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Il est difficile d'aimer

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Il est difficile d'aimer - Page 2 Empty Re: Il est difficile d'aimer

Message par Ysaline de Bettancourt Dim Aoû 10 2014, 09:41

Dur à admettre mais parfois Ysaline regrettait l’Afrique d’une certaine époque.  Là-bas, hormis quelques problèmes domestiques, elle pouvait librement s’adonner à sa passion seconde : la médecine. Avec la première, pas de souci, la veine ! Sa famille évoluait très favorablement et tout baignait après les sursauts de l’installation londonienne.  La deuxième lui donnait plus de fil à retordre que voulu, hélas. Être son propre chef est le rêve de tous ! Oh, bien sûr Nielsen lui donnait entière satisfaction et ne lésinait pas à la tâche en perfectionniste pointilleux qu’il était mais…  Tant de problèmes à gérer ! Et vlam : l’incendie. De quoi remettre en question les fondements mêmes du début de projets. Il fallait réviser tous les plans d’origine, réorganiser l’ensemble, de quoi perdre la boule d’autant que comme un ennui ne vient jamais seul…
Au moins J.O s’en tirerait, une fois de plus.
 
*Déjà rescapé de la leucémie… une tentative d’empoisonnement… porte la poisse sur lui, ce mec…*
 
Cerise sur le gâteau : Erik était accusé ! Incendiaire doublé d’un assassin, lui ??? Ysaline n’y croyait pas un instant. Persuadée que Michael, Max and co feraient des pieds et mains pour le tirer le ce mauvais pas, elle ne s’en mêla pas directement.
 
Conflit d’intérêts, expliqua-t-elle à Max pour justifier sa distance.
 
En effet, elle y avait réfléchi et en avait causé avec l’avocat engagé par son mari. Elle eut grand plaisir à revoir cette antiquité à qui ils devaient l’adoption légale de leur Sophie.
En aparté avec les Von Falkenberg, Maître Albermale avait précisé :
 
Mon client étant co-directeur de votre clinique, tout ce qui l’affecte vous touchera aussi, de façon directe ou détournée. On pourrait vous accuser d’avoir su, ou eu vent, de ses manœuvres frauduleuses, les avoir couvertes en quelque sorte. Soyez vigilants ! Il est de vos amis, vous devrez donc être présents aux audiences mais avec… détachement. Me suis-je fait entendre ?
 
Vous  êtes de quel côté en définitive ? s’était hérissée Ysaline.
 
LA justice ! ERIK EST INNOCENT ! Je le sais, vous le savez, mais nos adversaires ont déjà tué pour le noyer : ils ne reculeront devant rien.  Soyez très attentifs et prudents…

Dans cet imbroglio dont elle se serait bien passée, Ysaline ne trouva qu’un seul dérivatif assez… bizarre. Qu’elle le veuille ou pas, les notes d’Angel sur Mamy-Nanny Rose piquaient plus qu’un peu sa curiosité. La nounou étant plus disponible que sa très supposée petite-fille, le point de vue médical primant, Le Dr Von Falkenberg profita d’un allaitement de son dernier-né pour aborder un sujet trèèèès délicat vu les relations suspectées avec son beau-père :
La conversation débuta dans le bureau, à volets clos :
 
D’où venez-vous au juste, nanny ?
 
Pommettes rosies, Rose réagit :
 
Un souci ? Vous avez lu mes références, et…
 
Aucun souci, rassurez-vous. Angel nous a fourni un beau dossier, très riche en détails mais Max et moi n’avions pas été très attentifs aux détails jusqu’ici…
 
Parce que tout d’un coup vous vous y intéressez ? Si j’ai commis une faute, une erreur, je vous prie de me dire laquelle et m’en excuse d’avance…
 
Non, vous êtes parfaite, Mamy Rose, absolument parfaite…
 
Chris ayant bien roté, il fut langé prestement et confié à la nounou. Compatissante, Ysaline ne rata pas l’occasion :
 
Je viens de dire mamy et pas nanny et c’est passé comme lettre à hibou…

C’est que je me fais dure d’oreille, sans doute. Je m’occupe de Christopher ou pas…
 
Nanny, Mamy ? Peu me chaut ! Que mon beau-père soit amoureux de la grand-mère d’Angel m’importe peu. Je veux juste savoir le comment du pourquoi…
 
Bel arc-en-ciel ! Ysaline s’en voulut presque d’avoir osé aborder le sujet. Cependant… la curiosité scientifique prévalait :
 
Pas d’inquiétude ! C’est secret, je comprends mais je DOIS savoir !
 
Penaude, quasi en larmes, Nanny renifla néanmoins ferme :
 
Angel n’y est pour rien ! C’est MOI qui l’ai désiré ainsi.  Je ne m’attendais pas à de tels changements, c’est vrai… ni à ce que Karl, pardon, Mr. Von Falkenberg, soit si…
 
Attachant ?  Sûr qu’il est adorable. Dites-moi tout…
 
Plus Nanny parla plus Ysaline s’enthousiasma. C’était… énorme !  
 
Angel était déboussolée à l’époque avec J.O parti au Kosovo puis avec tout ce qui leur est tombé dessus avec duché et suites. J’étais curieuse moi-aussi de voir ce à quoi elle travaillait tellement en secret et je me suis rendue dans son laboratoire. Quand j’ai regardé les vidéos… je ne sais pas ce qui m’a pris. J’avais mal au dos ce jour-là… si mal… vieillir n’est pas marrant du tout, savez-vous ?  
 
Ysaline, même en comprenant les motivations de la nounou, ne put s’empêcher de pousser à fond ses investigations :
 
Vous avez donc pris la potion sans qu’Angel le sache et depuis elle vous surveille de près ?...
 
De très près. Elle m’a fait passer des tests chez des médecins tant moldus que sorciers et je me porte… comme vous le voyez, magnifiquement ! Actuellement, elle a réduit le dosage des gouttes à trois par semaine et tout se maintient…
 
Merci de votre franchise avec moi, Rose… ne pensez-vous pas que Karl mériterait la même honnêteté ? Je suis certaine que ça ne changera rien aux sentiments qu’il éprouve pour vous mais si votre vie doit être en danger… il doit savoir…  
 
Il sut.  
Cela se passa le jour-même après l’audience démente à laquelle les Von Falkenberg assistèrent en se demandant si Albermale n’était pas aussi décrépit du cerveau que son aspect physique le suggérait.
 
Franchement, dit-elle à Max une fois chez eux, réclamer des mesures contre les pouvoirs d’Erik !... c’est pas faux… il évite ainsi une annulation pour influence mais… si, je lui fais confiance. Ah, voilà Karl !
 
Salutations, papotage puis, discrètement, elle emmena son Max loin du salon où Mamy se pointait. 

J’ai parlé à Rose tantôt, lui souffla-elle... Oui, elle a reconnu être grand-mère et je pense l’avoir convaincue de tout déballer à Karl… Une, une potion magique, très magique avec effets surprenants… Cobaye éclairé volontaire, en quelque sorte… J’ai tenu à l’examiner moi-même et… c’est fabuleux…  
 
Peu après ils entendirent nettement une exclamation du père de Max :
 
QUOI ???
 
Le temps d’échanger un regard frisant la panique, de grands éclats de rire retentissaient.  L’instant suivant, Karl déboulait dans la cuisine où les époux s’étaient réfugiés. Un peu rougeaud, essoufflé mais très épanoui, Karl-Theodore clama entre deux portes :
 
J’en veux !! Quoique ce soit, il m’en faut ! Et vite ! Vais aller trouver la duchesse et…
 
Euh… Karl, je vous en prie, pas de précipitation. On ignore les effets secondaires éventuels, et…
 
M’en fous ! Si Rose est dans le bain, je veux en être aussi ! Désolé mon fils, mais tu auras une belle-mère dans huit jours : j’épouse Rose ! Je tardais à faire ma demande… ne me jugeant pas assez performant pour une dame aussi… tout. Là, elle pleure, excusez-moi !
 
Rire ou pleurer ? Max l’enserra : tout était bien.
Et un truc de plus à gérer, un !
Longuement, elle discuta avec son époux avant qu’il s’endorme enfin :
 
… ce n’est pas à moi de décider s’il peut ou pas en prendre de ce truc ! Demain, j’aurai une conversation sérieuse avec Angel et, si tu veux, je l’inciterai à garder sous clé ses produits… Non ! J’ignore complètement de quoi il s’agit, moi ! Il m’est impossible de déterminer si ce truc est toxique à long terme mais ses rats se portent très bien et ( sourire malicieux) se reproduisent avec entrain !
 
Il la pinça, elle rigola :
 
Ce serait gag, non, d’avoir des demi-frères et sœurs dans quelque temps…
 
Ils en rirent beaucoup, leur hilarité dégénérant bientôt vers plus voluptueux ébats.
L’audience du lendemain n’était fixée qu’à 13h. La nuit d’Ysaline fut aussi brève qu’à l’ordinaire.  
Après un regard attendri à ses filles, elle alla se poster près du berceau du dernier-né.
Se balancer sur le rocking-chair n’amena pas le sommeil mais d’intenses réflexions. Tic-tac, bim-bam, les rouages cérébraux fonctionnaient.  
 
*Faut que je parle à Angel… Ils doivent être chez eux à présent… me demande où en est Crowley de son enquête… Qui … Pourquoi… ?*
 
Tic-tac, avant, arrière…
 
*Après John c’est à J.O que quelqu’un veut faire la peau… Ils sont frères, pas de doute, et…*
 
Eh, merde ! Si, comme les Von Falkenberg, les Strang avaient pigé…
Du coup, Ysaline ne tint plus en place. Elle s’habilla en un tour de magie et transplana direct chez le duc de Gilmore.  
Une sorte de cerbère ensommeillé finit par répondre à ses coups de sonnette.
 
*Au moins leur système anti-intrusion fonctionne !* Je dois voir sa Grâce de suite, s’il vous plaît.
 
Qui le dérange à cette…
 
Ysaline Von Falkenberg !
 
Elle ne patienta pas longtemps dans le hall désert avant qu’ébouriffés les Strang descendent la rejoindre.
 
Je suis désolée de vous déranger ainsi… l’heure ? Euh… oh, pardon, pardon.
 
Sincèrement, elle ignorait l’avancée nocturne mais embraya :
 
Avez-vous suivi mes instructions, analysé boissons et aliments ?... Ah, tant mieux ! Des visites depuis ton retour, J.O ?... Comme par hasard, les deux !  L’un d’eux s’est-il absenté, trafiqué quelque chose ? Car la récidive aura lieu… elle ne peut qu’avoir lieu…
 
On alla s’asseoir en demandant du café. Ysaline n’y alla pas par quatre chemins :
 
Je suppose que tu es arrivé aux mêmes conclusions que nous tous, non, J.O ? Tu sais que John est plus que probablement ton frère, hein ?
 
Aveux intéressants mais Mrs. Von Falkenberg ne s’y attarda pas :
 
Si l’on s’en doute, je crois que ton oncle aussi… Il brigue le duché et vous faire tomber toi et John est capital. Ça t’ennuierait de revoir tes bouteilles fraîches ?
 
Il s’avéra que celle du chevet du lit contenait un truc bizarre. On s’entreregarda en communion totale.
 
J.O, sans te commander, ne fais rien ce soir. Nous devons avoir des preuves contre le responsable. Demain, on t’admettra en urgence ok ?
 
Beau débat. Mais, l’affaire étant entendue, Ysaline put rentrer juste après avoir glissé un petit mot à l’oreille d’Angel :
 
Je sais tout pour Rose !
 
Le lendemain, alors que J.O se représentait avec de pseudo nouveaux signes d’empoisonnements, on joua une belle comédie à l’entourage qui goba ligne et hameçon. Ils n’étaient que quatre au courant que J.O était soi-disant quasi mourant. Mais Ysaline ne put maintenir la barque longtemps car une vraie urgence débarqua avec les Davenport. Sam allait mal, Justin devenait fou…
 
Suis désolée mais Brahms a raison : trop de stress ma chérie… Prenez du recul, envolez-vous… *veinards !!* 
Ysaline de Bettancourt
Ysaline de Bettancourt
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Il est difficile d'aimer - Page 2 Empty Re: Il est difficile d'aimer

Message par Max Von Falkenberg Ven Aoû 22 2014, 23:38

Tout est bien qui finit bien?  Belle croyance populaire qui à l’heure de la vérité s’avère souvent plus fausse que voulu.
Rien n’allait bien ! Ou plutôt, tout allait de travers ! Et quels travers, je vous en prie !
La vie est un long fleuve tranquille ? À d’autres avec cette philosophie placide. Si sa vie était un fleuve, là elle venait de basculer dans des rapides dangereux et se précipitait vers la cataracte. Que son père, ce cher homme, décide se remarier n’avait rien d’affreux, après tout, il avait tout le droit du monde à refaire sa vie.  Jusque-là, situation normale, très gérable… mais quand il s’avéra que la future Mrs. Von Falkenberg, sous ses dehors de pimpante quadragénaire, était en fait la grand-mère d’Angel, âgée de 72 ans, on pouvait se poser des questions.  Karl Theodor  mis au parfum, réagit très bien…c’est-à-dire, il se fichait de ce décalage à peine dérangeant  de la réalité…Mais quand  le prince érudit envoya paître le bon sens et décida de se joindre aux rangs des cobayes humains pour les expériences de la Duchesse, Max dut faire un effort pour garder son sang-froid.
 
M’en fous ! Si Rose est dans le bain, je veux en être aussi ! Désolé mon fils, mais tu auras une belle-mère dans huit jours : j’épouse Rose !
 
*Carrément tombé sur la tête !*
 
Mais il se voyait très mal à discuter ce point avec son père toujours respecté.  S’il avait semblé prendre le tout avec humour,  Max n’en était pas moins soucieux, comme il en fit part à sa chère moitié:
 
Sais plus que penser de cette histoire…C’est assez absurde, avouons-le…Il va prendre cette potion à la noix et Dieu sait ce que ça donnera…Tu peux pas empêcher ça ? *C’est ça, défile toi…endosse lui le problème !
 
Ce n’est pas à moi de décider s’il peut ou pas en prendre de ce truc ! Demain, j’aurai une conversation sérieuse avec Angel et, si tu veux, je l’inciterai à garder sous clé ses produits.

Quand Papa se met martel en tête…difficile de l’en détourner ! *C’est un trait de famille !*…Mais c’est quoi à la fin ?
 
Elle n’en savait trop rien n’ayant eu qu’un aperçu des notes d’Angel, impossible déterminer la toxicité du produit, etc…puis, comme pour le rassurer :
 
Mais ses rats se portent très bien et (sourire malicieux) se reproduisent avec entrain !

Hein !? Ça va plus là…qu’est-ce que tu me racontes ?...Tu aimes te ficher de moi…
 
Pas à dire, elle rigolait carrément en rajoutant une couche.

Ce serait gag, non, d’avoir des demi-frères et sœurs dans quelque temps !
 
Préfère pas y penser…pas du tout…Oh non, veux même pas l’imaginer !
 
Mais l’imaginait quand même et le résultat était plutôt drôle, Max pensait à ses empesées de sœurs confrontées à la nouveauté et cela ne pouvait que le faire rire.
 
*Ça va faire un foin de tous les diables !*

Au bout d’un moment, il n’y pensait plus, aux possibles retombées. Son Ysaline, son amour était là, dans ses bras, pourquoi occuper pensées et énergie à autre chose qu’à l’aimer et oublier le reste ?
Que Chérie abandonne le lit à une heure débile était déjà une habitude à laquelle il s’était faite depuis très longtemps. Un baiser endormi et il poursuivit avec ses rêves.
Le lendemain, lors d’une assez courte session, Albermale, de manière éclatante évinça Ombrage de la Présidence, après quoi presque tous les espoirs furent permis. Que Samantha Davenport se trouve mal  préoccupa à peine Max qui avait suivi le tout la tête ailleurs. De retour à la Clinique, il s’affairait avec les tonnes de paperasse quand sa secrétaire, mine de rien, lui annonça que Lady Davenport avait été admise au service d’Urgences. Quand il arriva aux nouvelles, les Davenport avaient déjà filé sous d’autres cieux pour pallier le stress nocif à la future mère.
 
*Il y en a qui ont de la veine…voudrais bien me tailler, moi aussi !*

48 heures plus tard, Erik, acquitté par les bonnes œuvres de la Justice, finalement pas si aveugle que ça pourrait rentrer chez lui et reprendre sa vie. Amen. Déjà ça de gagné !
Max avait décidément d’autres chats à fouetter. Le coup de fil désespéré de la duchesse de Gilmore en fut la preuve :
 
Aide-moi ! Dis-moi quoi faire ?  Ton père veut épouser ma grand-mère !!!
 
Il a pris sa décision, Angel et têtu comme il est, c’est pas moi qui le convaincra du contraire. Mon père doit déjà connaître les risques, non ?...Eh bien, que ce soit ce qu’il veut !

 Et ce fut. Max crut qu’il tomberait à la renverse en reconnaissant le gars souriant qui entrait dans son bureau, un sourire ravi aux lèvres. En fait, il mit quelques secondes pour réaliser être face à face d’un fac-similé de lui-même, avec quelques rides et des cheveux blanchis aux tempes…
 
Bonjour, fiston…
 
T’es dingue !, balbutia t’il en le détaillant attentivement, complètement et résolument dingue…
 
Suis heureux, Max…c’est magnifique, je me sens merveilleusement bien…plein de force, énergie, prêt à croquer la vie à pleines dents…
 
*Ouais, pas risque de perdre le dentier, là*…Bon sang, Papa…et qu’est-ce qu’on fait maintenant ?...Tes filles…mes sœurs…enfin, tu sais…
 
D’abord tu commences par t’ôter cet air abêti et on prépare mon mariage avec Rose… je pense que ça ferait mieux si tu arrêtais de me dire Papa…j’ai pas du tout l’air d’être le père d’un grand gars comme toi…On sera cousins, ça te va ?
 
Lui aller ? Pour ce qu’il avait à dire. Des sentiments contradictoires l’agitaient.

J’avais un père…j’ai un cousin…mes enfants n’ont plus de grand-père et en plus c’est fichu pour la Nanny…Faudra une explication sacrément bonne, crois-moi…parce que ça passera pas inaperçu que Karl Theodor Von Falkenberg s’est enfumé sans laisser de trace…Tu connais tes filles, ça aime l’intrigue de ce côté-là…
 
Le cher homme avait pensé à tout. Pour les effets, il aurait décidé se retirer, à jamais, dans un monastère tibétain. Il avait fait un équitable partage de sa fortune entre ses enfants et leur demandait de ne pas essayer de le joindre.
 
Super ça !...Et le cousin, il sort d’où ?...Tu vas pas endosser la paternité à oncle Aloius…il démentirait outragé…tu veux pas être le fils de l’abbé…
 
Ysaline qui entrait sans s’annoncer resta bouche-bée face aux deux hommes si semblables.
 
Assieds-toi, mon cœur…c’est le cousin Karl…
 
Expliquer à Sophie et Louise la défection de Grand-Père et l’apparition inopinée de l’oncle Karl passa comme lettre à la poste. Les petites acceptèrent de bon cœur le « nouveau » venu, surtout qu’il s’avérait encore plus marrant que Opa. Avec Alex ce ne serait sans doute pas si facile, mais on avait encore le temps d’y penser.
Le mariage fut célébré dans l’intimité de la famille. La duchesse de Gilmore ne semblait pas trop bien prendre les changements et si elle ne pleura pas tout du long, ça lui avait couté de l’effort. Son mari, le Duc, repris de tous ses maux, par contre prenait les choses avec humour. Max faisait de même, après tout de quoi ça aurait servi en souffrir. Les nouveaux mariés resplendissaient de bonheur. Que vouloir de plus ?
Le baptême de Christopher fut toute une autre affaire. Toute la clique y serait réunie. Lev et Ny’ala avaient confirmé leur assistance. Ses sœurs, mal remises de savoir leur père devenu moine au Tibet, trouvèrent, Dieu soit loué, des excuses plus bidon les unes que les autres pour ne pas être présentes. Lord et Lady Davenport, étaient revenus expressément pour la cérémonie. Sam, bronzée, arrondie et absolument ravie, faisait une délicieuse marraine alors que John Smith, moins grave qu’à l’habituel, jouait à fond son rôle de parrain. Le petit Christopher, très à la hauteur des circonstances, se comporta avec grande dignité et charma l’assistance avec ses gazouillis.
 
Pas à dire, mon vieux, ça fait quelque chose de te voir si élégant et composé, rigola Lev, et la compagnie…ducs, lords, du gratin pur…mais dis donc, tu l’as sorti d’où ce fameux cousin ?

Max s’étrangla presque mais finit par avouer :
 
En fait c’est mon père qui a fait une cure de jouvence, mais si tu vas raconter ça, je t’étripe.
 
Et c’était parti pour l’ineffable fou rire de son copain qui dut s’éponger les yeux pour dire :
 
Serai une tombe ! …Incroyable ce qu’on s’ennuie pas dans ton coin !
 
Tu veux rire, parfois je ne rêve qu’à déguerpir…
 
Mais tu ne le feras pas…ce que tu as bâti ici est énorme, mon pote…et puis ta famille, ton Ysaline…Oui, vous nous manquez là-bas, mais la vie doit continuer…Remarque, tu peux quand même venir faire un tour, ça fera plaisir à tout le monde…

Il y pensait sérieusement se demandant quelle serait la réaction de sa femme en apprenant qu’il berçait des rêves d’évasion.
 
*Ouais…elle pensera que tu es un égoïste fini, un lâche râleur et Dieu sait quoi d’autre !*
 
C’est à peu près ce qu’il raconta à une Alix De Brent soudain très intéressée à sa vie alors que Michael s’adonnait à une innocente session de drague avec la sœur de Meg, invitée-surprise.
 
*Il a pas froid aux yeux, celui-là…après l’épisode de la cousine, il ferait mieux de s’éloigner du feu !*
 
La belle essaya son charme sur tout celui qui croisa son chemin, lui inclus, mais Max avait bien d’autres choses en tête que risquer la peau en flirtant avec Miss Reese.
 
Et voilà qui est fait !, souffla t’il soulagé quand le dernier invité prit congé, très réussie la réunion…mais suis pas trop fait pour ce genre de truc…ah bon ? Quoi avec la sœur de Meg ?...J’ai été poli, c’est tout !

Ysaline de très bonne humeur le charriait et bien sûr Lev y mettait aussi du sien. Ny’ala rigolait discrètement mais ne tarderait pas à jeter de l’huile au feu.
 
Pensez ce que vous voudrez, vais voir mes gosses, moi !, et de détaler suivi de leurs rires.
 
Il rigolait aussi en arrivant à la nursery  mais son hilarité fit vite de muer en épouvante en découvrant  la nouvelle nanny stupefixée et le berceau de Christopher vide.  Son hurlement ameuta la maisonnée. Mlle. Dupré, hautement recommandée par les De Bettancourt, ranimée, fit une belle crise de nerfs et ne fut finalement pas de grande aide.
Dix minutes plus tard, l’alarme était générale. Des patronus affolés se bousculaient, façon de dire, au portillon, tous porteurs de terribles nouvelles : Lucas De Brent et Matt Nielsen avaient été aussi enlevés. Peu après, c’étaient les parents en pleine consternation qui se réunissaient dans le même salon où quelques heures auparavant on célébrait un heureux évènement.
On avait à peine commencé le débat, en essayant de se calmer  quand  Lawton, avec la componction d’un évêque se présentait pour annoncer qu’un hibou grand-duc venait de livrer un message adressé aux trois familles.
 
Sans perte de temps, grommela Max en prenant connaissance du parchemin, c’est une demande de rançon !
 
Le message était court et concis. Un million de gallions, pas de poursuites et ils récupéreraient leurs enfants très bientôt. Les mères, blêmes ne pleuraient pas, ne désespéraient pas tout comme leurs maris, elles concoctaient déjà une vengeance sanglante.
 
D’abord on a les enfants, après on pourra faire de la pâtée  pour chiens de cet imbécile !
 
Michael  émit un ricanement mauvais qui signifiait son accord avec ses mots. Et il n’était pas le seul. Le Dr. Newton Brahms ne perdait rien pour attendre  en croyant leur avoir damé le pion. En fait, il crut à sa parfaite chance pendant exactement 45 minutes passées à déguster sa bonne fortune en voyant miroiter les gallions d’or.  Ce fut le temps requis pour trianguler efficacement la route de son hibou et s’assurer que les enfants jouissaient de toute leur santé.
 
Vous m’aviez donné des garanties !, glapit il en se trouvant face à face au comité de vengeurs.
 
Vous prenez vos rêves pour des réalités, Docteur…vous en aviez demandé, nous on a rien juré !, dit doucement Max, l’air mauvais, vous comprenez quand même qu’on ne va pas laisser les choses à moitié faire, non ?
 
On lui fournit gentiment un éclaircissement complet sur leurs suivantes intentions. Il n’agréa pas du tout leur façon de tourner l’affaire. Azkaban reçut un hôte de marque, ce jour-là !
 
Ysaline se terrait au fond du divan avec les enfants serrés contre elle, Max l’y rejoignit.
 
J’ai même pas eu le temps d’avoir peur, avoua t’il, ça a été si…brutal et rapide…si sournois…s’en prendre à nos enfants…et on le disait…civilisé…Ça me déboussole, tout ça !...Non…non, je ne pense pas à ça…pas à foutre le camp…*Menteur, si ça tenait qu’à toi !*…Oui, ça m’a tourné dans la tête…avec tant d’embrouilles et problèmes…
 
Le moment se prêtait mal à parler de ses idées de voyage mais bien entendu, Ysaline ne rata pas ses silences songeurs, ses demi-mots en suspens et sans doute pas ses conversations  avec  Lev et Ny’ala.
 
Vous voyez bien de quoi est faite notre vie ici…pas de quoi envier…à bientôt, j’espère !
 
Voir partir ses amis lui fit plus de mal que prévu. Il resta comme un idiot à regarder décoller les avions en se sentant profondément malheureux.
 
*Mais qu’est-ce que tu as à vouloir filer ?...T’as tout, idiot…une femme que tu adores, des gosses magnifiques, même des bons amis…*
 
Il avait beau se raisonner sur tous les tons ou se faire seriner  par cousin Karl qui, comme d’habitude, lisait en lui comme livre ouvert, rien n’y faisait.
 
Je pensais pouvoir me passer de tes sermons…au fait, pas de voyage de noces ou quoi ?
 
Belle-maman Rose avait aussi un poussin sur lequel veiller et ne savait se résoudre à s’éloigner. Max avait beau changer de conversation. Karl n’était pas dupe…presque personne ne l’était en fait, suffisait de le voir tourner par-là, l’air tourmenté d’un fauve en cage.
 
Tu vas devoir te résoudre à en parler à Ysaline, Max…faire des cachotteries ne te ressemble pas…pas plus que faire une dépression mais tu y files droit, à mon avis…C’est une fille merveilleusement raisonnable !, disait Karl, plein de sagesse et bons conseils.
 
*Tu veux rire…elle m’écharpera en bonne et due forme !*
 
Ysaline était une superbe marraine pour la fille de John et Meg.  Un choix normal, tout compte fait, elle avait sauvé la vie de Mr. Smith jadis en Afrique, et si on croyait à la façon dont il avait de la regarder : lui était éternellement reconnaissant.  J.O s’acquitta de son rôle en arborant un air ravi mais personne ne rata celui mitigé de sa jolie duchesse.
Une semaine plus tard, c’était le tour des jumeaux De Brent, qui avec  Opal et Justin comme parrains étaient parés pour la vie et auraient intérêt à marcher droit. Encore cette fois, Max ne put laisser de remarquer l’air décidément amer d’Angel Strang.
 
Sais pas…mais quelque chose la turlupine grave, la petite Angel,  commenta t’il une fois de retour à la maison.
 
Ysaline avait remarqué la même chose mais ajouta un petit bonus à son commentaire.
 
Comment qu’elle est pas la seule ?...Que j’ai l’air ailleurs depuis un temps ?...On va pas en discuter…
 
Vraiment il n’avait aucune envie de discuter en ce moment mais Ysaline voulait avoir le fin mot.
 
Oui, t’as raison…pas la peine de me regarder de travers, ma douce, sais que ça  te plait pas comme idée mais là…j’admets platement avoir besoin d’un coup d’air frais !... Une petite quinzaine de jours au Campement avec Lev et les autres…Non, j’ai pas ras le bol de toi ni de mes enfants. Tu sais que je vous aime par-dessus tout mais c’est que…
 
Elle compléta sa phrase sans hargne ni ironie mais c’était encore pire de la sorte. Le connaissant à l’endroit et à l’envers, impossible de ne pas y voir clair. Il avait, et c’était vrai, un fol besoin d’évasion, de faire honneur à la fameuse bougeotte qui avait toujours régi sa vie. Tant de civilisation splendide avait été trop pour lui. Enfin, tout y passa et elle avait tout bon.
 
*Elle oublie de dire qu’elle en a autant besoin et toi, lâche minable, sautes sur l’occasion et files !*

Max s’en voulait à en mourir mais ce ne fut pas cela qui l’arrêta. Il se débrouillerait plus tard avec sa conscience, et ce ne serait pas une mince affaire.  Battu de froid ? Même pas. Ysaline semblait prendre la chose très philosophiquement mais Max la connaissait aussi très bien et se doutait que ce n’étaient qu’apparences.
Voyager à la sorcière ? Jamais de la vie ! Il fallait que le plaisir soit total. Il aimait les avions, se farcir x heures de vol ne le gênaient pas, ça le mettait en ambiance. Il adorait les escales, les retards  d’en avoir, rien ne pouvait le mettre de mauvaise humeur une fois en route…sauf que là, il se sentait misérablement coupable.
Lev ne pouvait pas rater ses états d’âme à l’arrivée.
 
Décide-toi, à la fin ! T’es content ou pas ?...T’as un air de martyre qui fait du mal à voir…Elle t’a fait une scène, la Dr. Zaline ?

Ça aurait été bien…serais pas là…mais non…elle m’a même aidé à boucler ma valise.

*Décidément ce pauvre gars est foutu !*, se dit Lev en souriant, compréhensif, allons y…on y sera de bonne heure…Oui, le vieux coucou que tu aimes tant, on a un chargement à prendre…
 
C’était bon la bonne vieille routine. Lever au petit matin, trimer comme malade toute la journée, plein air, plein soleil, plein moustiques et autres…et aussi plein Thidiane qui fit siège en toutes règles jusqu’à ce qu’il lui raconte, au détail près, la nouvelle clinique et les succès de la Dr. Zaline que tous aimaient tant. Bien sûr ce que lui avait pu faire ou laissé de faire n’avait pas d’importance. Lazare Thidiane résuma ses impressions à son sujet avec une seule phrase, lapidaire :
 
Vous êtes un crétin perdu, Maximilian Von Falkenberg !
 
Tout bêtement, c’est juste à ça qu’il pensait quand la jeep partit en tonneaux, cet après-midi-là, en plein soleil, après  des vains essais pour éluder la charge furieuse du vieux Joe, le rhino de service…
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Message par Ysaline de Bettancourt Dim Aoû 24 2014, 10:31

Les objectifs de vie d’Ysaline Von Falkenberg étaient simples, banals. Elle n’en avait rien que deux : Famille et travail. Tant qu’ils étaient assurés, elle était heureuse.  Divers aléas l’avaient conduite à tomber le plus follement amoureuse qui soit de SON Max. Oui, le grand amour existait et elle bénissait chaque jour, ou presque, le hasard d’un certain vol intercontinental. Entre eux, c’était à la vie à la mort, quoiqu’il advienne. Dans un sens, ils se ressemblaient beaucoup sauf qu’à l’inverse de Max, Ysaline s’adaptait à toutes les situations. Par amour pour lui, elle avait un long temps adopté le mode d’existence qui LUI plaisait. La croissance de leur famille, les risques encourus par leurs enfants avaient changé la donne. Renouer avec la « civilisation » n’avait été évident pour aucun ! Tant d’autres tracas… Au départ, il fallait juste tenir le coup 5ans. Maintenant, Christopher rallongeait la mesure à… 11…  Tant pis !  
Et les pépins surgissaient mieux que les cailloux du désert. Toute la belle organisation mise sur pied avec tant d’efforts à la clinique Stillworth devait être remaniée de fond en comble. J.O mourant, ressuscité par John, puis empoisonné… Erik arrêté… Samantha enceinte risquant de perdre son bébé… le rajeunissement de son beau-père, son mariage avec la grand-mère de la créatrice de la potion miracle…
 
*STOP !!!*
 

Ça se calma, la veine !
 
Mon chéri, profitons de l’accalmie pour baptiser Chris, tu veux ?
 
Évidemment, c’était… délicat. La smala Von Falkenberg participerait et, avec Karl Theodore très rajeuni… On pouvait craindre des questions dérangeantes.  
Ysaline n’entretenait pas de relation soutenue avec ses belles-sœurs. Lorsque Max et elle avaient connu les pires ennuis de leur vie, aucune n’avait pris parti, s’en foutant éperdument, donc… mépris total de sa part.  Vive l’indifférence partagée ! Elles s’excusèrent pour leur plus grand soulagement ! Néanmoins, la venue du nouveau cousin intrigua énormément d’autres pipelettes.  
 
*Pauvre Karl…*
 
Les affronter dut être dur mais, apparemment il les blousa haut la main.  Qui donc était la fille qu’amenèrent John et Meg ? Une coureuse d’homme, impossible autrement car tous y eurent droit sans exception.  Alix voulait-elle rendre Michael jaloux en regardant de plus près Max ? L’esprit d’Ysaline ne se tracassa pas pour ça. Par contre, les conversations entre Lev et Max…
 
*Ma main au feu que ses vieux démons vont ressurgir !*

 
Elle put causer un peu avec Lady Davenport :
 
Tu as une mine superbe ! Où êtes-vous implantés si c’est pas indiscret…
 
Motus et bouche cousue. Néanmoins, Ysaline perçut comme un certain « y en a marre » de la part de Sam.  
Erik, sorti des contrariétés judiciaires, voulait développer la clinique. Elle crut bon d’en toucher deux mots à Opal :
 
Merci d’avoir tant contribué au buffet ! C’est délicieux !... Dis… savais-tu qu’Erik veut agrandir et investir un part de ses avoirs dans la clinique ?... C’est assez grand maintenant, je pense… Il m’est indispensable, bien sûr ! Que vas-tu imaginer ?
 
Rien de moins que son éviction… Ysaline rattrapa le coup très vite :
 
… Pas question de me séparer de lui, voyons ! Mais je crois que s’il a besoin de s’impliquer dans un truc, ça ne tardera pas… tu ne vas pas prétendre que tu ne sais pas ce qu’Angel prépare, non ? …
 
Ysaline lui confirma tout savoir sur la cure de jouvence puisque directement concernée avec Karl et Rose.
 
Je t’avouerai que je suis bluffée ! Qui aurait pu soupçonner que cette petite potionniste soit à l’origine d’une telle révolution ?... jamais je ne l’ai prise pour une idiote, voyons ! Tu oublies que je lui ai offert une opportunité en or !... suis bluffée et terriblement excitée des suites, c’est tout !
 
Ouf ! La fête se termina sans accrocs.
 
… très réussie la réunion…mais suis pas trop fait pour ce genre de truc…
 
Je sais ! Fréquenter le gratin n’est pas ton style. Par contre, je t’ai trouvé très… complaisant avec l’Anna dite belle…
          
Ah bon ? Quoi avec la sœur de Meg ?...J’ai été poli, c’est tout !
 
On dit ça, on dit ça (rire)… oui, va  voir les enfants. Je monte aussi bientôt ! 
 
Seule avec Lev et Ny’Ala, Ysaline demanda :
 
Comment va le centre chez vous ? Tout baigne, Thidiane est… ?
 
Fidèle à lui-même, répondit Lev, mais vous nous manquez… Il ne se passe pas un jour sans qu’il dise : le docteur Zaline aurait fait-ci, aurait dit ça !  
 
Elle l’avait amadoué, celui-là !
 
Vous nous manquez aussi, mais…
 
Le hurlement lui remua les tripes.  
 
CHRISTOPHER ! NOOOONNNN !!
 
Très peu après, les nouvelles affluèrent. Non seulement leur fils avait disparu mais ceux des Nielsen et De Brent aussi. Étrangement, cette constatation calma Ysaline car le coupable était tout désigné par ce triple enlèvement qui visait principalement ceux à qui il en voulait de l’avoir confondu. La demande de rançon suivante confirma ses doutes. Max décida :
 
 D’abord on a les enfants, après on pourra faire de la pâtée  pour chiens de cet imbécile !
 
*Miam !!*  
 
Leurs maris partis régler le « cas » et surtout ramener les enfants, il leur suffit d’un regard pour se comprendre. Après une grande inspiration, Ysaline lança :
 
Ils vont ou le détruire ou l’emmener à Azkaban. Pour leur salut, je préfèrerais la seconde option… bien sûr Opal ! Jamais nous ne laisserons un tel crime impuni et, à mon sens, la prison est trop douce…
 
On débattrait plus tard sur la méthode mais leur but était très clair et agréé par toutes.  
 
Elle ruminait au fond du divan avec ses deux filles chamboulées contre elle quand Max rentra enfin avec leur dernier trésor. Pas un mot de trop, la marmaille fut recouchée. Plus tard, l’époux vengeur expliqua :
 
… et on le disait…civilisé…Ça me déboussole, tout ça !...
 
*Tu te crois le seul ??* l’occasion est belle pour démissionner, non ?
 
Et de prétendre le contraire ! Elle ne commenta pas sans en penser moins.  
 
Être la marraine n’était pas une première pour Ysaline qui ne comptait plus sa multitude de filleules africaines. Pour la fille de John, c’était… différent car ce geste démontrait une reconnaissance autre que là-bas.  Impliquait plus aussi… En croisant les doigts, elle pourrait se contenter de visites occasionnelles en ne ratant aucun anniversaire…
Max était déjà ailleurs, elle l’aurait juré. Un mot ici, un autre là, les mères offensées mijotèrent à bas bruit.
Un autre baptême, double chez les De Brent, belle occasion d’enfoncer des clous :
 
La corruption règne à Azkaban, me suis renseignée….
 
En effet ! Ysaline profitant de ses insomnies les avait mises en branle pour connaître à fond le fonctionnement de cette geôle soi-disant incartable. En graissant anonymement les bonnes pattes, on pouvait y introduire des « douceurs » aux gâtés visés… Opal hésitait, Alix souriait…  
Max l’agaçait, Angel la tracassait. Quelque chose n’allait pas mais impossible de déterminer quoi de ce côté. Elle travaillait au labo, oui… mais sans âme ni coeur et ces festivités à répétition semblaient la démoraliser.
 
*J.O devrait permettre qu’on utilise ses précautions… ça urge…*
 
Elle était de mauvais poil en rentrant chez eux, ce soir-là. Comment ne pas l’être lorsque l’on concocte un plan contre nature ?  Son seul exutoire étant Max, il passa à la sellette :
 
C’est pour quand ton départ ? Ne nie pas, s’il te plait !
 
… …j’admets platement avoir besoin d’un coup d’air frais !... Une petite quinzaine de jours au Campement avec Lev et les autres… mais c’est que…
 
Tu as besoin de vacances ? Je compatis ! * Merci, j’ai besoin de rien, moi ! Rien que de toi IDIOT*
 
Comment, comment et pourquoi osait-il lui flanquer un coup pareil avec quasi le sourire ?  
 
Très bien ! Ton vol est à quelle heure ?
 
 
Elle l’avait mauvaise, très mauvaise mais ne pipa mot. Dans un sens, ça l’arrangeait que Max soit absent et ne puisse pas remarquer ses propres manœuvres. Elle l’aida donc, en apparence paisible, à préparer ses bagages :
 
Là, tu as les anti paludéens. N’oublie surtout pas de les avaler !... J’ai mis dans la caisse un tonne de fournitures médicales pour Thidiane à qui tu transmettras mes pensées affectueuses… Prends soin de toi sinon… ( sourire en coin) gare !!
 
Il s’envola, joyeux, pensant sans doute qu’elle agréait.
Bon, fallait assumer. De quoi se plaindrait-elle ? D’avoir une réorganisation structurale à dos, trois gosses dont un enfin au biberon, un meurtre en préparation ? Peu de chose…
Oui, elle était plus que secondée. Erik voulant prouver Dieu sait quoi se démultipliait en activités pour les cliniques. Rose et Karl étaient de parfaites nounous entre ses nombreuses allées et venues.
Réunion féminine, un soir :
 
J’ai le contact, annonça-elle, doutant encore des autres candidates à l’exécution prévue.
 
Alix lui tendit un paquet. Opal, contre toute attente, insista pour le transmettre elle-même :
 
… je comprends ton désir, Opal ; Bienvenue au club ! Mon contact aura besoin d’un sortilège puissant pour le dissuader de goûter à ce «  gâteau », c’est un gourmand, dans tous les sens … en s’y mettant à trois…
 
Le docteur Brahms décéda le lendemain sans que personne ne le pleure. Si des étreintes joviales s’échangèrent, nul n’en piperait mot. Mais la satisfaction de la vengeance accomplie ne dura pas, pour Ysaline, du moins.
D’abord Asimov se présenta à la clinique où il plaida sa cause devant un staff mitigé :
 
J’ai toujours été de votre côté, Dr Von Falkenberg. Je pense réellement qu’une fusion sincère s’impose entre nos établissements à présent…   
 
Réactions, oppositions, concordat.  Ste Mangouste et Stillwoth s’clinical fusionnèrent pour le meilleur en souhaitant éviter le pire.
 
Deux autres trucs tombèrent sur le râble d’Ysaline en plein réajustement. D’abord Alex débarqua.
 
*Vacances de Pâques, déjà ?*
 
Dieu qu’il avait grandi depuis Noël ! Lui expliquer l’absence de son père et la présence d’un grand-père transformé en cousin ne fut pas de la tarte. Il haussa les épaules et s’enferma dans sa chambre à écouter des musiques bizarres.  
 
*Max, Max, au secours !!!*
 
Elle ne l’alarma pas pour autant, restant très « sage » dans ses messages sur le net.  
 
L’autre événement la prit encore plus de court : Angel avait fini par enlever un gamin.
Ysaline s’en voulut pour ne pas avoir perçu la cata en puissance mais elle devait faire tourner les cliniques ! Rappeler Alix au labo fut prioritaire. Ensuite, pendant la défection de la supposée folle, fallut assumer la prise en charge des cas de rajeunissement…  
Se pencher sur les données de la formule élaborée par Angel fut… délectable, une sorte d’apaisement sauf que...
 
*NON ? Non, non ! Nom d’un gnome, elle a pas utilisé ça !!!*
 
Toutes ses analyses prouvaient qui si ! Restait à croiser les doigts pour que ni Rose ni Karl ni les cobayes ne développent…
 
Les quinze jours prévus par Max étaient quasi atteints quand, les yeux exorbités par des examens pointus, elle reçut l’appel sciant de Lev :
 
UN ACCIDENT ??
 
Le parrain de trois de ses enfants expliqua, elle se détendit un peu après avoir cru au pire :
 
… une jambe cassée ? Rien que ça, Thidiane est sûr ?... Je, je… j’arrive !
 
Aux quatre cents coups, elle prévint son entourage :
 
Fiez-vous au Dr Nielsen. Je reviens vite.
 
Elle confia ses gosses en coup de vent aux nouveaux Von Falkenberg, et ce fut Karl qui dut créer le portoloin tant sa baguette tremblait d’énervement. 
Habituée aux portoloins, elle se réceptionna pourtant mal à l’atterrissage. C’est en clopinant qu’elle débarqua dans l’unité de soin du campement.
 
Docteur Zaline ! Docteur Zaline !
 
Très chaleureusement, on la pressa de partout non sans l’emmener au Dr Thidiane qui, évidemment, tiqua en la regardant ainsi que sa montre :
 
Un jour, vous devrez m’expliquer, Ysaline ! Il est là-bas.
 
Brève accolade, guidage par le coude jusqu’à une couche isolée de rideaux blancs.  
 
Il dort. J’ai réduit sa fracture… morphine. Il peut mettre du temps à se réveiller…
 
Merci Docteur ! Dites-moi juste comment c’est arrivé ?
 
La Jeep de Max avait simplement traversé le territoire du vieux rhinocéros local ; course-poursuite, etc. Boum. Ça avait pris du temps pour le localiser et le ramener mais Max allait aussi bien que possible.
 
Je voudrais être seule avec lui, s’il vous plaît…  
 
Depuis le temps, Thidiane avait une certaine idée de la réelle nature de ces blancs particuliers. S’il avait détesté Ysaline, il avait complètement révisé son jugement et la… comprenait dans un sens.  
Les larmes coulaient, elle s’en ficha et, profitant de l’inconscience de son mari, elle débita :
 
Triple buse ! Tu vois où ça te mène ? T’as failli me faire mourir de peur, crétin !
 
Caresse sur le front, doux baiser aux lèvres, elle le scanna ensuite des pieds à la tête avec sa baguette 
 
*OUF !!!*
 
Ensuite, revancharde, elle lui appliqua un énervatum électrisant.  Il sursauta, battit des cils, elle sourit mi-mauvaise mi-soulagée :
 
C’est tout ce que tu as trouvé pour me faire venir ?... bien sûr que je suis là, mais profites-en car je repars dans l’heure ! … fâchée ? Mais non voyons, suis ravie, absolument ravie d’avoir failli te perdre ! … je n’écoute rien, c’est toi qui écoutes. Dans cette fiole, il y a du soudoss. Ta jambe guérira dans la nuit, tu peux être sur pied demain… si tu le veux.
 
Il broyait sa main, ça faisait un mal de chien d’autant que sa cheville tordue en arrivant l’élançait fortement. Elle se dégagea :
 
T’en prends ou pas, c’est toi qui vois. Au lieu de tes 15 jours d’air, tu auras six semaines de plâtre avec rééducation à la clé. Pas mal, non, comme vacances ? … Moi, énervée ? Mais non, pourquoi ? Je t’ai juste cru à l’agonie et ai tout lâché pour venir constater ton gâchis ! Je te rassure, Thidiane a fait du parfait boulot ! M’en veux pas d’être pressée, j’ai du sang de vampire sur le feu… Oui, tu as bien entendu. C’est ce que ton père absorbe, entre autre ! Au fait, Angel a pété un câble et se repose Merlin sait où ! Tu vois, je m’amuse comme une petite folle et profite bien de « mon temps libre ». Bonne convalescence, mon chéri !
 
Un bisou, et elle tira le rideau.  
 
 Il s’était plaint d’avoir cassé sa baguette. Tant pis, elle n’en avait pas de secours et avait trop besoin de la sienne. Rester était tentant, elle s’en voulait déjà de partir. Sa cheville douloureuse l’ennuyait mais pas de force pour la soigner.  
Elle n’atteignit jamais le point de retour visé. L’excès de tensions ajouté à l’hyper activité à plein tube provoquait parfois des accès de narcolepsie brutaux dont la durée était imprévisible, entre deux heures et trois ou quatre jours en général. Au pied d’un arbre éloigné du camp, elle s’écroula…
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Message par Max Von Falkenberg Mer Sep 03 2014, 00:08

Le vieux Joe avait ses petites habitudes. Il aimait avoir la paix, son droit après tout. La solitude l’accommodait très bien, pas de braconniers à en vouloir à sa belle corne, il pouvait se la couler en douce, faire sa sieste lors des grosses chaleurs du jour et brouter tout son soûl dès le crépuscule amorcé. Mais bien sûr, il y a toujours des trouble-fête et ça, Joe ne le supportait pas. En fait, ça le mettait dans tous ses états et alors, il fonçait…
Max ne pensait pas aux rhinocéros, déjà que slalomer entre les nids de poule et autres obstacles sur la piste quasi inexistence demandait toute sa concentration d’autres pensées le taraudaient. Ysaline, il s’en voulait, tous les jours un peu plus, d’avoir tout lâché et fichu le camp pour retrouver ce qui lui manquait tant. Égoïsme ? Le plus sûr. À blâmer ? Sans aucun doute, d’ailleurs Thidiane ne se privait pas de prendre le relais de sa conscience, alors Max s’échinait à être utile, travaillait le double, sans répit, dans un essai, plutôt vain d’apaiser sa culpabilité.
Ce jour-là, il s’agissait d’un tout bête aller-retour  après avoir apporté une petite cargaison de médicaments à la mission du Père Roger.  On lui avait dispensé un accueil chaleureux. Mise à jour sur la Dr. Zaline, les enfants, leur nouvelle vie, l’arrivée de Christopher et voilà que la journée y passait. Il voulait être au Campement avant la nuit et reprit la route avec la bénédiction du saint homme de service plus absolution d’un quelconque péché. Le Père Roger était un homme pratique, selon lui, vaut mieux aller par là avec l’âme en paix…
Le vieux Joe ne le rata pas. Aveugle de rage, déjà qu’il ne voyait pas trop bien, la rude bestiole chargea, n’empêche, comme char de guerre à l’assaut, démontrant que son apparences de gros lourdaud n’était qu’un vil trompe l’œil. Charge effective malgré els habiles feintes pour l’éviter, et la jeep entama une série de tonneaux périlleux avant de s’immobiliser, tas de ferraille assez informe, aplatie contre un arbre. Le vieux Joe souffla énervé, jeta un dernier regard à l’épave  puis s’éloigna en trottinant, satisfait.
Max eut tout le mal du monde à s’extraire des restes de la Jeep. Il était vivant, déjà ça de gagné, mais sa jambe droite était cassée tout autant que sa baguette. Impossible d’aller plus loin. Demander de l’aide ? La radio était tout aussi défoncée que le reste. Ne restait qu’à attendre, en espérant  ne pas avoir droit à d’autres rencontres désagréables.  Ce fut Lev qui le trouva, le lendemain après une nuit passée à la belle étoile en se sentant le plus malheureux des hommes, sans compter qu’entre plaies et bosses il avait un mal d’enfer.  Dument rapatrié au Campement, il eut droit aux soins  d’un Thidiane enragé qui ne trouva mieux que l’envoyer dans les vapes pour avoir la paix.
La sensation d’une décharge électrique le ramena brusquement de son petit limbe paisible. Ysaline, assez énervée, lui souriait. Il n’était pas en état d’analyser son véritable état d’âme, elle était là, tout allait bien.
 
C’est tout ce que tu as trouvé pour me faire venir ?
 
Pas fait exprès, plaida t’il, contrit, tu es là…
 
Pas d’esprit au badinage, Madame annonça derechef son intention de repartir sur l’heure. Si on devait croire à ses dire elle n’était pas fâchée, ce dont Max doutait humblement, sans lui laisser placer un mot, elle lui fila une fiole plus indications. C’était à prendre ou à laisser.  Il n’était même pas conscient d’être en train de lui broyer la main qu’elle dégagea avec une grimace de douleur  avant de poursuivre avec son petit discours où elle lui laissait le choix de prendre la potion et être debout le lendemain ou cas contraire se la couler à la moldue.
 
Pas mal, non, comme vacances ?
 
Cette pointe d’ironie fit mal. Ce n’était autre chose qu’un reproche dissimulé, il l’avait mérité certes mais quand même…
 
T’énerve pas… je suis un imbécile…m’en veux pas autant…Ysaline, ma chérie…
 
Mais elle n’avait que hâte de filer même si l’explication fournie était plus que valable.
 
J’ai du sang de vampire sur le feu…
 
Il savait que sa petite femme chérie employait des ingrédients mystérieux pour ses potions mais le sang de vampire n’était jamais entré en cause. La petite mise à jour qui suivit le laissa comme deux ronds de flan.
 
C’est ce que ton père absorbe, entre autre ! Au fait, Angel a pété un câble et se repose Merlin sait où ! Tu vois, je m’amuse comme une petite folle et profite bien de « mon temps libre ». Bonne convalescence, mon chéri !
 
*HEIN !?*
 
Pas le temps d’en savoir plus, un baiser de rien du tout et elle avait disparu.  Max resta là, comme l’idiot qu’il était, à fixer le rideau fermé, avec envie de se mettre à hurler. Supposer que Lazare Thidiane viendrait le maudire et l’assommer calme son élan fiévreux, d’ailleurs pas le temps  de s’appesantir plus sur ses misères, Lev débarquait, friand de nouvelles.
 
Alors !?...Ysaline est venue, on m’a dit…quelle femme, la tienne…la pauvre, lui ai fichu la trouille en l’appelant mais c’était nécessaire…tiens, elle est où ?
 
Partie !, grommela Max, abattu, venue et partie en cinq minutes…elle était pressée…et me déteste !
 
Sois pas con…si c’est ça détester, veux bien qu’on me déteste, moi…alors, coup de truc machin ?...T’es bien déjà !?
 
Pour toute réponse Max exhiba la petite fiole que Lev examina, de loin, imbu de tout respect.
 
Ça ?...C’est tout ? Pas de câlins pour te ranimer, pauvre petit ?…allez, avale-le, ton truc, alors…c’est pour ça qu’elle te l’a donné, non ?
 
Le lendemain voir Thidiane à point de tomber à la renverse en le voyant debout,  lui fit presque plaisir. Le brave homme ne savait pas exactement pas à quoi s’en tenir mais se jurait d’avoir, un de ces jours, le fin mot de l’affaire.  Ce que Max n’avoua pas est que sa jambe avait beau être soudée, il n’avait pas moins mal partout.
 
*Passera, passera pas…on s’en fout, je rentre !*
 
Un vol Lusaka-Londres, trois fois par semaine. Il avait raté celui du jour, il fallut attendre jusqu’au surlendemain.  Retour éternel dont  il pâtit chaque minute. Rien ne l’accommodait, les attentions des hôtesses l’énervaient, le repas servi lui sembla infecte, boire ne le tentait pas, il ne voulait qu’être de retour chez lui, retrouver Ysaline, se faire pardonner et oublier tout.
Karl Théodor et Rose s’en donnaient à cœur joie avec les enfants quand il se pointa, genre zombie mal luné.
 
Déjà de retour ?, s’étonna son père en avancent vers lui, le petit Chris dans les bras, on ne vous attendait pas si vite !
 
Nous ?...Qui nous ? Suis…seul.  Ysaline est rentrée aussitôt…
 
Un petit vent de panique se levait. Aux dires de tous, Ysaline n’était pas du tout rentrée ni donné de ses nouvelles depuis son départ en catastrophe. De quoi perdre la tête.  Max ne voulut rien entendre de prendre un bain, du repos, un verre, pas le temps de bavarder non plus. Comme un fou, il se précipita chez Ollivander, suivi de Karl, pour y quérir une nouvelle baguette en remplacement de celle brisée par le rhino.
 
Tu dois te calmer d’abord, Max, assura son père qui, même rajeuni, imposait son avis, pas question de faire les choses à la va vite…ça ne donne rien de bon !
 
Ça va pas la tête !?...J’ai paumé ma femme et tu me dis de le prendre avec du calme !?...Je retourne la chercher, fais ce que tu veux et n’essaye pas de m’en empêcher !
 
Lord Percival Stratton, Percy pour les intimes, n’en croyait pas à sa chance. Cette partie de chasse était décidément plus prometteuse que prévu. Soit jusque-là, il n’avait abattu que deux antilopes et attendait incessamment l’autorisation pour  chasser le lion, mais en attendant avait fait la trouvaille de sa vie. Ce n’était pas tous les jours qu’au lieu de tomber sur la prise du siècle, on trouve une magnifique créature endormie au pied d’un arbre. Et pour dormir, il faut dire que celle-ci le faisait, si profondément, que rien ne la réveilla, même quand après de longues réflexions en l’admirant, il décida de l’emmener à son luxueux campement.
L’inconnue installée en tout confort, Percy laissa son ami,  Julian Bannister, psy de son état examiner la belle au bois. Cela ne donna rien de concluant, ni blessée ni assommée, elle dormait, tout simplement.
 
J’aventurerais un diagnostic de narcolepsie…c’est rare mais ça existe, attendons qu’elle se réveille !
 
On attendit donc. Un jour, deux, trois…Entourée de luxe, confort et toute l’attention possible, la belle donna  des signes d’éveil imminent au tout début de la quatrième journée à patienter en guettant un frémissement de cils.
Le Portoloin confectionné avec l’assistance de Papa, suivant les indications de direction fournis par Rose, transporta Max et son désespoir  non loin des célèbres chutes Victoria en fin d’après-midi, heure locale. Il faisait chaud et une nuée de moustiques lui tomba dessus aussitôt matérialisé dans un buisson plus ou moins épineux d’où il se tira en état plutôt lamentable, en maudissant sa chance en particulier et le monde en général. Une mauvaise migraine lui transperçait le crâne et la fatigue commençait à peser mais il s’arrangea pour expédier son milan royal en prospection. L’information requise ne tarda pas. En fait, Ysaline était pratiquement à deux pas de là…installée comme une reine dans une tente au luxe sybaritique.
 
*Si c’est pas bien ça…je deviens fou et elle…prend du bon temps !?*
 
Dire qu’il marcha tranquillement jusqu’à l’endroit indiqué serait un piètre mensonge, imitant le style du vieux Joe, Max fonça ave l’énergie d’une tornade et ainsi même déboula en plein  dans un campement qui, si bien fait de toile, n’était pas moins luxueux et doté de tout confort qu’un de ces lodges cinq étoiles qui jalonnent ce coin de monde destiné aux touristes les plus exigeants.
L’apparition de ce grand gaillard, assez hirsute et dépenaillé, à la chemise déchirée et la joue en sang (souvenir du buisson à l’arrivée !) fit sursauter joliment  les présents et foncer deux domestiques armés auxquels Max aboya quelque chose en swahili avant d’avancer vers les blancs qui avaient posé leur apéritifs et le contemplaient d’un œil horrifié.
 
J’exige une explication !, dit enfin un des hommes en se levant.
 
Max  le considéra d’un œil peu amène. L’impeccable britannique sportif, à la mise soignée, élégante arrogance frayant le dédaigneux, le jaugea  d’un air très au-dessus de  sa triste condition de fou dangereux jaillissant de la brousse avec la grâce d’un phacochère. Force fut de faire un petit effort pour sembler civilisé.
 
Veuillez excuser mon intromission de la sorte mais…je suis à la recherche de ma femme et sais, de bonne source *Ouais, un petit oiseau me l’a dit !* qu’elle se trouve ici !

Percy était rapide à la déduction. Fille perdue, gars hors de lui, cela ne pouvait que signifier une chose mais pour si jamais demanda plus de précisions.
 
Et, à votre avis, pourquoi votre épouse se trouverait ici ? Monsieur…euh…
 
Von Falkenberg…Je l’ignore exactement mais suppose qu’elle a fait une de ses crises et s’est endormie…par là…
 
Plus clair que ça, tu meurs. S’en suivit un petit jeu de questions-réponses, intervention savante d’un autre des présents. La patience de Max commençait  faiblir à des allures alarmantes quand, sans préavis, sortant de la tente principale, Ysaline entra en scène.  Elle était pâle, un peu défaite et sans doute assez déboussolée mais pas autant comme pour ne pas reconnaître son mari, qui de rustre sans trop de manières passa en mode amoureux éperdu qui bondit à sa rencontre.
 
Quoiqu’il en soit, impossible d’aller nulle part ce soir…, assura Lord Percy, très mondain, je vous prie d’accepter mon hospitalité encore pour cette nuit, Mr. Von Falkenberg…Madame !

S’il n’avait tenu qu’à lui, Max aurait refusé mais la fatigue eut le dessus et Ysaline ne semblait pas en contre de prolonger son absence une nuit de plus. De là à se raconter un peu, il n’eut qu’un pas, obligatoire entre personnes civilisées, ce qui bien entendu donna lieu à reconnaître faire part du même monde…ou presque, et d’avoir des connaissances en commun. Tout était si exquis, si poli, si…si…et il s’endormait comme le dernier des abrutis.
 
Je pense que votre cher époux est plus fatigué qu’il ne l’admettrait jamais…, sourit Percy en regardant Max d’un œil d’ironique pitié avant de donner ordre de le convoyer vers une des tentes parfaitement aménagées où il s’écroula comme une masse sur le lit de camp, conscient d’une seule chose, Ysaline était restée jouir de la prévenante compagnie de leur hôte.
 
Si Lord Stratton avait rêvé de les retenir un peu plus, il en fut pour ses frais, le lendemain matin, après le petit déjeuner, ses invités de fortune prirent congé sans plus d’explications et s’en furent en marchant vers l’endroit où le mari dingue assurait avoir laissé son véhicule. S’Il avait su, le cher homme, qu’à peine hors de sa vue, ces deux-là avaient accroché une canette scintillante et disparu dans l’air clair du matin…
Retour au bercail. Reprise du collier et généreuse mise à jour. On ne le rata pas, merci les commentaires « mine de rien », glissés çà et là. Pendant qu’il courait la nature, loin de tout souci, du moins c’est ce que tous pensaient, Ysaline avait dû faire face, seule, à mille et un tracas, entre autres Alex revenu pour les vacances de Pâques, l’histoire du sang de vampire, la défection d’Angel, leurs trois enfants…
Ysaline n’en faisait ni état ni reproches. Aucun besoin, les changements subtils dans son attitude suffisaient et même si beaucoup pensaient que Max était un fieffé imbécile doublé d’un égoïste fini, il n’était pas moins perceptif pour autant. L’engrenage de leur parfaite entente grinçait, coinçait, faisait des ratées. 
 
*On perd l’équilibre et on va se foutre en l’air !*
 
Ysaline était fatiguée, en avait ras le bol. Retrouver une intimité rassurante semblait une utopie dérisoire. Si ce n’était pas elle qui avait la migraine, c’était lui qui sentait le crâne éclater, s’il était réveillé, elle dormait, et quand il sombrait enfin, elle se levait déjà. À la Clinique, ils se croisaient à peine et à la maison, leurs horaires semblaient avoir le malin plaisir de ne plus coïncider.
L’assistante avait confirmé, c’était son jour de chance. Ysaline était bel et bien dans son bureau en révisant des dossiers. Max ne s’annonça pas. Sa femme chérie était bien là mais en tant que dossier ce qui retenait son attention en ce moment, ça repasserait. Un somptueux bouquet de fleurs trônait sur la table et elle lisait une carte, l’air rêveur, un petit sourire aux lèvres. Petit arrêt sur image. Des fleurs ? Il ne lui en envoyait jamais…
 
Tiens…un patient reconnaissant ?
 
Pas le moins du monde. Sans faire de mystère, elle lui tendit la carte. La signature lui sauta aux yeux.
 
Percival Stratton ?...Et qu’est-ce qu’il a à t’envoyer des fleurs, ce crétin ?...Et il nous invite dîner…perd pas son temps…mais on a pas le temps pour…Ah, tu veux y aller…
 
Le lord en question n’avait pas perdu son temps pour prendre des renseignements sur ce couple si inopinément rencontré en Afrique. Le Who’s who  et  l’almanach de Gotha consultés il réalisa ne pas avoir affaire avec n’importe qui. Sans en avoir du tout l’air, le mari était le rejeton d’un prince allemand et une lady anglaise alors que la belle Ysaline était issue de deux vieilles familles de la noblesse française. Elle était en plus médecin et directrice de la très renommée Stillworth’s Clinical.
 
*Brillante et merveilleuse…douce Ysaline…je dois la revoir…quitte à me farcir le mari…*
 
Tout était dit. La machinerie du charme discret fut mise en marche. Fleurs, invitation…et, ô surprise qui flatte l’âme, acceptation.
Max avait du mal à y croire. Sa Chérie, si prise par ses occupations habituelles, qui n’avait pas un instant pour s’en distraire, trouvait soudain un créneau dans son agenda surchargé pour honorer l’invitation du tel Stratton.  Petit dîner entre amis ? Il savait à quoi s’en tenir avec ces subtilités mondaines. Au moins une bonne vingtaine de convives, sur leur trente un, prêts à passer une « agréable » soirée à se débiter des niaiseries. Dès leur arrivée, il fut clair qu’Ysaline serait la vedette du soir et lui le tiers gênant de l’histoire.
 
Quelle soirée géniale, lâcha t’il, poison une fois de retour chez eux, tu semblais beaucoup t’amuser, ma chérie…Moi ?...Ravi, bien sûr…avoir à frayer avec ton parterre d’admirateurs confirme que je suis un chanceux…*Un con, oui !*…Jaloux ?...Sais pas où tu vas chercher un truc pareil…Je n’ai aucune raison pour l’être *Ou oui ?*, douce étreinte qu’elle ne refusa pas, je t’aime Ysaline…Pardonne-moi mes bêtises…fais que tout soit comme avant…
 
Il entretint l’illusion cette nuit-là, quitte à croire que tout irait comme voulu…mais bien sûr, entre rêve et réalité…
Le retour des Davenport fut suivi de près par la naissance de leur fille. On se réjouit et retrouva en passant ceux qui avaient déserté Londres depuis un certain temps. Max n’avait pas pris le temps pour en savoir plus, trop occupé à démêler  le chaos menaçant sa vie. Le baptême de la petite Victoria Davenport suivit très vite, surprenant un peu tout le monde. Max ne fut pas le seul à penser que quelque chose clochait grave chez Justin, qui avait l’air décidément à côté de ses pompes, ce qui malheureusement fut confirmé quand en fin de cérémonie l’heureux père s’effondra, victime d’une crise cardiaque.
 
*C’est de fous…il a mon âge !*
 
Mais le stress ne pardonne pas, et il fallait croire que le cher homme était plus que dépassé, sans qu’on ne connaisse le fond de ses tracas, même pas Michael, son plus proche ami. Transporté d’urgence à la clinique, stabilisé et dument assisté, Justin fut tiré d’affaire, mais l’expérience donna de quoi penser à tous ses proches. Max ne fut pas l’exception. Il fallait encore trouver l’astuce pour distraire Ysaline de son acharnement au travail.
 
Ma chérie…prends un peu de temps…faut pas forcer la main…veux pas te voir foudroyée comme Justin…Tu vois, encore une migraine…Demain on va se balader à la campagne avec les gosses…
 
C’est lui qui alla se balader avec ses filles, Christopher et faute de mieux Mlle. Dupré qui était juste un peu plus sympathique qu’un Vert Gallois veillant sur sa nichée. Il était de mauvais poil en rentrant chez lui et ça n’alla pas mieux quand Lawton lui communiqua que Madame devait rester tard à la Clinique.  Max laissa ses enfants aux bons soins de la nounou, ravie de le voir disparaître, et se rendit à Stillworth. Le Dr. Von Falkenberg avait fini sa tournée. Tout allait bien. Point d’urgences. Les cas  délicats étaient contrôlés. Ce serait une paisible soirée. Ce fut le compte rendu de l’infirmière en chef, confirmé par le Dr. Nielsen, à l’avis de Max, un autre candidat sûr à l’infarctus.
Ysaline travaillait dans son bureau. Et encore cette fois, Max  sentit un malaise désagréable en découvrant les fleurs. Cela commençait à faire habitude. L’assistante de la direction avait, comme qui ne dit rien, laissé échapper que des magnifiques bouquets arrivaient régulièrement, aucun besoin de dire qui était le fleuriste empressé.
 
Encore ?...Il croit qu’on ne peut pas acheter nous-même des fleurs ou quoi ?
 
Sa femme chérie  souriait, amusée en lui assurant que Lord Stratton, jardinier dans l’âme, avait été tout simplement flatté  de son commentaire sur la beauté des spécimens de sa serre.
 
Ah !?...Parce que tu connais la serre aussi !?...Et depuis Monsieur la pille pour décorer ton bureau !?...Oh oui, quel détail attentif…Ysaline c’est pas tout à fait correct…si tu veux des fleurs…, à quoi bon insister, Chérie lui assena le coup de grâce, sans départir de son air de calme radieux, QUOI ?...Il…une croisière en Méditerranée à bord de son yacht ?...Il va un peu loin, ce plouc…Ah, il veut que j’en sois aussi…pardon, je me défais de gratitude…Mais voyons, Ysaline…il n’arrête pas de nous harceler d’invitations…il est aux petits soins avec toi…Non, je n’invente rien…il se fout comme d’une guigne que je sois, si tu le dis, un type admirable…j’en crois rien…il s’intéresse autant aux réfugiés de ce monde que moi à la vie amoureuse des piranhas de l’Orénoque…
 
Petit rappel important, Lord Stratton avait fait une importante donation pour cette si juste cause. L’homme parfait en somme, il jardinait à ses heures perdues et son grand cœur faisait de lui un bienfaiteur admirable. En plus il était si bon ami, qu’en remarquant la fatigue de Madame, il avait pensé, inspiration soudaine, que rien ne lui ferait plus de bien, que quelques jours de paix et oubli à bord de son yacht privé en se prélassant des beautés méditerranéennes.
La moutarde montait rapidement au nez de Max. L’affaire allait trop loin, surtout que cela semblait vouloir mettre en évidence ses propres manquements, réels ou figurés.
 
Tu l’as envoyé paître, j’espère !...NON ?...Ysaline…pourquoi !?
 
Les raisons ne manquaient pas. En avoir marre était l’une de tant…
Max Von Falkenberg
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Message par Ysaline de Bettancourt Ven Sep 05 2014, 13:55

Comment vous sentez-vous, ma belle au bois dormant…
 
La vision floue d’Ysaline se précisa sur un visage à la fois anxieux et ravi mais… totalement inconnu. Réflexe, rejet en arrière, regard affolé.
 
Tout doux ! Personne ne vous veut du mal en ce lieu. D’où sortez-vous et, si je puis me permettre, qui êtes-vous ?
 
Qui  êtes-vous vous-même ? répliqua-t-elle toujours sur la défensive.
 
J’ai l’heur d’être nommé Lord Percival Stratton. Mais, vous êtes… ?
 
Ysaline de Bettancourt, et je…
 
Une Française ? J’adore la France, c’est merveilleux ! Je commençais à m’ennuyer ferme dans ce coin. Les antilopes se raréfient…
 
Pas étonnant, si on les chasse par sport !
 
Allons, allons ! Je ne suis pas braconnier, j’ai toutes les autorisations requises et sans pots-de vin, je le jure !  Je vous ai trouvée et, comme vous le constaterez, pas du tout maltraitée…
 
Ysaline resta méfiante et désira connaître les circonstances ainsi que la durée de cette… découverte.  Misère ! Quatre jours ! Elle s’énerva :
 
Il me faut mes affaires ; je dois rentrer…
 
Vous les aurez, foi de Percival, si vous avez l’obligeance d’au moins satisfaire aux questions que je brûle de vous poser depuis que je vous ai installée ici…
 
Homme courtois, au regard sans détour, Lord Stratton inspirait confiance.  
 
Je vous suis infiniment reconnaissante de m’avoir relevée car, je suppose m’être encore une fois endormie…
 
Percy exulta :
 
Mon ami Bannister avait donc bien mis le doigt dessus : la narcolepsie ! Expliquez-moi ! Et, excusez-moi… je suis un grand curieux…  
 
De fil en aiguille, Mrs Von Falkenberg se détendit assez pour révéler certaines choses.  
 
Et votre mari vous a laissée seule avec une clinique et quatre enfants à gérer ? Quel rustre !
 
Non, pas du tout ! Max n’est pas comme ça. Il n’a pas pensé… c’est tout… *aux emmerdes dans lesquelles il me laissait mariner…*
 
J’insiste : prenez encore une journée de repos ! Je suis peut-être intervenu  temps pour vous sauver des griffes d’un lion ou d’une attaque de fourmis mais, désolé, vous me semblez encore bien faible pour vous laisser courir la nature.
 
Un sourire chaleureux, une tasse de café…. Soupir d’aise.  Après tout, Max n’aurait pas volé de s’en faire un peu à son sujet à condition qu’il se soit seulement rendu compte de son absence !  
De son côté, Percy Stratton n’avait aucune idée pendable. Certes, curieux invétéré, il avait été piqué par la situation tellement surprenante de cette rencontre merveilleuse qui le changeait tant de sa routine. Il ne connaissait pas le Max dont cette jeune femme parlait mais, déjà, le considérait comme le plus parfait des abrutis.  S’il avait possédé un tel trésor, jamais il ne l’aurait négligé !  
Une idée, comme une autre germa. Il n’eut pas tellement l’occasion de la peaufiner car, alors qu’il prenait gentiment l’apéritif avec ses copains chasseurs, voilà qu’un sauvage déboula de la brousse :
 
*Anxieux à mort, dépenaillé : le mari ! J’exige une explication !
 
… Je suis à la recherche de ma femme et sais, de bonne source qu’elle se trouve ici !
 
Nous avons effectivement retrouvé une jeune femme dans un état lamentable *prends ça dans les lattes, idiot !* Veuillez décliner identité complète et description fidèle de cette pauvre créature délaissée…
 
Elle s’était rendormie, gâtée à outrance par l’entourage. Des échos d’échanges l’avaient sortie de sa torpeur et elle n’avait pas été sans capter des sonorités très connues.
 

*IL est venu me chercher…*
 
Nazou, aide-moi à m’habiller, s’il te plait !
 
La cantinière transformée en femme de chambre depuis cinq jours ne résista pas.  Tenue de chasse trop large, bah ! Au moins sa baguette était dans une poche.  
Après tant de repos, quelle fatigue quand même !
Elle débarqua en plein interrogatoire :
 
Ah… t’es là…
 
Il n’eut droit qu’à un « oui, on va rentrer » tandis qu’il l’étreignait à l’étouffer.  
 
Discret, observateur, Percy déclara :
 
… je vous prie d’accepter mon hospitalité encore pour cette nuit, Mr. Von Falkenberg…Madame !    
 
 Avec plaisir, Percy. Auriez-vous encore de ce délicieux café… ?  
 
Il fallut quasi transporter un Max passablement crevé à une couche.  Lord Stratton la retint :
 
Ysaline, je vais me permettre de me mêler de choses qui ne me regardent pas. Vous aimez cette brute, c’est évident mais êtes-vous certaine qu’il vous mérite ?  
 
Vous êtes adorable de vous en soucier, Percy. Cependant, entre max et moi c’est très… compliqué. À un point que vous ne pouvez imaginer…  
 
Ce que je vois c’est que lui ne vous voit pas ou ne vous voit plus. Ça m’horripile !
 
Ce sont de mauvaises idées ! Max m’aime ! Il m’en veut peut-être un peu d’être plus à disposition des autres qu’envers lui…
 
Je voudrais vous convaincre de rester ici, de profiter d’une paix que vous méritez. On fera venir vos enfants… avec votre bout de bois, si c’est comme ça que ça marche..
 
Un… bout de bois ?...
 

Suis pas idiot chérie ! J’en ai peut-être l’air mais sachez que vous n’êtes pas la première du genre rencontrée. La plus attirante, je vous en rends hommage, sans aucun doute ! 
 
Percy, vous me sciez de perspicacité mais taisez-vous ou je devrai vous appliquer quelque chose…
 
Je vous propose mieux…  
 
Les explications données, Ysaline s’empourpra, refusa tout net.  C’était gentil, sympa, et toute ce qu’on voulait mais elle ne pouvait tout bonnement pas imposer ça à Max. Quoique…
La suite devait lui donner beaucoup à réfléchir.  
Un fait exprès ? Max n’était strictement jamais là quand elle escomptait sa présence. Du coup, lorsqu’enfin il se pointait, elle était si déçue qu’elle s’arrangeait pour ne pas y être non plus.  Puis, elle sut très vite avoir choppé un parasite lors de son endormissement. Sa vue se brouillait trop.
 
*Des filaires ! Manquait ça !*
 
Ces saletés vous entraient par n’importe que orifice ou les créait. En silence, elle subit la décontamination, malade comme un chien sans rien manifester. Max, outre son désintérêt, ne lui parut pas trop en forme non plus. Elle le scanna durant son sommeil et décela la cause des migraines pas inventées. La rencontre avec le Rhino avait créé un bête tit trou dans un vaisseau cérébral ; il fut colmaté.  Pourquoi Percy lui envoya-t-il ce bouquet de fleurs ? Elle faillit pleurer en le recevant.  Depuis quand Max lui en avait-il offert un ?  Lord Stratton était tenace dans ses idées…  Et la sauce prit à fond la caisse… Dans le fond, pourquoi pas ? Perdu pour perdu…  
Un dîner BCBG, un autre bouquet, des attentions… Quelle femme n’aurait pas été flattée ?          
Et Max marcha, se répandant en excuses… bidon :
 
…  je t’aime Ysaline…Pardonne-moi mes bêtises…fais que tout soit comme avant…
 
Parce que c’était à elle de faire des efforts en sorte que… ???   Il n’en faisait strictement aucun, lui !!  
Tiens si, il en fit un, après l’accident foudroyant de Justin Davenport qui faillit trépasser au baptême de sa fille -Dieu qu’il fallut se battre pour le ramener, celui-là !- Max proposa un balade en famille, elle aurait accepté n’importe quoi sauf qu’un imprévu gâcha tout.
Retour à la case départ.  Pas à dire, Percy mettait la gomme.  Les bouquets se multipliaient, de quoi faire verdir Max au fur et à mesure des arrivages.
 
… Il m’a fait visiter ses serres… bien sûr que je prends parfois cinq ou dix minutes sur ma pause… au fait, nous sommes conviés à une mini croisière sur son yacht… tu savais qu’il était donateur ?… Ben oui, pourquoi j’aurais refusé ? … juste trois ou quatre nuits et, figure-toi que mon père et sa femme en seront aussi ! … mais oui, avec toi, évidemment !
 
Il n’en avait pas envie et prétexta n’importe quoi comme, par exemple, le retour au nid de leur aîné pour les grandes vacances.
 
Je vois que tu n’as pas lu son dernier hibou, toi…
 
Dans la missive reçue quelques jours avant, Alex annonçait qu’il avait accepté l’invitation des frères  Visconti à passer une quinzaine de jours avec eux en Italie. Renseignements pris illico, Ysaline savait qu’il s’agissait d’une famille très honorable, jouissant d’une ribambelle de futurs sorciers.  Elle avait pris sur elle d’accepter.  Max lui tira la gueule, cherchant sans doute un autre raison pour éviter la balade en mer Méditerranée. Lorsqu’il fut à bout d’arguments, et faux prétextes, il céda en grognant.
 
Papa, maman !... cher Percy !  
 
Sur le pont du yacht, Ysaline rayonnait. Depuis le port de Marseille, on mit le cap vers l‘Espagne.
Temps superbe, mer d’huile. Aux petits soins pour ses hôtes, Lord Stratton multipliait ses attentions. C’est très volontairement qu’il s’était mis en quête des de Bettancourt et était parvenu à les convaincre de participer à ces vacances « improvisées ». Le courant étant passé entre eux, la suite logique se déroulait. D’autres personnes accompagnaient : le fidèle Dr Bannister, Doriane et Lewis Trent – des artistes peintres -, les Arseniev , des russes dans les affaires.  
Tout ce petit monde forma rapidement une bande joyeuse… Enfin, elle l’aurait été sans la gueule tirée par Mr. Von Falkenberg mais, suffisamment éduqué, nul ne releva.
Après un déjeuner merveilleux, Ysaline fit comme les autres. En fine robe sur maillot de bain, elle prit place sur un transat du pont et jouit du plaisir de la brise ensoleillée.  Max ne lui avait pas adressé un mot depuis le départ et il ne vint pas s’allonger sur le siège voisin.  Adémar de Bettancourt s’en chargea :
 
Tu dors ?
 
Non ! Je réfléchis !
 
Je te connais mieux que quiconque, ma chérie… Eli et moi, on s’inquiète…  
 
Pas tant que moi ! Il est des pages que l’on doit tourner, des livres à finir…  
 
Tu veux que je lui parle ? Les hommes, parfois, sont…
 
Devant son refus, Adémar enfonça sa casquette en soupirant avant d’entamer un roupillon.   
Barcelone !
On visita, commenta cathédrale et port puis rentra à bord pour dîner.
Max eut l’air outragé de la tenue qu’elle arbora en sortant de la petite salle de bains :
 
… quoi ? Qu’est-ce que tu lui reproches à cette robe ? … contente que tu le remarques ! Je l’ai déjà mise au moins trois fois ! *idiot !*
 
Les mets étaient exquis. Pas à dire, Percy savait recevoir. Elégant, disert, il voulait les combler tous et toutes.  Parties de cartes entrecoupées de danses déjantées. Marrant de voir comment certains pouvaient s’amuser sur ces rythmes fous.  Bien sûr, Max ne participa en rien sauf à une politesse guindée.  Tôt, il décréta vouloir aller dormir. On ne le retint pas.  Peu à peu, tous se retirèrent du pont.  Ysaline se croyait seule, appuyée à la rambarde, elle regardait les flots sans les voir.  Des doigts lui effleurèrent l’épaule dénudée, elle sursauta :
 
Ah, Percy, c’est vous ?  

 
Votre déception me navre, très chère.  Allez, ne soyez pas triste. Je serai toujours là pour vous ! Là, là…   
 
Il l’attira contre lui, et la berça comme l’enfant perdue qu’elle était.  
Ça faisait du bien de sentir quelqu’un de si fort, de compréhensif, d’attentionné la bercer ainsi.  
Une exclamation outragée les fit se décoller. Mugissant, accusateur : Max.
Chevaleresque, Percy déplaça Ysaline dans son dos et fit front :
 
Baissez votre truc, Max !

 
L’autre aboya des imprécations à frémir. Percy rigola :
 
MA femme… La mère de VOS enfants !...  Pourquoi pas VOTRE chose, tant qu’à faire ?  Vous êtes aveugle Max ! Vous réagissez comme un taureau furieux au sortir de son box, un animal qui ne voit qu’un chiffon rouge s’agiter sous son nez quand la lumière vient.  

 
Mon chéri, calme-toi, c’est pas du tout ce que tu…
 
Ysaline chérie, laissez-moi terminer.  Max, permettez-moi de vous dire que vous êtes un idiot fini. Vous possédez un trésor mais comme tout avare qui se respecte, au bout d’un moment, à part compter les pièces d’or vous ne les voyez même plus. Il serait temps d’ouvrir grand les yeux ! Cette adorable créature est fatiguée d’avoir tant sur le dos ! Maintenant, si vous le permettez, je vous laisse en tête-à-tête, mon amant m’attend… Comment ? Vous ignoriez que je suis gay ? Elle est bonne, celle-là !  Bonne fin de soirée !
 
Percy s’éloigna en rigolant…
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Message par Max Von Falkenberg Ven Sep 05 2014, 14:02

…mais oui, avec toi, évidemment !
 
Quel généreux détail !  On l’avait invité aussi. Max aurait pu prendre le parti de rire, faire comme si rien, accepter tranquillement et avoir la suite en paix…mais non ! Ça lui resta coincé en travers la gorge, et lui ruina tout essai de bonne humeur.
 
Super ! Parce que maintenant tu as le temps  pour faire des croisières…*Mais pas pour faire une promenade avec moi et nos enfants !*…Peux pas y aller, moi ! *C’est ça, joue les irréductibles !* Alex rentre pour les grandes vacances !
 
Au moins on ne pourrait pas lui reprocher de ne pas s’occuper de son fils, sauf que son prétexte, si louable, ne servit à rien.
 
Je vois que tu n’as pas lu son dernier hibou, toi…
 
Ben non ! Il n’avait rien lu, ne savait même pas que son fils en avait envoyé un pour communiquer un changement de plans pour le début de ses vacances : il partait en Italie avec un camarade de classe.
 
Bravo…tu pensais me le dire quand ? Ah, et tu as même pris des renseignements sur les Visconti…On en parlait, avant, des choses importantes…enfin !...De toute façon, sais pas si je pourrai y aller…, et de chercher désespérément tout bon prétexte pour échapper à la fichue corvée sans en trouver de trop valables, force fut de s’avouer vaincu et accepter, très à contre cœur, la fameuse invitation.
 
En d’autres circonstances Max aurait été ravi avec l’idée. Une balade en mer, du temps libre avec son Ysaline...sauf qu’il n’y avait pas que son Ysaline, en fait, il y avait du monde à part l’incontournable Percy et son sourire ravi. Ses beaux-parents étaient de la partie, cela aurait dû rasséréner  son humeur, mais il était au grincheux fixe et pas près d’en démordre. S’il y avait quelque chose qui mettait Max dans tous ses états c’était bien se laisser manipuler, or là ça y ressemblait fort.
 
*Qu’on me pende si je comprends Ysaline…à quoi vient tout ce numéro ?*
 
Ça avait commencé avec sa mal fichue idée d’aller en Afrique, au lieu de rester à bosser gentiment à la Clinique. C’est vrai que cela avait été un acte d’égoïsme mais à son avis Ysaline aurait pu dire tranquillement ce qu’elle pensait alors.
 
*Pourquoi les femmes attendent qu’on devine ce qu’elles pensent ?*
 
Celui-là était un des grands mystères de la Création.  Les femmes sont des créatures dont on ne peut jamais prévoir les réactions. Imprévisibles et caractérielles, elles vont par-là, sûres que les hommes doivent, à tout prix, développer des aptitudes de divination  et être prêts à exaucer leurs plus chers désirs avant même qu’elles ne les expriment. Jusque-là Max avait pensé que sa femme adorée était satisfaite de sa vie. De leur vie. Après tout cela faisait plus de dix ans qu’ils trimaient ensemble pour maintenir intact leur bonheur. Ils partageaient les mêmes idéaux, s’entendaient à merveille, avaient une belle famille, quand le moment de changer de vie était venu, il avait suivi le mouvement et fait en conséquence pour que tout se passe le mieux possible. Ysaline avait sa Clinique, réalisait son rêve et lui était heureux de la voir réalisée. Mais apparemment, ce n’était pas suffisant.
Merci le zigoto de service, Ysaline avait eu la révélation finale. Elle semblait avoir découvert que sa vie auprès de lui était aride, plate, dénuée de petits détails subtils et charmants. En d’autres mots, qu’il était un égocentrique imbuvable qui ne pensait qu’à son petit confort, le tout sans doute aromatisé de cent et un défauts inadmissibles dont lui, bien entendu, ignorait l’existence.
Et, logiquement, Lors Percival Stratton personnifiait la perfection. Impossible autrement. Le cher homme avait un don : il savait flatter une femme. Et comment ! Fleurs, attentions délicates, invitations à tout go, faisant d’Ysaline la reine incontestée, admirée, adulée. De quoi avoir un regain d’assurance, d’aplomb ! Suffisait de la voir, rayonnante, plus belle que jamais…
 
Bienvenue à bord !, souhaitait leur hôte en baisant la main de Madame, adressant à Monsieur un de ces sourires resplendissants qui auraient fait le bonheur d’une pub de dentifrice, magnifique que vous vous joigniez à nous, Max !
 
*Comme si j’avais le choix !*
 
On passa aux présentations. Adémar et Maria Eli semblaient ravis de se trouver là, tout comme les autres auxquels Max prêta à peine une attention polie. Leur cabine était parfaite, luxe bon goût bon ton, avec des fleurs pour Madame.
 
Il se prive de rien, ton copain !...*C’est ça, grogne un peu plus pour faire ambiance !*
 
C’était stupide mais plus fort que lui. Max se sentait dupé, trompé presque, mené par le bout du nez, forcé à frayer avec ces échantillons d’une société volontiers évitée.
 
Tu n’es pas content ou c’est mon idée ?
, s’enquit María Eli en s’accoudant au bastingage à côté de lui, qu’est-ce qui se passe, Max ?
 
Rien !, et de lancer un regard de biais vers le groupe animé dont sa chérie était le centre resplendissant, suis pas une bête sociale, c’est tout !
 
Maria Eli se permit un petit sourire compatissant.
 
Ma petite Ysaline a besoin, de temps à autre de changer de décor…d’être entourée d’autres gens.
 
On dirait, oui !, grommela t’il, rogue.
 
Elle a dû faire front à tant de problèmes alors que toi…

 
Pas nécessaire d’énoncer mes manquements, dernièrement tout le monde s’en fait un devoir, de me les rappeler !...Excusez-moi, Maria-Eli…suis pas bonne compagnie en ce moment !
 
Et avant qu’elle puisse placer un mot de plus, il s’était éloigné chercher un coin solitaire où ruminer en paix.
Le magnifique yacht  avait mis le cap vers les côtes espagnoles. Le temps était au beau fixe, la mer d’un calme incomparable, l’ambiance à bord à la fête.  Tous semblaient décidés à tirer le meilleur parti du voyage et s’amusaient en conséquence, sans faire attention  aux humeurs de Max. Les bonnes manières inculquées et tant rabâchées servant de quelque chose, il parvint néanmoins à se comporter avec un minimum de civilité sans plus.
Le déjeuner fini chacun s’en alla vaquer par là. Ysaline avait pris place dans un transat, livrant sa plastique parfaite au soleil et aux regards admiratifs, qui ne manquaient pas. Max songeait à la rejoindre mais Adémar le devança.
Agacé, il alla contempler la mer si bleue  du côté opposé du  pont.
Barcelone est une ville fascinante, de grande richesse historique et culturelle. On s’y égaya allègrement disposés à découvrir un maximum des beautés locales en un minimum de temps. Max fit un effort et essaya de s’intéresser mais le cœur n’y était pas, de toute façon Ysaline semblait se débrouiller parfaitement sans lui et se laissait guider et informer par son chevalier servant de prédilection. Il lutta contre l’envie d’aller se perdre dans une des ruelles du quartier gothique et trasplaner de retour chez lui.
 
*Que diable veut-elle ?...Me rendre fou ?*
 
En tout cas, elle était près d’y réussir. Il saisit une chose, elle interprétait à son aise et c’était presque parti pour la discussion. Adémar jurait par tous les saints qu’Ysaline l’aimait, Maria Eli confirmait en ajoutant qu’elle avait besoin de lui, Ysaline dansait avec Percy et s’en donnait à cœur-joie. Ysaline jouait aux cartes et riait. Il annonçait aller se coucher…elle rigolait, sans même le regarder.
 
*Ben oui, c’est clair…elle est folle de toi !...T’es en retard, mon pote, c’est la nouvelle mode pour faire sentir un mari à l’aise dans sa peau*
 
Dormir. Max aurait bien voulu pouvoir le faire. Il y en a qui boivent pour passer les mauvais moments, ça ne lui passa même pas par l’esprit. Au lieu de ça, il resta là, dans le noir, à se faire du mouron en se demandant si sa femme chérie pensait à finir la fête et venir le rejoindre. Mais les heures passaient, les échos des conversations et rires finirent par s’éteindre et…rien.  Max finit par se décider à aller voir…et pour voir…il vit !
Ysaline tendrement enlacée par un Lord Stratton sublime de douceur et compréhension.
 
Génial…ça entre dans vos prestations comme hôte parfait ?, c’était un grondement d’ours.
 
À quoi avait-il pensé en prenant sa baguette ?...Ah oui, supposant trouver sa belle triste et solitaire, il avait tout bêtement envisagé l’emmener faire un tour pour enfin pouvoir parler sans interruptions…mais évidemment,  la bonne intention tombait à l’eau.
 
Baissez votre truc, Max !
 
Allez-vous faire foutre…, et autres aménités en allemand langue qui a la grâce de donner à un simple bonjour des sonorités agressives, il va sans dire qu’il ne le traitait pas précisément des meilleurs noms.
 
Et l’autre de rigoler en lui larguant un petit discours où, pour résumer, il jouait le rôle de plouc à part entière.
 
Mon chéri, calme-toi, c’est pas du tout ce que tu… , intervint Ysaline mais Percy ne lui laissa pas le loisir de finir sa phrase et exposa les faits, à sa façon. Max ne retint que l’essentiel , en écumant, cela va de soi, de rage rentrée.

Cette adorable créature est fatiguée d’avoir tant sur le dos ! Maintenant, si vous le permettez, je vous laisse en tête-à-tête, mon amant m’attend… Vous ignoriez que je suis gay ? Elle est bonne, celle-là !  Bonne fin de soirée !, et de s’en aller en riant. Max prit sur lui pour ne pas lui envoyer un sort cuisant.
 
Ysaline s’était appuyée au bastingage et regardait rêveusement les lumières de la ville au loin.
 
Ce qui me manquait, grommela Max, un PD imbu de sagesse…Je…je venais te chercher, c’est tout et m’attendais pas à cette scène si  édifiante…et pour si jamais, son aveu manque de précision, là parce que ça l’arrange…en fait il est bi…ben figure-toi que moi aussi je sais utiliser le Net…
 
Petit silence réfléchi que Max finit par rompre.
 
Tu finiras par m’expliquer à quoi rime tout ça ?...Sais pas ce que tu as été raconter à cette bonne âme mais il est évident que je tiens haut le flambeau de l’Imbécilité…tu lui as livré la version romancée de tes misères ?
 
Bien sûr, comme entrée en matière on avait vu certainement mieux mais il avait lourd sur le cœur et n’était pas près de s’y prendre avec la douce diplomatie qu’on aurait pu désirer.
 
Pauvre petite Ysaline chérie…qui bosse comme une malade, qui n’a pas un instant pour soi…si bonne et dévouée jusque-là, c’est juste…mais tu lui as dit aussi que c’est comme ça parce que tu veux que ce soit ainsi ?...Que tu ne sais pas arrêter un instant ? Que tu es incapable de déléguer, de te laisser aider, comme si tu devais, à toi seule soutenir  toutes les responsabilités du monde ?...Que tu es si prise par le devoir que tu oublies parfois que tu as une famille ?...Que si on a pas pris un instant de vacances c’est parce que tu n’as pas le temps ou ne veux pas le trouver ?...Tu lui as pas dit ça, non ?
 

Accablé, il s’éloigna d’un pas et regarda la nuit, mais finit par retourner auprès d’elle et levant la main, lui caresser doucement la joue.
 
Seigneur, Ysaline…comment en sommes-nous  arrivés là ? Dis-moi…pourquoi tout ça ?...Si tu en avais marre…pourquoi ne pas me l’avoir dit ?...Tu me dis toujours ce que tu penses…ce que tu veux…et ça marche… ça marchait… enfin…je pensais que ça le faisait !...Je t’aime, tu le sais…au-delà de tout…pour toi je décrocherais la lune…mais je sais pas deviner…je rate des cases…tu me prends au dépourvu…Je sais que tu m’en veux d’être parti mais si tu ne le voulais pas, pourquoi ne pas me l’avoir dit ?...Et puis…tout ça…cette farce…ces gens…Je te vois si radieuse, comme pas depuis longtemps et je sens que je te perds…C’est ça, dis ?...C’est ça…Jolis mots, des fleurs, des attentions, de la compréhension totale…, il haussa les épaules avec une moue désenchantée, quand on s’est enfin mariés, je pensais que…tu m’aimais tel quel j’étais  tout comme je le faisais avec toi…j’ai pas songé à changer…Erreur ?...sans doute…les femmes se marient dans l’espoir de changer leurs maris et les mouler à leur façon…nous on est si basiques, qu’on se marie dans l’espoir de ne jamais voir changer notre femme…C’est ça, ton problème ?...Tu veux que je sois autrement ?...Dis-moi comment !...En attendant que tu trouves…ça te dirait d’aller faire un tour par là…celle-là est une ville qui a une fameuse vie nocturne…ce sera toujours  que rester là à ne savoir que se dire !
 
L’idée ne sembla pas lui déplaire, avant qu’elle ne change d’avis, il l’avait entraînée dans un trasplanage d’escorte qui les matérialisa sur la Rambla grouillante de gens. La vie nocturne à Barcelone  commençait tard et finissait tôt, le jour suivant. Il y en avait pour tous les goûts. L’Idée d’entrer dans une discothèque bruyante à se déhancher et rester sourds, ne les tentait pas. Il faisait bon rester dehors, à regarder les gens passer, installés dans une terrasse de café.
 
Ça fait longtemps…, il posa sa main sur la sienne et enlaça ses doigts aux siens, c’est tout bête qu’on ne trouve pas un instant pour ne rien faire…Oublier les problèmes…les autres…C’est si facile pourtant…enfin…ce devrait l’être, en tout cas…
 
Parler aurait été plus facile, encore mais peut-être le moment n’était pas venu. Leur conversation se remit aux faits divers : les enfants, les vacances d’Alex, le sang de vampire, les uns, les autres…
Il était très tard, ou très tôt, au choix, quand ils retournèrent au yacht. Celle-là avait été une soirée singulière, minée de silences, de mots coincés en travers la gorge, d’aveux non faits, de vérités imminentes que Dieu sait quelle crainte avait tues.
 
Non, je ne reste pas…cela n’a aucun sens…tu as besoin de ta paix…quand tu sauras à quoi t’en tenir, mon Ysaline, tu sais où me trouver…Je t’aime !
 

Personne n’osa faire de commentaire quand Max se présenta chez lui, ce matin-là. Il n’était même pas de mauvaise humeur, juste silencieux et triste mais se trouvant suffisamment d’esprit  pour jouer avec ses enfants, avant que Mlle. Dupré ne décide autrement, après quoi, il se rendit à la Clinique, pour s’adonner consciencieusement au travail, comme si rien ne se passait.
Il attendait, tout simplement…la peur chevillée à l’âme !
 
*Et si elle ne revient pas ?*
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Message par Ysaline de Bettancourt Sam Sep 06 2014, 06:53

Navrée, elle regarda son époux prêt à démolir Percy pour un geste aussi fraternel que dénué de sous-entendus. Ensuite, elle s’était détournée pour contempler les lumières de cette ville espagnole si riche d’Histoire. Depuis le début, elle n’avait pas adhéré au plan de Percy, se fâchant même quasi avec lui lorsque les bouquets de fleurs affluèrent :
 
C’est flatteur mais cessez ce jeu stupide et méchant, s’il vous plait !  
 
Allons, une si jolie femme se doit d’être comblée ! Laissez-moi contribuer à votre bonheur, ma chérie.
 
Quand comprendrez-vous que mon bonheur passe par celui de Max ? Et là, il est furieux, je le sais !  

Vous êtes suicidaire, Percy ?
 
Loin de moi cette idée mais je ne supporte pas de voir la beauté se faner sans qu’on la remarque ! Regardez ces orchidées, elles resplendissent aujourd’hui et, demain, finiront à la poubelle…
 
La comparaison l’avait fait marrer car Lord Stratton était à cent lieues de la vérité. Elle et Max vieilliraient ensemble, c’était écrit quelque part.  Leur couple en avait déjà tant subi qu’une petite houle n’ajouterait que du sel ! Puis, s’ils se trouvaient trop ridés, avec ce qui se mijotait au labo pleins de jours fascinants les attendaient encore…  Sauf que Max l’évitait, et du coup elle aussi.  
La croisière destinée à les rapprocher tournait carrément au cauchemar, là.  Comme prévu, Max ne pigeait rien, pire : il se croyait ridiculisé.
 
*Vais passer un sale quart d’heure, mais bon…*
 
Des reproches, elle en attendait mais pas d’une telle ampleur.  
 
Ce qui me manquait, un PD imbu de sagesse…
 
Sois poli envers notre hôte ! Je te croyais endormi.
 
Je…je venais te chercher, c’est tout et m’attendais pas à cette scène si  édifiante…et pour si jamais, son aveu manque de précision, là parce que ça l’arrange…en fait il est bi…ben figure-toi que moi aussi je sais utiliser le Net…
 
*Ils ont des yeux et ne voient point !* Bi… quoi ? Bi zarre, bi scornu, bi don, bi céphale ? T’inquiète, je le sais aussi...

 
S’en suivit une diatribe injuste comme quoi elle se serait plainte à Percy de maux imaginaires :
 
… tu lui as dit aussi que c’est comme ça parce que tu veux que ce soit ainsi ?...Que tu ne sais pas arrêter un instant ? Que tu es incapable de déléguer, de te laisser aider, comme si tu devais, à toi seule soutenir  toutes les responsabilités du monde ?...Que tu es si prise par le devoir que tu oublies parfois que tu as une famille ?...Que si on a pas pris un instant de vacances c’est parce que tu n’as pas le temps ou ne veux pas le trouver ?...Tu lui as pas dit ça, non ?
 
Oh le coup bas !  Ça lui fit un mal de chien et elle eut toutes les peines du monde à conserver un calme apparent. Devina-t-il avoir dépassé les bornes ? Il tenta de se rattraper tandis qu’elle serrait les dents. Elle écouta sans en piper une le reste de sa défense, enregistrant chaque mot, les analysant un à un. Caresse sur la joue, crispation. Désir de balade… bof, pourquoi pas.  
On n’évoqua que les sujets banals… Ysaline se sentait mal.  Jamais elle n’avait souhaité en arriver à ce point de pré rupture.  Max était jaloux, déçu, avait tout faux… et elle réfléchissait.
Ils rentrèrent au bateau, pour signifier :
 
…tu as besoin de ta paix…quand tu sauras à quoi t’en tenir, mon Ysaline, tu sais où me trouver…Je t’aime !
 
Pas de protestation, elle resta fermée.  
Allez demander à une hyperactive de se reposer après tant de soucis, vous en verrez les résultats. À Miami, l’heure était presque convenable lorsqu’Ysaline débarqua chez la très douée Psychiatre Lavinia Dexter.          
 
Je rentre tout juste d’un cocktail Ysaline ! Mais, vu ta tête… assieds-toi. Tu veux un verre ?
 
Un de plus, un de moins, Mrs. Von Falkenberg but et déballa ses tracas. Lavinia connaissait parfaitement Ysaline, petit oiseau brisé qu’elle avait aidé à revoler après de terribles épreuves. Sur le coup, elle craignit une rechute mais, au fil du récit, elle ne put qu’interrompre sa patiente :
 
… somme toute, tu l’aimes toujours et il t’aime encore, non ?
 
Ben, je crois, oui... enfin, pour moi je suis sûre mais…

Là, Lavinia partit d’un grand éclat de rire, à en pleurer.  
 
Excuse-moi, excuse-moi ma chérie mais c’est plus fort que moi ! Te vexe pas ! Entre toi et Max, ce n’est qu’un grand, que dis-je, un immense quiproquo !
 
AH ??? Qu’est-ce que je dois faire, alors ?
 
Elle tombait tellement des nues que Lavinia rigola de plus belle avant de compléter :
 
Laisse-le mijoter encore une paire d’heures puis, si tu veux toujours de lui, va le lui dire ! Là-dessus, bonne nuit ! Je t’enverrai mes honoraires pour consultation tardive.
 
Accompagnée dehors avec rire et clin d’œil, Ysaline se retrouva sur le yacht de lord Stratton.
Ils terminaient le petit déjeuner lorsqu’elle émergea décomposée par une longue insomnie, sur le pont, valise en main :
 
Vous nous excuserez Max et moi. Nous avons des trucs à régler…
 
Elle reçut divers encouragements, embrassades puis franchit la passerelle avant de créer un autre portoloin. Melle Dupré l’avertit sitôt arrivée :
 
Faudrait prévenir ! Monsieur est allé à la clinique et un hibou est venu entretemps.
 
Alex, évidemment ! Il désirait jouer les prolongations…
 
*Pas étonnant avec des parents pareils !*
 
Clinique Stillworth, vers midi.
 
Bonjour Dr. Von Falkenberg. On a justement besoin de vous pour…
 
M’en fous ! Trouvez un autre chirurgien.
 
Docteur, la patiente du pavillon 13 ne veut que vous pour…
 
M’en fous !
 
Vous avez un rendez-vous avec l’ambassadeur de…
 
Annulez tout jusqu’à nouvel ordre !
 
Sourde à toutes suppliques entravant la route tracée, elle déboula dans le bureau de son époux qu’elle isola immédiatement d’un assurdiato :
 
Bonjour, mon chéri ! Si tu as dormi, tant mieux… moi pas une seconde, merci !... Bien sûr que ma décision est prise *Idiot !!* Elle est ce qu’elle n’a jamais cessé d’être !!... TAIS-TOI ! Je t’ai écouté sans répliquer, à moi de causer maintenant !
 
Grandes inspirations, proches du halètement :
 
D’abord, sache que je ne me suis plainte de rien à Percy. Cette existence déjantée, nous l’avons voulue à deux ! Je l’ai sommé d’arrêter son jeu mais je dois avouer que te voir si jaloux a été... disons… satisfaisant. Que tu me reproches de ne faire aucun effort m’a sciée, abattue ! Tu voulais qu’on parle, non ? C’est ce que l’on fait… Hey, tu as eu le crachoir à Barcelone, alors c’est mon tour ! Moi d’abord, toi après, s’il te plait.  Crois-tu que cette quatrième grossesse a été un plaisir ? C’est faux ! Attention, je ne dis pas que Chris me dérange, j’adore ce petit bonhomme et me damnerais pour lui au besoin mais ça m’a changée, c’est vrai… Si je dois reprendre tes arguments un à un sache que je n’ai jamais douté de toi à l’inverse de toi envers moi ! Me reprocher d’oublier avoir une famille alors que j’ai déménagé pour elle, me décarcasse pour elle est si… injuste… cruel…
 
Elle pleurait sans s’en rendre compte.
 
Puis tu es parti… non, non, je comprenais que tu aies besoin d’air ( air désespéré avant de redresser le menton) Je ne m’attendais pas à la tonne de soucis qui me sont tombés dessus, toi non plus, sûrement. Mais si tu voulais une pelle pour creuser suffisait d’en prendre une dans l’appentis, c’est pas le boulot qui manque chez nous ! Tu connais les dictons : faut cultiver son jardin ? Ou celui-là : charité bien ordonnée commence par soi-même ? Je n’ai jamais voulu te changer Max, jamais, je le jure. Moi, j’ai changé. Suis plus… sensible ou faible ou tu ce que tu voudras mais je ne désire RIEN D’AUTRE QUE TOI, NOM DE DIEU !  Maintenant, si tu veux rejoindre l’Afrique, bon vent ! Moi, je vais aller tirer les oreilles à Alex qui nous considère comme persona non grata. J’ai annulé tous mes rendez-vous pour une durée indéterminée.  Fais comme tu le sens ! La mauvaise mère qui dénigre sa famille te tire sa révérence !  
 
En larmes, elle fonça vers l’issue…  Qu’elle ne sut atteindre, retenue par une poigne de fer.
 
Laisse-moi partir !
 
Elle eut beau se débattre, griffer, l’emprise était totale d’autant que yeux dans yeux il s’échangea… tant d’aveux…  
Pauvre bureau ! Vive l’assurdiato !  Qui a envie de se réconcilier sur une table dure ? La concorde se poursuivit bien au confort de leur lit douillet.
 
Je t’aime à en mourir Max. Ne pars plus, plus jamais sans moi… Je vais essayer de freiner tout ça, je te promets… Aime-moi encore…  
 
Tiens, elle s’endormit avant le 3ème round… lui aussi.
 
Italie.
 
ALEEEX ! Une visite, viens !! Benvenuto signore, signora Von Falkenberg ! Alex arrive. Quel garçon charmant, si bien élevé…
 
Les époux, main dans la main, sourirent un peu crispés.  
Trois minutes plus tard, le temps d’être conviés à boire un café à tordre les tripes, leur aîné se présenta, désabusé devant l’évidence :
 
Ah… c’est vous…
 
Papa n’y alla pas par quatre chemins, exposant clairement les faits : Alex avait trois jours pour plier bagage, on l’attendrait à Tenerife où tous seraient réunis.
Trois jours de solitude, rien qu’à deux, que pour eux. Ysaline n’avait pas besoin de plus pour se ressourcer. Max davantage ?
Très prudemment, elle avança ses pions sur l’échiquier du futur lors d’un repas genre pique-nique de luxe sur plage :
 
Après Chris, je nous donnais onze ans pour réaliser nos rêves… Imbécile ! ( tape amicale au bras) je ne le regrette pas ! Je constate… Si tu le veux, ce sera plus tôt.  Rien ne m’importe d’autre que toi et nos enfants…  
 
On échafauda diverses stratégies afin de concilier les désirs de chacun. Ysaline ne voulait pas abandonner la clinique aux seules mains d’Erik Nielsen qui serait alors vite admis en psychiatrie. Créer un accord entre lui et Asimov, conditions expresses à la clé ? Tout quitter et les laisser se débrouiller ? Rien ne fut arrêté, le tout était de se parler en se prouvant l’amour partagé, ce grand amour qui ne faiblissait pas. Des regrets, chacun en exposa en réclamant le pardon de l’autre. Moments intenses ou tendres, leur union se resserra encore.    
Deux fillettes et un bébé leur furent amenés le lendemain.  Seulement… point d’Alex…  
Papa verdit, mauvais signe.
 
Attends ! Tu n’y vas pas seul, on y va tous. Nous sommes une famille, pas vrai ?
 
Leur beau et grand garçon, un peu plus musclé que l’an dernier, avait la peau bronzée de soleil. Il effectuait des cabrioles de fou sur un ponton avant d’en plonger devant le regard admiratif d’autres jeunes, éblouis, dont des filles.
Ysaline retint son époux d’une pression de doigts dans sa paume :
 
Tu es tombé amoureux pour la première fois à quel âge ?... Ah !, ben notre fils est précoce, alors…  
 
Pour un peu, ils en riaient.
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Message par Max Von Falkenberg Dim Sep 14 2014, 13:04

Au train où ça allait, c’était parti pour une sérieuse crise d’auto-compassion. Ressasser ses misères ne lui ressemblait pas trop mais là, il commençait à envisager le fait d’avoir le cœur en miettes.  Le souvenir, cuisant, de sa prestation, minable, des derniers jours, n’arrangeait rien. Max avait de plus en plus l’assurance de s’être comporté comme un tragique homme des cavernes, sans espoir de rémission, ce qui est plus. Il était jaloux et ne pouvait rien pour contrer ce sentiment d’amère défaite.
 
*Tu l’as perdue parce que tu es un con sans remède !*

 
Mais voilà qu’au beau milieu de ces réflexions guère encourageantes la porte s’ouvrait, Ysaline entrait et envoyait un Assourdiato énergique avant de venir se planter face à lui qui s’était levé comme mû par un ressort.
 
*T’es fini, mon pote !*
 
Ce n’était pas exactement le moment où l’amoureux transi peut se permettre le moindre espoir et Max avait, pour l’instant, perdu toute capacité d’optimisme.  Quoique comme entrée en matière, Ysaline lui sembla plutôt calme, faisant bien entendu abstraction du petit ton pointu employé pour dire bonjour, parler de son sommeil , manque du sien et annoncer avoir pris une décision.
 
Et…ce serait ?
, osa t’il, suicidaire, parce que tant qu’à faire, si la fin était proche au moins y aller avec un brin de dignité ou encore un peu plus de bêtise concentrée.
 
Elle est ce qu’elle n’a jamais cessé d’être !!
 
Et pour si jamais il aurait l’audace de risquer un mot, elle lui largua un TAIS-TOI implacable avant de se lancer dans l’énoncé de quelques vérités, aveux et reproches qu’il n’avait que trop mérités. Tout y passa, sans aucun tort, que du contraire. Elle avait gros sur le cœur, autant que lui apparemment. Au moins tira t’il au clair de ne jamais avoir été l’objet d’un doute alors que lui… Elle lui en voulait surtout d’avoir insinué d’oublier sa famille alors qu’il n’en était rien. Ouvrir la bouche dans l’intention d’en placer une lui valut un de ses regards qui lui chaviraient l’âme d’autant plus que les larmes s’y mêlaient, teintant ses mots de désespoir.
 
Je n’ai jamais voulu te changer Max, jamais, je le jure. Moi, j’ai changé. Suis plus… sensible ou faible ou tu ce que tu voudras mais je ne désire RIEN D’AUTRE QUE TOI, NOM DE DIEU !
 

Mauvais moment pour rester là, planté comme un navet, repassant en boucle ce dernier aveu. L’AVEU…le seul, celui dont avait besoin son cœur pour reprendre une sarabande folle et son esprit abattu pour voir la lumière au bout du tunnel, même si elle lui donnait à peu près carte blanche pour aller chercher son bonheur sous le soleil d’Afrique avant de faire demi-tour avec la tirade finale :
 
Fais comme tu le sens ! La mauvaise mère qui dénigre sa famille te tire sa révérence !
 
*Ah non ! Ça jamais !*  
 
C’était le moment rêvé de se montrer à la hauteur, c’est-à-dire  doux, repentant, affligé, n’importe quoi hormis cette détente de fauve pour lui sauter pratiquement dessus et l’agripper férocement du bras pour la retenir, ce qui, bien entendu, déclencha la réaction normale de proie traquée.

Laisse-moi partir !
 
Non…jamais…je ne te laisserai jamais partir, yeux dans les yeux livrant l’âme dans un regard, je t’aime trop pour supporter que tu t’éloignes…
 

Tiens, apparemment c’était juste ce qu’il fallait dire pour après l’embrasser comme l’affamé perpétuel d’elle qu’il était.  Certes, Ysaline n’accepta pas cela comme si rien et opposa une certaine résistance.  Rien de trop forcé comme pour l’interpréter comme un déni.
Dieu sait ce qu’il serait advenu de son élégant bureau si un éclat de bon sens complice n’avait croisé leurs esprits jugeant l’endroit peu convenable pour des ébats de réconciliation plutôt bruyants. Un gentil transplanage régla somptueusement l’affaire  et ils se retrouvèrent à l’abri de leur chambre, chez eux, loin de toute ouïe indiscrète, quittes à libérer toutes les tensions endiguées.
Ysaline, son début et fin. Sans elle, rien n’avait de signification. Lui décrocher la lune ou descendre en enfer, cela revenait du tout au même, pour elle Max vouait sa vie, vendait son âme, oubliait les amertumes et inventait des nouveaux bonheurs.  Elle était tout et sans elle, il n’était rien. Et le plus merveilleux de tout est qu’elle semblait avoir les mêmes idées vis-à-vis de lui.
 
Je t’aime à en mourir Max. Ne pars plus, plus jamais sans moi.
 
Je n’irai nulle part sans toi…mais la prochaine fois, ma douce, on se passe de médiateurs, ok ?...Il  faut juste que tu me dises ce que tu veux et je le ferai…je le promets…je le jure, si tu veux !
 
Promesses et amour. Amour et promesses. Rien qu’eux, personne d’autre, même leurs enfants et encore moins le reste du monde ne comptait. Seul importait cet amour  si fusionnel et unique, le leur. Sentiment énorme et total qui faisait les tenants et aboutissants de leurs vies. S’aimer était leur priorité absolue…mais bien sûr, il faut quand même songer à prendre du repos et être prêts à affronter un monde qui ne s’arrêterait pas de tourner pour autant.
Karl et Rose s’abstinrent de tout commentaire et agréèrent en toute joie de cœur de veiller sur les filles et Chris alors que les parents, si merveilleusement réconciliés (sans s’être jamais vraiment disputés !) s’en allaient quérir leur aîné sous le soleil de la Toscane.
Alex démontrait, encore et toujours, malgré tous les essais d’amendement, être une forte tête prêt à imposer son bon vouloir. Le Petit avait de qui tenir un pareil caractère,  ni Max ni Ysaline n’avaient été un exemple de vertus et obéissance.
 
Au moins, on peut pas dire qu’il sait pas choisir ses amis...Oui, j’ai entendu parler d’eux…grandes affaires, art, philanthropie…enfin, positif, quoi…
 
La villa était somptueuse, les alentours de rêve, le ciel d’un azur magnifique, le tout digne d’un tableau de maître ou plus prosaïquement aux dires de Max, d’une belle carte postale. À peine sur le pas de la porte, ils furent reconnus, jaugés et répertoriés dignement vu le sourire d’accueil de la belle femme qui leur avait ouvert la porte. La Signora Visconti, qui était aussi anglaise que le thé de cinq heures, aimait prendre des poses couleur locale, on ne lui en tint pas rigueur. Alex tardait. On avait déjà fait un tel panégyrique de ses vertus que ses parents avaient un peu de mal à penser qu’il s’agissait du même gosse. Pourtant, c’était bien lui. Plus grand qu’à Noël, l’œil défiant, la moue arrogante.
 
Ah… c’est vous…
 
Tu attendais qui ? Le pape ?, gronda Max perdant son petit air angélique, ça fait trois quarts d’heure qu’on t’a appelé et toi, tu poireautes par là. Mauvaise tactique, petit, tu devrais pourtant savoir comment ça se passe, hein ? On va faire gentil, pour cette fois, dans trois jours, ni plus ni moins, tu te présenteras à Ténériffe.
 

Pourquoi là ?...Si c’est pas la maison…peux rester ici, c’est du tout…
 
Eh bien non, tu iras là où ta famille sera, un point c’est tout, et je ne veux entendre aucune proteste !
 
Il n’en entendit aucune mais la gueule tirée par le gamin valait trois discours. Ignorant son aîné récalcitrant Max chercha  un  interlocuteur adulte et responsable pour faire part des consignes à suivre
Dès qu’Ysaline avait énoncé son souhait de se rendre aux Canaries, à Ténériffe en spécial, sans dire pourquoi, Max avait mis en branle-bas toute sa créativité pour assurer que ce séjour soit inoubliable. L’endroit était idéal. Leur villa avait vue sur la mer, sa petite plage privée, piscine et autres petits privilèges dont il sut tirer le meilleur profit. Il ne lésina pas le moindre détail et sans doute, pour la première fois de sa vie, sans l’incomparable aide de son pote Lev, fut capable de donner l’impression d’avoir pigé ce qu’était le romantisme de bon aloi. Et Ysaline semblait ravie.
 
*Alors tout va bien !*
 
Après 12 ans, dont deux perdus dans un cauchemar sans nom et 10 depuis leur mariage presque à la hâte pour garder Sophie, ils n’avaient pas eu droit à un temps rien que pour eux. Leur vie avait été teintée de sursauts, amertumes, problèmes de toute sorte, de bonheurs intenses aussi à la naissance de leurs enfants mais ils avaient été toujours à courir après quelque chose, à surmonter des épreuves…
 
Et on s’en est sortis…à chaque fois, ma douce…mais là, il faut faire quelque chose…sans doute qu’on prend de l’âge et qu’il faut se ménager…hey ! Ai pas dit que tu sois vieille…tu es parfaite mais…Ok, on n’est pas vieux mais on devient sélectifs, c’est ça !?...Enfin, on était habitués à autre chose…Sois sincère, mon cœur…ça ne te manque pas un peu…cette vie ?
 

Nichée au creux de ses bras, face à la mer et le soleil couchant, elle parla de ses pensées.
 
Après Chris, je nous donnais onze ans pour réaliser nos rêves…
 
Il ralentit tout ?...Tu ne…
 
Imbécile ! ( tape amicale au bras) je ne le regrette pas ! Je constate… Si tu le veux, ce sera plus tôt.  Rien ne m’importe d’autre que toi et nos enfants…
 
Ysaline…ce sera comme tu le voudras…tu es ma priorité, la seule…bien sûr que je pense à nos enfants…mais eux, ils vont bien…c’est toi, ma chérie, que je veux rendre heureuse, si tu ne l’es pas…aucun de nous ne pourra l’être…tu es mon tout…et le tout de nos mioches…faut juste parvenir au juste équilibre pour que tout marche sur des roulettes…
 
C’est exactement comme vouloir réussir un soufflé sans avoir trop idée de comment s’y prendre. Bénie soit la brise du crépuscule, la lueur des étoiles, le rythme soyeux de la mer…Ils parlèrent comme jamais auparavant. Décortiquèrent leurs carences et leurs envies, explorèrent les pour et les contre  de ce tout si exigeant qui  avait été à point de les engloutir. Lâcher tout, se laver les mains et filer ne leur ressemblait guère, ils n’étaient pas du genre à abandonner une entreprise prometteuse parce qu’elle demandait trop d’efforts.
 
Faudra trouver cette concordance avec Asimov, un type plein de bonnes qualités et bon sens, pas que je crois Erik incapable, mais celui-là, il risque de griller un circuit si on ne fait pas gaffe,  cette remarque leur sembla si faite à mesure pour eux qu’ils ne purent qu’en rire en s’embrassant comme de fous, tu sais, mon amour…on y arrivera, comme toujours…tu mets de ta part, moi de la mienne…le reste de la sienne et ça devrait marcher, crois-moi !
 
Et il avait déjà sa petite idée à ce respect, l’en convaincre ne prit pas longtemps, elle avait les mêmes besoins que lui. La routine lassante de ces jours réglés comme horlogerie suisse les minaient à petit feu, engloutissaient non seulement leurs rêves mais aussi leur énergie.
 
On ne va rien laisser tomber…on va déléguer, pas facile mais on y arrive…on vient de le faire et je t’assure que le monde n’est pas fini pour autant…On va prendre des vacances…oui, ma douce, des vacances, on va tout lâcher  et on va partir, toi et moi…par là…juste les deux…Je t’aime trop pour laisser que ce qu’on a entrepris nous bouffe, nous saigne et nous achève…tu es mon tout, mon début, ma fin…et dire que tout a commencé avec des mouchettes…
 
Et des terroristes et une suite folle dont ils ne voulaient plus s’en souvenir.
Mais la perfection est toujours de courte durée. Comme prévu, Mlle. Dupré, pincée comme toujours arriva avec les filles et Chris mais Alex semblait toujours vouloir affirmer sa volonté et ne pointa pas son nez.  Pour Max, les choses n’allaient pas par quatre chemins et sans Ysaline, il se serait présenté tout seul à la Villa Visconti et aurait réglé l’affaire en un temps deux mouvements, ce qui n’aurait été la joie pour personne.
 
Son fils aîné, tout blond, tout beau, tout doré de soleil, faisait le pitre, avec grand succès d’ailleurs, face à un parterre nourri d’admirateurs, dont quelques filles pâmées de tant que charme en branle-bas de combat.
 
Non mais, il se prend pour qui celui-là !, gronda Max, prêt à foncer et couper court la parade.
 
Tu es tombé amoureux pour la première fois à quel âge ?,  s’enquit Ysaline en le retenant.
 
Euh…sais pas…14 ans…
 
Ah !, ben notre fils est précoce, alors…  

Ce qui lui manquait : un Casanova de 12 ans jouant les irréductibles et n’en faisant qu’à sa tête.
 
Ben tant pis pour lui, précoce ou pas, il rentre avec nous. C’est dit, c’est fait !
 
Sans doute pas dans le meilleur style Papa conciliant, se fichant un peu des simagrées des Visconti et de la gueule tirée par le Valentino de service, Max mit les pendules à l’heure et ils rentrèrent tous à Ténériffe  pour le reste des vacances à la mer. Alex eut droit à un sermon mémorable qui fit presque trembler les murs dont il ressortit tête basse mais pas convaincu pour autant. Qui l’est à 12 ans ? Les vacances se poursuivirent quelques jours dans une harmonie parfaite, sauf la gueule du râleur en fonction.
La routine leur tomba dessus, impitoyable. Leur absence avait causé des chamboulements divers et il fallait remettre le tout en ordre.  L’association avec Ste. Mangouste fut un fait plus vite que prévu, les deux parts n’avaient qu’à gagner avec cette alliance. Une petite cérémonie très solennelle scella la décision et on sentit de suite la tension céder d’un cran puis de deux.
On envoya Erik en vacances, ce qu’il n’agréa  pas trop mais Opal s’en déclara ravie et avant que son mari ne puisse en placer une, la famille Nielsen était aux Antipodes.
 
Comme ça, il reviendra en forme, sans qu’on craigne qu’il ne pète un câble…Asimov assume parfaitement,  on a engagé plus de personnel et tout tourne aussi rond que voulu…tu peux lâcher aussi, ma chérie…
 
Il avait beau faire, s’échiner à aplanir toute embûche ou problème, Ysaline agréait, semblait heureuse mais il devinait qu’au fond,  rien n’allait exactement comme souhaité. Elle lui semblait absente par moments, donnant l’impression de voguer au-delà de tout.  Ils étaient plus proches l’un de l’autre que jamais  et pourtant…
Lavinia Dexter ne sembla pas surprise en le voyant se pointer à sa consultation. Il parla et elle écouta pour finalement entrecroiser les doigts en  hochant la tête, comme qui a tout compris.
 
Oui, Ysaline est venue me voir, tu te doutes bien de quand…Non, Max, elle ne t’en veut pas…elle s’en veut elle-même et a peur…
 
Mais de quoi, bon sang ?...Tout va bien…
 
Oui, tout baigne, dit Lavinia avec un sourire en coin, tu as tout fait pour que ça aille ainsi…écoute, Max, les femmes sommes des êtres compliqués, capables de nous faire tout un film dans nos têtes…et bien ta femme n’est pas l’exception. Je dois dire que cette faiblesse de sa part m’a prise de court, cela ne ressemble pas trop à l’Ysaline qu’on connait…mais c’est un fait, sa dernière grossesse l’a affectée, pas dans le mauvais sens, elle est ravie avec Chris...mais ça l’a rendue plus sensible, plus fragile…ce qu’elle n’avait jamais été…et encore plus dépendante de toi…et c’est là que réside sa crainte…quelque part, au fond d'elle-même, Ysaline a peur de te perdre…et que tu fiches le camp et ailles creuser des puits en Afrique…lui a fichu la trouille…
 
Mais…c’est débile…je l’aime plus que tout…
 
Max, mon vieux, je sais que cela ne ressemble pas trop au conseil d’un psy…et ce sera vrai, c’est en amie que je te parle…Ysaline a plus que jamais besoin d’une affirmation absolue…je sais que tu es le moins romantique des hommes mais il faudra faire des efforts…c’est une crise, elle surmontera, mais en ce moment…cette fragilité la déconcerte...et c’est à toi de la rassurer !

Merci du conseil ! Au revoir ! À plus ! Max rentra chez lui sans savoir à quel saint se vouer. Profitant de leur retour son père et sa nouvelle épouse avaient pris le large, question, eux aussi, de se changer les idées, donc pas de conseiller à la main. Inconcevable de demander son avis à Lev, celui-ci lui sortirait des idées  à tomber à la renverse et décidément il n’avait pas encore trop confiance comme pour aller quérir conseil  chez ses copains les justiciers.
Entre temps, et comme cela ne pouvait pas manquer, s’ajoutèrent d’autres misères, à part les premières dents de Chris  et le rapatriement, triste mais nécessaire, de Pete et Pepe qui s’acclimataient mal dans la grisaille du coin. Mais cela n’était rien comparé à la commotion que provoqua l’infarctus de Justin Davenport au baptême de sa fille et les suites, inattendues et nullement souhaitées dues à certains aveux faits par la très belle Lady Davenport à ses amies les plus proches…Ysaline entre elles.
Il avait été exemplaire, suivant, faute de bons conseils, sa propre intuition (oui, il en avait quand  même !) et fait en sorte pour que sa femme adorée se sente choyée comme une reine, ce qu’elle était pour lui. Max faisait des efforts, pas à dire…et Ysaline s’en amusait, il l’aurait juré mais aimait par-dessus tut retrouver cette étincelle malicieuse au fond de son regard de velours.  Des fleurs ? Pourquoi pas ? Au risque de tomber dans le générique des romantiques perclus d’amour, ce qui était bien le cas, il emmenait Chérie dîner dehors, proposait des escapades inédites ou simplement lui apportait le petit déjeuner au lit, si la chance lui souriait et elle y était encore quand il avait le plateau prêt.
Et voilà qu’au beau milieu de ces réjouissances, somme toute très agréables, Ysaline s’absentait de temps à autre sans trop d’explications. Max s’efforçait pour ne pas retomber dans le schéma du jaloux stupide et sans remède, s’abstenant de la suivre ou poser des questions trop pointues.  Et cela jusqu’à découvrir qu’il n’était pas le seul à endurer les même affres. En fait, ils faisaient presque foule à se poser des questions. Michael, Justin, John et Erik vivaient dans les mêmes conditions…
 
Mais qu’est-ce qu’elles font ?
 
La réponse vint presque toute seule quand ils apprirent, chacun par des voies détournées, l’existence d’une certaine vélane nommée Pandora  qui n’étant autre que la mère de Lady Samantha Davenport était pleine de douteuses intentions…
 
Ma chérie…serait-ce possible que tu sois mêlée à une chasse à la vélane ?
 
Il suffit d’un seul regard pour en savoir plus qu’avec  une explication à rallonge.
 
*Yeah, super…et moi qui allais lui demander d’aller tous les deux prendre le soleil aux Maldives !*
 
Comme quoi…
Max Von Falkenberg
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Message par Ysaline de Bettancourt Ven Sep 19 2014, 18:59

Harmonie, paix ? C’est beau l’espoir !
 
Je n’irai nulle part sans toi…mais la prochaine fois, ma douce, on se passe de médiateurs, ok ?...Il  faut juste que tu me dises ce que tu veux et je le ferai…je le promets…je le jure, si tu veux !
 
Elle le savait. S’il était au monde un seul individu en qui elle pouvait confier sa vie, c’était Max !!Parfois les rouages de l’assemblage grinçaient mais, indéfectiblement, la marée les ramenait l’un vers l’autre, l’un à l’autre.    
 
 …faut juste parvenir au juste équilibre pour que tout marche sur des roulettes…
 
Oh la bonne colle !   
Le principe, elle le mijotait depuis un moment. L’appliquer était autre chose.  
Rapatrier quasi de force Alex fut un poème dont elle se serait volontiers passée.  Elle laissa son père gérer ça, elle avait un autre souci. Seconde fausse couche en huit mois.  Ce n’était plus tolérable. À croire que depuis Chris ses hormones avaient débordé, atteint des sommets, mais ni corps ni mental ne suivaient.
Lasse, lasse… les contraceptifs oraux ne servaient à rien et elle n’allait pas demander à Max qui ne pigerait pas ce changement radical de porter des préservatifs.  
La fusion avec Ste Mangouste devint plus qu’effective et tous y trouveraient leur compte.
 
Un curetage de plus ? Ysaline, c’est pas…
 
Viable, je sais. Dr Mayhew opérez…
 
Il allait falloir en parler à Max, le plus tôt serait le mieux.  Mais… il était si… désarmant. Elle qui n’avait reçu que 2, peut-être trois bouquets de fleurs et deux bagues en douze ans se retrouvait câlinée, chouchoutée comme jamais. Elle n’attendait pas cela mais, pas à dire, adorait ces attentions charmantes, ces efforts.  Ils avaient tant traversé… Parfois, lorsqu’elle parvenait à dormir, des cauchemars la hantaient. Ramon… Merci Karl d’avoir supprimé cette vermine qui avait… avait… Et puis ça, et ça, et ça… Déléguer n’était pas facile mais devenu nécessité.  
 
Moment heureux qu’un baptême. Pourquoi père et mère étaient-ils si inquiets ?
 
ON L’EMMÈNE !
 
Elle devenait folle. Pas Justin, pas lui, pas maintenant. Cette chienne de vie n’avait donc aucun sens ?
 
Erik, tu m’assistes. Oh, merde, on le perd. JUSTIN !!!
 
Le massage externe ne donnait rien. Grave décision :
 
On l’ouvre !
 
 15 minutes de trouille à masser un cœur ami, tenter de le réparer, qu’il batte simplement, naturellement. Elle n’avait voulu que du personnel sorcier autour d’eux, et quand le scope annonça le retour, elle faillit pleurer pour de bon.  
Les traces de l’intervention s’effacèrent comme si rien. Le patient, lui, savait. Comment ? Allez savoir.  La vie reprit son cours et Max ses attentions si délicates.  
Elle avait réussi à se libérer deux jours dans la semaine sauf rappel urgentissime. Et IL était là, affectueux, la comblant, comme – finalement – il n’avait jamais cessé de l’être.  
Mais, un appel d’une Samantha Davenport déclencha un réveil furieux de sa part, et pas que de la sienne.
 
… QUOI ? Ta mère veut ta fille ???  
 
Toutes se hérissèrent, jurant tout mettre en œuvre pour mettre fin à cette menace écrasante.  
Une traque sauvage autant qu’impitoyable s’organisa. Peu importeraient les moyens, seul le résultat compterait. Elles étaient des mères et défendraient leur rejeton comme des louves aux abois.  
Facile ? À d’autres ! La vélane avait plus d’un tour dans son sac. On la croyait ici, elle était là-bas. Un vrai passe-muraille, cette « femme ».   
Ses absences répétitives finirent bien sûr à attirer l’attention de son chéri.     
  
Ma chérie…serait-ce possible que tu sois mêlée à une chasse à la vélane ?   
 
Mentir ? Non ! Finis les mensonges.
 
Vais pas nier. C’est vrai. Pandora, la mère de Sam est une plaie vivante, un chancre qu’il FAUT éradiquer sauf qu’elle est insaisissable.  On m’a privé d’Alex… failli faire pareil avec Sophie… je ne tolère pas ça !!!... mais si que je freine ( quasi pleurs) mais comprends nous… ben oui, on est toutes dans le coup, même Angel…
 
Là, elle faillit rigoler devant son air ahuri et ne l’en aima que plus.  
Apparemment, ces messieurs avaient causé, eux aussi…  On tenait Justin à l’écart, à juste raison selon elle quoiqu’elle ait des doutes sur son indifférence apparente ce qui fut prouvé ensuite.  
Justiciers et justicières se réunirent chez les Von Falkenberg. Il fallut avouer des tits trucs… du genre comment Brahms était mort… pas le compositeur of course.
Ça faillit dégénérer mais Ysaline mit le holà :
 
… STOP !!! On s’en sortira jamais si tous parlent en même temps !  Nous sommes ici pour une chose : cerner la peste.
 
Calmés, les comparses discourent plus à l’aise.  Michael suggéra la potion anti-vélane utilisée sur le poison de cousine Manon.
 
Ping-pong, pong ping, peu importe, tous y allèrent de leurs suggestions.
 
Je pense qu’il faut surtout prémunir ces messieurs des effets dévastateurs des Vélanes sur leurs hormones…  
 
On en rigola presque mais arrêta là ce soir-là non s’en être mis d’accord pour élaborer la potion indispensable.   
 
Petit-déjeuner au lit…
 
Mon amour, t’es trop… vraiment trop chou !! Mais tu sais que je sais que tu sais… j’ai pas besoin de ça ! J’ai juste besoin de toi, moi !  
 
Lui dire, pas lui dire ?
 
*Après ! On verra après !*
 
Erik et John avaient rejoint les rangs. Qui voulait toucher un gosse devait crever, tout simplement.  
Avec Alix et Angel au labo, ces messieurs furent immunisés. Ils joueraient le jeu, à condition de cerner l’incernable.  
 
ELLE EST À MONTECARLO !!! MAX !! File, fais semblant, n’importe quoi, ramène-la !  
 
Une tentative, deux, trois, en vain. Réunion dépitée. Constatation navrante.
Ysaline n’aima pas ce qu’elle prononça :
 
Désolée Sam… toi et Vic, surtout elle, devez servir d’appât, sans ça…
 
Comme de juste… Le plan fonctionna à la perfection. Du final, Ysaline ne voulut rien savoir. Elle devait parler à Max qu’elle attira aussi dans un petit piège, gentil celui-là.  
 
… Oui, ça va.
 
Elle se sentait minable, misérable.
 
On dîne ? C’est beau ici, non ?

Il n’était pas dupe et redoutait Dieu sait quoi. Inutile de le torturer davantage, elle dit :
 
J’ai rendez-vous avec le Dr. Mayhew demain. Je me fais ligaturer les trompes… C’est pas de gaieté de cœur mais j’ai fait deux fausses couches depuis Chris et j’en peux plus, j’en peux plus, j’en veux plus…  
 
C’était beau l’amour compréhensif. Elle adoucit la pilule avec un :
 
… ça te dirait d’aller ouvrir un orphelinat ?...   
Ysaline de Bettancourt
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Message par Max Von Falkenberg Mer Sep 24 2014, 23:24

C’était toujours la même chose. Voulu ou pas, ça vous cerne, vous rattrape, vous emprisonne. Les défis de la vie sont des pièges inéluctables, on a beau vouloir les esquiver, leur passer à côté, feindre les ignorer, ils finissent toujours par se planter face à vous et vous narguer.
Sa question avait été toute simple, en apparence. Faite avec le désir le plus innocent de l’entendre nier les faits, le rabrouer de ses sottes suspicions. Mais non ! Au lieu d’honorer son bel espoir, Ysaline assuma pleinement l’incontournable vérité. Comme s’il ne l’avait pas su. Et, bien entendu, ses raisons étaient plus que valables :
 
On m’a privé d’Alex… failli faire pareil avec Sophie… je ne tolère pas ça !!!
 

Ça, il pouvait très bien le comprendre. Son Ysaline était une lionne à l’heure de défendre ses enfants. De ce fait, elle partageait, en bonne connaissance de cause, la folle angoisse de Samantha.
 
Je comprends, du moins il essayait, c’est une affaire tordue mais tu ne dois pas t’investir tellement, ma douce, tu dois mettre un peu le frein, là…du coup, on te voit presque plus !
 
C’était un peu exagéré. Ysaline faisait des efforts louables pour que leur vie de famille ne se voit pas trop affectée mais semblait la plupart du temps à bout de forces et de nerfs.  
 
Mais si que je freine (quasi pleurs) mais comprends-nous…, et face à son air assez ahuri d’avouer que pas une de ces dames n’était exclue du coup, même Angel fraîchement rentrée baignait dans la belle intrigue.
 
Max soupira en secouant la tête, vaincu.
 
Vous êtes des vilaines cachottières…On se faisait des idées avec les gars, mais là, franchement, ça me dépasse un peu…alors vous escomptez régler son compte à la telle Pandora, toutes seules…
 

Force fut d’avouer à son tour que pas un seul de ces maris, supposés dans l’ignorance, n’avait raté la case.
 
On essaye de tenir Justin hors de ça parce qu’on a pas envie de le voir clamser à cause de tant d’émois…*Mais on le connait, le gars, il en a marre et rien n’évitera qu’il s’en mêle !*
 
Il tut ce dernier point par respect aux confidences de son ami. De toute façon, plus tôt que tard, ça se saurait !
Puisque rien ne saurait freiner les ardeurs vengeresses de ces dames si décidées mieux valait proposer tout de suite sa collaboration et celle de ses copains en passant. Au moins comme ça, ils n’auraient pas à vivre en se rongeant les ongles  en attente du retour de leurs chéries au bercail.
 
*Ouais, ça et contrôler revient au même mais on se refera pas en un jour !*
 
La première réunion conjointe eut lieu chez eux et pour se mettre en ambiance, ces douces mères de famille crurent nécessaire mettre quelques points au clair. Qu’elles avouent, sans la moindre contrition, avoir contribué au trépas du Dr. Brahms ne surprit finalement personne, c’était le contraire qui les aurait étonnés.
La discussion ne manquait pas d’entrain. Tout le monde avait son petit mot à dire, les idées fusèrent autour de la constante concernée. Le seul, jusque-là à avoir efficacement combattu la menace vélane était De Brent. La possibilité d’utiliser la fameuse potion ne fut pas écartée.
 
Ouais…mais pour lui faire avaler la potion, faut encore lui mettre le grappin dessus, fit remarquer Max, pour attirer une vélane dans un piège pareil, il faut un fameux appât.
 
Ces dames regardèrent leurs maris, conscientes du fait que n’importe lequel d’entre eux pourrait être une belle amorce, ce qui, bien entendu, n’était pas pour les réjouir outre mesure.
 
Je pense qu’il faut surtout prémunir ces messieurs des effets dévastateurs des Vélanes sur leurs hormones !
 
Valait mieux ne pas rigoler en ce moment, tomber dans les filets d’une vélane pouvait sembler, au premier abord une expérience alléchante mais compte tenu des résultats valait mieux s’en passer.
Les Westwood furent les seuls absents, avec Justin,  à cette soirée remarquable. À croire que J.O avait le secret pour mater les élans justiciers de son épouse et la garder à sauf au foyer, mais ce n’était pas pour autant qu’Angel se privait d’apporter son grain de sel  à la savante décoction de l’embrouille. Avec Alix, elle avait été désignée pour parfaire la potion anti-vélane.
Pandora Newcomb s’avéra  une prise insaisissable.  Et il faut pourtant dire qu’on ne lésina pas en efforts pour lui mettre le grappin dessus. La belle était décidément plus rouée qu’un renard et s’arrangeait pour déjouer leurs plans. Si Max avait filé à Monte-Carlo, Michael l’avait fait à Berlin, Erik avait suivi les consignes mais était revenu aussi bredouille que son frère de sa virée en Suède. John l’avait pratiquement vue filer sous son nez à Marrakech.
 
On peut se crever à lui courir après, assura Max, un de ces soirs de réunion, c’est pas de nous qu’elle veut.
 
Ysaline lui donna raison mais sembla consternée en donnant son avis :
 
Désolée Sam… toi et Vic, surtout elle, devez servir d’appât, sans ça…
 
Solution radicale et risquée qui s’avéra pourtant être la seule à marcher mais pour alors Max avait d’autres préoccupations, et pas des moindres, comme pour suivre de près les entrelacs de cette affaire.
Ysaline avait beau assurer n’avoir d’autre besoin au monde que l’avoir Lui auprès d’elle, Max était convaincu qu’être le centre unique de ses attentions  plaisait à sa femme plus qu’elle ne l’avouerait. Si elle était heureuse, lui aussi l’était mais cela n’évita pas à sa chérie de sembler parfois distraite, distante, livrée à Dieu sait quelle introspection profonde   et si à cela on ajoutait sa fatigue presque constante, il y avait de quoi se faire vraiment du mouron.
Raison de plus pour sentir sa suspicion monter en flèche quand  elle lui donna rendez-vous à la charmante auberge de campagne qu’ils connaissaient si bien. Le décor parfait pour une soirée romantique, sauf que Max était à peu près sûr que sa femme ne cherchait nullement à le séduire, même s’il serait le dernier à s’en plaindre.
 
Ma chérie…ça va bien ?
 
Elle disait que oui, son regard affirmait le contraire.
 
Ne me mens pas, mon amour…je pressens que quelque chose cloche…et je veux savoir quoi, allez, dis-moi !
 

Bien sûr, il ne s’attendait pas du tout à ce qui lui tomba dessus, sous la forme d’une vérité fracassante qui eut l’heur de le remuer jusqu’aux tréfonds de son âme.

J’ai rendez-vous avec le Dr. Mayhew demain. Je me fais ligaturer les trompes… C’est pas de gaieté de cœur mais j’ai fait deux fausses couches depuis Chris et j’en peux plus, j’en peux plus, j’en veux plus…  
 
Trente secondes pour comprendre l’énormité en cause, dix de plus pour encaisser et cinq pour réagir convenablement, Dieu merci on le tenait pour un type aux réflexes rapides.
 
Tu…Tu…aurais dû m’en parler…avant…Oui, je comprends, je sais…mon ange, c’est…si tu en avais parlé…on aurait pu…*Arrête avec les si…ça n’arrange rien !*…C’est bon, mon amour, c’est bon…je suis avec toi…La seule chose que je veux au monde est que tu sois heureuse…tranquille…mais tu n’as pas besoin de le faire, mon amour, je peux très bien opter aussi pour une vasectomie…Si tu y es décidée…je le ferai pour toi…pour nous…
 
Il aurait pu passer des heures à parler mais préféra la prendre dans ses bras et la serrer très fort contre lui. Elle avait pris sa décision, ce n’était pas lui qui la contrerait. La suite, destinée à adoucir le coup, le prit de court (décidément,  c’était le jour de rester paf !) et le fit l’aimer encore plus, si possible.
 
Ça te dirait d’aller ouvrir un orphelinat ?
 
Il l’embrassa comme un fou en sentant les larmes lui brûler les paupières.
 
Tu es merveilleuse, ma chérie…mais une chose à la fois !
 
Le lendemain le Dr. Mayhew  fut très agréablement surprise en voyant sa patiente arriver escortée de son mari qui, si on l’avait laissé, aurait même tenu à être présent lors de l’intervention.
Une petite conversation avec  la gynécologue en attendant que Chérie reprenne ses esprits suffit à Max pour savoir que faire par la suite.
 
Cabane sur pilotis, une mer turquoise translucide, un calme idyllique. Un pont de bois les reliait à la plage proche. Sable blanc, palmiers ondoyant sous la brise légère. Allongée dans le grand lit tendu de blanc, sous la moustiquaire, Ysaline émergea de l’anesthésie et resta là, à regarder autour, surprise de se trouver en ces lieux inconnus.
 
Le Dr. Mayhew a assuré que tu avais besoin de paix et calme pour te remettre…j’ai trouvé l’endroit le plus indiqué, mon cœur…j’espère que ça te plaira !
 
Supposer qu’Ysaline, qui reprenait vite ses esprits, accepte comme si rien d’avoir été transportée au milieu d’un rien pour exquis qu’il fut, en parfaite absence du moindre souci, tenait du rêve, pur et simple.  Certes l’endroit avait tout pour satisfaire l’être le plus exigeant et le besoin de repos était flagrant,  mais elle protesta.
 
Ok…je reconnais que c’est un peu radical…non, pas de coup de tête, je l’avais murie, cette idée et puis Mayhew partage mon avis : tu as besoin de te ressourcer en tout calme!...Tout va bien, mon ange, les enfants sont avec  Papa et Rose, la Clinique est en bonnes mains, le monde tourne sans aide…et toi, tu es à bout et dois te reprendre…rouspète pas, ça fatigue !
 

Séjour au paradis. Elle était la reine et fut traitée comme telle.  Le personnel se dévouait à son service exclusif, quitte à exaucer son moindre vœu, allant et venant avec une discrète efficience d’elfes, ce qu’ils étaient loin d’être. Max lui, veillait. Les quatre premiers jours, Ysaline se ménagea, demandant surtout silence et paix. Il trouva en quoi occuper ses heures ailleurs, plongée, pêche,  ou lézardait tout simplement au soleil, sans vouloir penser aux lendemains.
 
Comment que combien de temps encore ?...Tu en as déjà marre ?...Mais voyons, ma chérie, ça ne vient que de commencer…non, je ne suis pas tombé sur la tête ni suis irresponsable…tu as besoin de ça !...Moi aussi, en passant…n’est-ce pas merveilleux…pas de téléphone, pas de Net…rien que la mer, le soleil et nous à ne rien faire…On restera tout le temps qu’il faudra…*Pas trop quand même, pas question de  péter un câble de pur ennui !*
 
Remise d’aplomb, Ysaline n’hésita pas à suivre Max dans ses loisirs. Complices, amis, amants, ces jours parfaits furent la totale réaffirmation de leur union. Temps d’égoïsme heureux  où ils ne pensèrent qu’à eux…avec des très légers sursauts de conscience vite  apaisés.  La mousson battant son plein, ils eurent droit à des brusques orages mais sans se décourager pour autant, on les vit se balader insouciants sous la pluie, comme des écoliers faisant l’école buissonnière.
Installés dans le divan face à la baie vitrée, ils jouissaient d’un feu d’artifice sans pareil d’éclairs et foudre, la mer, dans le lagon était à peine moutonnée mais sur le récif crevaient les grandes vagues  venues du large.
 
La belle façon de dire adieu aux vacances, rigola Max, enfin…ça ne nous dépaysera pas trop…pluie ici…pluie là-bas !...Non, à vraie dire, j’ai pas envie de rentrer…mais il faut bien, non ?...Oui, les enfants me manquent aussi…le reste, pas du tout ! Mais en parlant de ça…je voulais te dire que tout sera différent…Non, ma douce, vais pas tout lâcher et aller courir le monde…à moins que tu ne viennes avec moi…et c’est justement de ça qu’il s’agit, baiser sur le front  levé vers lui, j’ai beaucoup pensé à ton idée de l’orphelinat…Il y a tant à faire de ce côté-là…L’Organisation a beau s’occuper des réfugiés en général …les enfants devraient être une priorité, on ne les néglige pas mais c’est pas le point…Il ne s’agit pas seulement de les mettre à l’abri et leur donner à manger trois fois par jour…ils ont besoin de tellement plus…
 
Enfants de la guerre, de l’horreur ou tout simplement de la misère. Petits êtres démunis à la vie tronquée, privés d’espoir, de rêves. Abandonnés à leur sort, abusés par des êtres immondes qui ne voient que lucre. Redresser pareil tort demandait décision et aussi courage en sachant ne pouvoir pas tout atteindre mais risquant beaucoup en affrontant ceux qui  en avaient fait commerce.
 
Londres, gris, pluvieux. Fin Septembre. On commençait à se faire à l’idée de l’hiver. À leur retour, Max et Ysaline avaient trouvé leurs enfants en pleine forme, ravis avec oncle Karl et tante Rose. Chris battait des records de vitesse en course à quatre pattes suivant les instructions précises de sa sœur Louise qui s’en donnait à cœur joie avec le petit bonhomme. Sophie, plus calme et réfléchie suivait d’un œil circonspect les jeux de ses cadets. Alex, en 2ème année à Poudlard, donnait rarement de ses nouvelles,  on pouvait s’imaginer pourquoi.
Du reste, tout semblait aller à la perfection sauf un détail, assez gênant : une assistante du laboratoire avait subtilisé quelques doses de la potion de jouvence mise à point par Angel, l’avait donnée à sa mère malade dont la récupération…et rajeunissement avaient été assez spectaculaires comme pour attirer l’attention d’abord des proches, puis des voisins pour finir en première page des tabloïds friands de nouveauté.
 
On a deux alternatives…l’une : on se lance dans un démenti outragé ce qui risque de mettre encore plus d’huile au feu, l’autre : on fait comme si rien et on les laisse se faire les idées qu’ils voudront ! Crois-moi, ma chérie, ça finira par se tasser comme toutes les histoires de ce genre…La fille ? Bonne question, mais t’en fais pas on trouvera bien !
 

L’employée abusive était, somme toute, une gentille fille qui adorait sa mère et désespérant de la voir si usée par la maladie n’avait trouvé d’autre recours qu’essayer la potion mystérieuse qui méritait tant d’étude et égard de la part d’Ysaline qui à ses yeux, était l’être le plus parfait et exemplaire que la Terre ait porté.
 
Je…je savais que si le Dr. Von Falkenberg s’en occupait…ce ne pouvait être que merveilleux, plaida t’elle, les larmes aux yeux face à un Max aux airs de Dieu implacable (simple apparence de ce cœur d’artichaut !), Maman est guérie…elle est si belle de nouveau…c’est un miracle !
 

Les miracles, c’est Dieu qui les fait…ou les saints…alors vous allez vite fait reprendre la rumeur que St. Georges ou Ste. Anne ou le saint que vous voudrez   est l’artifice de cette guérison…*Ça donnera de quoi réfléchir aux curés et on aura la paix !*…Est-ce bien compris, miss Kimball ?
 

Un gentil sortilège informulé de derrière les fagots agrémenta le conseil et trois jours plus tard, le mot miracle faisait le tour des tabloïds et donnait matière d’étude aux hommes d’église. Miss Kimball garda  sa place, éperdue de reconnaissance, jurant loyauté jusqu’à sa mort.
 
On l’a échappée belle mais ça ne marchera pas à tous les coups…il y a eu une fuite, d’autres peuvent se produire. Si les expériences et études doivent se poursuivre ce ne sera pas dans le laboratoire de la Clinique…Si Angel veut continuer avec sa croisade, ce devra être ailleurs…et si je ne me méprends pas, suis sûr que mon cher cousin Karl a la solution toute prête, n’est-ce pas ?
 

Karl Théodor hocha la tête en souriant.
 
Tout à fait juste, Max…tout à fait ! Nous y avions pensé, Rose et moi…et tout est à point ! Vous n’avez aucun souci à vous faire à ce respect…parlons plutôt de vos projets !
 
Simple changement de thème qui, pour les effets connut des variations inattendues, à savoir la mise en connaissance des supposés et hypothétiques projets.
 
On a décidé de partir…non, pas en Afrique , nous allons au Kosovo pour prendre en main un orphelinat…après, on verra !
 
Le vieux monastère était à peine mieux qu’une ruine, ce qui restait encore en pied offrait des installations à serrer le cœur le plus endurci. Triste, gris, froid. Tragique ensemble où seule la bonne volonté ne suffisait pas. Une cinquantaine d’enfants, tous crédos réunis, s’y tassaient. Mieux dit, s’y terraient, comme des petits animaux rétifs, au regard vague, dénué du moindre espoir…
 
Je pense qu’on a pas mal de boulot!, souffla Max à l’oreille de sa chérie qui avait déjà les larmes aux yeux.

La Mère Anastasia, cette femme grande, mince, quasi ascétique, était considérée par tous, aux alentours proches ou éloignés, comme une force de la nature. N’avait pas t’elle tenu tête à tout, tous et vivait encore ? Et pas qu’elle. La petite quinzaine de moniales sous ses ordres étaient passées de douces femmes, vouées à la vie contemplative et adoration du Seigneur, à des êtres affirmés, têtus et acharnés à la survie de leur petit monde. Qui l’eut cru ? Sans doute pas ceux venus détruire cette harmonie paisible et repartis après avoir ravagé tout ce qui leur tombait sous la main mais arrêtés dans leurs méfaits par la présence de cette maîtresse femme qui les vrillant de ce regard biblique et sombre avait invoqué leurs mères, sœurs et filles, pinçant ainsi, Dieu soit loué,  la seule fibre sensible de ces cœurs de brutes.  Elle était restée là, au milieu de la ruine désolante de son monastère réduit à moins que rien, pillé, incendié mais n’avait pas baissé la tête face aux avatars. Ses nonnes étaient alors devenues maçons, électriciens, plombiers et non contentes de cela, avaient accueilli, cherché, mis à sauf tout enfant orphelin nécessiteux de leur aide. Abri à la comme on peut est toujours mieux que pas abri du tout. Au bonheur du jour, un toit branlant sur la tête, leur cinquantaine de petits délaissés, démunis de tout, perdus au milieu de cauchemars répétitifs, avaient trouvé un abri, des mains aimantes pour les consoler et les nourrir…mais cela ne suffisait jamais, les carences étaient immenses, si énormes que même la foi, pourtant inébranlable d’Anastasia et ses sœurs, chancelait de crainte tant le futur était sombre et l’hiver à venir, froid !
Et puis, ces deux-là avaient débarqué. Par quel miracle divin avaient-ils réussi à déjouer les arcanes tordus des ministères et obtenu protection de l’OTAN? Ils avaient permis, autorisations et tout autre document nécessaire pour s’établir là et faire des travaux, entreprendre des projets dont l’audace renversait Anastasia pourtant rodée à tout, depuis le temps.
Max Von Falkenberg
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