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Forever

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Message par Ysaline de Bettancourt Jeu Jan 29 2015, 23:34

Tu nous as fait si peur, Maman…si peur !!!
 
A.., Alex ? Max ? J’ai dormi, c’est ça ?
 
Elle était larguée, ne pigeait rien. À les entendre, il ne s’agissait pas que de ça, non.  Ah ? Un vaccin, mais pourquoi ? … Tiens donc !
Vide, vide immense, que seuls occupaient les deux êtres présents. Elle ne voulait rien d’autre qu’eux.
Quelque part elle savait qu’il fallait autre chose mais était incapable d’aligner deux idées à la suite.
72h de repos ? Pourquoi pas 8760 ? Rêver… Puisque Max disait que le monde avait besoin d’elle, elle retourna à la clinique.
Son instinct lui sauva la mise plus souvent qu’à son tour. Elle était présente, ne commettait aucune erreur mais la tête restait… ailleurs.  Où ? Bonne question !  Angel suivait toutes ses directives, comme un caniche dressé, en fait tout le monde semblait attendre une sorte de miracle de sa part.  Oui, le vaccin fut prêt, distribué en masse, et oui la saloperie d’Hydra mourut enfin, faute d’hôte à infecter. Elle-même détruisit les derniers échantillons de virus, histoire de s’assurer qu’aucun tordu ne l’emploie jamais plus.
 
Alex était rentré à l’école rouverte. Elle prenait le soleil en contemplant le lac, yeux vagues, sans but.
 
… que quoi ?
 
Max lui avait parlé, elle avait à peine entendu. Trois enfants au Kosovo ? Mais de quoi causait-il ?
 
… Oui, bien sûr qu’ils me manquent. Tu veux qu’on y aille ? Je fais les valises.  
 
Ainsi les deux mignonnes étaient ses filles ? Un gentil garçonnet leur dernier fils ? Si Max le disait, c’est que c’était vrai.  En fin de journée, Adémar de Bettancourt s’enfila un verre, main tremblante. Maria-Eli, sa femme, savait avant même qu’il ne l’ouvre, ce qu’il allait dire :
 
Où est passé notre Ysaline ? Cette femme n’est pas ma fille !
 
Tu exagères, c’est Ysaline, notre Ysaline. Elle a été…
 
Morte, je sais ! Ce qui s’est réveillé, c’est pas elle !  
 
Laisse-lui le temps de se remettre. Là, elle me rappelle énormément Anna, la même que mon pauvre mari et moi nous avons relevé du ruisseau.
 
Rare étaient ceux des présents qui avaient connu Anna. Douce, calme, jamais un mot plus haut que l’autre. Pas dolente mais… aucun rapport avec la battante Ysaline connue.  
 
… Karl, n’en rajoute pas ! prévint Maria-Eli. Je ne pense pas que ton Max se plaigne d’avoir une épouse si… paisible. Elle dort bien, mange un peu mais mange, s’occupe des enfants, du dispensaire, et…
 
Et n’est pas là ! Sa tête est ailleurs ! Je cherche où, mais à part forcer des doses de somnifères, je ne sais pas quoi faire.
 
Je t’ai dit ce qui fallait à Ysaline, mon chéri :  DU TEMPS !
 
Va dire ça à Max ! Il tourne en rond, c’est jamais bon signe. Une femme docile, il ne connait pas.  
 
Ne dis pas qu’il songe à la quitter ? s’épouvanta Rose. Ce serait affreux, criminel…
 
Il sait même pas si elle s’en rendrait compte !  
 
Tous étaient sur des charbons ardents tandis qu’Ysaline souriait tout le temps.  
 
Très réfléchie du haut de ses quasi 8 ans, Louise rigola envers sa sœur Sophie :
 
Chiche que si je lui demande de nous gaver de pancakes, elle en fera une tonne ?
 
Chiche !

Maman n’est pas un jouet !
 
Un duo de protestantes s’éleva :
 
Chris, la ferme !   
 
Oui, c’est vrai, Ysaline ne contrariait rien, obéissait à tout sans jamais tiquer ou réfuter.
 
Tu n’es pas content, mon chéri ?

Elle le comblait d’une foule de petites attentions à longueur de temps. Pourquoi était-il si renfrogné ?
 
J’ai fait quelque chose de travers ? Dis-moi quoi, je m’amenderai. Pardon. Si tu veux, demain, je réparerai le toit et…
 
Il s’énerva franchement, la secoua comme un prunier et la planta là. Qu’est-ce qu’elle avait raté ?  
 
2002
 
… oui, d’accord, je fais les valises. On va où ? … En Afrique ? Oui, d’accord, pourquoi pas ?
 
Ysaline n’était pas amnésique, c’était une forme très différente d’absence mentale.  Elle n’était pas elle ;  cette phrase, souvent surprise en cours de conversation, l’avait surprise.
 
*Ils sont fous ! Je vais bien, moi !*
 
Lev, Ny’Ala ! Quelle joie !...Mais bien sûr que je sais qui ils sont voyons, Max ! Oh, quel beau dispensaire !
 
Thidiane se pointa, l’enserra d’une étreinte d’ours et l’entraîna de suite dans la salle d’attente :
 
On avait vachement besoin de compétences ici. Tu veux bien les trier, que l’on sache qui a quoi ?
 
Bien sûr, tout de suite. Je peux poser mon sac d’abord ?  
 
Œil de travers, sourcil en accent circonflexe vers Max qui avait emboité le train.  Petit aparté tandis qu’elle commençait à examiner chaque cas avec une douceur infinie.

QUOI ? rigola le petit médecin noir. Elle dit oui à tout ? Mais c’est dingue, ça !... je sais, pas drôle mais tellement… fou ! Allez, te bile pas Max, On va la remettre dans le bain. Ça ira.
 
Vite dit !
 
Maman, tu dois venir manger. Manger maman ?  
 
Ah bon ?  Tiens oui. 
 
Une intervention complexe Ysaline, je te veux au top !
 
Bien sûr docteur.
 
Elle assumait tout, tout le temps, quoique l’on demande, sans fléchir.  Enfants, boulot, ménage, mari, nul n’avait à se plaindre d’elle, en principe.  
 
Pourquoi tu me secoues encore ainsi !! pleura-t-elle devant un Max à moitié dingue. J’ai encore fait de travers ? Pardon, pardon, dis-moi quoi faire... Dormir ? C’est une bonne idée ! Bonne nuit, mon chéri.  
 
Telle un appareil télécommandé, Ysaline coupa le jus et roupilla.  
 
Reliquat, reliquat, reliquat. Pourquoi ce mot tournait-il en boucle depuis un temps indéfini dans sa tête.
On ne lui avait pas dit de se lever, mais elle déserta son lit cette nuit-là.
Le labo ne dormait jamais. Pièce bien agencée, nantie d’instruments haut de gamme, on pouvait en être fiers.  
 
Ensommeillé d’une longue veille, Thidiane râla du dérangement nocturne :
 
Qu’est-ce que tu fous-là ? On t’a pas dit dodo ?
 
Je me teste. Je le dois. Ne m’interrompez pas, s’il vous plait.
 
Intrigué, le docteur se cala dans un coin, et observa. Chaque geste était précis, les analyses sans faille, comme toujours. Un bout de bois ? C’était quoi, ça ? Microscope, analyses, et rebelote.
Un triomphant : « Je t’ai saleté ! » termina la séance avant absorption.
Un spasme, deux, trois. Thidiane restait vissé à son siège. Elle venait de faire quoi ? S’empoisonner ? Très sincèrement, il ne savait pas quoi faire. Il resta là, assistant à une… résurrection.
 
Oh, ben merde ! Quel mal de tête ! dit-elle en se relevant. Docteur ? C’est quoi ce bordel ?
 
Euh… C’est toi qui l’as mis, Ysaline, et…
 
Je range tout. Allez dormir, vous avez une mine de déterré ! Ah, tant que j’y pense, il va falloir commander des trucs. Je fais une liste juste après. Ne réveillez pas Max avant cinq heures. Prévenez Ny’Ala que je ne serai pas disponible avant. Je donnerai son bain à Chris et assumerai le petit-déjeuner. On va avoir une excellente journée, non ?  
 
Pour un peu, le toubib se serait évanoui. Ysaline était vraiment de retour !
Ysaline de Bettancourt
Ysaline de Bettancourt
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Message par Max Von Falkenberg Ven Jan 30 2015, 15:43

Au début, dans la chaleur des retrouvailles, le soulagement intense de voir son Ysaline de retour à la vie Max n’avait rien remarqué, à part peut-être que sa femme chérie avait l’air un peu à côté de la plaque mais après tout l’expérience endurée avait de quoi chambouler même un esprit aussi trempé que le sien.
Après, avec tout le boulot à faire, il ne restait pas trop de temps pour se mettre à tergiverser. Ysaline, de retour au laboratoire accomplissait ponctuellement la tâche, tel qu’on l’attendait d’elle.  Et s’ils avaient le loisir de quelque répit, chose rare, son adorée se montrait si douce et attentive que là encore, Max  oubliait tout autre chose qui ne fut pas profiter de ces instants parfaits.
Mais quand le cauchemar prit fin, que le stress dingue des derniers mois céda, force fut de se rendre compte que ça clochait quelque part. Ysaline disait oui à tout, se montrait complaisante à tout avis, ne discutait pas, ne cherchait pas à lui tenir tête s’il avait quelque idée qui normalement l’aurait contrariée. En fait, il avait de plus en plus souvent l’impression qu’elle n’écoutait même pas ce qu’il disait, tant elle avait l’air…ailleurs.
 
Je pense qu’il est temps d’aller rejoindre nos enfants…au Kosovo, mon ange, où d’autre…mais voyons, ma chérie…*Elle n’a pas la moindre idée de quoi je parle !* Alex, Sophie, Louise et Chris…ils ne te manquent pas ?
 

Il guetta sa réaction, qui tarda quelques secondes de trop.
 
Oui, bien sûr qu’ils me manquent. Tu veux qu’on y aille ? Je fais les valises.
 
*Dis-moi d’aller me faire foutre, tape moi dessus…n’importe quoi mais pas ce petit ton docile !*  Oui, bien sûr, on y va…là, de suite !
 
Elle sourit et suivit le mouvement sans rien dire.
Si Max avait mis du temps à saisir que ça ne tournait plus très rond chez sa femme, ceux qui les accueillirent au Monastère pigèrent au quart de tour.
 
Ma chérie, c’est ton père…, lui souffla t’il  en la voyant à point de tendre la main et se présenter, là, Maria Eli, ta belle-mère que tu adores…là, mon père, Karl et Rose, sa femme…*Pitié !*…
 

Regards interrogateurs, déni chagrin. Tous suivirent le mouvement en improvisant sur la marche, charmants, bruyants, loquaces et Ysaline souriait, encore et toujours, adorable, mutine, même quand d’un ton frayant l’agacé Max  lui demanda d’aller plutôt faire un tour au dispensaire, pour se familiariser avec les lieux. Elle ne trouva rien à redire, se formalisa en souriant d’abandonner la compagnie au beau milieu d’une conversation.
 
Voilà ce qui se passe, dit-il à peine Ysaline perdue de vue, oui à tout, sourires à tout va, j’ai jamais tort, ma parole est l’Évangile…elle est comme ça depuis son « retour »…
 
Tous se montrèrent compréhensifs, même si d’avis variés, pas tous exprimés de vive voix et la vie continua…Comme tout, Ysaline avait docilement accepté être la mère des quatre chérubins de service, alors qu’elle ne se souvenait que d’Alex, Max aurait pu le parier.
Tout autre aurait été ravi d’avoir une femme pareille, toujours conciliante, tranquille, en plus d’être superbe. Elle était la mère exemplaire, l'épouse parfaite…et Max en avait ras le bol. La femme qu’il aimait à la folie savait discuter, et comment !, défendait ses idées avec ardeur acharnée, l’envoyait au diable sans détours, sans mâcher ses mots pour lui faire reconnaître un tort. Par quelque turpitude extravagante de la vie et la mort, cette Ysaline là avait perdu toute combativité, personnalité, énergie  et Dieu sait quoi encore.
Et bien entendu, les enfants n’en rataient pas une. Maman était prête et dispose à leur faire toujours plaisir, pas question de laisser passer l’aubaine. Max qui eut vent de leurs manigances n’hésita pas à remettre les pendules à l’heure et comme il n’était pas aussi gentil que Maman, n’y alla pas du dos de la cuillère.
 
Tu n’es pas content, mon chéri ?
 
Hein ? Content ?...Non pas du tout, figure toi, j’en ai marre…
 
Et l’adorable créature de le regarder avec ses grands yeux si doux.
 
J’ai fait quelque chose de travers ? Dis-moi quoi, je m’amenderai. Pardon. Si tu veux, demain, je réparerai le toit et…
 
NON ! JE NE VEUX RIEN !!! Bon sang, Ysaline, fais donc un effort…, le tout en la secouant sans aucune gentillesse, tu me rends fou…je suis dingue à force d’essayer de m’y faire…peux pas…et puis, tu piges rien…
 
Ni ce jour-là, ni le lendemain et encore moins le jour d’après. Les De Bettancourt jouaient le jeu de parents comblés, après tout c’était pas si méchant que ça avoir une fille toujours contente. Karl lui, cherchait une solution, secondé par Rose mais ils se rangeaient dans le camp « il y a bien pire ! », comme quoi, tous regardaient Max un peu de travers quand il tirait la gueule. Ambiance.
En septembre, Poudlard reprenait les cours. Alex prit congé de la famille et ses grands-parents l’accompagnèrent à Londres pour la rentrée. Ysaline sembla un peu triste avec ce départ mais n’en fit pas trop état.
 
Bon an, mal an, 2002 était bien entamé, le Monastère était rénové de fond en comble, comptait avec un dispensaire bien équipé, des installations performantes et un futur florissant. Le moment était venu de plier bagage et migrer sous d’autres cieux. Soubhan viendrait avec eux, impossible autrement.
 
On part, ma chérie…on s’en va demain même !
 
Oui, d’accord, je fais les valises. On va où ?

 
En Afrique, mon ange…on rentre, on va revoir Lev et Ny’ala, et Thidiane…et le reste…*Avant tu m’aurais largué un discours et donné 20 bonnes raisons pour ne pas y aller…Crie moi dessus, Ysaline…*

Mais non.
 
En Afrique ? Oui, d’accord, pourquoi pas ?
 
Lev mit le cou en périscope essayant de voir quelque chose. Ami fidèle en toute circonstance avait répondu à l’appel de Max, sans poser trop de questions et juré s’en tenir aux cryptiques indications de son pote.
 
On fait comme si rien…Ysaline a un truc sais pas quoi, du coup il se peut qu’elle ne sache pas qui on est…on fait comme si rien…On papote, on rigole…on fait comme si rien !, il soupira en levant les yeux au ciel,  pige rien...toi oui !?
 
Ny’ala qui se marrait en douce acquiesça.
 
Ben oui…on fait comme si rien !...Tiens, les voilà !!!
 
La tribu Von Falkenberg plus ajout d’une brunette au regard  sombre, se frayait passage entre la foule haute en couleurs qui grouillait dans le coin. Embrassades, accolades, exclamations, rires.
 
Lev, Ny’ala ! Quelle joie !, disait Ysaline, ravie.
 
*Ah bon ?...et ça vient d’où ça ?*…Tu sais qui…euh…

Mais bien sûr que je sais qui ils sont voyons, Max !
 
Soit, mais il ne rata pas Sophie qui regardait sa mère, pouce levé. Pour alors Lev prenait la parole et la direction de la virée. Il ne lâcha ni l’une ni l’autre jusqu’à leur arrivée au Campement, deux heures et demie plus tard, et ça parce qu’il conduisait comme si on était au Paris-Dakar. Encore là Ysaline se comporta avec une naturalité ahurissante, loua le dispensaire et sembla très contente de revoir Lazare Thidiane, qui sans s’occuper du reste des présents, l’entraîna à l’intérieur. Acte réflexe, Max leur emboîta le pas.
Reprenant avec plaisir son bon vieux rôle de despote, Thidiane faisait déjà sentir son autorité et envoyait Ysaline  faire le tri des patients dans la salle d’attente. Le Dr. Von Falkenberg d’antan aurait vite riposté en lui disant de le faire lui-même mais là, bien entendu, elle agréa gracieusement !
 
La reconnais plus…qu’est-ce que… ?, s’ahurit le cher homme, qu’est-ce que tu lui as fait !?
 

Habitué à être la bête noire de l’éminence de service, Max ne se vexa pas de l’allusion et préféra le mettre au courant.
 
QUOI ? rigola l’autre dans un de ses rares éclats de bonne humeur. Elle dit oui à tout ? Mais c’est dingue, ça !... je sais, pas drôle mais tellement… fou ! Allez, te bile pas Max, On va la remettre dans le bain. Ça ira.
 
*Ouais, depuis que je me dis la même chose !* N’abuse pas…elle a changé, moi pas !
 
On n’est pas toujours à sa chance !, grommela Lazare en lui décochant un de ses regards synonyme de « débarrasse le plancher vite fait ».
 
Pour alors Sophie et Louise avaient déjà retrouvé leurs vieilles habitudes, et couraient par-là, ivres de liberté, retrouvant leurs amis de toujours, suivies de Soubhan qui s’émerveillait de tout. Ny’ala s’occupait de Chris, un peu dépassé par tant de changements et fatigué du long voyage fait dans la meilleure tradition moldue.
 
Votre bungalow est prêt, annonça t’elle, Lev s’est chargé de le faire agrandir…il n’a jamais perdu l’espoir que vous reviendriez… et alors, ça se passe comment avec Thidiane ?
 
Il a mis Ysaline au travail et m’a saqué, sans plus, comme quoi, il y a des choses qui ne changent pas !
 
Et tout reprit, comme s’il n’était jamais parti.  Travail, travail, travail. Creuser par ci, faire des talus par-là, construire là où il fallait, récoltes, bétail. Courts voyages pour assurer l’approvisionnement, renouveler le stock de médicaments. Et chaque jour, l’espoir de se réveiller et découvrir que quelque chose avait changé. Vaine attente. Ysaline assumait sans protester de quoi que ce soit, toujours paisible, sereine, faisant plaisir à tout le monde. Elle allait venait, faisait et défaisait. La maison était nickel, les enfants parfaitement nourris, vêtus, cajolés. Son boulot au dispensaire s’écoulait routinier, quelque part elle avait perdu  la folle énergie qui la caractérisait mais cela n’empêchait pas que parfois il fallait lui rappeler le manger et le dormir tant elle pouvait s’abstraire à la tâche.
 
Tu pourrais arrêter un peu, là ! Pas la peine d’astiquer à cette heure…Allez…ça suffit, bonté divine, un peu de jugeote, demain tu te lèves de bonne heure et te trouves à trimer encore tard dans la nuit…
 

Son beau sourire se fana un peu au ton peu amène de sa voix. Il était énervé, dépassé, affreusement las de ce magnifique robot complaisant qu’était devenue sa femme et ne se rendit même pas compte d’être en train de la secouer, de lui faire mal peut-être et voilà qu’elle pleurait, désolée.
 
J’ai encore fait de travers ? Pardon, pardon, dis-moi quoi faire...
 
Bon Dieu, Ysaline…pardonne moi…je ne…Allons dormir plutôt.
 

Avant elle lui aurait envoyé une gifle et voué aux enfers, là, elle alla docilement se mettre au lit, lui souhaita bonne nuit et s’endormit aussitôt la tête sur l’oreiller. Max resta là, à la regarder, affolé de sentiments contradictoires. D’un geste très doux il caressa sa tête, laissa filer une mèche de ses cheveux entre ses doigts en ayant envie de pleurer et hurler.
 
Reviens-moi, mon amour…je t’aime tant que ça fait mal…mais c’est toi que je veux…toi et pas…ÇA !
 

Trop fatigué pour faire autre chose, Max s’endormit comme une masse et aurait continué de le faire sans aucun souci si la voix moqueuse de Lev ne l’avait tiré de ses rêves.
 
Tu dois venir voir ça…allez, marmotte, grouille-toi…te dis pas l’heure qu’il est…mais c’est tard !
 
À moitié éveillé Max consulta sa montre. L’heure était presque indécente.
 
Non mais…et pourquoi le foutu réveil n’a pas sonné ?...Pourquoi t’es pas venu plus tôt…Mon Dieu, Ysaline…Chris…
 
Ouais…c’est juste celui-là le point, assura Lev ravi, c’est Ysaline qui a ordonné qu’on te laisse roupiller tout ton soûl…sais pas ce qui s’est passé cette nuit au dispensaire mais Lazare est éberlué et s’est déjà fait dire une bonne paire de choses…Max ! Ouh ouh…reviens sur Terre…
 

Tu te fous de moi…
 
Pas du tout…elle est de retour, ta Zaline…ou je devrais dire Zalinator…parce que ça se laisse pas contredire…ça barde !...Hé, habille toi quand même…
 
Il déboula comme un dingue au dispensaire alors que le Dr. Zaline faisait sa tournée, suivie d’un Thidiane étonnamment humble. Elle consultait les fiches, donnait des directives, rabrouait une assistante, discutait par ci, ordonnait par là…et bien sûr ne rata pas son mari qui la contemplait d’un air béat, au beau milieu de la salle,  vêtu n’importe comment, cheveux ébouriffés.
Il eut droit à un regard noir, un geste impératif, alors se fichant de tout ce petit monde soudain très attentif, Max ne trouva mieux que d’aller la cueillir dans une étreinte folle et l’embrasser à en perdre haleine…et de se prendre une claque et se faire renvoyer illico alors que les patients les moins défaillants applaudissaient à tout rompre et que même Thidiane soupirait, attendri.
 
C’est bon, m’en vais…suis si…Ok, c’est bon, j’ai pigé, je dégage…je t’aime, ma Zaline…suis heureux !
 

Elle semblait plutôt de l’avis qu’il avait besoin d’un bon psy. Lev dut le traîner dehors en riant aux larmes.
 
Elle va te tabasser, mon vieux…C’est dingue…hier encore elle était douce et soumise comme un p’tit mouton et là...Ouhla…pas à dire…pour reprendre ses esprits, elle les a repris…
 
C’est merveilleux…génial…Thidiane lui a quand même pas fichu des électrochocs, non ?...T’es sûr que je rêve pas ?
 

Euh non…t’es bien éveillé ! Je te pince, tu sens !?
 

Exagère pas…tu m’as fait un bleu…Je dois dire ça aux filles…à mon père…À tout le monde !!!
 
Lev secoua la tête, attendri et amusé.
 
Pas à dire, tu souffrais de manque…t’es pas un peu masochiste, toi ? Ça te manquait vraiment qu’elle te crie dessus ?
 
Sois pas con…ce qui me manquait c’était elle…l’ensemble, le caractère, sa force…Mon Ysaline, telle qu’elle est…c’est comme ça que je l’aime…le petit fantôme complaisant c’est accommodant mais…c’était comme avoir du toc…pas réel…
 
Allez, douche, café, boulot…tu seras toujours bon pour l’engueulade du soir…t’as intérêt à bien t’y prendre…faudrait des fleurs, ça fait toujours mimi…des belles chandelles aussi…et de la musique, ça  adoucit…
 

Elle va m’en vouloir, tu crois ?...Tiens, ça fait du bien de se faire de la bile pour ça…
 
Il n’eut pas l’heur de se pointer de nouveau au dispensaire, pas besoin de forcer sur sa chance. Il travailla toute la journée, avec intermède pour communiquer la bonne nouvelle à Papa et beaux-parents.  Au soir, il avait fait la leçon à ses filles :
 
Maman est de nouveau comme avant…alors on marche droit, pas de bêtises ni des idées farfelues, pigé ?
 

Zut alors, c’est fichu pour les pancakes !, ronchonna Louise.
 
Elle va travailler tout le temps, comme toujours ?, voulut savoir Sophie en faisant la moue.
 
Elle va m’aimer…comme avant ?, s’enquit Soubhan, je veux, oui…
 
Christopher était sans parti pris.
 
Max se chargea de tout. Repas, bain, dodo. Enfants parqués, il ne lui resta plus qu’à s’asseoir à la véranda et attendre sagement que sa femme chérie en ait fini avec ses tâches…et en la connaissant, ça risquait de prendre son temps.
 
*M’en fous…depuis le temps que j’attends ça… !*
 
Le Dr. Thidiane devait avoir joué de son humeur de chien enragé et mis en branle-bas son despotisme, le fait est qu’Ysaline apparut au détour du sentier de gravier à une heure tout à fait convenable. Elle avait l’air détendu de qui est satisfait de sa journée et avançait sans se presser en jouissant de la douceur de la soirée, des senteurs embaumées, du bout de lune, des bruits nocturnes…
 
Hey, salut, toi…ça va ? *Merde, j’ai oublié la musique !*

 
Parce que les fleurs et les bougies stratégiques, Lev les avait mises lui-même en place. Bénis soient les bons amis !
Max Von Falkenberg
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Message par Ysaline de Bettancourt Dim Fév 01 2015, 09:49

Redevenir soi, il n’y a rien de meilleur, sauf de constater que l’on a manqué à ceux qui vous sont chers. Là Ysaline rayonnait, à plus d’un titre.
Sans réellement avoir conscience du pourquoi tout le monde avait l’air content, elle vaquait, donnait des ordres, voire tyrannisait le personnel et… on souriait. Puis, il eut l’introduction de Max. Il savait pourtant bien qu’elle avait une sainte horreur d’être dérangée au boulot, surtout pour l’embrasser comme un fou devant tout le monde ! Action, réaction : elle le gifla. Il semblait béat, patients et personnel aussi.  
 
 C’est bon, m’en vais…suis si…Ok, c’est bon, j’ai pigé, je dégage…je t’aime, ma Zaline…suis heureux !
 
*Il est fou, ou quoi ?*
 
Mais elle sourit tout du long.
 
Elle adorait son métier et s’y dépensait sans compter. Ce fut le Dr Thidiane qui la rappela à l’ordre après bien des heures sans discontinuer :
 
Rentre chez toi Ysaline. Je crois que tu es très attendue.
 
Je, je peux vous poser une question, Docteur ? Qu’est-ce que vous avez tous aujourd’hui ?
 
Lazare Thidiane riait très rarement. Là, il se marrait, elle l’aurait juré :
 
Te le sauras assez tôt ! Tu as quartier libre !  
 
L’Afrique, l’Afrique ! Elle aimait ce pays. Par amour, elle y avait suivi Max, son Max. Et voilà qu’ils y rentraient, ensemble.
 
*Au fait, quand est-on revenu ?*
 
Ysaline l’ignorait mais s’en fichait. L’air embaumait de terres irriguées, des fleurs voisines, dans la tiédeur du soir.  Sur le court trajet entre dispensaire et bungalow, elle salua plein de gens avec bonheur.  
Puis… :
 
Hey, salut, toi…ça va ?
 
Merveilleusement bien ! Des fleurs ? Tu as mis des fleurs ? Que fête-t-on ? … mon retour ? Vous êtes tous fous, j’ai toujours été là, que je sache ! Les enfants dorment déjà ? J’aurais aimé leur dire bonsoir.

Ensemble, ils allèrent les border, déposer un bisou sur les fronts paisibles.
 
Autour d’un verre, sous l’auvent, aux chandelles, ils soupèrent. C’était délicieux… inédit. Entre deux bouchées de salade de poisson, elle devint pensive :
 
Tu me diras ce qui se passe, ou je dois deviner ? Fleurs, chandelles, gastronomie… Avoue que c’est pas toi qui y a pensé, c’est Lev, non ? Pourquoi ?  
 
Elle obtint une réponse genre Thidiane mais le dessert fut tellement renversant qu’elle n’y songea plus. 
Le lendemain matin, elle eut une idée plus précise de ce qu’elle avait loupé sans le vouloir. Très décidée, quoique mesurée, Sophie exigea :
 
Je veux pas de fruits, il nous faut des pancakes, des tonnes de pancakes !
 
Soubhan et Louise lui donnèrent des coups de coude, Christopher resta bouche bée.
 
Ysaline, qui cuisait des œufs brouillés, se retourna sourcil arqué :
 
C’est quoi ce ton ? Depuis quand tu penses exiger ici ? Ou vous mangez ce qu’il y a ou vous ne mangez pas ! Ok ?
 
Ce n’est pas de sa faute, maman, plaida Louise. Elle croit que tu es encore…
 
Robot, sourit Chris.  
 
Un robot ? D’où sortaient-ils une idée pareille ?  Elle l’apprit, comme prévu, au fil de temps et en rigola beaucoup, énormément avec son chéri.  
 
Oui, elle avait raté des trucs mais l’essentiel était que personne ne lui en voulait, au contraire.
Néanmoins, ces révélations eurent plusieurs effets sur Ysaline.  Était-elle si… despotique avant ? Bon, ils l’aimaient tous ainsi, mais… Des nouvelles normes s’établirent. Plus attentive, attentionnée, ouverte, le Dr Zaline combina les rôles de mère, épouse et médecin avec entrain. Nul ne s’en plaignit.  
Rarement elle avait pu parler autant avec Max. Chacun s’arrangeait pour ménager du temps à eux et à leur famille.  Le bonheur existe…  
 
Vint un jour fatal.
 
Une invitation en Australie ? J’aime beaucoup Opal et Erik mais je ne connais pas Miko et ai à peine croisé le marié.
 
Max plaida des retrouvailles chaleureuses après tant de misère vécues ensemble ou séparément. La guerre était finie depuis longtemps. La paix régnait, autant profiter des rares occasions de se réjouir, sans souci… Tu parles !
 
Robe parfaite, coiffure idem, enfants nickels.  
 
Tu es beau comme un dieu, Max ! Je t’aime !
 
Bisou fou, les gosses avaient l’habitude des élans bizarres entre leurs parents.
 
On touche ce truc tous en même temps. Ne pensez plus à rien. À trois ? Un, deux, trois !
 
Pourquoi ne pas avoir pris l’avion ? Ysaline détestait les portoloins. Bing, bang, bong. On s’atterrit tous dessus. Chris, immédiatement, régurgita son repas. Louise et Soubhan se tenaient le ventre mais rigolaient.
 
Max ? Chéri ?
 
Mince, papa n’était pas avec eux ?  On fouilla un peu, pas de Max.
 
C’est… c’est rien. Il aura pris du retard, dit-elle aux enfants. Avançons vers la maison, là-bas. Alex doit déjà y être.  
 
On les y accueillit avec chaleur, son grand garçon en premier. Il était fou de joie de retrouver sa mère telle qu’elle mais s’intrigua du retard de son père :
 
… pas devant les autres, s’il te plait. Il a dû toucher le portoloin en retard ou avance…  
 
Joyeuses noces pas à dire ! Les serments s’échangèrent dans des vivats déjantés. Un orchestre se déclencha, on s’amusa…
Combien de fois consulta-t-elle sa montre ? Impossible à compter. Elle n’était pas la seule à s’inquiéter d’un certain retard. Alix, flanquée de ses jumeaux, semblait hyper tendue en discutant avec son beau-frère et sa belle-sœur. De plus, personne n’avait de nouvelles des Davenport au grand complet. On fit taire ses appréhensions comme on put. Tiens, Opal à portée de main… :
 
Excuse-moi, de quoi parliez-vous avec Alix ?... ben non, Max n’est toujours pas là non plus. Son portable ne répond pas, je pige pas.  
 
Personne ne répondait. La musique aidait, les enfants se marraient.  Angoisse sourde au cœur, Ysaline – comme tous – sursauta quand il se produisit un flash immense au pied de la scène.  Les violons se turent, l’assemblée aussi.  Quand les fumées se dissipèrent, tous purent admirer les nouveaux arrivants : Max, Justin, Sam, Michael et Sam.
 
Coup de coude entre Opal et Ysaline :
 
Belle entrée en scène, ceux-là ! Mais c’est qui, le petit qui s’agite ?  
 
Peu importait, Max était là ! Elle vola vers lui :
 
Mon chéri ! Où étais-tu passé ? Pourquoi tu t’es habillé ainsi ? Allez, reste pas là, viens retrouver nos enfants. On s’inquiétait, tu sais ?  
 
Quelque chose n’allait pas. Max restait de marbre, muscles bandés, comme un fauve prêt à l’attaque.  
Alix ne connut pas plus de succès avec Michael qui la repoussa en grognant. Le comble du comble s’atteignit avec l’inimaginable. Justin courut, traversa la foule et s’empara d’Opal qu’il… dévora de baisers dingues.  Il se prit aussitôt un coup de poing formidable de la part d’un Erik fou furieux.  Remous… Justin fut relevé par des McLane pas contents du tout tandis que Samantha regardait partout, perdue.  
 
Max, chéri, fichons le camp !
 
C’était sans compter sur les enfants qui leur tombèrent dessus.
 
Papa ? T’étais où ? Papa, papa !  
 
Deux mioches s’accrochaient aux jambes de Michael dont l’air n’annonçait rien de bon.  Justin cria quelque chose vers l’inconnu resté planté là, incrédule quoique réjoui.  
 
C’est ça que tu veux que je prenne, Neil ? Bon, bon… euh… Il parait que ça s’appelle un micro. Bonjour micro, bonsoir tout le monde. C’est un peu confus, non ? On ne s’attendait pas à ça.
 
C’est qui, ce clown ? grommela un gars du cru.
 
Le gars tournait et retournait le micro sous toutes ses faces, rigolant, comme un gamin avec un nouveau jouet.  
Effets larsen entre autre, il causa, causa, nul ne pigeait mais il était si comique que l’assemblée se détendit.
 
Tu connais ce type ? demanda Ysaline très inquiète.  
 
Max opina, manifestant le désir de rejoindre le farfelu.
 
On s’en va Max. Personne ne nous en voudra. LES ENFANTS ! On rentre ! Papa n’est pas bien !
 
Tant pis s’il lui en voudrait ou pas, Ysaline sortit sa baguette et fustigea le récalcitrant.
 
Max, mon amour, ça va mieux ? Parle-moi. Excuse-moi de t’avoir stupéfixé mais…
 
Je suis Alpha 247.
 
Interloquée, Ysaline lui bassina le front :
 
Tu as dû tomber sur la tête en atterrissant mais, si c’est un jeu, cesse immédiatement.
 

Je suis Alpha 247. Je veux rentrer chez moi.  
 
C’est ici chez toi, Max !  
 
Où ?
 
Ben… chez nous, en Afrique…  
 
Impossible ! Tu mens, femme !  
 
Hey ! Parle-moi sur un autre ton s’il te plait !  Tu t’appelles Max, tu es mon mari, mon mari, tu piges ?
 
Je suis Alpha 247.
 
La patience n’avait jamais été le fort d’Ysaline. Baguette en action, elle le réexpédia dans les limbes puis réclama d’urgence un examen complet du cerveau dérangé de son époux.
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Message par Max Von Falkenberg Mar Fév 03 2015, 20:59

Le bonheur, ça existe! Max en avait la confirmation. Après cette soirée bénie de retrouvailles, la vie avait repris son cours dans une merveilleuse normalité. Ysaline était de retour. Son Ysaline, tel qu’il l’aimait depuis toujours. Têtue, déterminée, autoritaire et tout ce qu’on voudrait, mais c’était comme ça qu’il l’adorait et pour rien au monde n’aurait changé ça !
Les enfants pigèrent vite fait que Maman n’était plus celle qui ferait rien qu’à leur tête et même si Louise en resta pour ses frais avec les pancakes et Christopher trouva le fin mot de l’histoire, tout le monde était ravi de voir leur petit monde en ordre.
 
Tu vois, ma douce, tu nous as manqué…et ça pendant plus d’un an…dur d’assumer sans toi !...Oui, tu étais merveilleuse…ben tu disais oui à tout…souriais tout le temps…faisais ce qu’on te demandait de faire…euh, abuser de la situation ? Moi ?...tu peux demander à tout le monde…au début peut-être un petit peu…, rigolade alors qu’elle lui tapait dessus, mais c’est TOI que je voulais,  pas ce fac-similé si complaisant…
 

C’était si bon de l’avoir là, de lui parler, de l’écouter, de s’en prendre plein la gueule quand quelque idée ne lui convenait pas, de l’aimer comme un fou et être pleinement correspondu. Son Ysaline…à toujours, à jamais. Elle, la seule…impossible autrement.
 
Un de ces jours, quand on s’y attendait le moins, le courrier apporta des nouvelles des amis restés un peu partout.
 
Regarde-moi ca…Opal nous envoie une invitation au mariage de son frère Matt…tu t’en souviens ? Non, pas vraiment…je l’ai croisé une paire de fois…une force de la nature, le gars, dans le genre McLane…la mariée, connais pas…mais avec un nom pareil pile qu’elle est japonaise…Ça promet, on ferait bien d’y aller…revoir les amis…
 

Il n’eut pas beaucoup à insister. Leur vie ne laissait rien à désirer mais un petit changement de temps en temps ne pouvant nuire, on se mit en frais pour aller au fameux mariage.
 
Tu es beau comme un dieu, Max ! Je t’aime !
 
Ce genre de compliment, cela faisait vraiment chaud au cœur, d’autant plus qu’elle était parfaitement belle. Se mettre sur leur 31 de temps À autre leur rappelait gentiment qu’il y avait un autre monde, plus raffiné, au-delà des limites sylvestres de leur jour le jour.
 
Je t’aime aussi, mon ange…et pas parce que tu es la plus belle fille au monde !
 

Soupir bruyant des gosses, il s’en fichait, il aimait l’embrasser, son Ysaline chérie.
Le Portoloin reste toujours l’option à prendre quand on va loin sans le temps de faire un long déplacement. Pas que Max aimât particulièrement ce moyen, pas plus qu’Ysaline, mais besoin étant.
 
On touche ce truc tous en même temps. Ne pensez plus à rien. À trois ? Un, deux, trois !
 
Chris s’accrochait à Maman, les filles suivaient le mouvement…
Quel atterrissage misérable ! Il mordit la poussière et roula sur des cailloux, en pestant de belle façon, tout en espérant que la famille n’ait pas été aussi secouée.
 
Mais qu’est-ce que tu fais à te rouler par terre ?
 
Voix inconnue. Sans doute un invité non sorcier posant des questions idiotes. Max redressa sa grande carcasse, épousseta sa belle tenue et dévisagea la jeune femme qui avait posé la question. Belle inconnue au bataillon.
 
Ben, me roule pas…mauvaise arrivée, ça se passe comme ça parfois…où sont Ysaline et les enfants ?
 
Des sourcils en accent circonflexe, il connaissait. Là c’était de la surprise totale.
 
Ysa…qui ?...Des enfants ? Alpha…tu te sens bien ?...et pourquoi tu as changé de vêtements ?
 
Son tour de froncer les sourcils et détailler avec attention la demoiselle et aussi les alentours. Plutôt tropical, le coin, en rien ressemblant à l’Outback australien. La miss, décontenancée, plissait les lèvres, les yeux, secouait la tête et serrait contre sa poitrine menue un bouquin que Max identifia comme la Bible.
 
*Super…suis tombé où moi ? Dans une secte de fanatiques !?*  Pardon, Miss…vous êtes qui ? Suis où, là ?
 

Ça suffit, Alpha !
 
Hein ?...Alpha ?...Ça va plus, là ? Et vous quoi…Omega ?

 
Tiens, ça n’avait pas l’air de lui plaire, elle serra plus fort son bouquin.
 
*Misère…j’ai dû rater une case avec le fichu Portoloin…* Je suis Max Von Falkenberg, énonça t’il, soigneusement, et je pense être paumé…
 
C’était peu dire. La miss avait l’air plus déboussolée que lui mais débita une histoire absurde de bout à bout, où il était question de mourir et renaître, qu’il était Alpha, un homme du futur, son mari par surcroit…
 
Ben là, ça cloche de bout à bout, ma jolie, t’es mignonne comme un cœur mais suis déjà marié et ai quatre enfants, suis pas ton homme…ton Alpha machin truc…et pour bien faire, dans les règles de l’art…tu es qui, toi ?
 
Isabel Kittredge et comme ça ne lui disait rien elle passa aux détails…née en 1882, revenue à la vie au bord du Fleuve, dans un lieu sans nom que personne ne connaissait. Elle avait épousé un certain Alpha venu du futur lointain et depuis en avaient vu des vertes et des pas mûres. C’était plus que Max ne pouvait encaisser du coup.
 
Drôle d’histoire…, il s’assit sur une souche, un peu à l’ombre, desserra sa cravate , finit par enlever sa veste et se gratta activement le crâne, c’est de l’absurde total…Bon, résumons, ma belle…suis pas ton mari, viens pas du futur…enfin pour toi, c’est un fait…tu pourrais être mon arrière-grand-mère, mais c’est pas le point…
 

Absolument pas. Le point était un peu plus loin où un Michael hors de lui se faisait gueuler dessus par un bonhomme qui exigeait qu’il remue une gros, très gros caillou et que l’autre, sapé comme il était, refusait de bouger le petit doigt. Une belle brune, très belle d’ailleurs venait à la rescousse mais ne tirait rien au clair. Max décida, malgré la miss qui lui demandait de ne pas s’en mêler, d’aller donner son avis. Déconfiture totale.
 
HEIN ?...Lui, Achille, le prince des Myrmidons ?...Ok, suis sûr que le mec est peut-être un peu surclassé mais faut pas exagérer…ah bon et vous n’êtes autre que…Elisabeth Von Wittelsbach ?...L’Impératrice Sissi…euh…en d’autres temps on aurait été presque voisins…qui sait si cousins par là… Michael, on est dans des sales draps…
 

Vous allez finir avec les palabres…on doit le dégager, ce puits !, gronda le tiers inconnu qui ne tarda pas à décliner son identité, un tel Richard Burton…
 
Le Burton qui…Ok…on fait pas d’histoires…il est où, ce puits…Oui, au moins sur ça, j’en sais long…Michael, t’as une idée d’où et comment ?
 
Pas plus que lui. Miss Kittredge, épouse Alpha, cita un passage de la Bible.
 
Je travaille mieux sans sermons, ma jolie…va déclamer ailleurs…*Elle a quand même pas tort avec son… « ce qui ne te tue pas te rend plus fort »…Ysaline, mes gosses…sont où ?*
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Message par Ysaline de Bettancourt Sam Fév 07 2015, 09:53

Allo, Lev ? Viens vite, apporte une civière… oui, c’est Max…
 
Le grand noir accourut peu après en compagnie d’un aide-soignant, découvrant des Von Falkenberg, énervés, surtout la mère. Les gosses, eux, étaient entassés au salon sous la surveillance de la nounou et de l’aîné, Alex.
Ysaline n’expliqua rien, pas plus que le grand garçon. Max, son copain de bien d’aventures, dormait dans des habits inconnus.  
Pas un mot de trop, direction au trot : la petite clinique.
Thidiane ne tarda pas à se pointer tandis que son docteur favori – il ne l’avouerait jamais mais c’était le cas – se démenait au téléphone.  
 
JE VEUX LE DOCTEUR CARSON, personne d’autre !  
 
À l’autre bout du monde, on fut navré mais l’éminence réclamée ne serait pas disponible avant des mois.  
 
Elle en était au dixième nom de sa courte liste de la crème des crèmes quand Lazare coupa la communication de son index sec :
 
 C’est inutile Ysaline. Tu te fatigues pour rien. Viens voir, le voir.
 
Il a quoi, s’affola-t-elle déjà en panique.
 
Euh… viens voir toi-même…  
 
Le beau corps tant aimé était allongé sur la table d’examen, aussi nu qu’un ver.  Quasi immédiatement, Ysaline tiqua, battit des paupières plusieurs fois puis osa s’approcher pour compléter l’investigation. Pétrifiée, elle marqua un long arrêt silencieux. Puis, choquée, se tourna vers un Thidiane attentif :  
 
Ce… ce n’est pas… lui. Ce n’est pas… Max… je…
 
Dans mon bureau, suis-moi.
 
Une fois assis chacun dans un siège de part et d’autre d’une table encombrée de paperasses et classeurs, Thidiane ouvrit un tiroir et servit deux verres. En tendant un à Ysaline, il dit :
 
Et si tu me disais où tu as péché celui-là ? Au mariage de ta copine ?
 
Du frère d’une amie, oui…
 
Elle déballa tout, en passant les détails magiques, bien sûr.  
 
Il était donc là avec deux de ses amis : Michael et Justin, c’est ça ?
 
Et une fille ressemblant à Samantha. Ils ont tous eu une réaction… étrange.  On a cru à une blague, même les enfants n’y ont vu que du feu mais, depuis notre retour, ce type clame être Alpha 247 !
 
Al, quoi ? ouvrit de grands yeux le toubib grisonnant.  
 
Alpha 247 ! Ne me demande pas ce que ça veut dire, je ne comprends rien.
 
J’aimerais que tu jettes un œil à ses vêtements et accessoires… On a eu du mal à trouver l’ouverture de ce truc pour l’en débarrasser…  
 
Il s’agissait d’une sorte de combinaison moulante, comme on en voit dans les films de science-fiction.  
Perplexe, elle examinait les fibres inconnues, ces objets bizarres, quand elle se figea. Un dogue argenté – le patronus d’Erik – ne s’adressa qu’à elle.  
 
Tu as vu un fantôme, Ysaline ? s’inquiéta Thidiane.
 
Ginunngagap… pensa-t-elle à haute voix.  
 
Hein ? Tu parles suédois, maintenant ?
 
Je… le frère de Michael est Suédois. Il… a déjà dit ce mot devant moi. Sauriez-vous ce qu’il signifie ?  
 
Il provient d’une vielle légende : celui qui se fait attraper par un tel phénomène n’en ressort jamais !  
 
Ben, il y a intérêt que oui. Max s’est fait piéger dedans et, en échange, on hérite de… celui-là ! Je crois que vous allez devoir m’excuser un temps indéterminé. Je retourne en Australie avec… machin 247.  
 
Puis-je remarquer que tu te déplaces vachement vite en longue distance, Ysaline…
 
Le ton était malicieux, elle répliqua du même :
 
Je sais que tu sais ! Chut !
 
Elle ne voulut pas embarquer l’étranger réveillé : trop risqué. On le rhabilla en mode moderne décontractée puis le ramena au bungalow où une tribu anxieuse attendait des nouvelles.
 
Papa est toujours malade ? C’est grave ?
 
Du calme, mon grand. Ce type-là n’est pas ton père.
 
Explications sommaires puisque ne disposant que de peu d’éléments, elle réclama calme, patience, bonne volonté pendant son absence avec 247.
 
Tu veilleras sur eux tous, mon chéri et je te jure, je te jure que s’il le faut j’irai en enfer chercher TON père !  
 
Chez les McLane : ambiance !  
Opal n’en revenait pas de la ressemblance entre les « invités » et ceux qui leur manquaient.
Neil, celui qui correspondait à Justin, en avait quasi le caractère aussi, les autres pas du tout comparé à celui de leurs « doubles ». On écouta ledit Chesterfield que ses amis respectaient.  
Lorsqu’il présenta Achille et Louis XIV, Ysaline eut un vertige que combla l’hôtesse avec une tournée générale de boissons fortes.
 
Peut… Peut-on réveiller celui-là sans risque, demanda Mrs. Von Falkenberg pas rassurée des propos échangés autour des verres.
 
Alpha est un guerrier du… futur, Une fois en confiance, il se tiendra à carreau, affirma Neil.
 
Sinon, il a un caractère exécrable mais bien moins que mon chichille, rigola le petit bouclé qui, en dépit de tout ce qui se passait autour de lui ne reluquait que les cuisines.

C’est ce que vous appelez un restaurant, non ?
 
Opal, agacée, opina. Louis embraya :
 
On va en préparer des festins ici ! Oh Dieu que je  suis content !
 
Il était le seul à posséder cette opinion.
 
Erik exposa ses théories, Neil approuvait.  Quoique ce soit, ginunngagap ou autre, il y avait eu échange.  Le plus probable et… rassurant( ?) était que leurs amis et maris soient là d’où venaient ces gens.  
 
Deux mondes : celui du fleuve d’une part, un village ultramoderne de l’autre.  D’un côté hommes et femmes décédés depuis des lustres ressuscitaient, les autres ignoraient si eux aussi avaient péri dans un crash ou un naufrage.  Le plus dérangeant était que le double de Justin ait été marié au double d’Opal.  Selon eux et la description faite de Samantha correspondant à la seule femme du lot – ladite Maya, donc ils auraient des soucis d’adaptation là-bas.
 
Tous – sauf Louis – étaient d’accord : inverser le processus.  
 
Avec prudence, Ysaline osa revigorer le bel endormi. Alpha 247 voulut ruer dans les brancards sauf que quatre baguettes levées furent prêtes à le fustiger. Heureusement, dès reconnaissance de certains potes de là-bas, ne montra plus aucun signe d’agressivité.
Les « invités » se posèrent des questions sur ces… armes. On les négligea pour le moment afin d’éclaircir l’affaire principale.  
 
… Admettons ! s’exclama Ysaline. La situation est… folle mais comment la retourner à nos avantages ?  Erik, peut-on éliminer les effets de ton machin ?
 
Tollé général, chacun y allait de sa théorie. Louis qui, le nez dans les frigidaires n’en ratait pas moins les débats, lança :
 
Vous n’avez qu’à faire un de vos trucs de sorciers car c’est bien ce que vous êtres, non : des sorciers ?  Ben, pourquoi vous me regardez ainsi ? Neil, tu as oublié l’épopée arthurienne ? Moi, j’adorais ! Merlin, Morgane, Brocéliande… Vous savez faire quoi ?
 
Ceci ! Bloclang !
 
Ysaline n’avait pas pu résister tant ce type lui tapait sur le système. Alix lui sourit en preuve d’assentiment. Achille s’inquiéta, Alpha chercha une arme dépossédée, Neil resta pantois, assommé.
Le débat reprit, partant dans tous les sens jusqu’à très tard, sans solution probante. Résultat : chacun allait chercher de son côté en attendant…  
 
Ysaline se sentait en porte-à-faux avec ce gars si semblable à son amour. Avec le plus de douceur qu’elle put trouver alors qu’elle bouillait de rancœur, elle l’aborda sitôt de retour conscient. Le portoloin le rendit malade, tant mieux !
 
Si vous menacez mes enfants, je n’hésiterai pas une seconde : je vous abattrai, compris ? Pour tous, chez nous, vous êtes Max Von Falkenberg, un gars très respecté qui dirige des équipes d’ouvriers dans divers domaines : gestion, défrichage, irrigation. Avez-vous des notions dans un autre domaine que la guerre ?
 
Il en avait, ouf !!!  
 
On va devoir se tutoyer sinon ce sera suspect. En principe, nous sommes époux, très épris mais je vous interdis le moindre geste déplacé ou il vous en cuira. Je vais t’expliquer des trucs sur… nos enfants…
 
Il l’écouta des heures durant, ce qui amena la conclusion que ce type souffrait du même mal qu’elle : l’hyperactivité. La chose se confirma, plus tard…
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Message par Max Von Falkenberg Jeu Fév 12 2015, 10:35

Dire que c’était pas si mal que ça tenait presque de l’immoral, pourtant, mis à part l’angoisse de ne pas savoir où étaient passés Ysaline et les enfants, Max  restait pragmatique. Cela aurait pu être pire, ils auraient pu tomber sur des sauvages cannibales ou n’importe quoi d’autre, et là, ils se retrouvaient dans un endroit qu’on pouvait qualifier de très acceptable.
Bien sûr, De Brent ne communiait pas trop avec, selon lui, son écœurante acceptation, tant pis ! Logés à la même enseigne faudrait trouver une certaine concordance. Cela fut vite trouvé. Vu leur nullité pour préparer un repas digne de ce nom, ils avaient besoin d’une solution. Pas un idéal très élevé mais déjà mieux que rien.
De plus qu’encore là, la solution à leur déveine gastronomique se présenta sous les traits de deux charmantes créatures. Il était un mari fidèle et amoureux mais ceci n’empêchait pas de reconnaître une belle femme quand il en croisait une et pour ça, il fut servi. Hélène, la belle de Troie était tout simplement sublime et la rousse sémillante qui l’accompagnait ne manquait pas de charme non plus. Amelia Earhart, aviatrice célèbre disparue en 1937. Mais compte tenu qu’ils avaient déjà rencontré l’impératrice d’Autriche, Sir Richard Burton et Mrs. Alpha, on ne s’étonnait presque de plus rien.
 
* Invitation à dîner, chouette…la soupe instantanée ça ne cale pas l’estomac !*
 
Mais en plus d’invitation, ces dames firent une révélation de vitale importance. Très impoliment on les laissa avec le mot à la bouche pour filer comme des fous vers l’adresse indiquée et y trouver Lord et lady Davenport dans toute leur splendeur, quoique un tantinet dépassés par les événements. Leurs enfants étaient avec eux. La chance.
 
*On aurait quand même pu tous tomber ici…les gosses auraient adoré l’endroit…Ysaline aussi, ça nous aurait fait des vacances !*
 
Entre temps, les autres élucubraient à tout rompre, sur le pourquoi du comment de cette affaire. L’apparition d’Hélène et Amelia coupa court les divagations, on allait dîner chez les Historiques.
Ambiance. Tous étaient très sympathiques mais les regards dont le couvait Isabel Kittredge le mettaient mal à l’aise. Soit il devait beaucoup ressembler à son cher disparu mais quand même. Il essaya de l’ignorer poliment pendant le repas mais quand on prenait déjà congé, elle l’approcha, timide mais déterminée.
 
Je suis tout à fait bouleversée par cette situation…comment croire que tu n’es pas Alpha alors que…
 
Faudra s’y faire…suis tout aussi chamboulé, ça tu peux le croire…mais je suis Max Von Falkenberg et pas un guerrier du futur…et puis, regarde, il tira une photo de son portefeuille, c’est ma famille…ma femme Ysaline, mes enfants…
 
Mais …où est Alpha ?
 
Je n’en sais rien, avoua t’il sans détours, pas plus que je ne sais où est ma famille…qui sait ? Peut-être qu’Alpha est là où je devrais être…et aura rencontré Ysaline…
 
Mais alors ?...Elle pourrait…se méprendre comme je l’ai fait ?
 
Max sourit en secouant la tête.
 
Pas mon Ysaline…elle me connait trop bien pour se gourer…et puis finalement, je peux pas lui ressembler en tout détail…d’après ce qu’on a raconté sur lui, on est pas près d’avoir trop de points en commun…lui, c’est un soldat…moi suis dans l’humanitaire, j’aide les gens, je ne les zigouille pas…Pas de souci, Isabel, on aura le fin mot de cette histoire…Bonne nuit !
 

Il détala avant qu’elle n’ait idée de prolonger la conversation. Pas le cœur à consoler une épouse éplorée alors que lui-même avait du mal à accepter ne pas être avec la sienne. Il y avait d’autres chats à fouetter.
 
*C’est quoi cette histoire de Pierre  à prières ? On ne nous a rien dit sur ça !*
 
Michael était déjà à la villa et rigola de son petit aparté avec Isabel Kittredge.
 
Va pas te faire des idées, la pauvre fille est vraiment déroutée…Ouais, elle est toute mignonne mais j’ai mon Ysaline…ton impératrice elle est pas mal du tout non plus…M’en doute !...Qu’est-ce que tu penses de leur histoire ?...C’est tout simplement incroyable, oui…M’enfin, puisqu’on baigne en plein illogisme autant essayer d’en tirer le meilleur parti…
 

Pas facile à accepter mais en attendant d’avoir une meilleure idée Max dénicha la bouteille dans un des placards et servait deux verres quand Justin Davenport se pointa…et se mit à lancer toute sorte de sortilèges.
 
Qu’est-ce que tu fais ?, voulut savoir Max, intéressé.
 
Vous inquiétez pas ! On m’a assuré qu’on ne nous épierait plus comme hier mais je n’en crois rien. Maintenant, ils ne nous entendront pas et croiront que vous n’êtes que deux ici…
 
Ils s’étaient bien doutés, de la surveillance, somme toute assez compréhensible mais s’épataient que la magie fonctionne, même si selon Justin, seulement à un certain degré et pompait bien plus d’énergie.
 
*Merci du renseignement, en tout cas ce sera pas avec qu’on va se tirer d’ici !*
 
Lord Davenport n’avait pas perdu de temps. Il avait visité les archives du coin et tiré d’invraisemblables conclusions :
 
Cette « réalité » n’existe nulle part sur Terre… mais non Michael, je ne crois pas être dans l’espace ou les étoiles. J’imagine une sorte de monde parallèle. On a déjà connu un truc du genre où nous avions nos doubles sauf qu’ici, nos doubles et nous sommes séparés… non, pas le Djinn, c’est autre chose… J’en sais rien, moi !
 

*Ah bon ? Pas la première expérience avec les mondes parallèles ? Ils font quoi de leur vies, ces gars ?*…Ok, c’est bien comme théorie…mais ça n’explique en rien notre apparition ici…à part que nos Portoloins aient subi…sais pas…une influence extérieure…mais toi, tu es là avec toute ta famille… 
 

Si nous, les Davenport sommes ici ensemble c’est sans doute à cause de la voiture… Elle nous aura protégés, en quelque sorte,  enfermés  dans la même bulle. Vous aviez un portoloin ? … Ceci confirmerait.
 

Nous oui, dit Max, voulais pas prendre le véhicule du Campement…mais Michael lui se trouvait lui aussi dans sa voiture, il conduisait…donc, ça fait tomber à l’idée à l’eau…
 
Retour à la case départ. Le whisky était bon et une fois ne faisant pas coutume Max éclusa allègrement avec ses copains. On arriva au point où la possibilité que leurs doubles aient été effectivement propulsés à travers temps et espace pour prendre leur place, restait la plus plausible.
 
J’y ai pensé…m’imagine Ysaline avec un soldat du futur…au moins il assurera bien la surveillance du périmètre…et pensera pas à draguer ma femme…*Enfin, j’espère bien !*
 
Michael lui s’en tirait pas si bien avec l’idée de son Alix en compagnie du légendaire Achille, connu, entre autres, comme ayant été un coureur du jupon notoire. Charitable, Max se garda bien de raviver les mémoires.
Mais bien entendu, ce n’était pas tout. Justin avait gardé le meilleur pour la fin :
 
Demain, je serai votre maire, celui de ce village en tout cas. Michael, de grâce, accepte de diriger la milice, c’est ce que faisait Achille… toi, euh… Alpha 247, oui c’est son nom, obéit à Achille mais puisque tu n’es pas extraterrestre, rien ne t’empêche d’être notre ingénieur des travaux publics ou notre gestionnaire des stocks. Je me demande d’où sortent les trucs accordés par la pierre.
 

Ben dis donc, pas mal le bled…on débarque et on a le boulot sans même un entretien d’embauche, M. le Maire ! …Quant à la Pierre faudra voir ça de près…
 
On n’y allait pas par quatre chemins, là.  D’uns faisaient la loi, le reste suivait le mouvement, la plupart de bon gré. Mais que quatre inconnus, pour les effets, au bataillon, arrivent, s’implantent et occupent d’emblée des hauts poste, ne manqua pas de faire en râler plus d’un.
 
C’est moi qui s’occupe  des approvisionnements !, assura le bonhomme en dévisageant Max d’un œil noir, je viens d’une réunion à la Mairie et ai été ratifié à mon poste.
 
Max sourit, bon enfant en tendant la main.
 
Ben, je vous félicite, M. Qui s’occupe de l’approvisionnent, je suis Max Von Falkenberg et vous en faites pas pour moi, veux pas vous piquer la place…Au lieu de vous de la bile, montrez-moi un peu les lieux… la fameuse Pierre entre autres…puis je veux aller aux champs d’après ce que j’ai aperçu à mon arrivée vous avez besoin d’un bon système d’irrigation…et appelez-moi Max !
 

Suis…Collins !, répliqua l’autre décontenancé part tant de bonhommie, venez avec moi…Allons aux champs d’abord, ce sera mieux avant que le soleil ne tape pas trop dur, si on n’est pas habitué, l’insolation sûre !
 
Vous feriez mieux de le prendre au sérieux, assura un nouveau venu qui s’ajoutait sans plus à la conversation, j’entends que vous allez aux champs…je m’y rends aussi !
 
Max agréa tranquillement ces manières un peu cavalières, mais d’après ce qu’il savait on prêtait à Sir Richard Burton la réputation d’homme sans détours.
 
Mais bien sûr, venez avec nous…et surtout ne vous en faites pas pour moi, le soleil ne me pose pas de problème…je passe ma vie au grand air…en Afrique…en Zambie…mais ce pays n’existait pas encore de votre époque…
 
Pas besoin d’en dire plus. Une intéressante conversation s’engagea entre les deux hommes, tant et si bien que Collins, se sentant de trop finit par assurer avoir à faire ailleurs. L’entente était parfaite, Max avait les informations, Burton une curiosité insatiable.
Les champs, comme prévu, avaient besoin d’être irrigués pour servir à l’agriculture.
 
Mais je ne vous du bétail, nulle part…même pas une chèvre !, s’étonnait Max.
 
Ben pas de bestiaux dans le coin, admit Burton, même les animaux domestiques sont très rares…à part ceux demandés à la Pierre, qui se montre parfois ridiculement généreuse…
 
Max avait des idées plein la tête au bout d’un moment. Il s’imaginait déjà des beaux champs cultivés, des pâturages pour un bétail gras, qui sait si des poules et des cochons…Il exposa quelques de ses idées à Burton, examina les puits d’un œil critique.
 
Archaïque…faudrait une bonne pompe. Vous me dites que la Pierre concédait à Alpha des trucs de ouf, non ? Ben, si ça marche toujours ça devrait faire notre affaire !
 

La Pierre trônait au milieu de la jolie place ombragée. Max lui trouva des allures de champignon surdimensionné mais ne fit pas de commentaires, très intéressé par l’activité qui s’y  déroulait. Les personnes prenaient des attitudes pieuses en faisant leur demande, après avoir déposé leur « offrande ». Des fois ça marchait comme voulu, à d’autres pas trop.
Sir Richard appelé ailleurs l’avait laissé seul à se faire sa petite idée, il était là depuis un moment quand Isabel Kittredge arriva faire sa demande. Le voyant planté là comme un navet réfléchi, elle vola à son secours et expliqua sommairement ce qu’il savait déjà.
 
Pas de liste de prix ? C’est au bon vouloir du jour le jour ?...Un peu arbitraire, non, le tas de cailloux !
 

C’est une Pierre sacrée…un peu plus de respect…montrez vus humble…priez !...Vous savez prier, n’est-ce pas ?
 
Pas de souci, j’ai fait tout mon catéchisme et la première communion…ce qui ne m’empêche pas de penser que ce machin  profite vilement de la situation…j’ai pas un fichu diamant…que fais-je ?
 
La Pierre est généreuse avec les nouveaux venus…, soupira t’elle.
 
Je veux de l’équipement de forage et des pompes !

 
Pitié, elle avait les larmes aux yeux en se souvenant des vœux de son chéri enfumé. Pas à dire un type en extrême pratique, celui-là.
 
Allez, pas de larmes…ça n’arrange rien…Il reviendra, je m’en irai…enfin, le pompe et le reste  ça peut attendre à demain…alors…je veux deux portions énormes de mousseux au chocolat et de la glace à la vanille.
 
Accordé. Somptueuses portions dont il en tendit une à Isabel qui le regarda, ébahie à travers ses larmes.
 
C’est souverain  contre tout genre de chagrin
, assura t’il en attaquant sa portion avec brio, vas-y, mange…sinon la glace va fondre…
 

C’était plutôt elle qui avait l’air à point de le faire mais Max contourna le moment difficile en racontant n’importe quoi, la faisant rigoler et oublier ses misères alors que lui-même essayait de ne pas penser qu’Ysaline adorait ce dessert.
Le lendemain, de bonne heure, il présenta sa demande à la Pierre et la vit octroyée en grande partie, ce qui occupa une place monstre.
 
Et vous pensez laisser tout ça là ?, s’enquit un client matinal, en rogne.
 
Euh, non…Vous voulez me filer un coup de main ?
 
Décidément, pas de sens de l’humour, le monsieur. Il fallut la coopération de la Milice pour évacuer le chargement vers le lieu de travail. Deux jours après, la commande était complète, sans avoir eu à verser un diamant.
 
Je pense que ce machin croit ferme au besoin d’un peu de technologie…et veut le développement de cette extraordinaire colonie, exposa t’il au Maire, les gens vivotent, sont commodes…n’ont que très peu d’initiative…Oui, je comprends, ils ont perdu l’espoir de sortir un jour d’ici…quoiqu’il faut dire que ça fait pas de gros efforts… Ça obéit…
 
Justin parla de la Mine, des plaques, de l’idée d’explorer plus loin que les limites d’un certain périmètre jugé de sécurité. Max écouta sans interrompre jusqu’à la fin de l’exposé.
 
Oui, peut-être qu’on devrait faire ça…mais avant laisse-moi leur faire les puits…Oui, je sais…ce ne sont pas mes réfugiés…mais ça marche avec eux, pourquoi pas ici aussi ?...Ils ont besoin d’une bonne initiative à suivre…ça aide à surmonter.
 

Les travaux avançaient rapidement. Max avait vu juste dans le besoin de donner quelque chose à faire pour occuper temps et énergie. Ça marchait. Les gens venaient collaborer sans qu’on ait besoin de les y obliger. Le forage fait, les pompes en place, l’eau surgit et du jour au lendemain, les champs désolés de quelque temps auparavant, verdissaient joliment et la terre se montrait prodigue.
Suivant son habitude, il ne donnait pas des ordres, mais l’exemple et jouait aux terrassiers avec une insouciance contagieuse.  Bien avant que prévu, selon les normes normales, les champs furent prêts à être cultivés et encore là, la Pierre se montra généreuse et fournit le nécessaire.  Il avait quelques agriculteurs chevronnés entre les Rescapés, reprendre le travail qu’ils connaissaient si bien fut un soulagement.
 
Ce soir, Michael et lui dînaient chez le Maire, en petit comité. La cuisine de Sam continuait d’être fantastique, même dans ce coin au bout de nulle part.
Ils étaient là à débattre leur jour le jour quand entrant par la grande baie vitrée du jardin un pigeon fit un atterrissage  hasardeux entre  les salades et les magnifiques langoustes.
 
Mince alors…un pigeon messager !!!...Oui, oui, c’en est bien un…il a un anneau à la patte et quelque chose y est attaché…pauvre bestiole, elle n’a pas l’air trop en forme…Viens là, mon joli…T’en fais pas, Michael, sais ce que je fais…et puis faut pas être un génie pour donner de l’eau à un oiseau…Allez, petit…la patte, s’il te plait…
 
Le pigeon se laissa faire. Max défit l’anneau puis batailla un instant avec le petit cylindre métallique dégagé avant de comprendre. Un coup de baguette, le cylindre prit une taille normale qui permit de l’ouvrir sans difficulté. Un rouleau de papier en tomba. Il le déroula.
 
Bon Dieu de bon Dieu….c’est message…d’Erik…Il croit avoir trouvé le moyen…la solution pour nous sortir de…Ginnungagap ?...Jamais entendu parler de ça…Tous vont bien…Alix, Ysaline, les enfants…et Achille, Alpha, Louis, Maya et Neil…sont là-bas…Il veut un message en retour…via pigeon, bien sûr…demain soir…pas avant, pas après…il dit qu’on verra au ciel vers minuit…au fait…c’est une pigeonne et se nomme Hope…tu mérites ton nom, ma chérie !, dit-il en caressant la tête de Hope qui roucoula doucement, te faut du repos, toi…
 
Le message passa de main en main et du coup la tranquille soirée prit des airs de fête…On accorda ne rien dire aux autres, pas question de créer des fausses illusions avant d’être sûrs que cela marcherait…
Max Von Falkenberg
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Message par Ysaline de Bettancourt Ven Fév 20 2015, 16:01

Un homme du futur ? Après tout ce qu’elle avait déjà vécu, Ysaline n’était pas à cela près. Peur ? Un poil quand même. Pas tous les jours que l’on héberge sous son toit un Ayerling, autrement dit un guerrier pur et dur. Il ne semblait pas méchant quand même - au moins ça – et les enfants, déroutés au départ, semblèrent accepter cette copie de leur père avec fascination.  
Alex, de toute façon, veillait au grain. De tous les gosses, c’était le plus suspicieux.  Néanmoins, elle ne voulut prendre aucun risque et, par sécurité, dès leur retour en Afrique elle téléphona à son père :
 
Papa, j’espère que tout va bien ?... oui, ici aussi sauf que j’aimerais que, si possible, toi et Maria-Eli veniez me seconder ici… Je… je t’expliquerai.  
 
Leur mettre sous le nez la copie de Max fut tout un poème.  
Adémar n’était pas né de la dernière pluie, sa femme non plus. Ils restèrent sur le cul mais étaient plus enclin à rire qu’autre chose :
 
En bref, cher monsieur Alpha, votre univers était très… différent. Ça vous plait par ici ? Ma fille n’est pas commode, son mari ne l’est pas non plus. Comprenez-vous ce que cela sous-entend ?
 
Pas touche ?
 
Exactement, mon garçon ! On va bien s’entendre.  Ysaline t’a sûrement déjà mis au parfum des normes en place ici, non ?
 
Oui et non… Ysaline était souvent ailleurs.  
 
Écoute, elle m’a confié qu’à part les enfants, le docteur Thidiane, Lev et Ny’Ala, nul n’est au courant de, euh… l’inversion. Tu n’as jamais fait de théâtre, je suppose ?... Dommage. Mais pas de souci ; Selon ma fille et la version officielle, ta tête a heurté une branche. Ce qui va servir à expliquer tes incapacités en certains domaines, tu piges, ça ?
 
Incapacités ? Je ne suis pas un incapable !  
 
Personne n’a dit ça, personne. Mais si tu es doué dans la lutte, les armes, Max l’est en relations sociales aussi. C’est-à-dire avec les gens. Mon beau-fils sait arrondir les angles, pousser doucement les sponsors à s’intéresser aux réfugiés qu’il soutient à fond sans hésiter à mouiller sa chemise.
 
Il se lave beaucoup ? Isabel insistait souvent sur la propreté.
 
Ta femme ? Elle te manque ?
 
Isabel est moi et je suis elle. J’ai appris la bible pour elle, ses principes…
 
Splendide, mon garçon ! On travaille à vos retours, crois-moi.
 
Mais l’Ayerling voulut savoir comment. Ysaline lui avait bien expliqué un tas de trucs captés illico mais la partie magie restait… floue.  
 
Comme il le put, Adémar compléta les informations, précisant surtout l’essentiel à savoir :
 
Max est un non violent, même s’il n’hésite pas à rentrer dans le lard à ceux qui l’emmerdent trop.
 
Alors, on va aller casser la figure aux promoteurs timides !
 
NON !!! Faut du doigté, de la finesse. Taper sur quelqu’un n’a jamais trop bien réussi.  
 
Lorsque l’on a un ennemi dans le viseur, on tire !
 
Pas ici !!! On cause d’abord, on tape après si nécessaire. Et si nous allions voir le puits que Max essayait d’activer ?  
 
Adémar de Bettancourt était paf. Pourquoi arrivait-il tant de choses étranges à sa fille adorée ? Qu’elle ait jeté, envers et contre tout, son dévolu sur Max était une chose. Recevoir à sa place un homme lui ressemblant physiquement, une autre… Faudrait faire avec, un temps…
 
*Plus court ce sera, mieux ce sera…*
 
Il aimait bien cet Alpha. Un grand curieux qui enregistrait au quart de tour.
Les hommes futurs auraient-ils tous ces capacités ? Pas son souci.  
 
Face au chantier en cours, l’Ayerling parut longuement étudier le problème. Les ouvriers lui firent la fête, tous étaient heureux de retrouver celui qu’ils pensaient être leur »chef ».
Moins d’un quart d’heure après cette visite, sur place encore, Alpha émit tout haut :
 
Je vais réparer les conduites et le câblage. Monsieur Adémar…
 
Papa, vous devez m’appeler papa… murmura horrifié M. De Bettancourt.
 
Papa, puis-je obtenir un poste de soudage, du cuivre ? Où prie-t-on ici ?
 
S’épongeant à grands coups de mouchoir, Adémar entraîna à part le guerrier du futur, clamant à qui voulait l’entendre :
 
L’église est à côté !
 
Un peu plus loin, il souffla, anxieux :
 
Mon garçon, Max n’a jamais été très pieux. Il est catholique comme ton Isabel si j’ai bien compris mais jamais personne ne va s’attendre à ce qu’il aille à l’église en pleine matinée ! Tu désires quoi au juste ?
 
Vous avez internet ici, non ? On peut y commander des choses selon ce que les gens du 20ème racontaient chez moi…
 
 Oui, oui mais la dépense est lourde. Et si…  tu causais à ma fille ??  Je vais la chercher, ok ? Reste-là, ne touche à rien, familiarise-toi à cet environnement.
 
De Bettancourt était essoufflé en déboulant au centre médical où, évidemment, Ysaline faisait ses petits miracles quotidiens.  Vu la tête du père, elle craignit le pire lors de l’interruption brutale. Un regard à son patron, elle donna ses directives et suivit Adémar dans le couloir :
 
Qu’est-ce qu’il a fait ?
 
Rien de grave ! Rassure-toi. Je le pense très doué, extrêmement doué. On pourrait en profiter, non ?
 
Un « papa !! » outré explosa.  Mais papa avait de la suite dans les idées.
 
Sans magie, juste un peu de fric, ce type-là se propose de réparer les installations ! Tu pourrais lui accorder un crédit ?  Un petit, juste un petit… pour voir ?  
 
Oui, Ysaline voulut voir.
 
Sur le chantier, s’étant libérée, elle arriva sans trop savoir à quoi s’attendre.  C’était fou, dingue. Avec trois fois rien, Alpha bricolait avec ardeur. Max bricolait très fréquemment, faisant des petits miracles avec des riens, mais celui-là était cent fois supérieur au célèbre McGyver.
D’abord muette, plantée comme un navet, Ysaline se reprit et s’approcha de la table où œuvrait l’Ayerling.
 
Et si tu avais un peu plus de matériel, tu ferais quoi ?
 
Je ne sais pas ! Je sais réparer, créer des machines. Tout ça est archaïque, dépassé, mais vous devez bien avoir des choses qui…
 
Viens avec moi !
 
Retour express au bungalow. Pas besoin d’une longue démo, Alpha surfa allègrement en quelques secondes, émettant parfois quelques commentaires comparatifs avec le lieu d’où il sortait.
 
Chez nous, les ordinateurs ne fonctionnent pas. La technologie est assez poussée au village mais, à mon sens, freinée.
 
Ysaline surveillait tous ses gestes. Pas question que le gars aille commander pour 1 million de dollars de matos ! Il sembla relativement satisfait avec quelques suggestions à la clé et la note, effectivement, serait raisonnable.
 
Il va falloir patienter pour l’envoi, expliqua-t-elle.
 
Ah, c’est pas instantané ?
 
Ben non ! Ce n’est pas ta pierre magique, Alph… Max. Faudra compter sur 7 à 15 jours.
 
C’est idiot ! Vous savez aller d’ici en Australie en quelques secondes, et ne pas faire venir des trucs de l’usine d’à côté ?  
 
Je t’ai raconté que la sorcellerie ne peut-être ouvertement exposée. Mais, si tu veux, demain on ira acheter des trucs à Melbourne.
 
Ok !, je retourne au chantier. Je prends la « voiture » ?
 
Soupir. On transplana.  
 
Au repas du soir, Ysaline ne se pointerait pas.  Une intervention délicate devait l’occuper de longues heures. Adémar et Maria-Eli surveillaient les enfants… tous les enfants, « nouveau » inclus.
 
Son assistante, une brave fille formée à la-va-vite, peinait à suivre la délicate chirurgie sur une jambe extrêmement mal en point. Sans ses deux jambes, Joseph ne pourrait pas travailler et assurer le pain de sa triclée de moufflets.
 
Pince de Kocher ! demanda-t-elle. Marie-Ange, vous dormez ? PINCE !
 
C’est que, Dr Zaline, votre mari nous regarde…  
 
Max ? Mais…
 
Hélas, ce n’était que l’Ayerling derrière la vitre du bloc.  
 
FOUS-LE-CAMP, gueula-t-elle. C’est pas le moment !
 
Il faisait des gestes de malade mental, insistant pour entrer.
Que pouvait-il avoir d’urgent à raconter ?
 
Passe à la lingerie et au bloc de stérilisation d’abord, gronda-t-elle. Marie-Ange, allez-le surveiller puis, restez-y *pour ce que tu me sers…*
 
« Max », tout propre en uniforme vert, avança alors qu’elle posait des plaques de consolidation au membre amoché.  
 
Tu veux quoi? dit-elle après avoir vérifié l’anesthésie.
 
Te donner ça pour… aller plus vite. Ad… papa m’a dit ce que tu faisais. Donne un de ces grains bleus et attends.  
 
Attendre quoi ? Que Joseph meure ?
 
Femme de peu de foi ! Agis !
 
Non ! Pas sans savoir ce qu’il y a là-dedans.  
 
Je n’en sais rien mais ça fonctionne très bien. Des accidents, j’en ai eu… beaucoup. Ça m’a toujours réparé.
 
Qu’il en ait eu, vu ces cicatrices, Ysaline n’en doutait pas mais de là à accepter ce truc, non !  
 
Et merde, qu’est-ce qu’il foutait ! Sans aucun ménagement, il la poussa à l’autre côté du local, débrancha le respirateur et força sa pilule bleue dans le gosier du patient.  
Ysaline savait être compréhensible mais là, LÀ, ce type dépassait les bornes. Au-delà de son ressentiment profond primait la sauvegarde de Joseph sur qui elle se précipita en bataillant avec les tuyaux :
 
Si tu me l’as tué, tu sors pas d’ici vivant !  
 
Arrêt sur image en regardant les chairs ouvertes.  Des miracles, elle en avait déjà vus, parfois même provoqués. Là, c’était tellement inédit qu’elle resta toute bête avec ses tubes :
 
Mais…  
 
Sous ses yeux ahuris, les os se ressoudaient, vaisseaux et nerfs se reconnectaient, les chairs se fermaient.
 
Au… aucune trace, à peine une ligne rosée… C’était… c’est quoi ce truc bleu ? Tu en as d’autres ? Dis-moi, Max, dis-moi…  
 
Il sourit simplement en lui tendant un flacon :
 
Je ne sais pas. Ce truc est à toi, now. Là, il y a 4 enfants et deux grands-parents qui ont hâte de te voir. Toute machine doit s’alimenter, toi aussi. Ton Joseph va bien : faut manger maintenant.
 
On l’aurait assommée qu’Ysaline n’aurait pas réagi autrement : en automate. Dans sa poche se trouvait un miracle, pas étonnant qu’elle soit distraite au repas retardé pour elle d’autant qu’un patronus s’en mêla. Elle s’anima :
 
Opal et Erik ont trouvé une possible solution ! Ils les ont contactés, ils ont répondu. Faut que j’y aille…
 
Ysaline, ma chérie, NON !
 
Maria-Eli savait se montrer sectaire. Elle argumenta :
 
Tu es claquée, sous un choc dont j’ignore l’origine mais sans doute pas en rapport avec… ce Max. Tu as bossé quoi, dix-sept heures d’affilée ? On ne transplane pas ni ne prend de portoloin dans ces conditions. Tu restes ici, n’est-ce pas Adémar.
 
C’est pour retrouver Max, nom de Dieu !
 
Ne jamais offenser le nom du Seigneur…
 
Toi, Alpha, tu la boucles !  J’ai dit j’y vais, j’y vais.
 
Avec un énorme soupir, lui qui n’avait jamais levé ni main ni baguette sur sa fille chérie – peut-être aurait-il dû – Adémar de Bettancourt endormit son Ysaline.
 
Maman, ça va ?
 
Ysaline, la tête plus lourde qu’un sac d’igname, émergea :
 
Ouais… mal au crâne. Donne-moi deux aspirines Alex, s’il te plait.
 
Le grand garçon les lui fournit illico, l’aida à les avaler avec un verre d’eau :
 
T’en fais pas, tu n’as rien raté. On a eu des infos en sup. Les Nielsen ont juste établi un contact avec les nôtres : ils vont bien, tous bien.  
 
Comment va Joseph ?
 
Euh… il danse sur la place. Ça va, maman ?
 
Oui, très ben. Le flacon de ma poche, personne n’y a touché, hein ?
 
Il est là…
 
Cette fois, Alex crut sincèrement que sa mère avait disjoncté. Ne couvait-elle pas ce récipient mieux que le St Graal ?
 
Au cas où ça t’intéresserait, les Nielsen pensent ouvrir plus qu’une petite fenêtre dans le ginnungagap. Sauf qu’Erik est out pour le moment. Ça requiert énormément d’énergie son truc…  
 
Je récupère la mienne, et j’irai…
 
Opa veut pas. Il a dit que tu dois dormir. J’ai une dérogation pour usage de la magie hors école, maman !
 
Je m’en fous, Alex ! Tu sais comme je suis. Là, je vais me lever, je prends Alpha et on va en Australie.  

Alex n’osa pas contrer une Ysaline remontée, pas plus que quiconque du reste.
 
Alpha était vert, tant pis. On discuta aussitôt comme des malades.
 
Une fenêtre, Erik. Mais la porte, c’est pour quand ?
 
Il ne savait pas. Oui, il avait pu appeler le phénomène et pourrait le rappeler, l’élargir sauf que…
 
QUOI ???
 
Là-bas, au village, dans le monde actuel de Max, le temps ne s’écoulait pas identiquement au leur…
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Message par Max Von Falkenberg Sam Fév 21 2015, 12:26

Là-bas c’était Aout, chez eux Février…Ysaline était en 2003 et lui en 2002. Pas à dire, c’était du décalage, du paradoxe, l’illogisme campait…
 
*Et on est foutus !*
 

L’optimisme faisait des ratées chez Max. Il avait beau s’efforcer pour voir le côté sympa de l’affaire, il avait chaque jour plus de mal à s’y retrouver. Son projet d’irrigation connaissait un succès, fantastique,  ses idées d’expansion agricole faisaient fureur. Et si à cela on ajoutait que cette terre prodigue faisait des miracles, il y avait vraiment de quoi se réjouir.
 
*Ce serait énorme si on pouvait obtenir les mêmes résultats chez nous…de poussin à poulet en 36 heures, de porcelet à gros cochon en 72…pas à dire les vaches…et ces plants prêts à la récolte  en moins d’une semaine…*
 
Et de rêver de famine éradiquée, d’exodes évités. Le monde deviendrait plus…
 
*Mais on peut pas…arrête de perdre le temps et pioche…je devrais quand même prendre des échantillons de la terre, de l’eau…des bestioles…Ouais, tu vas jouer les scientifiques…elle rigolerait, Ysaline…*
 
Rien que penser à son Ysaline et il sentait son cœur se serrer cruellement. Elle lui manquait, à la folie. Bon, les enfants aussi, après tout il était un bon père mais c’était surtout son absence, à elle, qui déclenchait ces crises de manque…
Alors Max faisait ce qu’il faisait toujours pour mater l’angoisse : il redoublait d’ardeur au travail et entendait que tout le monde fasse de même, ce qui, bien entendu, n’était pas toujours bien accueilli.
 
Pourquoi se fouler autant…ça va presque tout seul !
 

Presque est déjà une bonne nuance…avant ce presque vous n’aviez rien qui vaille ! Et si on fait ce réservoir c’est pour éviter que les champs restent « presque » sans eau, et que vous n’ayez « presque » rien d’autre à bouffer que ce que vous donne la Pierre…quoique à vous entendre, Broadbent, je parie que vous étiez « presque » satisfait de votre sort !
 
On creusait, terrassait, consolidait…et en faisant Max ne pensait « presque » plus mais ça durait ce que la journée de travail, le soir et la nuit, c’était une autre affaire.  Se réunir avec les Davenport n’arrangeait pas les choses, on avait tendance à trop évoquer « leur » monde. Faute de mieux on se racontait un peu…bien sûr, Justin ne l’avait pas si difficile que ça avec sa Sam et ses gosses à portée de main !
Et quand il n’avait pas envie de parler, se promener par-là était une alternative, sauf qu’il finissait tôt ou tard par tomber sur Isabel et ses soupirs ou pire encore sur n’importe laquelle des esseulées hantant le coin qui en le voyant si solitaire se faisaient un devoir d’y remédier, ce qui l’obligeait à jouer pratiquement les vierges effarouchées et rentrer chez lui faire compagnie à Michael qui ne la menait pas large non plus.
Faisant une entorse à la saine routine de ses jours, Max visita le fameux arsenal, dont Michael lui avait parlé succinctement. En toute sincérité, il s’en serait bien passé de le connaître, cet endroit qui avait de quoi lui donner des cauchemars.
 
Faut se défaire de l’arsenal, mes potes…plus j’y pense plus cela m’effraye, et suis pas du genre froussard.
 
Que M. le Rompu à Tout Risque dise ça, ne laissait aucun doute sur la gravité de l’affaire. Max fut partant sans discuter et à trois, firent disparaître grande partie de cette menace potentielle, de quoi rentrer dormir en toute paix d’esprit mais absolument vannés par la folle dépense d’énergie.
 
*Un problème en moins…ce sera quoi, la prochaine fois ?*
 
Rencontrer Isabel et Sissi lors d’un dîner au resto de Sam ne fut pas exactement son idée d’une soirée parfaite. Ces dames avaient une idée en tête et pas des moindres : rejoindre leurs maris où qu’ils soient et y rester.
 
*Plus légitime que ça comme demande, difficile !*
 
Il ne pigeait pas grand-chose aux paradoxes temporels et autres phénomènes du genre mais supposa que ce ne serait pas si facile qu’envisagé et pour si jamais s’unit à Michael dans une campagne de discrédit sur leur monde et temps. Mine de rien il n’eut pas trop à inventer, les faits rapportés avec tant de véhémence avaient beaucoup trop de vérité comme pour s’y méprendre.  Isabel goba son discours sur famines et exodes avec l’expression de l’illuminé qui a trouvé sa vocation.
 
*S’il se trouve…on est partis pour la 5ème croisade !* C’est pas pour demain la veille, mesdames…comme dit Michael, on n’est  même pas sûrs de nous en tirer, nous-mêmes…, lapidaire et définitif.
 
Rien n’y fit, elles y croyaient ferme, à leur petit plan. Max opta pour oublier l’échéance et mena à train de diable la finition du réservoir, œuvre de laquelle il se sentait particulièrement orgueilleux.
Comme intermède-variété, on eut droit à une rencontre avec des Mongols en mission de reconnaissance mais après leur avoir causé la frousse de leur vie on les vit disparaître à jamais sous une arche de Pierre qu’on détruisit sans arrière-pensée.
 
*Mais ce n’est pas la seule Pierre du coin…comme quoi, si on manque de pot…on verra surgir le diable sait qui d’en dessous comme des gnomes des champignons !*
 
Heureusement il avait pas mal de quoi s’occuper comme pour trop penser aux futures invasions des Huns…ou des autres.  Le cheptel s’agrandissait de façon plus que satisfaisante, les récoltes étaient magnifiques, on avait plus de produits frais qu’on ne saurait consommer.
 
*Dommage qu’on ne puisse pas élargir le marché !*
 
Mais on ne pouvait pas, donc il fallait penser à conserver l’excédent. De quoi créer encore plus de places de travail.
 
*C’est trop parfait…*
 
L’idée le taraudait mais il se tut, à quoi bon jouer les mauvais augures ?  Collins, d’Approvisionnements le harcelait, tout autant que Firth le premier adjoint du Maire.
 
Vous ne pensez tout de même pas…cette idée de chambre réfrigérée est absurde…et chère !, faisait remarquer Collins.
 
Et puis…une laiterie ?, pleurnichait Firth.
 
Vous oubliez les silos et la manufacture de conserves, ajoutait Max agacé, que voulez-vous…qu’on bouffe tout ce qu’on produit ? Impossible… Vous avez entendu parler des années de vaches grasses et ceux de vaches maigres ?...On a tout ce qu’il faut pour mener à bien ces projets…à moins, bien sûr, que vous ayez une idée faramineuse pour exporter…suis partant…le marché asiatique est très intéressant…on pourrait aussi faire des donations aux peuples accablés par la famine, ils seraient reconnaissants…mais on peut pas…alors…on fait au mieux ! Arrêtez de vous plaindre à tort et à travers…on m’a demandé de faire un boulot, je le fais…ça vous plait pas…renvoyez-moi, je demande pas mieux !!! Vous aimiez bien plus dépendre de la Pierre pour tout, c’est ça…du commode tout plein…mais figurez-vous que je suis de l’avis que ce bled nous réserve encore bien de surprises…
 

Air effaré des deux plaignants, il les planta là, les laissant se faire les idées qu’ils voudraient. Mrs. Alpha qui passait par là n’avait raté miette de la discussion.
 
Tu penses comme Joseph, il a aussi instruit le Pharaon sur le besoin de…
 
Excuse-moi si je te semble un peu brute sur les bords, ma jolie, mais on se fiche un peu de ton Joseph et le pharaon, ici il s’agit uniquement de bons sens…pas de Bible qui vaille…
 
La parole de Dieu est…
 
Isabel…la Bible a été écrite par des hommes pour des hommes ne mêle pas Dieu à cette histoire, il a certainement d’autres chats à fouetter…pas la peine de faire la moue, suis pas ton Alpha, prêt à gober n’importe quoi, pauvre mec…et maintenant, si tu m’excuses…
 
Encore une de plantée, la riposte à bout de lèvres. Son humeur, habituellement bonne, était au 36ème dessous, le pessimisme guettait, du coup il avait le mal du pays, regrettait son monde imparfait et Ysaline lui manquait à faire mal.
Michael ne semblait pas plus heureux que lui. La soirée s’annonçait morose, la conversation en point mort, boire n’arrangeait rien mais ça commençait à faire habitude tout comme griller un cigare en regardant les étoiles, chacun à sa peine. Et puis ce bruit si distinct…
 
Tu entends pas ?...Un avion…je te jure que c’en est un…
 
Inédit de chez inédit. Surmontant le chant des grillons, le croassement des crapauds, les trilles mélodieux d’un oiseau nocturne, c’était effectivement le ronronnement régulier de deux moteurs grandissant alors qu’un bout de ciel se déformait en un nuage extraordinaire, lumineux, palette surréaliste mêlant couleurs et foudre, pour créer un vortex démentiel d’où émergea…un Cessna bimoteur.
 
C’est Erik !, hurla Michael en détalant vers la plage, va avertir Justin !!!
 
Les Davenport jouissaient eux aussi d’une petite soirée au calme que l’apparition de Max déboulant, genre diable de sa boîte, envoya... au diable.
 
C’est pas vrai ! Vous n’avez rien entendu !?...Regardez le ciel…un avion arrive…Michael assure que c’est Erik !!!
 
En moins de deux, ils couraient tous comme de dératés à la suite de Justin qui semblait savoir exactement où aller. Et pardi qu’il savait, le cher homme…ce qui est plus, il en savait long…en un clin d’œil, coup de baguette, un signal fut envoyé, des balises illuminèrent une courte piste.
 
*Ben dites donc…il a le sens du secret, celui-là…et après on dit que les Serpentards sommes des sales cachottiers !*
 

Erik et Opal, ravis, souriants, comme qui vient de faire un petit tour sympa, étaient les héros de la soirée, jusque-là assez déprimante.  Des nouvelles. Ils en avaient plein. Ysaline était en Australie…elle l’attendait. Max n’avait pas besoin de plus…sauf que le reste vint tout seul sous l’aspect inévitable de la catastrophe non annoncée. Le déluge, version locale, se déclencha en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, et une minute plus tard passait à ouragan catégorie 5 dans toutes les règles de l’art.
 
*Manquait que ça…la fin du monde !*
 
Selon Justin, très sentencieux, ce n’était qu’un paradoxe en folie dont l’unique coupable n’était, à son avis, autre que l’adorable femme du héros du soir. Du coup, il eut presque envie de taper sur le Ministre de la Magie, Maire à ses heures mais déjà la pauvre Lindsay Fairchild s’amenait avec des airs de rat noyé et les  éléments se déchainèrent encore plus, si possible.
 
Vous…vous ne pouvez pas être ensemble…ça fout tout en l’air…Justin a raison…, criait Michael pour se faire entendre dans le boucan régnant.
 
*Pas tort, en principe !*
 
Lindsay menaçait de piquer une crise de nerfs en se retrouvant face à son sosie, Max ne s’encombra pas d’états d’âme et lui envoya un gentil sortilège de sommeil alors qu’Opal prenait sa forme animagus et devenait chat.
 
*Vais finir par croire que la magie, c’est la solution parfaite !*
 
Et comme si ce n’était pas déjà assez encombré, le colonel Reardon se pointa, assez hors de lui. Petit coup de baguette. Colonel au dodo, et la tempête cédait déjà de deux, puis de trois crans.
 
Ok, on a la paix pour l’instant…maintenant, Erik…raconte !
 

Et il faut dire que pour raconter, il en raconta, des choses ! Là-bas, de l’autre côté, bon nombre de sorciers patentés, entre lesquels Papa Von Falkenberg, unissaient leurs forces pour maintenir ouvert le portail inter-mondes. C’était une histoire compliquée mais personne ne cherchait pas à comprendre, tous n’avaient qu’une idée en tête et c’était se tirer de là le plus vite possible…sauf que, comme toujours quand on commence à y croire, ce n’était pas pour ce soir…ni pour demain…Erik et Opal allaient rentrer, oui mais ne pouvaient emmener que deux ou trois personnes au plus…Les sorciers devaient rester sur place pour assurer leur propre retour…
 
C’est bon, emmenez les trois filles…elles ne rêvent que de ça *Et ça fera un fameux débarras entre autres !*
 
Ce fut fait. Ce soir-là, Hélène, Sissi et Isabel quittèrent le Village…
 
J’espère que ça fera pas des ennuis avec le service migratoire…sont chichiteux, les Australiens !
 

Sir Richard et Amelia, deux uniques historiques sur place, avaient pris congé de leur amies comme qui dit adieu à un voyageur sans espoir de retour mais ne manifestèrent aucun désir de suivre leur exemple quand le moment viendrait…s’il venait.
Reardon et Lindsay ranimés, ne finissaient pas de s’expliquer ce qui leur était arrivé. On improvisa gentiment, assurant que la soudaine tempête avait surpris Lind et que le colonel avait réussi à la  sauver de s’envoler et que pour bien faire on les avait mis à sauf, en état de choc. Façon polie d’appeler l’Oubliette magistral auquel ils avaient eu droit !
Max n’avait eu le temps que d’écrire quelques mots à son Ysaline. Il avait tant à dire mais le temps jouait en contre. Faire court mais tout dire :

« Vais bien, veux rentrer, je t’aime à en mourir. Dis aux enfants qu’ils me manquent…et tiens à carreau l’homme du futur ! »

Le lendemain sur la place, tollé général. Des gens juraient avoir entendu un avion, on leur dit que c’était la tempête, des lumières dans le ciel…personne n’a entendu jamais parler des éclairs et la foudre ? La disparition des trois dames historiques fut magistralement expliquée par Sir Richard, si avare de mots habituellement selon quoi, ces chères âmes, désolées par la perte ineffable de leur chers et tendres, avaient opté pour s’isoler, loin du village et vouer leur vie à la contemplation, elles avaient choisi le chemin de la Pierre.
 
*Vive le mysticisme et autres fariboles…personne n’ira chercher plus loin et les veinardes sont là où elles voulaient être !*
 
De quoi en faire presque une jaunisse, parce qu’il aurait voulu être exactement à cet endroit béni…là-bas. Les jours suivants, impossible d’ignorer que Max était plutôt démoralisé. Lui, le grand impatient de la vie, celui qui voulait tout pour hier…attendre devenait torture, surtout qu’on ne savait pas exactement quoi attendre.
Michael, qui s’était entretenu un peu plus avec Erik, avait une certaine idée de ce qui pourrait se passer pour la suite.  On ne savait pas trop comment encore, mais ce devrait être une action parallèle, ce qui rentraient et ceux qui partaient devraient le faire quasi en même temps, pour na pas déclencher les velléités du paradoxe, concernant uniquement, on en avait eu la preuve, que les contemporains…façon de dire, puisque après explication, il semblait que si bien du même temps, pas du même espace.
 
*Tant que je retrouve Ysaline et les gosses…me fiche des mondes parallèles, moi !*
 
Et tant qu’à faire, fallait bien passer le temps…on travaillait, on piochait à la mine, on empochait des jolis diamants, on interrogeait Justin-agent de liaison tous les jours et les soirs, au lieu de dormir, on se crevait les yeux à regarder le ciel…
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Message par Ysaline de Bettancourt Dim Mar 01 2015, 10:54

L’Australie était plaisante à plus d’un titre. Chez les Nielsen, par exemple, il faisait vraiment bon vivre et, s’il n’y avait eu cette peur permanente, ce manque cuisant, sans doute Ysaline s’y serait plu pleinement.
Les enfants étaient heureux, eux. Déjà ça. Alex, sous la férule de la tribu McLane, apprenait discipline et dur labeur sans rechigner. Tous, autant qu’on était, chez les « grands » attendaient des nouvelles des disparus.  
Un pigeon ! Opal les avait rapatriés pour de courts messages via pigeon ! De quoi râler quand on a en main un remède miraculeux à exploiter mais pas les moyens d’y parvenir sur place. Alpha était… spécial. À la fois capable d’une candeur incroyable et d’une détermination féroce, cet être du futur la sidérait. Il avait eu l’air ravi de retourner chez les kangourous, peut-être s’y sentait-il plus proche de son Isabel qui lui manquait. Le plus « heureux » des historiques était sans conteste Louis dont on ne pouvait qu’admirer les facultés d’adaptation. Malgré tout, ses retrouvailles avec Achille prouvaient qu’une amitié inimaginable existait entre eux. Maya apprenait à cuisiner avec Angel, Opal et Louis. Achille donnait des coups de main à la ferme, ainsi qu’Alpha et J.O. Erik et Karl Théodore s’enfermaient souvent longuement, Alix les accompagnant parfois dans de longues discussions au sujet de la future porte. Maria-Eli avec Rose pouponnait allègrement… Restaient Chesterfield et elle qui s’ennuyaient copieusement à tourner en rond.
 
Bon, j’en ai marre de ne rien faire ! J’ai vu qu’une liste de patients d’Erik s’allonge, Opal. Permets-moi de m’en charger. J’en suis capable, tu le sais…
 
Au moins, elle fut plongée dans son élément et, en pilote, elle dévoya Neil même si, à l’occasion, elle prenait aussi le manche à balai des coucous africains.  
Au cours de leurs raids, Ysaline apprit quelques trucs sur le « monde » dont il venait au départ, puis à l’arrivée.  Étrange, très étrange de concevoir que des lignes temporelles existaient en parallèle…
Puis vint le grand soir où il fallut déployer beaucoup d’énergie pour ouvrir la porte dans le ginnungagap. Le cessna emportait Erik vers la ligne qui avait croisé la leur. On s’aperçut rapidement qu’Opal l’avait accompagné, ce qui déclencha la fureur de Carreen McLane.  
Impossible de fermer l’œil, évidemment, d’autant que bénies soient les variations temporelles, il s’écoula très peu de temps avant le retour de l’avion.
Touchantes, très touchantes retrouvailles… inter-historiques. Amertume pour les autres.
Ce que racontèrent Erik et sa femme la firent trembler. Ainsi les contemporains ne pouvaient cohabiter sur la même ligne. Ils avaient frisé l’apocalypse de par la rencontre Opal-Lindsay ! Si Mrs. Nielsen n’avait pas été animagus… Mieux valait ne pas penser aux conséquences.
Il fallut annoncer cela à Chesterfield et Maya : ils devaient retourner dans leur monde bizarre pour que les leurs puissent revenir chez eux. Bon gré mal gré, ils acceptèrent la fatalité.  
Que de réunions s’en suivirent afin de découvrir le moyen idéal d’échanger les individus simultanément. Erik pensa aux plaques de téléportation des « autres ». Selon Alpha, en les programmant correctement, c’était faisable.  Un test de fiabilité eut lieu et un paquet fut réceptionné de quoi grandir l’espoir de bientôt revoir les êtres aimés. Des lettres, des photos…
 
*Il va bien… et on lui manque…*
 
Émotions intenses.
 
Donc, ils vont récidiver avec eux-mêmes dans une semaine…
 
Merveilleux sentiment chargé d’angoisse.
 
*Et si ça foire ? Si le phénomène refuse le croisement… si… si…*
 
Ysaline ne ferma pas l’œil durant l’attente jugée interminable. Alix, aussi agacée qu’elle, lui tint souvent compagnie. Ensemble, elles décidèrent de commencer sérieusement l’éducation des nouveaux résidents.
 

Karl, il va leur falloir des papiers d’identité…
 
Pas de souci ! Vive la magie !
On passa des soirées mémorables en essayant de leur inventer un passé crédible. Fallait juste espérer que les historiques sachent jouer la comédie. Fou ce que son beau-père était paf devant l’ex-impératrice d’Autriche. Il voulut en faire sa filleule. On bâtit de belles histoires, parfois tristes, mais tous mirent de la bonne volonté à les assimiler.  Ils étaient si heureux de se revoir, ceux-là…
 
Le plus difficile avec les historiques fut de leur inculquer les taux des monnaies d’échange et des bases d’histoire contemporaine. Il faudrait du temps avant d’en faire de parfaits citoyens ou supposé tels.  
 
Enfin, vint le soir capital.
Les sorciers, groupés, comme lors du départ d’Erik, firent leurs adieux à Neil et Maya :
 
Soyez assurés que votre situation ne nous agrée pas. Je suis certaine que vous trouverez votre issue. Erik a promis de régulièrement appeler le phénomène. On échangera des nouvelles et si l’on peut aider avec du matériel ou quoique ce soit, vous nous ferez signe via la plaque…  
 
Le cessna s’envola à nouveau. Peu après, une sorte de nacelle libérait son contenu.
 
MAAAAXXXX !!!!
 
Ni Dieu, ni diable, rien ne compta plus que son grand époux un peu sonné de son voyage mais apparemment très heureux de la serrer dans ses bras.
 
… oui, je t’aime aussi, mon amour, mon amour, tu m’as tant manqué… Oui, les enfants sont là. On ne les a pas prévenus sauf…
 
Alex, déjà quasi aussi grand que son père se joignit aux embrassades.  Karl, Rose, tous, on riait et pleurait en même temps.
Mais le plus gag fut la confrontation des doubles. Face à face avec Alpha, Max fronça les sourcils avant de tendre la main. Les présentations furent générales. Michael et Achille se sourirent en coin mais une sorte de flash les éblouit : un autre colis, un message lesté. Il s’agissait d’un billet de Lindsay Fairchild leur annonçant le retour indemne de Neil et Maya. Cependant, les cailloux accompagnant le mot en laissèrent paf plus d’un :
 
Wow ! dit Ysaline. Voilà de quoi donner à nos hôtes un fameux coup de pouce !
 
Ce fut la nuit la plus déjantée du siècle avec rires, chants, danses, profusion de nourriture, de boissons.
 
Lorsque divers appétits se calmèrent, au creux des bras tant attendus, Ysaline sourit :
 
Ralph, puisque tel sera son nom, n’est pas un mauvais gars, il est même très ingénieux. Si tu savais ce qu’il m’a donné… mais non, idiot ! Rien qu’un remède ! (rires)
 
Le lendemain l’euphorie battait toujours son plein, mais des décisions restaient à prendre…
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Message par Max Von Falkenberg Sam Mar 21 2015, 19:12

Le départ eut lieu, en lieu et heure, dès que le phénomène se présenta.  Max ferma son esprit à toute autre pensée que celle de retrouver bientôt femme et enfants, son monde, son temps. Enfin, c’est ce qu’il essaya de faire. Cela pouvait sembler assez absurde mais le sentiment de se comporter comme un traître le taraudait. Sans plus, il abandonnait ce monde étrange, qui, à sa façon, les avait accueillis, été leur foyer et représenté un énorme et magnifique défi. D’une manière ou d’une autre, il avait réussi à éveiller ces gens de leur léthargie complaisante, et à faute d’espoir, leur avait donné un but déterminé…et maintenant, il accrochait sa chance et fichait le camp sans plus, les abandonnant à leur sort.
 
*Saloperie de conscience !*
 
Intenses retrouvailles. Son Ysaline, ses enfants. Son père, Rose…tout le monde. La fête, on riait, on s’amusait, évitant un peu de se raconter mais c’était tout compte fait inévitable. Max se montra succinct, personne ne lui en voulut. Il n’avait qu’une idée en tête, embarquer sa famille, vider les lieux et retrouver son calme chez lui, dans cette petite enclave idyllique bâtie avec tant d’effort.
 
Zambie 2004.
 
La vie au Campement représentait une plaisante routine, si on pouvait appeler ainsi la succession de jours, jamais semblables. Il y avait toujours quelque surprise, bonne ou moins bonne, cela dépendait de tant de choses. Si trop de pluie ou pas assez, si une panne ci ou une autre là, parfois une petite épidémie qu’il fallait enrayer au plus vite, ou l’arrivée d’un nouveau groupe d’exilés, ou encore un prédateur affamé rôdant la nuit en quête d’aubaine. Les provisions qu’il fallait renouveler, le stock de médicaments qui devait être à jour. Tant de petits détails et on travaillait du matin au soir en essayant à tout prix de garder un semblant agréable de vie de famille.
Alex était à l’École et ne rentrait que pour les vacances.  Sophie, Louise et Soubhan avaient droit à une préceptrice, en attente qu’elles soient en âge d’aller à Poudlard les deux premières et en pension la troisième. Chris, lui allait à la petite école du bled. Ysaline travaillait d’arrache-pied à l’hôpital et Max faisait tout ce qu’il y avait à faire pour que tout tourne rond.
Des nouvelles de leurs amis leur parvenaient de temps à autre. Max ne s’en voulait pas le moins du monde d’avoir laissé les autres se débrouiller avec les Historiques et leur adaptation au milieu. Il estimait en avoir fait plus qu’assez dans cette affaire et il n’y avait pas grand-chose qu’il put faire pour aider ces voyageurs du temps à s’assimiler au 21ème siècle. En plus, Justin Davenport avait semblé parfaitement disposé à prendre en main ces destinées, donc…Michael avait lui aussi filé sous le soleil des Bermudes et apparemment se la coulait merveilleusement en douce.
Mais apparemment, on ne les avait pas oubliés. Max n’en revenait presque pas quand Ysaline lui communiqua le souhait de l’homme du futur et de sa biblique de femme de se joindre à eux dans leur labeur humanitaire. Son épouse chérie semblait plutôt contente de pouvoir compter avec l’aide du tel Alpha, homme plein de recours dont Lev n’avait cesse de chanter les louanges.  Tout le monde avait apprécié son travail, son endurance…Pas la peine de s’y opposer, la messe était dite…
 
Alors qu’ils viennent, s’installent et se rendent utiles !...Non, ça me ravit pas…tu veux me dire comment on expliquer cette ressemblance gênante ?...Ouais, ça va m’en faire, des cousins…ou au pire Papa passera pour un coureur du jupon plutôt notoire…enfin, on s’en fout…s’il est aussi super que tout le monde dit, on n’aura pas de quoi se plaindre…
 
Il s’arrangea pour être au Japon quand les Blakely, leur nouvelle identité, arrivèrent. Et par la suite fit de son mieux pour ne pas se trouver au même endroit que le cher Ralph.
 
Euh non,  ma chérie…je ne fais rien pour l’éviter… tu te fais des idées…,quelques subtiles remarques plus tard il dut admettre le contraire, qu’est que tu veux que j’y fasse ? Il me tape sur le système, ton Alpha…non, suis pas jaloux…d’où tu sors une idée pareille ?...à moins bien sûr que…
 
Ysaline avait sa façon bien à elle de lui faire reprendre le droit chemin et force fut, avec le temps, d’admettre que l’homme du futur avait des grandes qualités, qu’il était performant comme pas deux et toujours prêt à endosser la tâche dévolue, sans jamais renâcler.  Mais, mine de rien, le bonhomme avait ses problèmes. Max  fut tout abasourdi le jour où Alf, avec son meilleur air d’ange candide, vint lui demander conseil quant à la façon de s’y prendre avec une femme enceinte.
 
Bon…ben…félicitations…t’en faire ? Vois pas pourquoi ?...C’est tout à fait normal…non, être enceinte n’est rien d’extraordinaire, ni de grave…c’est…Bon sang, tu veux pas que je te fasse un dessin quand même ?, à voir sa tête il aurait presque pu jurer que oui, écoute…te bile pas…elle aura des états d’âme et pleurera, ou râlera…mais ce sont les hormones…sois sympa mais fiche lui la paix…enfin, sais pas comment elle est, ton Isabel…
 

Bon conseil, mauvais conseil. Allez savoir ! Apparemment l’homme du futur avait fait n’importe quoi avec, compte tenu de l’apparition nocturne de la future mère dans un état de nerfs assez singulier. Elle avait si joliment tambouriné à sa porte que c’était presque un miracle que tout le campement n’ait pas été ameuté.
Mais surtout, elle l’avait tiré de son cauchemar habituel.  Celui qui le taraudait ponctuellement depuis presque un mois, et si ce n’avait été que ça…il y avait aussi La Voix !

« Ça se sent bien d’être à sauf ? »
,   seulement ça pendant des jours pour après se compléter par « ...Demande à tes amis. Le temps approche ! »

Max pensait sérieusement à consulter un psy, mais ne trouvait jamais le temps et pas trop l’envie, non plus. Il aurait voulu en parler à Ysaline mais elle était toujours occupée et avait suffisamment de problèmes sur les bras comme pour l’accabler avec ses déboires mentaux.
 
*T’es en train de perdre la boule…entendre des voix ! Manquait que ça…prends toi pour Jeanne d’Arc, tant qu’à faire*
 

Max, pardon de te déranger, je deviens folle.  
 
*T’es pas la seule *, il se passa la main dans les cheveux en faisant un effort pour sourire qui fut du genre raté, qu’est ce qui se passe ?...Entre, je t’en prie…Ysaline n’est pas là…le bébé va bien ? Tu…


Max, désolée… non, non, le bébé va bien c’est Alf qui m’inquiète, m’énerve…

 
IL restait sur le seuil de la porte, voulant se concentrer sur ce qu’elle disait mais LA Voix résonnait dans sa tête :
 
« Le temps approche…tu devras payer…tous devront payer ! »
 
Tu es sûr que ça va ?, sa voix lui parvint de loin mais eut l’heur de le ramener dans la réalité.
 
Il la rassura de son mieux, sans trop de conviction et écouta ce qu’elle voulut lui raconter. En somme, l’homme du futur n’avait fait que céder à la fascination de la maternité, ayant entendu un peu de son histoire, Max pouvait le comprendre.
 
Je lui parlerai, si tu veux…mais comprends le aussi…pour lui, c’est une première…, et ainsi de suite dans l’espoir que cela la calmerait et qu’elle lui ficherait la paix dans l’espoir de trouver un peu de sommeil réparateur.
 
Vaine illusion. Le cauchemar sévit de toute sa force. Éveil difficile. Ysaline devait encore bosser à l’hosto, encore une de ces nuits interminables où elle oubliait avoir mari et famille. Max passa revue des enfants endormis, heureux chérubins et finit par échouer dans la balancelle du porche à attendre l’aube. Il était fatigué, si affreusement fatigué…
Lev ne le rata pas le lendemain. Il était dans un tel état d’étourderie que cela devenait dangereux, bien entendu, le cher homme ne se priva pas d’aller faire un rapport complet à Ysaline qui, entre autres, semblait être au courant de pas mal de choses.
 
Oui…c’est vrai…des cauchemars…ou plutôt, le cauchemar, c’est toujours le même, confessa t’il, oui…c’est en rapport avec le Village…m’en veux, oui, sais pas trop pourquoi mais m’en veux…Ah bon ? Alix a appelé…et Michael a le même problème !?...et Justin pareil…euh, ça me console pas trop…Ah ! Ils entendent La Voix aussi…ben qu’est-ce que tu veux que je te dise ?...ça me rassure savoir que suis pas le seul cinglé de l’histoire…
 
Cinglé ou pas, il fallait trouver une solution et apparemment, Mrs De Brent en avait trouvé une. Sans lui laisser trop de temps pour gamberger sur le thème, Ysaline prit l’affaire en main, donna quelques ordres conséquents, s’occupa de faire venir son père pour veiller sur les enfants et le lendemain ils se retrouvaient sur un ponton aux Bermudes. Davenport, Nielsen, Von Falkenberg et De Brent…Ces dames, ravissantes comme toujours, et leurs maris, teint gris et yeux cernés, comme tout insomniaque respectable.
La suite ne fut pas très joyeuse, loin de là, en fait. D’une façon très claire, Alix exposa son plan : entrer en communication avec La Voix. Elle avait mis à point une potion et comptait trouver un volontaire pour la boire. Le choix était restreint, Michael l’emporta sans difficulté, but la préparation mais cela ne marcha pas comme voulu, alors l’épouse modèle n’hésita pas à boire aussi un peu de son invention pour aller rejoindre son chéri aux limbes…et jouer les amplificateurs. Le résultat fut bluffant.
Ils entendirent tous La Voix, magnifiée, encore plus insidieuse.
 
Ta dette ? Tu oses demander quelle est ta dette ? Tu n’as aucune idée des enjeux, du jeu. 6 m’ont été pris, ils me seront rendus sauf si j’ai d’autres pions avec qui jouer… Note qu’un seul me suffirait… Tu ne devines pas lequel ?... oui, Kieran… Il est particulier ce gamin. Façonné idéalement, il entrera au panthéon. Les 6 initiaux ou six autres ou Kieran, au choix ! Je suis magnanime…   
 

*Mais de quoi…c’est épouvantable…ILS nous en veulent de leur avoir pris leurs…pions !...C’est un jeu…mais…* Arrêtez ça…faut les faire revenir !!!
 

Des Revigors énergiques tirèrent les De Brent de l’impasse et on put s’asseoir pour tenir conseil. La chose était on ne peut plus claire. La Voix réclamait son dû, qui n’était pas des moindres.
 
On peut pas obliger les Historiques à rembarquer dans la galère…Il est hors question de leur donner le petit…reste une seule sortie : NOUS !
 

Max fut conscient d’être observé avec une certaine hargne mais tint bon avec son idée, qui finalement semblait être la seule solution. On discuta encore un bon moment alors que la seule chose qu’il désirait vraiment était s’allonger dans un coin et dormir…pour de bon, sans rêves ni cauchemars, et sans doute il n’était pas le seul à voir la même idée, vu les mines de papier mâché des deux autres impliqués. Alix, qui avait solution à tout leur fournit une de ses potions miraculeuses, leur indiqua leurs chambres et on se donna rendez-vous pour le lendemain.
 
J’aurais dû te le dire avant ?...Quand, ma chérie ?...je dors seul, je cauchemarde seul…Non, ma douce, c’est pas un reproche, c’est comme ça, c’est tout…on se connait, on sait comment c’est…Ça va aller…vais boire ce truc…vais dormir…et demain, on saura que faire…
 
La potion eut l’effet voulu. IL sentit la main de son Ysaline caresser sa tête jusqu’à l’instant où tout bascula pour un vide bienfaisant d’où il n’émergea que le lendemain en se sentant parfaitement d’aplomb.
Copieux petit déjeuner sur la terrasse au bord de la piscine. Le temps était au beau fixe. Le maître de céans, bien remis lui aussi, exposa le plan qui tiendrait lieu de suite…
 
Ok…donc Erik invoque le Ginnungagap…et on retourne au Village…sauf bien sûr, qu’on peut pas tous y aller…me regarde pas de travers Justin…c’est toi  qui l’as dit …le paradoxe, souviens toi…Opal et Lind…tu peux pas être là et Neil aussi…pas plus que Sam…ni Opal …on leur a pris six pions…à nous de remettre les pendules à l’heure et trouver qui pour compléter le nombre…Bien sûr que j’en serai…et si Ysaline veut venir je n’en serai que plus heureux…Penses-y, ma chérie, bon an mal an, ça nous fera des vacances…
 
Des drôles de vacances, en tout cas !
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