Back to the future
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Samantha Forrester
Justin Davenport
Michael De Brent
Alix Blackstorm
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Re: Back to the future
Ce voyage dans le temps tournait à l’imprévisible ! Soit, personne n’avait songé, optimistes inclus, que ce serait une partie de plaisir ! Mais se retrouver enfermée dans un sérail et apprêtée, comme vache de concours, pour la vente du siècle, n’avait rien de tentant ou agréable. Sa compagne d’infortune, la belle Alix frisait la déprime la plus sombre même après lui avoir révélé que De Brent jouait des pieds et des mains pour la sortir de là.
*Ces deux-là font la paire ! Il assure ne pas être amoureux d’elle et la miss semble avoir le même problème…Au lieu de fondre d’espoir…elle médite !*
Ils finiraient par y voir clair, un jour ou l’autre. En tout cas, pour le moment, Sam avait mieux à faire qu’à jouer les conseillères en amours compliquées. Se remettre de l’humiliation d’un examen approfondi pour constater sa virginité, par exemple. Qu’elle soit pure et sans tache avait semblé surprendre les matrones qui commentaient l’aubaine, suspicieuses, quittes à recommencer leurs explorations.
Non mais, ça va plus chez vous…le fait que je sois blonde et jolie ne veut pas dire que je sois une espèce de « Marie couche-toi là »…j’ai des principes, moi ! *Et t’es vieux jeu, ma fille, depuis le temps que tu en as envie…Justin est si merveilleux…ça leur ferait une belle jambe à ces harpies, de voir dégringoler leurs enchères !*
Mais le fait demeurait. Deux vierges sublimes en vente, au Moyen Orient au 17ème siècle…Ça allait faire un malheur !...Et ça le fit ! À peine apparues en scène, l’ambiance s’échauffa d’un cran. Dès que le meneur étala leurs vertus, ça monta de deux crans de plus. Qu’un imbécile réclame d’en voir plus, déclencha presque l’émeute. Tout se joue en quelques secondes. Justin, qu’elle avait repéré dès le premier instant fit une offre mirobolante…pour elle ! Opal n’avait pas menti en assurant qu’ils feraient n’importe quoi pour les tirer de là…sauf que quelque chose clocha affreusement…Elle était sauve mais Alix non.
La suite avait été, somme toute, normale. Justin jubilait, l’œil poché. Michael, frénétique de rage, avait dû être mis hors d’état de nuire. Un crève-cœur ! Retour à l’auberge où il fallut encore qu’Angel envoie l’amoureux non avoué aux limbes avec une de ses potions.
L’œil au beurre noir de Justin, et Justin tout entier méritaient toute son attention. Sam oublia ses sursauts de conscience et se voua à lui, en corps et âme…enfin, pour le moment, se limita à prendre amoureusement soin de son visage victime de la rancune de son copain. Un coup de baguette aurait arrangé ça en une seconde mais c’était beaucoup plus plaisant s’y prendre à la moldue, force câlins et bisous.
Je suis si heureuse d’être ici, avec toi…mais ne reviens pas qu’Alix ait pu disparaître ainsi !...Le patronus de Michael n’a pu l’atteindre…Cela voudrait dire que…
Vous allez me suivre !
Arrêt sur image ! Une étonnante apparition venait d’avoir lieu en plein salon. Baguettes en action, l’apparition entreprit une série de pirouettes aériennes tout en rigolant pour finalement se poser, face aux ahuris et faire une déclaration qui les laissa paf.
Aussi forts que vous soyez ou pensiez l’être, nul ne peut contrer un Djinn !
S’étonner était de mise, surtout qu’ils ne comprenaient rien. Le vieil homme, car s’en était bien un, avait l’air de bien s’amuser de leur ébahissement mais eut le bon cœur de donner des explications, comme quoi il n’y avait pas que des humains sur Terre, ce qu’ils savaient déjà depuis longtemps. Il était un esprit doté de grands pouvoirs, entre autres, celui de changer d’apparence à souhait.
Un métamorphomage !
Non, miss Forrester, un Djinn.
S’en suivit une pertinente mise à jour, expliquant sa nature particulière et les raisons de sa présence.
Un bouleversement des forces en équilibre s’est produit avec votre arrivée massive. Je vous surveille donc depuis.
Petit jeu questions-réponses avant qu’il ne les invite à son humble demeure, en leur faisant remarquer que pour les effets ils étaient plus pauvres que Job. Si Justin baissa le nez, Sam, elle, se sentit coupable, c’était bien pour la sauver qu’il avait laissé tout le monde dans la ruine.
On discutailla un peu, juste pour la forme, avant d’accepter et à peine cela fait…Ils avaient déménagé en un clin d’œil.
Le changement valait le détour. La demeure du Djinn n’avait rien d’humble, que du contraire. Leur installation en tout confort avait de quoi combler le plus exigeant et les attentions de leur hôte les firent se sentir vraiment comme des invités de marque ou des amis très estimés. Amir, c’était son nom, ne leur cacha pas sa satisfaction de les avoir trouvés . S’ils avaient des questions, il en avait mille de plus. Des anecdotes furent contées, leur permettant de cerner un peu mieux leur hôte si spirituel. Il en avait fait des choses, le cher Djinn, toutes pour la Cause du Bien et la Justice, de quoi les rassurer pleinement.
Comme le voulait la tradition, les femmes furent emmenées de leur côté entourées de servantes et eurent droit à un traitement raffiné, duquel elles en sortirent…transformées.
Je suis brune !...Wow…Regardez ça !, Sam releva sa chevelure d’un jais bleuté, la laissant s’écouler comme de la soie vive entre ses doigts, Angel…tu es sublime…J.O va avoir du mal à garder la tête à sa place…Pauvre Erik…Tes yeux sont encore plus verts Opal…un regard et c’en est fait de lui !
Elles riaient encore en rejoignant leurs chéris qui avaient eux aussi subi quelques mutations très intéressantes. Ils avaient une allure plus affirmée de princes arabes, sans perdre rien de leur charme si séducteur. Un banquet à l’occidentale, fine attention du Djinn, pour les mettre plus à l’aise, les attendait. On délaissa les coutumes traditionnelles, les femmes purent se passer les voiles et s’asseoir avec les hommes. Quelle réunion réussie !
Et puis, l’énergumène de service, enfin revenu de son trip dans les limbes, fit une fracassante apparition. On le calme à la comme on peut pour écouter ce que leur hôte avait à dire. Et il en dit, des choses.
Intrigues, encore et toujours. Les personnages différents, la donne variait mais les intentions demeuraient les mêmes. Pouvoir et domination. Un Grand Vizir pourri qui voulait usurper le trône du Sultan, homme probe et bon mais malheureusement pantin démuni face à la force de l’intrigant.
Même mes grands pouvoirs ne peuvent seuls contrer cette diablerie. Je veux que vous alliez au Palais protéger le sultan et user de vos dons pour abolir ces forces maléfiques !
*Comme quoi…vive les redresseurs de torts, ça nous apprendra à cavaler dans le temps, où qu’on aille…ça nous rattrape !*
Il était charmant, le Sultan. On ne pouvait pas s’attendre á que ce soit autrement après leur clinquante entrée en scène. Des puissants princes et leurs femmes, ce qui bien entendu, souleva quelques interrogations.
Vous voyagez en nombre restreint, je vois ? s’étonna le brave Sultan, vos harems suivent ?
Ces messieurs, les princes, racontèrent n’importe quoi qui passa pour bon. Djinn œuvrant dans l’ombre Mehmet le grand sultan d’Aurea aurait gobé n’importe quoi.
Intéressante tournure, celle-là, rigola Sam une fois de retour dans leurs somptueux appartements, ce brave homme semblait consterné de te savoir si pauvre…en femmes…enfin, vous tous…surtout le pauvre veuf…s’il fait pas attention, Mehmet s’arrange pour lui faire oublier ses chagrins d’amour…et lui trouve une demi-douzaine de femmes splendides prêtes à se damner pour lui…
Justin n’osa émettre des doutes sur cela, il connaissait bien son ami et son faible pour les jolies filles, mais Sam soupçonnait que cette fois ce ne serait pas si facile de le distraire de sa fixation pour Alix.
Le pauvre…il me brise le cœur…je n’aurais jamais pensé voir Michael dans cet état…Il devient bête et intraitable, on doit tirer Alix des griffes du Grand Vizir…pour son bien et le nôtre !...Et là, nous devons nous préparer pour le banquet…Non, je ne me défile pas, mon chéri…mais tu n’as pas idée de la longueur et complication d’une mise d’apparat…On m’attend pour me faire une beauté !...Oui, Lord Davenport, je vous aime…vous adore…mais le moment ne s’y prête pas trop…Je suis sûre qu’on nous surveille…Non, ce n’est pas une manie…tu vois bien, je ne m’étais pas trompée l’autre soir…, elle l’octroya d’un baiser renversant qui lui tourna sans doute la tête plus que nécessaire et la laissa elle-même hors d’haleine, …Justin ! Justin…je suis folle de toi…je me damnerais pour toi…mais là…si je ne me sauve pas…on sera en retard et le Sultan n’apprécierait pas !
Il s’en fichait un peu, pas mal du fameux sultan mais le bon sens primant, Sam se retrouva avec ses compagnes pour les divertissants préparatifs.
Moins divertissante fut la suite. Fichu protocole qui obligeait la séparation d’hommes et femmes. Elle eurent droit à leur petite fête, toute somptueuse qu’elle put être, mais en rien comparable aux réjouissances réservées aux mâles dominants de l’histoire.
Non mais…regardez-moi ces baveux…Tu emporteras pas ça au ciel, Justin Davenport…
Je… je vais vomir, dit soudain Angel en voyant une plante aussi magnifique que dénudée enlacer J.O.
Allons, du cran…*C’est vrai qu’il a l’air plutôt ravi, le Duc…*…Ils n’y peuvent rien *Tu parles* ces femmes s’enroulent comme des serpents…Non Opal, tu ne vas stupéfixer personne…tu peux lui arracher les yeux, mais après…
Le seul qui résista à ce déferlement outrageux de charme fut Michael, avec son air de déterré profondément misérable, avant d’opter pour vider les lieux, ce que ses amis, si bien distraits ne remarquèrent même pas.
On se retire, les filles…pas envie de continuer à voir ça !
Dignes mais vexées, elles s’enfermèrent chacune dans les appartements destinés. La fête de ces messieurs s’allongea jusqu’á tard dans la nuit. Pour alors, Sam avait déjà échafaudé une cuisante vengeance. Justin, innocent et ravi se pointa, un brin trop émoustillé d’alcool et allez savoir quoi d’autre. Elle ne lui laissa même pas le temps de se poser sur l’énorme lit.
Va dormir dans la baignoire…tu peux la remplir et t’y noyer, si ça te fait plaisir…tu pues le patchouli…allez ouste !...Tu en as des bonnes, toi…on n’a pas raté miette de votre prestation…oh, pauvre ange, tu ne voulais pas ?...Faut dire que ça s’est remarqué ta résistance hostile…veux pas savoir ce que tu ferais en d’autres circonstances…NON !...J’ai une migraine affreuse, des crampes, envie de t’arracher les yeux…Oui, en ce moment, je te déteste ! Fous-moi la paix !!!
Le lendemain, il n’était pas le seul à arborer un air plutôt désolé, ses fêtards d’amis avaient, dirait-on, subi le même traitement. Tant pis, tant mieux ! , le seul qui méritait leur profonde pitié était Michael qui avait une mine à en pleurer.
Que pensez-vous qu’il ait appris ?
Comment savoir, Angel…je ne me sens pas le cœur d’aller le lui demander…d’ailleurs, on les réunit pour le emmener ailleurs…Non, sais pas où et vas pas le demander non plus !
Mais déjà on les invitait à faire une visite au Grand Bazar local, une forte escorte assurerait leur bien-être.
Ouais…pas question qu’on nous enlève…ce truc de vente et revente peut être cher à la longue !
Faire du shopping, de la façon qui soit, est toujours un lénitif pour l’esprit féminin. Elles n’y dérogèrent pas. Opal, qui devait être la réincarnation d’un marchand de tapis, s’en donna à cœur joie en palabres et négociations, obtenant des prix à la baisse spectaculaires au grand bonheur de ses amies. Ce fut une gentille razzia, la leur. Fourbues et satisfaites, de retour au Palais elles eurent la surprise de trouver le Djinn les attendant.
Mes salutations, chères demoiselles. En ce moment vos époux sont au grand conseil en compagnie de… vous-savez-qui…
Il se marrait comme un dingue, le drôle, ravi de les avoir embarqués dans cette situation pleine d’équivoques. Le « Vous Savez Qui » était trop lourd de sens comme pour l’ignorer et rester comme si rien.
Et que peut-il leur vouloir, à nos chers époux ?
D’eux, rien ou pas grand-chose, pour le moment…Peut-être voudra t’il les attirer dans son intrigue…le Pouvoir est toujours un appât assez irrésistible, laissa tomber Amir en soupirant.
Sera mal tombé avec ces quatre-là…Ils sont justement le genre de types dont il n’a pas besoin…mais enfin, je suppose que toi, tu as une autre idée en tête, n’est-ce pas, Djinn ?
Petit sourire malin. Virevolte gracieuse dans les airs, question de se mettre bien d’aplomb, dirait-on, pour après se poser et déballer sa petite histoire d’un ton très sérieux. Il en allait de rebelles qui ne l’étaient pas trop, d’un Sultan influençable, démuni face au puissant charme dégagé par ce grand Vizir si ambitieux.
Ma magie n’agit pas contre lui. Cette nuit j’ai soigné votre ami Michael d’une méchante brûlure car il a vu son Alix coincée dans une bulle infranchissable.
Oh, mon Dieu…c’était donc ça…il l’a vue alors…je comprends qu’il soit si sombre…
Qu’espérez-vous de nous ?, voulut savoir Angel.
Euh… distrayez-les ? Pourquoi pas ?
Distraire qui, mon cher ?...Nos maris n’ont pas besoin de nous pour le faire…Ne me dis pas que tu prétends qu’on fasse tourner la tête au Grand Méchant avec nos charmes ?
Il y a de ça, oui, reconnut l’autre sans ambages, si son esprit est occupé ailleurs…sa concentration flanchera, ce qui veut dire que ses pouvoirs s’affaibliront…pas pour longtemps hélas…mais peut-être cela pourra donner le temps à votre ami de sauver celle qu’il aime tant….même s’il prétend le contraire, mais ça n’intéresse pas pour l’instant.
Doucement…tu veux dire que si bien on lui tourne assez bien la tête…il…perdra le contrôle de la bulle ?
Énergique acquiescement.
Toi, tu as le pouvoir. Avec ou sans baguette, même sous une autre apparence, tu restes semi-vélane. C’est peut-être le moment de… te venger de… Justin ?, les paroles de Miss Grisham ne manquaient pas de bon sens.
Et qui dit qu’il sera sensible à mon charme ?
Tout homme est sensible à ta beauté…ton charme va au-delà de la possibilité de résistance, je suis un Djinn…un vieux Djinn…et pourtant…
Ah non ! Pas ça !... Angel potion anti-vélane pour Djinn…manquerait que ça… et...puis, de quoi tu parles, Amir ? Je n’ai absolument rien fait !
Tu ne t’en rends même pas compte…mais tu distilles charme comme les fleurs leur parfum…
Bonté divine, plongez-le dans un baquet d’eau froide !...Sois sérieux, Djinn…
Il rigolait à en avoir les larmes aux yeux. Pas à dire, pour un esprit, il avait un sens de l’humour très poussé. Bon an, mal an, il recouvra un semblant de sérénité et ils se penchèrent ensemble sur leur plan immédiat.
Omar Al Vizir n’était pas exactement ravi d’avoir à présenter ses respects aux nouveaux amis du Sultan, mais la bienséance ainsi le voulait puisqu’en serviteur loyal les désirs du Maître étaient des ordres. Certes, il avait atteint un haut degré de puissance mais il fallait s’y prendre avec grand tact. Bien entendu, seulement les hommes, quatre princes venus de lointaines contrées, aux histoires très intéressantes aux dires de Mehmet Al Manzûr.
*Bah, cet idiot trouve intéressant le vol d’un papillon…*
N’empêche que les quatre princes surent retenir leur attention. Il y avait quelque chose en eux, qu’il ne fut pas certain de percer, ce qui l’incommoda. Le Sultan semblait ravi, le banquet servi ne pouvait être autrement qu’exquis, d’un raffinement recherché, la conversation était instructive, prenante voire amusante et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes masculins quand les lumières baissèrent d’intensité, une musique subtile filtra l’ambiance au temps qu’une mystérieuse silhouette noire avançait, élégante et silencieuse jusqu’à rester en face des convives avant d’être enveloppée d’un inattendu voile de fumée blanche qui se dissipa presque aussitôt livrant à leurs yeux une sublime apparition. La musique changea de cadence, un rythme lent, vibrant, sensuel accompagnant des mouvements de légèreté éthérée, quasi surnaturelle qui connurent leur paroxysme quand la silhouette ondulante déplia des ailes fascinantes, translucides, irisées qui l’enveloppèrent aussitôt dans un tourbillon soyeux pour acte suivi s’ouvrir de nouveau et découvrir les traits du merveilleux papillon. OH ! AH !...Grrr…
Voiles judicieusement placés, laissaient voir sans rien montrer vraiment, mais il était impossible, pour le public captivé de ne pas imaginer ce que les yeux ne découvraient pas tout à fait. Ce ballet saisissant accéléra le pouls de certains quand deux autres danseuses se mêlèrent à l’envol de voiles révélateurs dans une chorégraphie sensuelle qui fit monter de quelques crans la température ambiante. La danse cessa doucement, s’éteignant avec la musique, un dernier bruissement d’ailes. La magie fut longue à s’estomper…
Le Djinn ne rigolait pas, en apparaissant à leur retour. Il leur suffit de voir son expression chiffonnée pour deviner que son plan n’avait pas marché comme stipulé.
Il est fort…trop fort…Ton charme merveilleux l’a fait vaciller… mais pas suffisamment…la bulle n’a pas cédé…
Michael doit être…
Furieux…hors de lui…je crains qu’il ne fasse une grosse sottise…ou pas si grosse que ça, soupir dépité, ce vieux Djinn ne sait plus, comme vous dites, vous autres chrétiens…à quel saint se vouer !
On trouvera bien une solution, dit Sam se voulant rassurante. * Tu veux rire, ce sera si Justin ne m’étrangle pas après la prestation de ce soir …même s’il me la devait…*
Elle contemplait les étoiles, assise au balcon se préparant à affronter les commentaires, sans doute plus aigres que doux que ne manquerait pas de faire son chéri, s’il se décidait à rentrer. En fait, il ne s’éternisa pas, où qu’il ait bien voulu être.
Salut, alors…bonne soirée ?...Tu peux arrêter de grogner, je n’ai rien fait d’indécent…Ah bon ? Tu trouves ?...Ben, imagine toi que non ! Ce n’est pas ta tête que je voulais faire tourner…Me dis pas que ça t’a fait de l’effet ! T’es vacciné contre le charme de vélane donc…Figure toi que c’est le Vizir que je visais…Sais pas pourquoi mais m’est avis que Djinn n’a pas partagé ses idées lumineuses avec vous autres !...
Et non ! Il n’avait rien fait de tel. Mine de rien, cet esprit-là menait la ronde à sa façon et s’amusait pas mal à leurs dépens mais semblait aussi être un profond connaisseur de la nature humaine. Une fois qu’elle eut mis tous les points sur les « i », Justin sembla accepter l’idée, sans en être follement ravi, cela va de soi.
De toute façon…ça a foiré…et Djinn a peur que Michael ne fasse des bêtises…tu devrais parler avec lui, pour si jamais...Comment que tu le feras demain ?...Tu ne trouves pas que…ah bon, il est assez grand pour…Justin…arrête un peu…tu pourrais quand même demander si je suis toujours fâchée avec toi…Euh…en fait…plus trop…
Un petit moment après un peu moins…plus tard encore, elle n’y pensait plus du tout…
*Ces deux-là font la paire ! Il assure ne pas être amoureux d’elle et la miss semble avoir le même problème…Au lieu de fondre d’espoir…elle médite !*
Ils finiraient par y voir clair, un jour ou l’autre. En tout cas, pour le moment, Sam avait mieux à faire qu’à jouer les conseillères en amours compliquées. Se remettre de l’humiliation d’un examen approfondi pour constater sa virginité, par exemple. Qu’elle soit pure et sans tache avait semblé surprendre les matrones qui commentaient l’aubaine, suspicieuses, quittes à recommencer leurs explorations.
Non mais, ça va plus chez vous…le fait que je sois blonde et jolie ne veut pas dire que je sois une espèce de « Marie couche-toi là »…j’ai des principes, moi ! *Et t’es vieux jeu, ma fille, depuis le temps que tu en as envie…Justin est si merveilleux…ça leur ferait une belle jambe à ces harpies, de voir dégringoler leurs enchères !*
Mais le fait demeurait. Deux vierges sublimes en vente, au Moyen Orient au 17ème siècle…Ça allait faire un malheur !...Et ça le fit ! À peine apparues en scène, l’ambiance s’échauffa d’un cran. Dès que le meneur étala leurs vertus, ça monta de deux crans de plus. Qu’un imbécile réclame d’en voir plus, déclencha presque l’émeute. Tout se joue en quelques secondes. Justin, qu’elle avait repéré dès le premier instant fit une offre mirobolante…pour elle ! Opal n’avait pas menti en assurant qu’ils feraient n’importe quoi pour les tirer de là…sauf que quelque chose clocha affreusement…Elle était sauve mais Alix non.
La suite avait été, somme toute, normale. Justin jubilait, l’œil poché. Michael, frénétique de rage, avait dû être mis hors d’état de nuire. Un crève-cœur ! Retour à l’auberge où il fallut encore qu’Angel envoie l’amoureux non avoué aux limbes avec une de ses potions.
L’œil au beurre noir de Justin, et Justin tout entier méritaient toute son attention. Sam oublia ses sursauts de conscience et se voua à lui, en corps et âme…enfin, pour le moment, se limita à prendre amoureusement soin de son visage victime de la rancune de son copain. Un coup de baguette aurait arrangé ça en une seconde mais c’était beaucoup plus plaisant s’y prendre à la moldue, force câlins et bisous.
Je suis si heureuse d’être ici, avec toi…mais ne reviens pas qu’Alix ait pu disparaître ainsi !...Le patronus de Michael n’a pu l’atteindre…Cela voudrait dire que…
Vous allez me suivre !
Arrêt sur image ! Une étonnante apparition venait d’avoir lieu en plein salon. Baguettes en action, l’apparition entreprit une série de pirouettes aériennes tout en rigolant pour finalement se poser, face aux ahuris et faire une déclaration qui les laissa paf.
Aussi forts que vous soyez ou pensiez l’être, nul ne peut contrer un Djinn !
S’étonner était de mise, surtout qu’ils ne comprenaient rien. Le vieil homme, car s’en était bien un, avait l’air de bien s’amuser de leur ébahissement mais eut le bon cœur de donner des explications, comme quoi il n’y avait pas que des humains sur Terre, ce qu’ils savaient déjà depuis longtemps. Il était un esprit doté de grands pouvoirs, entre autres, celui de changer d’apparence à souhait.
Un métamorphomage !
Non, miss Forrester, un Djinn.
S’en suivit une pertinente mise à jour, expliquant sa nature particulière et les raisons de sa présence.
Un bouleversement des forces en équilibre s’est produit avec votre arrivée massive. Je vous surveille donc depuis.
Petit jeu questions-réponses avant qu’il ne les invite à son humble demeure, en leur faisant remarquer que pour les effets ils étaient plus pauvres que Job. Si Justin baissa le nez, Sam, elle, se sentit coupable, c’était bien pour la sauver qu’il avait laissé tout le monde dans la ruine.
On discutailla un peu, juste pour la forme, avant d’accepter et à peine cela fait…Ils avaient déménagé en un clin d’œil.
Le changement valait le détour. La demeure du Djinn n’avait rien d’humble, que du contraire. Leur installation en tout confort avait de quoi combler le plus exigeant et les attentions de leur hôte les firent se sentir vraiment comme des invités de marque ou des amis très estimés. Amir, c’était son nom, ne leur cacha pas sa satisfaction de les avoir trouvés . S’ils avaient des questions, il en avait mille de plus. Des anecdotes furent contées, leur permettant de cerner un peu mieux leur hôte si spirituel. Il en avait fait des choses, le cher Djinn, toutes pour la Cause du Bien et la Justice, de quoi les rassurer pleinement.
Comme le voulait la tradition, les femmes furent emmenées de leur côté entourées de servantes et eurent droit à un traitement raffiné, duquel elles en sortirent…transformées.
Je suis brune !...Wow…Regardez ça !, Sam releva sa chevelure d’un jais bleuté, la laissant s’écouler comme de la soie vive entre ses doigts, Angel…tu es sublime…J.O va avoir du mal à garder la tête à sa place…Pauvre Erik…Tes yeux sont encore plus verts Opal…un regard et c’en est fait de lui !
Elles riaient encore en rejoignant leurs chéris qui avaient eux aussi subi quelques mutations très intéressantes. Ils avaient une allure plus affirmée de princes arabes, sans perdre rien de leur charme si séducteur. Un banquet à l’occidentale, fine attention du Djinn, pour les mettre plus à l’aise, les attendait. On délaissa les coutumes traditionnelles, les femmes purent se passer les voiles et s’asseoir avec les hommes. Quelle réunion réussie !
Et puis, l’énergumène de service, enfin revenu de son trip dans les limbes, fit une fracassante apparition. On le calme à la comme on peut pour écouter ce que leur hôte avait à dire. Et il en dit, des choses.
Intrigues, encore et toujours. Les personnages différents, la donne variait mais les intentions demeuraient les mêmes. Pouvoir et domination. Un Grand Vizir pourri qui voulait usurper le trône du Sultan, homme probe et bon mais malheureusement pantin démuni face à la force de l’intrigant.
Même mes grands pouvoirs ne peuvent seuls contrer cette diablerie. Je veux que vous alliez au Palais protéger le sultan et user de vos dons pour abolir ces forces maléfiques !
*Comme quoi…vive les redresseurs de torts, ça nous apprendra à cavaler dans le temps, où qu’on aille…ça nous rattrape !*
Il était charmant, le Sultan. On ne pouvait pas s’attendre á que ce soit autrement après leur clinquante entrée en scène. Des puissants princes et leurs femmes, ce qui bien entendu, souleva quelques interrogations.
Vous voyagez en nombre restreint, je vois ? s’étonna le brave Sultan, vos harems suivent ?
Ces messieurs, les princes, racontèrent n’importe quoi qui passa pour bon. Djinn œuvrant dans l’ombre Mehmet le grand sultan d’Aurea aurait gobé n’importe quoi.
Intéressante tournure, celle-là, rigola Sam une fois de retour dans leurs somptueux appartements, ce brave homme semblait consterné de te savoir si pauvre…en femmes…enfin, vous tous…surtout le pauvre veuf…s’il fait pas attention, Mehmet s’arrange pour lui faire oublier ses chagrins d’amour…et lui trouve une demi-douzaine de femmes splendides prêtes à se damner pour lui…
Justin n’osa émettre des doutes sur cela, il connaissait bien son ami et son faible pour les jolies filles, mais Sam soupçonnait que cette fois ce ne serait pas si facile de le distraire de sa fixation pour Alix.
Le pauvre…il me brise le cœur…je n’aurais jamais pensé voir Michael dans cet état…Il devient bête et intraitable, on doit tirer Alix des griffes du Grand Vizir…pour son bien et le nôtre !...Et là, nous devons nous préparer pour le banquet…Non, je ne me défile pas, mon chéri…mais tu n’as pas idée de la longueur et complication d’une mise d’apparat…On m’attend pour me faire une beauté !...Oui, Lord Davenport, je vous aime…vous adore…mais le moment ne s’y prête pas trop…Je suis sûre qu’on nous surveille…Non, ce n’est pas une manie…tu vois bien, je ne m’étais pas trompée l’autre soir…, elle l’octroya d’un baiser renversant qui lui tourna sans doute la tête plus que nécessaire et la laissa elle-même hors d’haleine, …Justin ! Justin…je suis folle de toi…je me damnerais pour toi…mais là…si je ne me sauve pas…on sera en retard et le Sultan n’apprécierait pas !
Il s’en fichait un peu, pas mal du fameux sultan mais le bon sens primant, Sam se retrouva avec ses compagnes pour les divertissants préparatifs.
Moins divertissante fut la suite. Fichu protocole qui obligeait la séparation d’hommes et femmes. Elle eurent droit à leur petite fête, toute somptueuse qu’elle put être, mais en rien comparable aux réjouissances réservées aux mâles dominants de l’histoire.
Non mais…regardez-moi ces baveux…Tu emporteras pas ça au ciel, Justin Davenport…
Je… je vais vomir, dit soudain Angel en voyant une plante aussi magnifique que dénudée enlacer J.O.
Allons, du cran…*C’est vrai qu’il a l’air plutôt ravi, le Duc…*…Ils n’y peuvent rien *Tu parles* ces femmes s’enroulent comme des serpents…Non Opal, tu ne vas stupéfixer personne…tu peux lui arracher les yeux, mais après…
Le seul qui résista à ce déferlement outrageux de charme fut Michael, avec son air de déterré profondément misérable, avant d’opter pour vider les lieux, ce que ses amis, si bien distraits ne remarquèrent même pas.
On se retire, les filles…pas envie de continuer à voir ça !
Dignes mais vexées, elles s’enfermèrent chacune dans les appartements destinés. La fête de ces messieurs s’allongea jusqu’á tard dans la nuit. Pour alors, Sam avait déjà échafaudé une cuisante vengeance. Justin, innocent et ravi se pointa, un brin trop émoustillé d’alcool et allez savoir quoi d’autre. Elle ne lui laissa même pas le temps de se poser sur l’énorme lit.
Va dormir dans la baignoire…tu peux la remplir et t’y noyer, si ça te fait plaisir…tu pues le patchouli…allez ouste !...Tu en as des bonnes, toi…on n’a pas raté miette de votre prestation…oh, pauvre ange, tu ne voulais pas ?...Faut dire que ça s’est remarqué ta résistance hostile…veux pas savoir ce que tu ferais en d’autres circonstances…NON !...J’ai une migraine affreuse, des crampes, envie de t’arracher les yeux…Oui, en ce moment, je te déteste ! Fous-moi la paix !!!
Le lendemain, il n’était pas le seul à arborer un air plutôt désolé, ses fêtards d’amis avaient, dirait-on, subi le même traitement. Tant pis, tant mieux ! , le seul qui méritait leur profonde pitié était Michael qui avait une mine à en pleurer.
Que pensez-vous qu’il ait appris ?
Comment savoir, Angel…je ne me sens pas le cœur d’aller le lui demander…d’ailleurs, on les réunit pour le emmener ailleurs…Non, sais pas où et vas pas le demander non plus !
Mais déjà on les invitait à faire une visite au Grand Bazar local, une forte escorte assurerait leur bien-être.
Ouais…pas question qu’on nous enlève…ce truc de vente et revente peut être cher à la longue !
Faire du shopping, de la façon qui soit, est toujours un lénitif pour l’esprit féminin. Elles n’y dérogèrent pas. Opal, qui devait être la réincarnation d’un marchand de tapis, s’en donna à cœur joie en palabres et négociations, obtenant des prix à la baisse spectaculaires au grand bonheur de ses amies. Ce fut une gentille razzia, la leur. Fourbues et satisfaites, de retour au Palais elles eurent la surprise de trouver le Djinn les attendant.
Mes salutations, chères demoiselles. En ce moment vos époux sont au grand conseil en compagnie de… vous-savez-qui…
Il se marrait comme un dingue, le drôle, ravi de les avoir embarqués dans cette situation pleine d’équivoques. Le « Vous Savez Qui » était trop lourd de sens comme pour l’ignorer et rester comme si rien.
Et que peut-il leur vouloir, à nos chers époux ?
D’eux, rien ou pas grand-chose, pour le moment…Peut-être voudra t’il les attirer dans son intrigue…le Pouvoir est toujours un appât assez irrésistible, laissa tomber Amir en soupirant.
Sera mal tombé avec ces quatre-là…Ils sont justement le genre de types dont il n’a pas besoin…mais enfin, je suppose que toi, tu as une autre idée en tête, n’est-ce pas, Djinn ?
Petit sourire malin. Virevolte gracieuse dans les airs, question de se mettre bien d’aplomb, dirait-on, pour après se poser et déballer sa petite histoire d’un ton très sérieux. Il en allait de rebelles qui ne l’étaient pas trop, d’un Sultan influençable, démuni face au puissant charme dégagé par ce grand Vizir si ambitieux.
Ma magie n’agit pas contre lui. Cette nuit j’ai soigné votre ami Michael d’une méchante brûlure car il a vu son Alix coincée dans une bulle infranchissable.
Oh, mon Dieu…c’était donc ça…il l’a vue alors…je comprends qu’il soit si sombre…
Qu’espérez-vous de nous ?, voulut savoir Angel.
Euh… distrayez-les ? Pourquoi pas ?
Distraire qui, mon cher ?...Nos maris n’ont pas besoin de nous pour le faire…Ne me dis pas que tu prétends qu’on fasse tourner la tête au Grand Méchant avec nos charmes ?
Il y a de ça, oui, reconnut l’autre sans ambages, si son esprit est occupé ailleurs…sa concentration flanchera, ce qui veut dire que ses pouvoirs s’affaibliront…pas pour longtemps hélas…mais peut-être cela pourra donner le temps à votre ami de sauver celle qu’il aime tant….même s’il prétend le contraire, mais ça n’intéresse pas pour l’instant.
Doucement…tu veux dire que si bien on lui tourne assez bien la tête…il…perdra le contrôle de la bulle ?
Énergique acquiescement.
Toi, tu as le pouvoir. Avec ou sans baguette, même sous une autre apparence, tu restes semi-vélane. C’est peut-être le moment de… te venger de… Justin ?, les paroles de Miss Grisham ne manquaient pas de bon sens.
Et qui dit qu’il sera sensible à mon charme ?
Tout homme est sensible à ta beauté…ton charme va au-delà de la possibilité de résistance, je suis un Djinn…un vieux Djinn…et pourtant…
Ah non ! Pas ça !... Angel potion anti-vélane pour Djinn…manquerait que ça… et...puis, de quoi tu parles, Amir ? Je n’ai absolument rien fait !
Tu ne t’en rends même pas compte…mais tu distilles charme comme les fleurs leur parfum…
Bonté divine, plongez-le dans un baquet d’eau froide !...Sois sérieux, Djinn…
Il rigolait à en avoir les larmes aux yeux. Pas à dire, pour un esprit, il avait un sens de l’humour très poussé. Bon an, mal an, il recouvra un semblant de sérénité et ils se penchèrent ensemble sur leur plan immédiat.
Omar Al Vizir n’était pas exactement ravi d’avoir à présenter ses respects aux nouveaux amis du Sultan, mais la bienséance ainsi le voulait puisqu’en serviteur loyal les désirs du Maître étaient des ordres. Certes, il avait atteint un haut degré de puissance mais il fallait s’y prendre avec grand tact. Bien entendu, seulement les hommes, quatre princes venus de lointaines contrées, aux histoires très intéressantes aux dires de Mehmet Al Manzûr.
*Bah, cet idiot trouve intéressant le vol d’un papillon…*
N’empêche que les quatre princes surent retenir leur attention. Il y avait quelque chose en eux, qu’il ne fut pas certain de percer, ce qui l’incommoda. Le Sultan semblait ravi, le banquet servi ne pouvait être autrement qu’exquis, d’un raffinement recherché, la conversation était instructive, prenante voire amusante et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes masculins quand les lumières baissèrent d’intensité, une musique subtile filtra l’ambiance au temps qu’une mystérieuse silhouette noire avançait, élégante et silencieuse jusqu’à rester en face des convives avant d’être enveloppée d’un inattendu voile de fumée blanche qui se dissipa presque aussitôt livrant à leurs yeux une sublime apparition. La musique changea de cadence, un rythme lent, vibrant, sensuel accompagnant des mouvements de légèreté éthérée, quasi surnaturelle qui connurent leur paroxysme quand la silhouette ondulante déplia des ailes fascinantes, translucides, irisées qui l’enveloppèrent aussitôt dans un tourbillon soyeux pour acte suivi s’ouvrir de nouveau et découvrir les traits du merveilleux papillon. OH ! AH !...Grrr…
Voiles judicieusement placés, laissaient voir sans rien montrer vraiment, mais il était impossible, pour le public captivé de ne pas imaginer ce que les yeux ne découvraient pas tout à fait. Ce ballet saisissant accéléra le pouls de certains quand deux autres danseuses se mêlèrent à l’envol de voiles révélateurs dans une chorégraphie sensuelle qui fit monter de quelques crans la température ambiante. La danse cessa doucement, s’éteignant avec la musique, un dernier bruissement d’ailes. La magie fut longue à s’estomper…
Le Djinn ne rigolait pas, en apparaissant à leur retour. Il leur suffit de voir son expression chiffonnée pour deviner que son plan n’avait pas marché comme stipulé.
Il est fort…trop fort…Ton charme merveilleux l’a fait vaciller… mais pas suffisamment…la bulle n’a pas cédé…
Michael doit être…
Furieux…hors de lui…je crains qu’il ne fasse une grosse sottise…ou pas si grosse que ça, soupir dépité, ce vieux Djinn ne sait plus, comme vous dites, vous autres chrétiens…à quel saint se vouer !
On trouvera bien une solution, dit Sam se voulant rassurante. * Tu veux rire, ce sera si Justin ne m’étrangle pas après la prestation de ce soir …même s’il me la devait…*
Elle contemplait les étoiles, assise au balcon se préparant à affronter les commentaires, sans doute plus aigres que doux que ne manquerait pas de faire son chéri, s’il se décidait à rentrer. En fait, il ne s’éternisa pas, où qu’il ait bien voulu être.
Salut, alors…bonne soirée ?...Tu peux arrêter de grogner, je n’ai rien fait d’indécent…Ah bon ? Tu trouves ?...Ben, imagine toi que non ! Ce n’est pas ta tête que je voulais faire tourner…Me dis pas que ça t’a fait de l’effet ! T’es vacciné contre le charme de vélane donc…Figure toi que c’est le Vizir que je visais…Sais pas pourquoi mais m’est avis que Djinn n’a pas partagé ses idées lumineuses avec vous autres !...
Et non ! Il n’avait rien fait de tel. Mine de rien, cet esprit-là menait la ronde à sa façon et s’amusait pas mal à leurs dépens mais semblait aussi être un profond connaisseur de la nature humaine. Une fois qu’elle eut mis tous les points sur les « i », Justin sembla accepter l’idée, sans en être follement ravi, cela va de soi.
De toute façon…ça a foiré…et Djinn a peur que Michael ne fasse des bêtises…tu devrais parler avec lui, pour si jamais...Comment que tu le feras demain ?...Tu ne trouves pas que…ah bon, il est assez grand pour…Justin…arrête un peu…tu pourrais quand même demander si je suis toujours fâchée avec toi…Euh…en fait…plus trop…
Un petit moment après un peu moins…plus tard encore, elle n’y pensait plus du tout…
Samantha Forrester- Messages : 35
Date d'inscription : 11/09/2013
Re: Back to the future
La situation, en soi, dépassait déjà toute mesure rationnelle. Non seulement Alix était en mains du méchant de service mais encore il devait cela à son pote Justin, qui incapable de refréner son élan amoureux, les avait tous laissés sur la paille pour sauver sa vélane.
Être à la merci d’un Djinn déjanté même s’il prônait, sans aucune modestie son incommensurable sagesse et autres vertus, mettait Michael dans un état frôlant le paroxysme enragé. Fantaisiste, frivole et sans doute un peu fou sur les bords, le Djinn s’acquittait, néanmoins, de façon assez spectaculaire de sa tâche de rédempteur des causes perdues. Le seul hic, énorme, était que les pouvoirs de cet esprit de légende, immenses selon lui, n’étaient pas du tout effectifs face à la force malfaisante qui entourait le Grand Vizir. Soupeser les avantages d’une alliance avec Amir ne demanda pas grande science : ils avaient tous à gagner. Enfin, c’est ce que ses compagnons avaient compris au quart de tour, lui, buté et furieux, avait pris son temps.
Le Sultan, innocent de leurs intrigues particulières, servait très bien à leurs intentions. L’humeur de Michael avait empiré, si possible après le cuisant échec de sa rencontre avec Alix. Djinn l’avait ramené au Palais et pris soin de sa main brûlée, sans lui faire aumône d’un peu de silence. Il élaborait des plans, audacieux, farfelus, absurdes ou pas. Michael n’y prêta aucune attention, il avait ses propres idées.
L’occasion de rencontrer l’énigmatique Vizir, se présenta dès le lendemain. Ils furent mis au courant de ce fait à l’heure du petit déjeuner. Ses compagnons ne payaient pas de mine après leur soirée « couleur locale », sans doute très mal agréée par leurs respectives, ce qui n’empêcha pas certaines remarques quant à sa mine à lui.
Et quelle tête tu veux que j’ai ?, grommela t’il à l’adresse de son frère, j’ai d’autres chats à fouetter que m’occuper de faire la fête, moi !...Oui, suis parti plus tôt, m’étonne que tu l’aies remarqué, Justin…À ton avis ?...Non, pas regarder la lune…Je l’ai vue…comment que qui ? T’as le cerveau ramolli, ma parole…Oui, Erik…Alix…comme prévu par notre allié, elle est retenue chez Vous Savez Qui…Impossible de l’approcher ! Ce mec a mis les petits plats dans les grands, question sorts de sécurité…
Il ne resta pas trop de temps pour détailler la situation, déjà on annonçait leur escorte pour se rendre chez le deuxième homme le plus puissant du Royaume. Sans la démesure du palais du Sultan, la demeure n’était pas moins splendide. Luxe oriental bon goût bon ton, domestiques à chaque coin, savoir-faire et politesse à tout azimut. Les quatre princes furent conduits le long de magnifiques corridors jusqu’aux lieux de la réunion, sans perdre conscience d’être étroitement surveillés dans leurs faits et gestes. Salle s’audience. Impossible de s’y méprendre. Assis dans un somptueux fauteuil, très semblable à un trône, Omar Al Vizir ne se gêna pas en déférences inutiles, sans bouger de sa plane, hautain, il leur signifia tout simplement de prendre place, face à lui…plus bas que lui. Il semblait plutôt ennuyé, on devinait bien que ce n’était pas de son gré qu’il avait accédé à cette rencontre mais bien malgré lui, il devait encore totale obéissance au Sultan.
Ainsi vous voici, princes de lointaines contrées. Sa Lumineuse Majesté le Sultan vous tient, dirait-on, en grande estime. Mon devoir est de vous montrer les avances du Royaume, vu que cela éveille votre intérêt, selon ce qui m’a été dit.
*Comme quoi, il ne croit rien de ce qu’on lui a raconté !*
Le regard d’épervier dont l’octroya le Vizir le mit sur avis. Il occupa les suivantes dix minutes à toute sorte de pensées dérangeantes, désagréables, insidieuses, provocantes, se réjouissant, mine de rien, de constater les efforts de leur interlocuteur pour demeurer de marbre alors que peu à peu, il bouillait de colère.
Aussi soudain qu’il avait commencé le petit jeu Michael y mit fin, bloquant adroitement son esprit, en observant toujours attentivement leur hôte. Il laissa Justin et le Duc mener à bien la conversation sur les doctes chemins des accords commerciaux, ce en quoi Davenport se débrouillait comme un maître. Plus il regardait Omar, plus il savait l’avoir déjà vu auparavant. Le Vizir n’avait pas une allure trop orientale pour ne pas dire que pas du tout. Il était brun, soit, mais la pâleur de peau le démarquait du reste. Il était plutôt jeune pour ce poste de si grande importance. Michael lui calcula une quarantaine d’années. Et puis ça vint tout seul…
Portraits des élèves remarquables de Serpentard et il s’était beaucoup fait remarquer, l’individu. Profil bas le reste de la réunion qui ne s’éternisa pas. Malgré ses efforts de maitrise de soi, le Grand Vizir avait du mal à dissimuler sa contrariété. Il était parfaitement excédé mais resta très regardant à toutes les règles de la politesse et le protocole. Ses invités remis aux bons soins de leur escorte, il put se laisser aller à ses sombres réflexions.
*Qui sont ces gens ?...Surtout cet impertinent malotru…Cet imbécile de Mehmed ouvre ses portes à n’importe qui ! Ah, plus vite je mettrai fin au règne de cet inutile et mieux on s’en portera…Pourquoi Mehmed a insisté pour que cette réunion ridicule ait lieu ici ?...À quoi joue t’il, ce pauvre idiot ?...Enfin, laissons le jouir de son illusion de pouvoir, il n’est que cire malléable entre mes mains…Je dois savoir plus sur ces étrangers !*
L’appareil de contrôle interne mis en mouvement, espions égayés aux quatre coins de la ville et au-delà, Omar attendit des résultats satisfaisants mais curieusement ne tira rien de nouveau de tout ce déploiement. Les informations glanées sur les nouveaux amis du Sultan restaient suffisamment floues comme pour le mettre dans un état de nerfs extrême, reconnu peu de siècles plus tard comme paranoïa latente.
Michael se livrait aussi à toute sorte de cogitations plus ou moins pessimistes mais préférait garder ses idées pour lui, ne voulant pas mettre, encore plus, en risque la sécurité de ses amis. Il cherchait à s’isoler mais cela s’avérait quasi impossible. Tous semblaient se faire une bile monstre en le voyant frayer la déprime la plus sombre.
T’en fais pas, Erik…on finira bien par trouver…Non, je me sens bien…Abattu ? Un peu, oui…ça use assez, ne pas savoir comment s’y prendre…C’est clair qu’on ne va pas faire demi-tour et laisser Alix aux mains de ce type…Nous sommes une équipe, je lui dois bien ça, non ?
Sourire en coin, tape sur l’épaule, Erik s’éloigna en secouant la tête. Justin ne tarda rien à se pointer.
Non, je vais bien, mon vieux, merci de le demander !...Euh, que je me fais des idées ? Lesquelles, à ton avis ?...Non, vais pas faire des conneries…suis pas suicidaire, Justin…Que j’ai l’air tout retourné ?...Tu laisserais un camarade d’armes en mains de l’ennemi, toi ?... Bien sûr qu’Alix en est un…elle était de notre côté, non ? Et puis…souviens toi du fameux Inviolable que tu as si bien arrangé !...
Sam eut droit à peu près au même discours et les autres préfèrent le laisser en paix. L’apparition intempestive de leur Djinn particulier les réunit autour de lui. Amir était très satisfait des résultats que donnait leur discrète influence sur le Sultan. Ce dernier se montrait plus assuré, plus ferme et exigeant, donnant des ordres sans vacillation, sans demander conseil au Vizir à tout bout portant. Michael, qui n’avait pas bougé le petit doigt pour y changer quelque chose, se remit à supposer que voir des nouvelles têtes et entendre d’autres avis avait aidé à dégourdir cet esprit coincé, mais se garda bien de le dire.
Le Sultan était de bonne humeur et les convoquait, ces messieurs uniquement, pour un autre de ses fameux dîners avec variété.
Tu seras présent mais ne resteras pas, informa Amir en le retenant en aparté, j’ai préparé une petite surprise qui devrait bien aider à nos intentions…Je te ferai signe et tu viendras me rejoindre dehors…si tout va bien, nous devrions parvenir à nos fins ! Elle sera au jardin, comme la dernière fois…
Et comme la dernière fois, ce soir-là leur mission fut un fiasco. Le Djinn s’en désolait, maudissant la force de leur ennemi.
Il aurait pourtant dû céder…le charme de la vélane aurait dû abattre sa résistance…et te laisser l’opportunité de…
Lui ne pouvait que regarder Alix de l’autre côté du mur invisible qui les séparait, en sentant une colère folle lui marteler les tempes.
Attends-moi et quand je serai là…suis le jeu !
Il fit demi-tour, écumant de rage, sans s’occuper du Djinn qui voltigea un moment autour de lui avant de se poser et l’affronter résolument.
Je comprends que tu sois déçu mais te laisser emporter par ce sentiment ne mènera à rien de bon…
Suffit de sages conseils, esprit…ce n’est pas comme ça qu’on aura des résultats !
Que vas-tu faire ? Ton regard ne me dit rien de bon !
Bien comme ça, et n’essaye surtout pas un de tes petits tours sur moi…Djinn ou pas, je peux quand même te faire passer une mauvais quart d’heure ! Et maintenant, fous moi la paix…
Voudrais t’y voir, nargua Amir.
Me tente pas !
Les soldats postés à la grille du Palais furent écartés sans aucun problème merci un très réussi sortilège de vent tourbillonnant. Les gardes de la porte principale furent pris de court par l’apparition d’un homme tout de noir vêtu, portant un masque d’argent. Leur premier réflexe fut de lui couper le chemin mais l’inconnu, d’un geste dédaigneux, joua de sa baguette et les pétrifia sur place. Sans se presser, l’homme gravit les degrés de pierre et abattit le heurtoir de bronze avec force sur le panneau massif, magnifiquement ouvragé qui fut ouvert par un majordome assez ahuri, peu habitué à des manières aussi cavalières pour s’annoncer.
Mène-moi à ton maître d’immédiat !
Le brave homme tiqua fortement et s’apprêtait à donner trente-cinq raisons valables pour lui faire comprendre que le Grand Vizir ne recevait pas mais il suffit d’un geste et toute résistance disparut.
Omar Al Vizir se trouvait dans son somptueux bureau bibliothèque en compagnie de sa chère nièce à qui il montrait un merveilleux ouvrage ancien qui semblait la fasciner. Jamais de tout jamais, personne n’avait osé faire irruption dans ses appartements privés sans y être convoqué au préalable.
Je ferai coupe ta tête, chien !, hurla t’il à l’adresse du domestique, tes voiles, Alix !
Celle-ci couvrait rapidement sa tête et part de son visage quand un deuxième intrus fit son entrée. C’était une apparition tellement démente et inattendue qu’un silence figé l’accueillit. L’homme au masque émit une espèce de ricanement guttural avant de découvrir lentement son visage et faire tomber la capuche sombre qui agrémentait son accoutrement sinistre.
J’ai fait un long voyage pour vous trouver, Jedusor …et aussi pour la retrouver, elle !, il avait craché ses derniers mots tout en décochant à la jeune femme un regard de haine glaciale.
Omar Al Vizir mit quelques secondes à se reprendre de la surprise de se trouver face à cet inconnu blond qui le dévisageait avec une arrogance insultante et prononçait comme si rien ce nom presque oublié.
Ton audace te coûtera très cher, sache-le !
Je ne le pense pas, reprit l’Autre avec morgue, pas quand tu sauras qui m’envoie et qui je suis !
En parlant, il avait relevé la manche sur son bras gauche. La Marque apparut, diabolique symbole de son allégeance.
Je suppose que vous savez ce que cette Marque signifie, non ? Je suis Michael De Brent, lieutenant de feu notre Maître Lord Voldemort et gardien de…cette femme.
Il s’obligea à ignorer la présence d’Alix mais sentait son regard fixé sur lui.
Connais-tu cet homme, ma nièce ?
Elle avait saisi au quart de tour et sa réponse sèche sonna comme un coup de fouet.
Tu veux me faire croire que tu as fait un déplacement pareil pour la retrouver ?
Michael eut un geste d’indifférence.
Si j’avais eu le choix croyez-moi qu’elle pourrait pourrir en enfer mais mon Maître a cru bon de m’attacher à cette vi…femme avec un Lien inviolable très spécial, où qu’elle aille, j’irai et si elle a retrouvé sa place auprès de notre nouveau Maître, je continuerai d’assumer mon devoir.
Le Vizir se caressa la barbichette tout en jaugeant le Mangemort d’un œil exercé.
Ton histoire semble assez convaincante mais il me faut des garanties…tu n’es peut-être qu’un habile affabulateur.
Je pourrais l’être, oui mais j’ai la preuve de mes dires, la voici !, il plongea la main dans sa poche et en tira la bague de zéphyr d’Alix, elle appartient à votre nièce, qui la tient de sa mère, Cécile. Le seul souvenir que lui a laissé sa bien-aimée grand-mère Calista Blackstorm.
La jeune femme avait fait un pas, la main tendue, en proie d’un vif émoi, réclamant le bijou comme sien, assurant l’avoir perdu le jour des terribles événements.
Je pense qu’un simple affabulateur ne pourrait détenir un bijou perdu dans le futur, le 17 Mai 1998, n’est-ce pas ?
Force fut de le croire…
Elle se tenait près de la fontaine, en apparence perdue dans ses pensées mais il suffit de faire deux pas en sa direction pour qu’elle se retourne et le regarde et commence à parler, à voix basse. Michael leva la main.
Non, je ne suis pas fou… c’est la seule façon que j’avais de te rejoindre…, il s’approcha d’un pas de plus pour, d’un geste très doux, lui flatter la joue, je ne pouvais pas te laisser ici, seule…Je ferai n’importe quoi pour te sortir d’ici…mais on devra trouver la grande astuce…tu es décidément le trésor le mieux gardé de ce Royaume !...
Être à la merci d’un Djinn déjanté même s’il prônait, sans aucune modestie son incommensurable sagesse et autres vertus, mettait Michael dans un état frôlant le paroxysme enragé. Fantaisiste, frivole et sans doute un peu fou sur les bords, le Djinn s’acquittait, néanmoins, de façon assez spectaculaire de sa tâche de rédempteur des causes perdues. Le seul hic, énorme, était que les pouvoirs de cet esprit de légende, immenses selon lui, n’étaient pas du tout effectifs face à la force malfaisante qui entourait le Grand Vizir. Soupeser les avantages d’une alliance avec Amir ne demanda pas grande science : ils avaient tous à gagner. Enfin, c’est ce que ses compagnons avaient compris au quart de tour, lui, buté et furieux, avait pris son temps.
Le Sultan, innocent de leurs intrigues particulières, servait très bien à leurs intentions. L’humeur de Michael avait empiré, si possible après le cuisant échec de sa rencontre avec Alix. Djinn l’avait ramené au Palais et pris soin de sa main brûlée, sans lui faire aumône d’un peu de silence. Il élaborait des plans, audacieux, farfelus, absurdes ou pas. Michael n’y prêta aucune attention, il avait ses propres idées.
L’occasion de rencontrer l’énigmatique Vizir, se présenta dès le lendemain. Ils furent mis au courant de ce fait à l’heure du petit déjeuner. Ses compagnons ne payaient pas de mine après leur soirée « couleur locale », sans doute très mal agréée par leurs respectives, ce qui n’empêcha pas certaines remarques quant à sa mine à lui.
Et quelle tête tu veux que j’ai ?, grommela t’il à l’adresse de son frère, j’ai d’autres chats à fouetter que m’occuper de faire la fête, moi !...Oui, suis parti plus tôt, m’étonne que tu l’aies remarqué, Justin…À ton avis ?...Non, pas regarder la lune…Je l’ai vue…comment que qui ? T’as le cerveau ramolli, ma parole…Oui, Erik…Alix…comme prévu par notre allié, elle est retenue chez Vous Savez Qui…Impossible de l’approcher ! Ce mec a mis les petits plats dans les grands, question sorts de sécurité…
Il ne resta pas trop de temps pour détailler la situation, déjà on annonçait leur escorte pour se rendre chez le deuxième homme le plus puissant du Royaume. Sans la démesure du palais du Sultan, la demeure n’était pas moins splendide. Luxe oriental bon goût bon ton, domestiques à chaque coin, savoir-faire et politesse à tout azimut. Les quatre princes furent conduits le long de magnifiques corridors jusqu’aux lieux de la réunion, sans perdre conscience d’être étroitement surveillés dans leurs faits et gestes. Salle s’audience. Impossible de s’y méprendre. Assis dans un somptueux fauteuil, très semblable à un trône, Omar Al Vizir ne se gêna pas en déférences inutiles, sans bouger de sa plane, hautain, il leur signifia tout simplement de prendre place, face à lui…plus bas que lui. Il semblait plutôt ennuyé, on devinait bien que ce n’était pas de son gré qu’il avait accédé à cette rencontre mais bien malgré lui, il devait encore totale obéissance au Sultan.
Ainsi vous voici, princes de lointaines contrées. Sa Lumineuse Majesté le Sultan vous tient, dirait-on, en grande estime. Mon devoir est de vous montrer les avances du Royaume, vu que cela éveille votre intérêt, selon ce qui m’a été dit.
*Comme quoi, il ne croit rien de ce qu’on lui a raconté !*
Le regard d’épervier dont l’octroya le Vizir le mit sur avis. Il occupa les suivantes dix minutes à toute sorte de pensées dérangeantes, désagréables, insidieuses, provocantes, se réjouissant, mine de rien, de constater les efforts de leur interlocuteur pour demeurer de marbre alors que peu à peu, il bouillait de colère.
Aussi soudain qu’il avait commencé le petit jeu Michael y mit fin, bloquant adroitement son esprit, en observant toujours attentivement leur hôte. Il laissa Justin et le Duc mener à bien la conversation sur les doctes chemins des accords commerciaux, ce en quoi Davenport se débrouillait comme un maître. Plus il regardait Omar, plus il savait l’avoir déjà vu auparavant. Le Vizir n’avait pas une allure trop orientale pour ne pas dire que pas du tout. Il était brun, soit, mais la pâleur de peau le démarquait du reste. Il était plutôt jeune pour ce poste de si grande importance. Michael lui calcula une quarantaine d’années. Et puis ça vint tout seul…
Portraits des élèves remarquables de Serpentard et il s’était beaucoup fait remarquer, l’individu. Profil bas le reste de la réunion qui ne s’éternisa pas. Malgré ses efforts de maitrise de soi, le Grand Vizir avait du mal à dissimuler sa contrariété. Il était parfaitement excédé mais resta très regardant à toutes les règles de la politesse et le protocole. Ses invités remis aux bons soins de leur escorte, il put se laisser aller à ses sombres réflexions.
*Qui sont ces gens ?...Surtout cet impertinent malotru…Cet imbécile de Mehmed ouvre ses portes à n’importe qui ! Ah, plus vite je mettrai fin au règne de cet inutile et mieux on s’en portera…Pourquoi Mehmed a insisté pour que cette réunion ridicule ait lieu ici ?...À quoi joue t’il, ce pauvre idiot ?...Enfin, laissons le jouir de son illusion de pouvoir, il n’est que cire malléable entre mes mains…Je dois savoir plus sur ces étrangers !*
L’appareil de contrôle interne mis en mouvement, espions égayés aux quatre coins de la ville et au-delà, Omar attendit des résultats satisfaisants mais curieusement ne tira rien de nouveau de tout ce déploiement. Les informations glanées sur les nouveaux amis du Sultan restaient suffisamment floues comme pour le mettre dans un état de nerfs extrême, reconnu peu de siècles plus tard comme paranoïa latente.
Michael se livrait aussi à toute sorte de cogitations plus ou moins pessimistes mais préférait garder ses idées pour lui, ne voulant pas mettre, encore plus, en risque la sécurité de ses amis. Il cherchait à s’isoler mais cela s’avérait quasi impossible. Tous semblaient se faire une bile monstre en le voyant frayer la déprime la plus sombre.
T’en fais pas, Erik…on finira bien par trouver…Non, je me sens bien…Abattu ? Un peu, oui…ça use assez, ne pas savoir comment s’y prendre…C’est clair qu’on ne va pas faire demi-tour et laisser Alix aux mains de ce type…Nous sommes une équipe, je lui dois bien ça, non ?
Sourire en coin, tape sur l’épaule, Erik s’éloigna en secouant la tête. Justin ne tarda rien à se pointer.
Non, je vais bien, mon vieux, merci de le demander !...Euh, que je me fais des idées ? Lesquelles, à ton avis ?...Non, vais pas faire des conneries…suis pas suicidaire, Justin…Que j’ai l’air tout retourné ?...Tu laisserais un camarade d’armes en mains de l’ennemi, toi ?... Bien sûr qu’Alix en est un…elle était de notre côté, non ? Et puis…souviens toi du fameux Inviolable que tu as si bien arrangé !...
Sam eut droit à peu près au même discours et les autres préfèrent le laisser en paix. L’apparition intempestive de leur Djinn particulier les réunit autour de lui. Amir était très satisfait des résultats que donnait leur discrète influence sur le Sultan. Ce dernier se montrait plus assuré, plus ferme et exigeant, donnant des ordres sans vacillation, sans demander conseil au Vizir à tout bout portant. Michael, qui n’avait pas bougé le petit doigt pour y changer quelque chose, se remit à supposer que voir des nouvelles têtes et entendre d’autres avis avait aidé à dégourdir cet esprit coincé, mais se garda bien de le dire.
Le Sultan était de bonne humeur et les convoquait, ces messieurs uniquement, pour un autre de ses fameux dîners avec variété.
Tu seras présent mais ne resteras pas, informa Amir en le retenant en aparté, j’ai préparé une petite surprise qui devrait bien aider à nos intentions…Je te ferai signe et tu viendras me rejoindre dehors…si tout va bien, nous devrions parvenir à nos fins ! Elle sera au jardin, comme la dernière fois…
Et comme la dernière fois, ce soir-là leur mission fut un fiasco. Le Djinn s’en désolait, maudissant la force de leur ennemi.
Il aurait pourtant dû céder…le charme de la vélane aurait dû abattre sa résistance…et te laisser l’opportunité de…
Lui ne pouvait que regarder Alix de l’autre côté du mur invisible qui les séparait, en sentant une colère folle lui marteler les tempes.
Attends-moi et quand je serai là…suis le jeu !
Il fit demi-tour, écumant de rage, sans s’occuper du Djinn qui voltigea un moment autour de lui avant de se poser et l’affronter résolument.
Je comprends que tu sois déçu mais te laisser emporter par ce sentiment ne mènera à rien de bon…
Suffit de sages conseils, esprit…ce n’est pas comme ça qu’on aura des résultats !
Que vas-tu faire ? Ton regard ne me dit rien de bon !
Bien comme ça, et n’essaye surtout pas un de tes petits tours sur moi…Djinn ou pas, je peux quand même te faire passer une mauvais quart d’heure ! Et maintenant, fous moi la paix…
Voudrais t’y voir, nargua Amir.
Me tente pas !
Les soldats postés à la grille du Palais furent écartés sans aucun problème merci un très réussi sortilège de vent tourbillonnant. Les gardes de la porte principale furent pris de court par l’apparition d’un homme tout de noir vêtu, portant un masque d’argent. Leur premier réflexe fut de lui couper le chemin mais l’inconnu, d’un geste dédaigneux, joua de sa baguette et les pétrifia sur place. Sans se presser, l’homme gravit les degrés de pierre et abattit le heurtoir de bronze avec force sur le panneau massif, magnifiquement ouvragé qui fut ouvert par un majordome assez ahuri, peu habitué à des manières aussi cavalières pour s’annoncer.
Mène-moi à ton maître d’immédiat !
Le brave homme tiqua fortement et s’apprêtait à donner trente-cinq raisons valables pour lui faire comprendre que le Grand Vizir ne recevait pas mais il suffit d’un geste et toute résistance disparut.
Omar Al Vizir se trouvait dans son somptueux bureau bibliothèque en compagnie de sa chère nièce à qui il montrait un merveilleux ouvrage ancien qui semblait la fasciner. Jamais de tout jamais, personne n’avait osé faire irruption dans ses appartements privés sans y être convoqué au préalable.
Je ferai coupe ta tête, chien !, hurla t’il à l’adresse du domestique, tes voiles, Alix !
Celle-ci couvrait rapidement sa tête et part de son visage quand un deuxième intrus fit son entrée. C’était une apparition tellement démente et inattendue qu’un silence figé l’accueillit. L’homme au masque émit une espèce de ricanement guttural avant de découvrir lentement son visage et faire tomber la capuche sombre qui agrémentait son accoutrement sinistre.
J’ai fait un long voyage pour vous trouver, Jedusor …et aussi pour la retrouver, elle !, il avait craché ses derniers mots tout en décochant à la jeune femme un regard de haine glaciale.
Omar Al Vizir mit quelques secondes à se reprendre de la surprise de se trouver face à cet inconnu blond qui le dévisageait avec une arrogance insultante et prononçait comme si rien ce nom presque oublié.
Ton audace te coûtera très cher, sache-le !
Je ne le pense pas, reprit l’Autre avec morgue, pas quand tu sauras qui m’envoie et qui je suis !
En parlant, il avait relevé la manche sur son bras gauche. La Marque apparut, diabolique symbole de son allégeance.
Je suppose que vous savez ce que cette Marque signifie, non ? Je suis Michael De Brent, lieutenant de feu notre Maître Lord Voldemort et gardien de…cette femme.
Il s’obligea à ignorer la présence d’Alix mais sentait son regard fixé sur lui.
Connais-tu cet homme, ma nièce ?
Elle avait saisi au quart de tour et sa réponse sèche sonna comme un coup de fouet.
Tu veux me faire croire que tu as fait un déplacement pareil pour la retrouver ?
Michael eut un geste d’indifférence.
Si j’avais eu le choix croyez-moi qu’elle pourrait pourrir en enfer mais mon Maître a cru bon de m’attacher à cette vi…femme avec un Lien inviolable très spécial, où qu’elle aille, j’irai et si elle a retrouvé sa place auprès de notre nouveau Maître, je continuerai d’assumer mon devoir.
Le Vizir se caressa la barbichette tout en jaugeant le Mangemort d’un œil exercé.
Ton histoire semble assez convaincante mais il me faut des garanties…tu n’es peut-être qu’un habile affabulateur.
Je pourrais l’être, oui mais j’ai la preuve de mes dires, la voici !, il plongea la main dans sa poche et en tira la bague de zéphyr d’Alix, elle appartient à votre nièce, qui la tient de sa mère, Cécile. Le seul souvenir que lui a laissé sa bien-aimée grand-mère Calista Blackstorm.
La jeune femme avait fait un pas, la main tendue, en proie d’un vif émoi, réclamant le bijou comme sien, assurant l’avoir perdu le jour des terribles événements.
Je pense qu’un simple affabulateur ne pourrait détenir un bijou perdu dans le futur, le 17 Mai 1998, n’est-ce pas ?
Force fut de le croire…
Elle se tenait près de la fontaine, en apparence perdue dans ses pensées mais il suffit de faire deux pas en sa direction pour qu’elle se retourne et le regarde et commence à parler, à voix basse. Michael leva la main.
Non, je ne suis pas fou… c’est la seule façon que j’avais de te rejoindre…, il s’approcha d’un pas de plus pour, d’un geste très doux, lui flatter la joue, je ne pouvais pas te laisser ici, seule…Je ferai n’importe quoi pour te sortir d’ici…mais on devra trouver la grande astuce…tu es décidément le trésor le mieux gardé de ce Royaume !...
Michael De Brent- Messages : 76
Date d'inscription : 08/09/2013
Re: Back to the future
Aurea la belle, celle qui est faite d’or ! En tout cas, du coup, ça avait plutôt l’allure d’un merveilleux mirage surgi entre les dunes du désert …sans en être un ! Il fallut bien s’en convaincre une fois franchies les portes. Les mystères de l’Orient semblaient prêts à se révéler dans ce tourbillon entêtant de couleurs, senteurs et bruits. Et qui dit Orient, dit bazar…et qui dit bazar, dit shopping ! Terme peu adapté à l’époque visitée mais ce n’était pas Opal McLane qui s’encombrait de détails si moindres.
J’ai bien envie d’y aller faire un tour, à ce bazar…ça doit être super !
C’était bien sûr sans compter avec les gars sérieux du groupe qui étaient en contre de tout élan mondain et divertissant. Il fallut se plier au sérieux de la situation. Ces messieurs allèrent vendre les chameaux, sans tenir en compte son offre de les seconder, évidemment de ces temps, les femmes ne se livraient pas à ce genre d’activité.
Et zut…pas de shopping, pas de marchandage…on fait quoi alors ?
Suivre le mouvement, garder profil bas et s’empêtrer dans des mètres de tissu. L’auberge dénichée ne payait pas trop de mine mais au moins ils auraient un toit sur la tête. Le repas était saturé d’épices, immangeable.
Beurk…c’était du vieux chameau, coriace…j’aurais arrangé ça en…m’enfin…tu penses quoi, de tout ça, Erik ?
Je suis contre une attaque musclée d’un site inconnu… Tu les as entendus, non ? Ils veulent foncer dans le tas, récupérer les filles, et transplaner… S’ils persistent, faudra les endormir !
Pas de souci, si ça se gâte, Angel leur refile un de ses cocktails…pas vrai, ma chérie ?...t’en fais pas…suis sûre que ton Duc saura se montrer raisonnable…
Dieu merci, il ne fut pas le seul. Même en pleine déprime et à bout de nerfs, Davenport et De Brent pouvaient penser correctement. Aucun besoin d’actions suicidaires. Par contre, les nouvelles rapportées étaient peu engageantes, on faisait des gorges chaudes dans le milieu à cause d’une vente d’esclaves exceptionnelles. Pas besoin d’un dessin pour deviner de qui il s’agissait. Selon la rumeur, les prix envisagés étaient exorbitants. Mentalement, Opal faisait des calculs ! Elle avait bien sa bourse d’or et les autres n’étaient pas sans le sou non plus mais là ça risquait d’être un peu juste, vu l’enjeu. Quoiqu’il en soit, on n’allait pas rester de bras croisés…enfin, pas ces messieurs !
Et nous, of course, on est censées de nous tourner les pouces !, râla Opal en faisant la moue.
Mais Angel avait sa petite idée :
Les patronus sont formels : elles sont ensemble au Palais ! Opal, ça te dirait de m’y accompagner ? Avec du polynectar, on pourrait…
Polynectar !?...Compte pas sur moi pour avaler cette mixture…en tout cas je vais avec toi…
Sa Grâce le Duc de Gilmore voulut opposer son veto mais ne connut aucun succès, le pauvre n’avait pas encore droit de vote. Erik, par contre sut se montrer parfaitement raisonnable :
Je ne discuterai pas ma chérie, avec toi c’est inutile. Je pense que pendant que vous étudiez ces lieux, nous trois on devrait aller… jouer…
*C’est un génie, mon amour !*
On protesta par là mais il sut leur fermer le clapet en assurant ne pas être sorciers pour des prunes.
J’adore, ce gars, soupira-t’elle à l'adresse de sa copine, mais revenons à nos moutons…on va entrer au Palais…et au sérail…discrètes et mimi tout plein…nous aussi, on a nos petits pouvoirs extra !
Et avant qu’on n’ose soulever un doute, elle était devenue un beau chat abyssin qui se frotta, enjôleur aux jambes du jeune suédois avant de filer joyeusement, suivi de son confrère siamois.
Courir, sauter, se faufiler, rien de plus facile pour un minet plein d’audace. Se couler dans le harem demanda du doigté mais Opal finit par trouver les objets de sa quête. Les deux belles n’avaient pas l’air trop réjouies et on pouvait les comprendre mais l’australienne ne perdit pas le temps en atermoiements.
Faut faire vite, j’ai un seul message : vous n’êtes pas seules. Demain, à la vente, ils seront là, avec plein d’or. Y a-t ’il des mesures de sécurité extraordinaires ? Des sorciers dans le coin ?...Pas vos baguettes, j’imagine !
Ce fut du vite fait, on venait, Opal reprit sa forme féline et fila par où elle était venue.
Mais les meilleurs plans ont des failles.
Oups…à moitié foiré…, souffla Opal en observant l’assistance mitigée, *on est cuits !*
Mais Dame Chance ne les avait pas tout à fait abandonnés, même si se manifestant à sa façon…Opal pensa, tout d’abord, que c’était l’effet chavirant qu’avait le regard de son suédois qui lui faisait avoir des visions mais, quand après quelques virevoltes savantes et une descente périlleuse , la singulière apparition se stabilisa, à un demi-mètre du sol, les considérant d’un œil malicieux, elle opta pour croire à un parent oriental de ce cher Peeves qui avait su si bien lui compliquer l’existence.
*Manquait que ça…un esprit embrouilleur !*
Rien de semblable, assura l’apparition, d’un petit ton vexé, je suis un Djinn !
Euh…enchantée ! …Erik…tu vois la même chose que moi ?
Il le faisait et les autres aussi, sauf Michael, qu’on avait dû endormir pour qu’il fiche un peu la paix, le pauvre. La suite fut digne du personnage qui ne chôma pas pour les convaincre de ses bonnes intentions. Opal se sentait un peu dépassée par les événements mais suivit gentiment le mouvement et en un clin d’œil, leurs vies avaient pris un extraordinaire nouveau tournant.
Nouvelle installation, décor très réussi, on ne peut plus digne d’une histoire des Mille et Une Nuits. Domestiques dévoués à leur confort, gâteries de tout genre, petites attentions charmantes qui vainquirent les dernières suspicions. De plus l’histoire, si habilement contée par leur hôte, était des plus convaincantes. Esprit bienfaisant engagé pour la Cause de la paix et la justice, Amir, le djinn ne put que gagner leurs sympathies. Ses problèmes, mine de rien, ressemblaient pas mal aux leurs. Comme dans toute histoire prenante qui se respecte, le Bien et le Mal entraient en cause. Une simple histoire de pouvoir convoité, comme on en connait tant. Le Djinn était « supporter » du Sultan, un chouette type un peu mou du cerveau mais à la base bon et juste. Le méchant était personnifié par un Vizir ambitieux, qui ne voulait pas que sa part du gâteau mais le gâteau tout entier.
Le coup normal, quoi…mais, il y a plus que ça, non ?, et elle était sûre de ne pas être la seule avec cette idée.
Malheureusement, elle ni personne ne se trompait. Il y avait bien plus et c’était pire que prévu, mais Amir, le Djinn avait des idées bien arrêtées de comment s’y prendre…
Il en a des bonnes, le sultan avec ses histoires de harem…tu ne commencerais pas à te faire des idées, par hasard !?
Erik, radicalement brun et oriental mais pas moins craquant pour ça, crut bon défendre la vertu de ses idées.
Sais pas moi…être ici, avec ces coutumes si…enfin, tu comprends!... Euh ? Moi?...Jalouse ?...En ai pas encore fait l’expérience mais on dit bien par là qu’il faut pas tenter le diable…On se comprend ?
Elle continua de babiller tout en faisant le tour des appartements somptueux mis à leur disposition, s’émerveillant des soieries chatoyantes, des merveilleux tapis, des meubles délicats, bibelots et autres objets décoratifs, tout en faisant un effort pour ignorer l’immense lit…le seul à disposition !
*C’est un court de tennis, ce truc…remarque, le divan n’est pas si mal que ça !*…Bon, là, je dois y aller…les filles m’attendent…Ce soir, le banquet, tu t’en souviens pas ?
De sa vie, Opal n’avait eu droit à pareil traitement-beauté. L’esthéticienne, elle connaissait mais ce déploiement de savoir l’épatait : bain parfumé, massage aux huiles précieuses, mains habiles pour la coiffer, la maquiller, la vêtir, la couvrir de bijoux jamais imaginés. La vision que lui renvoya le miroir la laissa sans paroles, ce qui était déjà beaucoup dire.
Et tout ça pour…ÇA !?
Et « ÇA » c’était une réunion en petit comité, exclusivement féminin, séparé de ces messieurs par un des merveilleux panneaux ajourés, qui permettaient de voir sans être vu. Avec patience, mais pas plus heureuse pour autant, Sam lui expliquait qu’ainsi le voulait la coutume des peuples musulmans : hommes d’un côté, femmes de l’autre.
Ouais…et à part nous goinfrer comme des malades on doit se virer le foie en regardant comment s’amusent les autres…ohlala…parce que pour s’amuser… ils y vont pas de main morte…
Après des danses sinueuses, séductrices et entêtantes voilà que les exotiques plantes qui s’étaient si bien déhanchées délaissaient l’art de la danse pour s’exercer à un autre…aussi subtil.
Un petit sort…et on les remet à l’heure, les pendules !
Non Opal, tu ne vas stupéfixer personne…tu peux lui arracher les yeux, mais après…, conseilla Sam.
Voulais pas la stupefixer, cette vipère…mais lui envoyer un Furunculus, ça lui ôtera l’envie de le remuer un moment !
Angel menaçait de vomir, Sam s’avouait outrée, Opal suivit le mouvement faute de mieux, sans avoir mené à bien son projet.
* Bah…ça perd rien pour attendre… !*
Que firent ses amies le reste de leur soirée ? Sans doute s’enfermèrent-elles à ruminer une douloureuse revanche. L’australienne, elle, préféra sortir se balader dans les jardins aux senteurs entêtantes et s’asseoir un long moment en plongeant les pieds dans une fontaine, question de se rafraîchir les pieds et les idées en passant.
Quelques bougies éclairaient la somptueuse suite quand Opal s’y glissa, venant du jardin. Erik était assis au bord du lit, la tête entre les mains. Elle s’assit à côté de lui et lui ébouriffa doucement les cheveux.
Alors, fêtard…ça va ?...Euh oui…j’ai tout vu…on a tout vu…enfin…juste jusqu’au moment où Sam a décidé de nous rapatrier…on va pas se raconter des histoires, Erik…suis pas née de la dernière pluie et mes yeux se portent à merveille…Dégoûtée ?...Hum ! Disons que c’était pas à sauter de joie en voyant ce serpent s’enrouler autour de toi…Ok…j’y pense plus…Oui, j’ai confiance en toi…Oui, je sais que tu es le type le plus honorable des deux hémisphères…, elle se tut, le temps d'embrasser doucement le sommet de son crâne, je t’aime, Erik…mais là, on va dormir…Tu n’as pas sommeil ?...Oui, de la bile pour Michael…ben oui, il est tracassé pour sa copine…Faire des bêtises ?...Allons, pas lui…Euh, il a l’air plutôt sûr de lui, soit il frôle la déprime mais ça veut pas dire qu’il soit devenu idiot…
C’était bon bavarder avec Erik. Rester là, avec lui, accommodés dans ce large lit, conçu pour d’autres effets que cette platonique entente, faite de confiance, amitié et bon amour. Ils finirent par s’endormir, elle lovée dans ses bras, lui, fort et protecteur, et rien ne pouvait être plus parfait que cela !
Mais bien sûr, la vie ne peut être ni si belle ni si paisible. L’étoffe de cette histoire était tout autre que du fin coton, c’était un artistique tapis à la trame conjuguée d’intrigues, convoitises et ambitions.
Le Grand Vizir ne lambinait pas en chemin pour parvenir à ses fins. Djinn les avait avertis sur SES pouvoirs et l’emploi certain de la magie noire, unique explication pour cette bulle infranchissable qui mettait en échec tout essai d’en venir à bout !
Faite de mieux, l’idée d’Amir de distraire l’attention du Vizir, fut retenue. Selon lui, si on arrivait à faire flancher sa concentration, la résistance de la Bulle serait moindre et Michael pourrait alors sauver son Alix. Et pour une distraction, il en choisit une, et pas des moindres. Mises au parfum de son plan, ces dames se gardèrent bien d’en souffler mot à leurs compagnons et se livrèrent à toute sorte de préparatifs secrets.
Non mais, franchement…et vous voulez que j’évolue, gracieuse comme une gazelle ? Z’êtes dingues, je danse comme un manche à balai !
Angel lui rit au nez en exhibant une fiole, assurant y avoir pensé, à ses carences dans l’art de Terpsichore. L’australienne fronça le nez pas trop sûre de vouloir avaler la potion magique mais le regard insistant de ses amies et du Djinn la convainquirent.
La mise en scène, très hollywoodienne, même avec les moyens à bord, s’avéra, aux dires des autres, extraordinaire. Opal était trop occupée à s’émerveiller de sa grâce aérienne pour prêter attention aux réactions du public. Sam avait déployé son charme de vélane avec grand art et fait, sans aucun, doute, tourner bien de têtes. Plus d’un, parmi l’assistance, Sultan inclus, fut prêt à se damner pour son sourire…mais cette prestation digne de toute reconnaissance, ne suffit pas pour ébranler la concentration du sujet visé…elle vacilla, oui…mais rien qu’un peu…et pas assez !
Énorme dépit ! Ce qui devait arriver, arriva ! Après ce nouvel échec pour libérer sa chérie, Michael prit l’affaire en main à sa façon, déserta leur compagnie pour se présenter chez le Vizir à qui il offrit ses services comme Mangemort patenté…ce qui, vraisemblablement, fut agréé.
Pas à dire, Erik…il a de la suite dans ses idées, ton grand frère !
On percevait à peine la teneur approximative de cette défection quand une confidence, échappée par hasard, laissa entrevoir les véritables entrelacs d’une énorme manigance. Ce fut Angel qui en eut le prémices et le rapporta illico.
Quoi ? Veuf`…Ah bon…de sa première épouse…il en a combien ?
Sa Grâce le Duc, qui semblait en savoir plus que les autres assura qu’un Sultan pouvait se permettre d’avoir un nombre illimité d’épouses et autant de favorites qu’il voudrait. Justin crut bon ajouter que si l’épouse morte avait été la principale et la plus chérie, il voudrait la remplacer par une autre de très spéciale. Sam avait soupiré à en fendre l’âme.
Et tu dis Angel…que la rumeur court que le Grand Vizir veut lui donner sa nièce pour combler sa perte ?...Je pige rien…
Le Djinn seconda habilement les dires horrifiés de Justin, confirmés par une Sam presque malade. Un peu par ci, un peu par-là, des pièces s’assemblaient dans un puzzle sordide. Opal, trop abasourdie pour réagir laissa les bras d’Erik l’entourer, la réconfortant.
Ça…ça veut dire, Justin que…tu as reconnu…tu l’as reconnu…mais comment ?...ah oui…copain avec un Serpentard…tu as vu…Oh, mon Dieu…il s’est jeté de nouveau dans le nid du serpent…On fait quoi, là ? On est pas sortis de l’auberge…
J’ai bien envie d’y aller faire un tour, à ce bazar…ça doit être super !
C’était bien sûr sans compter avec les gars sérieux du groupe qui étaient en contre de tout élan mondain et divertissant. Il fallut se plier au sérieux de la situation. Ces messieurs allèrent vendre les chameaux, sans tenir en compte son offre de les seconder, évidemment de ces temps, les femmes ne se livraient pas à ce genre d’activité.
Et zut…pas de shopping, pas de marchandage…on fait quoi alors ?
Suivre le mouvement, garder profil bas et s’empêtrer dans des mètres de tissu. L’auberge dénichée ne payait pas trop de mine mais au moins ils auraient un toit sur la tête. Le repas était saturé d’épices, immangeable.
Beurk…c’était du vieux chameau, coriace…j’aurais arrangé ça en…m’enfin…tu penses quoi, de tout ça, Erik ?
Je suis contre une attaque musclée d’un site inconnu… Tu les as entendus, non ? Ils veulent foncer dans le tas, récupérer les filles, et transplaner… S’ils persistent, faudra les endormir !
Pas de souci, si ça se gâte, Angel leur refile un de ses cocktails…pas vrai, ma chérie ?...t’en fais pas…suis sûre que ton Duc saura se montrer raisonnable…
Dieu merci, il ne fut pas le seul. Même en pleine déprime et à bout de nerfs, Davenport et De Brent pouvaient penser correctement. Aucun besoin d’actions suicidaires. Par contre, les nouvelles rapportées étaient peu engageantes, on faisait des gorges chaudes dans le milieu à cause d’une vente d’esclaves exceptionnelles. Pas besoin d’un dessin pour deviner de qui il s’agissait. Selon la rumeur, les prix envisagés étaient exorbitants. Mentalement, Opal faisait des calculs ! Elle avait bien sa bourse d’or et les autres n’étaient pas sans le sou non plus mais là ça risquait d’être un peu juste, vu l’enjeu. Quoiqu’il en soit, on n’allait pas rester de bras croisés…enfin, pas ces messieurs !
Et nous, of course, on est censées de nous tourner les pouces !, râla Opal en faisant la moue.
Mais Angel avait sa petite idée :
Les patronus sont formels : elles sont ensemble au Palais ! Opal, ça te dirait de m’y accompagner ? Avec du polynectar, on pourrait…
Polynectar !?...Compte pas sur moi pour avaler cette mixture…en tout cas je vais avec toi…
Sa Grâce le Duc de Gilmore voulut opposer son veto mais ne connut aucun succès, le pauvre n’avait pas encore droit de vote. Erik, par contre sut se montrer parfaitement raisonnable :
Je ne discuterai pas ma chérie, avec toi c’est inutile. Je pense que pendant que vous étudiez ces lieux, nous trois on devrait aller… jouer…
*C’est un génie, mon amour !*
On protesta par là mais il sut leur fermer le clapet en assurant ne pas être sorciers pour des prunes.
J’adore, ce gars, soupira-t’elle à l'adresse de sa copine, mais revenons à nos moutons…on va entrer au Palais…et au sérail…discrètes et mimi tout plein…nous aussi, on a nos petits pouvoirs extra !
Et avant qu’on n’ose soulever un doute, elle était devenue un beau chat abyssin qui se frotta, enjôleur aux jambes du jeune suédois avant de filer joyeusement, suivi de son confrère siamois.
Courir, sauter, se faufiler, rien de plus facile pour un minet plein d’audace. Se couler dans le harem demanda du doigté mais Opal finit par trouver les objets de sa quête. Les deux belles n’avaient pas l’air trop réjouies et on pouvait les comprendre mais l’australienne ne perdit pas le temps en atermoiements.
Faut faire vite, j’ai un seul message : vous n’êtes pas seules. Demain, à la vente, ils seront là, avec plein d’or. Y a-t ’il des mesures de sécurité extraordinaires ? Des sorciers dans le coin ?...Pas vos baguettes, j’imagine !
Ce fut du vite fait, on venait, Opal reprit sa forme féline et fila par où elle était venue.
Mais les meilleurs plans ont des failles.
Oups…à moitié foiré…, souffla Opal en observant l’assistance mitigée, *on est cuits !*
Mais Dame Chance ne les avait pas tout à fait abandonnés, même si se manifestant à sa façon…Opal pensa, tout d’abord, que c’était l’effet chavirant qu’avait le regard de son suédois qui lui faisait avoir des visions mais, quand après quelques virevoltes savantes et une descente périlleuse , la singulière apparition se stabilisa, à un demi-mètre du sol, les considérant d’un œil malicieux, elle opta pour croire à un parent oriental de ce cher Peeves qui avait su si bien lui compliquer l’existence.
*Manquait que ça…un esprit embrouilleur !*
Rien de semblable, assura l’apparition, d’un petit ton vexé, je suis un Djinn !
Euh…enchantée ! …Erik…tu vois la même chose que moi ?
Il le faisait et les autres aussi, sauf Michael, qu’on avait dû endormir pour qu’il fiche un peu la paix, le pauvre. La suite fut digne du personnage qui ne chôma pas pour les convaincre de ses bonnes intentions. Opal se sentait un peu dépassée par les événements mais suivit gentiment le mouvement et en un clin d’œil, leurs vies avaient pris un extraordinaire nouveau tournant.
Nouvelle installation, décor très réussi, on ne peut plus digne d’une histoire des Mille et Une Nuits. Domestiques dévoués à leur confort, gâteries de tout genre, petites attentions charmantes qui vainquirent les dernières suspicions. De plus l’histoire, si habilement contée par leur hôte, était des plus convaincantes. Esprit bienfaisant engagé pour la Cause de la paix et la justice, Amir, le djinn ne put que gagner leurs sympathies. Ses problèmes, mine de rien, ressemblaient pas mal aux leurs. Comme dans toute histoire prenante qui se respecte, le Bien et le Mal entraient en cause. Une simple histoire de pouvoir convoité, comme on en connait tant. Le Djinn était « supporter » du Sultan, un chouette type un peu mou du cerveau mais à la base bon et juste. Le méchant était personnifié par un Vizir ambitieux, qui ne voulait pas que sa part du gâteau mais le gâteau tout entier.
Le coup normal, quoi…mais, il y a plus que ça, non ?, et elle était sûre de ne pas être la seule avec cette idée.
Malheureusement, elle ni personne ne se trompait. Il y avait bien plus et c’était pire que prévu, mais Amir, le Djinn avait des idées bien arrêtées de comment s’y prendre…
Il en a des bonnes, le sultan avec ses histoires de harem…tu ne commencerais pas à te faire des idées, par hasard !?
Erik, radicalement brun et oriental mais pas moins craquant pour ça, crut bon défendre la vertu de ses idées.
Sais pas moi…être ici, avec ces coutumes si…enfin, tu comprends!... Euh ? Moi?...Jalouse ?...En ai pas encore fait l’expérience mais on dit bien par là qu’il faut pas tenter le diable…On se comprend ?
Elle continua de babiller tout en faisant le tour des appartements somptueux mis à leur disposition, s’émerveillant des soieries chatoyantes, des merveilleux tapis, des meubles délicats, bibelots et autres objets décoratifs, tout en faisant un effort pour ignorer l’immense lit…le seul à disposition !
*C’est un court de tennis, ce truc…remarque, le divan n’est pas si mal que ça !*…Bon, là, je dois y aller…les filles m’attendent…Ce soir, le banquet, tu t’en souviens pas ?
De sa vie, Opal n’avait eu droit à pareil traitement-beauté. L’esthéticienne, elle connaissait mais ce déploiement de savoir l’épatait : bain parfumé, massage aux huiles précieuses, mains habiles pour la coiffer, la maquiller, la vêtir, la couvrir de bijoux jamais imaginés. La vision que lui renvoya le miroir la laissa sans paroles, ce qui était déjà beaucoup dire.
Et tout ça pour…ÇA !?
Et « ÇA » c’était une réunion en petit comité, exclusivement féminin, séparé de ces messieurs par un des merveilleux panneaux ajourés, qui permettaient de voir sans être vu. Avec patience, mais pas plus heureuse pour autant, Sam lui expliquait qu’ainsi le voulait la coutume des peuples musulmans : hommes d’un côté, femmes de l’autre.
Ouais…et à part nous goinfrer comme des malades on doit se virer le foie en regardant comment s’amusent les autres…ohlala…parce que pour s’amuser… ils y vont pas de main morte…
Après des danses sinueuses, séductrices et entêtantes voilà que les exotiques plantes qui s’étaient si bien déhanchées délaissaient l’art de la danse pour s’exercer à un autre…aussi subtil.
Un petit sort…et on les remet à l’heure, les pendules !
Non Opal, tu ne vas stupéfixer personne…tu peux lui arracher les yeux, mais après…, conseilla Sam.
Voulais pas la stupefixer, cette vipère…mais lui envoyer un Furunculus, ça lui ôtera l’envie de le remuer un moment !
Angel menaçait de vomir, Sam s’avouait outrée, Opal suivit le mouvement faute de mieux, sans avoir mené à bien son projet.
* Bah…ça perd rien pour attendre… !*
Que firent ses amies le reste de leur soirée ? Sans doute s’enfermèrent-elles à ruminer une douloureuse revanche. L’australienne, elle, préféra sortir se balader dans les jardins aux senteurs entêtantes et s’asseoir un long moment en plongeant les pieds dans une fontaine, question de se rafraîchir les pieds et les idées en passant.
Quelques bougies éclairaient la somptueuse suite quand Opal s’y glissa, venant du jardin. Erik était assis au bord du lit, la tête entre les mains. Elle s’assit à côté de lui et lui ébouriffa doucement les cheveux.
Alors, fêtard…ça va ?...Euh oui…j’ai tout vu…on a tout vu…enfin…juste jusqu’au moment où Sam a décidé de nous rapatrier…on va pas se raconter des histoires, Erik…suis pas née de la dernière pluie et mes yeux se portent à merveille…Dégoûtée ?...Hum ! Disons que c’était pas à sauter de joie en voyant ce serpent s’enrouler autour de toi…Ok…j’y pense plus…Oui, j’ai confiance en toi…Oui, je sais que tu es le type le plus honorable des deux hémisphères…, elle se tut, le temps d'embrasser doucement le sommet de son crâne, je t’aime, Erik…mais là, on va dormir…Tu n’as pas sommeil ?...Oui, de la bile pour Michael…ben oui, il est tracassé pour sa copine…Faire des bêtises ?...Allons, pas lui…Euh, il a l’air plutôt sûr de lui, soit il frôle la déprime mais ça veut pas dire qu’il soit devenu idiot…
C’était bon bavarder avec Erik. Rester là, avec lui, accommodés dans ce large lit, conçu pour d’autres effets que cette platonique entente, faite de confiance, amitié et bon amour. Ils finirent par s’endormir, elle lovée dans ses bras, lui, fort et protecteur, et rien ne pouvait être plus parfait que cela !
Mais bien sûr, la vie ne peut être ni si belle ni si paisible. L’étoffe de cette histoire était tout autre que du fin coton, c’était un artistique tapis à la trame conjuguée d’intrigues, convoitises et ambitions.
Le Grand Vizir ne lambinait pas en chemin pour parvenir à ses fins. Djinn les avait avertis sur SES pouvoirs et l’emploi certain de la magie noire, unique explication pour cette bulle infranchissable qui mettait en échec tout essai d’en venir à bout !
Faite de mieux, l’idée d’Amir de distraire l’attention du Vizir, fut retenue. Selon lui, si on arrivait à faire flancher sa concentration, la résistance de la Bulle serait moindre et Michael pourrait alors sauver son Alix. Et pour une distraction, il en choisit une, et pas des moindres. Mises au parfum de son plan, ces dames se gardèrent bien d’en souffler mot à leurs compagnons et se livrèrent à toute sorte de préparatifs secrets.
Non mais, franchement…et vous voulez que j’évolue, gracieuse comme une gazelle ? Z’êtes dingues, je danse comme un manche à balai !
Angel lui rit au nez en exhibant une fiole, assurant y avoir pensé, à ses carences dans l’art de Terpsichore. L’australienne fronça le nez pas trop sûre de vouloir avaler la potion magique mais le regard insistant de ses amies et du Djinn la convainquirent.
La mise en scène, très hollywoodienne, même avec les moyens à bord, s’avéra, aux dires des autres, extraordinaire. Opal était trop occupée à s’émerveiller de sa grâce aérienne pour prêter attention aux réactions du public. Sam avait déployé son charme de vélane avec grand art et fait, sans aucun, doute, tourner bien de têtes. Plus d’un, parmi l’assistance, Sultan inclus, fut prêt à se damner pour son sourire…mais cette prestation digne de toute reconnaissance, ne suffit pas pour ébranler la concentration du sujet visé…elle vacilla, oui…mais rien qu’un peu…et pas assez !
Énorme dépit ! Ce qui devait arriver, arriva ! Après ce nouvel échec pour libérer sa chérie, Michael prit l’affaire en main à sa façon, déserta leur compagnie pour se présenter chez le Vizir à qui il offrit ses services comme Mangemort patenté…ce qui, vraisemblablement, fut agréé.
Pas à dire, Erik…il a de la suite dans ses idées, ton grand frère !
On percevait à peine la teneur approximative de cette défection quand une confidence, échappée par hasard, laissa entrevoir les véritables entrelacs d’une énorme manigance. Ce fut Angel qui en eut le prémices et le rapporta illico.
Quoi ? Veuf`…Ah bon…de sa première épouse…il en a combien ?
Sa Grâce le Duc, qui semblait en savoir plus que les autres assura qu’un Sultan pouvait se permettre d’avoir un nombre illimité d’épouses et autant de favorites qu’il voudrait. Justin crut bon ajouter que si l’épouse morte avait été la principale et la plus chérie, il voudrait la remplacer par une autre de très spéciale. Sam avait soupiré à en fendre l’âme.
Et tu dis Angel…que la rumeur court que le Grand Vizir veut lui donner sa nièce pour combler sa perte ?...Je pige rien…
Le Djinn seconda habilement les dires horrifiés de Justin, confirmés par une Sam presque malade. Un peu par ci, un peu par-là, des pièces s’assemblaient dans un puzzle sordide. Opal, trop abasourdie pour réagir laissa les bras d’Erik l’entourer, la réconfortant.
Ça…ça veut dire, Justin que…tu as reconnu…tu l’as reconnu…mais comment ?...ah oui…copain avec un Serpentard…tu as vu…Oh, mon Dieu…il s’est jeté de nouveau dans le nid du serpent…On fait quoi, là ? On est pas sortis de l’auberge…
Opal McLane- Messages : 39
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Re: Back to the future
D’ordinaire, Alix aimait les plantes. Là, celles qui entouraient la résidence, aussi splendides fussent-elles, ne parvinrent pas à lui tirer l’ombre d’un sourire. Ce jour-là, pas plus que la veille, les traits de la recluse forcée ne se déridèrent pas malgré les parfums enivrants des précieuses floraisons alentours. Belle prison que la sienne ! Alix ne manquait de rien sauf d’une chose : de liberté.
Elle en avait fait les frais rapidement en tentant de fausser compagnie à son geôlier. Le cuisant échec avéré suffit à sa punition. Le Vizir l’avait tancée verbalement tout en faisant disparaître ses brûlures :
Ne t’avais-je point avertie ? Moi seul ouvre et ferme la bulle de captivité. Nul ne viendra te chercher, tiens-le toi pour dit ! Profite de ce repos et mange ce que Latifa te présente sinon… c’est elle qui fera les frais de tes entêtements.
Ce n’étaient pas des paroles en l’air. La mignonne Latifa, seule esclave à son service exclusif à pouvoir lui adresser la parole, fut fouettée au sang parce qu’Alix n’avait pas goûté tous les plats offerts.
Manger, dormir, se laisser oindre, vêtir, se promener au parc, lire… Voilà des activités abrutissantes sans doute destinées à la transformer en douce agnelle ou jument docile.
*Cours toujours tonton ! On est venu à bout de la peau d’un Jédusor, tôt ou tard on aura la tienne aussi !*
On… Lui et elle, elle et lui. Impossible de ne pas penser jour et nuit à celui qui avait essayé de la racheter. Hélas, il ne savait pas combien les dés étaient pipés ! Soudain, alors qu’elle flânait dans les jardins, l’unique obsession de son esprit abattu sembla se matérialiser à proximité :
*Tu dérailles tellement que tu l’imagines réel. *
Elle eut beau se détourner, fermer les yeux, les rouvrir plusieurs fois, l’apparition demeura. Incrédule, presque hypnotisée par la concrétisation d’un rêve fou, elle s’approcha alors que les lèvres du jeune homme formaient son prénom :
Alix !
La bulle freinait corps et sons. Elle cria :
NON !
Malheureusement l’avertissement vint trop tard. La main de Michael de Brent subit illico les conséquences de son élan vers elle qui ne put que secouer négativement la tête en retenant des larmes. Malgré sa douleur, Michael trouva la ressource de lui parler. Si beaucoup de paroles furent brouillées par la paroi invisible, Alix capta l’essentiel du message : promesses et inquiétudes. Elle haussa légèrement le ton pour qu’il comprenne :
On me chouchoute ; ne t’en fais pas. Ne te préoccupe plus de moi Michael. Rentre chez toi !
Apparemment, il n’entendit pas car, poursuivant ses idées, il émit encore des phrases qu’elle imagina tendres et douloureuses. Ne voilà-t-il pas qu’à son grand dam il posait sa main sur la paroi ? Geste stupide : elle fit de même. Bref contact qui n’apporta que des douleurs insoutenables. Alix se fichait de sa paume grillée, c’est son cœur qui allait mal.
Latifa, sonnée, se prosterna avant de s’horrifier :
Maîtresse Alix qu’avez-vous fait ? Si le Maître apprend…
Il ne saura rien si tu ne caftes pas ! Je connais des remèdes mais ne saurai les cueillir correctement. M’aideras-tu ?
La gamine d’à peine 17 ans roula ses yeux de biche alentours comme si elle craignait des foudres subites. Alix insista :
Il n’est pas dans le domaine et, contrairement à ce que tu crois, il ne lit pas les pensées à distance. Allons faire nos emplettes, veux-tu ?
Une petite faucille, des ciseaux précieux, les voilà en quête des ingrédients nécessaires. Bonne observatrice, Alix avait enregistré sans faille la recette de son tonton bis. Un gros hic restait. Rentrée, elle demeura si longtemps pensive face à la manne récoltée que Latifa osa :
Il manque quelque chose, n’est-ce pas, Maîtresse ?
En effet, soupira-t-elle. Un bout de bois… Mon bout de bois…
Il… il n’aurait pas aux alentours de 23 cm, en bois de Pin du nord ? se hasarda la jeune fille.
TU L’AS VU ? Saurais-tu… ?
La petite trembla en révélant avoir vu le Vizir déposer un bois semblable dans un meuble de ses appartements personnels. Sous l’insistance ferme d’Alix, elle fut contrainte de l’y amener. Récupérer sa baguette enchanta la nièce du vizir mais, prudente, elle ne l’utilisa que pour sa mixture et à la confection de quelques « gentilles » potions avant de vite la replacer incognito.
En guise de reconnaissance ce jour-là, Alix fit honneur à tous les plats proposés, invitant même Latifa à y goûter en sa compagnie.
Ce soir-là, incapable de dormir après des heures de lecture très pointues dans la bibliothèque spéciale de son « tonton », Alix se sentit comme attirée vers le jardin. La nuit scintillante enrobait l’atmosphère d’arômes subtils, très différents de ceux du jour. Ses pas la dirigèrent spontanément vers le bosquet où elle l’avait quasi touché la fois précédente. Michael ne semblait pas en forme. Qu’est-ce qui le torturait à ce point ? Il semblait en attente d’un événement, tentant à plusieurs reprises d’encore franchir l’obstacle qui les séparait en lui expliquant qu’il avait un plan d’évasion. Chaque échec fut dur à encaisser tant pour l’un que pour l’autre. Mais Alix ne se départit pas de son sourire. Rien que de le voir l’emplissait de joie.
*Pas à dire, il est tenace mon… partenaire !* Ça ne fait rien Michael ! Une autre fois… *peut-être…*
Savoir qu’il se démenait pour la libérer rendait la situation vécue par Alix beaucoup plus facile à supporter. Cela, ajouté au fait d’accéder à sa baguette lors des nombreuses absences du Maître, lui procurait un sentiment proche de l’euphorie. Bien sûr, elle affichait une mine de circonstance dès le retour de son geôlier dont l’œil sagace ne ratait quasi rien à son endroit. Néanmoins, c’était de plus en plus dur à dissimuler. Heureusement le double de Voldemort lui sembla très tracassé lors d’une arrivée intempestive. Vite, Alix reprit son masque d’abattement et elle ferma son esprit.
Que se passe-t-il, mon oncle ? osa-t-elle demander.
Rien ! jeta-t-il agacé, mais je pense devoir accélérer les choses… te concernant.
Mille et une idées folles coururent sous les boucles brunes d’Alix. Aurait-il découvert les visites de Michael ? La présence de partisans ? Qu’elle avait pénétré ses appartements et trouvé sa baguette ?
Du coup, elle pâlit.
Ne fais pas cette tête ! Je te trouvais plus alerte, en meilleure forme et disposition. Me serais-je mépris ?
Il… Il est vrai que je commence à m’habituer à cette existence mais tu n’avais jamais mentionné de plan… pour moi…
Je devais d’abord être certain de ta soumission. Hélas, je formule encore des doutes envers toi, même si tu sembles moins sauvage, craintive. Il se trouve que le deuil du sultan touche à sa fin. Il est donc temps de lui présenter sa future épouse qui n’est autre que… toi ! Vendredi sera parfait !
HEIN ?
Telle piquée d’un cobra, elle se leva en émoi :
C’est… impossible ! Ce n’est pas mon choix ! Je… je sauterai par la fenêtre, je me noierai dans le bassin, je…
Tu obéiras ou Latifa mourra, ça te va ?
Le vizir parut beaucoup s’amuser du choc induit chez sa nièce.
Allons, sois sereine, c’est un beau parti et si tu es enceinte rapidement, tu seras veuve aussi vite, et moi… je serai régent dès la naissance ! Prends cet ouvrage précieux, il relate l’histoire de ce pays et ses coutumes. Lis-le, il te sera très utile.
Mais, soudain, il se produisit une intrusion très impromptue. Omar réagit au quart de tour :
Tes voiles, Alix !
Bénis soient-ils ces fichus voiles car la scène suivante n’aurait pas manqué d’attiser le courroux de son oncle. Là, surgissant derrière le serviteur d’introduction, avançait… un Mangemort et pas n’importe lequel ! Se découvrant lentement, il déclara avec un mépris insultant :
J’ai fait un long voyage pour vous trouver, Jedusor …et aussi pour la retrouver, elle !
Ce Michael-là n’avait aucun rapport avec celui qu’elle avait vu derrière sa prison translucide. Perdue, perplexe, elle dut secouer la tête pour la remettre à l’endroit.
*À quoi il joue ?*
Elle le pigea vite quand il se présenta en montrant la marque des ténèbres de son bras tout en paraissant la haïr, elle, profondément. Tonton s’enquit :
Connais-tu cet homme, ma nièce ?
*Puisqu’il s’agit d’un jeu, jouons !* Hélas, oui ! J’espérais bien être quitte à tout jamais de ce dégénéré abject !
La sauce prit sauf que Jédusor voulait une preuve qui vint avec l’exposition de la bague qu’Alix tenait de sa mère :
Rends-la-moi, salaud !
… Très bien, accorda le Vizir. Apparemment, là où elle est tu dois y être aussi ; poursuis ton travail de Brent ! Là où elle va bientôt se rendre, les ennemis seront nombreux. J’aimerais mettre des détails au point avec toi. Laisse-nous, Alix !
Cette échappatoire lui fut salutaire. Un grand chaos régnait dans sa tête quand la jeune femme se posa près d’un bassin agrémenté d’une délicate fontaine ouvragée. Le doux clapotis des éclaboussures la calma et, bientôt, elle put se redresser à l’approche d’un pas familier :
Michael tu es complètement fou !
Il eut beau nier, le geste empreint de douceur vers sa joue prouvait le contraire. Elle s’écarta, prudente au-delà de tout quoique les paroles suivantes la ravirent :
… je ne pouvais pas te laisser ici, seule…Je ferai n’importe quoi pour te sortir d’ici…mais on devra trouver la grande astuce…tu es décidément le trésor le mieux gardé de ce Royaume !
Elle soupira profondément :
Tu ne crois pas si bien dire ! Mon oncle a des vues très arrêtées à mon endroit… ce n’est pas important ! Ce qui l’est c’est que nous voilà tous les deux dans une souricière. Au moindre faux pas, c’en est fait de nous ! Pourquoi Michael ? Pourquoi tout risquer pour… moi, te jeter là-dedans avec moi ?
Selon lui, il s’agissait d’une sorte de code d’honneur entre compagnons d’armes… Elle n’en crut pas un mot mais fit comme si.
Si j’ai capté tes salades à Tom, on se déteste, pas vrai ?... Alors arrête de me couver ainsi du regard ! Même les feuilles ont des yeux et des oreilles, ici ! Dis-moi jusqu’où vont tes prérogatives ?
Mince ! Il devait veiller sur elle jour… et nuit. Pas de baguette en arme mais un cimeterre très aiguisé avec lequel il avait dû faire une démonstration convaincante au Vizir avant de se voir confier le poste. Cependant, les propos d’Omar au sujet d’un lieu bourrés d’ennemis potentiels restaient obscurs pour le jeune homme. Alix ne put réprimer une certaine ironie en lançant :
Ah, il ne t’a pas dit ? Il me présente mon… futur époux fin de la semaine… qui ? Mais qui d’autre que le Sultan serait donc digne de moi ?
Très digne, elle le planta là sans l’aumône d’un regard.
Des journées étranges s’écoulèrent ensuite, des nuits aussi. Pas à dire, sieur de Brent mettrait tout en œuvre pour éviter la venue du vendredi fatidique.
Au contraire, lui avait-elle murmuré alors qu’il s’empourprait en mangeant sans que les piments y soient pour quelque chose. Calme-toi !... Bien sûr que je n’épouserai pas ce pitre bedonnant ! Seulement, tu vas devoir réaliser un tour de force… m’obéir !
Elle lui expliqua ses espoirs en long large et travers.
… tu comprends, c’est quasi notre unique chance de sortir intacts de cette bulle ! La présentation aura lieu au palais du Sultan. J’escompte que mon véritaserum sera prêt et que les déclarations de Tom créeront suffisamment d’embrouilles pour filer à l’anglaise !
Les nuits se passaient en petits tours de magie, les jours en longs essayages de multiples atours. Alix devenait nerveuse d’autant que Latifa prenait un malin plaisir à tourner autour d’un Michael qui, pervers, semblait jouir de la situation.
Tonton se montra très peu, lui. Nul ne s’en plaignit. Il parut très tendu le jeudi soir :
Jamais je n’avais imaginé que les hérauts répandraient la nouvelle tout azimut ! Il débarque familles et filles de partout. Heureusement, je détiens la perle rare, n’est-ce pas, ma chérie ?
Oui, mon oncle, le rassura Alix. J’ai bien étudié le volume confié et… j’approuve tes plans ! *Tu parles !*
Niché dans son écrin de verdure, le palais éblouissait de blancheurs piquetées de touches vives aux couleurs des nations invitées. Des tentes en retrait avaient même été bâties pour abriter le menu fretin. Seuls les proches parents des présentées ainsi que de rares privilégiés avaient droit de cité au palais. Latifa, la fidèle, avait discrètement remis leur baguette à leurs propriétaires ravis.
Plantée près de Michael, sous sa tonne de voiles opacifiants, Alix étouffait à l’entrée du vestibule où les candidates se rassemblaient en papotant sous la garde de leur eunuque personnel. Elles étaient une quinzaine en attente des directives de l’officiant.
Michael, souffla Alix, faut que tu… tu me promettes un truc… si ça foire et que… je doive épouser ce libidineux, je voudrais que… que ce soit toi qui me connaisses en premier et en dernier car… après… tu me tueras. Promets-le, Michael, promets…
Aveu s’il en est : elle avait peur. Certes, plusieurs alliés seraient dans la place, mais…
Alix Blackstorm- Admin
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Peut-on devenir fou ? Justin le devint en constatant la disparition de sa Sam. Comme exutoire : les deux responsables sur qui il déversa son fiel. Bien évidemment son amie l’Australienne riposta avec vigueur et l’esseulé ne put qu’attendre des nouvelles du duc de Gilmore parti à la recherche des ravisseurs de sa belle. Lui, il expédia son renard fétiche qui ne fit que confirmer la marche accélérée des brigands en direction de la belle cité d’Aurea.
Si cela n’avait pas été aussi dramatique, la situation aurait pu être marrante. Comme son meilleur pote, Davenport venait de perdre celle qu’il aimait, à la différence près que Michael refusait d’admettre que s’il courait après Alix ce n’était pas juste à cause du serment inviolable qui l’unissait à elle.
*Son problème !...*
Néanmoins, les deux jeunes hommes partageaient une similaire rage teintée d’angoisse.
Une fois installés, les compères se rendirent à l’évidence : si tout tendait à croire Alix et Sam ensemble, le palais qui les détenait semblait infranchissable. Leur pécule ne tiendrait pas longtemps, il leur fallait un plan d’autant qu’en ville des rumeurs circulaient au sujet d’une vente d’esclaves d’exception dont deux vierges blanches. Aucun doute possible, il s’agissait d’Alix et de Samantha.
Renseignements pris, il s’avéra que les mises seraient élevées, très élevées. Alors les hommes n’hésitèrent pas à écumer tous les tripots locaux avec une veine aussi démente que magique.
Le grand soir, tous attendaient impatiemment la présentation des blanches et Justin se sentit fondre d’un amour éperdu lorsque sa merveilleuse blonde apparut. La folie des enchères démarra plein pot. Si la consigne avait été de rester mesuré, Justin perdit tout contrôle lorsque l’on s’apprêta à dénuder les femmes.
800.000 sequins !
Hélas, toute leur fortune y passait ce qui transforma sur-le-champ Michael en son pire ennemi. Il s’en prit plein la gueule mais s’en fichait : il avait récupéré sa Sam et ça valait bien tous les yeux au beurre noir du monde !
Tandis que Michael drogué récupérait de sa hargne, un étrange personnage se présenta à eux ; rien de moins qu’un Djinn, une sorte d’esprit facétieux disposé à les aider à condition qu’ils débarrassent leur monde de la menace représentée par le grand Vizir, être mauvais prêt à prendre le pouvoir par tous les moyens qui, de surcroit, détenait Alix.
L’un dans l’autre, ce nouvel aspect de leurs aventures ne manqua pas d’avantages multiples. Traités en princes par un Sultan aimable et curieux, les voyageurs du futur connurent bien des plaisirs… les hommes surtout. Les dames, elles, n’apprécièrent pas du tout les faveurs accordées à leurs « époux ». Que Sam l’expédie dormir au diable cette nuit-là ne surprit pas tellement Davenport qui se trouva assez « ravi » par cette démonstration significative de l’intérêt qu’elle lui portait.
Ces distractions n’atteignirent pas Michael dont l’humeur s’assombrissait de jour en jour. Tous se compagnons se doutaient du pourquoi et sans doute Justin encore plus puisqu’il le connaissait mieux que les autres :
*Ce pauvre gars est cuit, frit, consumé d’amour… Et aveugle, en sus !*
Aucune magie, même celle du Djinn, ne venait à bout de la barrière de protection cernant Alix de toute part. Après plusieurs échecs d’approche, les amis de de Brent redoutèrent un acte dément de sa part. Un plan féminin essaya de distraire le vizir lors d’une soirée très « spéciale » pendant laquelle Justin crut crever de jalousie en voyant la façon de procéder de sa vélane adorée. L’effet sur la gent masculine lui déchira tripes et coeur. Hélas, un seul résista aux charmes déployé : le visé !
Justin déserta la salle avant la fin du spectacle érotique à souhait et alla ronger son frein dans ses appartements. Sa rogne, sa grogne n’échappèrent pas à son « épouse » qui lui révéla, d’un ton teinté d’ironie, n’avoir rien commis de répréhensible, que c’était l’idée du Djinn. Une petite mise au point s’imposa pour se conclure par d’enivrants baisers les menant vers une frontière à la limite du supportable. Samantha était prête à lui concéder beaucoup d’elle-même, il se ressentit et s’en réjouit sans en abuser pour autant :
Mon amour, haleta-t-il, je t’adore sais-tu ? J’ai besoin de toi et te désire plus que tout mais… ce n’est ni le bon lieu, ni le bon moment… ne m’en veux pas.
Leur reste de nuit se passa très sagement à se lover dans les bras l’un de l’autre.
Au matin, force fut de constater l’absence de Michael. Quand les patronus revirent bredouilles, tous appelèrent, mentalement ou par leurs cris, le Djinn à la rescousse. Il ne put que révéler ce qu’ils redoutaient : de Brent était allé se « vendre » au Vizir. Justin se mit en devoir de calmer les esprits énervés :
Calmez-vous ! Je sais que son idée parait folle à plusieurs cependant j’ai l’intime conviction que Michael ne se serait pas lancé là-dedans sans un plan sûr !
Diverses objections s’élevèrent dans le groupe d’amis, pas tellement en dehors des réalités en présence. Lorsqu’Angel déclara avoir entendu des rumeurs au sujet d’une possible alliance entre la nièce du Vizir et le Sultan, Davenport verdit :
M***e ! Jamais Michael ne laissera faire ça… oui J.O, je crains aussi qu’il ne soit bleu de cette fille et si Jédusor veut la fourguer au Sultan, c’est qu’il envisage de l’éliminer…
Ça…ça veut dire, Justin que…tu as reconnu…tu l’as reconnu…mais comment ?
Par d’anciennes photos de classe qui circulaient parmi les Serpentard quand j’étais préfet à Poudlard, Opal. Sais comment c’est possible mais, d’une certaine façon, Voldemort s’est dédoublé… Non, Erik ce n’est pas pire que tout car ce voldy-ci n’est pas encore aussi fort, ni aussi tordu que ce qu’il deviendra ensuite…
On fait quoi, là ? On est pas sortis de l’auberge…
Bonne question ! Maintenant ils avaient un triple but sur le dos : empêcher le Sultan d’être soumis à son Vizir, veiller à ce que ce Jédusor bis soit incapable de réapparaître plus tard et, surtout, foutre le camp tous ensemble !
Le débat reprit de plus belle. Les avis étaient tellement contradictoires que le Djinn, jusqu’alors simple spectateur, s’en mêla :
J’entends beaucoup de suggestions mais aucune décision ! M’est avis que si le Vizir veut présenter sa nièce au Sultan, il serait de bon ton que d’autres tentent leur chance auprès de lui.
Les filles réagirent avec vigueur, autant que leurs « époux » ; nul n’était disposé à rivaliser avec Alix.
Je ne parlais pas de vous, mesdemoiselles ! rigola Amir. Seulement, si les royaumes environnants pouvaient expédier leur plus belle fleur pour conquérir le cœur de notre souverain…
Excellent, s’exclama Justin. Avec de la concurrence, les chances qu’Alix s’en sorte seront plus grandes ! Qui va se charger de divulguer l’invitation ?
Le Sultan, seul peut le faire ! À vous de vous montrer… persuasifs, mes amis !
Bientôt de nombreux coursiers partirent à fond de train alerter les voisins, de même qu’une nuée de pigeons voyageurs s’envola tout azimut.
Les affaires prenaient belle tournure. Souvent, le soir, on révisait les plans car rien n’était vraiment joué. Chacun y allait de ses idées.
… pas de risque inutile à courir ma douce, dit Justin à Sam qui proposait d’user de magie afin de rendre Alix imprésentable. Je doute que Jédusor accepte qu’on l’approche de front… non Opal, même un animagus ne franchira pas la garde rapprochée… et non Erik, je crains que Michael refuse de défigurer sa belle même de façon réversible. D’autant que si nous usons ouvertement de magie à cette présentation, on sera repérés, le Vizir ne nous ratera pas !
J.O émit une hypothèse pas bête du tout comme quoi en rendant discrètement Alix maladroite à l’occasion, ça pourrait fonctionner. Hélas, il fallait compter avec la rouerie du futur voldy qui s’arrangerait certainement pour rectifier le tir.
L’idéal serait qu’il ne soit pas présent aux côtés du Sultan…
Si leur influence auprès de Mehmet était grande, elle ne suffit pas à briser un protocole établi depuis des siècles. Néanmoins, le Sultan leur accorda la grâce exceptionnelle de participer avec leurs épouses aux présentations, sous réserve explicite de ne pas intervenir dans son choix final.
Le vendredi arriva.
Au moins les messagers avaient effectué leur mission avec diligence. Venue par terre ou mer, une foule d’équipages étaient présents. Des hérauts colportaient les nouvelles au peuple avide de connaître les détails sur les fastes proches. La ville entière brûlait d’une étrange fièvre au point que les portes craquaient sous l’affluence de marchands étrangers désireux de profiter de l’aubaine unique en son genre. Ventes, achats, marchandages allaient bon train, paris aussi. Tant de délégations prestigieuses excitaient les imaginations. Beaucoup misaient sur la nièce du Vizir en raison des liens déjà existants entre ces deux hommes, quelques-uns pourtant affirmaient que la beauté de la princesse Grecque Cléo écraserait celle de toutes ses rivales, de quoi réjouir les copains.
L’aube n’était pas levée que le palais bourdonnait d’activités diverses. Justin eut du mal à se décrocher des bras de Samantha mais le devoir primait. Deux serviteurs s’occupèrent de son bain et de sa mise ; Sam eut droit à trois demoiselles pour la parer tout en déjeunant frugalement.
À 6 h la salle des présentations fut pleine comme un œuf. De leurs places de choix, les nouveaux amis du souverain n’allaient rien rater su spectacle. Des musiciens jouaient en sourdine tandis que les esclaves s’occupaient de fournir gâteries et thé aux invités.
Soudain la tension monta avec l’apparition sur scène du présentateur officiel qui, après moult salamalecs envers le Sultan et ses hôtes de marque, annonça :
Rivalisant en grâces, charmes, talents et beauté voici nos seize sélectionnées dont l’identité, pour une question d’équité, ne sera révélée qu’en fin de parcours. Maîtres, vos seigneuries, place à la joute !
Un ballet se déroula alors. Dans des voiles diaphanes dissimulant très peu l’anatomie des candidates, les jeunes femmes évoluèrent aux rythmes lents ou rapides des flutes, tambourins, harpes et autres instruments.
Toutes étaient à couper le souffle. Justin eut beau tendre le cou, il ne parvint pas à repérer Alix dans le lot des danseuses plus ou moins talentueuses.
Elle n’est pas là, s’atterra-t-il dans un souffle dépité à sa compagne… ah ? Le 13 ? Tu es sûre ?
Elle l’était pour diverses raisons dont la principale résidait en l’observation de l’attention du Vizir et d’un des gardiens envers une des belles.
Jamais Davenport ne l’aurait reconnue ainsi… dévêtue. On l’aurait dit auréolée d’une douce lumière. Un méchant coup de coude dans les côtes ferma sèchement sa bouchée bée.
Les commentaires voisins allèrent bon train et des applaudissements nourris saluèrent cette prestation collective à la fin de la musique. L’officiant fut de retour, annonçant :
Maître vénéré, Splendeur de l’Orient, pendant que nos candidates se reposent un peu, pourriez-vous nous communiquer les numéros des huit jeunes femmes retenant votre agrément ?
Mehmet n’avait pas cessé de jouer avec des plaquettes posées devant lui. Il en sélectionna le nombre requis qu’il fit transmettre à « speaker » jetant les autres dans un sac à ses pieds.
Jédusor a eu un sourire, soupira Justin. C’est mal parti.
Lorsque les candidates revinrent sur le devant de la scène, la confirmation s’imposa : Alix était du lot.
Pour cette épreuve, Ô maître vénéré, c’est par l’esprit de ces demoiselles qu’il vous faudra décider des quatre restantes. Tous nous connaissons votre passion pour le jeu d’échecs. Les plateaux avancés à nos candidates représentent tous la même phase capitale. À elles de dénouer rapidement la solution.
Effectivement, les tables basses avaient été apportées. Impossible de deviner l’agencement des pièces que dissimulait un voile opaque. Au signal, les esclaves soulevèrent les caches. Une adorable brunette aux yeux allongés de fards, rouspéta :
Ce n’est pas juste ! Cet idiot a renversé le cavalier noir !
Mehmet se dressa :
Il sera fouetté mais toi, tu sors !
Deux gardes furent nécessaire pour évacuer la jolie furie dépitée.
Justin, comme ses compagnons, se demanda si Alix était à la hauteur du défi. En tout cas, les sept jeunes femmes ne semblaient pas en mener large.
Qu’a-t-elle donc ? s’effara-t-il alors que deux demoiselles annonçaient mat.
Si pâle, comme en proie à une immense douleur, Miss Blackstorm semblait au plus mal. C’est d’un geste tremblant qu’elle avança sa tour pour souffler le mat d’une voix éteinte.
La quatrième ne tarda pas à contribuer, une pause s’imposa.
Quel brouhaha ! Plusieurs délégations, fâchées, s’éclipsèrent non sans fulminer ouvertement. Ceux dont la fille, nièce, ou cousine, demeurait en lice ne se gênèrent pas de commenter les deux épreuves subies. Le Sultan, désireux d’impartialité, s’isola dans ses quartiers.
On devrait tenter de parler à Michael, suggéra Justin à ses cinq acolytes.
Erik et Opal voulurent s’y risquer et s’éclipsèrent en douce. Le duc, Angel, Sam et lui-même firent le point. Il leur parut évident qu’on avait forcé la main à Alix dans cette partie-ci. On devinait bien qui en était responsable. Si seulement ils avaient pu savoir quelles seraient les dernières épreuves !
Australienne et Suédois revinrent avec de pauvres nouvelles. Michael à peine entrevus leur signifiait de réagir au bon moment, rien d’autre. Dehors, la tendance se confirmait : le duel final opposerait à coup sûr Alix et Cléo.
Les hôtes replacés, le Sultan apparut, serein.
Pour sélectionner les finalistes, nous ferons appel cette fois à leur courage, talents, musicaux et maîtrise de soi, qualité indispensable à notre future souveraine.
L’officiant frappa dans ses mains, les demoiselles entrèrent calmement et s’assirent en lotus sur des coussins. Des assistants placèrent alors devant elles des paniers tressés ainsi qu’une flûte en bois. Le but était clair : charmer un serpent.
Sans hésiter, Cléo saisit sa flûte et ouvrit son panier. Aussitôt la tête d’un cobra se dressa. Juste à côté, Alix ôta le couvercle mais n’amorça aucun geste vers sa flûte alors que le reptile apparaissait. Une candidate se recula avec horreur tandis que la dernière libéra sa bestiole en tremblant. Adroite, la Grecque captivait son Naja d’une mélopée envoûtante. Les spectateurs remuèrent. Pourquoi la N° 13 ne faisait-elle rien.
*Elle veut mourir !* pensa furtivement Justin qui vit nettement les mains de Michael se crisper sur son cimeterre.
La très belle Ethiopienne s’y prenait comme un manche à balai. Si elle continuait son jeu minable, le serpent attaquerait. De nouveau Alix sembla au plus mal. Sûrement que tonton la contraignait à agir, ce qu’elle fit, tout en douceur, en replaçant le couvercle sur la tête de l’animal.
Elle s’élimine elle-même, rigola un invité vite rabroué car son éclat avait perturbé la flûtiste maladroite.
Sa fausse note déchira plus d’un tympan tandis que le Naja, furieux rejetait la tête en arrière. On s’attendit au drame mais, plus vive que le fétiche de son oncle honni, Alix coinça la jonction des mâchoires ouvertes en saisissant le reptile par derrière. D’un regard, elle l’envoûta, le replaça dans son nid qu’elle boucla.
Un tonnerre d’applaudissement vibra longuement, des huées fusèrent aussi. Le Sultan semblait ravi. Les paniers et l’Ethiopienne disparurent de la scène sur laquelle se redressèrent les finalistes.
Voici donc arrivé la conclusion, Ô maître vénéré. Le choix ultime vous revient de droit. À votre sublime souveraineté de choisir ou de proposer une dernière épreuve, s’il lui sied.
Il me sied, il me sied beaucoup, s’égaya Mehmed en se levant. Je souhaite vraiment entendre ces charmantes enfants s’exprimer avec sincérité. Parlez-nous de vous, douce Cléo.
Avec brio, dans un langage fleuri, la beauté grecque narra longuement son parcours jusqu’à cette cour qui, pour elle, signifiait l’aboutissement d’un beau rêve. Flatteries à la clé, elle séduisit l’auditoire.
Parfait, parfait, s’emballa le Sultan. Et vous, ma chère enfant, que pouvez-vous nous dire de vous ?
Au grand dam de beaucoup, du vizir en particulier, Alix déclara ne pas pouvoir rivaliser avec Cléo, que son tonton parlerait mieux qu’elle-même.
Et… dit le Sultan pris de court, que pourrait donc nous révéler notre cher ami ?
L’interrogatoire mené de maîtresse façon par une Alix implacable sidéra l’assistance. Sous son joug, Omar cracha le morceau :
Ma nièce n’est qu’un instrument entre mes doigts, tout comme toi Mehmet. Je dirige déjà tes armées qui n’attendent qu’un ordre pour te renverser. Avec le pouvoir, j’étendrai les frontières du royaume dans des limites que ton cœur d’artichaut n’envisage même pas.
Mais… Mais… blêmit le Sultan, c’est une infamie, de la trahison !
Tu ne peux pas m’arrêter, pantin ! Je serai le maître du MONDE !
Garde, chevrota Mehmet, emparez-vous de…
Justin et ses comparses avaient pigé plus ou moins ce qui se tramait quand Alix avait défié son oncle. Tout s’enchaîna alors très vite. Huit baguettes contre une seule, Omar ne fit pas le poids. Des balais enchantés s’enfourchèrent et survolèrent une assemblée médusée tandis que le rire joyeux d’un Djinn surmontait le tumulte général.
Les complices hilares filèrent mieux que des étoiles au-dessus de la cité écroulée de soleil. Se rapprochant de Michael, Justin l’interrogea :
Chapeau pour la surprise ! Tu savais que…
Peu importait. Direction : les montagnes !
Si cela n’avait pas été aussi dramatique, la situation aurait pu être marrante. Comme son meilleur pote, Davenport venait de perdre celle qu’il aimait, à la différence près que Michael refusait d’admettre que s’il courait après Alix ce n’était pas juste à cause du serment inviolable qui l’unissait à elle.
*Son problème !...*
Néanmoins, les deux jeunes hommes partageaient une similaire rage teintée d’angoisse.
Une fois installés, les compères se rendirent à l’évidence : si tout tendait à croire Alix et Sam ensemble, le palais qui les détenait semblait infranchissable. Leur pécule ne tiendrait pas longtemps, il leur fallait un plan d’autant qu’en ville des rumeurs circulaient au sujet d’une vente d’esclaves d’exception dont deux vierges blanches. Aucun doute possible, il s’agissait d’Alix et de Samantha.
Renseignements pris, il s’avéra que les mises seraient élevées, très élevées. Alors les hommes n’hésitèrent pas à écumer tous les tripots locaux avec une veine aussi démente que magique.
Le grand soir, tous attendaient impatiemment la présentation des blanches et Justin se sentit fondre d’un amour éperdu lorsque sa merveilleuse blonde apparut. La folie des enchères démarra plein pot. Si la consigne avait été de rester mesuré, Justin perdit tout contrôle lorsque l’on s’apprêta à dénuder les femmes.
800.000 sequins !
Hélas, toute leur fortune y passait ce qui transforma sur-le-champ Michael en son pire ennemi. Il s’en prit plein la gueule mais s’en fichait : il avait récupéré sa Sam et ça valait bien tous les yeux au beurre noir du monde !
Tandis que Michael drogué récupérait de sa hargne, un étrange personnage se présenta à eux ; rien de moins qu’un Djinn, une sorte d’esprit facétieux disposé à les aider à condition qu’ils débarrassent leur monde de la menace représentée par le grand Vizir, être mauvais prêt à prendre le pouvoir par tous les moyens qui, de surcroit, détenait Alix.
L’un dans l’autre, ce nouvel aspect de leurs aventures ne manqua pas d’avantages multiples. Traités en princes par un Sultan aimable et curieux, les voyageurs du futur connurent bien des plaisirs… les hommes surtout. Les dames, elles, n’apprécièrent pas du tout les faveurs accordées à leurs « époux ». Que Sam l’expédie dormir au diable cette nuit-là ne surprit pas tellement Davenport qui se trouva assez « ravi » par cette démonstration significative de l’intérêt qu’elle lui portait.
Ces distractions n’atteignirent pas Michael dont l’humeur s’assombrissait de jour en jour. Tous se compagnons se doutaient du pourquoi et sans doute Justin encore plus puisqu’il le connaissait mieux que les autres :
*Ce pauvre gars est cuit, frit, consumé d’amour… Et aveugle, en sus !*
Aucune magie, même celle du Djinn, ne venait à bout de la barrière de protection cernant Alix de toute part. Après plusieurs échecs d’approche, les amis de de Brent redoutèrent un acte dément de sa part. Un plan féminin essaya de distraire le vizir lors d’une soirée très « spéciale » pendant laquelle Justin crut crever de jalousie en voyant la façon de procéder de sa vélane adorée. L’effet sur la gent masculine lui déchira tripes et coeur. Hélas, un seul résista aux charmes déployé : le visé !
Justin déserta la salle avant la fin du spectacle érotique à souhait et alla ronger son frein dans ses appartements. Sa rogne, sa grogne n’échappèrent pas à son « épouse » qui lui révéla, d’un ton teinté d’ironie, n’avoir rien commis de répréhensible, que c’était l’idée du Djinn. Une petite mise au point s’imposa pour se conclure par d’enivrants baisers les menant vers une frontière à la limite du supportable. Samantha était prête à lui concéder beaucoup d’elle-même, il se ressentit et s’en réjouit sans en abuser pour autant :
Mon amour, haleta-t-il, je t’adore sais-tu ? J’ai besoin de toi et te désire plus que tout mais… ce n’est ni le bon lieu, ni le bon moment… ne m’en veux pas.
Leur reste de nuit se passa très sagement à se lover dans les bras l’un de l’autre.
Au matin, force fut de constater l’absence de Michael. Quand les patronus revirent bredouilles, tous appelèrent, mentalement ou par leurs cris, le Djinn à la rescousse. Il ne put que révéler ce qu’ils redoutaient : de Brent était allé se « vendre » au Vizir. Justin se mit en devoir de calmer les esprits énervés :
Calmez-vous ! Je sais que son idée parait folle à plusieurs cependant j’ai l’intime conviction que Michael ne se serait pas lancé là-dedans sans un plan sûr !
Diverses objections s’élevèrent dans le groupe d’amis, pas tellement en dehors des réalités en présence. Lorsqu’Angel déclara avoir entendu des rumeurs au sujet d’une possible alliance entre la nièce du Vizir et le Sultan, Davenport verdit :
M***e ! Jamais Michael ne laissera faire ça… oui J.O, je crains aussi qu’il ne soit bleu de cette fille et si Jédusor veut la fourguer au Sultan, c’est qu’il envisage de l’éliminer…
Ça…ça veut dire, Justin que…tu as reconnu…tu l’as reconnu…mais comment ?
Par d’anciennes photos de classe qui circulaient parmi les Serpentard quand j’étais préfet à Poudlard, Opal. Sais comment c’est possible mais, d’une certaine façon, Voldemort s’est dédoublé… Non, Erik ce n’est pas pire que tout car ce voldy-ci n’est pas encore aussi fort, ni aussi tordu que ce qu’il deviendra ensuite…
On fait quoi, là ? On est pas sortis de l’auberge…
Bonne question ! Maintenant ils avaient un triple but sur le dos : empêcher le Sultan d’être soumis à son Vizir, veiller à ce que ce Jédusor bis soit incapable de réapparaître plus tard et, surtout, foutre le camp tous ensemble !
Le débat reprit de plus belle. Les avis étaient tellement contradictoires que le Djinn, jusqu’alors simple spectateur, s’en mêla :
J’entends beaucoup de suggestions mais aucune décision ! M’est avis que si le Vizir veut présenter sa nièce au Sultan, il serait de bon ton que d’autres tentent leur chance auprès de lui.
Les filles réagirent avec vigueur, autant que leurs « époux » ; nul n’était disposé à rivaliser avec Alix.
Je ne parlais pas de vous, mesdemoiselles ! rigola Amir. Seulement, si les royaumes environnants pouvaient expédier leur plus belle fleur pour conquérir le cœur de notre souverain…
Excellent, s’exclama Justin. Avec de la concurrence, les chances qu’Alix s’en sorte seront plus grandes ! Qui va se charger de divulguer l’invitation ?
Le Sultan, seul peut le faire ! À vous de vous montrer… persuasifs, mes amis !
Bientôt de nombreux coursiers partirent à fond de train alerter les voisins, de même qu’une nuée de pigeons voyageurs s’envola tout azimut.
Les affaires prenaient belle tournure. Souvent, le soir, on révisait les plans car rien n’était vraiment joué. Chacun y allait de ses idées.
… pas de risque inutile à courir ma douce, dit Justin à Sam qui proposait d’user de magie afin de rendre Alix imprésentable. Je doute que Jédusor accepte qu’on l’approche de front… non Opal, même un animagus ne franchira pas la garde rapprochée… et non Erik, je crains que Michael refuse de défigurer sa belle même de façon réversible. D’autant que si nous usons ouvertement de magie à cette présentation, on sera repérés, le Vizir ne nous ratera pas !
J.O émit une hypothèse pas bête du tout comme quoi en rendant discrètement Alix maladroite à l’occasion, ça pourrait fonctionner. Hélas, il fallait compter avec la rouerie du futur voldy qui s’arrangerait certainement pour rectifier le tir.
L’idéal serait qu’il ne soit pas présent aux côtés du Sultan…
Si leur influence auprès de Mehmet était grande, elle ne suffit pas à briser un protocole établi depuis des siècles. Néanmoins, le Sultan leur accorda la grâce exceptionnelle de participer avec leurs épouses aux présentations, sous réserve explicite de ne pas intervenir dans son choix final.
Le vendredi arriva.
Au moins les messagers avaient effectué leur mission avec diligence. Venue par terre ou mer, une foule d’équipages étaient présents. Des hérauts colportaient les nouvelles au peuple avide de connaître les détails sur les fastes proches. La ville entière brûlait d’une étrange fièvre au point que les portes craquaient sous l’affluence de marchands étrangers désireux de profiter de l’aubaine unique en son genre. Ventes, achats, marchandages allaient bon train, paris aussi. Tant de délégations prestigieuses excitaient les imaginations. Beaucoup misaient sur la nièce du Vizir en raison des liens déjà existants entre ces deux hommes, quelques-uns pourtant affirmaient que la beauté de la princesse Grecque Cléo écraserait celle de toutes ses rivales, de quoi réjouir les copains.
L’aube n’était pas levée que le palais bourdonnait d’activités diverses. Justin eut du mal à se décrocher des bras de Samantha mais le devoir primait. Deux serviteurs s’occupèrent de son bain et de sa mise ; Sam eut droit à trois demoiselles pour la parer tout en déjeunant frugalement.
À 6 h la salle des présentations fut pleine comme un œuf. De leurs places de choix, les nouveaux amis du souverain n’allaient rien rater su spectacle. Des musiciens jouaient en sourdine tandis que les esclaves s’occupaient de fournir gâteries et thé aux invités.
Soudain la tension monta avec l’apparition sur scène du présentateur officiel qui, après moult salamalecs envers le Sultan et ses hôtes de marque, annonça :
Rivalisant en grâces, charmes, talents et beauté voici nos seize sélectionnées dont l’identité, pour une question d’équité, ne sera révélée qu’en fin de parcours. Maîtres, vos seigneuries, place à la joute !
Un ballet se déroula alors. Dans des voiles diaphanes dissimulant très peu l’anatomie des candidates, les jeunes femmes évoluèrent aux rythmes lents ou rapides des flutes, tambourins, harpes et autres instruments.
Toutes étaient à couper le souffle. Justin eut beau tendre le cou, il ne parvint pas à repérer Alix dans le lot des danseuses plus ou moins talentueuses.
Elle n’est pas là, s’atterra-t-il dans un souffle dépité à sa compagne… ah ? Le 13 ? Tu es sûre ?
Elle l’était pour diverses raisons dont la principale résidait en l’observation de l’attention du Vizir et d’un des gardiens envers une des belles.
Jamais Davenport ne l’aurait reconnue ainsi… dévêtue. On l’aurait dit auréolée d’une douce lumière. Un méchant coup de coude dans les côtes ferma sèchement sa bouchée bée.
Les commentaires voisins allèrent bon train et des applaudissements nourris saluèrent cette prestation collective à la fin de la musique. L’officiant fut de retour, annonçant :
Maître vénéré, Splendeur de l’Orient, pendant que nos candidates se reposent un peu, pourriez-vous nous communiquer les numéros des huit jeunes femmes retenant votre agrément ?
Mehmet n’avait pas cessé de jouer avec des plaquettes posées devant lui. Il en sélectionna le nombre requis qu’il fit transmettre à « speaker » jetant les autres dans un sac à ses pieds.
Jédusor a eu un sourire, soupira Justin. C’est mal parti.
Lorsque les candidates revinrent sur le devant de la scène, la confirmation s’imposa : Alix était du lot.
Pour cette épreuve, Ô maître vénéré, c’est par l’esprit de ces demoiselles qu’il vous faudra décider des quatre restantes. Tous nous connaissons votre passion pour le jeu d’échecs. Les plateaux avancés à nos candidates représentent tous la même phase capitale. À elles de dénouer rapidement la solution.
Effectivement, les tables basses avaient été apportées. Impossible de deviner l’agencement des pièces que dissimulait un voile opaque. Au signal, les esclaves soulevèrent les caches. Une adorable brunette aux yeux allongés de fards, rouspéta :
Ce n’est pas juste ! Cet idiot a renversé le cavalier noir !
Mehmet se dressa :
Il sera fouetté mais toi, tu sors !
Deux gardes furent nécessaire pour évacuer la jolie furie dépitée.
Justin, comme ses compagnons, se demanda si Alix était à la hauteur du défi. En tout cas, les sept jeunes femmes ne semblaient pas en mener large.
Qu’a-t-elle donc ? s’effara-t-il alors que deux demoiselles annonçaient mat.
Si pâle, comme en proie à une immense douleur, Miss Blackstorm semblait au plus mal. C’est d’un geste tremblant qu’elle avança sa tour pour souffler le mat d’une voix éteinte.
La quatrième ne tarda pas à contribuer, une pause s’imposa.
Quel brouhaha ! Plusieurs délégations, fâchées, s’éclipsèrent non sans fulminer ouvertement. Ceux dont la fille, nièce, ou cousine, demeurait en lice ne se gênèrent pas de commenter les deux épreuves subies. Le Sultan, désireux d’impartialité, s’isola dans ses quartiers.
On devrait tenter de parler à Michael, suggéra Justin à ses cinq acolytes.
Erik et Opal voulurent s’y risquer et s’éclipsèrent en douce. Le duc, Angel, Sam et lui-même firent le point. Il leur parut évident qu’on avait forcé la main à Alix dans cette partie-ci. On devinait bien qui en était responsable. Si seulement ils avaient pu savoir quelles seraient les dernières épreuves !
Australienne et Suédois revinrent avec de pauvres nouvelles. Michael à peine entrevus leur signifiait de réagir au bon moment, rien d’autre. Dehors, la tendance se confirmait : le duel final opposerait à coup sûr Alix et Cléo.
Les hôtes replacés, le Sultan apparut, serein.
Pour sélectionner les finalistes, nous ferons appel cette fois à leur courage, talents, musicaux et maîtrise de soi, qualité indispensable à notre future souveraine.
L’officiant frappa dans ses mains, les demoiselles entrèrent calmement et s’assirent en lotus sur des coussins. Des assistants placèrent alors devant elles des paniers tressés ainsi qu’une flûte en bois. Le but était clair : charmer un serpent.
Sans hésiter, Cléo saisit sa flûte et ouvrit son panier. Aussitôt la tête d’un cobra se dressa. Juste à côté, Alix ôta le couvercle mais n’amorça aucun geste vers sa flûte alors que le reptile apparaissait. Une candidate se recula avec horreur tandis que la dernière libéra sa bestiole en tremblant. Adroite, la Grecque captivait son Naja d’une mélopée envoûtante. Les spectateurs remuèrent. Pourquoi la N° 13 ne faisait-elle rien.
*Elle veut mourir !* pensa furtivement Justin qui vit nettement les mains de Michael se crisper sur son cimeterre.
La très belle Ethiopienne s’y prenait comme un manche à balai. Si elle continuait son jeu minable, le serpent attaquerait. De nouveau Alix sembla au plus mal. Sûrement que tonton la contraignait à agir, ce qu’elle fit, tout en douceur, en replaçant le couvercle sur la tête de l’animal.
Elle s’élimine elle-même, rigola un invité vite rabroué car son éclat avait perturbé la flûtiste maladroite.
Sa fausse note déchira plus d’un tympan tandis que le Naja, furieux rejetait la tête en arrière. On s’attendit au drame mais, plus vive que le fétiche de son oncle honni, Alix coinça la jonction des mâchoires ouvertes en saisissant le reptile par derrière. D’un regard, elle l’envoûta, le replaça dans son nid qu’elle boucla.
Un tonnerre d’applaudissement vibra longuement, des huées fusèrent aussi. Le Sultan semblait ravi. Les paniers et l’Ethiopienne disparurent de la scène sur laquelle se redressèrent les finalistes.
Voici donc arrivé la conclusion, Ô maître vénéré. Le choix ultime vous revient de droit. À votre sublime souveraineté de choisir ou de proposer une dernière épreuve, s’il lui sied.
Il me sied, il me sied beaucoup, s’égaya Mehmed en se levant. Je souhaite vraiment entendre ces charmantes enfants s’exprimer avec sincérité. Parlez-nous de vous, douce Cléo.
Avec brio, dans un langage fleuri, la beauté grecque narra longuement son parcours jusqu’à cette cour qui, pour elle, signifiait l’aboutissement d’un beau rêve. Flatteries à la clé, elle séduisit l’auditoire.
Parfait, parfait, s’emballa le Sultan. Et vous, ma chère enfant, que pouvez-vous nous dire de vous ?
Au grand dam de beaucoup, du vizir en particulier, Alix déclara ne pas pouvoir rivaliser avec Cléo, que son tonton parlerait mieux qu’elle-même.
Et… dit le Sultan pris de court, que pourrait donc nous révéler notre cher ami ?
L’interrogatoire mené de maîtresse façon par une Alix implacable sidéra l’assistance. Sous son joug, Omar cracha le morceau :
Ma nièce n’est qu’un instrument entre mes doigts, tout comme toi Mehmet. Je dirige déjà tes armées qui n’attendent qu’un ordre pour te renverser. Avec le pouvoir, j’étendrai les frontières du royaume dans des limites que ton cœur d’artichaut n’envisage même pas.
Mais… Mais… blêmit le Sultan, c’est une infamie, de la trahison !
Tu ne peux pas m’arrêter, pantin ! Je serai le maître du MONDE !
Garde, chevrota Mehmet, emparez-vous de…
Justin et ses comparses avaient pigé plus ou moins ce qui se tramait quand Alix avait défié son oncle. Tout s’enchaîna alors très vite. Huit baguettes contre une seule, Omar ne fit pas le poids. Des balais enchantés s’enfourchèrent et survolèrent une assemblée médusée tandis que le rire joyeux d’un Djinn surmontait le tumulte général.
Les complices hilares filèrent mieux que des étoiles au-dessus de la cité écroulée de soleil. Se rapprochant de Michael, Justin l’interrogea :
Chapeau pour la surprise ! Tu savais que…
Peu importait. Direction : les montagnes !
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