb, désert à perte de vue. Leur unique guide, le patronus du « pas amoureux du tout », les menait par une piste invisible à leurs yeux, serpentant entre les dunes sans fin. Comparée aux autres caravanes, la leur était…discrète. Eux, et les chameaux de charge. Par respect aux coutumes locales, hommes d’un côté, en avant, bien sûr, femmes du leur, en arrière, comme il se doit. Le mot féminisme ne serait pas inventé en ces hauts lieux du machisme. Les femmes, à peine considérées comme personnes, n’étaient là que pour obéir et suivre leurs maîtres, et ce faisant disparaître sous une tonne de voiles épais pour les cacher de la convoitise d’autrui…
Mais le soir, campement établi, seuls sous les étoiles, loin de tout, les filles laissaient tomber leur déguisement et respiraient à l’aise.
 
Sais pas pourquoi mais j’ai la sensation qu’on nous observe !, dit-elle à Justin tout en démêlant consciencieusement sa chevelure.
 
Michael et son frangin qui revenaient de faire une reconnaissance aux alentours assurèrent qu’il n’y avait pas  âme qui vive aux alentours.  Et ce fut encore ainsi le lendemain et le soir suivant…
Mais ce soir-là, le monde bascula. Surgie du néant, une horde de brutes hurlantes déferla sur le campement endormi…
Recouvrer les esprits dans une tente inconnue aurait déboussolé n’importe qui. Pour un moment, Sam ne fut pas exception.  On l’avait enlevée ! Des brigands du 17ème siècle l’avaient enlevée !
 
*Ça ne veut rien de bon, ma vieille…t’es dans des sales draps !*
 
Pas si sales que ça, en y regardant bien. La tente était plutôt confortable, tendue de beaux tapis d’Orient, aux tentures de soie. On l’avait allongée sur des moelleux coussins au lieu de la jeter dans un coin comme un vulgaire fardeau. Bon signe, malgré tout. Mais elle ne se faisait pas de grandes illusions, maintes lectures sur ces temps-là, l’avaient suffisamment illustrée sur l’unique destinée possible réservée pour une femme dans sa situation : l’esclavage. L’idée était très loin de la tenter. Sans doute Justin et les autres se lanceraient à sa recherche et compte tenu de leurs moyens spéciaux, ne tarderaient pas à la trouver…Elle aurait néanmoins pu pleurer de dépit en découvrant ne plus avoir sa baguette…
Ses réflexions furent interrompues par l’entrée d’un imposant personnage enturbanné, à moustache fournie et barbiche agressive, dont le regard de jais la parcourut avec une satisfaction plus qu’évidente. Faisant une profonde inspiration, Sam se redressa avec  une lenteur étudiée, rejetant en arrière sa superbe chevelure blonde. Il ne la quittait pas des yeux.
 
Et bien ?, s’enquit elle, sans lever la voix, braquant son regard si bleu dans celui si noir de son interlocuteur fasciné.
 
Tu es… la beauté incarnée…sublime…sans pareil…, bégaya t’il, prive de toute force de volonté.
 
Je le sais,  sa voix suave comme une caresse engourdissait l’esprit de l’homme, incapable de contrer le charme d’une vélane,  qui es-tu ?
 
Cela importait peu mais plus elle lui parlait et plus l’autre semblait se perdre dans un rêve éveillé, répondant docile à ses questions, éperdu, abêti, subjugué.
 
Donc, tu me mènes à Aurea pour me vendre au Sultan. Nous y serons demain.  Il est important que j’y arrive intacte, tu te doutes bien qu’on ne te payerait pas un sequin pour une marchandise endommagée…de toute façon, tu ne t’aviserais pas à me toucher…je suis une sorcière et mal t’en prendrait et maintenant, je boirais volontiers de l’eau fraîche, j’ai soif !
 
*Au moins en voilà un qui ne se plaint pas qu’on l’embobine !*
 
Quelques instants plus tard, deux esclaves se prosternaient à ses pieds après avoir déposé près d’elle, sur une table basse de quoi assouvir sa soif et sa faim. Au petit matin, avec tous les égards du monde, voilée de la tête aux pieds, elle fut hissée dans un palanquin sur le dos d’un chameau qui s’ébranla à l’instant, escorté par une douzaine de braves armés jusqu’aux dents, leur chef en tête du détachement.
C’est ainsi que Samantha Forrester, né à Miami au 20ème siècle, entra dans la ville d’Aurea, joyau du désert, oasis de rêve, en ce mois de Juin de  l’an 1622. L’escorte se fit discrète et parvenus dans l’enceinte d’une richissime villa, on la fit descendre de sa monture pour la conduite à l’intérieur dont elle n’eut qu’un bref aperçu avant d’être prise en charge par une grande femme au visage rébarbatif  et regard impérieux.
 
Suis-moi !
 
Elles marchèrent dans des larges couloirs pavés de pierre polie, traversèrent des cours intérieures transformées en jardins aux fontaines chantantes pour enfin aboutir dans une aile de l’immense demeure, séparée du reste par une formidable porte aux panneaux  massifs, devant laquelle campait un noir énorme au crâne luisant ceint d’un bandeau  en or.
 
Le gardien du sérail !, informa la matrone à qui on franchissait déjà passage.
 
Le bourdonnement assourdissant de conversations en cours cessa comme par magie. Dizaines de regards curieux se posèrent sur les nouvelles arrivantes. La matrone choisit une jeune femme au regard doux d’agneau.
 
Layla, emmène-là , qu’on s’occupe d’elle avec  égard, c’est une pièce de choix.
 
La seule chambre où il y ait de la place pour y être à l’aise est celle de l’autre nouvelle, celle qui ne parle pas !
 
Celle-ci ne dit rien non plus, qu’elles s’ennuient ensemble.
 
Sous la férule de Layla, Sam traversa le gynécée suivie du regard peu bienveillant des autres femmes là réunies.
 
Ne crains pas, le maître est bon et tu seras sans doute rapidement vendue.
 
*Dieu, bénie soit l’aubaine !*
 
Le négoce d’esclaves était florissant vu le luxe sybaritique des lieux. Layla crut bon lui expliquer que la plupart des femmes faisaient partie du harem personnel du Maître mais que, celui-ci, avait l’honneur immense de pourvoir  Sa Grandeur le Sultan, de nouvelles favorites, choisies entre les plus belles femmes venues parfois de lointaines contrées. Arrivées à destination, Layla lui montra celui qui serait son lit. Dans l’autre, était allongée une femme brune qui leur tourna obstinément le dos.
 
Ici, tu peux ôter tes voiles…, joignant le geste à la parole, elle défit les épingles qui les retenaient et resta, le souffle coupé en découvrant sa chevelure, tu es…tu es…merveilleuse…IL paiera une fortune rien que pour la couleur d’or de tes cheveux…puis je les brosser ?
 
Après, Layla, si ça ne te dérange pas…je suis fourbue…
 
Je reviendrai pour t’aider à te vêtir, quand le Maître voudra te voir !
 
À peine la jeune femme partie, Sam s’approcha de sa compagne d’infortune  et la toucha doucement à l’épaule.
 
Je pense savoir qui tu es, dit-elle en anglais, sans lever la voix.
 
Comme mue par un ressort, l’autre se retourna, la dévisageant, surprise.
 
Alix ?...Alix Blackstorm ?...Telle qu’il t’a décrite…Qui ?...Michael, voyons…Oui, il est là…enfin…par-là, quelque part, dehors…encore dans le désert mais ils nous trouveront, j’en suis sûre…
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Message par Opal McLane Dim Nov 17 2013, 10:47

Erik ! Depuis ce soir magique, même après l’intervention musclée de Matt, frangin surprotecteur, la vie d’Opal avait changé. Elle était amoureuse ! Ça devait bien arriver un jour ! Ils ne l’avaient pas cherché, c’était venu tout seul. Doucement, gentiment.
Elle soupirait en pensant à ses mots, ce soir-là :
 
Opaline, toi et moi… il y a quelque chose, non ?
 
Il y avait plein de choses ! Amour, tendresse, amitié, confiance…oui, surtout confiance, à toute épreuve ! Erik n’était pas un garçon comme les autres, en fait Opal le devinait spécial, très, en fait. Doué, intelligent ? C’était peu dire. Soit, elle était folle de lui et ça rendait son discernement peu objectif mais n’importe qui, avec un peu de jugeote, pouvait se rendre compte qu’Erik était un type exceptionnel.  Et, cela ne se prêtait pas à discussion !
En plus de travailler comme un dingue, l’homme parfait étudiait aussi et comme il ne pouvait rien faire à moitié il visait devenir maître du barreau et médecin, en même temps. Opal  soupirait encore et toujours, ébaubie. Les études et elle, ça faisait deux, ce qui ne l’empêchait pas d’admirer et appuyer la ténacité de son chéri. Ce que les autres pouvaient penser de tout cela, et cela incluait famille et amis,  ne l’incommodait pas le moins du monde, selon ses propres mots :

Chacun a son avis, moi j’ai Erik !

Mais, femme pratique, voguer au septième ciel, sur un nuage rose lui ressemblait peu. Elle gardait les pieds sur terre, la tête à sa place et l’énergie au travail.  Avec la collaboration d’Angel et Erik, les conseils de Justin et la satisfaction de sa fidèle clientèle, les affaires étaient florissantes, malgré la situation chaque jour plus tendue.
Cette soirée avait commencé comme les autres, avec la seule différence que Sa Seigneurie le Duc de Gilmore n’était de la partie. Angel, mine de rien, avait scruté les tables, sans doute dans l’espoir de le découvrir tapi dans un coin. Elle avait beau s’en défendre, Opal  se doutait bien que l’assiduité de ce Pair du Royaume ne se devait pas seulement à son talent aux fourneaux.
 
Le pauvre, il doit s’ennuyer où qu’il soit…tu lui as définitivement tapé dans l’œil.
 
Très vertueuse Angel avait sa réplique toute prête.
 
T’es dingue ! C’est ton civet d’alligator qui lui plait, pas moi !
 
Oui, bien sûr…Tu peux lui servir de la semelle dure avec sauce de chaussette qu’il ne remarquerait même pas ce qu’il a dans son plat…te bile pas, ma chérie…tu feras une superbe duchesse !

Elle se sauva dans la cuisine en rigolant. Erik y régnait en souverain absolu, donnant des ordres que personne ne songeait à désobéir.  Suivant son habitude, elle fit sa petite ronde d’inspection, goûta ici, rectifia là, félicita qui le méritait puis enfila son tablier  pour s’atteler à la tâche. Le coup de feu du soir était en plein éclat quand la voix alarmée d’Angel les fit tous tressaillir.
 
Opal, ferme les volets !
 
Le temps de réagir et c’était déjà trop tard. Du cauchemar pur ! Ils étaient trop nombreux et décidés à semer la panique.  Inutile se demander de qui il s’agissait.  Clientèle en débandade, défense acharnée et peine perdue.  Avec féroce satisfaction, les Mangemorts saccagèrent l’endroit et pour bien finir, y mirent le feu. Folle de rage et impuissance, Opal ne se rendit même pas compte que sa robe prenait feu…Erik lui sauta dessus, la faisant rouler à  terre, elle hurla…
 
Mon petit, enfin…tu nous as fait si peur !
 
Elle battit des cils, sans rien comprendre. Que faisait sa grand-mère Abernathie là, à la regarder d’un air si ému et consterné.
 
Granny ?...Que…mais…où ?
 
Tout doux, ma petite chérie, tu es à Ste. Mangouste…tout va bien, tu vas bien…le choc, la peur…
 
L’horreur de la nuit passée revint en force. Elle se redressa dans son lit, affolée.
 
Erik…Angel ? Ils…
 
La dame lui caressa doucement la tête l’obligeant à se récliner sur ses oreillers.
 
Ils vont bien, Opal…Ils attendent dehors. Tu dois te reposer !
 
On ne discutait pas avec Lady Abernathie, Opal le savait à ses dépens, en plus, elle se sentait vraiment lessivée  et découvrir ses bras bandés lui donna envie de pleurer. Sa grand-mère opta pour la meilleure solution et fit entrer les deux impatients qui faisaient les cents pas dans le corridor.
 
À peine serrée dans les bras d’Erik, et tenant la main de son amie, Opal éclata en sanglots…de pur soulagement.
 
Vous allez bien…c’est tout ce qui compte !
 
Il n’y avait pas eu d’autres victimes qu’elle. Cela la conforta assez comme pour penser au futur immédiat.
 
On rebâtira…on recommence et ce sera encore mieux qu’avant ! Je me sens bien…je veux sortir d’ici !
 
On lui fit gentiment remarquer qu’elle avait des brûlures qui devaient être soignées et que les medicomages insistaient pour  la garder quelques jours. La simple idée l’horrifiait mais rien à faire. Sans demander son avis, ses grands-parents avaient pris des décisions et  c’était sans appel.
Opal se retrouva confinée au manoir familial, couvée comme un faible poussin, chose qu’elle détestait, mais la menace de sa grand-mère pesait, effective :
 
Ou tu te tiens tranquille ou je me charge personnellement de te ramener à Kelamera, loin de ce monde absurde, là tu seras en sécurité !
 
Ah non ! Ça, jamais !

Puis un jour Erik annonça qu’il avait une offre de travail en Ecosse, que ce ne serait que pour un certain temps, qu’il l’aimait…
 
Je t’aime aussi, Erik ! *Mais tu me mens, ça je le sais aussi…* C’est…bon, faut vivre, non ?...Donne-moi de tes nouvelles…Erik…fais attention à ce que tu fais, oui ?...Non, pour rien…tu sais…c’est juste que je me fais de la bile…
 
À peine avait-il passé la porte, elle commença à pleurer, ce qui lui ressemblait très peu. Angel la trouva transformée en fontaine.
 
Sais pas…c’est que j’ai un mauvais pressentiment !
 
Le temps  se chargea de lui donner la raison. Le retour d’Erik la surprit. Il n’avait pas donné de ses nouvelles pendant des jours et tout à coup apparaissait là, passablement chamboulé.  Avant de le faire passer à la question, elle lui sauta au cou.
 
Tu es là…Dieu, que ça fait du bien !
 
Baisers éperdus et puis passage aux aveux.  Opal ne put que tomber à la renverse, pour sa chance, dans un fauteuil.
 
QUOI !?...Tu as QUOI ?...Attends, tu partais pour l’Écosse pour un job…t’embrouille pas, et au lieu de ça…tu me dis que tu as trouvé…UN FRÈRE !?...Ah bon, t’en cherchais pas un, c’est tombé tout seul…et c’est qui, le bienheureux ?...DIABLES ; ERIK NIELSEN…ce type est un Mangemort …tout le monde sait ça…Ah bon ? Pas un vraiment…Euh, non, je ne le connais pas…Comme quoi…tu n’es pas moins qu’un…De Brent ?...Chut ! Pas si fort…si GranPa entend ça, il te fout à la porte…il déteste ces gens-là …pas ton frère en particulier, bêta…les Mangemorts en général…Ouais, que le Voldy soit en train de farcir en enfer ne change rien pour lui…le fait demeure…
 
Mais ce n’était pas tout. L’histoire était encore un peu plus embrouillée, si possible et les plans immédiats absolument échevelés.
 
Non mais, ça va pas bien chez vous…une machine du temps ?...Vous avez fumé quelque chose, toi et ton frangin ?...Il est peut-être dingue, mais toi…tu déconnes grave…Pourquoi ?...T’en as des bonnes…tu crois que je vais te laisser aller tout seul ?...Tu me connais pas, Erik Niel…enfin…qui que tu sois !
 
Mot rapide posé sur le guéridon. « Merci, pardon, je dois y aller, vais chez Angel, vous explique après. Pas de souci ! ». Un trasplanage plus tard, ils se retrouvaient chez elle qui se mit frénétiquement à boucler un léger bagage.
 
Sincèrement, sais pas ce qu’on porte au 17ème siècle là où on va…on verra bien sur place !, elle enleva un tableau, laissant à découvert un petit coffre-fort, ben oui, tu vois bien…la banque c’est bien, faut toujours disposer de liquide au cas où…Non nouille, pas des billets…de l’or ! Ça sert toujours et partout !

Elle prit soin de laisser un mot assez cryptique pour Angel sur la cheminée et sans aucune arrière-pensée accrocha le bras de l’élu de son cœur, le laissant mener le trasplanage.
 
Surprenant comité de réception. Justin, Sam et en toute évidence, le frangin de son chéri. Amusée, elle les regarda tour à tour.
 
Ça frappe au premier coup d’œil ! Bonjour, je suis Opal !, vigoureux shake hand avant d’aller vers Justin et l’embrasser bruyamment sur les joues, Dieu, que je suis contente de te voir d’une pièce…quand j’ai su pour Poudlard…j’ai eu si peur…Bien sûr que je suis ravie de te voir aussi, Sam…mais tu dois m’excuser, j’ai un faible pour cet Auror !...Pas la peine de me regarder comme ça…Erik m’a tout raconté, je vais avec vous !...Essaye pas de raisonner avec moi, vieux frère,  vais pas rater ça…racontez moi plutôt de quoi il en va !
 
Un plan simple pour une situation compliquée. Bon, la simplicité du plan n’était qu’apparente, à moins que voyager dans le temps avec une machine que personne ne finissait de comprendre, ne soit un passetemps inoffensif  à portée des mortels communs. On lui montra la fameuse machine en exposant, à grands traits, la situation.
 
Alors, si je pige bien, on se pointe en 1600 et des broutilles, on cherche la copine de Michael et on revient comme si rien…Bien sûr, personne ne croit que ça se passera comme ça, n’est-ce pas ?...Euh, non, ça ne me décourage pas du tout…Ce sera une expérience géniale… Où en sont les préparatifs ?
 
Ils avaient quelques idées de ce qui pouvait les attendre. Us et coutumes de l’époque méritaient d’être retenus, pas question de se mettre en évidence à peine débarqués dans le 17ème siècle quelque part  en…Arabie.
 
Euh…on va faire tache dans la couleur locale !...Pense pas que les blonds ça courait les dunes…ça marchait pas encore, la globalisation…on fait quoi ? On se maquille ? Qui est doué en Métamorphose ?...Euh, moi tout au plus je me transforme en chat…mais pas envie de me balader par-là, en miaulant …
 
Le soir venu, ils débattaient encore. Laissant ces messieurs arranger le monde, Opal suivit Sam au semblant de cuisine dont ils disposaient, quelques tours de magie aidant, après un voyage éclair chez Justin pour faire des provisions, elles s’occupèrent du repas avant d’aller inspecter les chambres à disposition.
 
Le lendemain, de bonne heure, après un bon petit déjeuner, on poursuivit avec les préparatifs et on y allait bon train quand l’alarme d’intrusion se laissa entendre.  Baguette en main, tous se ruèrent dehors et tombèrent sur  Angel Grisham et Sa Seigneurie Le Duc de Gilmore.
 
Tiens, on se balade dans le coin ?, s’enquit Opal rieuse, Ah! Tu as trouvé mon mot…et ça t’a fait sortir en courant me chercher ?...Suis touchée, ma chérie…savais pas que tu tenais autant à moi !...Euh que te dire ?...Oui, on est là parce qu’il y a…disons…quelque chose qu’on doit faire !
 
Impossible de taire les tenants et aboutissants à ces deux-là. Mis au parfum de leurs plans, Angel n’hésita pas à offrir sa collaboration, le Duc suivit le mouvement. Elle allait préparer des potions adéquates pour leur changer un peu l’aspect et se faire passer pour faune locale et pour ça, il fallait les ingrédients précis.  Elles y allèrent, seules. Ça faisait du bien de se retrouver avec son amie, chemin faisant, elles échangèrent  les confidences de rigueur, pour arriver au point de reconnaître certains faits.
 
Dis la vérité, Angel Grisham, tu le trouves plus que bien, ton Duc…en tout cas, il est à tomber…depuis le temps que je le dis…

Oui, d’accord, il est craquant ! Là, on a d’autres chats à fouetter… Oh, en parlant de chats, faut que je fasse garder les miens !
 
Tiens…tu vas quelque part !?, s’enquit Opal en toute innocence.
 
Mais parce que tu ne penses quand même pas que je vais vous laisser aller au casse-pipe seuls ?  
 
Se fichant des passants, Opal l’enserra dans une étreinte délirante en dansant et sautant sur place.
 
Vrai !?...Tu vas venir avec nous ?...MERVEILLEUX !!!...Oh oui, suis plus qu’heureuse…Fera un fameux arabe, Sa Seigneurie…Non mais, tu rigoles…je  croque ma baguette s’il ne le fait pas…
 
Sa baguette était toujours intacte,  quand ils quittèrent le port de leur arrivée et s’enfoncèrent dans le désert.  Les informations glanées ci et là n’étaient pas des plus engageantes : les lieux n’étaient pas des plus hospitaliers,  des brigands se cachaient dans les dunes attaquant les voyageurs audacieux qui s’y aventuraient sans la protection d’une caravane escortée de gens d’armes.  Ils avaient pris le risque, après tout, sous leur aspect presque inoffensif, ils étaient tous des sorciers patentés et plus d’un aurait cru avoir la berlue en découvrant quel genre d’armes, à part leurs baguettes, ils dissimulaient sous leurs amples vêtements. 
 
On aurait dû avoir des chevaux, pestait Opal, on s’endort presque entre les bosses de  ces bestioles…oui, je sais…Marchands, chameaux…j’ai pigé…en tout cas, cet endroit est insupportable…on crève de chaud le jour, de froid la nuit…

Profitant du feu du bivouac et la proximité de son Erik, elle se changeait in peu les idées et écoutait Justin faire le point.
 
En principe, demain, on devrait voir cette cité d’or…
 
Personne n’osa rien dire mais tous pensaient la même chose qu’elle :
 
*Comme on a une carte exacte des lieux…on y tombera dessus pile poil !*
 
Je sais que c’est comme chercher une aiguille dans une meule de foin mais le patronus de Michael a été formel : on est sur la bonne route !  
 
Opal coula un regard en coin vers l’instigateur de l’aventure, même teint en brun ténébreux, il ne perdait rien de son charme, ce en quoi Erik lui ressemblait et pas un peu, mais pour les effets, le beau ténébreux avait une mine de déterré.  Son patronus indiquait bien de choses.  D’abord la belle perdue se trouvait encore dans le désert, pour après, depuis la veille être située dans un milieu différent. Apparemment, elle était arrivée à destination…où que cela voudrait bien être !
 
Bonne route. Mauvaise route. Le froid de la nuit, la fatigue et les nerfs tendus eurent des résultats catastrophiques.  Un long ululement rompit le silence de la nuit, Opal se réveilla en sursaut, en même temps qu’Angel.
 
Merde…on s’est endormies…ON NOUS ATTAQUE !!!!
 
Ça leur tomba dessus comme nuée de sauterelles. Effet surprise total. L’attaque ne dura même pas cinq minutes sans leur donner même le temps de réagir convenablement. Le campement était sens dessus dessous mais curieusement il n’y avait pas eu de pillage…sauf que…
 
SAAAAAAAAAAM !
 
La belle Miss Forrester avait disparu. Il ne fallait pas être un génie pour deviner qu’elle avait été, depuis le début, le seul et unique butin convoité par les brigands. Justin, vacillait entre colère et désespoir.
 
Si tu vas me gueuler dessus, vas-y, c’est ton droit…Désolée, me suis endormie et Angel idem…tu vas m’excuser mais on n’est pas rodées à la vie militaire, nous !...J.O est parti à leur suite…si quelqu’un peut la trouver c’est lui…Une once ça court vite et ça voit dans le noir…et puis, ta Sam, ce n’est pas une petite demoiselle timide et démunie…en plus d’être une demie vélane, elle est un redoutable agent de je ne sais quelle organisation…et sans doute pas d’une qui défend la survie des orang- outans  de Bornéo, n’est-ce pas ?

Force fut de reconnaître une certaine raison à ces arguments mais Justin n’était pas plus rassuré pour autant.
Sa Seigneurie fut de retour au petit matin. Les brigands, étaient en route vers Aurea et comptaient vendre leur prise du soir au marché d’esclaves, sûrs qu’une femme si magnifique leur rapporterait une somme digne d’une rançon de prince.
 
C’est pas par hasard qu’ils nous sont tombés dessus, confia t’elle à Erik, c’est trop ponctuel comme action…Ils nous ont sans doute surveillés depuis quelques jours et  tant de blondeur leur a tapé dans l’œil...
 
Aurea apparut à leurs yeux comme un mirage splendide.  Resplendissante et dorée dans les feux du couchant, oasis de rêve dans l’incandescence du désert.  Au loin, on distinguait des caravanes en approche, d’autres campaient déjà près des remparts, attendant leur tour pour franchir les portes de la ville.
Encore une nuit sous les étoiles, le lendemain ils se joindraient aux autres voyageurs avides de découvrir la beauté et richesse légendaires de cette ville-mythique…
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Message par Erik Nielsen Dim Nov 17 2013, 10:56

     Depuis le temps, Erik avait quasi oublié ce que c’était que d’être heureux.  Un bon travail avec un salaire des plus convenables, une idylle parfaite en cours, que demander de plus à la vie ? Opaline, malgré ses airs occasionnels de mégères, possédait un cœur d’or et une tête bien plantée entre les épaules. Elle était devenue son rayon de soleil quotidien, et il ferait tout pour la mériter, sans rien brusquer.  Mais les meilleurs sentiments du monde ne peuvent rivaliser avec vicissitudes des circonstances. L’attaque inopinée tint lieu de cauchemar. Qui aurait pu la prévoir ?  Voir Opal en feu le rendit dingue ! La renverser, rouler avec elle tandis que Grisham les aspergeait d’un aguamenti… Il trembla tout du long en attendant des nouvelles à Ste Mangouste en compagnie d’Angel qui se rongeait les ongles tandis qu’une noble dame ait eu la priorité sur eux au chevet de la victime de l‘incendie.
Enfin, elle sortit de la chambre :
 
Ça va aller, Angel. Elle va passer quelques jours chez nous. Monsieur… ?
 
Niel… Nielsen, le chef cuisinier, déglutit-il mal à l’aise sous l’œil sévère.
 
L’air dédaigneux que lui octroya la grand-mère d’Opal l’aurait crucifié s’il n’avait pas eu si hâte de revoir sa belle.
 
On a eu peur, tellement peur ! dit-il en l’étreignant.  
 
Elle regardait ses bras bandés en pleurant :
 
T’en fais pas, ça guérira. J’aurais tant voulu faire…
 
 Vous allez bien…c’est tout ce qui compte !   
 
Puis, très volontaire, elle évoqua déjà la reconstruction.
 
*Tu peux me croire : ils paieront !* On le fera. Mais d’abord, tu dois te reposer, ma chérie.  
 
Cette fin de nuit Erik la passa dans un état de nerf épouvantable. ILS avaient blessé celle qu’il chérissait. ILS avaient saccagé tout ce qu’elle avait bâti. Un plan sournois s’ourdit.
Son unique but : venger Opaline.  S’attaquer seul aux Mangemorts était sûrement démentiel mais il s’en fichait. À partir de ce moment, Erik se mit à fréquenter les bars louches de l’Allée de Embrumes avec l’espoir de tomber sur des recruteurs et se faire embaucher pour les infiltrer avant de leur porter un coup fatal.  Il ne tarda pas à en repérer un qui affichait sa marque avec une arrogance, une fierté écœurante. Le jugeant digne d’intérêt, Nielsen se mit à le suivre. Hélas, tel fut pris qui croyait prendre :
 
Tu as paumé quelque chose dans le coin ?
 
*Merde !* Oui… moi… Vous sembliez savoir où vous alliez, donc je vous ai suivi.
 
Malheureusement l’autre insista pour qu’Erik le regarde en face. Autant essayer d’en profiter… Raté ! L’autre le contra sans trop de souci quoique Nielsen n’ait pas trop insisté dans sa persuasion.
Contraint de décliner son identité, il s’estima heureux de ne pas recevoir un avada. Son vis-à-vis avait surtout l’air… intrigué. Il le poussa dans un bar mal famé et réclama des explications que Nielsen délivra en mêlant vrai, faux, semi vérités, avec doigté :
 
Je ne sais plus à quel camp j’appartiens. J’ai tant de colère en moi que je pense que ma place est avec vous, les Mangemorts… Je n’ai rien à perdre dans cette vie *Hormis mon Opaline* Pouvez-vous m’aider à trouver un exutoire à ma colère ?  
 
Dubitatif, Michael De Brent l’interrogea finement, croyant déjouer tous les mensonges d’Erik. Mais déboulèrent des forces du « bien » dont il fallut se défendre pour ne pas finir à Azkaban.
Peu après cette échauffourée, un rendez-vous fut fixé.  
Le plus posément qu’il put, donc très difficilement, Erik tua le temps le séparant de cette entrevue capitale pour ses plans personnels. Il passa des heures chez Fleury à étudier tout et n’importe quoi, alla à son stage en médecine, enregistra un gros volume de droit pénal sorcier.  
S’il pensait que ce serait aisé de s’introduire auprès du Lord, une femme se chargea vite de l’en dissuader peu après que De Brent l’ait fait pénétrer dans le nid des serpents.  Ce qu’elle lui fit, quel tour de passe-passe usa-t-elle sur lui, il en resta paf. En moins de 5 secondes, il fut démasqué.
Les suites eurent l’heur de le décontenancer davantage quand, devant le staff complet des salauds,  Blackstorm les obligea à combattre Michael et lui.
 
*Pourquoi cet arc ?*
 
À croire que leurs baguettes refusaient de s’affronter gravement.  Tout fut stoppé par le Lord terrifiant, et Miss Blackstorm réclama la formation de la nouvelle recrue.  Sincèrement, cette femme lui donnait des frissons, pas de plaisir.  
Il se devait de prévenir Opaline même si le prétexte d’un super job en Ecosse sonnait… creux.  Elle se méfiait, soupirs.
 
*Tu ne sauras jamais lui mentir à fond…*
 
N’empêche qu’il alla se perdre dans un manoir glacial où il subit un entraînement farouche de la part des… deux ! Alors, qu’en principe, De Brent ne devait être là qu’en observateur, il se mêla des exercices avec un brio frisant l’insolence, l’énervant, l’excitant.
 
*Pas disjoncter. Se fermer…*

Plus facile avec Alix qu’avec son acolyte qui semblait s’amuser beaucoup à le pousser à bout.  La goutte faillit faire déborder le vase quand Michael lui parla de sa mère. Comment diable avait-il su qu’il se raccrochait à de très vagues souvenirs de son passé ?  
Fâché, honteux d’être si facilement percé à jour, Erik alla s’enfermer dans sa chambre où il réfléchit énormément.
 
*Ces gens ne sont pas… normaux !*
 
S’il s’agissait de banal Mangemorts, ils l’auraient dénoncé depuis longtemps, elle la première ! Or… Rien ne se produisait en ce sens.
Décidé à aller au fond des choses, Erik réclama lui-même un sondage profond après dîner.  
 
Je ne me fermerai pas, je veux clarifier des choses… troublantes.

Bientôt il obtint confirmation de ne pas avoir affaire à de « mauvaises » personnes. En fait, tous poursuivaient un but identique : abattre le Lord Noir.  
 
C’est une croisade alors ?

Si tu veux le voir ainsi, sauf que ne pouvant espérer convertir le Mal en Bien, il faut l’éliminer dès sa racine…Mais ne revenons pas sur ça…pas ce soir ! Alix a appris beaucoup de choses en sondant ton esprit mais j’aimerais que tu parles de toi…Je sais que tu es un orphelin mais…

MAIS QUOI ?
 
Ce gars avait le don de l’énerver. Que cherchait-il à savoir ? Et elle ? Elle qui semblait déjà tout savoir ou en tout cas plus qu’elle ne le disait.   
Il se contrôla et leur fournit le seul témoignage qu’il possédait sur ses origine : la lettre de sa mère.  
Le prénom de son père parut remuer l’un et l’autre. Du coup, il se retrouva demi De Brent, frère de Michael. C’était dingue, mais… étrangement satisfaisant. Lui n’avait jamais connu aucune filiation, rien, et là… Peu importait que Démétrius ait été un salaud fini…
Il aurait volontiers bavardé avec son frangin sauf que la nièce de Voldemort en décida autrement : dodo les garçons.  Au petit-déjeuner, l’humeur de Michael n’était pas des meilleures. Il s’en ficha.
 
*J’ai un frère, j’ai un frère !...*
 
Si, tout compte fait, ils se ressemblaient au physique, les deux De Brent étaient très différents au mental. L’influence de sœur Tempérance ? Erik digérait au propre et au figuré beaucoup mieux que Michael qui se moqua de son appétit :
 
… Non, je n’ai pas ruiné le couvent en nourriture. Ça doit être la raison de ma fringale permanente. Ma… ma mère veillait mais les fonds manquaient pour une bande de gosses issus de… rien. Je crois enfin comprendre pourquoi elle m’a envoyé au professeur Rogue à la veille de mes onze ans…  J’aimerais le rencontrer encore, lui demander de… m’éclairer plus. Sinon, c’était assez chouette, là-bas…  
 
Michael essaya de le désenchanter en lui parlant de son enfance et adolescence pourries. De quoi piger son ressentiment envers les Mangemorts patentés.
Le déroulement suivant fut instructif à plus d’un titre. Pourtant le « meilleur » était à venir avec la révélation du plan débile conçu par Alix dans lequel il tiendrait une place de choix grâce à ses talents spéciaux.
 
*Rien que ça ? Forcer Lord Voldemort à… *
 
Néanmoins, cela ne semblait pas si aberrant que ça.  Sauf, évidemment, que Voldy ne fut pas très coopérant. La façon dont il expédia sa nièce dans les limbes… Erik pensa leur dernière heure venue. Il profita de la légère déstabilisation du Lord après les révélations de Michael quant à leur filiation pour… l’empêcher de les occire bellement.  En soi-disant bons soldats, ils durent se joindre aux troupes d’assaut contre Poudlard. Chacun fit ce qu’il put pour limiter la casse des gentils. Dès que Voldemort cerna Potter, ils désertèrent sans remords. Michael était obsessionnel : retrouver Alix.  
À sa place, ils découvrirent un étrange engin qu’aucun ne comprit sur le coup. Transplaner avec la machine ? Curieuse idée mais des vilains s’amenaient. Pour son frangin, la situation paraissait claire. Tonton avait expédié Alix dans un passé lointain.
 
*Et tu ne prétends pas amoureux… mon œil !*
 
 Tu es là…Dieu, que ça fait du bien !  
 
Il n’avait pas pu faire autrement que d’aller prévenir son Opaline de leurs projets insensés.  
Des aveux, il en fit. Les lui faire admettre dur.
 
 Non mais, ça va pas bien chez vous…une machine du temps ?...Vous avez fumé quelque chose, toi et ton frangin ?...Il est peut-être dingue, mais toi…tu déconnes grave…Pourquoi ?...T’en as des bonnes…tu crois que je vais te laisser aller tout seul ?...Tu me connais pas, Erik Niel…enfin…qui que tu sois !
 
Le reste alla tout seul ou presque… Justin, flanqué de sa Samantha se joignit à eux et ne tardèrent pas Angel et son Duc.  Tous les conseils étant les bienvenus…
 
Chacun, selon ses moyens – pas lourds pour sa part – apporta sa contribution à la constitution d’une petite fortune que la magie transforma en pièces locales plus facile à monnayer que des lingots.  
Marrant de voyager à dos de chameau ! Opaline parut assez rapidement agacée par ce mode de déplacement :
 
 On aurait dû avoir des chevaux, on s’endort presque entre les bosses de  ces bestioles…oui, je sais…Marchands, chameaux…j’ai pigé…en tout cas, cet endroit est insupportable…on crève de chaud le jour, de froid la nuit…
 
Sa belle oubliait fréquemment qu’elle était sorcière et que rien ne l’empêchait d’user de magie pour se rafraîchir ou se réchauffer. Discret, Erik lui expédia un petit sort glacial, se conservant le privilège de réchauffer Opaline par les nuits froides.
Son frangin broyait du noir en silence. Impossible de ne pas le comprendre ! Si Opaline avait été enlevée ainsi… Mais, évidemment, Michael n’était pas amoureux, lui !  Gag, tous avaient pigé ses réelles motivations à retrouver Alix, sauf lui-même…
 
Ce soir-là, Erik se sentait étrangement nerveux, chose très inhabituelle. Il aurait voulu échanger son tour de garde avec Angel pour rester le plus longtemps possible en compagnie de sa brunette adorée mais Miss Grisham n’avait pas voulu sous prétexte de bavardage entre filles.  Comment lutter contre de tels arguments ? Il sommeillait, puis ce cri désespéré :
 
ON NOUS ATTAQUE !!!!

Le temps de se dépatouiller de la tente effondrée sur eux, les hommes ne purent que constater les dégâts : tout était ravagé et… Sam manquait à l’appel. Gilmore sauta sur un chameau et fonça dans le désert tandis que Justin s’en prenait à Opal. Elle se défendait correctement, pas besoin d’intervenir à sa défense très bien plaidée, du reste. Celle qui paraissait une âme en peine était Angel qui semblait se reprocher de ne pas être parvenue à cacher la blondeur de Samantha.  
 
Tu as raison Opaline, ils devaient nous observer mais nul n’a rien remarqué. Va réconforter ta copine…  

Le Duc revint assez perplexe. À croire que les bandits s’étaient évaporés dans la nuit. Malgré ses yeux de chats, il avait perdu leurs traces mais était certain de la direction prise : Aurea !
Consignes furent données : profil bas à tous.
Angel distribua une nouvelle ration de potion de maquillage et une de langage. On descendit de chameau, et se mêla à la foule en attendant l’ouverture des portes de la cité aux dômes dorés.  La persuasion d’Erik fonctionna parfaitement et on les laissa entrer sans aucune question dérangeante.  
Pour quelqu’un qui n’avait connu que sa glaciale Suède puis la grisaille londonienne, Erik s’émerveilla facilement avec un tel changement. Il n’était pas le seul ! Opal et Angel se sentaient pousser des ailes de shopping mais, vu la tête tirée par les potes De Brent et Davenport, il n’en était pas question.  
Dommage car ces senteurs exotiques étaient enivrantes comme le chatoiement des soieries et l’éclat des ors, cuivres, argent.  
Les patronus des potes en mal d’absence confirmèrent la présence des disparues dans un Palais assez écarté du centre.  Ils vendirent leurs montures à un bon prix, louèrent deux chambres dans une auberge pas trop sordide, et firent le point face à des plats très épicés dont un faillit rendre Erik malade malgré un estomac à digérer des briques.  Gilmore qui avait la bougeotte et un don d’infiltration assez similaire à celui de De Brent partit en sa compagnie afin de glaner des informations sur le Palais, ses us et coutumes.
Tout bas, à Opaline, Erik avoua :
 
Je suis contre une attaque musclée d’un site inconnu… Tu les as entendus, non ? Ils veulent foncer dans le tas, récupérer les filles, et transplaner… S’ils persistent, faudra les endormir !  
 
On discuta le coup en incluant Angel dans la conversation.
 
… ok, on verra ce que les autres auront glané…  
 
Misère, son frangin semblait à bout de nerf en revenant. Le Palais était infranchissable. De plus, des rumeurs alarmantes circulaient : une vente d’esclaves d’exception allait avoir lieu le lendemain soir. Les sommes envisagées à débourser frisaient des sommets astronomiques. Peut-être que leurs avoirs suffiraient au rachat de l’une mais pas des deux si elles faisaient partie du lot…  
Angel fit une proposition ahurissante : s’introduire au sérail afin de capter les procédures et s’assurer de l’état des captives. Son duc tempêta mais Miss Grisham avait plus d’une fiole dans son sac. Évidemment Opaline ne voulut pas la lâcher.
 
*Zut !* Je ne discuterai pas ma chérie, avec toi c’est inutile. Je pense que pendant que vous étudiez ces lieux, nous trois on devrait aller… jouer…
 
Tollé de récriminations dont se défendit Erik :
 
… Non, je ne connais pas les jeux d’argent de ce coin, ni de cette époque mais j’apprends vite puis… nous sommes des sorciers ou non ?  
 
Ils commencèrent à écumer les tripots…
Erik Nielsen
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Message par J.O West Dim Nov 17 2013, 23:48

Tous les espoirs permis ? À d’autres…
 
Dans tes rêves, James !
 
Et voilà !  Miss évaporée et lui, seul et  fourbu de fatigue. La guerre c’était son truc, mais pas ce genre de combat !
 
*Qu’est- ce qu’on fait pas pour impressionner une fille ?*
 
Sauf que dans son cas, sans trop de succès.  De retour à son solitaire manoir, son humeur n’avait rien de joyeux. Cebius, discret comme une ombre, s’occupa de lui couler un bain, de lui apporter à boire, et plus tard à manger.
 
*Ta vie est répugnante…tu as tout et te fous de tout. C’est fichu…sans espoir !*
 
J’oserais dire, si vous le permettez, Monsieur,  que vous semblez avoir un problème.
 
Retour sur terre, il leva le nez de son assiette et dévisagea Cebius qui le considérait, un tantinet apitoyé.
 
Un seul ?...Ce serait merveilleux, ironisa-t’il.
 
Avec Miss Grisham, je veux dire.
 
L’homme devait être clairvoyant ou l’observait à tout bout portant. J.O posa les couverts, s’essuya la bouche, fit un effort pour ne pas soupirer et se leva.
 
C’est pas un problème, Cebius,  c’est une catastrophe…elle ne me supporte pas…enfin, tout juste si, et encore, par politesse…
 
Monsieur ne semble pas comprendre que sa condition sociale le met au-dessus de la plupart, Miss Grisham, elle, l’a très bien compris. Elle sait exactement où se trouve sa place et la vôtre.
 
Merci, Cebius, ça me réconforte énormément, il souffla agacé, vous n’avez rien de mieux à me dire ? Un petit conseil sympa , au lieu de me rabattre les oreilles avec ces sornettes sociales…Tout ce que je fais semble déplacé…Par exemple, je sais qu’elle traverse par une période très difficile, d’abord son officine qui part en fumée, maintenant reste sans boulot…mais si je vais lui offrir mon aide, elle me rira au nez et m’enverra balader.

Le contraire serait surprenant, mais le sang de grands diplomates coulant dans vos veines, Monsieur, il n’y a aucun doute que vous trouverez une solution adéquate. Si Monsieur n’a besoin de rien de plus, je me retire !
 
Bonsoir, Cebius…
 
Désappointé et même un poil déprimé, il repassait ses idées de rapprochement, mais les rejetait une après l’autre. S’il devait comprendre les cryptiques conseils de Cebius, à lui tout seul, le résultat serait nul. Diplomatie ?...Joli mot mais il n’était pas exactement doué en la matière. En tant que soldat il avait appris à foncer d’abord et poser des questions après. Là, cette méthode directe était vouée à l’échec.
La solution vint au petit matin : Intermédiaire !  Décidé à mettre en vigueur l’idée, il passa le reste de la nuit à la peaufiner et le lendemain de bonne heure on le vit débarquer au Ministère. Tous les sorciers recensés avaient une fiche, au département de Registre Général,  où se trouvaient toutes les données susceptibles d’intérêt.  Pour une fois,  James Oliver Strang fit valoir titre et influence pour avoir accès à ce qu’il cherchait. La fiche personnelle d’Angel Grisham apporta quelque lumière sur certains points.  Sang-mêlé, mère sorcière, père moldu contraire à la magie, la miss avait été élevée par sa grand-mère maternelle, Rose Peventies…
Un cottage coquet, grange annexe, jardin merveilleusement soigné. Les lieux, dignes d’une carte postale, étaient paisibles en cette après-midi de printemps mais J.O n’était pas là pour contempler le paysage.  Un peu nerveux, il  fit tinter la cloche qui tenait lieu de sonnette et patienta, s’attendant à n’importe quoi.
Petite, un peu boulotte, cheveux gris en chignon avec quelques mèches folles, l’œil pétillant et l’esprit vif, la dame de céans resta sur le seuil , détaillant sans gêne le jeune homme qui venait troubler sa petite routine.
 
À simple vue, je dirais que vous ne vendez pas des aspirateurs !, dit-elle finalement.
 
Euh, non, pas du tout…excusez-moi, je suis James Oliver West…Strang…ami de votre petite fille.
 
West ou Strang ?
 
Strang…je …
 
Je lis les journaux et sais qui vous êtes.
 
*Et merde…fichu d’avance !*
 
Mais on va faire comme si pas, ajouta-t’elle, amusée, vous dites être ami de ma petite Angel…quelle sorte d’ami ? Parce que de nos jours on sait plus trop à quoi s’en tenir.
 
Ami…tout simplement…Bonjour, bonsoir, rien de plus !
 
Elle doit être aveugle, ma petite, soliloqua la dame puis se reprenant l’invita à entrer et passer au petit salon impeccable,  rassurez moi de suite…ma petite Angel va bien ?...
 
Il la rassura de son mieux  et accepta une tasse de thé et des biscuits.  Actualités, climat. On tourna poliment autour du pot puis, sans départir de son sourire espiègle Mrs. Peventies coupa court :
 
Vous êtes un gentil garçon, James, Duc ou pas mais je suppose que vous n’êtes pas venu de Londres pour parler de la pluie et le beau temps…qu’y a t’il ?

Sans plus de détours, il vida son sac , elle écouta sans interrompre pour enfin soupirer sitôt le dernier mot dit.
 
Tout à fait mon Angel. Cette petite est  obstinée et orgueilleuse, de son gré, elle ne m’en soufflerait pas mot. J’ai su pour l’officine et encore, après interrogatoire serré mais bien sûr pas un mot sur les derniers malheurs. Ainsi, vous êtes décidé à l’aider…mais bien sûr…
 
Vous avez tout compris ! Elle n’accepterait jamais rien venant de moi…elle me tient pour une espèce de bon à rien, parasite social et que sais-je d’autre.
 
Trop beau, trop riche, trop duc…c’est quand même digne d’être tenu en compte…mais ne faites pas cette tête, c’est pas si mauvais que ça…ça pourrait être pire !
 
Merci de le dire…

Elle rit doucement, se leva , disparut dans la cuisine et revint avec une carafe et deux verres.
 
Buvez donc, ça vous remettra les esprits à la bonne place. Vous voulez donc que je joue les intermédiaires pour aider cette tête de mule sans qu’elle le sache…J’adore cette enfant, elle est tout ce que j’ai…je vais donc être votre complice, et à nous deux on va lui faciliter l’existence…pour le reste vous devrez vous y prendre tout seul…si je pipe un mot, elle découvre le pot aux roses…
 
Vous êtes merveilleuse, Madame !
 
Allons, mon petit…vous pouvez bien me dire Mamy Rose ! À votre santé !
 
Qu’elle était mignonne en croquant son sandwich, tout en épluchant les annonces du journal. À force de la regarder, il réussit à lui faire lever la tête.
 
James ? Quel bon vent t’amène par ici ?
 
Euh, je passais tout juste…et en te voyant  me suis demandé si par hasard tu n’aurais pas de nouvelles de Justin Davenport !
 
Le reste alla tout seul. Simple enchainement de faits. Justin semblait avoir disparu,  des rumeurs assez moches couraient les couloirs du Ministère, la seule qui pouvait savoir quelque chose était Opal McLane mais elle aussi semblait avoir pris la clé des champs, comme le prouva la visite éclair à son domicile. Le patronus d’Angel envoyé en reconnaissance fut de retour avec des nouvelles  inquiétantes.
 
Un lieu incartable mais avec une limite assez précise. Je vais y aller !  
 
On y va !

Ce qui doit arriver, arrive ! J.O préféra, par la suite immédiate, ne pas trop penser aux derniers événements. L’air sec et brûlant du désert lui ramenait des souvenirs pas trop agréables mais là au moins, on ne lui tirait pas dessus et il n’y avait pas de mines enterrées dans le sable.
 
Comment s’arrangeait-il pour se trouver dans une situation pareille ? Plus simple, on en meurt…pour les beaux yeux d’une fille qui ne voulait pas de lui…enfin, pas trop ! Le voilà transformé en marchand arabe en route vers Dieu sait où !  La cause de ses déboires, l’Ignorait allègrement, trop prise au papotage avec son amie et sans doute très satisfaite d’avoir réussi un tour de force avec ses potions qui avaient transformé tout le monde pour ne pas dépareiller dans la soupe locale.
Il tirait la gueule. C’était son bon droit après tout ! Être pris de court le mettait de mauvais poil. Non seulement il suivait Angel dans une aventure farfelue, découvrir qui était l’instigateur de l’affaire faillit le faire disjoncter. Impossible ne pas le reconnaître, son portrait tapissait les murs du Ministère :  un mangemort pur et dur, de la pire espèce. Sam mit les pendules à l’heure en dévoilant quelques secrets bien gardés. Tant mieux !
Mais surprise ou pas, le groupe s’était bien organisé. Outre de l’or en quantité conséquente, un petit arsenal bien camouflé les faisait se sentir plus tranquilles.  Sans se joindre à d’autres caravanes, ils suivaient de loin leur route.
Loin d’être une promenade-santé, leur parcours était ardu. Le climat du désert est inclément et les pièges cachés sont nombreux. Sables mouvants, tornades soudaines, tempêtes de sable, oasis à sec,  serpents, scorpions et brigands aux aguets. Avec Michael, il était le seul à avoir une rigoureuse formation militaire, à eux d’assumer la protection et surveillance.
Mais cela ne servit de rien, ce soir-là. Après une journée particulièrement éprouvante, J.O s’était effondré sous la tente et s’était endormi comme une souche. Le cri d’alarme le tira d’un sommeil profond au temps de se voir enseveli sous les plis de toile. Le temps de jaillir de ce piège, leurs attaquants filaient déjà avec leur butin : Sam.
L’once s’élança sur le sable, longues foulées cadencées, silencieuse comme une ombre mouvante, se confondant dans la nuit. Le félin suivit les brigands à cheval jusqu’à leur repaire, à l’abri des rochers. Avec souple aisance, l’once gagna une hauteur, lui permettant d’observer et entendre ce qui se passait dans ce singulier campement. Sam ne fut pas rudoyée, au contraire, on la traita avec une déférence extasiée.
 
*Brave petite, elle se la joue à la vélane, sont fichus, ces types !*
 
Instruit sur les intentions des malfrats et rassuré sur le sort de la jeune femme,  l’animagus retourna auprès de ses amis. La consternation régnait.
 
Sam va bien. On l’emmène à Aurea, c’est à moins d’une journée de route, vers l’ouest.  Rassure-toi, Justin, c’est un groupe d’hommes et Sam est une vélane exercée…ils sont à sa merci. Avec un peu de chance, elle sera  mise aux bons soins d’un marchand d’esclaves…
 
Il faillit s’en prendre plein la gueule de part d’un Davenport hors de lui, il para l’attaque et le retint.
 
Je comprends que tu sois fou de préoccupation mais elle va bien…n’oublie pas que ce n’est pas une douce créature sans défense, si quelqu’un sait comment se tirer d’une situation pareille, c’est bien elle.
 
Angel semblait passablement angoissée et il aurait pu presque jurer qu’elle se réjouissait de le voir, sans rien dire, parfois il vaut mieux se taire, ils s’assirent près du feu. Il passa tout simplement son bras sur ses épaules et la retint contre lui. Elle ne protesta pas ni chercha à s’écarter. Cela suffisait, c’était bon, rassurant.
 
Aurea, la magnifique, faisant honneur à son nom. Dômes et minarets, scintillants au soleil. Un mirage fastueux au milieu des sables éternels.  Mais c’était juste la première impression, bonne pour les touristes. Pour l’œil exercé, il s’agissait d’une formidable fortification, suivant le modèle mis en vigueur en ce même siècle, en Europe.  Parfaitement défendue, et aux accès restreints à deux portes, la ville se révélait pratiquement inexpugnable à moins de l’attaquer par voie aérienne, ce qui ne serait jamais le cas au 17ème siècle où ils avaient l’heur de se trouver.
Pendant qu’il s’occupait à savoir comment s’y prendre pour soumettre certaines surveillances, ses compagnons mettaient à point la stratégie à suivre pour rescaper Sam et Alix des mains du marchand d’esclaves.  Leur façon d’agir obéissait à certaines informations glanées çà et là…
J.O lança les dés…il gagnait de nouveau ! Tricher au jeu ne lui ressemblait pas mais là, impossible risquer la chance. L’enjeu était énorme…
J.O West
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Message par Alix Blackstorm Mar Nov 19 2013, 08:52

Une histoire de fous ! Pourquoi l’expédier dans le temps en terre lointaine ? De plus par quel prodige comprenait-elle tout ce qu’on lui disait ? Potion, sortilège ? Impossible à savoir. Ladite Fatma insista pour qu’elle tombe ses voiles. Effarement général, cris !
 
Mais… tu es… blanche !  D’où sors-tu, malheureuse ?
 
Alix n’allait pas leur dire de Londres 20ème siècle, ni quoi que ce soit d’ailleurs. Elle baissa le menton, prudente :
 
Je… je ne sais plus.  
 
Regarde-moi quand je te parle ! gronda la matrone.
 
Obéir, que faire d’autre ?
 
Ces yeux… ce teint… cette peau douce… Et le reste, c’est quoi ?
 
Humiliation ! Sous ses ordres, Fatma obligea les autres femmes à la dévêtir quasi complètement. Elle eut beau ruer, on la bâillonna, la musela.  
 
Dieu est grand ! Il nous a envoyé un trésor. Je vous interdis de la laisser sortir sans escorte serrée, sans être couverte de la tête aux pieds. Nous allons préparer une grande surprise au maître qui n’aura même pas encore remarqué ce tas de nippes grossières.  Toi, tu files droit et… tout ira bien…  Va falloir te remplumer un peu… tu es maigre comme une planche à pain !  
 
*Plutôt crever !*
 
Ces femmes, liguées pour une cause soi-disant juste, s’efforcèrent de la gaver mieux qu’une oie. Surveillée 24h sur 24, Alix ne sut pas résister malgré ses tentatives de régurgiter.  
Leur camp déménageait tous les jours mais tout essai d’évasion était exclu. D’ailleurs, où serait-elle allée ?  Du reste, ce groupe de femmes la soignait aux petits oignons. Bains parfumés, massages d’huiles, manucure, pédicure, parfums… Elle tint bon en se rappelant bêtement tous les moments passés avec Michael De Brent. Qu’était-il advenu de lui ? Avait-il seulement survécu ?  Elle souhaitait que oui mais à quoi bon se lamenter pour quelqu’un qui tenait à peine à elle ?  N’empêche que le souvenir de ses baisers suffisait à renforcer sa ténacité.
 
*Quand je saurai comment filer… Quand je retrouverai ma baguette, quand…*
 
Comme prévu, le despote qui dirigeait la caravane ne remarqua pas son absence.
Alors que l’on abordait une grande cité, qu’elle entrevit à peine sous son voilage hermétique, Alix osa demander à Fatma :
 
Où est-on ? Que faisons-nous-là ?
 
Aurea ! Le plus gros centre de jeux et de marché… d’esclaves !  Mon maître est avide et brutal. On va t’en trouver un autre et, tu assures notre fortune !
 
Voilée complètement, Alix fut contrainte, couteau dans les côtes, de quitter le logement réservé aux servantes. Fatma ne la lâcha pas d’une semelle. Quasi aveugle, elle perçut trois coups à une porte qui s’ouvrit pour leur livrer le passage.  
 
Farid est là ? demanda aussitôt Fatma.
 
Il t’attend. C’est… le colis ?
 
Acquiescement, elles allèrent plus avant.
 
Tu ne bronches pas ! conseilla sa garde-chiourme. Je vais négocier.  
 
Salutations, salamalecs, Alix comprit tout de la transaction en cours après bien des palabres auxquelles elle ne put prendre part encadrée comme elle l’était. Fatma la présentait comme une Lady anglaise qui avait survécu au naufrage de son navire.
 
Sa beauté est grande…
 
*Hein ? Depuis quand ?*
 
Peau de pêche, teint de lait… tout pour plaire au… plus offrant. Encore rétive, mais ça s’arrangera…  
 
Comme de bien entendu l’autre voulut s’assurer de la marchandise. Qui achèterait un chat dans un sac ?
La vive lumière des lampes à huile, éblouit Alix quand sa gardienne souleva son voile. Le marchand fut éblouit pour tout autre chose. Alix lui aurait bien craché dessus si la lame du couteau n’avait pas été si proche de son flanc. Écœurée, elle subit des palpations très dérangeantes en fustigeant l’individu gros et gras de son plus méchant regard. 
 
Quels yeux… et si j’en juge par ce que je tâte, ce qu’il y a plus bas est vraiment… intéressant… Combien veux-tu ?
 
20% de la vente !
 
Le marchandage se poursuivit jusqu’à tomber d’accord à 12,5.  Fatma se frotta les mains en abandonnant Alix à celles de Farid ben Ahmed fournisseur particulier du Harem du sultan et directeur des ventes du marché d’esclaves.
 
Fatma, supplia-t-elle, je devais avoir un objet en bois avec moi. Ne puis-je le ravoir ?
 
Ni oui, ni non. Alix fut menée par deux autres femmes à des appartements dits privilégiés.  
 
La petite Layla était mignonne comme son cœur. Le désarroi de la nouvelle était si palpable qu’elle la prit vite en pitié surtout quand, malgré foule de bonne volonté, la soi-disant Lady d’Hereford refusa de s’alimenter et de boire.
 
Farid me battra si tu ne coopères pas… j’ai promis !  Le Sultan donnera un bon prix pour toi, il est très gentil…
 
Mutisme total. Au moins, à part Layla, nul ne la visitait. Lorsque cette dernière revint avec un œil poché et d’autres contusions, l’air souffrant, Alix céda… un peu. Elle but l’eau, le lait de chèvre, grignota quelques dattes, juste pour lui faire plaisir, lui éviter les coups. Avec son fin palais très entraîné à détecter les drogues, Alix éluda certains pièges.  Amorphe on la voulait ? Elle joua le jeu tout en se demandant s’il en valait la chandelle.  
Une nuit, Layla, très embarrassée, vint la voir :
 
Je… je voudrais t’éviter cela mais les matrones doivent savoir si tu as déjà connu un homme…
 
*Hein ?* Mais… non, aucun…  

Si son cri du cœur convainquit la jeune servante, les matrones voulurent s’en assurer quand même.
Pendant qu’Alix pleurait après cet examen intime, Farid se frotta davantage les mains !  
 
Son sort était réglé, elle serait vendue avant peu. Ses gardiennes faisaient bien leur boulot, aucun objet tranchant ou piquant à portée, jamais.  
 
*Je vais fracasser la table basse et me poignarderai avec un éclat…*  
 
Elle en était là de ses sombres pensées que même le souvenir de Michael ne parvenait plus à en sortir lorsqu’elle perçut dans son dos paroles et bruits d’intrusion.  Elle s’en ficha. On lui toucha l’épaule et lui parla… anglais :

Je pense savoir qui tu es…  
 
La surprise la fit bondir sur pied, prête à cogner au besoin. Une très belle jeune femme blonde lui souriait :
 
 Alix ?...Alix Blackstorm ?...Telle qu’il t’a décrite…
 
Qui ? Farid, ce porc ?
 
Michael, voyons…
 
Michael ? Michael De Brent ? D’où le connais-tu ? Comment va-t-il ? Où est-il ?
 
La suite la fit se rasseoir, éberluée.  Ainsi Michael avait non seulement survécu mais avait entraîné ses amis, et les amis de ses amis, à sa poursuite ?  
 
*Pourquoi fait-il ça ?*
 
 Et celle qui se présenta comme la copine de Justin Davenport lui raconta toute l’affaire… connue jusqu’à son propre enlèvement. Selon Miss Forrester, ils allaient venir. D’une manière ou d’une autre, ils les récupèreraient. Ils étaient venus avec une machine à remonter le temps et escomptaient en retrouver l’usage pour sortir de cet enfer.  
 
… Merci de ces informations mais je crains fort que ce ne soit trop tard.  Selon Layla ma vente est prévue dans deux jours… Sam, je peux t’appeler Sam ?, je suis désolée d’être responsable de tout cela…  Non, aucune idée du pourquoi mon oncle m’a envoyée ici !  
 
Savoir Michael aussi attentif que proche la réconforta un peu, juste un peu.  
Elles n’eurent pas trop le loisir de discuter beaucoup ; les matrones voulaient examiner Samantha. Elle en revint enragée, humiliée.  Bains, soins, épilation… On étrilla les futures juments.
Sam lui avait confié son don sur les hommes mais puisqu’elles n’étaient entourées que de femmes…
Puis, le jour de la vente, se glissa chez elles un chat abyssin qui se révéla ne pas en être un.
Message express, demandes précises, elles fournirent tout ce qu’elles pouvaient avant que le chat ne vide les lieux.  
 
… oui, soupira Alix, tant qu’il y a de la vie
 
 Le grand soir, on les para mieux que des animaux de concours. Chose très inhabituelles, elles seraient présentées ensemble. Deux blanches… c’était rare…  
Scrutant la salle bondée d’amateurs de chair fraîche, Alix se sentit prête à défaillir en croisant le regard farouche qui ne la quitta plus.  
 
*Michael…*
 
Malgré son teint basané, sa barbe, ses yeux marron, elle l’aurait reconnu entre mille. 
 
Ce soir, annonçait le meneur des débats, nous avons un choix digne de… notre Sultan. ( Courbette envers un éminent personnage enturbanné de blanc et d’or) L’une est brune, l’autre blonde mais toutes deux d’une pureté sans tache !  
 
Des voiles tombèrent révélant leurs traits. Oh, et ah…  
 
Vous pouvez prendre le lot ou… le séparer, au choix. Mise à prix des deux : 300.000 sequins !
 
Les enchères grimpèrent lentement mais sûrement.  Puis, un idiot réclama d’en voir plus sur les anatomies des supposées déesses.  Justin, au risque de se prendre le poing  de son pote dans la gueule, offrit une somme faramineuse pour acheter Sam et, avant que Michael ait pu répliquer, un individu largement couvert annonça d’une vois sépulcrale :
 
Un million de sequins pour la brune.  
 
Il lui sembla que la scène se figeait et ne se réveilla qu’au petit jour avec un plateau bien garni à proximité de sa main. 
 
Je savais que tu viendrais. Tout était prévu, ma chère… nièce !
 
Elle faillit retomber dans les vapes…   
 
Son… oncle ? Ce gars avait une bonne cinquantaine d’années tout au plus.
 
Tu t’interroges, et c’est normal ! Bois donc du thé, il est bon.
 
Je préfère le café.
 
Comme tu veux !
 
Claquement de baguette, un café serré se matérialisa.  
 
C’est vous ? Vraiment vous ? Enfin… toi ?  
 
En Angleterre je suis parvenu au stade ultime des forces du mal. Cette prophétie m’a donné du fil à retordre mais j’ai pris quelques… précautions, justifiées apparemment. Car, si tu es là, c’est que mon autre moi n’est plus.  
 
Co… Comment sais-tu ce qui se passe ou s’est passé là-bas ? Vais devenir folle d’absurdité, moi !  
 
Je me suis dédoublé, tout simplement. Si l’un mourrait, l’autre reprendrait le flambeau. C’est fait. Ensemble, toi et moi, nous allons rebâtir ce que ce damné Potter nous a ôté !
 
Tu vas encore tuer, torturer des gens ?

Je suis en train de retourner cette contrée. Mon influence grandit.  Tu es MON futur, mais tu n’es pas encore prête, je le sens bien. J’ai dépensé une petite fortune pour toi, ne l’oublie jamais. Tu ne sortiras pas du domaine avant que j’aie enfin totale confiance en toi. Va dans les jardins, goûte-s’y les parfums, les fruits mais ne trahit pas, ou…
 
Ce n’était pas possible, pas possible ! L’abattement la saisit toute :
 
*Michael, où es-tu ?*    
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Message par Michael De Brent Mar Nov 19 2013, 11:06

Prendre des risques, c’était son affaire. Risquer la peau, son jour le jour. Il y avait toujours une noble cause à défendre, c’est su ! Mais là, ce n’était plus  une affaire d’ordre mondial. La disparition de Miss Blackstorm n’affecterait en rien le bon déroulement du futur, pour le reste du monde ça ne ferait qu’une Mangemorte en moins et personne ne s’en porterait pas plus mal…sauf lui ! Comme quoi, cet énorme pari n’était autre chose qu’une affaire nettement personnelle.
Une affaire personnelle à résoudre en groupe. Il s’en voulait un peu d’avoir mêlé tout ce beau monde à cette aventure débile mais s’avouait ravi de pouvoir compter avec des collaborateurs pareils. Amen.
L’enlèvement de Sam  fut le détonnant final.  Savoir où se trouvait la miss aidait, certainement, ils suivaient une piste sûre. L’humeur de Justin avait viré au noir massacre, la seule à lui dire quatre vérités bien en face, fut l’australienne à la langue bien pendue, sans tort en rien. Sam était parfaitement capable de se défendre et s’en sortir comme une fleur de la mésaventure. Quand il ratifia la remarque d’Opal, son ami faillit lui sauter dessus en gueulant que sans doute « sa » mangemorte ne s’en portait pas plus mal, non plus. Il aurait riposté, emporté, si Erik ne l’avait pas retenu et tracté un peu plus loin en assurant que de rien ne servirait se crêper le chignon entre alliés.
 
Ouais, t’as pas tort, mais ça m’énerve quand il parle comme ça d’Alix…
 
Son frère s’était limité à lui tapoter l’épaule, compatissant, avant d’aller rejoindre son Opaline chérie et le laisser seul, avec  sa croissante amertume. Justin avait sans doute raison, Miss Blackstorm n’était, non plus, une petite demoiselle démunie face aux douteux avatars de la vie, n’empêche qu’il ne pouvait pas arrêter d’y penser, et à force d’imaginer toute sorte de calamités, il en perdait le sommeil, l’appétit et l’envie de tout autre chose qui ne fut foncer pour la tirer de cette impasse absurde.
Il ne voulait pas trop penser à quel sentiment obéissait ce désir de la retrouver. Entre eux, il n’y avait rien eu au-delà de…presque rien ! Cela n’avait été qu’une attraction passagère, à peine correspondue, que l’Oncle de la belle s’était vite chargé d’éradiquer…et puis ça !
 
*ÇA suffit…tu la retrouves, la rends à son temps, elle retourne chez elle et toi…tu fais ce que tu veux…Mais…qu’est-ce que tu veux, triste idiot !?*
 
Il n’en savait trois fois rien, ou le savait et voulait l’ignorer. Arcanes compliquées de l’esprit. C’est dans cet état yo-yo de sentiments contradictoires que Michael découvrit Aurea.  Belle cité, formidable forteresse, grouillante d’une foule bariolée, criarde, faisant ressembler rues et venelles à un grand bazar en pleine agitation, où l’on vendait de tout et si pas, on l’offrait pour après. Ils n’étaient pas intéressés aux tapis somptueux, aux soieries chatoyantes, aux épices parfumées, bijoux ou toute autre chose. Il ne leur fallait que de l’information. Fiable, sûre.  Ils l’eurent.
 
C’est pour après-demain…la rumeur court que deux femmes blanches seront le plus gros enjeu de la vente…personne ne les a vues,  elles  sont enfermées dans le sérail de Al Azaoui, le grand marchand d’esclaves, fournisseur exclusif du Sultan…Bien sûr que ce sont elles, Justin…qui d’autre…Cendrillon et Blanche-Neige !?...Ouais, la mise sera très élevée…Astronomique, selon les connaisseurs qui ont leurs sources d’information au sein même de la maison…À combien se comptent nos avoirs ?
 

Ils convoyaient une fortune en or mais valant mieux s’assurer, l’idée de la multiplier sembla plus qu’acceptable et pour ce faire, la seule solution était faire une tournée des divers tripots qui faisaient d’Aurea, en plus de centre de commerce, une espèce de Las Vegas, couleur locale.
La chance leur fut fidèle. Qu’elle vint seule ou fut induite n’intéressait personne. Ils s’étaient répartis en différent établissements. Ensemble, quatre inconnus faisant table rase à chaque jeu, aurait fini par soulever des suspicions. De retour à l’auberge, le bilan fut absolument positif. Le vente aurait lieu le lendemain à la tombée du jour.
Opal et Angel profitèrent de leur don d’animagi discrets, toutes deux se transformaient en chats, pour se glisser dans le sérail et instruire les prisonnières sur leurs plans.
 
La salle était archi-comble. La nouvelle que deux femmes blanches, de grande beauté, seraient  du lot avait attiré tous les hommes fortunés des alentours. Michael tenait mal sur place, Justin frisait la crise de nerfs. Blabla de rigueur, présentation de quelques jeunes femmes sans grand intérêt puis, le clou de la soirée.
 
Ce soir, nous avons un choix digne de… notre Sultan. L’une est brune, l’autre blonde mais toutes deux d’une pureté sans tache !  
 
Il avait deviné Alix avant même qu’on ôte les voiles épais qui la couvraient. Nerveuse, elle avait parcouru l’assistance du regard . Leurs yeux s’étaient rencontrés.
 
*Je suis là…pour toi !*
 
Si on l’avait laissé, il aurait stupefixé tous ces imbéciles libidineux qui faisaient déjà des gorges chaudes en la détaillant comme à vulgaire marchandise.
 
La vue de tant de splendeur révélée provoqua un remous admiratif. Elles étaient tout simplement à couper le souffle.

Vous pouvez prendre le lot ou… le séparer, au choix. Mise à prix des deux : 300.000 sequins !
 

Les enchères allaient bon train jusqu’au moment où un des spectateurs, très émoustillé demanda à voir plus de ces plastiques parfaites.  Justin perdit la tête et avant qu’il puisse le retenir, avait fait une offre extraordinaire pour…Sam !
 
Imbécile, on veut les deux !
 
Si Erik ne s’en était pas mêlé, il lui aurait fait la peau, à son meilleur ami.  Personne n’osant remonter l’enchère, Sam fut gracieusement vendue à son futur mari. Michael allait ouvrir la bouche pour  mettre le prix d’Alix hors d’atteinte quand une voix caverneuse se laissa entendre :
 
Un million de sequins pour la brune.  
 
Que se passa-t’il ? Personne n’aurait su le dire exactement.  Le temps se figea  l’espace d’un instant avant de reprendre son cours mais pour alors, Alix avait disparu et à sa place restait un coffret débordant de sequins.  Sa Seigneurie le Duc, se chargea de l’assommer dûment pour éviter une scène sanglante.
Michael reprit ses esprits, un peu plus tard, dans la chambre d’auberge. Son premier réflexe, sauter sur Justin dans l’intention de lui régler son compte séance tenante. Sam, s’interposa et lui envoya une gifle à lui en retourner la tête tout en lui larguant un discours où il en allait fort sur les méfaits de l’ingratitude.
 
Ingrat !? Tu es aussi folle que lui…soit, suis content que tu t’en sois si bien tirée mais et Alix ?...Elle s’est enfumée…on l’a faite s’enfumer ! Qui ? Pourquoi ?...Où est-elle ?
 
On essaya de le calmer, rien n’y fit. Pire que fauve en cage, il tournait en rond en soliloquant comme un fou. Faute de mieux, on lui servit à boire, il était si furieux que le verre servi fut avalé d’un trait…pour s’affaler l’instant d’après dans les bras secourables de son frère. Les potions de Miss Grisham étaient très effectives !
Michael retourna des limbes dans un lit aux tentures de soie, qu’il écarta pour regarder ce qui l’entourait.  Tapis somptueux couvrant le sol, murs tendus d’étoffes exquises, et tous détails nécessaires pour fournir un confort incomparable. Cela ne ressemblait en rien à la chambre d’auberge et encore moins aux tentes de leur campement de voyage. Des bruits divers lui parvenaient de l’extérieur, celui ai attira le plus son attention fut le hennissement vigoureux d’un cheval, or aux dernières nouvelles, ils ne disposaient que de chameaux.  Une pensée  terrible lui traversa l’esprit en se levant brusquement.
 
Ces salauds m’ont vendu !
 
Il aurait encore fallu se demander qui voudrait acheter un énergumène pareil !  On ne lui avait pas laissé grand-chose sur le dos, qu’à cela ne tienne, il surgit de la tente comme diable de sa boîte et resta littéralement abasourdi face au spectacle découvert.  Dans le verdure fraîche d’une oasis,  au bord d’un étang clair, sous une riche dais de toile, se tenaient ses amis, en train de manger tranquillement tout en bavardant avec animation, autour d’un vieillard de vénérable allure. Une longue table, croulait sous une diversité ahurissante de nourriture aux effluves appétissants, alors que deux  serviteurs faisaient la navette pour renouveler les plats des convives et remplir leurs coupes d’argent.
 
QUELQU’UN PEUT M’EXPLIQUER À QUOI VIENT CE BORDEL !?
 
On le regarda avec un certain dépit, il venait de ficher leur bucolique paix en l’air. Un serviteur jailli de nulle part, lui mit un riche vêtement sur le dos et force courbettes, l’escorta auprès des autres qui avaient arrêté de parler et manger. Justin, affichant un calme souverain prit la parole, après l’avoir fait s’asseoir , lui expliqua qu’il y avait un changement de plans et s’étendit à souhait sur les détails pertinents., pour acte suivi présenter le vieil homme.  Michael dut faire un effort pour ne pas trépigner comme gosse enragé.
 
Alors, on a quitté la ville, on est quelque part à jouer les grands princes et tout sur le conseil d’un…DJINN !?...Un DJINN, figure mythologique du coin…esprit affabulateur qui peut aussi bien servir le Bien que le Mal… Tiens ça te la coupe, hein !? Suis pas si con que ça…je sais lire aussi…
 
On passa outre l’éclat, on en avait l’habitude.  Amir, le djinn semblait beaucoup s’amuser. Il leva la main et calma les esprits puis prit posément la parole.
 
Ouvre ton esprit, homme borné, au-delà des frontières de ton monde en existent d’autres, vastes à l’infini. Tu es un sorcier, je suis un Djinn.  Tu es mortel et obtus, je suis sage et immortel…et ne sers que le Bien. Je suis vos déboires depuis votre arrivée en ces terres, curieux de voir comment vous pouviez vous débrouiller…jusqu’hier soir, très bien mais là sont entrées en jeu de forces vous dépassant.
 

Merci de l’information…et bien entendu, je dois supposer que ton esprit d’infinie sagesse et générosité sait commet pallier cette force qui nous dépasse !
 
Le vieil homme soupira puis sourit, condescendant.
 
De rien ne te servira tant d’arrogance pour retrouver celle que tu cherches. Si tu laisses la colère t’aveugler, tu ne verras jamais la lumière au bout du tunnel.
 
Compatissant, le Duc lui tendit une coupe de vin et son frère lui conseilla de se calmer. Un nouveau plan d’action s’élaborait. Le Djinn, qui semblait tout savoir, connaissait les lieux où était retenue Alix.
 
C’est le Grand Vizir qui l’a achetée bien qu’il aurait pu l’avoir sans dépenser un sequin. Ce n’est pas un homme commun…Amir sait bien qu’il s’agit d’un puissant sorcier noir qui complote pour spolier le Sultan…il le manipule déjà à sa guise…Quand il aura le pouvoir total sur la cité, il fera de celle-ci le centre de convergence des forces du mal, il ralliera les ennemis du royaume et peu à peu étendra son pouvoir au-delà des frontières…
 

*Qu’on me pende si ça ne me rappelle pas mon ancien Boss !*
 
À leur premier essai, ils étaient arrivés à Aurea comme des discrets marchands que peu ou personne n’avait trop remarqués. Cette fois il s’agissait de faire le contraire. Ils se présenteraient aux portes de la cité en tant que richissimes princes venus de Loin, ce qui pouvait signifier n’importe quoi.  Le Sultan friand de nouveauté et de nature hospitalière n’hésiterait à les convier en toute pompe et apparat et en faire ses invités de choix.
Chose dite, chose faite !
 
Le Palais du Sultan surpassait l’imaginable en somptuosité et luxe. Ils y furent accueillis avec tout l’éclat dû à leur rang et installés dans des appartements d’un confort sybaritique, avec des serviteurs s’échinant à deviner leurs moindres souhaits.
Mais Michael n’avait que faire de luxe et confort, il n’avait qu’une idée en tête et n’eut cesse jusqu’à obtenir ce qu’il voulait. Force d’entêtement, il finit par persuader le Djinn de l’aider à rencontrer Alix. Suivant sa détestable habitude, l’esprit bénéfique se dilua en un filet de fumée, le laissant  en train de parler tout seul, pour reparaître deux minutes plus tard, sans préavis et lui ordonner de le suivre.  Leur balade les mena aux abords de jardins paradisiaques qu’aucune clôture ne fermait.
 
Ce n’est qu’illusion…ces lieux sont protégés  et quiconque essayant d’y pénétrer est grillé sur place. Puissant maléfice.
 
*Champ de force …ce qui revient du tout au même !...Quel salaud !*
 
Elle était là. Seule, humant le parfum  d’un arbuste fleuri.
 
ALIX !
 
L’espace de quelques secondes, ils restèrent là, à se regarder de loin, jusqu’à ce qu’elle s’approche et il fasse de même. Michael fit un geste mais son élan fut coupé par une cuisante sensation. Elle secoua la tête tristement. Il en aurait pleuré de dépit.
 
Je te sortirai de là, je le jure, Alix…sais pas comment encore mais ça viendra… Je ne vais pas te laisser ici…Mais dis-moi…tu vas bien ?...Ah…on te traite comme à une reine…déjà ça… On trouvera la solution, ma douce…tu…tu me manques !
 
Apparemment, lui aussi. Élan irréfléchi …il posa sa paume sur la surface invisible et elle fit de même, l’espace de deux secondes, il sentit la douceur de sa peau avant que la sensation ne se transforme en une douleur  insoutenable. En écartant sa main, Michael constata avoir la paume en chair vive…Il en allait de même pour elle. Un bruissement dans la végétation, des voix se laissant entendre, on venait.
 
Je reviendrai !
 
Mais déjà elle disparaissait entre les arbres …Absolument abattu, il rentra au Palais…


Dernière édition par Michael De Brent le Ven Juin 27 2014, 12:44, édité 2 fois
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Message par Angel Grisham Mar Nov 19 2013, 18:38

J.O était… rassurant. En tout cas Angel avait une totale confiance en lui. Fallait croire qu’il s’ennuyait ferme au ministère obligé par son titre hérité puisqu’il n’hésita pas une seconde à accompagner la jeune femme dans les recherches d’Opal McLane.
La retrouver en aussi mauvaise et bonne compagnie avait de quoi surprendre. De Brent était un Mangemort patenté, recherché par tous les Aurors du royaume quand même ! La tête de James en disait long sur l’identification. Néanmoins l’attitude des autres semblait prouver les inquiétudes mal fondées. Au fil des échanges, il apparut clairement que ce gars, très copain de Davenport, connu de Sam, était en fait un infiltré sans aucune mauvaises pensées réellement avérées. La chute du Lord l’avait réjoui mais là sa plus grosse préoccupation était de retrouver une femme qu’il n’aimait pas…  
Réunir des indices sur le mode de vie arabe du 17ème siècle avait été accompli par Justin et Miss Forrester. Opal avait suivi son Erik et, franchement, les voir si heureux à deux rendait parfois Angel nostalgique.
Les potions préparées par ses soins eurent l’effet escompté sauf sur la demi-vélane, hélas.  
Brisée d’inconfort, Angel aurait souhaité que l’on use plus de la magie pour installer des matelas super douillets et la climatisation. Hélas…  Il fallait faire couleur locale.  
Des avatars, ils en connurent mais pas autant que cette nuit-là où Opal et elle devaient monter la garde. S’endormir dans un moment pareil ? La cata ! L’attaque surprit tout le monde et, bien sûr, les engueulades fusèrent dès la disparition de Samantha constatée.
Une once partit en prospection. Ne restait qu’à attendre son rapport.  Affichant profil très bas, Angel demeura silencieuse jusqu’au retour de James qui, rapport et engueulade faits, tint à la réconforter près du feu de camp.  Juste un bras autour de ses épaules… ça en disait beaucoup sans rien dire du tout, mais elle goûta chaque seconde avec un bonheur rarement éprouvé.
 
La cité d’or leur ouvrit ses portes.  J.O et Michael partirent aux infos, Opal et elle restaient à la « garde » d’Erik.
 
Les patronus sont formels : elles sont ensemble au Palais ! Opal, ça te dirait de m’y accompagner ? Avec du polynectar, on pourrait…
 
Sa copine préférait user d’un autre stratagème. Pourquoi pas ?  La tête d’Erik valait de l’or quand elles se muèrent en chats pour lui filer sous le nez après les dernières nouvelles transmises.  
Tandis qu’elle montait la garde, Opal put s’entretenir avec les captives. Ce qu’elle entendit elle lui fit dresser les poils.  Pas à dire, les garçons avaient eu raison de courir les tripots car les sommes envisagées pour les femmes blanches frisaient des plafonds qu’ils ne possédaient pas.
 
Que d’angoisse durant cette longue soirée !  Les femmes, autant que les chattes, étant interdites aux ventes, Opal et Angel furent contraintes d’attendre le résultat des enchères en se rongeant les ongles. En voyant rentrer le quatuor masculin, elles surent de suite que ça clochait grave d’autant que seule une femme voilée les accompagnait. Justin, malgré son œil poché, était aux anges. Pas besoin de longs discours pour piger la situation.  Sam avait été rachetée avec la totalité de leur or et Alix avait tout bonnement disparu après qu’un énergumène ait offert un montant jamais proposé pour une esclave.  
Ça beugla, ça cria, ça s’énerva.  Il fallait à tout prix éviter d’ameuter le quartier ! Un gentil petit « pax » distribué, Angel força Erik à donner une potion à De Brent. 
 
Au moins, il nous fichera la paix pendant un moment !  
 
Sam s’occupait délicatement de l’œil de son chéri, Opal roucoulait près d’Erik… Sombre dans son coin, J.O semblait avoir besoin de réconfort.
 
Bois ça… mais non idiot, c’est pas un somnifère, c’est juste du pur feu ! Et si tu me contais les petits détails de cette soirée ?...
 
Voix ténébreuse, scène figée ? Elle croquait sa baguette ou la magie s’en était mêlée.  
 
Il a essayé de la retracer ?... ah… rebondi… étrange… Que va-t-on faire maintenant ?  
 
Elle était lasse, si lasse que se laisser un peu aller contre une épaule accueillante fut le bienvenu sauf que…
 
Vous allez me suivre !
 
 D’où sortait ce vieillard à l’air bienveillant ? Ils furent cinq à brandir leur bout de bois sur l’apparition qui se marra à se déplacer dans la pièce au gré de sa fantaisie.
 
Pas ici ! Ni là, rigolait-il avant de cesser subitement son jeu. Aussi forts que vous soyez ou pensez l’être, nul ne peut contrer un Djinn !  
 
Chœur d’étonnement :
 
Un quoi ?  
 
Le barbu se marrait vraiment quand il leur expliqua sa nature très, extrêmement, particulière.
 
Il n’y a pas que des humains sur cette Terre… Oui, Miss Grisham, on peut dire que je suis un esprit. Je change d’apparence à volonté quand cela est nécessaire. J’ai pris celle-ci car vous y êtes réceptifs. Un bouleversement des forces en équilibre s’est produit avec votre arrivée massive. Je vous surveille donc depuis.
 
On l’interrogea tour à tour et il apparut que cet Amir ne leur voulait que du bien.  
 
Accompagnez-moi dans mon humble demeure à moins que vous ne préfériez croupir ici dans la misère totale puisque vous n’avez plus un seul sequin disponible…
 
Justin baissa la tête car il était responsable de leur infortune. Sam lui serra les doigts en réconfort. Ça discuta ferme mais la meilleure option étant de suivre ce Djinn... Avant de dire ouf, tous avaient déménagé.   
Les filles furent ravies des installations et se laissèrent chouchouter par un personnel discret autant que raffiné. Rafraîchies et pomponnées, elles purent rejoindre leurs trois hommes, Michael dormant encore.   
Histoire de les mettre à l’aise, Amir les invita à une table très occidentale magnifiquement garnie de plats savoureux où l’on bavarda très gentiment. Le Djinn ne voulut pas s’étendre de suite sur les raisons de sa manifestation devant eux mais ils ne s’ennuyèrent pas un instant grâce au bagout du bonhomme qui avait foule d’anecdotes à conter ainsi que plein de questions à poser sur une époque qu’il n’avait pas encore visitée. On se marrait sur les nouveaux aspects appliqués par le Djinn qui les estimait trop différents malgré les potions d’Angel. J.O la taquina sur ses yeux de biche rehaussés de khôl, elle se ficha de sa poire allongée d’une jolie barbichette brune.   
Puis l’ambiance chaleureuse se brisa avec l’arrivée tonitruante d’un De Brent déchaîné :
 
QUELQU’UN PEUT M’EXPLIQUER À QUOI VIENT CE BORDEL !?
 
Sois poli, Michael ! se risqua Angel. Tu offenses notre hôte !
 
Erik y mit du sien et J.O lui offrit une coupe de vin.  
Les déclarations d’Amir les captivèrent alors :
 
 C’est le Grand Vizir qui l’a achetée bien qu’il aurait pu l’avoir sans dépenser un sequin. Ce n’est pas un homme commun…Amir sait bien qu’il s’agit d’un puissant sorcier noir qui complote pour spolier le Sultan…il le manipule déjà à sa guise…Quand il aura le pouvoir total sur la cité, il fera de celle-ci le centre de convergence des forces du mal, il ralliera les ennemis du royaume et peu à peu étendra son pouvoir au-delà des frontières…
 
Et… Si j’ose… quel est notre rôle là-dedans ?
 
Même mes grands pouvoirs ne peuvent seuls contrer cette diablerie.  Je veux que vous alliez au Palais protéger le sultan et user de vos dons pour abolir ces forces maléfiques !  
 
Ainsi soit-il !
 
De simples marchands au départ, ils arrivèrent en grand équipage caracolant sapés en princes et princesses des contes des mille et une nuits.  
Comme prévu, le Sultan fut ravi de fréquenter de nouvelles têtes en les invitant dans son Palais de rêve. Quatre hommes devant, trois femmes derrière – voilées comme il se devait – bien sûr.
 
Vous voyagez en nombres restreint, je vois ? s’étonna Mehmed. Vos harems suivent ?
 
Flou artistique. Sans doute un sortilège discret mais le Sultan goba tous les mensonges à crouler de rire… ou presque. J.O s’octroya d’emblée Angel comme épouse et favorite principale. Les autres firent de même avec leurs attitrées. Restait Michael, solitaire renfrogné, qu’Erik présenta comme son frère veuf inconsolable.
 
Les appartements étaient somptueux. Vaste couche, multiples coussins, ottomanes, service impeccable : rien ne manquait. Leurs bagages étant assez réduits, Mehmed mit à leur disposition toutes les panoplies possibles et imaginables. Ce fut une vrai partie de plaisir entre filles que de se parer de bijoux et voilages. L’ennui, c’était le protocole… Pour le banquet en leur honneur, le Sultan mit, certes, les petits plats dans les grands mais la séparation des sexes dérangeante. Seul un panneau ajouré les cloisonnaient, n’empêche que les demoiselles n’apprécièrent pas, alors pas du tout, ce qu’elles purent observer de ce qui se passait de l’autre côté.  Si elles eurent droit à gâteries et musique en sourdine, chez les mâles il en allait autrement.  Le pire est qu’ils avaient l’air d’apprécier ces danses du ventre ou autres lascivités envers eux.
 
Je… je vais vomir, dit soudain Angel en voyant une plante aussi magnifique que dénudée enlacer J.O.
 
Conseils de retenue de la part de ses amies, pourtant vertes elles aussi, Angel tint le coup en tournant le dos à ces scènes proches de la débauche.
Toutes tiraient la tête et abandonnèrent tôt la soirée non sans remarquer l’absence de De Brent depuis un long moment. Boudait-il dans son coin ?
Démaquillée, rincée, brossée savamment, Miss Grisham ne dormait que d’un œil quand, tardivement, James Olliver osa se pointer. Il rigolait, béat, légèrement ivre de vin de palme.  Dès qu’il posa son postérieur sur le lit, elle l’éjecta en lui flanquant un méchant coup de pied que suivit une pluie de coussins à la tête :
 
Tu empestes le vin et les parfums. Le canapé est suffisant pour toi ! Bonne nuit !  
 
Une idée ou il rigolait, le cuistre ?   
 
Au matin, après leurs ablutions, les femmes furent en pleine forme mais on ne pouvait pas en dire autant des mâles qui, apparemment, avaient tous passé une nuit à la rude.
 
*Bien fait !*
 
Celui qui faisait le plus peine à voir était Michael. Hélas, les femmes se virent évincées des débats pour une visite au marché local sous haute escorte.
 
Que pensez-vous qu’il ait appris ? demanda dans un murmure Angel à ses amies.  
 
Aucune ne le savait, n’empêche qu’elles s’amusèrent beaucoup dans des marchandages fous que mena Opal pire que ceux de tous les négociants locaux réunis. Bijoux, soieries, parfums, elles rentrèrent apparemment satisfaites de leurs emplettes. Pas d’hommes à l’horizon mais le Djinn se manifesta à elles :
 
Mes salutations, chères demoiselles. En ce moment vos époux ( il rigolait sans retenue) sont au grand conseil en compagnie de… vous-savez-qui…
 
Cette évocation – volontaire ou non – eut le don de les faire frémir.
 
Le Grand Vizir réclame des troupes contre le Nord qui est, il est vrai, assez rebelle. Notre cher Mehmed est sous son influence.  Il charme et captive qui il veut quand il veut.  Ma magie n’agit pas contre lui. Cette nuit j’ai soigné votre ami Michael d’une méchante brûlure car il a vu son Alix coincée dans une bulle infranchissable.
 
Qu’espérez-vous de nous ?
 
Euh… distrayez-les ? Pourquoi pas ?  
 
Angel se tourna vers Sam :
 
Toi, tu en as le pouvoir. Avec ou sans baguette, même sous une autre apparence, tu restes semi-vélane. C’est peut-être le moment de… te venger de… Justin ?...    
Angel Grisham
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